Happy Saint Valentine's Day !

Couple : Paul - Rose

Notes : Dernier Os de la série débutée avec l'Os de Noël et du Nouvel An. Celui-ci met en scène la Saint Valentin mais pas uniquement parce que je ne suis pas super fan de cette fête et parce que j'avais prévu d'autres choses pour nos amoureux ! :p Et puis la Saint Valentin est passée! mdr ^^

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- J'ai rencontré quelqu'un, lâcha-t-elle sans préambule.

Le fait qu'elle me m'ait pas sauté dans les bras après trois longues semaines de séparation aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Je feignis de mal comprendre et dis :

- Je te demande pardon ?

- J'ai rencontré quelqu'un. Elle soupira. Ne rend pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont, Paul.

Rendre les choses plus difficiles ? Est-ce qu'elle se foutait de moi ?

Cela faisait deux ans que j'avais rencontré Rachel à la soirée du Nouvel An chez Emily. Ce soir-là, j'avais tenté de draguer Léah mais ensuite, j'étais tombé dans les filets de Rachel, la sœur de Jacob. Coup de foudre, musique douce et paillettes dans les yeux : j'étais tombé raide dingue d'elle et jusqu'à maintenant, j'étais certain que ce serait la femme de ma vie, celle que j'épouserais et à laquelle je ferais des enfants.

A priori, je m'étais trompé ! Et pas qu'un peu.

- Je ne comprends pas… me contentai-je de dire.

Je serrai les poings et tentai de capter son regard. Elle semblait embarrassée et ne voulait pas me regarder dans les yeux. Elle triturait ses doigts comme lorsqu'elle était nerveuse.

- Regarde-moi ! grognai-je à son attention bien plus fort que je ne l'aurais voulu. Elle sursauta. Regarde-moi quand je te parle ! répétai-je un peu moins durement.

Elle leva timidement ses yeux et les ancra quelques secondes aux miens. Ils étaient embués par les larmes.

- Je suis désolée Paul, je n'avais pas prémédité tout cela, sanglota-t-elle.

- Pourquoi tu me fais ça ? demandai-je sans paraître trop blessé. Je devais tenter de garder un minimum de fierté.

- Je ne peux pas l'expliquer, se lamenta-t-elle.

- Essaie quand même ! insistai-je.

- L'amour ne s'explique pas.

- Je t'aime Rachel. Au diable ma fierté, je voulais qu'elle le sache.

- Je sais Paul, soupira-t-elle. Je dois y aller maintenant. Il m'attend.

Je serrai les poings si fort que j'étais sûr que mes ongles laisseraient des traces sur mes paumes. Je la regardai quitter mon bureau, s'engouffrer dans une voiture rouge et partir loin de moi pour toujours. Je m'effondrai sur la chaise la plus proche et me mis à pleurer.

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- Allez Paul tu ne peux pas dire non, ça va être génial ! me répéta Seth pour la énième fois.

- Ouais super ! Vous voir tous roucouler pendant que je tiendrai la chandelle.

- Prends des vacances et viens nous rejoindre à L.A, Paul, ça te fera le plus grand bien pour l'oublier.

- Je sais pas…

Je me regardai dans le miroir et le nouveau moi me fit un peu peur. Une vilaine barbe avait poussé autour de mon visage, mes cheveux étaient devenus longs et hirsutes et j'avais maigri. Le reste de mon corps était dans le même état de négligence, ce qui ne me ressemblait pas du tout.

- Léah a dégoté six billets, pour deux jours, hôtel compris et on ne veut pas y aller sans toi, mec ! Il devenait lourd à insister de la sorte.

- Et qui sera la sixième personne si elle n'est pas là ? Je refusai de prononcer son nom.

- On se débrouillera ! éluda-t-il.

- Ne me faites pas de plan foireux Seth, grondai-je.

- Promis ! dit-il en explosant de rire.

- Laisse-moi réfléchir encore un peu, je te rappelle, proposai-je pour me débarrasser de lui.

- Tu as jusqu'à demain soir.

- C'est noté. Embrasse tout le monde pour moi.

- C'est comme si c'était fait, dit-il avant de raccrocher.

Le reflet du miroir me renvoyait une image erronée de l'homme que j'étais vraiment. Comment avais-je pu en arriver là ? Être resté des jours entiers à me morfondre, ne faisant que les trajets pour le boulot et délaissant tout le reste ne m'avait pas arrangé. Pourquoi personne au bureau ne m'avait dit que j'avais une sale tronche ? En y réfléchissant, c'était peut-être parce que j'avais ignoré tout le monde et fait l'ours mal léché depuis qu'elle était parti avec lui.

Si au moins Leah n'avait pas prévu ce stupide week-end à Disneyland le jour de la Saint-Valentin j'aurais pu les accompagner sans rechigner. Mais savoir que le parc serait bercé au rythme de l'amour, des cœurs et des trucs romantiques me filait la gerbe. C'était au-dessus de mes forces que de supporter ça en tant que nouveau célibataire, d'autant plus que je m'étais fait larguer comme une vieille chaussette. Ma fierté en avait prit un sacré coup, j'avais toujours laissé tomber les nanas, jamais le contraire. Je n'avais pas la réputation d'un type qui se faisait plaquer par celles avec lesquelles il s'envoyait en l'air. J'étais un tombeur et un dominant, pas un faible. Mais dans la situation présente, tout était différent car j'étais réellement tombé amoureux de Rachel. Je lui avais ouvert mon coeur comme jamais encore je ne l'avais fait avec une autre et elle avait fini par me le briser, le laissant ouvert et à vif. Je l'aimais encore et mon coeur continuait de saigner inlassablement. Elle n'était partie que depuis trois semaines et pourtant elle me manquait encore plus chaque jour. Je n'arrivais pas à l'oublier.

Je soupirai et regagnai ma chambre d'un air las. Je m'allongeai directement sur les draps, sans les défaire, croisant les bras derrière la nuque. Je fixai le plafond intensément attendant que le sommeil me gagne. Au lieu d'être emporté dans les bras de Morphée, des tas d'images se bousculèrent dans ma tête et apparurent devant mes yeux, comme si j'étais en train de regarder de vieilles photos de famille. J'avais passé tellement de bons moments ces deux dernières années ! Et voilà comment ça se terminait ! Je sursautai quand mon téléphone portable vibra. C'était un message de Leah.

"Tu as intérêt à ramener tes fesses à L.A sinon je viens te chercher à Forks par la peau du cul !"

Je ne répondis pas et dix textos suivirent, tous du genre "Je vais t'étriper si tu dis non". Cela me fit beaucoup rire mais j'avais vraiment besoin de réfléchir, pas de me faire botter le train. J'éteignis l'appareil et fermai les yeux pour trouver le sommeil. Je ne me souvins pas d'avoir résisté longtemps.

Le lendemain, je sortis mon rasoir du placard et me débarrassai de cette barbe hideuse. Je tentai maladroitement de maintenir en place mes cheveux mais n'y parvins pas. J'allais devoir faire un tour chez le coiffeur pendant la pause méridienne. J'avais remarqué un petit salon pas loin du bureau et si je sautais le déjeuner ça pourrait le faire.

Je me servis donc un grand bol de café bien noir, des tartines de pain grillé avec beurre, confiture et marmelade pour mettre dessus. Je n'oubliai pas le grand verre de jus d'oranges pressées afin de me requinquer ! Dès demain, je retournerai à la salle de sport car d'après ce que j'avais vu sous la douche, il y avait du relâchement de ce côté là aussi. C'était désolant !

Je choisis un pantalon en lin noir et une chemise blanche pour aller travailler. J'ajoutai une veste noire assortie mais ne mis pas de cravate. Je laissai le col lâche et légèrement entrouvert comme j'aimais le faire. Mon patron ne prenait même plus la peine de me faire de remarques depuis le temps… Hormis mes cheveux, j'avais retrouvé tout mon charme naturel. Un peu d'ego ne faisait pas de mal de temps en temps, surtout après une rude épreuve. J'attrapai la mallette qui contenait tous mes dossiers et pris ma voiture pour aller à Port-angeles où se trouvait mon bureau.

Lorsque midi sonna enfin, je saluai chacun de mes collègues et me dirigeai vers le salon de coiffure. Personne n'avait osé me dire quoi que ce soit et j'avais apprécié leur courtoisie. Ils me connaissaient assez pour savoir que je n'aimais pas déballer ma vie privée à tout va et que poser des questions m'aurait juste foutu en rogne.

La sonnette du salon tinta, indiquant ainsi ma présence au personnel. Une jeune femme blonde d'à peu près mon âge me sourit et me salua aussitôt :

- Bonjour Monsieur.

- Bonjour. Est-ce qu'il est possible de me faire une tête présentable en moins d'une heure et demi ? demandai-je avec mon plus beau sourire.

- Vous êtes tombé au bon endroit ! Venez par ici, dit-elle en me guidant jusqu'au vestiaire.

Je retirai ma veste en enfilai un de leurs peignoirs noirs à la matière horrible. Ma grimace lui soutira un sourire, lequel était radieux. Elle était belle et avait des atouts sérieux mais elle était trop sûre d'elle pour réellement me plaire. Elle me faisait penser à ces pimbêches du lycée qui auraient tué toute personne se mettant en travers de leur chemin pour devenir pom-pom girl.

- Installez-vous au bac, je suis à vous dans une minute, dit-elle en m'indiquant l'endroit. Cet air suffisant qu'elle affichait ne me plaisait définitivement pas.

- Merci, Madame.

- Mademoiselle, corrigea-t-elle.

Je grimaçai à nouveau puis m'installai sur un fauteuil noir et confortable. Elle revint très rapidement, me posa une serviette sur les épaules et me fit deux shampoings, un massage très agréable du cuir chevelu et un soin nourrissant. Elle parlait sans cesse, comme le faisaient toutes les coiffeuses et je répondis poliment à ses interrogations diverses. Elle essuya mes cheveux, enroula la serviette autour de ma tête comme un turban et m'indiqua où m'asseoir pour la suite.

Je me regardai dans le miroir pendant qu'elle s'affairait à rassembler ses ustensiles et je me trouvai ridicule dans cet accoutrement. Je n'étais ni à mon aise ni à mon avantage. L'espace d'un instant, je captai le regard doux et sensuel de la coiffeuse et une chaleur inconnue m'enveloppa. Je fermai les yeux et secouai la tête ce qui suffit à chasser ce malaise. Je lui demandai de couper court sans pour autant me raser à blanc. Elle s'exécuta tout en continuant à me parler de la pluie et du beau temps. Elle chercha à en apprendre un peu plus sur moi mais ne lui dévoilai que le strict minimum. Elle ne me plaisait pas et je ne comptais pas la mettre dans mon lit non plus donc il était inutile de lui donner trop de renseignements.

Je la sentis déçue que je mette autant de distance entre nous et je compris que je lui avais tapé dans l'œil. Merde ! Pourquoi fallait-il que j'attire toujours des greluches sans cervelle ? Heureusement, je ne lui avais pas dit ni où j'habitais ni où je bossais sinon j'aurais eu peur qu'elle débarque pour me harceler à tout va !

Elle enleva mon peignoir et ôta les cheveux qui étaient restés dans mon cou avec une brosse plumeau. J'observai ma nouvelle coupe dans le miroir et elle en plaça un deuxième derrière ma tête afin que je vois toute son oeuvre. Je souris et la remerciai gentiment. Je récupérai ma veste et la réglai. Elle me donna une carte de fidélité avec mon ticket et m'accompagna jusqu'à la porte qu'elle ouvrit elle-même.

En rangeant la carte dans mon portefeuille, je remarquai qu'elle avait écrit son numéro de téléphone personnel dessus ainsi que son prénom. Rosalie. Je m'apprêtai à jeter la carte mais me ravisai.

Juste au cas où, pensai-je. Juste au cas où…

OoOoOoOoOoOoOoO

Trois jours plus tard, Rosalie dormait profondément dans le creux de mes bras, dans mon lit, après une nuit de sexe intense. J'avais cédé à la tentation, me donnant comme excuse minable que ça pourrait peut-être arrêter de me faire broyer du noir et me redonner le goût de vivre. En réalité, j'avais juste envie de la sauter car mes pulsions masculines et l'abstinence me rendaient fou. C'était le deuxième soir, alors autant dire que j'étais hyper en manque ! Je n'étais aucunement attaché à elle mais je n'étais pas sûr que ce soit le cas de son côté. Ce n'était pas mon problème ceci dit, Rosalie était une grande fille.

J'avais dit à Seth que j'arriverai à L.A ce vendredi en milieu de journée mais que s'il essayait de refourguer le sixième billet à n'importe qui, je lui botterais le cul si fort qu'il ne pourrait plus tenir assis pendant des jours entiers. Il avait ri mais il avait compris que j'étais sérieux, je ne voulais pas de plan arrangé.

Rosalie bougea à côté de moi et je l'embrassai brièvement sur le front ce qui la fit sourire. Elle m'offrit sa bouche et je la pris sans hésiter. Alors que je dévorais son cou de baisers, je lui murmurai doucement :

- N'as-tu pas, par hasard, quelques vacances à prendre ?

- Je pourrais mais il faudrait que je décale tous mes rendez-vous ou que j'embauche une remplaçante. Pourquoi ? demanda-t-elle entre deux gémissements.

- Je dois partir à Los Angeles vendredi mais je ne veux pas partir sans toi… C'était un petit mensonge mais il fallait que je la prenne par les sentiments.

- Je suppose que je peux faire un effort, minauda-t-elle en caressant mes bras et en se frottant lascivement contre moi.

- Mes amis ont des places pour Disneyland et ils m'ont invité à venir avec eux. J'évitai soigneusement de lui dire que c'était prévu depuis longtemps et que je devais y aller avec quelqu'un d'autre...

- Ma présence ne les dérangera pas ? Elle m'attira sur elle et je m'installai entre ses jambes.

- Bien sûr que non, répondis-je en la regardant droit dans les yeux. Ils sont cool.

- Alors j'accepte. Elle enroula ses bras autour de mon cou et encercla ses longues jambes autour de ma taille. Maintenant fais-moi l'amour Paul, j'en ai très envie.

Je levai les yeux au ciel et m'exécutai. Rosalie n'était peut-être pas la fille la plus maligne que j'ai rencontré mais niveau sexe, on était sur la même longueur d'onde et pour le moment, c'était tout ce qui m'intéressait.

A la fin de la semaine, nous étions dans l'avion pour Los-Angeles. J'avais prévenu Seth que j'amenais quelqu'un sans pour autant lui donner tous les détails. Leah et Jacob avaient tenté de me soudoyer mais je leur avais seulement dit que je l'avais rencontrée en allant me faire faire un brushing dans un salon de coiffure et que depuis nous ne nous séparions jamais. Un petit mensonge valait mieux que la vérité car en réalité, je n'avais pas envie d'être seul pour la Saint-Valentin et encore moins de tenir la chandelle entre eux !

Jacob étant le frère de mon ex, j'avais un peu d'appréhension à le revoir. Il n'avait pas apprécié que je m'entiche de sa petite soeur mais quand il avait vu que c'était sérieux entre nous, il m'avait donné toute sa confiance. Je ne savais pas comment il avait réagi en apprenant notre rupture mais j'avais peur qu'il m'en veuille de ne pas avoir su la garder…

Le trajet fut aussi long que dans mes souvenirs mais beaucoup plus agréable. Voyager en première classe était un luxe que j'avais eu envie de m'offrir et je ne le regrettais pas ! Tandis que je dégustais les macarons que l'hôtesse nous avait offerts, Rosalie dormait sereinement à côté de moi, belle comme une poupée de porcelaine. Afin de pouvoir m'accompagner, elle avait demandé à son employée de veiller sur le salon en son absence et elle avait embauché une autre coiffeuse pour la remplacer. Ainsi, elle ne perdrait pas de clients et l'affaire continuerait de tourner. Elle menait sa petite entreprise avec une main de fer ce qui m'avait agréablement surpris. A vrai dire, je la prenais plus pour une écervelée que pour une femme d'affaire, je l'avais sans doute sous-estimée.

Je jetai un oeil dans sa direction et me surpris à la regarder plus longtemps que je ne l'aurais voulu et cela me perturba. Je l'avais invitée à venir avec moi à L.A juste pour ne pas être seul au milieu de tous ces couples et surtout pour pas que Seth me choisisse une nana de son cru. Je ne critiquais pas ses goûts en matière de femmes, loin de là, mais quitte à amener une nana autant que je la choisisse moi-même, c'était plus équitable ! Mon regard traîna longuement sur le corps parfait de Rosalie, s'attardant sur sa poitrine parfaite, laquelle se soulevait au rythme de sa respiration. Je sentis mon bas-ventre s'animer lorsque des images de nos ébats d'hier soir apparurent soudainement dans ma tête. Je repris rapidement mes esprits puis terminai mon dessert comme si de rien n'était avant de m'endormir à mon tour.

L'hôtesse nous réveilla doucement afin que nous attachions notre ceinture pour l'atterrissage puis le moment de retrouver toute la bande vint enfin. Seth et Angela avaient proposé de nous héberger car la maison de Jacob et Leah était en travaux pour encore quelques mois. Je les soupçonnais de déjà penser à avoir un bébé mais vu qu'ils n'avaient rien dit à ce sujet, j'avais décidé de la fermer.

J'avais briefé Rosalie dans l'avion sur la façon dont on s'était tous rencontrés, sur une partie de ma vie (le strict minimum avait suffi vu que je ne comptais pas l'épouser) mais à aucun moment, je ne mentionnais Rachel. Je ne savais pas pourquoi je ne lui avais rien dit à ce moment-là, sachant que le sujet viendrait forcément sur le tapis à un moment donné avec la bande mais le mal était fait.

Le soleil brillait bien haut dans le ciel et il était encore tôt. J'avais pris un vol plus vite que prévu afin de pouvoir profiter à fond de la plage. L'océan m'avait manqué et on ne pouvait pas dire qu'à Forks, le temps était idéal pour une baignade en février ! Ici à priori, rien n'était impossible et à en croire Leah la météo était rarement aussi exceptionnelle en février. Rosalie m'avait regardé avec des yeux ahuris lorsque je lui avais exposé mon plan pour la journée mais j'avais tout de même insisté pour qu'elle prenne quelques vêtements plus légers, voir un maillot de bain (même si je doutais fortement qu'elle réussisse à mettre ne serait-ce qu'un orteil dans l'océan). Lorsque nous sortîmes de l'aéroport, elle s'exclama :

- Waouh ! Un vrai choc climatique ! Elle enleva sa veste bleu roi, mit ses lunettes de soleil et ferma un instant les yeux pour capturer chaque rayon de soleil.

- Je t'avais prévenue ! ris-je en lui prenant la main.

Elle me sourit et nous suivîmes nos amis vers la station de métro qui menait à la plage…

Nous avions déposé nos bagages chez Leah et Jacob en attendant de nous installer chez Seth et Angela plus tard dans la journée. Rosalie était restée avec les filles afin de préparer de quoi manger et boire pour l'après-midi et, attendant qu'elles nous rejoignent, je me retrouvai seul avec les gars, affalé sur une serviette à contempler l'horizon. J'étais bien ici même si certains souvenirs me faisaient encore mal.

- Cette foutue plage est pleine de bons vieux souvenirs, dis-je un peu nostalgique.

- Oh que oui ! affirma Seth avec un petit sourire en coin.

- Leah et moi y venons tous les soirs, lança Jacob tout à coup. Ce n'est pas ce que vous croyez, bande de pervers ! ajouta-t-il alors que nous le dévisagions tous les deux d'un air entendu. Elle adore les couchers de soleil,

- Ouais c'est ça !

- A d'autres !

- Je vous jure que c'est vrai ! se défendit-il.

Nous éclatâmes de rire. Il était agréable de se retrouver tous les trois, comme au bon vieux temps. Évidemment, il manquait Quil, Embry et Sam pour compléter le tableau mais les deux premiers étaient partis à la fac à l'étranger et Sam s'occupait de sa famille, laquelle allait sûrement encore s'agrandir. Depuis que Jake et Seth étaient venus s'installer au soleil, je me sentais un peu seul à Forks mais le fait de sortir avec Rachel m'avait donné la force de rester sur mes terres natales. J'avais eu l'espoir qu'un jour nous viendrions ici pour les rejoindre mais malheureusement, c'était peine perdue à présent.

- Paul ? Ça va mec ? demanda Jake.

- Ouais, grommelai-je.

- Je suis désolé pour ce qu'elle t'a fait. Je lui ai passé un sacré savon, crois-moi !

- Merci mec, j'apprécie mais elle a fait son choix. Je soupirai lourdement, tentant d'y croire moi même.

- Tu parles d'un choix, ce mec est un gros connard de première ! gronda-t-il.

- Tu le connais ? J'étais assez étonné.

- Non, mais elle s'est déjà installée chez lui et rien que pour ça je le déteste !

- Elle n'a pas perdu de temps, sifflai-je.

- En effet, grommela-t-il. Je ne lui ai pas parlé depuis la dernière fois que je l'ai eue au téléphone. Ça fait deux semaines environ. La colère se lisait dans ses yeux.

- Je suis désolé que ça en soit arrivé là, mon pote !

- Ne le sois pas, ce n'est pas de ta faute... Dis-donc, toi non plus tu n'as pas perdu de temps ! me taquina-t-il.

- Et tu l'as bien choisie, ajouta Seth qui était resté silencieux jusqu'à présent.

- A vrai dire, on se connait à peine mais c'est un sacré bon coup ! fanfaronnai-je.

- Le retour de Paul le dragueur ! Jake tapa dans ma main en guise d'approbation.

- Mais tu n'aurais pas dû l'amener, elle va se faire des films, se lamenta Seth.

Non mais quel rabat-joie celui-là !

- Mais non… commençai-je.

- C'est une fille ! me coupa-t-il vivement. Demain, c'est la Saint-Valentin et je te jure qu'elle doit se faire de sacrés films sur la tournure que tout cela va prendre ! Tu lui as acheté quelque chose ?

- Non ! Rosalie et moi, on couche ensemble, point barre.

- Tu lui as demandé de passer une semaine de vacances avec toi ! C'est plus que de la coucherie ! Je sentais que Jake avait longuement hésité avant de formuler cette phrase.

- Je ne veux pas d'histoire sérieuse ! Compris ? Et surtout vous la fermez au sujet de Rachel quand elle est dans les parages, je ne lui ai rien dit !

- Paul … Ce n'est pas ...

- Je ne veux rien entendre Seth, d'accord ? Laissez-moi m'amuser. C'est pour ça que je suis venu non ?

- Comme tu voudras, capitula Seth, mais je t'aurais au moins prévenu.

Jacob ne dit rien mais je savais qu'il était plus ou moins d'accord avec Seth, lequel était beaucoup plus terre à terre que nous dans ce genre de situation. Quand on couche avec une fille régulièrement sans sentiments, c'est une mauvaise idée de l'amener en vacances et encore moins quand c'est la Saint Valentin et que tout autour de vous crie au romantisme et à l'amour. Bon, j'avais peut-être merdé sur ce coup-là mais j'assumais. C'était trop tard maintenant. Tant pis pour moi !

Les filles nous rejoignirent quelques minutes après ça et elles durent sentir la tension qui régnait entre nous car elles froncèrent les sourcils dans un bel ensemble. Les gars se détendirent aussitôt en les voyant et accueillirent leurs copines dans leurs bras afin de les câliner et les rassurer. Rosalie resta debout quelques instants, certainement pour pouvoir profiter de la vue. Elle portait un petit débardeur blanc qui laissait deviner toutes ses formes généreuses. Son pantalon la moulait comme une seconde peau et il tombait si bas sur ses hanches que je pouvais voir son nombril. Elle avait ôté ses escarpins et foulait le sable de ses pieds nus. Elle finit par s'asseoir à mes côtés après avoir soigneusement posé une serviette sur le sable. Elle continua d'observer le paysage sans rien dire et sans me regarder alors je sus que quelque chose clochait. Mais ça devrait attendre plus tard, je ne voulais pas avoir de discussion avec elle devant mes potes, j'avais déjà eu mon compte pour aujourd'hui. J'espérai juste qu'elle ne comptait pas faire sa tête d'enterrement pendant une semaine car elle allait finir par me gâcher mes vacances.

Jacob proposa une partie de frisbee et nous acceptâmes tous à l'exception d'Angela et Rosalie. Je soupçonnai Angie d'avoir refusé pour ne pas laisser Rose toute seule. Soit. Cela ne m'empêcherait pas de m'amuser.

- Qu'est-ce qu'il se passe avec Rosalie ? demandai-je à Leah alors que nous n'étions que tous les deux.

Elle attrapa l'engin volant et le relança vers Seth.

- C'est ma faute, avoua-t-elle. J'ai gaffé à propos de Rachel. Je pensais qu'elle était au courant.

- C'est pour ça qu'elle fait la gueule ? demandai-je complètement dépassé.

- Elle s'imagine que tu te sers d'elle pour remplacer ton ex, qu'elle n'est là que pour faire la sixième roue du carrosse si tu préfères.

- Foutaises ! Je balayai cette idée d'un geste de la main, tout en sachant qu'elle avait raison.

- Paul, les nanas ont un sixième sens concernant ces conneries. Surtout les filles comme Rosalie. Elle est plus intelligente qu'elle en a l'air !

- Je lui parlerai, promis-je.

- Fais gaffe, elle tient à toi…

- J'avais remarqué ! grimaçai-je en attrapant le frisbee à mon tour.

Après le déjeuner, j'avais défié quiconque oserait d'aller se baigner. Leah fut la première à se jeter à l'eau mais à sa décharge, elle habitait L.A depuis plus longtemps que les autres. Peut-être était-ce aussi son côté garçon manqué qui avait joué mais elle n'hésita pas à plonger dans l'eau. Les gars nous suivirent de près mais Rosalie et Angela se contentèrent de marcher au bord en riant en nous regardant faire. Je tentai de jeter à Rosalie des petits coups d'œil de temps en temps mais elle m'ignorait complètement. La situation commençait à me gonfler, je devais lui parler coûte que coûte et le plus tôt serait le mieux.

- Alors Paul, tu as déjà froid ? me lança Jacob.

Pour toute réponse, je lui présentai mon majeur et me dirigeai vers Rosalie.

- Viens, lui dis-je simplement en la prenant par la main.

Elle me suivit sans rien dire, encouragée par le regard insistant d'Angela. J'attrapai une serviette pour m'essuyer et l'amenai jusqu'au petit banc de pierre situé au bord de la route de la plage. Je lui fis signe de s'asseoir mais elle resta obstinément debout à me toiser, les bras croisés et le regard froid et glacial.

- J'aurais dû t'en parler, lâchai-je sans préambule.

- Mais ? Elle tapait du pied à présent. Son regard était encore plus froid.

- Je ne sais pas. La trouille, je crois.

- Me fait pas marrer Paul !

- J'étais malheureux, voilà t'es contente ? Elle ouvrit la bouche puis la referma aussitôt. J'étais amoureux d'elle, comme un fou ! J'ai eu le coeur brisé en mille morceaux alors la dernière chose que je voulais c'était parler de cette salope, tu comprends ?

- Je crois, oui, dit-elle en s'asseyant lentement.

- Aujourd'hui, je me rends compte que ça n'excuse rien. J'aurais dû te dire que tu prenais la place de… quelqu'un en venant ici.

- En effet. Son ton s'était radouci mais il y avait encore quelques notes glacées dans ses mots. Je vais rentrer à Port Angeles, Paul.

Je me sentis mal tout à coup. Ma tête me tourna légèrement et je ne me rendis pas compte que je m'étais levé.

- Non ! Non ! S'il te plaît, reste, dis-je en lui prenant la main.

- Paul, demain c'est la Saint-Valentin ! La fête des amoureux ! Regarde-nous ! On n'a pas l'air amoureux du tout, se lamenta-t-elle.

Je réfléchissais à cent à l'heure, trouvant un échappatoire à cette situation. Après tout, je m'étais foutu dans cette merde tout seul, il fallait donc que je me débrouille pour en sortir comme un grand. Je repris ma place à ses côtés sans lui lâcher la main. Je tentai de capter son regard.

- Amoureux ou pas, ça n'a pas d'importance ! Elle voulut protester mais je la coupai. On pourrait reprendre tout depuis le début, essayer d'apprendre à se connaître en se racontant tout sans mensonges et sans tabous. On n'aura pas d'autre chance que durant toute cette semaine, ajoutai-je doucement en caressant le dos de sa main avec mon pouce.

- Je ne sais pas, Paul. Elle fronçait les sourcils, sceptique.

- Si ça ne marche pas, je n'insisterai pas, c'est promis. Mais j'ai envie d'essayer, je ne veux pas que tu partes. J'étais presque en train de la supplier et une partie de ma conscience me demandait ce que je foutais, que tout ça ne me ressemblait pas. Elle avait raison, malheureusement.

- Tu as peur de la solitude, devina-t-elle.

J'acquiesçai même si, tout au fond de moi, j'avais envie de le nier. Elle sourit, apparemment contente de ma réponse.

- Je veux bien tenter le coup, dit-elle enfin. Mais...

- Je t'écoute...

- On va devoir s'abstenir de faire l'amour, au moins pendant quelques jours. Autrement ça risque de fausser notre jugement et nos sentiments, dit-elle.

- Tu déconnes ? Mes yeux avaient dû s'écarquiller à leur maximum.

- Je suis sérieuse Paul. Pas de sexe. Tu dois m'apprécier au-delà du sexe.

- Tu vas dormir chez Leah ?

- Non, je vais dormir avec toi mais on ne fera pas l'amour.

- Tu es dure.

- Je sais. Mais c'est à prendre ou à laisser.

- Je prends. Est-ce que je peux t'embrasser ?

- Tu en as non seulement le droit mais aussi le devoir ! sourit-elle en se penchant vers moi.

Je m'exécutai et je me surpris à redécouvrir la douceur de sa bouche et de ses lèvres. Notre baiser fut chaste mais je ne m'en plaignais pas car je l'avais adoré. Si j'avais été un garçon un tant soit peu romantique j'aurais dit que c'était le meilleur baiser qu'on m'avait donné jusque là !

Lorsque nous rejoignîmes le groupe, Seth nous proposa d'aller boire l'apéro chez lui car le temps commençait sérieusement à se rafraîchir. Nous obtempérâmes et après avoir rangé les affaires de plage et récupéré nos bagages, nous prîmes le bus qui nous conduisait à la villa qu'ils avaient baptisée "Sethela".

Juste après le nouvel an de l'année précédente, Seth avait finalement décidé de rester à L.A et de s'installer avec Angela. Il était rentré brièvement à Forks pour régler ses affaires en cours et démissionner. Avec l'aide de sa bien-aimée, il avait ouvert un cabinet d'avocat mais la plupart du temps son job ne consistait qu'à défendre des petits loubards de quartiers beaucoup trop pauvres pour se payer un bon avocat. Il avait été commis d'office à chaque fois mais il avait toute de même gagné tous les procès. Sa réputation avait alors commencé à s'étayer et, un beau jour, un jeune chanteur qui avait été victime de la presse people avait fait appel à lui et ils avaient gagné. A partir de là, et grâce au bouche à oreille hollywoodien, il avait traité de nombreuses affaires dans le monde du show business et s'était fait un nom dans le métier. Grâce à cela, Angela et lui avaient pu se payer une belle villa dans un quartier chic de L.A. Ils nageaient dans le bonheur et leur amitié n'avait pas changé d'un yota, ce qui était en soit le plus important.

La maison était encore plus belle que ce que je ne m'étais imaginé en regardant les photos. Ils nous montrèrent notre chambre et nous prîmes quelques minutes pour défaire nos bagages et prendre une douche. Rosalie insista pour que je commence, elle ne voulait pas m'accompagner. Lorsque je sortis, une simple serviette nouée autour de la taille et les cheveux encore mouillés, elle ne put s'empêcher de laisser traîner son regard sur moi. J'aurais tellement voulu qu'elle vienne aspirer les petites gouttes d'eau qui perlaient sur mon torse, qu'elle passe ses mains dans mes cheveux humides ou qu'elle se colle contre moi si fort que la serviette tomberait par terre. Elle n'en fit rien et se contenta d'entrer dans la salle de bain avec ses fringues de rechange afin de garder toute son intimité pour elle. Je l'entendis même mettre le verrou. Je soupirai de frustration et m'habillai tout en tentant de garder mon calme.

Une heure plus tard, j'étais fin bourré et je racontai des tas de conneries à la ronde, sous le regard amusé de mes amis. Le lendemain, je ne me rappelai pas de tout et surtout pas de comment je m'étais retrouvé dans mon lit, avec mon boxer pour seul vêtement.

Le jour était à peine levé et pourtant j'avais les yeux grands ouverts. Rosalie était endormie de l'autre côté du lit, soigneusement enveloppée dans le drap. Je me rapprochai d'elle et enfouis mon visage dans son cou afin de humer son parfum. J'étais très excité et malgré le drap qui nous séparait, je savais qu'elle le sentirait.

- Joyeuse Saint-Valentin, Rosalie, murmurai-je, taquin.

- Paul… Tu as promis, grogna-t-elle à moitié endormie.

- Je ne fais rien de mal, protestai-je en souriant contre son cou.

- Mouais…

- Est-ce qu'il est interdit d'embrasser sa compagne de lit un matin de Saint Valentin ? Ou de faire ça ? demandai-je en dessinant des arabesques sur son épaule nue. Ou ça ? ajoutai-je en remplaçant mes doigts par mes lèvres.

- Tant que tu ne dépasses pas la limite autorisée tu peux m'embrasser autant que tu veux. Elle roula sur le dos mais tenait toujours le drap serré autour d'elle.

- Tu es trop tentante, Rosalie, soufflai-je en tentant de m'immiscer sous le tissu.

- Tu n'es pas mal non plus, je te rassure, dit-elle en me regardant intensément, mais c'est non, Paul.

Je soupirai lourdement et m'allongeai près d'elle. Pendant de longues minutes, je n'entendis que nos respirations. Toute mon excitation était retombée à présent.

- Je ne voulais pas te vexer Paul mais si nous contournons les règles maintenant alors à quoi bon ?

- Excuse-moi, Rose. Je suis désolé.

- Ce n'est rien. Heureusement que je suis là pour te raisonner, c'est tout.

- Ose dire que je te fais pas d'effet !

- Là n'est pas la question. Allons nous préparer, Disneyland nous attend pour le week-end et mes valises ne sont pas terminées.

Elle rabattit la drap et je découvris qu'elle avait dormi dans un magnifique ensemble de nuit rouge que je n'avais jamais vu. J'hésitai quelques minutes et lui dit :

- Attends Rosalie, une dernière chose avant de nous lever.

- Je t'écoute.

- Reste un peu au lit et prend un bon bain avant de venir prendre ton petit-déjeuner d'accord ?

Elle fronça les sourcils, se demandant ce que je pouvais mijoter mais finit par acquiescer. Je me penchai sur elle afin de déposer un doux baiser sur ses lèvres pleines en prenant bien soin de le faire durer le plus possible. Lorsque je me détachai d'elle, mon regard s'attarda sur son décolleté et sur cet ensemble superbe qu'elle portait. Je remarquai que la pointe de ses seins avait durci derrière le tissu et j'émis un sifflement d'admiration.

- On dirait que je ne suis pas le seul à être impatient dis donc, raillai-je doucement en me reculant pour sortir du lit et rejoindre la salle de bain.

Elle rougit puis se mit à genoux sur le matelas pour s'approcher de moi de manière féline et dangereuse. Lorsqu'elle me rejoignit, ses yeux magnifiques ancrés aux miens, elle mit ses bras autour de mon cou et m'embrassa pleinement et vigoureusement, y mettant toute la force qu'elle pouvait. J'en profitai quelques instants, me laissant bercer et emprisonner par son ardeur, laquelle s'engouffra toute entière dans mon corps. Elle frotta ses seins contre ma poitrine encore nue et poussa un gémissement d'aise qui me fit réagir aussitôt. Je la serrai encore plus fort contre moi et laissai traîner mes mains dans son dos, puis dans ses reins, jusqu'à la naissance de ses fesses. Je ne poussai pas plus loin, suivant ainsi ses règles à la lettre et elle gémit de frustration. Je rompis notre baiser et notre étreinte d'un seul coup, la laissant à genoux et pantelante sur le lit. Je penchai légèrement ma tête sur le côté et lui souris.

- Paul, qu'est-ce que tu fais ?

- J'ai promis, Rosalie et j'essaie de tenir mes promesses.

- Oui bien sûr, je… Ses joues s'étaient empourprées et ça la rendait encore plus irrésistible.

- Je ne voulais pas te vexer Rose, mais si nous contournons les règles maintenant alors à quoi bon ?

J'avais repris exprès sa phrase mot pour mot. Je déposai un baiser sur son front et ajoutai :

- Heureusement que je suis là pour te raisonner !

- Tu es cruel, bouda-t-elle.

- Non Rose, juste réaliste. Je te fais couler un bain ?

Elle acquiesça avant de se recoucher et de rabattre le drap sur elle. Je filai à la salle de bain en tentant de ne pas éclater de rire. J'enfilai un jean et un t-shirt alors que la baignoire se remplissait. Je trouvai quelques bougies et les disposai autour de la baignoire avant de les allumer. Une odeur d'agrumes se propagea rapidement dans la pièce. J'éteignis le robinet, prévins Rose que son bain était prêt et filai hors de notre chambre avant que l'ardeur de mon amante finisse par me faire craquer pour de bon.

Une heure plus tard, Rosalie dégustait, au lit, le petit déjeuner que je lui avais préparé et je la regardai faire en souriant. Je lui avais aussi apporté un petit bouquet de roses, un mélange de fleurs roses, blanches et oranges. Elle l'avait humé longuement avant de le mettre dans un vase que j'avais déniché dans la cuisine de mes amis. Tout en mangeant ses pancakes au sirop d'érable, elle continuait de l'admirer avec un sourire béat. Je ne dis rien de peur de gâcher ce moment qui semblait lui tenir à coeur. Il me vint soudain à l'esprit qu'elle tenait plus à moi que je ne l'aurais imaginé. Mais moi ? Est-ce que je tenais à elle ? Est-ce que j'étais prêt à la considérer comme une véritable petite-amie ? Je savais que je la désirais, oui, mais de là à être amoureux d'elle, je ne savais pas. J'étais complètement paumé, surtout que la blessure que m'avait infligée Rachel béait toujours dans ma poitrine…

OoOoOoOoOoOoOoOoOoO

Disney land était comme je me l'étais imaginé : rempli de gamins hurlants, de parents dépassés mais surtout décoré à outrance avec des coeurs à toutes les sauces ! Chaque restaurant nous rappelait qu'on devait inviter notre moitié à dîner aux chandelles, chaque boutique avait son lot de cadeaux en forme de coeur et même les personnages Disney étaient de la partie, arborant des costumes spécialement conçus pour le week-end ! Les filles étaient surexcitées, bien évidement, et nous ne pouvions pas les en blâmer. Nous jouâmes le jeu, bien sûr, afin de marquer cette journée d'une pierre blanche mais cela ne nous empêcha pas de nous éclater dans les attractions, certaines plus flippantes que les autres ! Rosalie avait hurlé et agrippé ma main comme une furie dans certains wagonnets tandis que dans d'autres, elle avait juste posé sa tête sur mes épaules. Nous eûmes parfois le temps de discuter dans les files d'attentes même si les billets que nous avions nous permettaient d'aller plus vite que les autres visiteurs. A mesure que la journée s'écoulait, je la découvrais sous un autre jour et ce que j'appris me plut vraiment. Elle était bien loin de la petite pimbêche suffisante que j'avais rencontrée au salon de coiffure et je me félicitai intérieurement d'avoir insisté pour qu'elle reste.

Le soir, nous étions éreintés et affamés. Bien qu'un sandwich et une bonne douche m'auraient largement suffi, ce n'est pas ce que je fis, afin de faire plaisir à Rosalie jusqu'au bout. Chaque couple vaquerait à ses occupations ce soir, n'empiétant pas sur la soirée de l'un ou de l'autre, ce qui était, un soir comme celui-ci, tout à fait normal. Léah avait glissé deux enveloppes dans ma main avant de s'éclipser dans sa chambre avec Jacob. Je découvris deux invitations à un repas de Saint Valentin dans un des restaurants français du parc. Je le repérai sur un plan et demandai à Rosalie si elle avait prévu une robe chic dans ses valises. Pour toute réponse, elle leva les yeux au ciel et balaya ma question d'un geste de la main. Il allait falloir que je me souvienne de ne jamais sous-estimer Rosalie…

Deux heures plus tard, nous dansions au bal de la fête organisée par le restaurant. Mes mains étaient chastement posées sur ses hanches tandis que les siennes étaient placées sur mes épaules. Nos corps étaient restés à une distance respectable et je m'en félicitai car je n'aurais peut-être pas su me retenir si elle s'était retrouvée plus près de moi. Je savais qu'elle passait une bonne soirée, je le voyais dans ses yeux. Si on avait été dans un manga ou un dessin animé, ils auraient brillé de mille feux ou auraient eu des coeurs dedans ! Mais je ne pouvais pas lui en vouloir car moi aussi je passais une superbe soirée. Sauf qu'à moi, ça me foutait les jetons. Je ne suis pas un putain de romantique et sentir ma peau frémir et mes poils se dresser alors que je la regardais n'était pas un sentiment que j'avais l'habitude d'éprouver.

La musique s'arrêta mais un autre morceau commença aussitôt. Nous continuâmes à danser, comme si de rien n'était. Rosalie resserra sa prise autour de mon cou et se rapprocha de moi légèrement. Je sentis mon coeur faire une embardée et tout mon corps se raidit. Ignorant ma réaction, elle moula entièrement son corps au mien, m'obligeant à l'enlacer un peu plus que je ne le faisais jusqu'à présent. Je tentai de ne pas glisser mes mains sur son dos nu ni des les placer sur ses fesses car si je le faisais, je ne pourrais sans doute pas me contrôler. Elle devait déjà sentir que j'étais très heureux de sa proximité, ce qui ne semblait pas la déranger, mais je ne voulais pas que ça dégénère plus. J'étais légèrement plus grand qu'elle alors sa tête se nicha dans le creux de mon cou. Je sentis ses cheveux me chatouiller et je pris une profonde inspiration pour sentir leur odeur. Je fermai les yeux quelques instants puis tentai de me détendre.

- Relax, Paul, ce n'est qu'une danse, souffla-t-elle dans mon cou.

J'obtempérai docilement (une première!) et continuai à danser avec elle parmi la foule d'amoureux présents dans le restaurant. Je crois que c'est à partir de cet instant que je sus que Rosalie n'était pas qu'une fille ordinaire pour moi, qu'elle était plus que ça…

Lorsque nous retournâmes à l'hôtel, nous nous contentâmes de nous blottir l'un contre l'autre, bien trop épuisés pour tenter quoi que ce soit, et de dormir jusqu'au lendemain…

Ce furent nos amis qui vinrent tambouriner à la porte de notre chambre pour nous sortir du lit le lendemain matin. Seth et Jacob se firent une joie de me vanner mais je les laissai faire. Angie et Leah se contentèrent de papoter dans la salle de bain avec Rosalie, tentant sans doute de lui soutirer des informations.

Les coeurs de la Saint Valentin ne me parurent plus aussi terribles que la veille lors de cette deuxième journée au parc. Nous en profitâmes au maximum, nous gavant d'aventures plus excitantes les unes que les autres. Nous étions redevenus enfants le temps d'une journée et cela nous fit du bien. Je me pris même au jeu de la Saint Valentin en offrant à Rosalie une boîte à bijoux musicale en forme de coeur. Chaque fois qu'on l'ouvrait et que la musique se mettait en marche, une princesse habillée en rose (Raiponce selon les filles) tournoyait en rythme. Cela lui plut beaucoup et en échange elle m'offrit une jolie chemise de cowboy que j'avais déjà lorgnée dans une boutique. Je fus très touché par cette attention et la remerciai d'un très long baiser, devant toute la bande. Des sifflements et des gloussements se firent entendre mais à ce moment-là, je n'en avais cure car je voulais profiter de ce moment, de notre moment.

Nous regagnâmes la villa de nos amis tard dans la nuit et il ne nous fallut pas longtemps pour nous mettre au lit. Rosalie avait enfilé un ensemble de nuit vert émeraude qui me donnait des envies très peu catholiques. Je me demandai soudain pourquoi elle me tentait de la sorte chaque soir avec ses tenues affriolantes. Un besoin de vengeance ou de la simple provocation ? Je n'aurais su le dire car Rosalie était un personnage vraiment complexe que j'avais du mal à cerner.

Je posai mes fringues sur une chaise et m'enfouis sous les couvertures, uniquement vêtu d'un caleçon. Je me tournai vers mon côté du lit, éteignis la lampe de chevet et fermai les yeux en tentant de calmer ma respiration. Trois soirs qu'elle refusait que je la touche, trois soirs que malgré les règles, elle se pavanait en petite tenue devant moi et dormait à mes côtés de la manière la plus chaste possible. J'étais à cran et au bout du rouleau. Je la désirais trop pour continuer ainsi...

Je la sentis se coucher près de moi mais elle ne s'approcha pas aussi près que d'habitude. Je ne sentais pas son souffle dans mon cou et son odeur me paraissait trop lointaine.

- Ne me fuis pas Paul, me supplia-t-elle. Cela me surpris qu'elle puisse penser ça.

- Je ne te fuis pas mais je ne sais pas si je pourrais me retenir de te sauter dessus si tu gardes ces fringues-là.

Je l'entendis rire doucement mais je ne bougeais pas pour autant.

- Tu préfères que je les enlève ?

- Rose ! Tu as toi-même imposé ces règles pour qu'on apprenne à mieux se connaître mais tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour les briser. Je ne suis pas une marionnette !

- Moi non plus Paul, je n'en suis pas une. Tu es presque nu, là-dessous, dit-elle gentiment.

- Oh...

Je compris alors que sans le vouloir, j'avais attisé sa libido et qu'elle en était tout aussi chamboulée que moi.

- Je dors toujours en caleçon, me justifiai-je. Je ne cherchais pas à te tenter.

- Moi non plus, Paul, je ne cherchais pas à te tenter, souffla-t-elle doucement.

Merde alors ! On était complètement irrécupérables, aussi bien l'un que l'autre ! Tout un tas de questions fusaient dans ma tête mais rien ne vint. Je ne savais pas quoi dire et son silence était beaucoup trop pesant pour que je reste seul dans mon coin du lit. Je me retournai et nos yeux entrèrent aussitôt en contact. Quelque chose passa entre nous, un truc indescriptible que je ne pouvais pas identifier. Je caressai sa joue doucement et tentai de m'approcher pour l'embrasser. Mais son esprit était ailleurs, loin de moi, loin de nous. Je m'arrêtai avant de faire quoi que soit, comprenant qu'elle ne voulait pas que je l'embrasse.

- Il y a deux ans, Emmett et moi devions nous marier, lâcha-t-elle alors que je ne m'y attendais pas du tout.

Je ne demandais pas qui était Emmett, ni pourquoi elle me parlait de ça maintenant. Au lieu de ça, je la laissai continuer, sentant qu'elle en avait besoin.

- On s'est connus au lycée, il était le capitaine de l'équipe de foot et j'étais la pompom girl en chef. Le truc classique dont toutes les filles rêvent. Ce fut un vrai coup de foudre, comme dans les films. Il a été mon premier baiser, ma première fois, mon premier amour. Nous avons été élus roi et reine du lycée lors du bal de promo et l'année suivante Emmett est devenu le quarterback vedette de l'équipe de Seattle. J'ai intégré une école de coiffure dans la même ville et j'en suis ressortie diplômée et première de ma promotion. Mes parents aimaient beaucoup Emmett et ils étaient fiers de moi. Quand je leur ai annoncé qu'on voulait se marier, ils étaient aux anges et n'arrêtaient pas de me dire que je n'aurais pas pu trouver mieux que lui pour être mon mari et le père de mes enfants. J'ai ouvert mon premier salon de coiffure à Port-Angelès car c'est là que nous voulions habiter, là que nous avions commencé à repérer des maisons qui nous conviendraient, là où nous voulions faire notre vie ensemble. Tout était réuni pour qu'on soit heureux, pour qu'on ait des enfants, une belle maison, comme dans un putain de conte de fées.

Je ne croyais pas avoir déjà entendu Rosalie jurer… J'avais le pressentiment que c'était mauvais signe. Ses yeux noisette s'étaient voilés et je dus me contenir pour ne pas la serrer dans mes bras ou la réconforter. Je savais que si je le faisais, elle n'achèverait pas son histoire et qu'elle avait besoin de la terminer coûte que coûte. Elle ferma ses beaux yeux quelques instants et continua :

- Il attendait ce match depuis des mois, tout le monde était sous pression. Les entraînements s'étaient faits plus rapprochés et plus intenses chaque jour. Nous avions repoussé le mariage à cause du championnat car rien ne devait venir perturber les joueurs lors d'un tournoi aussi important. L'entraîneur avait même demandé à ses footballeurs de dormir à huis clos, au centre d'entraînement, trois jours avant chaque match pour ne pas qu'ils soient perturbés par la présence de leurs épouses ou de leurs enfants.

Elle esquissa un demi sourire et leva les yeux au ciel avant de continuer :

- Le jour de la finale, j'étais venue l'encourager comme l'avaient fait les autres femmes des joueurs mais aussi leurs familles et leurs amis. Nous savions qu'il serait dur de gagner face à l'équipe de San Francisco car ils avaient eux aussi de nouveaux footballeurs très prolifiques tout juste sortis de l'école et en pleine forme, comme Emmett. Mais le plus important de tout c'était qu'il y avait des recruteurs pour l'équipe nationale dans les gradins et que tout le monde était excité de pouvoir, peut-être, prétendre à y entrer un de ces jours.

Elle s'arrêta à nouveau, le visage chiffonné et les yeux à nouveau embués par les larmes. Je n'étais plus aussi sûr de vouloir qu'elle continue car je connaissais la suite. Je l'avais entendu aux informations il y a deux ans, juste après avoir rencontré Rachel. Je sentais malgré tout qu'elle voulait terminer son récit alors d'un regard, je l'incitai à continuer et elle me remercia silencieusement.

- Le score était serré et il ne restait plus beaucoup de temps. Nous étions menés de quelques points mais rien n'était perdu. Emmett avait le ballon et était sur le point de le lancer à un joueur offensif. On aurait pu gagner sur ce coup-là, tout le monde en était certain car le stade s'était quasiment tu tout entier, comme si les spectateurs ne pouvaient plus respirer tant qu'ils n'auraient pas vu la victoire de leurs propres yeux. Emmett n'a jamais lancé ce foutu ballon car il a été percuté violemment par plusieurs adversaires et s'est retrouvé rapidement plaqué au sol. Bien sûr c'est le jeu qui veut ça alors des "oh" et des "hourra" de surprise se sont élevés dans le stade et le vacarme habituel a recommencé.

Elle déglutit et une larme finit par rouler sur sa joue.

- Emmett ne s'est pas relevé mais le match a continué malgré les appels de l'entraîneur et la consternation du public. Puis un adversaire a marqué, le coup de sifflet final a retenti et San Francisco a gagné. Je m'étais levée et m'étais mise à crier son prénom dans les tribunes, complètement sous le choc. J'ai dû hurler une centaine de fois "Aidez-le ! Aidez-le !" mais personne ne se préoccupait d'Emmett hormis l'entraîneur et quelques joueurs. Les secours sont enfin venus et l'ont amené à l'hôpital mais c'était déjà trop tard. Quelqu'un m'a escortée jusqu'à lui mais je ne me souviens pas de tout, on m'a bourrée de calmants. Je sais juste qu'il a fait une crise cardiaque, sans doute due aux chocs et à la sur-dose d'entraînement qu'il faisait chaque jour.

Je fis un geste vers elle afin d'essuyer ses larmes mais elle m'arrêta du regard.

- On devait se marier le jour de la Saint Valentin, lâcha-t-elle soudain.

Je me sentis mal et égoïste tout à coup. A présent, ma rupture avec Rachel me semblait infime et ridicule à côté de ce qu'elle avait enduré depuis la mort de son compagnon. Maintenant que je savais la vérité et que je comprenais tout, je m'en voulais d'avoir embarqué Rosalie ici sans avoir pu en mesurer les conséquences. Je n'étais qu'un sombre idiot doublé d'un connard sans coeur !

- Mon Dieu, Rosalie, je suis tellement désolé pour ce que je t'ai fait ! chuchotai-je, horrifié.

- Tu ne pouvais pas savoir.

Elle était vraiment sincère, je le sentais. Comment pouvait-elle rester aussi calme et détachée face à la situation ?

- J'ai agi comme un salopard et rien n'excuse mon comportement, insistai-je.

- Tu étais malheureux, tout simplement.

Elle était en train de tout me pardonner et je ne comprenais pas pourquoi.

- Cela n'excuse pas tout. Je t'ai utilisée pour remplacer Rachel et ne pas être seul durant cette fichu fête ! Et j'ai si mal agi avec toi que ça t'a rendue encore plus malheureuse !

- Tout cela est vrai Paul, mais tu ignorais tout de moi à ce moment-là. Et, soyons réalistes, j'ai quand même accepté de te suivre malgré tout ! J'ai quasiment tout abandonné pour une semaine de vacances avec toi afin de tenter d'oublier ce jour où j'aurais dû épouser Emmett ! Pour être totalement franche, je ne voulais pas ruminer toute seule chez moi en regardant de vieux albums, seule au fond de mon lit avec une glace au chocolat !

- Alors, on est en quelque sorte à égalité ? demandai-je doucement.

- Oui mais j'aurais dû tout t'avouer dès le premier jour sur la plage lorsque j'ai découvert ton secret grâce à tes amis. Ce n'était pas très honnête de ma part de te faire uns scène alors que je te faisais subir la même chose.

- Tu aurais dû, en effet, grommelai-je, mécontent.

- Je crois que j'avais peur de te perdre, confessa-t-elle doucement. Tu m'avais donné une seconde chance et je ne voulais pas la gâcher car pour la première fois depuis qu'Emmett était parti, j'avais ressenti quelque chose de vraiment fort pour un homme. J'avais besoin de vérifier si tu pouvais m'aimer toi aussi et faire le deuil de ton histoire avec Rachel. On est coupable tous les deux, Paul, alors le moins que l'on puisse faire, c'est de réparer les choses ensemble.

Je hochai la tête sans rien dire car je ne savais pas quoi dire de plus. Nous avions été deux imbéciles incapables de mettre sur table leurs sentiments. Je roulai sur le dos et lui offris mon bras afin qu'elle vienne se nicher contre mon torse. Elle le fit sans rechigner et je sentis ses larmes perler sur moi alors que la pression de son corps se relâchait d'un seul coup. Je passai une partie de la nuit à la bercer, à lui chuchoter des choses rassurantes sans la toucher, sans avoir de pensées lubriques et sans avoir d'érection. Nous nous endormîmes tard dans la nuit, lorsque nous fûmes certains que tout était terminé et que nos rêves ne s'empliraient pas de cauchemars affreux concernant notre vie passée. Le lendemain matin, elle m'annonça que le pacte était rompu et que son corps était tout à moi désormais. Je ne me fis pas prier et en profitai une bonne partie de la journée malgré les multiples essais de nos amis pour nous faire sortir de la chambre que nous avions totalement barricadée.

OoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoO

Six mois plus tard

- Tu es prête ? demandai-je en tapant du pied nerveusement.

- Presque…

- Mon Dieu Rose mais combien as-tu de valises à remplir encore ?

- J'ai arrêté de compter à cinq. Je l'entendis rire depuis le bout du couloir.

Je soupirai. Nous allions finir par manquer notre avion.

- Nous sommes très en retard Rose ! grognai-je. Je ne trouve pas ça drôle !

- J'arrive !

Elle sortit de sa chambre un quart d'heure plus tard, toute pimpante et prête à monter dans la voiture. Elle n'avait qu'un seul sac de voyage et sa pochette dans les mains. Qu'est-ce qu'elle avait pu faire durant tout ce temps ? J'ouvris la bouche puis la refermai, stupéfait par sa beauté.

- Arrête de baver, on nous attend à Los Angeles, dit-elle en déposant un baiser sur mes lèvres.

Elle resta sur le seuil de son appartement quelques minutes avant de le fermer à clé. Elle glissa son trousseau dans la boîte aux lettres, comme convenu avec le propriétaire. Je savais qu'elle faisait un sacrifice en partant d'ici, qu'elle se décidait enfin à tourner une page importante de sa vie alors je n'intervins pas. Le pire avait été quand elle avait signé l'acte de vente de son salon. J'ai cru qu'elle allait fondre en larmes tellement cela lui paraissait difficile. Son employée avait repris le flambeau. au moins elle savait que l'affaire était entre de bonnes mains.

Je l'avais accompagnée sur la tombe d'Emmett afin qu'elle puisse lui dire au revoir avant de quitter définitivement l'Etat de Washington. Bien sûr, nous allions sans doute revenir quelques fois car nous avions encore de la famille dans le coin mais c'était symbolique pour elle. Je savais qu'elle lui avait parlé de moi, lui disant qu'elle était sûre que je lui plairais, que nous aurions pu être amis dans une autre vie… J'avais trouvé ça déroutant mais ça l'avait soulagé de le faire.

La perspective de venir vivre à Los Angeles nous est apparue comme une évidence. Aucun de nous n'avait eu envie de partir après notre semaine de vacances. Seules nos obligations nous y avaient contraints. Dès notre retour à Forks nous nous étions mis en quête d'un petit studio et d'un travail. Rosalie avait rapidement trouvé un salon à vendre et j'allais devenir son comptable ainsi que celui de Jacob et Léah. Lorsque j'aurais pris un peu de gallon et mis un peu d'argent de côté, j'ouvrirai ma propre affaire.

Cette nouvelle vie en Californie s'ouvrait à nous et nous offrait une nouvelle chance d'être heureux… Mes amis avaient fait le choix d'y vivre, un peu avant moi et aujourd'hui, Seth et Angela projetaient de se marier tandis que Leah arborait un petit ventre rond qui faisait de Jacob l'homme le plus heureux que je connaisse… Je les avais longtemps enviés mais plus maintenant car j'avais enfin rencontré celle qui me permettrait d'avoir ma propre vie et ma propre fin heureuse...

FIN