Alors comme je poste ma Fanfiction "Il était une fois" le lundi et que j'avais depuis quelque temps une autre idée de fanfiction, j'ai choisi de commencer à poster et je mettrais chaque nouveau chapitre de "A cœurs perdus" le Vendredi !

Concernant l'histoire :

Trimballée de foyer en foyer, Emma Swan n'imagine pas un instant trouver sa place dans une famille et certainement pas trouver un foyer chez les Mills. Encore moins lorsqu'elle se retrouve confronté à l'animosité de leur fille, Regina. [AU]

Swanqueen évidemment !

Pour cette FF j'imagine Emma à l'époque où elle sortait avec Neal dans la série et Regina quand elle était avec Daniel ! Comme ça pas de soucis de visualisation !

J'espère que vous allez apprécier ce premier chapitre et que cela vous donnera envie de connaître l'histoire en entière ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez penser, de si je continue de poster ou s'il vaut mieux je m'abstienne parce que la trame est nulle ! ^^

Je remercie d'avance ceux qui me liront et qui me laisseront un avis ! Je vous souhaite bonne lecture !


Chapitre 1 : Un nouveau toit :

Lorsque la voiture se gara devant l'allée de ce qui devait être sa nouvelle maison, Emma Swan ne daigna pas lever les yeux de son téléphone portable. Le regard rivé sur l'écran, ses doigts tapotaient aussi vite qu'ils le pouvaient pour écrire un seul et unique texto qu'elle s'empresserait d'envoyer à sa meilleure amie Lily. Un message court mais assez expressif.

"Au secours."

Depuis qu'ils avaient passé le panneau de bienvenue de la charmante bourgade de Storybrooke, la jeune fille regrettait déjà l'orphelinat de Boston. Au moins là-bas, la ville était assez grande pour que Lily et elle puissent s'enfuir le temps d'une après-midi et échapper au surveillant pour piquer un paquet de chips dans une supérette avant de se laisser rattraper et ramener. Elles connaissaient chaque recoins, se plaisaient à se fondre dans le paysage. Et surtout, elles s'étaient promis de toujours veiller l'une sur l'autre et ce depuis qu'elles avaient fais connaissance des années auparavant.

Pourtant au début du mois de Juillet, Claire Duncan les avait prévenu des prochains changements. Lily serait placée dans une famille de New-York tandis qu'Emma partirait pour ce village paumé au nom absolument ridicule qu'était Storybrooke. Elles avaient bien tenté de protester mais après de nombreuses disputes, deux fugues et un aller-retour au commissariat, elles avaient fini par abdiquer. De toute façon, ce n'était pas la première fois qu'elles venaient à être séparées. A chaque fois qu'une famille les accueillait, elles revenaient à peine quelques semaines plus tard. Quelques mois dans le meilleur des cas. Alors ce fut sans grande peine qu'elles acceptèrent de se séparer, conscientes qu'elles se reverraient sûrement bien plus vite que ce qu'elles n'imaginaient.

A la grande désolation de Claire, Emma s'était emparée de son portable le pied à peine posé dans la voiture et n'avait plus levé le nez de l'écran, ni accordé une parole à la conductrice. Une petite voix au fond d'elle lui conseillait d'être raisonnable, que l'assistante des services sociaux avait toujours été très gentille avec elle et cherchait sans relâche une bonne famille pour l'accueillir, mais la jeune fille n'avait pas envie d'être mâture à cet instant.

- Tu verras, les Mills sont une famille très agréable tu devrais t'y plaire, annonça l'adulte avec un sourire. Je les ai rencontré il y a quelques semaines et ils sont charmants. En plus, ils ont déjà deux filles d'à peu près ton âge avec qui tu devrais bien t'entendre.

- C'est bien.

Pourquoi des gens qui devaient déjà s'occuper de deux enfants s'empêtraient d'un troisième, et de son âge qui plus est ? En règle générale, on lui préférait les bambins plus facile à éduquer, moins rebelles. Pendant un instant, Emma se demanda s'ils avaient vraiment lu son dossier et, si oui, s'ils avaient pleinement conscience du pétrin dans lequel ils mettaient les pieds.

L'idée de les faire tourner en bourrique amusa aussitôt la blonde.

Pour le peu qu'elle en aperçut, Storybrooke ressemblait à l'une de ces villes figées par le temps qu'elle voyait dans les téléfilms du dimanche après-midi. Les boutiques donnaient l'impression de ne pas avoir évolué depuis au moins les années 80 et les gens se saluaient d'un geste de la main comme s'ils se connaissaient tous -ce qui était sûrement le cas.

- Tiens regarde, s'exclama Claire, ça devrait être ton futur lycée juste là sur la droite.

Bon dieu pourquoi fallait-il que même un simple bâtiment scolaire évoque un vieux film d'horreur, avec ses briques rouges et ses fenêtres en bois blanc ? Pour l'heure, aucun élève n'était attablé aux tables visibles devant lui et le parking était vide.

De Emma :

Je viens de voir mon futur lycée. Je pense qu'il en va de ma sécurité mentale de quitter cet endroit au plus vite.

Elle n'eut pas à attendre bien longtemps pour recevoir une réponse.

De Lily :

Si tu as besoin d'un preux chevalier pour venir te délivrer, fais appel à moi ;)

De Emma :

J'ai déjà besoin de toi ! Tu es où ?!

De Lily :

Dès que je me suis débarrassée de ma famille d'accueil, je viens illico te chercher !

De Emma :

C'est une promesse ?

De Lily :

Je te le jure.

Le message la fit sourire et la jeune fille serra son portable contre elle. Elle se souvenait encore de la première fois que Lily et elle s'étaient rencontrées. Emma était à l'époque punie dans sa chambre d'orphelinat pour avoir insulté le personnel mais Sœur Béatrice lui avait demandé de descendre pour accueillir une nouvelle personne. Elle s'attendait à tomber nez à nez avec un enfant pleurnichard mais à la place elle avait rencontré cette fille de son âge et quand leur regard se croisèrent, la blonde avait senti qu'elles deviendraient vite inséparables. Et cela avait été le cas. Si leur physique ne différait pas autant, on aurait pu les prendre pour de véritables sœurs tant elles étaient fusionnelles. La première était pâle, les cheveux blonds ondulés et un regard vert tandis que la seconde profitait d'un teint mâte, d'une chevelure brune et des yeux foncés. En revanche, elles possédaient le même caractère, la même vision des choses. Elles avaient fais ensemble les quatre cents coups et Emma n'imaginait pas sa vie sans Lily à ses côtés pour la soutenir et la faire rire. Ou même l'entrainer dans ses bêtises. Son amie ne l'avait jamais trahi et elle savait que si elle lui donnait sa parole, alors elle la tiendrait. Aussi, le nœud qui commençait à se former dans son estomac dû à cette ville et à sa nouvelle "famille" disparut quelque peu, rassurée par ce message.

Claire tourna dans une rue et Emma eut le temps de lire le nom de la rue écrit en lettre noir sur fond blanc. "Mifflin Street".

- Ca ne devrait pas être loin, annonça joyeusement Claire. Tu es impatiente de les rencontre Emma ?

- Pas vraiment. De toute façon je ne compte pas rester.

La jeune femme lui jeta un regard désabusé puis vérifia son GPS avant de se garer dans la rue. L'assistante sociale était une jolie personne, grande et mince avec une coupe au carrée d'un ton roux et des yeux clairs. D'habitude elle gardait toujours le sourire pour tenter de le transmettre aux enfants qu'elle transportait d'une famille à l'autre mais à cet instant, lorsqu'elle se tourna vers Emma, une ombre attristée venait voiler son visage.

La blonde savait très bien à quoi cela était dû. Ce n'était pas la première fois que Claire l'emmenait dans une nouvelle famille. En trois ans, elles avaient rencontré une dizaine de famille d'accueil probable et revenir la chercher pour incompatibilité ou simplement à cause de ses fugues répétées lui faisait peu à peu perdre l'espoir de placer Emma dans un foyer. Seulement elle n'avait pas besoin de sa pitié. La jeune fille attendait avec impatience le moment où elle pourrait quitter l'orphelinat et ne plus avoir besoin de compter sur des inconnus. L'indépendance, la liberté. Voilà tout ce qu'elle désirait. Parcourir le pays avec Lily à ses côtés était tout ce qu'elle souhaitait.

- Ecoute Emma, je sais que ce n'est pas facile pour toi. Un nouveau toit, une nouvelle famille à laquelle tu dois t'habituer. Mais tu ne peux pas fuir continuellement. Je suis certaine que si tu fais quelques efforts et que tu laisses une chance à Monsieur et Madame Mills alors tu pourrais être surprise. Et peut-être que tout se passera bien. Tu veux bien faire un effort pour moi et me promettre que tu vas essayer de t'intégrer avant de renoncer immédiatement ?

L'adolescente poussa un soupir mais finit par hocher la tête. Claire était une femme bien qui avait toujours veiller sur elle, elle pouvait au moins lui rendre ce service même si elle doutait qu'il serve vraiment à quelque chose.

Sa réponse dut convenir à son interlocutrice car celle-ci afficha un sourire bienveillant et se détacha.

- Je suis sûre que tout va bien aller cette fois. Alors leur maison se trouve au 108. Je sais que tu connais la marche à suivre mais je vais quand même répéter avec toi. Tu prends simplement ton sac à dos puis nous irons à la rencontre de ta famille.

- On boira un thé avec des petits gâteaux et pendant ce temps je devrais répondre à leurs satanées questions, enchaina Emma, la mine renfrognée. Puis quand ils auront décidé de si je vaux vraiment la peine qu'on s'attarde sur moi on retournera chercher ma valise.

- Tu vaux la peine qu'on prenne du temps pour toi, jeune fille. Cesse d'en douter, essuie moi cette trace que tu as sur la joue et affiche-moi un grand sourire. Je veux que tu ais toutes les chances de ton côté pour plaire aux Mills.

- Et si eux ils ne me plaisent pas ?

Claire ne prit pas la peine de répondre à cette question et sortit de la voiture, aussitôt immitée par l'adolescente. Celle-ci jeta négligement son sac à dos beige sur ses épaules et ressera la queue de cheval qu'elle s'était faite pour l'occasion. Elle réajusta d'un doigt la position de ses lunettes sur son nez puis soupira comme un sportif prêt à passer la compétition la plus importante de sa vie. Emma avait beau être habituée aux premières rencontres avec une nouvelle famille, elle ressentait toujours la même apréhension, le même stress permanent que chaque enfant abandonné ressentait à cet instant. Même les plus renfrognés ou les plus désabusés de la société gardaient une seule et unique pensée en tête, aussi fugace soit-elle.

"Est-ce que ces gens pourraient devenir ma famille ?"

Abandonnée au bord d'une autoroute alors qu'elle n'était encore qu'un nourisson, la jeune fille était ce qu'on appelait "une enfant du système" et si au début chaque rencontre se transformait en un espoir immense qui remplissait son coeur, ce sentiment s'était lentement transformé sous le poids des échecs pour ne plus devenir qu'une petite étincelle qui s'étegnait aussitôt. Elle ne voulait plus espérer et ne désirait même plus appartenir à une famille. Enchainer les déceptions ne l'avait pas laissé indemne et elle ne souhaitait plus souffrir de la désillusion qu'elle connaissait depuis qu'elle était gamine. Elle s'était faite à cette idée d'être une véritable orpheline. Elle ne laissait plus personne l'approcher depuis bien longtemps, Claire et Lily étant les seules exceptions à cette règle.

- Très bien, tu es prête ?

Prête ? Non elle ne l'était pas. Mais elle était Emma Swan et Emma Swan ne reculait devant rien. Aussi secoua-t-elle la tête dans une réponse positive et emboita le pas de l'adulte sur le trottoir. Trop de questions défilaient dans son esprit et elle tenta de paraître détendue. Claire disait que son air boudeur n'était pas une chose à montrer tout de suite à une nouvelle famille d'accueil.

- 104, 106...108 ! C'est là !

La première réaction d'Emma fut de rester complêtement figée devant la demeure des Mills. La maison, entièrement blanche, était énorme et sans doute la plus grande de la ville. Elle ressemblait d'ailleurs plus à un manoir qu'à autre chose. De là où elle se trouvait, la jeune fille ne pouvait voir que l'allée dont un petit portillon noir en fer forgé délimitait l'entrée. Un chemin de pierres rouges délimité par une rangée d'arbustes élevée de chaque côté menait jusqu'à un immense porche dont quatre piliers retenaient un balcon tout aussi grand.

Pour n'importe qui, une telle vue aurait sûrement été synonyme de jackpot assuré mais pour la blonde, cela ne faisait que renforcer son idée qu'elle n'avait aucunement sa place dans la vie de ces gens. Deux enfants, une fortune incontestée et une baraque où la plupart des autres maisons pourraient tenir sans problème. Qu'est-ce qu'une orpehline comme elle venait faire dans ce tableau ?

- On y va ?

Emma hocha la tête puis s'empressa de refermer la bouche qui s'était ouverte en découvrant la demeure Mills. Elle ne voulait pas leur montrer qu'elle était impressionnée et surtout mal à l'aise devant tout ça. Feindre une profonde indiférence était la clé. Elle passa ses pouces dans les bretelles de son sac à dos, le réajusta prestement sur ses épaules puis suivit Claire qui venait de pousser le portillon et s'empressait de remonter l'allée. Elles grimpèrent l'unique marche qui menait à la porte d'entrée et la rousse se tourna une dernière fois vers Emma.

- Tu es prête ?

Toujours la même question. Toujours la même réponse silencieuse. Claire aquiesça puis donna trois coups secs. Pendant un instant il n'y eut aucun bruit et Emma se demanda si les Mills étaient vraiment chez eux. Mais au moment où la pensée de rentrer aussitôt à Boston sans demander son reste traversa son esprit, la porte s'ouvrit pour dévoiler un homme. Grand, la peau légèrement halée, ses yeux noirs se posèrent avec bienveillance sur les deux personnes en face de lui. Ses cheveux poivres et sels avaient délaissé le sommet de son crâne désormais chauve et sa barbe discrète mais parfaitement taillée reprenait les couleurs de sa chevelure. Il était vêtu d'un costume noir et affublé d'une cravate rouge qui rendait le tout assez impressionnant.

- Monsieur Mills ? Bonjour Claire Duncan des Services Sociaux de Boston. Nous avions rendez-vous à 15h avec votre femme afin de rencontrer Emma Swan et de parler plus en détails des procédures qui vont suivre.

Ils échangèrent une poignée de mains puis ils portèrent leur attention sur la jeune fille qui n'avait toujours pas quitté l'homme des yeux. Elle le jaugeait, l'évaluait. Est-ce que ce sourire était sincère ? Est-ce que ce regard gentil était une façade ?

- Tu dois être Emma je suppose, lui dit-il en tendant sa main vers elle.

- Oui.

- Enchanté jeune fille. Je m'appelle Henry Mills mais tu peux juste m'appeler Henry si tu le souhaites. Ma femme est à l'étage je vais aller la chercher, si vous voulez bien me suivre à l'intérieur.

Claire encouragea Emma du regard et celle-ci passa donc en première la porte du manoir pour se retrouver dans un hall d'entrée tout aussi immense. Le plafond était haut, les murs blancs aggrandissaient la pièce et la rendaient lumineuse à souhait. Monsieur Mills les conduisit jusqu'à un salon sur la droite où se trouvaient disséminés d'élégants canapés de cuir. Une cheminée ornait l'un des murs et le reste de l'endroit était décoré avec classe et gout.

- Vous pouvez vous installer, je reviens dans quelques secondes.

Il leur accorda un sourire polie puis disparut du salon. Le bruit de ses pas s'éloigna et Claire en profita aussitôt pour se tourner vers Emma qui s'était déjà écroulée sur un fauteuil tout en poursuivant l'inspection de la pièce du regard.

- Alors qu'est-ce que tu en dis ? C'est chouette non ?

- Ouai ça va.

- Allons Emma, tu ne vas pas me dire que tu ne trouves pas ça super comme endroit ? Je suis certaine que ma propre maison tiendrait dans le hall de leur demeure.

- J'ai plutôt l'impression d'être dans un musée, rétorqua l'adolescente en posant négligement ses pieds sur une table basse en verre. Pas un grain de poussière, pas un truc qui dépasse. J'aime pas.

Claire leva les yeux au ciel mais n'eut pas le temps de répondre. D'un geste, elle lui intima d'enlever ses pieds de là où Emma venait de les poser puis se retourna pour saluer Madame Mills.

Cette femme respirait la froideur à l'état pur et la blonde se renfrogna immédiatement, bien trop habituée à ce genre de personne. Plus petite et plus pâle que son mari, ses cheveux bruns étaient relevés en un chignon sévère et les traits de son visage mince et émacié semblaient figés. Ses yeux marrons se posèrent sans détour sur Emma qui retint un frisson puis ses lèvres maquillées de rouge se pincèrent. Sûrement parce que l'adolescente n'avait pas encore retiré ses pieds de la table et n'était toujours pas levée pour venir la saluer.

- Bonjour Madame, Claire Duncan des Services Sociaux de Boston.

Comme avec Henry, elles se saluèrent poliment puis la femme reporta son attention sur Emma.

- Je vous présente Emma Swan, annonça Claire en prenant la jeune fille par les épaules pour la relever face aux Mills. Elle est un peu réservée au début.

- Oui cela est tout à fait compréhensible. Elle ne doit pas avoir l'habitude de ce genre d'endroit je suppose. Je comprend qu'elle puisse être impressionnée.

Emma n'aurait sû dire à cet instant si c'était la voix tout à fait désagréable de son interlocutrice, ses paroles tout à fait déplacées ou la façon dont elle la toisa au moment de les prononcer mais elle sentit la colère s'emparer d'elle et serra discrètement les poings. Comment Claire avait-elle pu penser que les Mills étaient une famille charmante ? Si Henry semblait amicale, il était claire que ce dragon en face d'elle lui était hostile. Et si les enfants ressemblaient à la mère, le retour à Boston se ferait plus vite que ce qu'elle n'avait imaginé en arrivant.

- Bonjour Miss Swan, je suis Cora Mills. Vous avez déjà fais la connaissance de mon mari aussi je vous propose de commencer directement la discussion. Si vous voulez bien vous assoir.

Chacun prit une place. Monsieur et Madame Mills s'assirent sur l'un des canapé tandis que Claire prenait place sur un autre et Emma s'écroulait à nouveau sur son fauteuil devant le regard réprobateur de Cora.

La jeune fille retint à grand peine le sourire provocateur qui menaçait de naitre sur ses lèvres.

- Bien, comme je vous l'ai expliqué au téléphone le parcours d'Emma est assez mouvementé et son caractère s'est... adapté à ses conditions de vie difficile.

Dès les premiers mots, l'adolescente ne prêtait déjà plus aucune attention à la discussion. Elle avait l'habitude de ce genre d'entretien et son avis n'était pas demandé à cet instant. Claire s'adressait uniquement aux parents et leur décrivait le parcours de l'orpheline en débutant, bien entendu, par son abandon. Elle allait leur expliquer les causes de son renvoi régulier de foyers et de maisons d'accueil, la façon dont sa personnalité s'était développée et ne leur épargnerait pas le côté difficile qu'était sans aucun doute celui de parents adoptifs. Veiller sur une adolescente serait une épreuve de tous les jours et bien qu'ils devraient faire preuve de fermeté, ils ne devraient pas oublier qu'Emma n'avait jamais connu d'environnement stable et risquait donc de ne pas se plier aux rêgles immédiatement.

Ce discours, la jeune fille le connaissait par coeur. Elle ne faisait même pas attention aux regards qu'on lui portait et préféra observer la naissance d'un escalier qu'elle voyait au niveau du hall d'entrée.

- Nous avons pris conscience de la mesure de nos actes Miss Duncan, répondit Henry Mills au bout de ce qui sembla être une éternité. Nous n'avons pas décidé d'accueillir Emma chez nous à la légère et soyez assurée que nous sommes prêt à nous investir dans notre rôle de famille d'accueil pour lui permettre de se sentir chez elle. Si c'est également cela qu'elle souhaite.

Malgré elle, Emma avait tendu l'oreille pour écouter la réponse de l'homme. Il semblait toujours animé de bonté et de gentillesse mais cette fois ses paroles touchèrent quelques peu l'adolescente qui lui adressa un sourire timide.

- Nous lui garantissons un environnement de vie décent ainsi qu'une scolarité assidue au lycée de Storybrooke, enchaina froidement Cora. J'imagine qu'elle a du retard vis à vis de son apprentissage au vu de sa...condition ?

Comment osait-elle insinuer ça ! Elle était orpheline, pas idiote !

Emma allait répliquer mais Claire s'empressa de répondre à sa place, sûrement pour l'empêcher de se mettre en colère et de ruiner ses chances de vivre ici.

- Au contraire. Emma est une fille très intelligente qui comprend très vite. Elle n'aura aucun problème à suivre les cours.

La conversation se poursuivit ainsi pendant de longues minutes. La jeune fille s'attendait à ce qu'on lui pose des tas de questions, comme c'était le cas à chaque fois, mais étonnement aucune ne vint ni de l'homme ni de la femme. Ils se contentaient d'écouter Claire, ajoutaient parfois un commentaire puis regardaient de temps en temps l'orpheline.

Finalement, après une éternité, Claire s'empara de son sac et en sortit un épais dossier.

Le voir était toujours une épreuve pour Emma. Penser que les dix sept années de sa vie tenaient misérablement dans une chemise marron lui donnait l'impression d'être riddicule.

- Je suppose que nous pouvons passer aux détails des papiers et de l'engagement que vous prenez auprès d'Emma, conclut Claire.

- Emma ?

La jeune fille reporta son regard sur Henry Mills. Il lui souriait. Encore.

- Je pense que tu serais plus heureuse de visiter le reste de la maison plutôt que de rester ici à écouter cette discussion. Zelena et Regina se trouvent en haut, pourquoi n'irais-tu pas les voir et leur demander de te montrer les autres pièces ? Je suis certain qu'elles en seront ravies.

Soulagée et reconnaissante de ne pas rester assise ici à les écouter parler d'elle, Emma hocha la tête et se releva. Elle tentait de paraître sûre d'elle et confiante mais le noeud dans son estomac ne cessait de se resserer. Tout ici était impressionnant, à mi-chemin entre l'apparente chaleur que dégageait Henry et la froideur de Cora. Inconsciemment, elle aurait péféré que Claire l'accompagne pour la visite de la maison mais se gifla mentalement et posa le pieds sur la première marche de l'escalier.

L'étage était aussi vaste que le rez-de-chaussée et cela ne l'aida pas à se détendre. Comment était-elle censée savoir exactement dans quelle chambre se trouvait ses possibles futures soeurs ? A leur place, Emma n'aimerait pas voir une inconnue roder chez elle. Heureusement, un éclat de rire se fit entendre dans une des pièces de gauche et la porte s'ouvrit brusquement pour laisser apparaître la première fille Mills. Grande, environ la vingtaine, ses cheveux roux tombaient en lourdes boucles sur ses épaules et ses grands yeux verts pétillaient, mis en valeur par un immense sourire. Sûrement dû au fait qu'elle gardait un téléphone collé contre son oreille et que la conversation devait être des plus plaisantes.

En la voyant, l'inconnue se figea, sembla réfléchir un moment puis finit par abréger son appel. D'un pas déterminé, elle s'avança vers Emma sans se départir de son attitude jovial.

- Salut, tu dois être Emma c'est ça ? Papa nous a avertit que tu devais arriver aujourd'hui. Je m'apelle Zelena mais fais comme tout le monde et surnomme moi Lena.

La jeune fille était impressionnée mais se détendit quelque peu. Cette Lena semblait très accueuillante et peut-être au final n'y avait-il que Cora de désagréable ici.

- Je suppose qu'ils sont tous en bas en train de parler ? Bon, viens je vais te faire visiter l'étage et je te montrerais ta chambre.

Tout naturellement elle empoigna le bras de l'orpheline et l'entraina à sa suite. Elle lui fit découvrir tour à tour la chambre de ses parents, puis la première salle de bain et sa chambre. Les murs d'un vert léger tranchait quelque peu avec le reste de la maison mais Zelena expliqua que c'était sa couleur préférée. Elle lui montra ensuite une seconde salle de bain et un bureau qu'occupait parfois son père.

- Là il y a le balcon que tu aperçois du porche et ma chambre, ainsi que celle de Regina, donne directement sur lui. Malheureusement comme j'ai un peu le vertige, je préfère le laisser volontier à ma soeur.

- Ta soeur est plus âgée ? demanda Emma avec curiosité.

Après tout cela faisait plusieurs fois qu'elle entendait parler de cette Regina mais ne l'avait pas encore rencontré.

- Non elle a ton âge. Je suis la plus vieille des deux mais aussi la plus jolie, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil.

L'invitée ne put retenir un sourrire amusé. Le premier depuis qu'elle avait mis les pieds ici.

La jeune fille apprit qu'au rez-de-chaussée se trouvaient deux salons, une grande cuisine ainsi qu'une salle à manger et enfin une bibliothèque. Elle avait l'impression de nager en plein rêve, bien qu'elle ne fut pas certaine d'apprécier ça, et se demandait pourquoi est-ce qu'ils avaient besoin d'autant d'espace.

- Mon père est le Maire de Storybrooke, répondit Zelena avec légerté. Il semblait normal que nous vivions dans une demeure à la hauteur de ses fonctions.

- Et ta mère, qu'est-ce qu'elle fait comme métier ?

- C'est la directrice du Lycée.

Evidemment. Une vipère froide remplissait parfaitement les conditions pour ce rôle et cela n'étonna l'adolescente qu'à moitié. Cependant elle aurait volontier vu Cora à la place de son mari, à la tête de la ville. Elle retint un soupir frustré quand elle comprit qu'elle la cotoierait tous les jours et ce même pendant sa scolarité. Voilà pourquoi elle avait assuré à Claire qu'elle suivrait des cours assidus. Elle y veillerait personnellement et Emma ne comptait pas lui laisser l'opportunité de lui rappeler qu'elle pourrait "être en retard dans son apprentissage".

- Pourquoi est-ce que tes parents ont accepté de me prendre chez eux ? demanda-t-elle soudainement alors qu'elles étaient accoudées à la rembarde de l'escalier. Je veux dire, entre leur travail et vous deux, pourquoi perdraient-ils du temps avec une fille comme moi ?

- Maman n'a pas vraiment eu de parents non plus, expliqua Zelena. Regina et moi n'avons que nos grands-parents paternels. Alors elle considère que prendre sous son aile une orpheline est la moindre des choses qu'elle puisse faire. Elle peut paraître froide mais c'est parce qu'elle n'est pas habituée à montrer ses sentiments. Et ce n'est pas la seule d'ailleurs, acheva-t-elle avec une grimace.

A cet instant Emma avait l'impression d'être un chiot qu'on venait de recueillir sur le bord de la route par pitié. Cora avait beau être une femme complexe, le peu qu'elle en avait vu ne donnait pas à la jeune fille l'envie d'en connaître plus à son sujet. Mais la dernière phrase piqua sa curiosité.

- Ton père semble montrer ses sentiments pourtant.

- Oh non je ne parle pas de mon père. Je parle du dernier membre de notre charmante et sympathique famille.

Avec un mouvement de la main, Zelena l'invita à la suivre et elles s'arrêtèrent devant la dernière pièce qu'Emma ne connaissait pas encore, qui devait sans aucun doute être la chambre de Regina.

Malgré elle, le coeur de l'orpheline s'accéléra sous le coup de l'anticipation. Cette Regina était encore trop mystérieuse et il lui tardait de lever le voile sur elle.

- Je te préviens, ma soeur n'est pas quelqu'un de commode.

Et sur ce, elle toqua à la porte de la chambre avant de rentrer sans attendre de réponse de la part de son occupante.

La pièce ressemblait plus au reste de la maison que la chambre de Zelena. Là où la plus âgée avait choisi le vert, la plus jeune avait jeté son dévolu sur un mélange de blanc et d'écru qui s'harmonisait avec grâce. Des cadres étaient suspendus au mur ainsi qu'un imposant miroir noir. Au fond trônait un grand lit entouré par deux tables de nuit sur lesquelles reposaient des lampes de chevet tandis qu'au coin opposé reposait une imposante armoire ainsi qu'un bureau.

- Zelena !

Le coeur d'Emma s'emballa lorsque son regard tomba sur Regina Mills. Elle tenait la peau mâte de son père et la prestance de sa mère. Habillée d'une jupe noire et d'une chemise blanche légèrement ouverte sur sa poitrine, un collier discret ornait son cou. Ses cheveux bruns qui arrivaient plus bas que ses épaules encadraient un visage impassible et elle portait elle aussi un rouge à lèvre carmin qui attira l'attention de l'orpheline sur sa bouche où elle aperçut une fine cicatrice sur la lèvre supérieure. Mais ce furent ses yeux qui la figèrent littéralement sur place. Ses pupilles, qui devaient sûrement être noisettes à l'origine, étaient noirs et la dévisageaient froidement. Manifestement, elle n'était pas la bienvenue ici.

- Regina, je te présente Emma, annonça Zelena avec un sourire. Emma, je te présente ma soeur. Celle qui deviendra ton pire cauchemar.

- Ca ne me fait pas rire Lena, riposta sauvagement la brune.

La jeune fille, consciente que continuer de la dévisager de la sorte n'allait pas aider à briser la glace, s'avança la main tendue.

- Salut.

Regina posa à peine les yeux sur la marque de politesse de l'orpheline et lui jeta un regard glacial.

- Je ne serre pas la main des chiots abandonnés.

La colère s'empara aussitôt d'Emma qui laissa retomber sa main. Une bouffée de chaleur l'envahit et alors elle sût. Son corps entier venait de comprendre aussi rapidemment que son esprit.

Elle allait haïr Regina Mills.


Alors, qu'Est-ce que vous avez pensé de ce premier chapitre ? Ca vaut le coup de continuer ?

Merci à ceux qui m'ont lu !