C'était le matin. Tôt le matin. La résidence était encore endormie et seule une silhouette féminine était visible. Elle marchait d'un pas léger mais faisait attention à ne faire aucun bruit pour ne pas réveiller les autres locataires. La silhouette disparut derrière une petite butte qui se trouvait au fond du jardin de la résidence. Elle se dirigeait manifestement vers le littoral.
Ça y est ! J'ai trouvé, se dit-elle. La jeune fille avançait avec émerveillement sur la petite plage de galets nichée entre les arbres du bord de l'eau. La jeune fille était sûre qu'elle existait et elle en avait la confirmation. Une plage certes pas très grande mais d'un charme certain et d'une profonde quiétude. L'eau était claire et peu profonde et le soleil, qui venait de se lever, éclairait particulièrement bien la scène. Elle s'approcha de l'eau avec lenteur, retira ses vêtements puis, en ayant regardé anxieusement autour d'elle pour voir s'il n'y avait personne, enleva le masque qu'elle devait porter. Elle rentra doucement dans l'eau, plongea et commença à nager paisiblement. Qu'il était bon de sentir le contact de l'eau sur sa peau, de nager librement, plonger, virevolter, se reposer…
Une heure ou deux passèrent sans qu'elle ne s'en rendit vraiment compte, perdue dans ses pensées et nageant tranquillement. Soudain, elle sentit l'arrivée d'un cosmos puissant et…familier. Non pas lui, surtout pas maintenant… pensa-t-elle. Elle essaya de gagner la plage aussi vite que possible pour pouvoir se rhabiller mais il était trop tard, le garçon s'avançait déjà sur la plage. Marquant un temps d'arrêt pour observer la magnifique vision qui s'offrait à lui, il ne put repartir de suite, tellement subjugué par la beauté de la personne qu'il avait cherchée pendant toute la matinée. Car l'eau avait transformé la jeune fille. Ses longs cheveux verts flottant habituellement autour de sa tête, étaient collés sur son dos, ce qui dégageait son visage où brillaient de magnifiques yeux couleur émeraude, étincelant de surprise d'un brin d'angoisse et de beaucoup d'amour et même prise au dépourvue, la jeune fille gardait une allure fière, digne et noble d'une grande guerrière. Enfin, il s'approcha d'elle tout en se déshabillant, s'apprêtant à la rejoindre dans l'eau. Gênée, la jeune fille détourna brusquement le visage quand le jeune homme commençait à enlever ses sous-vêtements. Entendant un plouf, elle retourna la tête et vit qu'il venait de plonger. Il la rejoignit dix secondes plus tard et déglutit péniblement lorsqu'il remarqua que l'eau claire ne cachait rien de l'anatomie de la jeune fille. Cette dernière s'en rendit compte et essaya de cacher quelques parties de son corps avec ses bras, tout en se disant qu'elle voyait aussi très bien toute l'anatomie du jeune homme. Elle le fixa du regard pour oublier. Enfin il put la regarder et se perdit dans les yeux verts qui lui faisaient face.
« Je t'ai cherché pendant toute la matinée, Shina. Je me doutais bien que tu étais partie tôt pour aller te baigner, mais je ne savais pas où. Heureusement que tu ne t'es pas trop éloignée.
Je voulais me détendre un peu seule… Mais tu peux rester bien sûr, rajouta-t-elle rapidement, craignant de le voir repartir malgré la gêne qu'elle ressentait.
En fait si je te cherchais partout c'est que j'ai quelque chose à te dire. Ce n'est pas facile pour moi de te le dire alors si tu pouvais être indulgente…
Qu'y a-t-il, Seiya ?
J'ai réfléchi longuement depuis quelques jours et j'ai pris une décision. J'en ai parlé avec Athéna ce matin et j'ai réussi à obtenir son accord... après une lutte acharnée… »
Shina commençait à avoir un peu peur des paroles de Seiya mais continua à l'écouter malgré tout.
« Voilà, reprit Seiya, je voudrais que tu prennes tes affaires et que tu quittes ta maison du sanctuaire…
Hein? S'exclama Shina.
...pour venir habiter avec moi dans le temple du sagittaire, continua Seiya. »
Une pure stupeur s'afficha sur le visage de Shina lorsqu'elle assimila la fin de la phrase de Seiya. Que j'aille habiter avec lui ! Pensa-t-elle. Une chosequ'elle avait osée envisager que dans ses rêves les plus utopiques…
« Shina, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus vivre sans toi. Je suis toujours à la recherche de ton regard ou de ta présence. Je n'arrive plus à me concentrer, il faut toujours que je puisse te voir et je n'arrête pas de penser à toi… Je rêve de toi chaque nuit, du parfum de ton corps, de tes yeux …et d'autres choses encore. Je ne comprends pas pourquoi je ne l'avais pas remarqué auparavant, mais je le sais depuis que tu as commencé à passer ton temps à me sauver la vie et je ne me le suis jamais avoué… » Seiya s'approcha de Shina qui était encore totalement pétrifiée et la prit dans ses bras en lui murmurant à l'oreille.
« Puisses-tu me pardonner pour tout le mal que je t'ai fait et puisse Athéna m'offrir le pouvoir de te donner une journée de bonheur et de plaisir pour chaque minute de souffrance que je t'ai infligé. Je t'aime, Shina. » Les larmes coulaient abondement sur le visage de Seiya contre lequel se tenait une statue de Shina. Elle sentit tout de même les larmes et autre chose au niveau d'une de ses mains… au moins il est sincère pensa-t-elle honteusement, avant de se reprendre et de réaliser que l'homme qu'elle aimait par-dessus tout venait enfin de lui dire que ses sentiments étaient réciproques. Sortant soudain de son immobilité, Shina se blottit violemment contre Seiya et pleura à son tour. Ils restèrent ainsi pendant une très longue période, oubliant le monde qui les entourait et se prononçant des mots tendres à l'oreille. Tenant Seiya par la main, Shina commença à revenir sur la plage de galets, vers leurs vêtements mais changeant d'avis au dernier moment et sous l'effet d'une joie et d'un désir si longtemps refoulé, elle l'entraîna par terre et commença à l'embrasser passionnément. Certes les galets n'étaient pas des plus confortables mais les deux amants n'en avaient strictement rien à faire car ils s'étaient enfin trouvés et n'entendaient pas se laisser ennuyer par quiconque ou quelque chose, pouvant les priver du plaisir de leur amour. Et durant de très longues minutes, ils s'envolèrent vers un monde peuplé de gémissement, de cris d'amour et de plaisir.
Quelque temps après, Shina, confortablement allongée contre le corps de Seiya et affichant un air qui disait qu'elle ne comptait pas bouger de si tôt, sombra dans un doux sommeil, fruit de la retombée des fortes émotions éprouvées tout au long de la matinée. Seiya la rejoignit au pays des rêves, et le soleil éclaira de ses doux rayons les corps des deux amants endormis.
Ils se réveillèrent quelques heures plus tard, tiraillés par la faim. Réalisant qu'ils devaient être au beau milieu de l'après-midi et que les autres avaient du s'inquiéter de ne pas les avoir vu rentrer pour le déjeuner, ils s'empressèrent de se rhabiller et partir en courant, main dans la main vers la résidence.