Disclaimer : L'univers d'Aventures appartient à Mahyar et les personnages aux joueurs Krayn, Bob, Fred et Seb du grenier.


Merci à la communauté Aventures pour l'accueil!

Me sentant dans une vague d'inspiration, je continue sur ma lancée avec cette histoire. Il s'agit d'un multi-chapitres qui alternera les points de vue des quatre aventuriers, mais pas forcément de manière égale. Dans les faits, ça sera majoritairement du Grunlek et du Balthazar.

Petite info : me voyant obligée d'écrire à une seule main, je ne promets pas une rédaction ultra soutenue, même si l'inspiration est là ^^.
Bon assez parlé de moi et place à l'histoire!

Elle prend place pendant l'inter-saison 2-3 qui personnellement m'avait hypé comme pas permis. J'avais beaucoup aimé les mini épisodes qui avaient servi d'introduction, mais j'avais tellement de questions que j'étais un peu frustrée au final de l'exposition des retrouvailles. Là où dans le trailer, Shin paraissait avoir pas mal bouffé psychologiquement, au final, des quatre, seul Théo avait vraiment changé de comportement en début de saison. Du coup la transition m'avait paru sèche. Cependant, avec le recul, je pense que cet espace laisse de la place pour imaginer ce qui s'est passé pour nos aventuriers. Et donc voici la version issue de mon cerveau malade XD.

Je préviens, ça sera un peu sombre (#euphémisme), surtout au début, alors accrochez-vous ...
On commence tout de suite avec Grunlek ^^.


Chapitre 1 - L'éveil

La première chose dont prit conscience Grunlek fut de l'odeur âcre qui flottait dans l'air et lui piquait la gorge. Le monde apparaissait tristement irréel autour de lui alors qu'il regardait au travers du flou magique de son bouclier. C'était un univers presque monochrome. Une neige grise et floconneuse flottait lentement dans les airs. Par endroit, elle avait recouvert le sol d'une couche légèrement plus claire mais ne masquait pas la terre calcinée. Seuls les incendies encore actifs émaillaient de rouge ce paysage dessiné au fusain.

Plus il reprenait contact avec le réel, plus cette vision l'emplissait d'effroi. Son bouclier de psyche se dissipa lentement. Il avait l'impression de s'éveiller d'un long et intense cauchemar mais d'avoir toujours l'esprit balloté entre songe et réalité. Ses sens lui disaient pourtant qu'il ne rêvait pas. La terre exhalait par endroit une sorte de brume vaporeuse. Grunlek plissa des yeux pour mieux distinguer ce phénomène. Sa vue était troublée, à la fois, par cet air étrangement irritant et sa sortie progressive de la transe. La terre semblait avoir brûlé pendant des jours et ce qu'il voyait autour de lui était les restes encore fumants de la clairière où il avait livré combat avec ses amis. Bien que l'air était chaud et sec, il se mit à grelotter. Il ne reconnaissait rien ... La vie semblait avoir déserté ce lieu. La clairière était encerclée à perte de vue par les vestiges d'une forêt dont il ne restait que des silhouettes fuligineuses et torturées. Même la rivière s'était tarie ... Les seuls sons que le nain percevait était sa propre respiration et le crépitement des braises encore chaudes.

Il se redressa tant bien que mal et fit jouer ses articulations douloureuses. Il se sentait perclus de courbatures. C'était comme s'il avait fourni un effort trop intense sans y être préparé. Son bras robotique lui paraissait plus lourd qu'à l'accoutumée. Il tourna la tête pour examiner le réceptacle de gemmes de pouvoir. Son regard se figea une seconde sur une trace noire qui courrait sur toute la largeur de son épaulette. On aurait dit une main; une main griffue démesurément grande. Un souvenir fugace lui vrilla le cerveau :

De son bras mécanique émanait une puissance dont il ne se savait pas capable. Les filaments d'énergie formaient une barrière magique impénétrable tout autour de lui. Derrière elle, les morts vivants qui approchaient d'un peu trop près étaient littéralement désintégrés. Il avait déjà chargé plusieurs fois cette armée de cadavres. Il fallait qu'il LE protège à tout prix. Alors qu'il cherchait un nouvel angle de riposte, il sentit sur son épaule droite une pression inconfortable. Il pivota pour faire face à la source de cette gêne.

Son esprit préféra alors occulter la vision cauchemardesque qui suivait mais, quelque par au fond de lui, Grunlek savait de quoi il s'agissait. Il lança un regard circulaire sur la clairière et ses yeux se posèrent sur la couleur écarlate d'un vêtement déchiré : "Bob ?" lâcha-t-il timidement. Sa voix ne semblait pas porter à plus de quelques mètres dans cet air saturé par la fumée. La robe en lambeau était accrochée au squelette charbonneux d'un arbre. Il se dirigea d'un pas hésitant vers sa trouvaille. Lorsqu'il attrapa le bout de tissu, la branche sur laquelle il était accroché se désagrégea. Le bois roussi laissa apparaître le cœur encore en fusion de l'arbre dont la combustion repris de plus belle. Il s'éloigna derechef en se protégeant le visage afin d'échapper à l'épaisse fumée noire qui se dégageait de l'écorce.
Tout aussi subitement que la première fois, un autre souvenir l'assaillit :

Viktor hurlait. Son poing dressé vers le ciel enserrait une gemme purpurine qui pulsait d'un éclat dangereux.

Cette vision l'emplit soudain d'une colère indicible. Il secoua farouchement la tête pour la chasser de son esprit. La main toujours refermée sur la robe du mage, il reporta son attention sur sa tâche première et vérifia le contenu de sa réserve de gemmes. La pierre avait un aspect terne. Il avait puisé beaucoup d'énergie et ne sachant pas quand il pourrait refaire le plein, il décida de limiter au strict minimum l'utilisation de son bras robotique. Il noua les restes du vêtement de son ami à sa ceinture, oubliant qu'il avait encore son sac de voyage sur le dos et qu'il aurait pu le glisser à l'intérieur.

La sécheresse de l'air le fit tousser. Il marcha quelques instants en suivant le lit asséché de la rivière jusqu'à un croisement. Un peu plus loin, il y aurait du y avoir un campement et un puits. Il n'y avait qu'un cratère fumant où les restes magmatiques d'une météorite semblaient ronger la roche. A cet endroit, le terrain était assez irrégulier et des mottes de terre calcinée jonchaient le sol. Il y avait bien un trou mais rien qui ne rassemblât de près ou de loin à un puits. Son cœur se serra. Shin aurait du se trouver quelque part par là. Ce pouvait-il qu'il n'en ait pas réchappé? Il balaya cette sombre idée de son esprit et tenta de rationaliser la situation. Combien de temps s'était-il écoulé depuis qu'il était entré dans cette sorte d'état second ? Il se posa lourdement sur un rocher qui affleurait et, la tête entre les mains, il se mit à réfléchir.

Il ne voyait de corps nulle-part ... et il neigeait. Se pouvait-il que plusieurs mois ce soient écoulés ? Non, comment aurait-il pu subsisté pendant autant de temps ? De plus, les incendies auraient du cesser depuis bien longtemps. Ça n'avait pas de sens. C'est alors que son regard capta un léger éclat provenant d'un des petits monticules de terre sombre. Il se releva et s'approcha de la protubérance. La terre craqua et s'affaissa légèrement sous son poids. Il ramassa ce qui dépassait du sol et en extraya ce qu'il reconnut comme les restes du cloutage d'un bâton de combat. Lorsqu'il voulu nettoyer la surface métallique de la neige qui s'y était accrochée, son geste ne fit qu'étaler la matière en larges trainées grisâtres. Ce fut à ce moment qu'il comprit qu'il ne neigeait pas.

Tout ... Absolument tout avait brûlé ... Il n'y avait à présent que la mort qui flottait au gré du vent. Il recula d'un pas et la terre émis encore un craquement sinistre. Il lâcha la pièce métallique dans un geste purement réflexe alors que les contours du paysage autour de lui prenaient une tout autre signification. Un nouveau souvenir l'assaillit et la violence de ce dernier le fit tomber à genoux :

Le rire grave et tonitruant du démon résonnait jusque dans sa poitrine. Les cris des membres du conclave couvraient tout le reste. Plusieurs d'entre eux regardaient vers le ciel, le visage déformé par la terreur. Machinalement et presque avec indifférence, il tourna son regard vers la source de leur effroi. Un œil titanesque nimbé de nuages rougeoyants les observait. Des traînées enflammées zébraient le ciel. La pluie de météorites allait s'abattre sur eux d'un moment à l'autre. Il pouvait clairement voir plusieurs de ces projectiles en fusion approcher de leur position. Étrangement, il ne ressentait aucune peur. La terre et lui ne semblaient faire plus qu'un. Jamais il ne s'était senti aussi proche de sa nature de golem. Et comme mu par une volonté propre, son bouclier se déploya tout autour de lui avec une force qui lui était étrangère. Au travers du masque flou de la psyche, il vit la vie disparaître dans un maelström de feu et de pierre.

Grunlek tentait désespérément d'occulter cette vision, mais même les yeux ouverts l'horreur se superposait au réel. Il fallait qu'il parte très loin ... très vite ... Il scanna rapidement les alentours alors qu'il cherchait un refuge à toute cette folie. Il n'avait nulle-part où aller ... Partout, il n'y avait que des cendres. Par terre ... en l'air ... sur lui ! Il avait envie de hurler. Sa propre terreur lui donna subitement la force de se relever. Il prit arbitrairement une direction et se mit à courir ... Tout droit ... Toujours tout droit ...

Il traversa les restes fantomatiques de la forêt puis atteignit sans vraiment s'en rendre compte une large plaine. Malgré ce changement de décor, la terre semblait tout aussi morte que le reste. Par pitié, faites que ce soit un cauchemar ... Il ne s'arrêta que lorsque ses poumons le brûlèrent trop pour qu'il puisse continuer. La quinte de toux qui s'en suivit le laissa à bout de souffle pendant plusieurs minutes. Pendant qu'il calmait ses poumons en feu, son esprit s'apaisait également et la raison reprenait le pas sur l'instinct. Il prit une grande inspiration tremblotante : cette vision avait manqué de peu de le rendre fou ...

Lorsqu'il eut recouvré ses forces, il osa jeter un œil en arrière. De la forêt informe s'élevaient quelques panaches de fumée épaisse qui se confondaient avait la noirceur du ciel. Il chercha le Soleil du regard mais la lumière semblait provenir de partout et nulle-part à la fois. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, ni même du jour. Dans cet océan anthracite, il avait perdu tous ses repères. Grunlek ferma les yeux.

Je vais me réveiller, n'est-ce pas ? Shin sera perché en haut de son arbre, comme d'habitude. Et ... Théo et Bob seront en train de se chamailler bruyamment autour du feu de camp pour une raison futile. Je vais me réveiller ...

Il tourna cette image dans sa tête comme un mantra, jusqu'à s'en donner mal au crâne. Mais lorsqu'il ouvrit les yeux, la vision infernale se dressait toujours devant lui. Il laissa ses pensées errer vers ses amis dont il ignorait s'ils étaient toujours en vie et chose qu'il n'avait pas faite depuis des années, il se laissa submerger par l'émotion et s'autorisa à pleurer.


Bon j'avoue, ce chapitre est un peu sombre foncé ... mais ça finira par s'arranger, promis :-).