PROLOGUE
POV ACE
Qui suis-je ?
Pourquoi est-ce que je dois rester caché ?
Pourquoi les gens doivent ignorer mon existence ?
Pourquoi personne ne me parle ?
Pourquoi mes parents font comme si je n'existais pas ?
Suis-je réellement humain ou un monstre ?
Je m'appelle Ace et j'ai 17 ans. Depuis ma naissance, je vais au dernier étage d'une belle maison. Enfin quand je dis belle, je me le demande vraiment, car je ne connais que ces vingt mètres carrés qui font ma vie.
J'ai toujours été seul et les rares personnes à venir me voir sont les serviteurs. Ils venaient uniquement pour m'apporter les repas. Au début j'essayais de leur parler, mais ils n'avaient pas le droit de m'adresser la parole. La seule personne qui l'a fait c'était ma nounou, Makino. Son visage dans mes souvenirs devient un peu plus flou chaque jour. Cela fait dix ans qu'elle a été renvoyé car elle était trop proche de moi, ce qui était interdit. Pourtant durant toutes ses années où elle fut présente, ma vie était heureuse. Ce n'est que son départ qui m'a fait prendre conscience de ma condition de captif.
Et encore, est-ce qu'on peut dire que des parents retiennent en otage un enfant ?
Je pourrais m'enfuir par la fenêtre. Il n'y a pas de barreau. Mais je suis trop haut pour sauter et j'ai peur. Peur de quoi ? Peur de me faire mal, peur de mourir, même si la mort serait une délivrance à mon enfer. Je ne vais pas me plaindre, non, on ne me bat pas.
Comment je connais tout cela ? On me laisse lire des livres. C'est ma principale occupation durant les longues heures de la journée. J'ai eu le droit pendant quelques années d'avoir un précepteur qui m'a appris à lire. Et Makino me lisait beaucoup d'histoire et me racontait ce qui se passait à l'extérieur. J'ai envie de découvrir le monde hors de cette maison. J'avais lu, un jour, l'histoire d'un garçon qui voulait devenir le roi des pirates en découvrant le one piece. Il avait vécu mille et une aventures avec ses compagnons et s'était fait de nombreux amis. J'envie ce garçon, moi qui était perpétuellement. Je veux connaître toutes ses émotions que l'on a d'être entouré, de rire et de pleurer. Je veux éloigner de moi à tout jamais ce vide qui est mon quotidien.
Je suis sûr qu'un jour j'y arriverais. Je ne dois pas perdre espoir. En attendant je regarde par la fenêtre les gens dans la rue. Ils sont seuls ou à plusieurs, ils marchent lentement ou courent. Certains tombent même par terre. Ils sont plutôt drôles ceux-là. Et puis, il y a ce mec qui traîne toujours en face dans la ruelle. Il est vêtu bizarrement avec son manteau de fourrure, ses cheveux dressés sur la tête et une paire de lunettes qui les retient. Il est toujours en compagnie d'une autre mec, blond aux cheveux très long, ses yeux cachés derrière des lunettes de soleil très sombre. Ils sont là dans ce coin toute l'après-midi. De temps en temps, des gens s'arrêtent à leur hauteur, vont plus loin dans la ruelle et repartent aussitôt. Je ne sais pas ce qu'ils y font, mais j'aimerais bien savoir.
Je passe donc mon après-midi à les regarder. Je ne sais pas pourquoi je ne m'en lasse pas. Ils ne peuvent pas me voir de toute façon. Je voudrais tellement descendre et parler avec eux, mais je sais que je ne le peux pas. La porte est verrouillée et je n'ai jamais réussi à la forcer.
Je suis sûr que si quelqu'un me voyait, il me prendrait pour un fou. Il m'arrive de temps en temps de me parler à moi-même. J'ai l'impression de devenir fou par moment. Mais je dois faire attention, car la dernière fois, un homme est venu et il m'a injecté des tas de choses qui me donnait la sensation de n'être plus dans mon corps et je ne pouvais plus bouger pendant des jours. Souvent j'ai peur que cette personne revienne. Alors je fais semblant que tout va bien.
Après un regard sur l'horloge au-dessus de la porte, je me mets sur le bord de fenêtre et regarde la rue, ou plus exactement cette ruelle. Au même moment, je le vois arriver. Il a toujours la même tenue, mais il y a quelque chose de différent. Il s'appuie sur le mur du bâtiment et soulève soudainement la tête dans ma direction. Ma respiration se coupe et je recule légèrement surprit. Je le vois et il me sourit. Non, cela ne peut pas être possible. Il ne peut pas me voir. Je le fixe comme il le fait, mais moi je ne souris pas.
Ce que je ne savais pas encore, c'est qu'aujourd'hui ma vie allait basculer à tout jamais.
POV Kid
La liberté. Ce mot sonnait que trop bien à mes oreilles mais aussi à celles de mes compagnons. Depuis que l'on avait décidé de prendre les choses en mains et quand je parle de choses, je veux dire nos vies, on en avait vécu des aventures. Je m'appelle Kid, Eustass Kid et j'ai dix-huit ans. On pourrait croire qu'en parlant comme ça que je suis un vieux croulant, mais non je suis dans la jeunesse totale. Cela faisait maintenant deux ans que l'on avait tout largué du jour au lendemain pour vivre pleinement et comme on l'entend. Au départ, on était que deux, Killer et moi, mais rapidement on s'est agrandit.
J'ai trouvé un vieil hôtel abandonné. C'est fou ce que les gens peuvent abandonner quand ils n'en ont plus besoin. À l'intérieur, s'était pour nous la caverne d'Ali Baba. Bien sûr au début, il y avait des SDF, un peu comme nous au final, mais on les a vite dégagés. Il y a quatre étages en tout. Avec les gars on a tout réaménagé pour se sentir vraiment chez nous. Killer et moi, on s'est approprié le dernier étage. De là, je peux voir tout le quartier et j'ai une grande salle de bains. Grâce à un gars qui nous a rejoint, on a le courant et l'eau chaude. Il a dévié le tout des réseaux publics.
Au rez-de-chaussé, on a fait fermer toutes les fenêtres afin d'éviter le débarquement des squatteurs. On s'est gardé tout de même une issu de secours pour le jour où les flics débarqueraient. Faut être prudent, on ne sait jamais. Surtout depuis que l'on se met à dealer. Sans compter les trois mecs et les six gonzesses que l'on a ramassé il y a quelques mois et qui travaillent depuis pour moi. Ces neuf-là, ils en voient passer du client que ce soit le jour ou la nuit. Sur le total de leur gain quotidien, ils ne peuvent garder pour eux qu'un pour-cent. Ce n'est pas assez pour qu'ils puissent se barrer. Et puis de toute façon, j'ai toujours un ou deux gars qui les tient à l'œil. Il ne faudrait pas leur laisser trop de liberté non plus.
On vit à l'écart dans un quartier où même les flics viennent rarement, où alors les ripoux. Ils aiment bien qu'on leur graisse la patte pour nous foutre la paix. Il y a plusieurs bandes ici. On s'est fritté avec une ou deux depuis notre arrivée. Enfin surtout une, celle des longs bras, que tient d'une main de fer Apoo. Ce type est givré. Il nous pète les oreilles avec sa musique jusqu'à pas d'heure la nuit et n'hésite pas à venir foutre la merde chez les autres et le pire, c'est que ça l'éclate. Je ne compte plus le nombre de fois où Killer m'a retenue. C'est vrai qu'à chaque fois j'ai failli raser le bâtiment. Faut dire que je ne prends jamais de pincette. Je laisse ça aux gonzesses.
On travaille rarement dans le quartier même. Je préfère me rendre dans les quartiers huppés. Ce n'est pas parce que c'est un quartier résidentiel que c'est tout blanc. Au contraire, c'est là-bas que l'on gagne le plus gros. Avec mon pote, on s'y rend tous les jours. Bien évidement j'avais prospecté avant, pour ne pas faire le déplacement pour rien. Il y avait quelques petites frappes, mais je les ai vite calmés. Du coup, maintenant on a tout un quartier que l'on gère très bien. Le petit train train s'est installé sans vraiment que je m'en rende compte. On se place toujours près d'une petite ruelle. Généralement on prend deux filles avec nous pour le tapin et Killer gère la vente de drogue. Moi je surveille adossé au mur. Qu'est-ce que je peux en voir passer du fric sur patte. Certaines gonzesses puent le pognon, des kilomètres à la ronde. Elles ne savent sûrement pas ce que c'est que de devoir trimer pour le moindre centime. C'est facile quand on a la cuillère dorée dans la bouche. Je suis même sûr que le tiers de celles que je vois, rende cocu leur mari quotidiennement.
De mon poste de surveillance, je vois beaucoup de choses. Et depuis quelques semaines, j'ai remarqué que je n'étais pas le seul à surveiller la rue. Au début j'ai cru que c'était les flics, mais au final, c'est un simple mec qui doit se faire chier dans tout le luxe. Il y a un truc qui me dérange pourtant. Il passe ses après-midis à me fixer. Ce n'est pas de la parano, je le sens son regard sur moi à me hérisser les poils.
Cela fait des semaines que son petit jeu dure et aujourd'hui j'ai décidé de m'amuser avec lui.
