Bonsoir~ Voici le premier chapitre de ma nouvelle fanfic. Il ne s'agit pas du recueil faisant suite à Fuck Forever mais de quelque chose de bien différent!
Je vous laisse le découvrir de suite! ;)
I: Le gang des lopettes
Ma mère est avec moi dans une petite boutique de vêtements. Je déteste ce genre d'endroit, les gens n'arrêtent pas de se bousculer pour de simples bouts de tissus. Je me retrouve les bras chargés de vêtements et enfermé dans une cabine d'essayage. Le grand miroir face à moi renvoie le reflet d'un blond palôt, des yeux écarquillés et agités, des cernes qui engloutissent le haut de ses joues. Je me dégoûte, et c'est l'apothéose de l'horreur quand je me retrouve torse nu. Je ne sais pas comment expliquer ma maigreur excessive, parce que je mange comme tout le monde, et le café ne brûle pas la graisse à ce que je sache. De toute façon, c'est pas en cachant tout ça que je serais plus séduisant. Et je me fiche d'être laid, du moment qu'on ne m'oblige pas à me regarder. Décidément, je déteste le shopping. Comme quoi, même comme gay je suis nul. D'un autre côté, je ne me vois pas porter du rose et lustrer mes cheveux pour les rendre brillant. Je ne suis pas un chien qu'on doit juger par le poil. Et puis, je n'ai que 14ans. Peut-être que j'aurai une poussée d'humanité sur le visage plus tard.
Il y a cet éclair visqueux qui passent sous nos yeux alors que Stan tient son carnet à dessin. Il change la feuille et trace les courbes languissantes d'une murène qui nous observe, gueule ouverte. Mon cœur bat plus lentement dans ce genre d'endroit, où l'éclairage est faible et où des couleurs dignes des plus belles peintures naviguent dans les fonds marins. Je pose ma main sur la vitre et un énorme mérou passe, ses écailles luisantes sous les lumières synthétiques. Les anémones libèrent leur chevelure rouge ou rose, j'ai envie d'aller me mettre avec elle au fond de l'eau, m'installer sur un rocher et laisser mes boucles se faire emporter par le courant.
-Ne bouges plus, Kyle.
Il dessine bien pour un môme qui n'a jamais pris de suis assis sur une espèce de marche, les yeux pleins d'étoiles aquatiques, des couleurs féeriques m'inspirant des rêveries dignes d'éléphants roses. Les yeux de Stan m'analyse, j'entends les pleurs d'un bébé, mais je ne bouge pas. Je le laisse reproduire ma joie, ma quiétude. Il est bon pour ce genre de choses. Une crevette creuse dans le sable puis je me retrouve nez à nez avec une raie. Elle vole, ses ailes ondulent dans le liquide cristallin. Si on est là, bien à l'abri des autres adolescents, c'est parce que Cartman a répandu la rumeur que Stan et moi, on se roule des pelles dès qu'on est bien tranquille tous les deux. Personne n'y aurait cru si je m'étais énervé comme d'habitude. Sauf que je n'ai rien dis. Parce que c'est vrai. Et que c'est certainement pas le pire qu'on fait, du bas de nos 14ans.
Butters est dans la salle de bain de ses parents et fouille dans le maquillage de sa mère. Je sais pas trop ce qu'il cherche ni ce qu'il a l'intention de faire. Je joue les figurants, comme toujours. Il ne me regarde même pas, c'est barbant. Il finit par relever le visage vers moi. Ses lèvres sont affreusement roses et ses cils sont noirs. Là, il est prêt à aller faire le tapin. Franchement...
-Alors ? Je t'avais dis que je serais une fille super canon !
-Si ça peut te faire plaisir... J'aimerais y aller maintenant. On va finir par être en retard avec tes conneries.
Voilà qu'il enlève son rouge à lèvres. Par contre, il garde le mascara. Bah, j'en ai rien à battre,au fond. Si ça l'aide à se sentir mieux...
-C'est vraiment une bonne idée d'aller là-bas ? Enfin... C'est quand même le point de rdv de tous les clodos...
-P'tet bien, mais c'est aussi le seul coin où on refourguera d'la bière à des mômes.
Je passe la porte et suis confronté au froid de South Park. La neige, la connerie, les moqueries... Je déteste l'atmosphère de ce patelin. Ça m'étouffe, ma gorge se gonfle comme une vilaine allergie. Allergie à la pollution qu'on retrouve chez tout le monde, en tout le monde. Alors je rejoins mes potes qui sont aussi démunis que moi, devant le blanc de la neige. Le blanc de leurs conversations futiles et tous leurs mots qui ne trouvent jamais d'écho... Nous, les enfants de la rue, on est une petite meute qui traînons dans un quartier que les autres ont abandonné. J'y emmène les gars pour leur faire comprendre que leur crise d'ados et d'hormones, c'est d'la pisse de chat ! Me gonfle avec leurs pseudo problèmes...
-On y est... L'est où Cartman ?
-Il arrivera plus tard... souffle Craig entre deux taffes.
Sa voix nasillarde me les brise déjà. Stan et Kyle observent mon clan du coin de l'oeil. Trop peur de se mouiller dans l'océan de nos yeux déchirés et les larmes arrachées par le gel. Et là, la blague du siècle.
-Qu'est-ce ton frère fout là ?
Kyle me sourit tout penaud pendant que Ike du haut de ses 10ans enfonce son nez dans une écharpe. Il ressemble à un muffin avec ses mèches noires épaisses qui dépassent du tissu.
-J'pouvais pas le laisser seul à la maison toute la nuit !
-On va s'faire recale, grogne l'autre péruvien qui trifouille son portable.
Le plus jeune n'en a rien à foutre qu'on risque de se geler les couilles par sa faute. Il fait un signe de tête à un mec en guenilles sur le trottoir d'en face. Il a pas l'air de suffoquer dans notre air de pauvres. Le gros tas arrive sur ces entre-faits et on rentre dans le bar où s'agglutinent des poivrots devant une petite télévision qui retransmet un match de baseball. Le patron me passe une main dans les cheveux en criant presque.
-V'là mon fils ! Ça f'sait une paye qu't'étais pas v'nu. J'suppose que t'es pas là pour ton père vu le p 'tit monde derrière toi.
-Les messieurs veulent un coup à boire.
On se retrouve sur des fauteuils miteux qui encerclent une petite table en bois où sont posées nos mousseuses comme des trophées. Ike sirote une grenadine en regardant un peu partout dans le bar, ses yeux de p'tit génie qui dévore l'espace qui l'entoure.
-A la vôtre les connards ! Croasse Cartman.
