CHAP I
Le dernier jour de l'été, pensais-je en regardant le soleil se coucher au-dessus des arbres. Je me demandais si c'est ce que les enfants humains ressentent avant de rentrer dans une nouvelle école … de l'angoisse. Je me balançais au-dessus du lac, sur la balançoire que Jacob m'avait faite. Elle était attachée à une longue branche qui donnait sur l'eau. Je regardais Jacob faire la planche tout en m'observant.
« Tu viens me rejoindre? Demanda-t-il. »
« J'y songe. »
Je continuais à me balancer en lui souriant.
« Y songe ? Redemanda-t-il. »
« Oui. »
Il se retourna vers moi, plissant les yeux à cause du soleil. Il m'éclaboussa, ce qui me fit rire.
C'était l'une de mes meilleures années, ce qui n'est pas grand chose considérant que j'avais vécue que 6 ans. Ma vie s'était littéralement déroulée en un éclair. Je traversais une poussée de croissance importante en attendant que ça passe. Je pensais que je devait probablement paraître 16 ans, de toute façon, aujourd'hui nous allions fêter mon seizième anniversaire. A cause de ma croissance rapide, mes tantes se chargeaient de m'organiser des fêtes d'anniversaire plusieurs fois par an, affirmant que le but était la documentation. C'était une explication logique, comme ça on pouvait maintenir la mascarade humaine, mais je voyais bien que mes tantes s'éclataient à m'organiser des fêtes d'anniversaire. Qu'allaient-elles faire lorsque j'arrêterais de vieillir si vite ? Elle ne pourront plus me torturer qu'une fois par an.
Je posai mes yeux sur Jacob. Je n'avais pas passé un seul jour sans lui. Il était présent à toutes les étapes auxquelles je pouvais songer. Ne vieillissant pas et toujours le même. Mon meilleur ami était un loup-garou. Ce qui revenait à dire que nous étions des bêtes curieuses parmi les bêtes curieuses. Dans notre famille, il était le seul loup-garou et moi la seule mi-vampire mi-humaine.
Je continuai à regarder Jacob faire la planche, observant le soleil couchant assombrir sa peau. Il y avait quelque chose d'autre ici, entre nous deux, mais je n'aurais su dire quoi. Il me semblait certain que si je le fixai, la chose viendrait soudainement à moi. Mais je n'aurais pas su du tout où la mettre.
« Alors Nessie, t'es excitée pour demain? Demanda-t-il. »
« Surexcitée oui. Tu te rend compte ?! Premier jour de lycée ! Gloussai-je. »
« J'suis content que tu sois excitée. T'es la seule qui y'a pas été. Dit-il avec un sourire. »
Je riais. Enfin ! Pensai-je. J'avais attendu avant d'y aller. J'en avais marre de regarder la télé ou même de lire pour voir de quoi ça avait l'air. Je voulais en avoir ma propre expérience. Le moment était enfin venu. Ma famille prenait un nouveau départ dans une toute nouvelle ville. Tout le monde recommençait le lycée pour que l'on puisse rester plus longtemps ici, une autre ville morose avec plus de de jours pluvieux que de soleil.
« Tu penses pas que ça va être un peu bizarre ? Demandai-je. »
« Qu'est-ce que t'entends par là ? »
« Ben … prétendre que mon père est mon frère. »
« C'est clair. Mais tu peux franchement pas dire que c'est ton père. Tes parents ont l'air d'avoir le même âge que toi. »
« Je sais. C'est juste que c'est bizarre de prétendre qu'il est autre chose. J'espère que je vais pas l'appeler papa sans faire gaffe demain. »
« Ouais, ça ça serait bizarre. Ria-t-il. »
Il nagea plus près et recommença à m'éclabousser.
« Tu viens ou pas alors ? Demanda-t-il à nouveau. »
« Hmm ... »
« Bon, si tu viens pas, on devrait plutôt rentrer. Ta famille t'attends et je suis sur que t'en peux plus de vouloir fêter ton seizième anniversaire. »
Je levai les yeux au ciel. J'en pouvait plus d'attendre que ces fêtes d'anniversaire deviennent un événement annuel. Avec un peu de chance, puisque j'arrête de vieillir, on pourra le fêter tout les deux ans, pensai-je. Sur ce, je décollai de la balançoire et fis la bombe juste à côté de Jacob, m'assurant que je le trempai bien. Lui m'attrapa et me jeta en l'air au moment où j'allais toucher l'eau.
Je me mis à me demander si quelqu'un était aussi content que moi. La vie était parfaite. Ma famille était parfaite et j'avais Jacob. Il était mon confident, la seule personne qui me connaissait vraiment.
« On devrait rentrer, dit-il. »
Je sautai hors du lac et me mis à courir vers la maison.
« Bien sûr! J't'attends là-bas! Criai-je en réponse. »
« Nessie, ça compte pas si tu triches! »
« Si ça compte, c'est mon anniversaire ! Riais-je »