POV Bella :

Je poussai l'accélérateur au maximum, pour ne pas arriver en retard au club. Si Mario me voyait arriver ne serait-ce qu'une minute en retard, je savais que ma paie allait en souffrir. Claquant la portière, je me hâtai d'arriver dans les vestiaires pour me préparer.

Le show commençait dans à peine dix minutes, et je n'avais pas mon ensemble et je ne m'étais pas maquillée en conséquence. Natasha se précipita dans ma loge, et s'affola en cherchant partout dans mes affaires.

- Qu'est-ce que tu fous Tash ? lui demandai-je, râleuse.

- Je cherche l'ensemble que tu portais samedi dernier. Il avait fait un max' d'effet, et j'aimerais ramasser beaucoup de fric ce soir. J'aimerais dégager de ce bar dès que j'en ai l'occasion, tu vois ! s'énerva-t-elle.

- Sur la troisième penderie, le deuxième ensemble, soupirai-je.

En effet, nous faisions le travail de streap teaseuse dans ce bar depuis quelques années déjà. C'était un moyen de se faire beaucoup d'argent, et rapidement. Mario m'avait ramassée alors que j'avais dix-sept ans et j'avais préféré ce métier plutôt que de me convertir en prostituée.

J'avais entendu des tas de propos sur ça, et Mario m'avait convaincue. A l'époque j'étais seule et je n'avais plus d'espoir. Maintenant que j'allais mieux, je ne pouvais certainement pas tourner le dos à Mario.

- Merci Bella, répondit ma collègue en filant se préparer.

Je me maquillai en conséquence, puis me dépêchai d'aller dans les coulisses, car c'était bientôt mon tour. J'allai comme d'habitude, devoir faire face à des tas d'obsédés vicieux et écoeurants. J'étais entourée des filles qui faisaient la même chose que moi.

Sauf exception, aucune de nous n'était vraiment le genre de fille à faire le métier par pur plaisir. Nous étions toutes des dépressives et nous devions une fière chandelle à Mario. Ma spécialité, c'était la barre. J'étais très agile, très adroite, et aussi très souple.

Je me dirigeai vers la barre numéro trois, celle où il y avait le plus de clients. Je vis une paire d'yeux que je ne connaissais pas encore me regarder d'un air étrange. Je commencai le show, et il ne me quitta pas des yeux.

Il ne me regardait pas comme les autres hommes. Son regard n'était pas excité, mais au contraire suave et fébrile. Il ne me regardait pas méchamment, mais il semblait inquiet, comme s'il me connaissait. Je tournoyai sur la barre, ne le quittant pas du regard. Tous les hommes se mirent à mettre des billets dans mes dessous, mais lui se contenta de me regarder, planté comme un piquet.

Quand mon numéro fut terminé, il s'approcha enfin, de façon à ce que son visage soit à quelques millimètres du mien. J'avais la tête à l'envers, mais cela ne m'empêchait pas d'être troublée par sa proximité.

Il glissa une grosse liasse de billets dans mon string, et je m'en allai enfin. Je me dépêchai de rejoindre ma loge pour me rhabiller, même s'il fallait que je mette de nouveau une tenue sexy. Je n'avais pas encore le droit de rentrer chez moi, il fallait en plus que je bourre la gueule de tous ces porcs pour avoir des pourboires.

Cela me répugnait, mais c'était mon gagne pain, je n'avais pas le droit de refuser. Quand je fis le compte de l'argent que l'on m'avait glissé pendant le spectacle, je m'étranglai de voir que la liasse que l'homme m'avait laissé tout à l'heure comportait à elle seule cinq mille dollars.

Je me remaquillai légèrement, et enfilai une tenue sexy mais confortable. Quand j'arrivai du côté clients, plusieurs d'entre eux me lancèrent des regards aguicheurs. Je n'y prêtai pas attention, trop absorbée par l'homme de tout à l'heure.

Il se tenait sur le même fauteuil qu'un quart d'heure auparavant. Et visiblement, il m'attendait. Je ne savais pas ce qu'il voulait de moi. Me prenait-il pour une prostituée ? Pourtant, son regard m'hypnotisait, il avait un air arrogant et fier, mais il me fascinait littéralement.

Je m'approchai de lui, et pris une position sexy, assise sur l'accoudoir de son fauteuil. Il me fit glisser sur ses genoux, et chuchota à mon oreille.

- Partons d'ici, immédiatement.

- Je ne mange pas de ce pain là, répondis-je révoltée.

- Je ne compte pas vous faire l'amour. Juste vous sortir d'ici, murmura-t-il en me mordillant l'oreille.

Apparemment, il ne voulait pas éveiller les soupçons. En effet, ici, tout le monde pelotait les serveuses et les streap teaseuse, ne rêvant que de sexe et de sauvagerie. Certaines de mes camarades se laissaient prendre à ce jeu là, mais moi, ce n'était pas mon truc.

Voilà pourquoi je vivais dans un appartement miteux, et que je n'y allai pratiquement jamais. Qu'entendait-il cependant par "sortir d'ici" ? Je n'étais pas prisonnière, et il ne me connaissait pas. Pourtant, j'avais envie de découvrir ce mystérieux inconnu, qui - je ne pouvais le nier - me faisait un sacré effet.

Je décidai de le suivre, et il me prit par la main, m'entrainant jusqu'au parking. Je montai dans sa voiture - était-ce vraiment une porsche, merde alors ! - et attachai ma ceinture. J'avais gardé mon sac, qui contenait une bombe lacrymo, au cas où il tenterait de m'attaquer.

- Qui êtes-vous ? lui demandai-je alors.

- Je m'appelle Edward Cullen. Et vous ? s'enquit-il.

- Bella... Bella Swan, rétorquai-je. Où m'emmenez-vous comme ça ?

- Dans un lieu où vous n'aurez plus besoin de montrer vos fesses pour gagner de l'argent. Un endroit où vous pourrez vivre librement.

- Vous vous croyez vraiment dans Pretty Woman, ma parole ? Je ne suis pas une prostituée ! m'exclamai-je.

- Je sais, ria-t-il.

Sa voix me fit frémir. Il avait un accent espagnol qui résonna doux à mes oreilles. De plus, il était beau comme un dieu, il faisait sûrement tomber n'importe quelle fille. Mais je n'étais pas une fille facile, je ne succombai pas comme ça, simplement parce que ce mec était canon et qu'il m'emmenait dans une voiture qui valait le prix d'une maison que j'allai lui tomber dans les bras.

Au contraire, il n'en était que plus irritant. Je tournai la tête vers la fenêtre, où L.A défilait à toute allure. Nous nous arrêtâmes devant un hôtel de luxe, où un portier m'ouvrit. Edward se hâta de me rejoindre et il me prit la main pour m'aider à descendre.

- Mademoiselle, dit-il, hilare.

- On ne vous a jamais dit que vous étiez agaçant ? rétorquai-je piquée au vif par sa plaisanterie idiote.

- Chaque jour. Mais cela ne fait que renforcer mon arrogance, répondit-il, comme fier de lui.

- Bon, je peux enfin savoir ce que vous voulez de moi ? demandai-je agacée.

- Allons d'abord dans ma suite, proposa-t-il, nouant ses doigts autour des miens.

Son contact était agréable, et, malgré moi, je me sentis fébrile, presque nerveuse. Il s'approcha de l'accueil, chichement décoré, où une jeune femme pulpeuse le regardait comme s'il était un objet.

Même s'il semblait sortir d'une pub pour un tout nouveau gel, il ne fallait pas abuser, il me tenait la main. A moins qu'elle sache que ce n'était que factice et qu'il était célibataire. D'ailleurs, qu'est-ce qui me garantissait qu'il l'était ? Rien, strictement rien. Ma pauvre Bella, tu deviens complétement givrée ! La femme de l'accueil prit une voix suave, qui me donna envie de vomir.

- Que puis-je pour vous Mr Cullen ?

- Ma clé, répondit-il sans même lui accorder un regard.

- Ce sera tout ? demanda-t-elle aguicheuse, tentant de faire passer un message clair comme de l'eau de roche.

- Oui, je vous remercie, mademoiselle.

- Céline, insista la pétasse.

- Oui, peu importe, répliqua-t-il.

Tiens, voilà pour toi ma jolie ! pensai-je. Mon compagnon prit les clés, et m'entraîna jusqu'à l'ascenseur de l'hôtel. Nous montâmes dedans, et il m'emmena devant la porte de sa chambre. Il ouvrit précipitamment la porte et me poussa à l'intérieur.

Vexée, je traînai le pas jusqu'au grand canapé en satin noir. Pour une suite, c'était vraiment splendide. La décoration noir, gris et blanc, très sophistiquée me plaisait énormément. Il alla jusqu'au bar nous servir deux coupes de champagne et vint jusqu'à moi.

Il s'installa sur ma droite, et me donna l'une des deux coupes qu'il tenait dans les mains. Il trinqua et je bus une gorgée du breuvage. Maintenant, il me devait des explications.

- Bon, écoutez, je ne sais pas ce que vous voulez de moi, mais vous allez devoir me le dire tout de suite, attaquai-je.

- C'est tout simple, je vous sauve de ce bar, répliqua-t-il calmement.

- Mais vous ne savez même pas qui je suis ! m'exclamai-je.

- Je ne sais peut-être pas qui vous êtes, mais je sais qui vous n'êtes pas. Vous n'avez rien à faire dans ce genre d'endroit.

- Okay, admettons une minute que c'est votre seul but. Qu'y gagneriez-vous !?

- De la compagnie, répondit-il.

- Vous vous croyez vraiment dans Pretty Woman alors ! pouffai-je.

- Je vous offre le luxe, la richesse et la tranquillité, et vous n'êtes pas heureuse ? dit-il tout sourire.

- Absolument pas. Je ne comprends pas vos intentions, je ne vous connais pas.

- Pourtant, cela ne vous pose pas de problème de danser nue devant des hommes.

Je m'incitais au calme, vexée de sa réplique.

- Ce ne sont même pas des hommes, dis-je en serrant les dents. Ce ne sont que des porcs.

- Alors pourquoi continuer à travailler dans cet endroit ? demanda-t-il, intéressé.

- Parce que ca me distrait, et que je dois beaucoup à Mario.

- Et si vous deviez plus à moi qu'à ce Mario. Si je vous offrais tout ce dont vous rêviez sans rien vous demander en échange que votre seule compagnie ? tenta-t-il.

- Je devrais rentrer chez moi. Je suis vraiment navré monsieur Cullen, mais ce n'est pas le genre d'offre que l'on peut me faire. Je suis flattée, vraiment, insistai-je, mais vous pourrez toujours demander à une de mes collègues. Cela les ravirait, j'en suis certaine.

Je pensai à Natasha, qui ne rêvait que de cela.

- Bien. Si vous changez d'avis, vous saurez où me joindre, dit-il en désignant sa suite.

- Une dernière question, répliquai-je. Pourquoi toute cette mise en scène ? Je veux dire, pourquoi m'avoir tenu la main lorsque vous êtes entré dans cet hôtel ?

- Le personnel est assez récalcitrant, dit-il, blasé. Je n'aime pas me faire draguer. Mais être aux côtés d'une créature telle que vous n'est apparemment pas assez repoussant à leurs yeux. Pourquoi ?

- Simple curiosité. Merci encore. A une prochaine fois peut-être.

Je sortis alors de sa chambre et me hâtai d'appeler un taxi. Ce dernier arriva vingt minutes plus tard, et m'amena chez moi. J'étais morte de fatigue et j'avais vraiment besoin d'une douche. Me précipitant vers la porte de l'appartement, je l'ouvris à la volée, et la fermai à double tour derrière moi.

Me déshabillant en chemin, je filai directement dans la douche, et laissai l'eau me relaxer. Quelle drôle de journée, pensai-je. Moi qui croyais que tous les jours avaient fini par se ressembler, cet homme avait brisé la monotonie du bar.

Il n'avait pas tout à fait tort, mais son air arrogant m'avait immédiatement stoppé. Et puis, je ne croyais pas à toutes ces fariboles. Un homme n'offrait pas sans espérer quelque chose en retour. Pourtant, l'idée était plus qu'alléchante.

J'allai me coucher aussitôt après avoir pris ma douche, et m'endormis avant même d'avoir posé ma tête sur l'oreiller. Je m'éveillai le lendemain, fraîche comme une rose. J'avais fait des rêves... érotiques.

Rougissant encore à la seule pensée d'avoir fait un tel rêve, j'allai passer de l'eau fraîche sur mon visage pour apaiser la chaleur qui se dégageait de moi, puis décidai qu'une douche serait plus agréable et surtout plus efficace.

Il était déjà une heure de l'après-midi, et je décidai de m'offrir un extra grâce à l'extrême générosité de l'homme d'hier. Je refusai seulement de penser à son prénom, trop honteuse des rêves que j'avais faits durant la nuit. J'allai donc en taxi jusqu'au restaurant chinois, situé à un kilomètre de mon appartement miteux.

- Mademoiselle, dit le serveur, tout en m'installant à l'une des tables libres.

Je vis le serveur partir, sûrement pour prendre d'autres commandes. J'avais tapé haut, ce restaurant semblait très cher, mais après tout, j'avais bien le droit de prendre soin de moi une fois de temps en temps.

Je n'étais pas l'objet sexuel de tous ces hommes qui me regardaient comme un sac de viande cru. En soupirant, je vidai la coupe de champagne qui venait de m'être apportée d'un trait, et retint un hoquet. Le serveur revint vers moi, mais au lieu de prendre ma commande, il me demanda si je voulais bien changer de table. J'acceptai, cependant soucieuse de sa requête.

- Je suis navré mademoiselle, mais quelqu'un vous a demandé, dit-il alors en souriant.

Cette fois, ce fut un hoquet de surprise que je dus retenir quand je vis qui m'avait justement demandé. Il s'agissait de l'homme d'hier soir, celui qui m'avait emmené dans sa suite de luxe. Bon sang, il te suit ma pauvre Bella, pensai-je.

Le serveur m'installa en face d'Edward Cullen, et ce dernier plongea son regard dans le mien. Ses prunelles incandescentes me faisaient chavirer, si bien que je n'arrivai plus à penser correctement. C'était certain, il cherchait à me déstabiliser. A toi de ne pas rentrer dans son jeu ma belle !

Cependant, c'était beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Je vis se dessiner sur son visage un sourire en coin, qui le rendait si craquant qu'un dieu grec se serait damné pour lui arriver à la cheville.

- Bella, voulez-vous vous joindre à moi ? proposa-t-il, l'innocence incarnée.

- Ai-je vraiment le choix ? bougonnai-je.

- Bien entendu ! s'offusqua-t-il. Mais je vous offre le dîner, et je ne vous ennuierai pas. Cela vous suffit-il ?

- Hum... Tentant.

Il se pencha vers moi, comme pour me confier un secret.

- Je n'ai jamais aimé manger seul, m'avoua-t-il.

- Moi non plus, rétorquai-je. Bon, et bien, si vous m'offrez le repas, je crains ne pas pouvoir refuser, finis-je en souriant légèrement.

- Parfait ! s'exclama-t-il, souriant un peu plus.

Décidément, cet homme s'y prenait d'une telle sorte que je ne pouvais refuser ses avances. Il n'était pas en quête de sexe - il était pourtant si canon ! - et ne désirait que ma compagnie. Pourtant, je me refusai de lui obéir comme si j'étais sa marionnette.

C'était exclu. S'il m'avait proposé la même chose deux ans auparavant, alors que j'étais naïve et que je n'avais que dix-sept ans, alors peut-être que j'aurais accepté. Mais il était trop tard. Je voulais cependant profiter de ce tête-à-tête. Le serveur apporta nos deux assiettes, et Edward me regarda.

Je ne pus m'empêcher de m'empourprer, ce qui m'arrivait très rarement. Souriant une nouvelle fois, il m'hypnotisa. Il n'y avait que lui et moi. Seuls. Comment diable pouvait-il être aussi irrésistible ?

- Et si nous allions dans votre suite après ce repas ? lui proposai-je hésitante.

- Si vous me promettez de ne pas me faire faux-bond, ce sera avec joie, dit-il sérieusement.

Il ne se départit pourtant pas de son sourire en coin. Rendant les armes, je ne pouvais qu'accepter sa requête.

- C'est d'accord, concluais-je en souriant timidement.

Je ne savais peut-être pas ce qui m'attendait, mais il s'intéressait beaucoup plus à moi que Mario. Pourquoi ne pas tenter le coup après tout ? Dans un élan de bonne humeur, nous terminâmes notre repas.

Comme la veille, en sortant du taxi, il noua ses doigts autour des miens, et m'emmena jusqu'à sa suite. Mais cette fois, je savais que je ne partirai pas. Après tout, c'était une question de temps.

Si je ne me plaisais pas là-bas, je pouvais toujours retourner au bar. Edward m'emmena jusqu'au salon, où il me posa des tas de questions sur moi. Il ne me parla pas de lui, notre discussion portait uniquement sur ce que j'aimais, qui j'étais, comment j'avais vécu.

La nuit tomba sans qu'aucun de nous ne s'en aperçoive. Il semblait être quelqu'un d'agréable à vivre. Pour la millième fois, je me demandai comment un homme tel que lui pouvait être seul. Mais maintenant, il n'était plus seul. Nous étions deux. Étrangement, je pressentais que nous étions faits pour vivre ensemble. Ne restait plus qu'à voir ce que ce coup du sort allait donner.