Bonjour à tous et bienvenue !
Il s'agit ici d'un recueil d'OS sans prétention, se concentrant sur les personnages de Voldemort et Hermione. Aucune cohérence entre eux à part la présence de ces deux personnages.
Ci-dessous un résumé succinct de chacun d'entre eux :
1. L'héritage de Rowena Serdaigle (~7 700 mots) : Hermione aime les livres. Un peu, beaucoup, à la folie. Et rien ne l'arrête lorsqu'elle veut trouver une information. Quitte à se retrouver chez des inconnus alors que Voldemort sévit, et que le ministère est en émoi après l'épisode du département des mystères. Canon compliant.
2. La fin (~2500 mots) : Cela fait trois années déjà que Hermione est la dernière des « indésirables ». Trois années qu'elle fuit, passant d'une cachette à une autre, survivant comme elle peut. Mais maintenant c'est la fin, et elle le sait.
3. Le chant du phénix (~8 200 mots) : UA. Lord Voldemort est le meilleur DJ mondial et ne trouve personne digne de son talent. Hermione Granger est le nouveau premier violon de l'orchestre symphonique de Londres et ne comprend pas ce qui passionne dans la musique moderne. Enfin ça, c'était avant leur rencontre.
Bien sûr, l'univers et les personnages appartiennent à la talentueuse J. K. Rowling, seules les différentes histoires sont de moi.
Bonne lecture,
Perhentian
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L'héritage de Rowena Serdaigle
– Aargh !
Le cri de frustration résonna parmi les allées vides et glaciales de la bibliothèque. Hermione Granger, étudiante en cinquième année à l'école de magie et de sorcellerie Poudlard, sorcière la plus brillante de sa génération de son état, était profondément exaspérée. C'était la quatrième fois qu'elle empruntait la cape d'invisibilité de Harry pour se glisser de nuit dans la réserve, dans l'espoir de trouver un livre bien précis. Et pour la quatrième fois, le livre était aux abonnés absents. Or les lectures qui l'avaient amenée à s'intéresser à ce livre spécifiaient bien que depuis quatre siècles il n'était trouvable que dans la réserve de Poudlard.
Elle avait mis des semaines à trouver les enchantements nécessaires pour pouvoir rentrer dans la partie de la réserve dédiée aux professeurs sans se faire remarquer. Puis des journées pour trouver des excuses valables auprès de Harry pour emprunter sa cape. Elle aurait pu lui donner le nom du livre qu'elle cherchait. Après tout, il n'y avait absolument aucune chance pour que Harry sache que le « Troisième traité sur les runes d'Avalon, par Rowena Serdaigle » établissait les fondements de la plupart des rituels de magie noire modernes.
Mais le livre lui-même était interdit depuis vingt ans, et pour peu que son ami laisse échapper l'information, Hermione ne se retrouverait pas dans une situation très agréable. Surtout avec l'emprise de plus en plus prononcée de Dolores Ombrage sur Poudlard et l'idiot de ministre de la magie actuellement au pouvoir, qui préférait mettre en danger l'entièreté de la population sorcière plutôt que de reconnaitre que Voldemort était de retour. L'imbécile.
Elle soupira devant le recoin résolument vide où le livre aurait dû être, faisant courir ses doigts dans la couche de poussière qui s'y trouvait.
– Accio Troisième traité sur les runes d'Avalon ! tenta Hermione.
Elle avait besoin de ce livre. Il expliquait une théorie qui n'était disponible nulle part ailleurs, et qui, si elle était correctement adaptée, pourrait débloquer les recherches que Hermione menait sur les lois fondamentales de la magie de Paracelse. Son sortilège d'attraction ne donna bien sûr aucun résultat, et Hermione tapota avec irritation sa baguette contre sa jambe.
Puis elle tourna les talons et sortit résolument de la réserve. Quelques minutes après, elle se trouvait devant le bureau de madame Pince.
– Voyons voir comment cette vieille chouette protège ses registres d'emprunt, fit-elle avec acidité.
Elle avait beau rester polie devant les autres, et tanner Harry et Ron pour qu'ils le soient aussi, Hermione détestait cordialement madame Pince. Elle représentait un frein constant à la moindre recherche un peu poussée que la jeune fille voulait faire, sous prétexte qu'il fallait tel mot pour accéder à telle partie de la réserve, et tel autre mot pour telle autre partie. Le tout sans fin. Comment était-ce possible d'être bibliothécaire et de mettre autant de bâtons dans les roues de ceux qui aimaient lire ?
Hermione testa plusieurs sortilèges de détection, et s'étonna de ne rien trouver.
– Sérieusement ? Il n'y a aucun sortilège qui détecte si quelqu'un essaye d'ouvrir le tiroir ? Oh, et puis pourquoi je m'embête. Alohomora !
Le tiroir fit un petit déclic et s'ouvrit sous le sourire satisfait d'Hermione. Elle sortit précautionneusement le registre, le déposa sur le bureau, et leva une fois de plus sa baguette.
– Quaero Troisième traité sur les runes d'Avalon !
Les pages du registre se mirent à tournent toutes seules, avant de s'arrêter sur une double page bien précise. Hermione se focalisa instantanément sur la dernière ligne.
« Nom : Jules Ackerley / Date d'emprunt : 21 juin 1945 / Date de retour : non rendu / Commentaire : Déclaré brûlé en juillet 1945 »
– Quoi !? s'insurgea Hermione.
Ce livre ne pouvait pas avoir disparu ! C'était impossible. Il était beaucoup, beaucoup trop précieux !
– Si je mets la main sur cet abruti de Jules Ackerley je lui mets mon poing dans la figure !
Hermione soupira, avant de froncer les sourcils. Rowena Serdaigle avait sans aucun doute protégé son livre contre les brûlures. C'était un enchantement des plus basiques, et Rowena Serdaigle était une experte en enchantements. Ce livre ne pouvait absolument pas avoir simplement brûlé ! Et puis « Déclaré brûlé » ? Cela voulait-il dire que l'école n'avait pas vérifié que le livre avait véritablement brûlé ?
De plus, si le ministère avait pu interdire le livre, c'est qu'il apparaissait toujours sur leurs listes, et qu'il était donc toujours au moins en partie intact. La sorcière rétrécit suspicieusement les yeux, relisant la dernière entrée comme si elle contenait un sens caché. Il fallait qu'elle sache qui était Jules Ackerley, et qu'est-ce qu'il avait bien pu faire du livre.
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Quelques jours plus tard, Hermione se trouvait dans la volière de Poudlard, ayant semé Harry et Ron en prétextant devoir aller discuter avec le professeur de runes. Elle avait passé plusieurs jours à chercher des informations sur Jules Ackerley. L'homme avait été un ancien Serdaigle, et était mort pendant la première montée au pouvoir de Voldemort. Mais il avait eu un fils qui était encore vivant et qui travaillait actuellement au ministère de la magie.
Elle relut une dernière fois la lettre qu'elle avait rédigée, et elle espéra qu'elle n'éveillerait pas les soupçons de Marc Ackerley. Elle prétendait faire une vérification pour le compte de la bibliothèque de Poudlard sur tous les ouvrages qui n'avaient jamais été rendus. Elle s'était même créé un alias, Paulina Jones, enchanté pour qu'elle puisse tout de même recevoir la réponse à son courrier, mais couvrant ses traces au cas où.
Nerveusement, elle appela l'un des hiboux, et attacha le parchemin à sa patte. Elle avait passé bien trop de temps à se soucier de ce livre ces derniers jours, et elle espéra qu'elle recevrait rapidement une réponse levant le mystère autour. Elle ne pouvait plus se permettre d'être distraite alors qu'elle devait continuellement aider Harry à préparer ses cours de l'AD.
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Un hibou brun parfaitement banal déposa une lettre dans l'assiette d'Hermione. Celle-ci la rattrapa juste avant qu'elle ne se noie dans la confiture et souffla d'exaspération. Franchement, le monde sorcier ne pouvait-il vraiment pas trouver un moyen de communication plus fiable ? Ron ne remarqua rien, trop plongé dans son petit déjeuner, mais Harry lui lança un regard interrogateur.
– C'est pour un livre, expliqua-t-elle succinctement.
Harry replongea immédiatement dans son assiette, visiblement peu enclin à l'entendre expliquer de quel livre exactement elle parlait, et Hermione poussa un soupir. Harry pourrait être un sorcier tellement brillant s'il considérait ses études avec un peu plus de sérieux.
Elle mangea rapidement son petit déjeuner, et fila ensuite vers les toilettes des filles les plus proches. Une fois bien dissimulée dans l'une des cabines, elle déplia la lettre et la parcourut avec avidité.
« Mademoiselle Jones,
Je suis navré d'apprendre qu'un livre de la bibliothèque de Poudlard se trouvait dans la maison de mes grands-parents lors de l'incendie de celle-ci. Je ne pense malheureusement pas que quoi que ce soit en ait réchappé.
La maison avait entièrement brûlé, et tous les biens de ma famille à l'intérieur avaient été réduits en cendre de ce que m'avait raconté mon père.
J'espère que votre recherche sera plus fructueuse concernant les autres ouvrages non rendus à la bibliothèque de Poudlard.
Bien cordialement,
Marc Ackerley »
Hermione fronça les sourcils de mécontentement. Cette lettre ne lui apprenait absolument rien. Le seul type d'incendie qui aurait pu détruire ce livre aurait été un Feudeymon. Mais si cela avait été le cas, elle en aurait trouvé trace dans les dizaines de journaux sorciers de l'époque qu'elle avait consultés.
Est-ce que le livre était toujours quelque part sous les décombres de l'ancienne demeure familiale des Ackerley ? Non, cela ne faisait pas de sens. Il aurait réagi aux différents charmes de détection qui avaient forcement été lancés. Soit Marc Ackerley mentait, soit quelqu'un avait récupéré le livre. À moins que cette personne ait carrément déclenché l'incendie pour pouvoir récupérer le livre sans laisser de traces.
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C'était le milieu de la nuit, et Hermione regardait les runes qu'elle avait tracées au sol d'un regard incertain. Elle savait qu'elle ne devrait pas être là. Les BUSEs étaient dans moins d'un mois. Harry paraissait au bout du rouleau entre ses cauchemars et le départ de Dumbledore. Et Voldemort semblait devenir de plus en plus puissant en dehors des murs du château.
Et elle, elle ne pouvait s'empêcher de penser à un livre. Au Troisième traité sur les runes d'Avalon, par Rowena Serdaigle. Ces deux derniers mois, elle avait passé la moindre minute de son temps libre – et comme il n'y en avait pas beaucoup elle avait aussi beaucoup rogné sur son sommeil – pour trouver un moyen de localiser le livre.
Elle avait fini par réussir à modifier un rituel existant, utilisé pour localiser une personne via quelques gouttes de son sang, en un rituel permettant de localiser un livre via un lieu où le livre avait déjà été.
Elle se trouvait par conséquent une fois de plus dans la réserve de la bibliothèque, faiblement éclairée, un cercle de runes particulièrement complexe à ses pieds, alors que le château était partiellement sous le contrôle du ministère de la magie. Si elle se faisait prendre, ce serait le renvoi direct. Quoiqu'elle apprendrait surement plus de choses à l'extérieur de Poudlard qu'à l'intérieur au vu de la directrice actuelle.
D'une main assurée, elle commença les enchantements.
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Hermione sera fermement sa baguette dans sa main, accroupie derrière un buisson sur le bord de la route, cachée par un charme de désillusion. Son cœur battait douloureusement dans sa poitrine, et elle n'arrêtait pas de se répéter qu'elle était stupide. Complètement stupide. Irrémédiablement stupide. Qu'elle était en train de faire exactement la même erreur que Harry quelques jours plus tôt, lorsqu'il s'était jeté au secours de son parrain, fonçant par la même occasion dans un piège du seigneur des ténèbres.
Mais elle, elle était sure et certaine que le livre était ici, dans cette maison qu'elle voyait en face de la rue. C'était la localisation exacte que lui avait indiqué le sortilège qu'elle avait exécuté il y avait de cela un peu plus d'un mois. Elle pouvait même dire que le livre devait se trouver quelque part dans le fond de la maison.
Après être rentrée passer la première partie des vacances d'été chez ses parents, elle avait tenu en tout et pour tout cinq jours avant de se précipiter ici pour un premier repérage. La maison, imposante, affichait un extérieur riche et des charmes de protections des plus classiques, mais Hermione ne parvenait à s'empêcher de lui trouver quelque chose d'étrange et d'inhospitalier.
Aujourd'hui, c'était la troisième fois qu'elle venait, et elle hésitait grandement à aller tout simplement toquer à la porte. Elle savait qui habitait ici. Un certain Archibald Smith, Poufsouffle d'une quarantaine d'années. Il avait brièvement travaillé comme fonctionnaire au ministère de la magie, au bureau juridique, avant de s'arrêter vers le milieu des années soixante-dix pour faire elle ne savait quoi. Surement vivre sur l'argent que ses parents avaient gentiment accumulé pour lui.
Elle avait collecté toutes ces informations au cours du mois précédant, utilisant les archives de Poudlard, et quelques fausses demandes de renseignements au ministère. Le fait qu'elle soit parvenue à savoir tout cela, elle, une sorcière même pas diplômée, était une preuve supplémentaire de la désorganisation chronique du monde magique. Et ils se croyaient supérieurs aux moldus, pensa-t-elle avec dédain.
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Finalement elle avait envoyé une lettre, demandant à Archibald Smith de la rencontrer, toujours sous la même excuse de rechercher des ouvrages appartenant à la bibliothèque de Poudlard, et en utilisant une fois de plus le nom de Paulina Jones. Archibald Smith lui avait répondu avec une grande politesse, confirmant qu'il possédait effectivement l'ouvrage, et qu'il serait enchanté de la recevoir chez lui pour lui montrer.
Et maintenant elle se trouvait de nouveau devant sa maison, une dizaine de sortilèges complexes la faisant paraitre légèrement plus âgée, brune avec des cheveux ondulés et des traits du visage plus fins. De quoi la changer suffisamment tout en utilisant des sortilèges particulièrement discrets. Elle fit tourner sa baguette dans sa main, rassurée par les veinures qu'elle sentait sous ses doigts et la chaleur qui s'en dégageait. C'était le dernier jour où elle pouvait se déplacer sans surveillance, partant le lendemain chez les Weasley. Sa dernière chance.
Mais elle se fustigeait mentalement d'être venue. Avait-elle donc tant que cela envie de voir ce livre qu'elle était prête à se fier à la lettre d'un parfait inconnu ? Elle avait pris un bon nombre de précautions, et notamment un portoloin d'urgence caché dans l'une des poches de sa robe, mais elle avait un mauvais pressentiment.
Alors qu'elle s'apprêtait finalement à faire demi-tour, la porte s'ouvrit. Devant elle se tenait un homme qui devait avoir la quarantaine, habillé avec élégance. Il ressemblait de façon troublante à la photo d'Archibald Smith qu'elle avait récupérée, et qui datait de ses années à Poudlard. Mais qui était-elle pour juger le physique des gens ?
– Bonjour monsieur, je suis Paulina Jones, se présenta-t-elle. Nous avons échangé des lettres il y a quelques jours concernant un ouvrage de Rowena Serdaigle.
Elle tendit sa main, et l'homme la regarda un instant avec un air indéchiffrable, avant de la saisir rapidement.
– Mademoiselle Jones, c'est un plaisir de vous rencontrer, fit-il avec un sourire étrange. Je suis Archibald Smith. Je vous en prie, entrez donc.
Il se décala pour la laisser passer. Hermione hésita un instant, ses appréhensions revenant en force, puis franchit le seuil de la maison. Il y avait toujours quelque chose qui la dérangeait avec cette demeure, et la présence de l'homme ne faisait que renforcer cette impression. Elle était quasiment sûre qu'elle était en train de foncer tête baissée dans un piège qu'elle n'arrivait pas encore à déceler.
Le vestibule dans lequel elle pénétra était richement décoré, avec un gout remarquable, et Hermione ne put s'empêcher d'admirer la pièce. Tout en notant avec acidité que la vie était décidément bien facile pour ceux nés avec une cuillère en argent dans la bouche.
– Alors comme cela vous travaillez pour le compte de la bibliothèque de Poudlard mademoiselle Jones ?
Le ton était légèrement condescendant, à moins qu'il ne soit dubitatif, et Hermione se retint de lever les yeux au ciel. Etait-ce parce que malgré les glamours elle semblait jeune ? Ou parce qu'elle était une fille ? Ou parce qu'elle portait un – faux – nom de sang-de-bourbe ? Vive la société sorcière et son sens aiguë de l'égalité.
– Exactement monsieur, répondit-elle sur un ton légèrement pincé.
Elle n'ajouta rien de plus, ne voulant s'enfoncer davantage dans son mensonge. L'homme lui avait fait traverser le vestibule, et ils s'avançaient dorénavant dans un large couloir. Un instant Hermione se demanda s'il était vraiment prudent de suivre aveuglement cet inconnu, mais il devait la mener vers le livre, et c'était incontestablement son but.
– Puis-je savoir comment vous avez su que l'ouvrage se trouvait chez moi ? Je ne savais même pas qu'il appartenait à Poudlard voyez-vous.
Un soupçon de suspicion agita Hermione. Les livres de la bibliothèque de Poudlard possédaient tous une marque sur la deuxième de couverture, certes discrète, mais relativement immanquable pour toute personne prêtant un minimum attention aux livres. Et les Poufsouffle n'étaient-ils pas censés être un minimum studieux ? À moins qu'il n'ait jamais ouvert le livre.
– Je ne me suis pas occupée de cette partie-là monsieur Smith, mentit-elle. Je suis simplement mandatée pour venir récupérer les ouvrages.
L'homme leva légèrement un sourcil, comme pour lui signaler qu'il ne la croyait pas, mais ne fit aucune remarque. Il l'invita à entrer dans un salon tout aussi élégamment décoré que le reste du manoir. Des étagères regorgeaient de livres et de bibelots en tous genres, et elle reconnut quelques autres livres de magie runique avancée dont elle avait entendu parler.
Hermione ne mit que quelques instants à repérer le livre de Rowena Serdaigle, reconnaissable à sa couverture d'un bleu profond, posé sur le bureau. Il semblait presque luire d'une lueur étrange, et elle ressentit une forte envie de s'en approcher mais se contint. L'homme suivit son regard avec attention.
– Est-ce bien ceci que vous cherchez mademoiselle Jones ? L'explication détaillée par Rowena Serdaigle des éléments de liaison des runes aquatiques ?
– Des runes terrestres, corrigea instinctivement Hermione.
Un sourire incongru étira les lèvres d'Archibald Smith, semblant particulièrement déplacé sur son visage plutôt avenant, et un frisson glacé parcourut le dos d'Hermione. L'homme avait saisi l'ouvrage mais ne faisait pas mine de le lui tendre, et elle dut se contenir pour ne pas simplement l'arracher de ses mains avec la plus grande impolitesse.
– Mais c'est effectivement bien ce livre que je cherchais monsieur Smith, fit-elle de son ton le plus aimable. Et je vous remercie grandement de bien avoir voulu accéder à ma demande pour le récupérer.
Elle ne parvint pas à déchiffrer le regard que l'homme lui lança, mais elle se força à le soutenir. Malgré l'atmosphère qui s'était soudainement refroidie, et son subconscient qui lui hurlait de sortir d'ici au plus vite. Mais elle n'était pas venue jusqu'ici pour repartir bredouille. Pas maintenant qu'elle avait le livre juste sous les yeux. Une part d'elle nota distraitement que son attrait pour les livres intéressants devenait un peu trop pathologique pour son propre bien. Et que ce qu'elle faisait pouvait était ni plus ni moins que du vol, en dépit de son intention de rendre ensuite l'ouvrage à Poudlard.
– Hum, c'est-à-dire que je suis légèrement confus mademoiselle Jones. Ce livre est un héritage de ma famille, et je voudrais être certain que l'ouvrage appartient effectivement à Poudlard. Auriez-vous un document officiel sur vous me le prouvant ?
Son attitude lui fit penser qu'il savait qu'elle n'avait aucun document officiel. Elle remarqua alors au même instant que la posture nonchalante de l'homme pouvait très bien cacher le fait qu'il tenait sa baguette dans l'une des longues manches de sa luxueuse robe de sorcier. Et d'un coup une pensée la frappa. Elle avait consulté le dossier scolaire de l'homme. Il n'avait jamais étudié les runes. Ni l'arithmancie. Comment pouvait-il alors savoir que le livre de Serdaigle traitait des éléments de liaison ? Il aurait certes pu s'y intéresser après ses études, mais ce constat gênait Hermione.
– Il devrait y avoir le sceau de Poudlard sur la deuxième de couverture, indiqua-t-elle tout de même. En bas à gauche.
Le livre dans les mains de l'homme s'ouvrit sans qu'il ne bouge et le cœur d'Hermione se mit à battre plus vite alors qu'une sensation de malaise s'insinuait plus surement en elle. Il fallait être particulièrement puissant pour effectuer le moindre sortilège sans baguette. Et l'homme l'avait semblait-il fait sans même y prêter attention.
–Ne vous embêtez pas monsieur Smith, je vais revenir avec un document officiel, fit Hermione un peu précipitamment.
Elle avait le livre, Le Livre, juste devant elle, mais son instinct revenait finalement en force. Elle était totalement inconsciente. S'aventurer en temps de guerre chez des inconnus. Toute seule. Ce n'était vraiment pas elle, et elle ne comprenait même pas pourquoi elle se sentait si obsédée par ce livre. Il fallait qu'elle sorte de cette maison au plus vite.
– Ne voulez-vous donc pas vérifier tout d'abord qu'il s'agit du bon livre ? demanda l'homme d'un ton hautain.
Il lui tendit nonchalamment l'ouvrage, et Hermione se sentit affreusement tiraillée entre son envie de lire le livre et celle de prendre la fuite à toutes jambes. Son regard voyagea entre le livre et la porte de la pièce. Un autre élément du dossier d'Archibald Smith se rappela soudainement à elle. Il y était décrit comme un travailleur discret, un peu timide, ne se mettant pas particulièrement en avant. Ce qui contrastait singulièrement avec l'attitude aristocratique et empreinte de suffisance de l'homme face à elle.
Discrètement, elle resserra sa prise sur sa baguette et ses pensées s'emballèrent à toute allure. Elle était dans une maison, qui bien qu'enregistrée au nom d'Archibald Smith, abritait visiblement quelqu'un d'autre. Il fallait qu'elle s'extirpe de cette situation. Rapidement. Même si elle ressentait un besoin presque viscéral de toucher ce livre.
– Cela ira monsieur, je ne remets pas votre parole en doute, fit-elle. Je vous ai déjà ennuyé suffisamment longtemps, je ne vais pas m'attarder.
Elle inclina légèrement la tête pour saluer l'homme qui ne bougea pas d'un pouce, augmentant son malaise.
– Une petite question avant que vous ne partiez mademoiselle Jones.
Il s'était rapproché légèrement en disant cela et Hermione se crispa.
– Bien sûr monsieur Smith, finit-elle par répondre lorsque le silence devint pesant.
– Comment vos supérieurs ont-ils pu savoir que cet ouvrage était ici alors qu'il n'a jamais été enregistré dans aucun inventaire ces cinquante dernières années ?
La référence à ses supérieurs avait été ironique et une bouffée d'angoisse faillit engloutir Hermione, avant qu'elle ne décide que cette situation n'avait que trop duré. Discrètement, elle activa son portoloin d'urgence de sa main gauche, s'attendant à la sensation d'inconfort familière, mais rien ne se produisit et cette fois-ci elle sentit que son cœur s'était violement emballé sous le coup de la panique.
Lorsqu'elle avait examiné les charmes protégeant la maison, elle avait bien décelé une barrière de protection classique contre les portoloins, mais ce n'était pas quelque chose qui aurait dû bloquer son portoloin un peu arrangé. Et non seulement c'était ardu de mettre en place un tel charme de protection, mais pour en plus le cacher il fallait sans aucun doute un sorcier particulièrement talentueux.
– Je ne me suis pas occupée de cette partie-là monsieur Smith, répéta-t-elle le plus calmement possible.
– Vous mentez mademoiselle Jones. Comment avez-vous su pour le livre ?
– Non, je vous assure que… commença Hermione.
Un instant après il fut tout près d'elle et la fin de la phrase d'Hermione mourut sur ses lèvres. Il n'y avait plus aucun doute sur le fait que la personne face à elle lui soit hostile.
– Je ne suis pas quelqu'un que vous avez envie de contrarier mademoiselle Jones. Maintenant répondez-moi si vous voulez ressortir d'ici vivante.
Elle aurait pu protester devant la menace. Indiquer qu'elle travaillait pour Poudlard. Qu'elle était une envoyée du ministère. Ou n'importe quel autre mensonge. Mais elle savait reconnaitre un danger quand elle en voyait un. L'homme en face d'elle était indubitablement dangereux, et elle n'allait tout de même pas se mettre en mauvaise posture pour un livre.
– J'ai inventé un rituel pour le tracer. Une adaptation du rituel de localisation d'Aurora, indiqua-t-elle.
– Basé sur ?
– Une localisation passée de l'objet.
L'homme devant elle la sonda un instant des yeux, sans s'éloigner, et elle crut un instant y déceler une étincelle rouge qui la glaça plus surement que ses menaces. Les dates correspondaient bien sûr. C'était surement lui qui avait demandé à Jules Ackerley d'emprunter le livre, sachant qu'il ne pourrait plus y accéder après être sorti de Poudlard. Peut-être même qu'il avait lui-même brûlé la maison des Ackerley pour pouvoir ensuite récupérer le livre. Et tué Jules Ackerley bien plus tard pour qu'il ne puisse jamais en parler.
Elle jeta un coup d'œil apeuré autour d'elle. Ce n'était plus les mêmes livres qui lui sautaient maintenant aux yeux. Elle repéra « Grandeur et Décadence de la magie noire », « Runes de pouvoir », « Rituels et rites de Méphistophélès » – diable, ce livre était censé avoir été détruit par le ministère de la magie il y avait plusieurs siècles de cela tellement il était malsain ! –. Et elle savait après tout que le « Troisième traité sur les runes d'Avalon » touchait à la magie noire.
– Où est Archibald Smith ? ne put elle s'empêcher de demander d'une voix légèrement tremblante, avant de se dire qu'elle aurait mieux fait de cacher ses suspicions.
Le visage de son vis-à-vis refléta un bref instant la surprise, avant qu'un sourire cruel n'étire ses lèvres, et elle ne put s'empêcher de reculer instinctivement d'un pas. Il n'y avait plus la moindre trace d'amabilité sur son visage, et ses yeux rougeoyèrent de nouveau.
– Cela fait bien longtemps que cet idiot est mort, répondit l'homme. Et il n'a jamais été en possession de ce livre. Il n'en aurait même pas compris l'introduction. Le livre de Rowena Serdaigle fait partie de ma bibliothèque personnelle depuis des dizaines d'années. Et ce lieu avait jusqu'à aujourd'hui toujours constitué une excellente cachette. Avant que vous ne mettiez votre nez dans mes affaires mademoiselle Jones.
Sa voix s'était faite affreusement menaçante et Hermione était maintenant complétement terrorisée. Elle était coincée, dans un lieu inconnu, avec Lord Voldemort pour seule compagnie. Et elle n'avait prévenu personne qu'elle était ici, certaine que cette expédition ne lui prendrait que quelques heures.
Elle allait mourir ici. Elle ne connaitrait jamais le résultat de ses BUSEs. Ne passerait pas ses ASPICs. Ne pourrait pas aider Harry à vaincre l'homme qui se tenait justement devant elle. Voldemort leva sa baguette vers elle, et Hermione comprit que la suite n'allait pas beaucoup lui plaire.
– S'il vous plait, est-ce que je pourrais au moins lire le livre avant ? demanda-t-elle.
Voldemort arrêta son mouvement, et Hermione elle-même eut envie de se frapper la tête contre les murs devant sa réflexion complétement stupide. Mais à sa grande surprise, Voldemort produisit un son désagréable qui ressemblait de loin à un rire macabre.
– J'ai failli oublier… quel autre livre de Rowena Serdaigle avez-vous déjà lu mademoiselle Jones ? demanda-t-il.
Hermione ouvrit légèrement la bouche sous le coup de la surprise.
– Aucun, répondit-elle avec précipitation.
– Endoloris.
Elle se jeta sur le côté pour tenter d'éviter le sortilège, mais à bout quasiment portant c'était peine perdue. La douleur se propagea dans ses veines, comme si elles charriaient maintenant de l'acide et elle hurla. Cela n'avait rien à voir avec l'ignoble sortilège que Dolohov lui avait jeté il y avait une douzaine de jours de cela. Non, la douleur était cette fois-ci bien plus intense, bien plus pernicieuse, bien plus aliénante. Elle enregistra distraitement qu'elle se griffait elle-même les bras, comme si cela pouvait arrêter la sensation qu'elle était en train de brûler vive.
Dans un effort de volonté, elle brandit soudain sa baguette devant elle et lança un Expelliarmus dans la direction approximative où se trouvait le seigneur des ténèbres. Il dévia bien sur le sortilège et la désarma, mais la douleur s'arrêta et Hermione tenta péniblement de reprendre son souffle.
D'un geste distrait de la main, elle le vit éloigner sa baguette en bois de vigne d'elle, l'expédiant quelque part à côté de la cheminée.
– Quel. Livre ? répéta-t-il.
Elle se redressa avec difficulté, tentant de gagner du temps. Elle n'avait aucune idée de comment il pouvait savoir qu'elle avait lu un autre ouvrage de la célèbre fondatrice. Mais elle ne pouvait pas en parler. Parce que c'était arrivé l'été dernier, dans la très noble et très ancienne bibliothèque des Black. Et que cette maison attirerait immanquablement l'attention sur sa proximité avec l'Ordre du Phénix. Avec Harry.
Et si ce que les rumeurs disaient était vrai, alors il pouvait savoir lorsque quelqu'un mentait. Comme pour le rituel de localisation. Hermione essaya désespérément de trouver une solution, ses pensées encore ralenties par la douleur.
– Endo…
– Architecture des Sortilèges, répondit-elle en vitesse.
Le nom du livre ne dévoilait de toute façon rien. Mais la lueur de convoitise qu'elle vit apparaitre dans le regard de plus en plus rouge de Voldemort – comme s'il ne voyait plus l'intérêt de maintenir ce glamour-là qui semblait plus complexe que les autres – lui fit comprendre qu'il ne se contenterait pas de cela.
– Et où se trouve ce livre ? fut effectivement la question suivante.
– Chez une connaissance. Mais je ne peux pas en parler.
Elle avait soigneusement choisi ses mots et les deux phrases étaient absolument vraies. La baguette du seigneur des ténèbres tournoya entre ses doigts et Hermione cru qu'il allait de nouveau lui jeter un Doloris. Mais contre toute attente il s'éloigna de quelques pas.
Puis il fit léviter d'un geste le livre de Rowena Serdaigle juste hors de portée d'Hermione, qui parvenait enfin à se relever en s'aidant du mur derrière elle.
– Pourquoi voulez-vous lire le Troisième traité sur les runes d'Avalon mademoiselle Jones ? demanda-t-il. Quelle raison céleste vous pousse à vous y intéresser ?
Il y avait comme un pointe d'amusement dans son ton, sans qu'Hermione ne puisse expliquer pourquoi.
– C'est une lecture essentielle pour comprendre les lois fondamentales de la magie de Paracelse, répondit-elle.
– Pour comprendre les lois ? fit-il avec un rictus dégouté. Rien dans le traité de Serdaigle ne vous aurait permis de comprendre ces lois.
– C'est justement ce que je voulais vérifier, indiqua faiblement Hermione.
Elle avait toujours trouvé les lois de Paracelse bancales. C'était pour cela qu'elle avait voulu consulter la vision de Rowena Serdaigle sur certaines des hypothèses que l'alchimiste avait utilisé. D'un nouveau mouvement de baguette, le livre se positionna juste devant elle. Pour la première fois elle put en lire le titre, et constater qu'il s'agissait effectivement du bon ouvrage.
– Prenez-le.
C'était un ordre, mais Hermione secoua la tête en signe de dénégation. Le fait qu'il lui demande de le faire ne signifiait surement rien de bon.
– Voyons mademoiselle Jones, où sont donc passées vos manières ? demanda Voldemort avec un sourire narquois.
L'instant d'après il relâchait son sortilège, le livre filait droit vers le sol et Hermione le rattrapa par pur automatisme. Avant de le relâcher brusquement, le regardant s'écraser au sol dans une étrange lueur bleutée.
Elle jeta un coup œil au livre, ne ressentant étrangement plus une aussi forte envie de le lire. Est-ce que cette lueur bleutée prouvait que le livre lui avait fait quelque chose ? Elle constata que l'expression du seigneur des ténèbres s'était faite contrariée pendant un instant.
– Allez-y mademoiselle Jones, fit le seigneur des ténèbres avec un geste d'invitation sec. Je vous donne ma parole que ce livre ne vous fera rien. Et il parait qu'il faut toujours respecter la dernière volonté des condamnés.
Au passage, il s'assit dans l'un des fauteuils de la pièce, tourné face à elle, sa baguette toujours dans sa main. Hermione sentit ses mains trembler de frayeur alors qu'elle ramassait le livre. Elle l'ouvrit au ralenti, ne quittant pas des yeux le visage du seigneur des ténèbres, qui semblait maintenant s'amuser grandement de la situation.
– Peut-être même que je considèrerai le fait d'épargner votre vie si vous arrivez à me dire d'ici une demi-heure en quoi les écrits de Rowena Serdaigle prouvent que Paracelse était un idiot.
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– Votre temps est écoulé mademoiselle Jones.
La voix froide et sèche avait claqué dans le silence de la pièce et Hermione s'arrêta immédiatement de lire. Maintenant elle allait mourir. Sa curiosité aura finalement signé sa perte. Elle se demanda un instant qui allait bien pouvoir aider Ron et Harry la prochaine fois qu'ils se mettraient dans une situation abracadabrante et son cœur se serra douloureusement.
Elle ne s'était pas assise pendant qu'elle lisait, et elle le regarda avec crainte se relever nonchalamment et se rapprocher d'elle.
– Alors ? Votre réponse à ma question mademoiselle Jones ? demanda-t-il avec un sourire de prédateur.
Hermione déglutit péniblement. Jamais elle n'avait lu aussi vite que cette dernière demi-heure, mais même elle avait ses limites.
– Je ne sais pas, répondit-elle nerveusement.
La baguette du seigneur des ténèbres se pointa sur elle.
– Mais j'imagine que c'est quelque chose qui touche aux équations d'arithmancie d'Isis, rajouta-t-elle avec précipitation. Et aux runes de Thor.
– Serdaigle ne parle pas de Thor dans ce livre, contesta Voldemort.
Il y avait comme un défi dans son ton et Hermione réfléchit quelques secondes avant de répondre avec lenteur, légèrement incertaine de ce qu'elle avançait.
–Battuta a prouvé que les runes de Thor pouvaient être activées. Et en combinaison avec les équations d'Isis, elles contredisent les lois fondamentales de Paracelse.
– Mais si vous remettez en question les lois fondamentales mademoiselle Jones, pourquoi faites-vous confiance à Battuta ? Je doute que vous ayez vous-même déjà activé les runes de Thor, fit-il d'un ton hautain.
Hermione ouvrit stupidement la bouche, avant de la refermer vivement en se renfrognant. C'était évident pour elle que Battuta avait raison, mais ce n'était effectivement pas rigoureux de considérer cela comme acquis.
– Je peux le redémontrer.
– Vraiment ?
Il se réinstalla dans le fauteuil et lui fit signe de procéder.
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Lors de ses fréquents coups d'œil vers l'extérieur, Hermione pouvait voir que le soleil avait sensiblement bougé, et cela ne faisait rien pour la rassurer. L'étrange discussion avec Voldemort se poursuivait, et plus le temps passait, plus son anxiété augmentait. Il allait à un moment ou à un autre y avoir une perturbation, et Hermione était bien trop terre à terre pour espérer qu'elle joue en sa faveur. Pour le moment, elle essayait toujours désespérément de redémontrer que les runes de Thor pouvaient être activées.
– L'expérience de Shaun montre que…
– Avez-vous donc refait l'expérience de Shaun mademoiselle Jones ?
Les mains d'Hermione tremblèrent violement.
– Non, répondit-elle avec dépit.
– Rien ne vous prouve donc qu'elle marche vraiment. Trouvez autre chose.
Il n'avait pas bougé du large fauteuil, la transperçant de son regard rouge, seule concession qu'il faisait à sa véritable apparence. Et à chaque fois qu'elle recommençait sa démonstration il lui indiquait d'un ton sec que son raisonnement était erroné. Qu'il fallait qu'elle redémontre ce qu'elle avançait, ou qu'elle trouve autre chose. Hermione déglutit avec difficulté.
– Si vous estimez que l'expérience de Shaun n'est pas fiable il faut remonter à la loi de puissance.
– Une fois de plus mademoiselle Jones, c'est une imprudence de votre part de supposer que la loi de puissance est correcte.
Malgré la peur qui l'étreignait Hermione osa lui envoyer un regard mi surpris, mi indigné.
– Mais la loi de puissance est la base de la magie ! se hasarda-t-elle à protester.
Il lui sembla que le coin des lèvres de Voldemort se relevait légèrement dans un sourire moqueur.
– Vous vous attaquez aux les lois fondamentales de la magie de Paracelse, mais vous acceptez la loi de puissance ? Vous manquez décidément de rigueur mademoiselle Jones, statua-t-il d'une voix méprisante.
Elle resta un instant figée, à la fois de peur et d'indignation.
– Mais vous ne pouvez pas remettre en cause la loi de puissance, balbutia-t-elle.
Il se leva d'un mouvement fluide et Hermione se crispa, ses battements de cœur soudainement erratiques.
– Et pourquoi pas ? Moi qui pensais parler pour une fois à quelqu'un de pas totalement idiot…
Il fit nonchalamment tourner sa baguette entre ses mains et Hermione regarda avec affolement autour d'elle, dans un réflexe vain pour essayer de trouver une échappatoire.
– Vous avez trouvé une exception à la loi de puissance ? demanda-t-elle.
Elle espérait qu'il réponde, qu'il continue à parler, tout plutôt que de se retrouver à l'autre bout d'un Avada Kedavra.
– Ce n'est pas si compliqué mademoiselle Jones. Je suis sûr que même une sang-de-bourbe comme vous peut trouver.
L'emploi du terme honni hérissa Hermione au moins autant que l'idée qu'elle ne soit pas à la hauteur. Elle allait répondre, mais soudainement les flammes de la cheminée devinrent vertes, annonçant l'arrivée prochaine d'un visiteur, et Hermione n'hésita pas.
Il n'y avait qu'une fraction de seconde où il était possible de prendre l'avantage sur un arrivant via le transport par cheminée, et elle se jeta brusquement dans les flammes, refermant au passage ses doigts sur sa baguette qui trainait toujours près du foyer.
– Chemin de Traverse ! hurla-t-elle.
Elle eut l'impression que son corps tout entier était démembré alors que sa vision se brouillait. Puis des chocs violents l'assommèrent presque, touchant toutes les parties de son corps avec une force inouïe. Enfin ce fut l'air qui lui manqua, et elle eut pendant quelques secondes l'impression d'étouffer.
Avant de s'écraser violement sur le sol, provoquant des exclamations tout autour d'elle. Elle ouvrit en vitesse les yeux, forçant son regard à se focaliser suffisamment pour distinguer le chemin de traverse. Elle se releva vivement, malgré la douleur qu'elle ressentait dans tout son corps et la migraine aiguë qui lui vrillait les tympans, avant d'être prise de vertiges.
– Mademoiselle, vous allez bien ?
– Qu'est-ce qui se passe ?
– Il faut appeler un guérisseur.
Les voix autour d'elle étaient indistinctes, et elle repoussa les mains qui se tendaient vers elle avec affolement. Elle ignora les regards étranges qu'elle reçut en échange, et, prenant sur elle, elle força ses jambes à se mettre en marche pour s'éloigner au plus vite des cheminées publiques du chemin de traverse.
Elle parvint à se dissimuler dans la foule au bout de quelques instants, mais elle dut vite s'assoir sur le rebord d'un trottoir, les mains sur la tête, pour éviter de tomber dans les pommes. C'était le pire voyage qu'elle n'ait jamais fait en poudre de cheminette. Et la pire après-midi qu'elle n'ait jamais passée.
Pour la énième fois elle regarda autour d'elle, vérifiant qu'il n'y avait aucune trace ni de Lord Voldemort, ni d'Archibald Smith. Tout était calme, et un intense sentiment de soulagement se rependit finalement en elle. Qui ne l'empêcha pas de contrôler ensuite plusieurs fois qu'elle n'était pas suivie, et de faire des tours et des détours inimaginables avant de finalement rentrer chez elle.
Elle salua à peine ses parents, trop secouée par sa journée, et s'enferma dans sa chambre. Elle ne bougea pas de son lit de toute la soirée, regardant fixement dans le vide, comme si son corps était vidé de toute son énergie. Et elle ne ferma pas non plus l'œil de la nuit.
Le lendemain matin, elle se leva comme une automate, rassembla quelques affaires dans son sac, dit rapidement au revoir à ses parents en faisant semblant de ne pas voir qu'elle les peinait à rester aussi peu, et elle partit rejoindre les Weasley au terrier.
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Elle ne parla à personne de ce qui lui était arrivé. Ni à Ron. Ni à Harry. Ni à Ginny. Pas un mot pendant les vacances au Terrier, et pas un mot non plus lorsque la sixième année débuta. Et plus le temps passait, plus elle avait elle-même du mal à croire que l'évènement ait vraiment eu lieu. Cela s'apparentait de plus en plus à un rêve étrange qu'elle aurait fait une nuit, et elle aurait presque pu se persuader de cela si elle ne se souvenait pas avec précision de sa quête effrénée pour trouver le livre de Rowena Serdaigle.
Qu'elle n'avait d'ailleurs plus du tout envie de revoir. Elle ne pouvait plus se permettre ce genre de folies. Plus maintenant que Harry leur avait révélé la prophétie. Plus maintenant qu'ils devaient trouver les Horcruxes de Voldemort. Plus maintenant que Ron et elle devaient soutenir au mieux leur ami, tout en l'empêchant de se laisser distraire par autre chose, comme la fixation qu'il faisait actuellement sur Drago Malefoy.
Un seul incident fit étrangement écho à cette aventure durant leur sixième année, lorsque Harry leur parla d'Hepzibah Smith. Elle prit alors quelques instants pour vérifier son lien avec Archibald Smith, découvrant un descendant, et se demanda si Voldemort l'avait ciblé pour éliminer toute cette famille. Avant de se souvenir que Zacharias Smith était tout ce qu'il y avait de plus vivant, sans que cela ne la réjouisse particulièrement.
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Elle recroisa ensuite Voldemort deux fois. La première lors de leur malheureuse expédition à Godric's Hollow avec Harry le vingt-quatre décembre. Elle l'aperçut à peine, alors qu'ils sautaient par la fenêtre et transplanaient en même temps.
La deuxième fois fut à Poudlard. Alors qu'il venait d'arriver dans la cour, accompagné de tous ses mangemorts et de Hagrid portant le cadavre de son meilleur ami. Elle avait été dévastée. La certitude que pendant quelques instants, Harry était mort, avait été comme un poignard dans le cœur. Au cours de ces instants déchirants, et de la bataille qui s'ensuivit, elle n'échangea qu'un regard avec le seigneur des ténèbres. Rapide. Insignifiant.
Elle ne savait pas s'il savait qui elle était, ni même s'il se souvenait de cet étrange moment qu'ils avaient passé ensemble, et à vrai dire elle s'en fichait. Elle avait Bellatrix Lestrange à combattre, et Harry à protéger.
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Ils avaient vaincu. Dans la douleur et la mort. Fred, Remus Lupin, Tonks, Colin, et tant d'autres. Mais Voldemort était mort. Son règne de terreur était terminé. Et ils allaient enfin pouvoir vivre en paix.
Harry, Ron et elle venaient tout juste de sortir du bureau du directeur de Poudlard, et la fatigue de leur dernière très longue journée commençait à peser fortement sur eux.
– Et maintenant ? demanda-t-elle d'une voix incertaine.
– Maman proposait de nous héberger au Terrier, fit Ron.
Ils hochèrent la tête, trop abattus par la fatigue pour réfléchir, et se dirigèrent vers la cheminée la plus proche. Lorsqu'ils arrivèrent au Terrier, une Molly Weasley aux yeux rougies les accueillit, et les envoya directement se coucher. Hermione se glissa dans la chambre de Ginny où un deuxième lit avait été préparé pour elle, et s'endormit dès qu'elle fut allongée malgré la lumière du jour qui pénétrait doucement par la fenêtre.
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Hermione se réveilla quelques heures plus tard, seule dans la chambre. Elle se redressa doucement, peinant à reprendre contact avec la réalité. Elle sentit alors un poids tomber sur ses jambes et sursauta vivement, laissant même échapper un petit cri et ramenant vivement ses jambes contre elle.
Sa deuxième action fut d'attraper sa baguette, précédemment posée sur la table de chevet, et de la pointer vers l'origine de la perturbation. Qui s'avéra être un imposant grimoire, avec une épaisse couverture en cuir bleu qui criait sa valeur. Elle se pencha prudemment, et remarqua qu'il n'y avait aucun titre dessus.
Au même instant un morceau de parchemin se matérialisa juste au-dessus. Hermione lui jeta quelques sortilèges de détection, et, ne trouvant rien, finit par le prendre et l'ouvrir. Une écriture élégante s'étalait dessus, et elle se hâta de lire.
« Mademoiselle Granger,
Je ne pense pas que vous recevrez un jour cette lettre, même si je me retrouve aujourd'hui obligé de l'écrire, alors que vous venez à peine de me débarrasser de votre présence. »
Légèrement confuse, son regard navigua vers le bas de la lettre, avant de s'écarquiller en voyant la signature. Lord Voldemort. Ses mains tremblèrent légèrement et son cœur s'affola. Avant de comprendre que cette lettre avait dû être écrite juste après sa première rencontre avec le seigneur des ténèbres. Elle recommença sa lecture avec appréhension.
« Savez-vous, au-delà de ses écrits officiels et de Poudlard, quel est l'héritage de Rowena Serdaigle ? J'imagine que non… »
Hermione avait l'impression qu'elle pouvait ressentir le mépris qui suintait des trois petits points écrits sur le parchemin. Mais elle devait à sa plus grande frustration admettre qu'elle ne connaissait pas la réponse à cette question.
« Après tout, cela fait des siècles que les sorciers ont oublié de Livre du Savoir. »
Hermione laissa échapper un son étranglé. Le livre du savoir était une pure légende. Du genre de celles qui étaient racontées aux petits enfants. Comme les reliques de la mort, souffla une irritante voix en elle. Selon les rumeurs, le livre du savoir était sans fin, regroupant toutes les connaissances du monde magique.
« Et ils ont oublié que Rowena Serdaigle choisissait elle-même qui était digne de pouvoir y accéder. Deux livres. La lecture d'un premier livre déclenche de discrets enchantements s'il juge le sorcier digne, provoquant une envie insatiable de trouver un deuxième livre, sans échappatoire tant qu'un autre de ses ouvrage n'aura pas confirmé ou infirmé les impressions du premier.»
Les sourcils d'Hermione se froncèrent d'indignation, et ses lèvres se pincèrent. C'était de la magie clairement noire qu'il décrivait là. Imposer sa volonté à la personne visée. Jauger sa magie contre son gré. Mais cela expliquait au moins son obsession pour le Troisième traité sur les runes d'Avalon.
« Deux livres suffisent pour désigner un sorcier comme un héritier en cas du décès du détenteur actuel. À mon plus grand regret, le Troisième traité sur les runes d'Avalon a validé l'appréciation d'Architecture des sortilèges. Mais la désignation d'un héritier évite néanmoins l'apparition d'autres potentiels candidats, et si vous étiez la première à oser venir me déranger, je pourrais au moins profiter d'une période de calme jusqu'à votre mort.
Comme vous vous en doutez, ces explications doivent être rédigées au cas où, dès qu'un héritier est désigné, et l'enchantement de Rowena Serdaigle est trop pointilleux à combattre pour le temps que cela m'aurait fait gagné.
Lord Voldemort »
Hermione relu une deuxième fois la lettre, peinant à croire ce qu'elle avait sous les yeux. Puis elle effleura d'une main tremblante le livre devant elle. Elle ouvrit finalement avec précaution la couverture. La première page resta vide un instant, avant que des filagrammes en argent ne la remplissent petit à petit. Enfin, Hermione parvint à déchiffrer le titre.
« Le Livre du Savoir, par Rowena Serdaigle »
Son souffle se coupa dans sa gorge, et elle tourna précautionneusement les premières pages, regardant chacune d'elle se dévoiler au fur et à mesure devant elle. Elle souleva le livre pour mieux le voir, l'examinant sous toutes les coutures, avant de remarquer avec indignation que l'une des pages semblait cornée.
Elle ouvrit le livre à cet endroit, comptant remettre correctement le parchemin malmené, lorsque son regard tomba sur le titre du chapitre qui y commençait.
« Exceptions à la loi de puissance, ou en quoi la loi de puissance est faillible. »
Hermione resta un instant interdite. Puis d'autres pages semblèrent se corner sous ses yeux, et elle les parcourut du regard les unes après les autres. C'était toutes les hypothèses qu'elle avait incorrectement énoncées il y avait presque deux années de cela. À croire que malgré son mépris, il l'avait au moins jugée digne de comprendre ses erreurs, puisqu'il avait pris le temps d'enchanter le cornement de ces pages si jamais le livre finissait par parvenir entre ses mains.
Mal à l'aise, Hermione feuilleta encore un peu le livre, avant de le refermer résolument. D'un mouvement de baguette, elle le rangea sur l'une des étagères, et le camoufla avec des enchantements particulièrement complexes.
Dans quelques années, elle s'y plongerait surement avec plaisir. Mais aujourd'hui, elle avait beaucoup de choses bien plus importantes à faire, comme soutenir ses amis et son petit-ami, reconstruire le monde magique, et elle n'avait ni le temps ni l'envie de s'intéresser au legs d'un homme qui avait consacrée sa vie à écourter celles des autres.
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AN : J'espère que cet OS vous a plu :)
N'hésitez pas à reviewer si c'est le cas, cela me ferait grandement plaisir.
