Note de la traductrice: Cette fanfiction est une traduction de Digging for the Bones écrite par paganaidd. L'histoire est assez sombre, et traite de sujets sensibles tels que la violence familiale. Vous êtes donc prévenus. Bien sûr, il ne s'agit pas uniquement de violence gratuite. Il y a une histoire qui se déroule et bien des choses vont se passer. Cette fanfiction est longue, 62 chapitres en tout. Pour l'instant, je vais publier à un rythme d'un chapitre chaque samedi. Mais cela risque de changer dans 2-3 mois. Aussi, je ne suis pas infaillible. Si l'un d'entre vous remarque une quelconque erreur, qu'il me le fasse savoir dans un commentaire pour que je puisse l'arranger. J'accepte toute forme de critique sur mon style ou sur la traduction. Quant aux critiques adressées à l'histoire en elle-même, j'essaierai d'en faire part à l'auteur.

Note de l'auteur: La fanfic commence au début du troisième livre (Le Prisonnier d'Azkaban) avant de diverger. Il n'y aura ni couple, ni contenu sexuel explicite. Toutefois, le sujet de l'homosexualité sera mentionné (mais sans aucun slash). Cependant pour les personnes qui ne supportent pas ce sujet, n'allez pas plus loin. N'espérez pas de slash non plus; la relation entre Harry et Severus sera plus familiale et platonique qu'autre chose. Aussi, le nombre des élèves dans Poudlard est estimé à 650-700 toutes maisons et années confondues.

Correctrice: LittleKimi


Retrouvailles

Harry poussa un soupir de soulagement, alors qu'il roulait son chariot à travers la barrière magique de la voie 9¾. Enfin, il arrivait au bout de ces horribles vacances.

De toute façon, il n'avait pas été sûr de pouvoir endurer ces deux mois. Vue les évènements de ces deux dernières semaines, il était surpris que l'oncle Vernon ait accepté de le conduire à la station de train. Deux jours auparavant, il avait dit à Harry d'aller trouver son fichu chemin pour la gare tout seul. Cependant, la nuit dernière, après que Vernon et Pétunia ait eu une violente dispute dans le salon pendant qu'Harry nettoyait après le dîner, Vernon était venu lui annoncer qu'il allait l'y emmener, "puisque c'est le seul moyen de se débarrasser de toi", avait-il grogné.

Harry ne se souciait pas le moins du monde de la raison pour laquelle les Dursley l'emmenèrent à la gare, seul lui importait qu'ils l'aient fait. Même le fait que son départ soit une bénédiction pour Vernon ne pouvait ruiner sa joie. Pas tant que ça de toute façon.

Depuis le fiasco avec Marge, Harry se sentait comme s'il n'avait eu aucun moment de répit, sauf quand on l'enfermait dans sa chambre, c'est à dire lorsqu'il ne travaillait pas. Soit juste quelques heures, la nuit. Non pas par souci de l'état d'Harry, non, mais parce que Pétunia, ayant besoin de son "sommeil réparateur" comme soin beauté (Harry estima qu'elle avait besoin de plus de cent ans de sommeil pour que cela en vaille la peine), ne pouvait pas surveiller son travail. S'ils avaient trouvé un moyen pour faire travailler Harry toute la nuit, ils l'auraient fait.

Le ministère leur avait malheureusement assuré que de la magie accidentelle devait être prévue dans le cas d'un sorcier jeune et énergique tel que Harry. La fougue de l'adolescence, avaient-ils expliqué. Naturellement, Pétunia et Vernon crurent que s'ils l'épuisaient en le faisant travailler dur, et le nourrissaient peu, il n'aurait plus assez d'énergie pour faire de la magie. Là aussi, Vernon avait sa propre façon de remettre Harry à sa place. Marge l'avait beaucoup aidé en donnant à Vernon des conseils sur la manière de dompter le caractère entêté du garçon.

Pour la millième fois, Harry se maudit d'avoir perdu le contrôle, cette nuit où il avait gonflé la tante Marge comme un ballon géant. Privet Drive était, pour une quelconque raison, sous surveillance. Le Département de Réparation des Accidents de Sorcellerie avait immédiatement été disponible pour la dégonfler. Cependant, ils manquèrent Harry qui avait bouclé sa valise, et avait hélé par inadvertance le Magicobus quelques instants auparavant.

Plusieurs heures passèrent avant que quelqu'un ne trouve Harry sur le chemin de Traverse, le conducteur du bus l'ayant aidé avec ses affaires. Il avait eu l'intention de se rendre à Gringotts, et de retirer jusqu'à la dernière noise de son compte et alors… eh bien, il n'avait pas prévu plus loin. Tout ce qu'il savait, c'était que sa vie deviendrait un enfer s'il retournait chez les Dursley.

Il essaya d'expliquer ceci à Kingsley Shacklebolt, l'Auror qui l'avait trouvé. Shacklebolt avait l'air sympathique, mais il lui dit que vivre sans surveillance n'était pas prudent pour lui, même dans le monde magique. Il avait expliqué à Harry qu'il y avait un dangereux criminel évadé de prison, que les sorciers avaient besoin d'être plus vigilants que d'habitude. Il semblait insinuer que Harry, parce qu'il était le garçon-qui-a-survécu, encourait plus de risques que le reste de la population.

Cornélius Fudge, le ministre de la magie lui-même, escorta Harry jusqu'à Privet Drive. Cela nécessita une rapide discussion de la part de Fudge, mais il rassura les Dursley et les convainquit de reprendre Harry.

La lueur obscène dans les yeux de Vernon prévint Harry que son pressentiment pour le reste des vacances n'était pas infondé.

Heureusement, Vernon était devenu un maître en l'art de punir Harry sans que cela ne se voit. Harry ne supporterait pas de retourner à l'école avec des blessures et des coupures qu'il avait eues juste après son retour de Privet Drive. Leur indiscrète voisine, madame Figs, lui avait posé quelques questions embarrassantes ce jour-là, quand Harry tondait le gazon dans le jardin. Harry dut lui parler quelques instants pour lui assurer qu'il s'était battu avec des adolescents quand il avait fugué la nuit précédente.

Pétunia avait entendu leur conversation et conseilla à Vernon de s'éloigner du visage du garçon la prochaine fois. Elle avait aussi donné à Harry une part de toast supplémentaire cette nuit-là. Harry n'était pas sûr si la nourriture en plus était pour l'aider à guérir ou pour le récompenser d'avoir déjoué les soupçons de Madame Figs.

Suite à cela, Vernon avait utilisé la canne plus souvent, selon la théorie qu'elle laissait moins de dégâts visibles, tout en lui donnant la leçon qu'il méritait.

Le dos d'Harry était en feu, ce matin-là. L'oncle Vernon le réveilla à l'aube pour s'assurer qu'il avait compris ce qui l'attendait l'été prochain. Harry avait difficilement toléré le trajet jusqu'à Londres. Lorsqu'ils étaient arrivés à la gare, l'oncle Vernon s'arrêta assez longtemps pour balancer les affaires d'Harry hors de la voiture. Harry était très heureux qu'Hedwige ait eu le bon sens de ne pas revenir après qu'il l'ait laissée partir, lui disant de se diriger vers Poudlard où elle serait en sécurité.

Harry lança sa malle dans un chariot, esquiva les moldus dans la gare et passa à travers le mur de briques, solide en apparence, qui menait à la voie. Harry fut satisfait de voir que la première personne qu'il vit après avoir traversé la barrière était Ron. Il disait au revoir à ses parents. Ses frères étaient déjà en train de placer les bagages dans le train. Monsieur Weasley serrait Ginny dans ses bras et madame Weasley étreignait Ron étroitement.

"Harry!" cria madame Weasley, le remarquant alors qu'elle regardait par dessus l'épaule de Ron. Elle donna un dernier baiser à Ron qui s'éloigna d'elle, embarrassé. Il se retourna pour sourire à Harry. Ron était plus que jamais couvert de taches de rousseur et ses cheveux roux étaient striés par le soleil à cause de ses vacances familiales en Egypte. Il avait aussi grandi d'une trentaine de centimètres environ durant ces deux derniers mois.

Harry soupira intérieurement, souhaitant avoir gagné quelques centimètres cet été.

"Tout va bien, Harry?" demanda Ron. Les jumeaux se retournèrent aussi pour faire un grand sourire à Harry. Ginny lui sourit timidement.

Harry leur sourit à tous avec joie, décidant que sa taille n'avait aucune importance, que sa famille n'avait aucune importance, et son estomac vide pourrait être bientôt rempli, alors cela n'avait pas d'importance non plus, "Tout va bien, oui. C'est génial de vous revoir!". Même avant de monter dans le train, il se sentait comme s'il était de retour à la maison. Il se prépara et réussit à ne montrer aucune réaction quand madame Weasley le prit dans ses bras.

"Bien, allez, dépêchez-vous" dit madame Weasley en ouvrant grand ses bras pour les guider tout au long comme s'ils étaient un troupeau de poussins, "Il est presque 11 heures."

Fred et Georges attrapèrent la malle d'Harry et la hissèrent dans le train pour lui.

"Ron! Harry!" Hermione leur fit signe de la main depuis le quai, pressée de les rattraper. Fred et Georges attrapèrent aussi sa malle. Elle leur sourit avec gratitude.

Les jumeaux le lui rendirent, et s'enfuirent vers l'avant du train pour rejoindre leur ami Lee, qui leur avait déjà trouvé des places.

Harry glapit quand Hermione l'étreignit. Elle recula et le regarda d'un air interrogateur.

"Ce n'est rien" lui assura-t-il tranquillement. Heureusement, Ron continuait de faire signe à ses parents, "L'oncle Vernon m'a obligé à faire tous les travaux de jardinage. J'ai très mal. Tu m'a juste mal pris en me serrant."

Hermione acquiesça à contre-cœur. Harry savait qu'elle avait des soupçons, mais que pouvait-elle faire?

Harry savait que les douloureuses marques auraient disparu dans un jour ou deux, tout ce qu'il avait alors à faire était d'éviter les marques d'affection les plus enthousiastes d'Hermione. Elle lui tapota la main, puis se retourna pour serrer Ron.

Les trois avançaient dans le couloir, cherchant un compartiment vide. Finalement, ils en atteignirent un occupé seulement par un homme miteux qui était endormi, sa tête contre la fenêtre.

"C'est qui?" demanda Ron d'une voix basse, pendant qu'ils prenaient les sièges vides du compartiment. Ils n'avaient jamais vu un adulte dans le train, à part la sorcière qui poussait le chariot de friandises.

"Le professeur Lupin," répondit Hermione, "il enseigne la défense contre les force du mal."

"Comment tu le sais ?" demanda Harry, surpris.

"Son nom est sur sa valise." Hermione pointa du doigt l'inscription sur la valise usée, Professeur R. J. Lupin, "Et la défense contre les forces du mal est la seule matière qui n'a pas de professeur."

"Pourquoi fallait-il que tu soit si logique..." Harry sourit, "Je prenais plaisir au mystère."

Les deux autres rirent et Ron sortit un jeu de Bataille Explosive.

Pendant qu'ils jouaient, Ron leur raconta ce que son père avait dit au sujet de la recherche du criminel évadé, Sirius Black.

La sorcière au chariot de friandises vint. Harry en acheta une de chaque, et il planqua la plus grande partie dans sa malle. Hermione lui avait appris un charme de conservation assez sympa l'année dernière, et il était déterminé à toujours avoir quelque chose à manger sur lui. C'était stupide, supposa-t-il, puisqu'il pouvait toujours manger à sa faim à Poudlard, mais cela l'aidait à se sentir plus en sécurité.

Il sentit de nouveau le regard d'Hermione sur lui, cependant Ron ne semblait pas y réfléchir trop. Il considérait juste l'appétit d'Harry rivalisant avec le sien comme allant de soi.

La porte du compartiment s'ouvrit, "Hermione?" appela Neville, alors qu'il se tenait debout, appuyé contre l'encadrement de la porte. Il était pâle et avait des cernes profonds sous ses yeux. Son visage rond était beaucoup plus mince qu'il ne l'était lorsqu'il avait quitté l'école l'année dernière. Harry remarqua qu'il se tenait étrangement droit et raide. Presque comme s'il protégeait une blessure.

Il paraissait quelque peu tel que Harry se sentait à l'instant, pour être honnête.

"Salut, Neville." gazouilla Hermione.

"Je peux te parler une seconde?" demanda-t-il en rougissant.

Les sourcils d'Hermione se rapprochèrent, exprimant sa confusion, "Bien sûr, mais qu'est-ce que…?"

Neville parcourut rapidement le compartiment des yeux, comme s'il craignait ceux qui pourraient les entendre, "J'ai besoin d'aide pour un sortilège". Il n'avait pas l'air de vouloir en parler. Harry ne pouvait dire si c'était parce que Ron et lui étaient là, ou parce qu'il était juste gêné en général. Il prit une profonde inspiration comme pour se préparer psychologiquement, et entra dans le compartiment. Il s'assit avec précaution à côté d'Hermione.

"Est-ce que tu connais des sorts de guérison?" demanda-t-il. Sa voix était sourde, et Harry remarqua qu'il ne s'était pas appuyé sur le dos du siège.

"Pas vraiment, non" répondit Hermione, "Les potions fonctionnent mieux pour ce genre de choses. Tu t'es blessé?"

"Tombé dans les escaliers." répondit rapidement Neville. Trop rapidement pour que cela rassure Harry. Neville évitait de les regarder dans les yeux en parlant, "Vous savez comment je suis." poursuivit-il, sa voix toujours tendue, "Je me dépêchais pour atteindre la poste. J'attendais quelques lettres. Ma grand-mère devait m'envoyer un hibou avant que je ne parte pour l'école, puisqu'elle a dû s'absenter ce matin, et j'ai trébuché sur le tapis. Juste tombé tête la première. Et le hibou n'était même pas encore là. En tout cas, j'ai des bleus partout. Mon oncle m'a emmené à la gare, et il n'est pas vraiment doué pour les sorts de guérison. Il m'a dit que je devais juste laisser madame Pomfresh s'en occuper lorsqu'on arrivera à l'école. Je suppose qu'il a cru que je dramatisais, mais certaines ecchymoses sont vraiment douloureuses." Il releva sa manche pour leur montrer les marques rouges, noires, violettes et bleues sur son avant-bras. "Enfin, j'espérais que tu connaissais un bon sortilège de guérison, Hermione." finit Neville.

Hermione et Ron acquiescèrent avec sympathie, mais l'estomac d'Harry se serra de malaise. Quelque chose dans ce qu'avait dit Neville sonnait… faux.

"Tu dois laisser madame Pomfresh t'examiner lorsque nous arriverons." disait Hermione, "Nous ne tarderons plus." L'atmosphère était devenu très sombre au cours de la dernière heure, une pluie soutenue éteignant les dernières lueurs du crépuscule.

"En fait, je crois que nous sommes arrivés." dit Ron. "Nous ralentissons."

"Non, ce n'est pas possible." dit Hermione en regardant sa montre, "On en a encore pour une demi-heure…"

À peine avait-elle finit sa phrase que toute les lumières du train s'éteignirent.

"Qu'est-ce qu'il se passe?" demanda Neville, paniqué.

"Le train est tombé en panne?" demanda Ron.

"Je vais parler au conducteur." dit Hermione.

"Aïe! C'est mon pied." dit Harry en les repliant vers lui.

Ils entendirent le son de la porte qui s'ouvrait, puis, "Aïe!"

"Hermione?"

"Ginny?"

"Je suis venue rejoindre Ron."

"Bien, entre et assieds-toi."

"Silence!", lança une voix rauque. C'était leur compagnon endormi, apparemment réveillé par le bruit. "Calmez-vous." dit-il d'un ton ferme.

Il y eut un faible crépitement, puis le visage de l'homme fut illuminé par la flamme qu'il semblait tenir dans sa main, "Je vais aller voir ce qui cloche."

Avant qu'il n'ait le temps de faire deux pas, la porte s'ouvrit de nouveau.

Une longue silhouette couverte d'une cape se tenait là, bloquant la route. Elle avait la forme d'un être humain, mais Harry savait, instinctivement, qu'elle n'en était même pas proche. Restant sur le pas de la porte, une main gluante et encroûtée était visible sous la cape. Elle était blanche et avait l'air putréfiée, comme si la chose debout devant eux était déjà morte, et avait été remontée du fond d'un lac.

La Chose prit une inspiration longue et haletante, goûtant l'air. Aspirant quelque propriété vitale.

Toute chaleur semblait être arrachée au corps d'Harry avec cette inspiration. Un brouillard blanc envahit sa tête, paralysant ses pensées, le submergeant.

Les cris d'une femme se firent entendre à travers le brouillard. Où était-elle? Harry voulait la trouver. Aller vers elle. L'aider. Mais le brouillard blanc l'encerclant gelait ses membres, l'immobilisait.

"Harry." la voix de Ron était pressante, comme s'il l' avait déjà appelé plusieurs fois, "Allez Harry, réveille-toi!"

Harry cligna des yeux. Pourquoi était-il par terre? Où était la femme? "Qui a crié?" murmura-t-il.

"C'était Neville." dit Hermione, très calmement. "Cette chose est entrée, et c'était comme si elle a provoqué une crise chez vous deux. Tu es devenu tout raide et tu es tombé. Mais Neville…" s'interrompit-elle, triste.

Harry se leva difficilement, "Qu'est-il arrivé à Neville?" le cri qu'avait entendu Harry semblait appartenir à une femme, mais peut-être qu'Harry l'avait juste imaginé. Il se recula sur le banc.

"Je ne sais pas." dit Ron. Il était si pâle que ses taches de rousseur contrastaient extrêmement avec le reste de son visage. "Neville a jeté un coup d'œil, a reculé et a crié. Il s'est évanoui. Le professeur Lupin a dit quelque chose comme 'Personne ne cache Sirius Black sous sa cape'. Il a sorti sa baguette, a envoyé un truc argenté sur la chose et elle est partie."

"Il vous a examinés, Neville et toi." continua Ginny, calmement. Elle déballait quelque chose dans ses mains. "Il a dit que tu n'étais pas en danger et qu'on devait te donner ça quand tu te réveillera." Elle lui montra ce qu'elle avait déballé. Harry reconnut une barre de chocolat. "Lorsqu'il a examiné Neville…" Ginny jeta un coup d'œil incertain à Ron et Hermione. "Il était inquiet au sujet de quelque chose. Il a porté Neville comme s'il ne pesait rien. Je crois qu'il l'a pris à l'avant du train." Elle cassa un morceau de chocolat et le fourra dans la main d'Harry, "Nous en avons déjà tous pris. Ҫa aide."

Tous gardèrent le silence durant quelques minutes. Harry fixait le chocolat dans ses mains, ne le mangeant pas, jusqu'à ce qu'Hermione lui dise "Harry, mange. Ҫa aide vraiment."

Harry croqua le chocolat et fut surpris de retrouver cette chaleur qui se dispersa dans tout son corps jusqu'à ses orteils, "Est-ce que le professeur Lupin a dit ce que ces choses étaient?" demanda Harry, se sentant finalement capable de parler.

"Ce sont des détraqueurs, d'après ce qu'il a dit." répondit Hermione, d'une voix basse, "Ils gardent Azkaban. Ils sont sûrement à la recherche de Sirius Black."

Quand le train arriva à la gare de Pré-au-lard, ils étaient toujours d'humeur sombre, et plutôt choqués. Ils n'étaient pas les seuls, tout le monde parlait à voix basse des détraqueurs. Harry regarda autour de lui, cherchant le professeur Lupin et Neville, mais ils semblaient être déjà partis pour le château.

Les professeurs étaient étrangement nerveux au festin de bienvenue. Le professeur McGonagall était en retard. Elle arriva dans la grande salle après que les premières années soient déjà groupées autour du tabouret où était placé le Choixpeau. Harry remarqua son coup d'œil destiné à Dumbledore et elle hocha brièvement la tête, d'un mouvement saccadé.

Harry regarda la table de Gryffondor d'un bout à l'autre, réalisant que Neville ne les avait pas rejoints. À quel point la situation était-elle grave si Neville devait manquer le festin? Harry regarda la table des professeurs. Trois chaises étaient vides, celles de madame Pomfresh, de Severus Snape, et de madame Chourave. Le professeur Lupin était là, assis à côté de Dumbledore, dont l'expression était très grave.

Après la répartition, Dumbledore se leva. Il donna un discours très sérieux au sujet des détraqueurs qui gardaient l'école, et combien ils pouvaient être dangereux. Harry l'écouta à peine, préoccupé qu'il était par sa propre souffrance, maintenant que l'adrénaline des évènements du train était passée. Il mangea autant qu'il pouvait, sachant qu'il avait beaucoup de poids à gagner, et qu'il avait besoin des calories pour guérir. Cependant, il évita de manger jusqu'à en être malade, sachant par expérience que s'il se gavait ce soir-là, il rendrait tout. Il avait vécu au toast sec et au thé glacé chaque matin durant les deux derniers mois, alors il supposa que du pain et des pommes de terre ne seraient pas dures à digérer. Il s'assura de beurrer excessivement son pain et d'en rajouter aussi à ses patates.

Le professeur Snape revint finalement à table, mais maintenant McGonagall sortit. Il avait l'air terrible. Son visage normalement pâle était complètement blême. Son expression formait un masque impassible, déterminé à ne pas montrer ce qu'il ressentait. Il avait l'air d'un homme qui venait juste d'apprendre la nouvelle d'une maladie incurable, ou la mort d'un ami, et qui était déterminé à l'endurer malgré tout.

Il murmura quelques mots à l'oreille de Dumbledore.

Dumbledore se leva très rapidement. La salle devint silencieuse, attendant qu'il dise quelque chose. Pendant un moment, il semblait qu'il avait oublié où il se trouvait. Snape toucha sa manche, comme pour le lui rappeler. Revenant à lui, Dumbledore dit, "Vous allez devoir m'excuser. Un problème d'une grande importance m'appelle." Il passa par la porte, Snape derrière lui, sa robe bleue et argentée ondulant près de celle noire de Snape.

Un court moment plus tard, le professeur Flitwik les envoya au lit. Harry lui était très reconnaissant. Il ne savait pas pendant combien de temps il aurait encore pu agir normalement. Les autres élèves étaient très intéressés par le petit drame, quel qu'il soit, qui se produisait avec les professeurs, mais Harry était seulement intéressé par son lit.

Neville brillait toujours par son absence. Sa malle était au bout de son lit, encore fermée. Son crapaud Trévor était désespérément (du moins c'était ce que s'imaginait Harry) assis sur son galet sur la table de nuit de Neville.

Harry se doucha rapidement et était en pyjama et au lit avant que les autres garçons ne montent. Il ne voulait pas leur expliquer les trop nombreux bleus recouvrant son corps.

Quelque chose vint soudain à l'esprit d'Harry. Il regarda les ecchymoses presque guéries sur son avant-bras. Celles-ci étaient celles qu'il avait reçues de l'oncle Vernon lorsqu'il protégeait son torse des coups donnés avec la canne de Dudley. Les ecchymoses que lui avait montrées Neville étaient très similaires aux siennes.

Harry se décida à discuter avec Neville au sujet de cela le lendemain matin, avant de s'endormir dans le premier lit décent qu'il ait eu depuis des semaines.

Le matin suivant au petit déjeuner, Harry remarqua que, de nouveau, madame Pomfresh, le professeur McGonagall, le professeur Chourave, et le professeur Snape manquaient à l'appel, Flitwick était aussi parti cette fois-ci.

Les professeurs présents étaient complètement silencieux. Hagrid s'essuyait les yeux avec un mouchoir gigantesque. Un professeur, une femme avec d'énormes lunettes qui la faisaient ressembler à un insecte géant, qu'Harry ne voyait pas souvent au petit déjeuner, était complètement grise et tremblait, semblant choquée. Madame Bibine avait les bras enroulés autour du professeur d'arithmancie, qui pleurait dans ses robes. Le professeur Lupin était assis avec raideur, fixant sa tasse de thé.

Dumbledore paraissait avoir vieilli de cinquante ans en l'espace d'une nuit, "J'ai de très graves nouvelles à vous annoncer." dit-il d'une voix calme qui atteignit toutefois chaque recoin de la salle, "Neville Londubat est mort à l'infirmerie, la nuit dernière."

Harry entendit Hermione haleter, mais ne quitta pas la table des professeurs des yeux. Un murmure horrifié circula à travers la grandes salle. Dumbledore attendit qu'il se dissipe, "Il semble que Mr Londubat était victime de violence," Dumbledore s'arrêta comme pour se reprendre, "Violence qui lui était infligée par un membre de sa propre famille."

Halètements et murmures. Dumbledore leva la main pour avoir de nouveau le silence, "Dans l'intérêt de s'assurer que de pareils signes de maltraitance d'enfant ne soient plus écartés, le conseil de l'établissement, les directeurs de maison et le ministre de la magie ont décidé que chaque élève doit recevoir un examen médical immédiatement. Il s'agit d'une simple précaution, vous le savez bien. De plus, les aurors vont poser des questions à certains d'entre vous pour les besoins de l'enquête en cours sur le cas de monsieur Londubat. Je vous demanderai de coopérer avec eux pour ces deux procédures en faisant de votre mieux." Il parcourut tristement la salle des yeux, "Je suis dévasté que tout cela arrive sous ma charge en tant que Directeur. Je crois que je dois présenter à chacun d'entre vous mes plus sincères excuses."

Un silence absolu lui répondit.

"J'annule les classes pour le reste de la semaine, ainsi les professeurs et les élèves pourront avoir le temps d'assimiler ces nouvelles, et l'examen médical pourra alors être donné le plus rapidement possible. Je dois m'absenter, pour un jour environ, afin d'aider les Londubat dans leurs arrangements. Le professeur McGonagall m'accompagnera. Le professeur Snape sera en charge de l'école jusqu'à mon retour. Il travaillera aussi avec madame Pomfresh pour coordonner les examens médicaux." Dumbledore s'assit lourdement.

Harry appuya sa tête contre ses mains, respirant laborieusement. Il entendit Hermione sangloter à côté de lui. Ron reposa sa tête sur la table, en face d'Harry.


Severus Snape s'assit silencieusement à côté du corps de l'un des élèves qu'il appréciait le moins. Minerva et lui avaient passé la nuit aux côtés du garçon. Minerva, car elle était la directrice de sa maison, et Severus, car il avait assisté madame Pomfresh. Il était épuisé maintenant. Il prit une petite gorgée du thé servi par l'elfe de maison, attendant que le directeur soit de retour pour arrêter de veiller le corps.

Il jeta de nouveau un coup d'œil au corps dont le visage avait été couvert, à peine une demi-heure auparavant. L'enfant avait commencé à quitter ce monde vers minuit. L'hémorragie interne et les dommages faits aux organes étaient trop importants pour que la magie du garçon puisse le soigner assez rapidement pour le maintenir en vie. Severus et Poppy soupçonnaient qu'un sort avait également été utilisé. Ou peut-être la confrontation avec le détraqueur, dans son état affaibli, l'avait-il envoyé dans un genre de choc magique. Et le fait que Lupin ait dû transplaner avec le garçon aux limites de la zone de transplanage, juste devant le portail, a sûrement aggravé son cas.

Le patronus de l'homme était apparu dans la salle des professeurs, demandant la présence du directeur et de madame Pomfresh. Ils le trouvèrent portant l'enfant, déjà devant les escaliers du château. Snape frissonna à la vue de la rapidité et de la force du loup que Lupin gardait habituellement très bien cachées.

"Severus?", le professeur Chourave regarda vers les draps, "Puis-je me joindre à vous?". Elle était épuisée, elle aussi. Elle avait passé la nuit à essayer d'utiliser différents remèdes à base d'obscures plantes magiques.

Severus fit un signe de la main en direction de la chaise vide.

"Il va me manquer." soupira-t-elle.

"Je sais, Pomona." répondit Severus avec force, "Je sais que tu l'appréciais." La culpabilité lui serra la poitrine, contrairement à moi-même, pensa-t-il.

"J'espérais qu'il veuille prendre un apprentissage en herbologie quand il terminera l'école." Elle soupira.

Les sourcils de Severus se soulevèrent à son insu.

Pomona sourit tristement, "Il était très bon avec les plantes."

"Je ne le savais pas." soupira Severus, "Il y avait beaucoup de choses que je ne savais pas au sujet de monsieur Londubat."

Y compris les faits essentiels; comme le fait que la maladresse du garçon était causée par un dommage nerveux de sa main dominante. Le fait que le tremblement irritant du garçon était causé par l'appréhension que des coups devraient suivre toute voix qui s'élèverait. Son incapacité à suivre les instructions venant du besoin de faire attention à l'endroit d'où viendrait la prochaine menace. Sa rêverie constante étant le résultat d'une dissociation.

Severus se leva, sentant soudain que s'asseoir là une minute de plus serait intolérable. Il arpenta la pièce plusieurs fois.

"Augusta sera là d'une minute à l'autre." Poppy Pomfresh contourna le rideau pour le leur annoncer calmement, "Je suggère que vous deux alliez dormir un peu. Albus, Minerva et moi resteront avec elle. Lorsqu'ils partiront, je vais aussi dormir un peu, et nous organiserons les examens pour demain matin."

"Combien de guérisseurs peut nous prêter Sainte Mangouste?" demanda Severus.

Poppy soupira, "Ils peuvent nous en prêter dix, jusqu'à la fin de la semaine."

Severus fit quelques calculs mentaux, "N'y a-t-il que nous trois," il désigna Pomona, "qui sommes qualifiés pour effectuer les examens?"

Severus et Pomona avaient tous deux des certificats en médicomagie, vu la nature de leurs domaines respectifs. Ils avaient tous deux besoin d'être capables de lancer des charmes de diagnostic et de soins médicaux basiques.

Poppy acquiesça.

Pomona se frotta les yeux avec lassitude, "Je vais aller dormir alors."

"Je vais faire de même." acquiesça gravement Severus en direction des deux femmes. Il jeta un dernier coup d'œil au corps de Londubat.

Poppy caressa son bras alors qu'il partait. Pour quelqu'un qui ne le connaissait pas, il aurait paru indifférent. Cependant, Poppy connaissait l'homme depuis plus de la moitié de sa vie et savait que derrière sa façade de glace, il éprouvait le choc et la douleur aussi profondément que n'importe qui d'autre. Il s'arrêta un instant pour lui saisir la main.

Comme toujours, il était plus simple de mettre ses sentiments de côté et de poursuivre ce qui était prévu. Dans ce cas, Severus devait planifier la façon dont il allait amener près d'un millier d'adolescents, dont certains pourraient être très résistants, à parler avec un guérisseur ou un médicomage de leur vie familiale. Ils auront tous besoin d'examens et d'entrevues approfondis. Ҫa allait être un vrai cauchemar.

Pire encore, tout devrait être fait par Severus, parce que Minerva et Albus aidaient tous les deux dans les planifications d'Augusta Londubat pour l'enterrement de son petit-fils, depuis qu'elle avait été débarrassée de toutes les accusations sous l'influence du Veritaserum.

Après cela, ils furent confrontés à une enquête menée par le conseil d'administration.

D'après la légilimencie que Severus avait utilisée avant que le garçon ne meure, c'était l'oncle de l'enfant qui avait commis l'agression. Apparemment parce que la magie du garçon n'était jamais assez puissante pour satisfaire l'homme.

Severus tressaillit. Londubat avait été terrifié par l'intrusion de Severus dans ses pensées. il avait fallu un certain temps pour convaincre le garçon d'arrêter de se débattre, et de simplement lui céder ses souvenirs. Puis, l'étincelle qu'avait été la vie de Neville Londubat avait tremblé et s'était éteinte, tombant enfin dans les ténèbres. Severus était revenu à lui-même, le regard perdu dans des yeux morts.

"Arrête." se dit-il, rudement, à voix haute, chassant l'image de son esprit. Il n'avait pas senti le poids de la culpabilité depuis la mort de Lily. Il n'avait pas aimé le garçon, non, mais il n'avait pas vu ce qu'il aurait dû voir. Il aurait dû voir les signes, les signaler à Minerva ou à Poppy, ou même à Albus.

Il savait mieux que quiconque à quoi ressemblait le mal particulier de Londubat.

Il se précipita vers ses quartiers avant que quiconque ne puisse l'intercepter. Une potion de sommeil l'appelait. Une longue semaine l'attendait.