Voici le premier chapitre d'une histoire qui a un parcours étrange xD Enfin étrange, façon de parler! Non en fait ma correspondante anglaise et moi-même l'avons mise au point ensemble. Elle écrit (en anglais). Je traduis. Plutôt simple non. Parfois elle écrit des morceaux de l'histoire en français pour progresser et je me charge alors de la corriger. Mais bon tout ça tout le monde s'en fout (?) donc je ne vais pas m'attarder.

Juste un petite précision, cette première partie fait office de prologue, les chapitres seront donc plus longs que ça xD

Bonne lecture! Et reviews please =)


The shadow of memory

~ Prologue ~

Je collai ma joue contre la vitre. Voilà maintenant près de deux heures que nous roulions, le taxi s'enfonçant toujours plus dans la forêt sur les chemins caillouteux. Je soupirai. Le contact de mon souffle chaud contre la fraîcheur de la fenêtre forma un petit nuage de buée. Comme un gosse j'y inscrivis mon nom : Heero Yuy. Une des rares choses que ma mémoire avait accepté de me rendre. Et oui, je suis amnésique, totalement dénué de passé.

Frustrante comme sensation, comme si mon propre corps avait décidé de me trahir, que ma conscience s'était lâchement enfuie. Tenez par exemple, lorsque le nom de quelqu'un ne vous revient pas quoi que vous fassiez, qu'il est à la lisière de votre lèvre… Il suffirait juste d'un petit quelque chose qui vous aiderai et…Non !

Il vous échappe et là c'est vraiment…Vraiment comme ce que je ressens en permanence. Je ne sais ni qui je suis, ni qui j'étais. Le passé forge le présent et moi, je n'en ai pas. Je ne suis qu'une coquille vide. Je suis tout le monde et personne à la fois.

Au moment de mon réveil trois ans auparavant, j'avais découvert que si je m'étais moi-même abandonné, il y aurait au moins une personne qui jamais ne me laisserait. Je m'étais noyé en ouvrant à nouveau les yeux sur un monde que je ne connaissais plus, dans un océan de compréhension, de gentillesse et de soutien. J'avais rencontré Quatre. Pendant une année entière, il m'avait hébergé, supportant chacune de mes crises d'angoisses. Ces deux années passées avec lui furent consacrées à mon éducation humaine. Car si toutes mes capacités intellectuelles étaient restées intactes, celles des relations humaines avaient sacrément morflées ! J'en étais même arrivé à me demander si ce n'était pas dans ma nature de toujours faire des phrases courtes, de ne parler que pour dire le strict nécessaire ou de dresser cette barrière glaciale entre les gens et moi.

Mais je n'étais plus rien et ces années auprès de Quatre m'avaient fait renaître des cendres d'un ancien « moi ». Deux stades totalement opposés de la vie s'était enchaînés. Ma mort, puis ma naissance.

Je m'étais séparé de Quatre au bout de deux ans. Mes « crises » de panique devenaient plus fréquentes et ingérables. Je ne voulais pas infliger cela à mon meilleur ami. Alors j'étais parti, prétextant des études à l'étranger. Cela faisait maintenant un an que je vagabondais, pour tenter de calmer mes crises et d'en trouver la source.

Jusqu'à ce que le devoir m'appelle. L'Organisation Zodiacale m'avait contacté et prié de venir pour une « affaire urgente » au Manoir de la Combe. Je pouvais leur servir car ils manquaient cruellement d'agents et je crois que certaines choses en moi les intéressaient. Ils avaient tenu bon de me prévenir que Quatre serait de la partie. Aucune autres précisions. Mille fois merci.

Je ne savais pas exactement pourquoi je devais intervenir là-bas mais la présence de Quatre dans un lieu m'aurait sans doute fais voyager jusqu'à l'autre bout du monde. Qu'allai-je lui dire pour mes études ? Il était évident que j'allais être assailli de questions…ou étriper.

-Vous êtes bien sur que c'est ici, que vous passez vos vacances, jeune homme ? Vous ne voulez pas aller ailleurs ?

Je relevai la tête et offrit au chauffeur du taxi un demi-sourire énigmatique made in moi-même. Le leçons de vie humaine de Quatre ne voulaient décidemment pas rentrer. Les traîtresses. Ah ! Si maintenant je me souviens ! Paraître sympathique et plein d'entrain.

-Absolument certain ! répondis-je tout en ponctuant ma réponse d'un hochement de tête enthousiaste. Ou presque. De toute ma façon mes réserves de sympathie avaient du s'épuiser dans mon effort pour sourire…même pour un demi sourire…

Il m'observa un long moment avec insistance dans le rétroviseur. Un peu trop d'insistance, même. Je me raidis et l'observai d'un air froid et calculateur. Je connaissais bien ces regards. Ceux qui en disent un peu trop. Ceux qui suggèrent un peu trop. Ceux qui vous déshabillent un peu trop. Je le scrutai sans rien dire, vrillant mes yeux dans les siens. « Baisse les yeux et ne me regarde pas comme ça, sale pervers ! » pensai-je le plus fort possible.

Il détourna soudain le regard, comme mal à l'aise. Il avait compris le message. Je n'étais pas intéressé. Je soupirais d'agacement et d'épuisement. Suggérer à quelqu'un de faire quelque chose demandait beaucoup d'énergie. C'est l'un de mes dons comme Quatre les appellent. Moi j'appelle plutôt ça des problèmes. Sauf chez Quatre, son don d'empathie est exceptionnel. Bien que très ennuyant d'après lui. Et je pense que je peux comprendre cela. Percevoir les émotions de chaque personne, apercevoir le leur passé (hormis le mien, bien entendu), ne pas pouvoir toucher un objet sans deviner immédiatement qu'il appartenait dans le temps à la Reine Machin. Oui, je confirme cela doit être fortement éprouvant.

La psyché humaine est complexe. Quelques individus en particuliers sont capables d'exploiter certaines parties de leur cerveau. Développer leur conscience des choses, étendre leurs sens, imposer leur volonté, entrapercevoir le passé…

Ce sont ces personnes là que Organisation Zodiacale recherche. Des personnes comme Quatre et moi. Ca ne fait pas de nous des héros, bien au contraire. Grâce à cela nous supprimons, exorcisons des êtres réduit à errer. Ceux qui n'obéissent à aucune loi physique. Ceux qui n'ont plus de corps. Ceux qui n'ont plus de vie. Ceux qui refusent la mort. Les Ombres. Appelés fantômes, esprits ou ectoplasmes dans certains cas d'ignorance.

La petite voiture pris un virage, me tirant de mes pensées. Je fronçai les sourcils.

Enfin j'apercevais le Manoir De la Combe. A vrai dire, son architecture imposante lui donnait plus des airs de château. Pas que des airs, en fait…Il était immense autant en long qu'en large. On n'avait même pas envie de savoir le nombre de pièces qu'il y avait. C'aurait été inutilement contrariant. Pour moi en tout cas.

C'est le genre de choses que seuls les riches arrivent à trouver normal. Non mais sérieusement, vous trouvez ça normal vous, une « maison » de deux cent et quelques salles ? La galère quand quelqu'un veut visiter ! Je soupirai. Ah ! Les riches…

Cela dit Quatre aussi est plutôt riche mais lui n'affiche pas sa puissance en habitant une baraque démesurément grande. Sa maison a seulement…seulement…Euh une petite quarantaine de pièces… Oh dieu ! Mes réflexions ne me mènent jamais à rien. Je soupirai à nouveau.

Le taxi s'arrêta devant les grilles du portail en fer forgé. Je me grouillais de sortir et manquais de soupirer d'extase. Après plus de deux heures de route, assis dans une voiture, marcher devenait vraiment très plaisant. Je me dégourdis les pattes une minute, puis entrepris de sortir mes affaires de la voiture. Trois valises. Non je ne suis pas un fan des gardes robes gonflées à bloc. Ni un inconditionnel des produits cosmétiques. Je suis simplement un professionnel. OZ m'a envoyé deux valises remplies d'appareils de détection la semaine dernière. Du coup je les avais emmenées juste au cas où…Je grimaçais en soulevant la première. Plutôt lourde.

Je parvins tout de même à les sortir du coffre. Bon ! Deuxième étape : payer le chauffeur. Je m'obligeai à coller sur mon visage un micro sourire trop superficiel à mon goût et me dirigeai vers lui. Je fouillai mes poches un court instant et en sortis quelques billets que je lui tendis. Je marmonnai un vague « Gardez la monnaie ». Je voulais juste qu'il se casse au plus vite. Il les saisit rapidement sans me jeter un regard puis retourna s'enfermer dans la bagnole. Ah ! Au moins il avait retenu la leçon. Je m'autorisai un petit rire narquois.

Deux minutes plus tard, le son du moteur avait disparu. Je me tournai alors lentement vers le manoir. Imposant, droit. Sans doute à l'image de son propriétaire. Qui sait ? Tout ce que je peux dire c'est que l'atmosphère qui s'en dégageait était tout sauf accueillante. Elle générait en moi une sensation de malaise, comme si ma présence n'était pas tout ce qu'il y avait de plus attendue. Sensation renforcée lorsqu'un vent violent s'engouffra dans mes cheveux, faisant virevolter mon long manteau de voyage. Un frisson me parcouru l'échine, électrisant toutes les cellules de mon corps. Alors comme ça je n'étais pas le bienvenu ? Je m'en doutais. Un de mes problèmes est d'attirer à moi toutes sortes de poisses. Ces vacances s'annonçaient amusantes…

A peine je fis un pas qu'une étrange mélopée s'éleva. Le vent m'amenait un chant que je reconnus dès qu'il fut assez distinct pour mes oreilles. Super…

C'était une vieille comptine anglaise. « London bridge » si ma mémoire est exacte. Ah ! Quelle ironie pour moi d'employer ce mot! Je me souvenais avoir déjà entendu la jeune soeur de Quatre, Gabrielle la chanter.

Stone will last for ages long,
For ages long, for ages long,
Stone will last for ages long,
My fair lady.

Mentalement je traduisais.

La pierre demeure à tout jamais,

A tout jamais, à tout jamais,

La pierre demeure à tout jamais,

Ma belle dame.

Je frissonnai. La mélodie avait des allures macabres, chuchotée comme un secret. Et ce froid qui s'insinuait en moi, amenant le doute et la lâcheté tel un poison. Perfide. Un serpent dont la langue fourchue écorche le courage et chaque parcelle de ce que vous êtes. Dommage ! C'est bien essayé mais moi, je ne suis rien.

La poussière se souleva .Un rire cristallin retentit. Puis le vent retomba. Le silence s'installa, seulement ponctué par les battements précipités de mon cœur. C'était un silence assourdissant si une telle chose était possible.

"Tu ne devrais pas être ici…"

-Pourquoi? Demandais-je simplement avec la désagréable impression de parler dans le vide.

J'aurais eu l'air malin si quelqu'un m'avait surpris…

J'entendis des éclats de rire et une petite fille apparut. Par réflexe je reculai. Tout en moi me hurlai de dégager. Je ne suis pas un lâche mais c'est l'effet que produisent les choses que j'expédie parfois en enfer ou je ne sais où.

Je scrutai la gamine, méfiant.

Elle semblait si jeune mais je savais pertinemment qu'elle n'était plus qu'un souvenir, une Ombre et cela la classait directement dans la catégorie des trucs dangereux. Les souvenirs le sont parfois. Enfin dans mon cas, mon passé à l'air de craindre, sinon ses manifestations ne me seraient pas aussi douloureuses. Cette enfant, elle, était condamnée à errer pour l'éternité, à voir défiler les âges mais à tout oublier jour après jour. Tout sauf son désir de vengeance. La Faucheuse est un rapace avide, certes, mais les âmes trop amochées ne l'intéressent pas. Une âme maudite. Reniée par les humains et par la réalité. Trahie par la vie et oubliée de la mort.

Voilà ce qu'était la fillette qui, la tête penchée sur le côté, m'observait attentivement. Voilà pourquoi je ne me laisserai pas berner par ses airs tendres.

Alors je me contentais de la fixer froidement. Cela dura peut-être dix minutes ou plus, je ne sais pas. C'est elle qui la première détourna le regard. Elle se tourna vers la forêt et s'y enfonça en courant. Zigzagant habilement à travers les arbres.

Je clignai des yeux surpris. Elle ne me considérait donc pas comme une menace. Je ne savais pas si je devais me sentir blessé dans mon amour propre ou incroyablement reconnaissant. J'avais l'impression étrange que je venais de passer une sorte de test. Je m'accordais quelques secondes pour reprendre mes esprits. Puis je pris en main mes valises et avançai doucement vers le portail. Je sonnai à l'interphone et attendis deux interminables minutes. La patience ne rentre pas dans mes caractéristiques, vous l'aurez vite compris. Une voix résonna depuis le petit appareil:

-Bienvenue au Manoir de la Combe, déclinez votre identité.

-Yuy Heero de l'Organisation Zodiacale, répondis-je d'une voix traînante

Ma réponse sembla être satisfaisante car dans les secondes qui suivirent le portail s'ouvrit dans une tempête de grincement.

Je m'engageais dans une allée bordée de haies gigantesques qui me sembla interminable.

Enfin j'atteignis le manoir et il me parut encore plus imposant que toute à l'heure si cela était possible. Des rosiers grimpaient artistiquement sur chaque mur d'où dépassaient de vieilles pierres. Des balcons s'ouvraient sur l'extérieur et donnaient un relief inattendu à un ensemble magnifiquement dosé. Des centaines de fenêtres d'étalaient sur toute la façade de la bâtisse.

En un mot. Hum…Stupéfiant.

Un domestique apparut à la porte et m'invita à entrer.

Je m'apprêtai à le suivre quand soudain j'aperçus quelqu'un accoudé à l'une des fenêtres. Une femme ? Pas sur. L'individu était beau, très beau, de cela j'étais sur. Personne ne se serait aventurer à contredire cela, j'en étais certain.

Un garçon. Oui, après observation, je pouvais dire avec certitude que c'était une jeune homme, sans doute pas plus âgé que moi.

Les yeux levés au ciel, dans une moue dédaigneuse et rêveuse.

La brise agitait légèrement ses cheveux donnant de la volupté à un visage que je devinais fin. Tout en lui transpirait la sensualité, la grâce… la mélancolie ?

L'inconnu baissa le regard vers moi. Et ce que je vis là me fis chavirer et écorcha mon cœur allant chercher des émotions dans les fins fonds de mon âme. L'attirance. Oui j'étais tout simplement aspiré par ses yeux de couleur violette rappelant de manière troublante celle de l'améthyste. Ses yeux me rappelaient quelque chose. Une vague d'émotion envahit ma poitrine au point que c'en devint étouffant. Joie, tristesse, abandon, manque.

Un sourire sembla fleurir sur ses lèvres et j'y répondis ! Hein ?! Je me repris rapidement calquant sur mon visage une expression neutre et baissai les yeux sur mes chaussures. Puis ne supportant pas plus longtemps que mon regard soit détaché de lui je levai à nouveau la tête et vit son éblouissant sourire se transformer en une douce ironie. Ma réaction l'avait amusée ?

Soudain il fit volte face et je vis ces longs cheveux caramel onduler quelques secondes pour disparaître lorsqu'il s'éloigna de la fenêtre.

Qui était-ce ? Je secouai la tête et me tournai vers le domestique que j'avais oublié et qui m'avait semblerait-il patiemment attendu.

- Qui vis dans ce Manoir, hormis M. le Comte ? demandai-je d'une voix que j'essayais de rendre monotone.

- Monsieur le Comte a une petite fille. Mademoiselle est âgée de 5 ans, répondit l'homme d'une voix terne.

Cet homme aurait presque put concourir avec moi dans la catégorie « M. Impassible». Rien ne transparaissait sur son visage, ni dans le ton de sa voix.

-Personne d'autre ? m'enquis-je curieux.

-Non, monsieur, personne à part les domestiques de Monseigneur, répondit-il.

Il me fit signe de le suivre et je pénétrai dans le Manoir…


Voilà je posterai la suite dans pas trop longtemps j'espère! Reviews s'il vous plait ^^!