Bonjour à tous, et merci d'avoir cliqué sur cette fiction, j'espère vous donner envie de la lire.
Tout d'abord, je tiens à préciser que j'ai écris cette histoire dans un cadre particulier, avec des personnages et un thème imposé. Ce thème, c'est le "Policier". Je n'étais pas très enthousiasme à l'idée d'écrire ce genre d'histoire, car le genre policier et moi ne sommes pas amis. Cela s'en ressentira sûrement dans l'intrigue et je tiens à m'en excuser. Mais malgré cela, ce fut un réel plaisir d'écrire ces mots ! C'était même passionnant, je ne regrette rien. Je souhaite que vous ressentiez cette passion au travers de mes mots.
Elle fait exactement quatre chapitres. Mais rassurez-vous, ce sont quatre chapitres plus ou moins long. Ils sont tous écrits, il ne manque que ma relecture. vous aurez donc tout en temps et en heure. Je publierai rapidement, sûrement chaque semaine. Cela se décidera une fois que j'aurais vu si le chapitre un est apprécié. Et dans tous les cas, je finirai par la publier entièrement, cela ne sert à rien de laisser une histoire sans fin. C'est un sacrilège.
Disclaimer : l'univers et certain personnages appartiennent entièrement à J.K Rowling.
Bonne lecture à vous !
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- Chapitre I -
La ville de Paris, siège des passionnés de la beauté architecturale. Une ville de lumière et de joie, rassemblant la population élégante que formait les français. Aujourd'hui, la ville était silencieuse. Les bâtiments, d'ordinaire si resplendissant dans leur beau mélange de modernité et de conservation, étaient mornes et gris. Au-dessus de la ville, une couverture de nuages. Le ciel ne bougeait plus, immobile dans cette masse sombre, plongeant la ville dans une inquiétude sordide. De temps à autre, un éclair zébrait le ciel, le séparant en deux sous la force de son éclat. Alors le tonnerre donnait de sa voix, un bruit sourd provenant des profondeurs du ciel, résonnant en coeur avec les vibrations de la Terre. La ville semblait ainsi prise en coupe entre deux forces incontrôlables de la nature, si fragile.
Paris semblait morne, Paris semblait silencieuse et pathétique, sous la force des éléments. La pluie diluvienne ne faisait qu'amplifier l'obscurité du ciel, l'eau plaçait la ville dans une brume plus épaisse encore, malmenant le bitume sans fin. Sur le sol dur, entre les bâtiments et les monuments, hier encore si brillants, quelques rescapés de la nuit, Parisiens et autres, arpentaient sans fin les rues silencieuses. Les quelques hommes ou femmes sursautaient au passage bruyant d'un véhicule, au bruit strident d'une alarme ou d'une porte qui claque. Il est certain que les rues de Paris tremblaient sous la sensation électrique de l'air ambiant. Ou alors était-ce la pression du jour qui, planant sur l'horaire de chacun, plongeait la ville dans l'inquiétude viscéral de ne pas voir la lumière du jour accompagnant l'habituel levé du soleil ? Point de rayon de soleil, point de lumière illuminant les nuages de sa couleur de feu. Aujourd'hui, Paris resterait sombre, le soleil n'avait pas sa place dans le ciel obscur.
Un homme blond, ici au coin de la rue, traversait les routes, filait sous les lampadaires lumineux, sans ne jamais s'arrêter. Il avançait sans ralentir, traversant la foule qui semblait s'écarter sur son passage. Les hommes, les femmes, les enfants, la population parisienne le laissait fendre la masse compact qu'ils formaient, s'éloignant sans y prendre garde, puis reprenant leur place sans sourciller. Il semblait avoir un contrôle absolu sur la foule, il ne se laissait pas frôler, toucher, bousculer. Tout comme les gouttes d'eau qui glissaient autour de lui, dessinant la forme fine et élancée de son corps, sans ne jamais parcourir sa peau blafarde. Il était inatteignable.
Dans l'obscurité de la foule et de la ville, il se démarquait facilement. Au milieu des cadres Parisiens munient de leur costume-cravate sombre et de l'air renfrogné du bougre pressé, parmi les femmes au regard fixé sur l'horizon, l'homme portait ses cheveux blond, presque blanc, tirés vers l'arrière. Cela en parfait accord avec la longue cape argenté qui recouvrait son corps. Il était comme une étoile dans la masse sombre et épaisse du ciel, de la foule déshumanisée. Il se tenait droit, ne détournant pas son regard d'acier de son objectif : le bout de la rue qu'il traversait.
Ce matin était un matin comme les autres. Chacun se dirigeait vers son but, son travail : les grandes tours d'affaires attendaient leurs employés. Soudain, la foule cessa de s'affairer, semblant attendre quelque chose. Les véhicules défilaient les uns après les autres dans un bruit assourdissant. Le blond' ne se sentait pas atteint par cette pression, il attendait lui aussi, calme. Comme la pluie, le bruit n'était pas présent autour de lui. Il sourit doucement en sentant la foule se presser soudainement. La route avait cessé d'accueillir les étranges véhicules d'acier pour permettre aux dizaines de parisiens de traverser le bitume en sécurité pour prendre la direction du quartier d'affaire.
"Les gens sont si pressés", pensa l'homme à la cape argenté. Lui, natif londonien, connaissait cette effervescence secouant les grandes villes. Laissant la foule le dépasser, ignorant les quelques péquenauds qui changeaient de direction sans en avoir conscience lorsqu'ils le frôlaient, il longea la route sans la traverser jusqu'à atteindre une bouche d'égout. Ignorant les klaxons et la pluie, il s'arrêta sur le couvercle de fonte et se tint immobile dans l'étrange obscurité de ce jour naissant. Un regard affûté aurait peut-être aperçu quelque chose, l'accoutrement étrange de l'homme, le bâton sombre qu'il agrippait dans sa main, la barrière invisible qui semblait arrêter le bruit et les gens autour de l'homme. Mais les moldus, parisiens ou autre, n'avaient pas le regard affûté. Alors ils ne virent pas la bouche d'égout tourner sur elle même, amenant l'homme dans une danse infernale, puis s'enfoncer soudainement dans le sol dans un bruit assourdissant. Ils ne virent pas tout cela, tout comme aucun ne se souviendrait avoir regardé l'homme aux cheveux blond presque blanc.
La plaque s'était enfoncée profondément dans le sol. Pourtant, l'homme fut soudainement illuminé par un puissant rayon de soleil qui le réchauffa instantanément. Loin était la ville sombre et humide, ici n'était que chaleur et couleur. Les grandes fenêtres offraient aux deux pièces une vue imprenable sur le ciel immensément bleu et la ville illuminée, semblant veiller sur la multitude de parisiens qui marchaient des centaines de mètres plus bas. Ils étaient tous recouvert de parapluies et d'imperméables, dans un beau contraste avec le temps resplendissant que les fenêtres magiques permettaient à l'homme de voir. Ce dernier se dirigea vers le bout de la pièce où un bureau massif faisait face aux grandes baies vitrées. Il se débarrassa de sa baguette après avoir annulé les sortilèges repousse-moldu et d'imperméabilité, et enlevé sa cape argenté. Alors qu'il allait se diriger vers une bibliothèque, une porte claqua derrière lui. L'homme se retourna, et sourit machinalement au grand homme qui venait de sortir de la seconde pièce :
« Nate, bonjour, » lui dit-il de sa voix chaude tout en en sortant de la bibliothèque une pochette cartonnée. « Nous avons quelque chose, aujourd'hui ? »
« Bonjour, » lui répondit la voix tremblante de Nate.
Son employé, collègue et ami était d'une nature nerveuse, mais l'homme ne connaissait pas de personne plus déterminé que lui.
« Pas encore, mais le Bureau nous contacte encore pour nous refiler des dossiers. Je leur ai dit que nous n'étions pas de ceux qui ramassent la bouse de dragons des autres. Comme tu m'avais dit de dire, Scorpius. » se sentit obligé de rajouter l'homme nerveux.
Scorpius sourit en entendant cela. Ce que lui disait Nate était loin d'être surprenant : le Bureau se déchirait pour avoir ses talents, et lui les rejetait sans cesse. Il ne supportait pas qu'on lui dicte son travail.
Après avoir échangé quelques banalités avec son collègue, il laissa ce dernier retourner dans la pièce adjacente à la sienne -celle qui accueillait tout ceux avec qui il travaillait- et s'assit à son bureau.
« Je te ramène quelque chose, Scorpius ? »
La voix de Nate bouscula si brusquement l'homme de ses pensées qu'il releva rapidement la tête et grimaça lorsque sa nuque craqua. Ignorant la moue contrit de son collègue, il le détailla dans l'évident désir de comprendre de quoi il parlait. Ce n'est qu'après quelques secondes, lorsqu'il remarqua le vieux blouson en cuir dont s'était revêtit Nate, qu'il compris que ce dernier sortait déjeuner. L'habitude qu'avait l'homme nerveux de s'habiller en moldu laissait Scorpius perplexe. Venant d'une famille composé uniquement de sorciers, il ne parvenait pas à saisir l'intérêt de se fondre dans la masse des moldus en s'habillant comme eux alors qu'il existait des sortilèges pouvant troubler leur perception. Un jour, il avait demandé au jeune brun l'intérêt de cela, et ce dernier lui avait répondu : "j'aime la mode moldue, alors autant m'habiller comme eux lorsque je vais là-bas. Après tout, c'est aussi mon monde". Scorpius n'avait pas compris. Ou n'avait pas voulu comprendre. Il ne lui avait plus parlé de cela, le laissant faire ce qu'il souhaitait faire. Lui ne cessait de porter ses longues robes sorcières de riche qualité et de jeter des sortilèges à tout va pour se promener comme bon lui semblait dans les rues de Londres ou de Paris.
Revenant au présent, l'homme donna une réponse négative à son collègue qui l'attendait et le regarda s'en aller. Aujourd'hui, malgré le temps sombre et la pluie, il ne souhaitait pas rester enfermé dans son bureau. L'atmosphère autour de lui était électrique, et les fenêtres magiques n'enlevaient en rien le sentiment désagréable qui l'abritait. *Ce doit être la pluie*, se dit-il en se levant. Il récupéra sa chaude cape et après un coup de baguette vers ses dossiers éparpillés, il quitta le bureau nouvellement rangé.
Le sortilège qu'il lança sur les fenêtres ensoleillés lui apprit que le Soleil factice était réellement factice : à l'extérieur, le torrent de la pluie s'abattait impitoyablement sur le sol goudronné de la ville. Se préparant au déluge, Scorpius s'abrita sous les sortilèges adéquat.
Son apparition soudaine, au beau milieu du trottoir, ne dérangea aucunement le flot de moldu qui s'échappait de ce qu'ils appelaient métro. Scorpius renifla avec dédain, posant un regard interrogatif sur cette masse compacte qui s'entassait dans des tubes mécaniques. Il était hors de question qu'il monte dedans, il fit le choix de faire le trajet à pied. L'air lui ferait du bien.
Les rues qu'il traversait ne lui restait pas à l'esprit. La brise humide le rassérénait, et son regard acier se faisait de moins en moins dur, ses épaules se détendaient et il se permit même un léger sourire lorsqu'il croisa un sorcier parisien camouflé sous un déguisement fort mal approprié pour l'époque. D'un pas guilleret, fendant impitoyablement la foule, il se rapprochait de son but, et en était heureux. Son travail le passionnait, mais il aimait s'en échapper. Il y avait de cela plusieurs années, lors de son arrivée dans la ville Française, il avait découvert cette merveilleuse boulangerie. N'étant pas habitué à trouver sa nourriture chez les moldu, il avait été bien étonné en goûtant ce sandwich sucré-salé. Il avait aimé, et Merlin seul savait combien cela était étonnant ! Cela lui avait permis d'adopter plus facilement le rythme français, et il était dorénavant bien loin de regretter son cher pays.
L'homme s'arrêta si soudainement que cette étrange femme à l'horrible cardigan vert bouteille l'aurait bousculé, si seulement elle faisait partie du monde sorcier. Comme ce n'était pas le cas, le sortilège se contenta d'agir sur la femme qui fit un écart exagéré sur la gauche, rentrant dans la même occasion dans un jeune homme bougonnant. Mais Scorpius ne vit pas tout cela. Son regard gris était fixé sur une devanture de magasin d'un jaune criard, presque désagréable à voir. Mais le parfum qui s'échappait de la boulangerie était une euphorie, pour les papilles de l'homme au cheveux blonds. Il ferma les yeux et respira longuement, dans un geste habituel, presque rituel. L'odeur le ramena des années en arrière, elle s'accompagnait toujours de la même image : celle de cet enfant aux cheveux presque blanc, riant aux éclats aux mots de son ami. Près d'eux, une magnifique femme souriait tendrement. Le souvenir était teinté de nostalgie, mais si la tristesse était et serait toujours présente, la douleur qui l'avait accompagné s'était depuis longtemps apaisée dans le coeur de Scorpius. Il avait accepté la mort de sa mère.
Affichant maintenant un grand sourire qui illuminait son visage pâle, Scorpius s'avançait pour assouvir l'intense désir qu'il ressentait à l'idée de tenir entre ses mains cette merveille qui ravissait son palais à chaque déjeuner. Il salivait d'avance. Il allait entrer dans la boulangerie, quand soudainement, une voix grave brisa le cocon de silence dans lequel il se prélassait :
« Scorpius ? Nom d'un magyar, si je savais que tu trainais dans le coin, je serais venu te trouver ! »
Le coeur de Scorpius se souleva étrangement à l'entente de cette voix. Il avait tellement de sortilège autour de lui qu'il n'était pas possible qu'une personne puisse ne serait-ce que le sentir. Il n'y avait qu'une explication à cela : la voix appartenait à un sorcier. Hésitant entre ressentir de la frustration de ne pouvoir contenter sa faim et se trouver curieux de découvrir celui qui le connaissait dans cette ville étrangère, le trentenaire se retourna dans un coup de cape vers la source du bruit. Et il ne s'attendait absolument pas à trouver ce qu'il trouva.
Devant lui, ignorant superbement les moldus qui s'étonnaient de le voir parler seul, se tenait un homme imposant malgré sa taille moyenne. Sans pouvoir s'en empêcher, le sourire de Scorpius se fit plus grand encore, tandis que ses yeux gris prenaient une teinte plus lumineuse. L'homme qui lui faisait face avait le visage froissé de rides, mais cela n'enlevait rien à la profondeur de son regard océan, la même que lors de leur rencontre. Le vieillard était trapu et étrangement il paraissait toujours aussi fort et puissant. Le coeur de Scorpius s'emballa alors qu'un sentiment qui ne lui était que rarement connu pris emprise sur lui : la gêne. Un sentiment fort désagréable qui le fit soudainement sentir plus petit, moins fort. Mais il se secoua bien vite, et bientôt il ne resta qu'une joie immense dans son coeur.
« Le temps n'a-t-il donc pas d'emprise sur vous, Charlie ? » sourit Scorpius. « Ou est-ce seulement vos gènes de Weasley qui vous permettent de garder vos cheveux roux ? »
En effet, le prénommé Charlie Weasley avait beau montrer un visage d'homme mûr, il n'avait pas de cheveux blanc ou gris recouvrant son crâne. Il avait la même chevelure depuis ses jeunes années : une masse de cheveux roux éparpillé sur sa tête, ne détonnant étonnement pas avec son visage ridé de vieil homme. Cela lui donnait un air hors du temps. A moins que ce ne soit Scorpius qui le lui attribue ?
Le grand éclat de rire chaleureux de Charlie le ramena des années en arrière, une nouvelle fois. Il n'était qu'un jeune garçon lorsqu'il l'avait rencontré. En vacances en Roumanie avec son père, après le décès de sa mère, il avait absolument tenu à visiter cette réserve connue mondialement. Il se souvenait encore du regard brillant de cet homme, lorsque son lui enfant s'était exclamé : " Un jour, j'apprivoiserais un dragon moi aussi !". L'homme, Charlie, avait gentillement sourit puis s'était accroupi près de lui en ignorant son père. "Petit", avait-il dit, "un dragon ne s'apprivoise pas. Au mieux, tu peux espérer que le dragon t'accepte auprès de lui, mais l'apprivoiser ?". Il avait alors rit sous les yeux ébahis du petit Scorpius puis : "Jamais tu n'aurais l'idée de faire ça".
Scorpius avait accepté la proposition de Charlie de visiter avec lui la Réserve, et son père n'avait pas pu le lui refuser. Il les avait suivit tant bien que mal alors que les deux parlaient sans fin de dragon. Mais Scorpius avait toujours été persuadé que son père avait apprécié cette rencontre. Sinon il ne l'aurait pas autorisé à le voir régulièrement, n'est-ce pas ?
« …si sarcastique hein ? Comme ton père ! Pourquoi t'es en France, Scorpius ? »
Scorpius se secoua en attendant la voix grave de son vieil ami. Ce n'était pas le moment de penser au passé, cette rencontre était trop surprenante pour qu'il n'en profite pas.
Il souria amicalement lorsque le roux lui donna un coup viril sur l'épaule en le regardant affectueusement.
« C'est le boulot. Je devrais vous retourner la question, aux dernières nouvelles vous habitez encore en Roumanie. »
« Et j'habite encore en Roumanie, » s'exclama Charlie en évitant un passant pressé « mais j'ai eu envie de profiter de ma retraite. Je suis heureux de te revoir, tu as bien vieilli. »
Scorpius ria et s'empressa de rappeler à l'homme roux qu'il avait près de deux fois son âge.
Alors que la discussion s'enchaînait naturellement, les yeux scrutateurs de l'homme aux cheveux presque blancs remarquèrent rapidement que si lui-même était invisible aux yeux des moldus, ce n'était pas le cas de Charlie. Les clients de la boulangerie, celle dans laquelle Scorpius n'avait pu entrer, les regardaient de plus en plus étrangement. Ou plutôt, ils regardaient Charlie, qui devait -à leurs yeux- parler seul dans la rue. Soucieux de ne pas éveiller l'attention des moldus, Scorpius décida d'amener Charlie ailleurs. Il reviendrait dans sa boulangerie un autre jour. Aujourd'hui, la rencontre avec son vieil ami était plus importante que tout et il n'avait qu'une envie : s'asseoir devant un café et discuter des heures durant avec le Weasley. Scorpius ne connaissait personne de plus intéressant que lui. Il connaissait un nombre incroyable de choses différentes, les dragons n'étaient qu'une faible partie de sa connaissance.
Les deux hommes prirent sur eux pour ne parler que de banalités sur le chemin, et c'est ainsi qu'ils se dirigèrent vers une rue attenante pour s'installer dans un café bondé.
Assis à une table, l'un à côté de l'autre sous une épaisse couche de sortilèges d'intimité, anti-moldu, et de camoufflement, Charlie et Scorpius avaient cessés de parler. Leurs mains étaient respectivement enroulés autour d'un chocolat chaud recouvert d'une couche exagérément épaisse de chantilly et d'un café court noir. Un choix aussi opposé que l'était leur comportement : si Charlie était affalé sur sa chaise, parfaitement à l'aise, Scorpius perdait l'aisance qui semblait l'animer habituellement. L'homme, anormalement intimidé, levait son regard à intervalle régulier sur le vieux sorcier, ne semblant pas croire à sa présence. Cela faisait plusieurs années qu'ils ne s'étaient pas vu, malgré un échange assidu de hibou.
Aussi loin qu'il s'en souvienne, Scorpius avait toujoursété intimidé par cet homme bien plus âgé que lui, qui avait pourtant fini par devenir un ami proche. En sa présence, le Malefoy se sentait facilement timide et peu sûr de lui, et ces sentiments se battaient avec l'amitié profonde et l'admiration qu'il avait pour cet homme cultivé, chaleureux et puissant. Oui, Scorpius Malefoy, qui avaient vécu moult aventure lors de sa scolarité, qui avait vécu des choses affligeantes alors qu'il n'était encore qu'un gamin, qui était connu des services des différents Ministères Européens, ce Scorpius était intimidé par Charlie Weasley, célèbre dragonologiste à la retraite.
« Alors, pourquoi Paris, Charlie ? » demanda-t-il en avalant une gorgée brûlante de café.
« J'ai des amis qui habitent dans le coin, » répondit Charlie, posant ses yeux bleus sur l'homme qui lui faisait face. « Ca faisait longtemps que je ne les avais pas vu alors me voilà. Mais si j'avais su que tu étais là, je serais resté plus longtemps. »
« Et je vous aurait obligé à le faire ! » sourit Scorpius. « Quand repartez-vous, mon vieil ami ? »
« Hum, dans quelques jours je présume. »
« Ca nous laisse du temps ! »
Adossé à sa chaise, un sourire continuellement posé sur son visage ridé, Charlie ne quittait pas des yeux le trentenaire qui lui faisait face. Le Petit, comme il aimait l'appeler, lui avait manqué. Scorpius était une bouffée d'air frais pour le vieil homme qu'il était, il avait toujours apprécié cela. Il avait été un jeune garçon curieux et aventurier et dorénavant, il avait devant lui un homme compétent et passionné. Oui, Scorpius était un homme bien.
« Nous aurons l'occasion de nous revoir, Petit, » dit-il, et, jugeant Scorpius de haut en bas, il rajouta : « tu sembles aller bien, les affaires marchent ? »
« Elles marchent, » confirma-t-il. « C'est calme en ce moment, même si le Bureau me demande de plus en plus… »
« Tu sais qu'ils aiment travailler avec toi, tu vois les choses qu'ils ne parviennent pas à voir. Tu devrais te sentir flatté de leurs demandes, et en accepter quelques-une si tu ne veux pas qu'ils te relèguent au rang de vulgaire informateur, » le taquina le vieux roux.
« Charlie ! Ce n'est pas ce que je suis, vous le savez, » s'enflamma Scorpius. Il haïssait qu'on dénigre son travail. « Je fais du bien meilleur boulot que la plupart des Aurors, français ou anglais confondus ! »
L'homme aux cheveux presque blancs se rendit alors compte qu'il s'était penché sur la table, se rapprochant de Charlie sous le coup de la passion. Etonné, il se recula lorsque le vieil homme éclata brusquement de rire. Puis, regardant son ami rire grassement, il se fustigea mentalement : il le connaissait, il savait que l'homme avait fait cela pour le faire réagir. C'est ce qu'il faisait toujours lorsque Scorpius ne comprenait pas et qu'il refusait de changer d'avis. Cependant, Scorpius n'avait plus quatorze ans, et Charlie n'était plus son mentor. Le travail était une question sensible pour le Malefoy, puisqu'il avait fait de sa passion son métier. Il avait tout donné pour son travail, allant jusqu'à quitter son pays et ses amis. Charlie le savait.
Scorpius soupira et offrit tout de même un sourire à son ami, lorsque celui-ci cessa de rire.
« Petit, » chuchota Charlie de sa voix grave de vieillard, « je sais que tu es le meilleur, j'en ai jamais douté ! »
« Alors pourquoi voulez-vous que j'aille sous les ordres de ces…»
« Je ne veux pas ! » s'exclama le roux, « il en est hors de question ! Tu travailles bien mieux seul, ou avec l'aide de ce… Comment s'appelle-t-il, déjà ? » demanda Charlie en faisant référence au collègue de Scorpius.
« Nate. Il n'apprécierait pas de savoir que vous oubliez toujours son prénom, depuis le temps que je vous en parle. »
« La vieillesse, » s'affligea Charlie d'un air dramatique avant de reprendre sérieusement : « les Aurors ne savent pas à quel point tu es meilleur qu'eux. Je dis juste qu'il est bon de les avoir dans son camp, de temps à autre. »
« Vous avez peut-être raison, » concéda Scorpius en soupirant. « Enfin, vous viendrez au cabinet ? Vous ne l'avez jamais visité celui-ci. »
Le roux sourit de toutes ses dents, en écoutant son ami. Il laissa les secondes défiler en prenant le temps d'avaler une longue rasade de son chocolat chaud. Puis, s'essuyant la bouche de sa manche il dit :
« Peut-être, si j'ai le temps. J'ai encore pas mal de visite à faire sur Paris et aux alentours, à vrai dire. »
« Très bien, » dit Scorpius, cachant habilement sa déception. « Comment va Tömör ? » demanda-t-il soudainement, souriant largement au souvenir de la belle dragonne de son ami.
Charlie, qui s'amusait à remuer le liquide encore présent dans sa tasse, leva la tête vers l'homme qui lui faisait face. Scorpius fronça légèrement les sourcils lorsqu'il s'aperçut que les yeux bleus du vieillard s'était légèrement obscurcie. Avait-il fait une erreur ? Il sentit son coeur s'emballer dans sa poitrine, mais força ses yeux à ne pas quitter le visage de Charlie. Ce dernier le surprit en lui souriant doucement. Scorpius lui rendit son sourire, bien que toujours surpris par la réaction de l'autre homme.
« Pardonnez-moi, j'ai dit quelque chose d… »
« Non, » l'interrompit Charlie en l'affublant d'une oeillade amusé. « Non. Je suis juste surpris, peu de personne me demande de ses nouvelles ! Elle va bien, bien qu'elle soit fatigué. » Charlie porta sa tasse à sa bouche avant de la poser. Il avait oublié qu'elle était vide. « Et Blize ? Toujours aussi sûr de lui ? »
Scorpius grogna à l'entente du nom de son hibou. Celui-ci était un sacré phénomène. Alors qu'il prenait une gorgée dans sa propre tasse, Scorpiusne pus s'empêcher de sonder son ami du regard, à la recherche d'un indice. Mais rien ne laisser entrevoir ce qu'il avait cru voir, les yeux de l'homme était toujours de la même teinte et il regardait joyeusement autour de lui, se moquant allègrement de l'animal de son ami. Il ouvrit la bouche, interrompant ainsi Charlie et commença à défendre son ingrat hibou. Mais soudainement, le recoin obscur du café dans lequel ils avaient pris place s'illumina d'une lumière vive.
Mû par des années d'expérience, Scorpius se leva brusquement en dégainant sa baguette magique. Il fut surpris lorsqu'il remarqua que Charlie avait fait de même. Devant eux, la boule lumineuse grossissait de plus en plus, semblant haper l'obscurité autour d'elle. Elle se transforma, petit à petit, en un animal trop informe pour être reconnu. Alors seulement, Scorpius baissa sa baguette en faisant signe à Charlie de faire de même. Il n'y avait aucun danger, il s'agissait seulement d'un patronus, celui de Nate. L'homme ferma les yeux, recevant le message de son collègue : "Tu dois rentrer, on a une affaire. C'est… Enfin, ramène toi !".
Et la lumière disparue, aussi simplement qu'elle était arrivé, laissant les deux compères dans un silence étonné.
Charlie, qui s'était ressaisi, s'approcha de l'autre homme et lui posa une main sur l'épaule. Le regard d'acier qui se tourna vers lui était emplit de questionnement et d'étonnement.
« Que se passe-t-il, Petit ? »
« Un message de Nate, » dit Scorpius en souriant avec dépit. « Apparemment on a une affaire. Il fallait que ça tombe aujourd'hui ! »
« Le boulot est sans pitié, Scorp', » rit Charlie. « C'est urgent ? »
« Ca avait l'air, oui, » dit le blond en enfilant sa cape. « Il ne m'a pas donné de détail, mais il a l'air pressé. Je ferais mieux d'y retourner... , » rajouta-t-il sur ton hésitant.
« Bien sûr que tu dois y retourner ! » s'exclama son ami. « Envoie-moi un hibou quand tu auras le temps, on se voit avant que je ne parte. »
Après avoir convenu de se revoir bientôt, les deux hommes payèrent leur consommation et sortirent ensemble du café, retrouvant bon gré mal gré la pluie et le mauvais temps. L'un devant transplaner et l'autre préférant les transports moldu, ils se séparèrent rapidement : Scorpius donna une étreinte viril à son ami et mentor à laquelle ce dernier répondit, toujours en riant, avant de quitter les lieux en sifflotant. Grimaçant, l'homme blond le regarda s'éloigner, cet homme trapu à la chevelure de feu, à peine courbé par l'âge, qui s'enfonça dans un métro parisien sans crainte. Il aurait tant aimé passer plus de temps avec lui. Cette rencontre lui laissera une sensation douce-amère pendant les jours qui suivront. C'était toujours ainsi avec Charlie. Son aura semblait haper les gens, il avait un charisme qui impressionnait toujours Scorpius.
Prenant soin de vérifier qu'il était camouflé par ses sortilèges, Scorpius transplana dans un Crak ! retentissant.
Il réapparut sur la bouche d'égout qui gardait l'entrée de son bureau. Sans perdre de temps, il agita sa baguette et l'instant suivant, il se trouvait face à un Nate plus nerveux que d'habitude. Scorpius lança un regard agacé à son collègue, bien que celui-ci ne soit en rien responsable de l'arrêt brutal de ses retrouvailles avec Charlie. A grand pas, il s'avança dans son bureau en accrochant sa cape au porte manteau, près de celle du brun. Puis, soupirant en voyant que ce dernier le suivait sans parler, il s'adossa contre son bureau et planta ses yeux d'acier dans ceux couleur chocolat de son collègue.
« Que se passe-t-il, Nate ? »
« Le Bureau m'a contacté et… »
« Quoi ? » s'exclama Scorpius. « J'espère que tu n'as rien accepté d'eux ! Je ne suis pas d'humeur à travailler avec ces incompétent ni à… »
« Scorpius ! » l'interrompit Nate qui ignora les joues gonflées de son ami et patron. « Scorpius, ils ont besoin de nous cette fois-ci, ce n'est pas qu'une histoire d'objets obscurs que je ne sais quel moldu pourrait se procurer. »
Scorpius se força à respirer calmement en entendant ces mots. Il avait été virulent, mais il avait vite compris qu'il fallait l'être avec le Bureau.
« Ils ont insistés, » continua Nate. « Tu sais qu'ils n'insistent jamais. »
« Oui, je sais. Pourquoi ont-ils besoin de nous ? » soupira Malefoy.
« Et bien… »
Nate hésitait. Nate était nerveux, mais il n'hésitait jamais. Il savait parler à Scorpius, allant droit au fait et n'hésitant pas à dire les choses comme elles l'étaient. Alors pourquoi hésitait-il, se demanda l'homme blond en soulevant ses paupières, posant un regard scrutateur sur son collègue.
« Nate. »
Ce dernier leva un regard nerveux sur son patron et soupira soudainement, comme si expirer tout l'air de ses poumons l'aidait à dire ce qu'il devait dire. Il regarda sans un mot Scorpius se déplacer vers lui et lui attraper l'avant bras, qu'il serra dans un geste amical.
« Nate, que peut-il bien se passer ? » demanda Scorpius, haïssant l'agacement qu'il entendait dans sa voix.
« Cela fait des jours qu'ils sont sur l'affaire, » souffla Nate. « Ils disent que c'est horrible et qu'ils ne trouvent pas d'indices, rien pour les mettre sur la piste d'une réponse. Et…, » hésita une nouvelle fois Nate. « Et ils m'ont dit que c'était d'une violence inouïe… La dernière fois que nous avons travaillé sur une affaire semblable, Scorpius, c'était lors de la Récidive. »
Le sang de Scorpius se gela dans ses veines à l'entente de ces mots. Bouche bée, il regardait Nate, et sans s'en rendre compte, ses doigts s'étaient crispés sur l'avant bras du brun qui ne dit rien, comprenant la surprise et l'horreur du blond.
« La Récidive ? » répéta Scorpius, blanc.
"La Récidive" était le nom d'une sombre affaire qu'il avait mené au début de sa carrière, la plus difficile. Non parce qu'ils avaient difficilement trouvé le coupable, mais bien parce qu'il avait vu des choses qui l'avaient marqués pour toujours. Son travail n'était pas des plus facile, ni des plus sécurisé. Il avait fait face à toute sorte de voyous, de criminels de bas étages, de voleurs. Il côtoyait la violence et la peur, mais depuis la fin de la Guerre, les meurtres étaient rares dans le monde sorcier. "La Récidive" était une affaire de meurtre, de mage noir et d'horreur. Il avait mis de nombreux mois à se remettre et à rêver des corps mutilés et rouge de sang. Il n'avait jamais oublié. Scorpius ferma les yeux, tentant de repousser les souvenirs. Il apprécia la main de Nate qui se posa sur la sienne.
Une affaire semblable à la Récidive ? Cela voulait dire meurtres, ou pire encore. Scorpius sentait déjà ses entrailles se retourner, la colère enflammer ses veines. Malgré son métier, il haïssait la violence.
« Dis-moi, » dit-il froidement à Nate,plantant son regard d'acier dans le sien.
Nate était aussi blanc que lui, ce qui jurait avec sa chevelure brune et son teint habituellement hâlé. Il tremblait légèrement.
« Un meurtre. De provenance sorcière à coup sûr, » murmura Nate. « Mais il y aurait la présence de violence physique. D'après le bureau, le corps a été retrouvé dans.. »
« Dans quoi, Nate ? » dit Scorpius d'une voix dans timbre.
« Dans des défections de dragons… »
Des yeux étonnés se levèrent sur Nate. La technique était peu commune, mais Scorpius devina rapidement que le corps serait difficilement identifiable. Il soupira en se frottant les yeux, se préparant mentalement à des jours voire des semaines d'horreur.
« Je suppose qu'on va devoir aller au Bureau… »
Il s'écarta de Nate pour remettre sa cape.
« Attends, Scorpius… »
L'homme blond se retourna presque avec crainte, n'aimant pas le ton qu'avait pris la voix de son ami.
« Quoi ? »
« Le corps, ils ne l'ont pas identifié. Mais c'est inévitablement celui d'un jeune enfant. »
