Ces disclaimers ne seront postés qu'en début de l'histoire et non de chaque chapitre. s'il-vous-plait prenez donc le temps de lire cette interminable note d'auteur.

Disclaimer 1 : L'univers Twilight appartient à Stephenie Meyer, je ne fais que mettre ses personnages en scène dans différentes histoires à but non-lucratif et dans des situations qui la feraient rougir. Lesdites situations sont le fruit de mon imagination et je vous remercie d'avance de ne pas les plagier.

Disclaimer 2 : Les titres des chansons indiqués en début de chapitre ou de partie, présents pour illustrer l'ambiance du moment, ne m'appartiennent pas et je n'en tire aucun profit.

Disclaimer 3 : Sans ma bêta Lagasy, vous auriez probablement pleins de coquilles et autres fautes de français glissées dans mes paragraphes. Merci à elle pour son travail et ses conseils.


N/A : Voici la version finale d'une histoire que j'ai déjà posté sans l'aboutir, mais que je reprends à bras le corps. Elle a eu beaucoup de réponses positives au premier jet et pour cela je vous remercie. J'espère que celles qui la découvriront pour la première l'aimeront tout autant que celles qui la reprennent après toute cette attente.

Sur ce, assez de blabla et je vous laisse découvrir, ou redécouvrir, le premier chapitre de cette histoire.


CALL ME MAYBE?

"Wake up in the morning feeling like P. Diddy (Hey, what up girl?)

Put my glasses on, I'm out the door - I'm gonna hit this city (Lets go)

Before I leave, brush my teeth with a bottle of Jack

'Cause when I leave for the night, I ain't coming back"

- PUTAIN Alice !

J'attrapais mon portable en grognant et décrochais avant la fin de la sonnerie. C'était déjà le troisième appel de ma meilleure amie et je savais qu'elle ne s'arrêterait pas avant que j'ai répondu. Sa foutue sonnerie personnalisée allait me rester en tête toute la matinée. Pourquoi est-ce que je l'avais laissée faire ça ? Alice et ses foutus yeux de cocker…

L'ironie voulut que j'interrompe "Tik Tok" au moment où Kesha reprenait le refrain. Je continuais alors par automatisme tandis qu'elle répétait "Wake up in the morning feeling like…"

- P. Diddy, baillais-je dans le téléphone.

- Sans vouloir te vexer, tu n'es ni black ni pleine aux as, et a encore moins un égo surdimensionné donc je ne vois pas pourquoi tu t'identifierais à P. Diddy mais… Oh, tu reprenais les paroles de la chanson ! Vraisemblablement peu dérangée par cette confusion, ma pile électrique de meilleure amie poursuivit d'un ton guilleret. Enfin bon, aucune importance. Figure-toi que je l'ai rencontré !

J'avalais ma salive, la bouche pâteuse, et baillais de nouveau avant de marmonner "ouais" d'une voix rauque.

En général, Alice ne se contentait que d'une légère participation aux conversations qu'elle menait. Il suffisait de pas grand-chose pour la relancer dans ses récits souvent plus longs que les sermons du Pasteur Newton - elle devait prendre exemple sur lui, c'était la seule explication possible.

Une minute et une bataille plus tard avec mes coudes pour me redresser en position assise sur mon lit, ses mots prirent finalement un sens dans mon esprit pour finalement former une phrase.

- Répète un peu ? marmonnais-je en jetant un coup d'oeil vers mon réveil.

Six heures trente-deux.

Les chiffres verts me narguaient tandis que j'observais le samedi de grasse matinée que j'avais prévu me passer sous le nez en secouant un mouchoir d'adieu.

Quelles étaient les chances pour que moi, Bella Swan, sur les quelques 12 702 379 habitants de Pennsylvanie, je tombe sur la seule foutue personne de cet état levée à six putain d'heures du mat pour son foutu jogging ? Je n'étais pas du genre à jurer mais je n'aimais ni la torture, ni les chiffres en dessous de 10. J'étais une mauvaise personne quand on me réveillait si tôt.

Alors qu'Alice répétait pour la énième fois son explication, à laquelle j'accordais malheureusement très peu d'attention, je me penchais afin d'enclencher la radio. Immédiatement les notes de "Moves Like Jagger" résonnèrent dans ma chambre. Étant donné l'heure, je savais que mon père était déjà levé pour aller travailler et n'hésitais donc pas à pousser le volume à son maximum, remuant des fesses sur mon lit.

- Can take me away and make it okay, I swear I behave!

Alice comprit qu'elle m'avait perdu et hurla que je devais la rappeler quand je serais "levée, nourrie, douchée et en état de me parler sans chanter comme une casserole". Inutile de préciser qu'elle n'avait aucune oreille musicale pour trouver mon interprétation ratée.

Sautant d'un bond de mon lit, je commençais à me préparer tranquillement tout en chantant. Je souris amusée en songeant que j'étais aussi lunatique que ma mère - en rogne comme jamais deux secondes plus tôt, puis aussi joyeuse qu'un elfe de Noël juste après. Mes mouvements s'interrompirent alors que je boutonnais mon chemisier, et mon regard se posa automatiquement sur la photo collée sur mon miroir face à moi. Penser à ma mère sans avoir les larmes aux yeux me surprit, mais elle nous avait quitté et dans un sens, tourner la page n'était pas si mauvais. Pleurer sa perte indéfiniment n'allait pas me la ramener.

Je terminais de m'habiller puis ouvrit la porte de ma chambre et passais la tête dans le couloir afin d'hurler "bonjour papa" dont le destinataire était dans la cuisine occupé à prendre son petit déjeuner.

- Tu peux me préparer mon chocolat s'il te plaît ? ajoutais-je en direction des escaliers, attendant d'apercevoir l'ombre de mon paternel. Je l'entendis ronchonner puis le vis se déplacer et souris sachant que comme toujours, il avait accepté.

Mon père était le meilleur père du monde. Je veux dire, je ne disais pas ça juste parce que j'étais sa gamine et qu'il était mon héros - j'étais très objective dans ma vision des choses. Il m'avait toujours soutenue et épaulée, quelles que soient mes décisions; il avait toujours été présent pour moi, dans mes bons comme mes mauvais moments. On avait toujours tout fait tous les deux, même si nous n'étions pas seuls, puisque bien entourés par nos amis et familles adoptives.

Négligeant comme toujours de mettre des chaussons, je sortis de ma chambre pieds nus et prête à affronter une nouvelle remarque de Charlie sur mon comportement de "baba cool crasseuse". Je rétorquais qu'étant la personne faisant le ménage, j'étais la mieux à même de savoir si le sol était sale ou non, et il roulait des yeux en laissant tomber le sujet. Cette discussion était devenue coutumière mais sincèrement, c'était une de nos petites habitudes dont je ne me laissais pas même si les choses allaient changer cette année.

J'entrais dans la cuisine et allais m'asseoir à la table où Charlie était déjà installé. Il avait posé mon verre devant ma chaise et je m'en emparais après lui avoir embrassé la joue pour le remercier. Je n'avais jamais réussi à passer au café, ce dont se moquait Charlie en disant que j'avais raté une de mes "transitions vers l'âge adulte". Mais étant donné le goût amer du breuvage, je ne pensais pas rater grand chose. Et puis tant que je n'en buvais pas, Alice ne le faisait pas non plus, ce qui était une bonne chose pour l'avenir de la planète – et surtout le mien – puisqu'une Alice décaféinée était déjà bien assez excitée comme ça.

- Déjà levée ?

Je sirotais mon chocolat en souriant à la tentative de mon père d'aborder une conversation. Lui non plus n'était pas très loquace, mais il devait avoir une mini crise cardiaque en constant que j'étais déjà levée et habillée à six heures. Il connaissait mon histoire d'amour avec le sommeil et si quelque chose m'en détournais, on pouvait compter sur l'instinct de flic de Charlie pour reprendre le dessus sur son mutisme naturel et laisser place à la curiosité de l'investigateur. Je m'apprêtais d'ailleurs à répondre que c'était la faute d'Alice, même s'il devait s'en douter, quand il recommença à parler.

- Je savais que j'aurais dû regarder la météo avant d'aller dormir. Je n'ai pas de parapluie spécial "pluie de limaces".

Et on se demandait pourquoi les flics célibataires poussaient comme des champignons. S'ils avaient tous le même sens de l'humour que mon père, et soyons honnêtes juste un instant pour dire que c'était le cas, je pouvais affirmer avec certitude que les statistiques de célibat continueraient de grimper.

Je réagis avant qu'il ne se lève pour vérifier que l'eau du robinet ne s'était pas transformée en sang. Une autre de nos petites habitudes - et les stats montent en flèche.

- C'est pas la fin du monde Pa, marmonnais-je en finissant mon verre dans un petit bruit de succion assez sonore pour le faire grimacer. Et pour ton information, ce sont des grenouilles qui se sont abattues sur l'Égypte, pas des limaces, vieil homme !

Charlie rougit légèrement avant d'ouvrir son journal en grand pour s'y camoufler derrière.

- Des limaces, des grenouilles… des bestioles immondes quoiqu'il en soit, marmonna-t-il en cherchant alors la page des sports d'un air innocent.

- Oh, regardez le grand policier apeuré devant les bêtes gluantes ! raillais-je en jouant des sourcils même s'il ne me voyait pas.

- Je ne suis pas apeuré, rouspéta-t-il en tournant les pages plus brutalement. Il commençait à être agacé et je n'avais pas besoin d'avoir un instinct de flic pour le savoir.

- Oh si tu l'es. Qui chasse les araignées à la maison ? contrais-je quand il posa son journal et ouvrit la bouche pour protester. Il la referma immédiatement et reprit son journal. Je crus l'entendre dire que les araignées n'étaient pas gluantes, mais je fis comme si de rien n'était pour lui laisser sa dignité d'homme de la maison.

J'avais eu à passer un examen d'Histoire Antique l'année dernière, et une épreuve portait sur les plaies d'Égypte. Charlie m'avait vu souffrir pendant des jours et m'avait aidé à réviser - une des innombrables raisons faisant de lui le meilleur père du siècle. Cela expliquait sa connaissance sur les plaies en question, même s'il pensait qu'elles étaient sept au lieu de dix.

Je n'avais jamais eu le cœur de le corriger.

- C'est à cause d'Alice que je suis debout, avouais-je finalement en me servant un nouveau verre de lait.

J'entendis Charlie glousser. Seule Alice était capable de le faire glousser. Il l'avait toujours adorée et rien que d'entendre son nom le mettait de bonne humeur. Je retournais à mon lait en méditant sur cette pensée, et Charlie à son sport.

Je n'arrêtais pas de jeter des coups d'œil à la pendule du salon, me contorsionnant pour réussir à l'apercevoir sans avoir à me lever de ma chaise. Charlie finit par soupirer, agacé d'entendre le bois grincer.

- Arrête de te tortiller dans tous les sens, la dernière chose dont j'ai envie c'est de t'emmener à nouveau à l'hôpital pour une fracture de la cheville.

Je grognais en me ratatinant sur ma chaise, devenant parfaitement immobile car il avait entièrement raison. Quelques années plus tôt, j'avais voulu attraper le bouchon de la bouteille de lait tombé à terre et étais tombée à mon tour, me fracturant la cheville… Bien que mon père avait été plus effrayé que moi ce jour-là, puisqu'après des années à me casser toute sorte de choses j'étais plus ou moins blasée, Charlie n'hésitait pas à me rappeler ma maladresse pour me maintenir sous une certaine surveillance. On se taquinait sans cesse sur tout, car c'était un moyen sûr d'exprimer notre affection sans tomber dans le mélodrame. Dans la famille Swan, les grandes déclarations d'amour n'étaient pas notre fort.

Au bout d'un moment, je me remis cependant à remuer sur ma chaise. Je mourrais d'envie de me retourner pour vérifier l'heure, mais Charlie allait vraiment me tuer si je le refaisais. Je finis donc rapidement mon verre et me levais pour le mettre dans la machine à laver. Nous l'avions acheté un mois plus tôt, quand le tour de Charlie était venu pour laver la vaisselle, et qu'il avait eu la bonne idée d'acheter une machine capable de le faire pour lui. S'il pouvait trouver une machine capable de l'habiller et de le faire manger, j'étais sûre qu'il la prendrait sur le champ. Comme ça il pourrait passer sa vie assis devant la télé à regarder les matchs de baseball. Je souris tendrement en rangeant mon verre et remontais dans ma chambre pour avoir cette fameuse discussion avec Alice.

Une fois affalée sur mon lit, je m'emparais de mon téléphone et appuyais sur la touche rapide où était programmé le numéro d'Alice.

- T'es en état de me parler ? attaqua Alice sans ambages.

C'était pour son côté spontané que j'adorais cette fille. Enfin ça, c'était ce dont j'essayais de me persuader depuis que je la connaissais.

Alice et moi n'étions au début pas destinées à être les meilleures amies du monde, tout simplement parce que son frère Emmett était le mien. Je n'avais que cinq ans et Emmett six quand il m'avait présentée à sa petite sœur du même âge que moi, mais ça ne s'était pas bien passé: Alice avait très mal pris le fait que je préfère jouer aux petites voitures plutôt qu'aux poupées et avait mis plus de trois mois avant de m'adresser la parole. Une fois son pardon accordé, nos rapports s'étaient grandement améliorés et nous étions tous les trois devenus inséparables, ce jusqu'au lycée.

Emmett et moi étions en effet allés dans un lycée sportif et Alice au Creative Arts High School, un des lycées artistiques de l'état, se destinant au monde de la mode depuis toute jeune. Puis j'étais allée à la même faculté qu'Emmett, soit l'Université de Pennsylvanie, et Alice s'était inscrite dans une école spécialisée dans les métiers de la mode afin d'obtenir un diplôme d'Associate of Arts, qui lui permettait d'être d'ors et déjà dans la vie active. Avec ce diplôme en poche, elle avait décroché un job de conseillère d'achats pour une marque de vêtements et s'amusait à relooker toutes les personnes débarquant dans le magasin où elle travaillait.

Emmett allait quant à lui débuter sa quatrième année à UPenn, pour obtenir son Bachelor en Business Science. Pour ma part j'allais entamer ma troisième année du Bachelor of Arts, en spécialisation Histoire, ce dont je n'étais pas peu fière.

Bien que séparés en cours depuis de nombreuses années, nous n'avions jamais perdu contact - cela aidait sans doute d'avoir des parents amis, la même église, et des maisons dans le même quartier. Quoiqu'il en soit, nous allions tous les trois être de nouveau réunis puisqu'Alice s'était à son tour inscrite à UPenn. De ce qu'elle m'avait expliqué et sans le charabia administratif que je n'avais pas retenu, son diplôme précédent était l'équivalant des deux premières années du Bachelor en Fashion Design, dont elle avait besoin pour ouvrir son propre cabinet de stylisme. Ainsi elle rejoignait la formation en troisième année, et faisait enfin parti de cette fac qu'elle avait appris à adorer sans jamais y avoir étudié.

- Vas-y, raconte-moi tout, déclarais-je en revenant rapidement au présent.

Alice couina et enchaina sans perdre de temps, sans doute par peur que je me désintéresse de son histoire.

- Alors j'étais au parc, en train de courir mes six kilomètres quotidien, je grognais à la mention de ce jogging qui m'avais coûté ma grasse matinée, mais la laissais poursuivre. Quand d'un coup je suis rentrée dans un gars. Je changeais de chanson sur mon iPod, parce que c'est passé de "Check It Out" à un truc pourri genre-

- Alice. Je soupirais en secouant la tête. Elle se laissait toujours emporter par les détails, et moi, je m'endormais. Focus.

- Euh, ouais, t'as raison. Désolée, se reprit-elle. OK, donc je fonce dans ce type, et je m'apprête à péter une gueulante parce qu'il ne regardait pas où il allait- Je faillis lui faire remarquer qu'elle non plus, mais me retins juste à temps en me mordant la langue, me rappelant qu'elle allait me le faire payer longtemps si je ne prenais pas son parti face à un inconnu. -Quand j'ai relevé les yeux vers lui. Et là, blocage total.

Je me redressais, intriguée.

- Blocage total ? demandais-je. Genre, bafouillage, rougissements… genre moi ?

- Ouais exactement ça ! Ce mec Bella, il était juste… wow. J'ai même pas de mots pour le décrire !

- Vraiment ? Bon bah je raccroche alors, passe une bonne journée ! me moquais-je en faisant mine de raccrocher.

- Okaaaaay ! rit-elle en augmentant le volume sonore. Ce que tu peux être chiante !

- Mhhm, c'est pour ça que tu me kiffes, roucoulais-je.

- C'est ça ouais. Alors, ce mec… putain il était le plus beau que j'ai jamais vu. Genre mannequin Abercrombie & Fitch. Mon esprit s'évada un instant, revisitant les images de la vidéo des mannequins de la marque faisant du playback sur "Call Me Maybe". Je crois que je lui ai demandé s'il en était un justement, m'avoua-t-elle en baissant la voix. J'éclatais de rire et la poussais à poursuivre. Je suis en pleine phase une.

Oh. L'heure était grave… ou pas. Selon la façon dont avait réagit le gars en question.

Pour les paumés du fond de la salle: Alice vivait selon une liste, un truc vachement calé régissant sa vie amoureuse. Nous l'avions écrite quand on avait quatorze ans, et ce que j'avais toujours pris pour une blague, Alice l'avait toujours traité très sérieusement. Elle suivait tous les points de La Liste à la lettre une fois qu'elle était entrée en phase une – et quand elle n'y entrait pas, elle se contentait d'un petit flirt et d'un "coït rapide mais satisfaisant" comme elle le disait si bien elle-même.

Les paumés du fond de la salle sont toujours là ? OK.

La "phase une" pouvait correspondre à la définition du coup de foudre, sans les sentiments de fou, les étincelles et tout le toutim. Mais c'était tout aussi sérieux. Pour Alice du moins.

- Et il s'est passé quoi ? demandais-je prudemment en pinçant les lèvres, me retenant de parler trop vite à sa prochaine réponse.

- On a discuté et j'ai découvert qu'en plus d'être canon à mort, il est super gentil. Satisfaite de ce début de réponse, je me mis à sautiller sur mon lit. Ledit lit se mettant à grincer, je fis une note mentale pour penser à le remplacer quand j'entendis Alice poursuivre. Alors j'ai pas réfléchi et je lui ai dit "Hey, je viens juste de te rencontrer et c'est fou mais voilà mon numéro, donc appelle-moi peut-être ?"

- Et, et ? la pressais-je. C'était comme les feux de l'amour. N'ayant pas vraiment le temps pour mener une vie sentimentale satisfaisante en ce moment, je vivais par procuration à travers les sexcapades d'Alice.

- Et il m'a dit d'être certaine qu'il m'appellerait sans tarder !

Charlie passa devant ma porte au moment même où je couinais en chœur avec Alice. Même son regard moqueur ne fit pas chuter ma bonne humeur. Je me levais et sautillais dans tous les sens autour de lui, mon père prit au piège dans le couloir devant ma chambre. Alice criait avec moi et Charlie lui dit bonjour au travers du téléphone, ce qui nous calma un peu.

Et là, la sonnette de la porte d'entrée retentit. De même que les hurlements hystériques.

- AHHHHH ! Elle est là, elle est là !

- C'est elle, c'est elle ? répétait Alice dans le combiné alors que je dévalais les escaliers comme une furie. Une fois que nous étions à un niveau aussi élevé d'excitation, il était difficile de nous faire redescendre sur Terre.

J'ouvris la porte en grand et pris dans mes bras la personne debout sur le palier de ma maison, celle que j'attendais tel le messie depuis une semaine déjà.

- Oui c'est elle ! répondis-je d'une voix toujours aussi incroyablement aigüe.

- Salut Rosalie ! cria Alice, assez fort pour que les voisins dans la rue d'en face l'entendent.

Ma cousine éclata de rire tandis qu'elle me serrait dans ses bras, et parla près du micro du portable que j'avais éloigné de mes oreilles par instinct de conservation. Mon ouïe était une chose à laquelle je tenais et elle était en danger constant en ayant Alice comme meilleure amie, mais on pouvait trouver des parades.

- Salut Alice ! Alors, t'arrives quand ?

- Dans dix minutes ! À tout de suite les filles ! dit-elle en raccrochant finalement. Je l'imaginais bien danser dans le salon sous le regard blasé de ses parents, habitués à ce genre de débordements de sa part - et de la mienne, il fallait l'avouer.

- Alors, pourquoi vous êtes énervées comme ça les crevettes ? s'enquit Rosalie en entrant, faisant comme chez elle. Ce qui était assez juste, puisque la déesse blonde n'était nulle autre que ma cousine.

Comme toute déesse qui se respecte, elle traînait d'ailleurs cinq énormes valises et je dû l'aider à les porter dans l'entrée. Qu'elle parte deux jours ou deux ans, Rosalie emportait toujours autant d'affaires, pour parer à tout selon elle. C'était une de ces choses de filles qui n'avaient pas été comprises dans mon bagage ADN féminin et que je faisais semblant de comprendre.

Charlie descendit les escaliers au moment où je refermais la porte, et Rose alla l'embrasser dans une envolée de boucles blondes, alors qu'il répondait à ma place.

- Parce qu'Alice est en "phase une"… quoi que ça signifie. Il tenta de s'éloigner rapidement en se rendant compte que je le dévisageais d'un air outré.

- Tu nous écoutais ! l'accusais-je en plissant les yeux.

- Je m'inquiétais juste de ce qui te faisait crier à ce point, se justifia-t-il en levant ses mains en geste de défense.

- Ouais, bien sûr Mr Curieux, commençais-je en m'apprêtant à lui faire regretter son geste, quand Rosalie m'interrompit.

- En "phase une" ? me demanda-t-elle, toute excitée à son tour et me rappelant ensuite à l'ordre. Chaque chose en son temps - l'explication, puis la punition de Charlie. Ses yeux bleus brillaient de joie et sa bouche s'étirait en un grand sourire. Raconte ! me pressa-t-elle en me poussant alors vers les escaliers pour monter dans ma chambre.

- Mais c'est quoi la "phase une" ? entendit-on Charlie demander l'air complètement perdu depuis le bas des escaliers alors qu'on le laissait seul avec le bazar des affaires de ma cousine en bas pour lui rappeler comme c'était vilain d'écouter aux portes.

- T'occupes Oncle Charlie ! répondit Rosalie en fermant la porte de ma chambre derrière nous. Je lui racontais alors ma conversation avec Alice, puis en attendant que cette dernière arrive, nous parlâmes de son voyage.

Rosalie Hale était la fille de l'unique sœur de Charlie, Marylin. Elle vivait à San Francisco avec sa mère et son père Josh, qui étaient tous deux médecins. À cause de leur métier ils n'avaient pas beaucoup de vacances, surtout qu'ils passaient leur temps libre à voyager dans les pays défavorisés pour donner des soins gratuits. Eux et Rosalie ne se voyaient donc pas beaucoup seuls à seule, puisque nous passions Noël, les seules vacances qu'ils s'accordaient, tous ensemble chez eux. Les Hale étaient à la fois les personnes les plus riches et les plus généreuses que je connaissais. Qu'on vienne me dire que ces deux traits ne s'accordaient pas ! Les Hale défiaient les statistiques et si les gens n'étaient pas d'accord, eh bien on pouvait juste dire que Rosalie écrasait leurs préjugés avec ses Louboutin.

Rose n'était venu qu'une seule fois auparavant en Philadelphie, où j'avais toujours vécu. Elle avait 27 ans et fini ses études depuis quelques temps, et possédait un Bachelor d'Ingénierie ainsi qu'un Master qui lui avaient permis d'ouvrir son propre garage deux ans plus tôt, après avoir économisé pendant un an en travaillant comme conceptrice de programmes et technicienne dans une boîte d'ordinateurs.

Non seulement Rose était une femme absolument magnifique - grande, blonde et mince, avec des yeux bleus perçant et des lèvres pulpeuses, de très belles formes et un corps tonifié par la danse (passion que nous partagions toutes les deux) - mais elle était aussi plus qu'intelligente. Elle avait hacké le site du FBI à seulement 9 ans, et ils n'avaient jamais rien pu faire contre elle puisqu'elle était encore une enfant. Elle pouvait le refaire quand elle voulait, mais ne tentait pas le diable pour autant, ayant toujours été très censée, la tête bien fixée sur les épaules… du moins quand elle n'était pas avec moi et Alice.

J'avais présenté les deux filles les plus importantes de mon univers par webcam quand nous avions dix ans, voulant absolument que mes meilleures amies s'entendent. Heureusement pour moi ce fut immédiatement le cas: elles avaient commencé à parler de fringues et ironie de l'histoire, j'étais allée jouer avec Emmett aux supers héros. Depuis, nous étions toutes les trois très proches et j'étais plusieurs fois allée à San Francisco voir Rosalie accompagnée d'Alice.

La porte de ma chambre s'ouvrit à la volée sur ladite fille et j'éclatais de rire, suivit par Rose, quand j'entendis mon père crier du bas des escaliers.

- Euh... Alice est là !

Mon père était habitué aux allées et venues d'Alice comme d'Emmett, tout comme les parents de ces derniers étaient habitués à me voir squatter chez eux sans prévenir. À tous les trois nous étions une famille et nos parents n'avaient jamais cherchés à nous séparer, acceptant notre relation et nous traitant chacun comme leurs enfants. Charlie, Esmée et Carlisle étaient d'ailleurs très proches eux-mêmes, passant des soirées ensemble dès qu'ils le pouvaient. Les Masen l'avaient beaucoup soutenu à la mort de Renée et au final, nous nous étions bien trouvés.

- Aloooors, Bella m'a dit qu'il était sexy, mais sexy comment ? demanda immédiatement Rosalie à Alice. Celle-ci vint s'asseoir entre nous sur mon lit et recommença à détailler Jasper avec des étoiles dans les-

- Euh ? risqua Rosalie en levant la main pour l'interrompre. Jasper ?

Je fis les grands yeux à Rosalie, l'avertissant que le terrain était carrément miné et volcanique. Je savais qu'elle trouvait le prénom du gars totalement surréaliste et se posait des questions sur la santé mentale d'Alice pour avoir donné son numéro à un mec portant un nom pareil, mais je la dissuadais d'émettre son avis à ce sujet. Heureusement, Alice ne remarqua pas mes gesticulations pourtant peu discrètes - ma main passant devant mon cou comme un couteau n'était pas le plus simple des signaux de danger - et soupira rêveusement.

- Je sais ! C'est tellement romantique !

- Romantique ? laissais-je échapper en gloussant. Rosalie me fit à son tour les gros yeux, soulevant les sourcils à plusieurs reprises. Je lui tapais l'épaule et elle grimaça en se la frottant. Toujours les yeux dans les étoiles, Alice poursuivait son discours sans se rendre compte de notre manège.

On pourrait croire qu'avec un Bachelor, un Master et un garage, Rose serait devenue une adulte, une vraie. Ce qu'elle était dans un sens. Mais le truc était qu'au fond, elle avait vraiment une âme de jeune fille, se comportant comme si elle venait tout juste d'avoir vingt ans, ce que je trouvais carrément génial. Elle pouvait pourtant aussi se montrer très sérieuse et d'une certaine manière c'était flippant parce qu'elle ressemblait à Charlie dans ses moments là. La plupart du temps, c'était elle qui avait les idées folles tout en nous faisant respecter nos horaires de révision. Je me souvenais d'une fois où elle m'avait emmenée à une rave, nous faisant rentrer à 5h, mais me forçant à étudier jusqu'à 8h pour un examen que j'avais le lendemain.

- J'ai vraiment hâte que tu le rencontres, Bells, poursuivit Alice en tournant la tête vers moi, me reconnectant au présent. Rosalie écarquilla les yeux, à mon image.

- Je ne ferai pas de double rendez-vous ! m'écriais-je vigoureusement en me reculant, prenant appui sur mes coussins tout en plaçant l'un d'eux devant moi en protection.

- Hein ? Mais non, pas ça ! réagit Alice en éclatant de rire. D'un coup celui-ci s'arrêta pourtant et elle se mit à me fixer avec ses petits yeux plissés.

- Je déteste quand tu fais ta tête de chinoise constipée ! me plaignis-je en ramenant mes genoux sous mon menton.

Rosalie éclata de rire, mais Alice la stoppa d'un geste en levant la main devant elle, tout ça en continuant de me fixer.

- Toi, commença-t-elle en me désignant d'un index. Tu ne m'as pas écoutée ce matin.

Oh oh. Je commençais à comprendre que j'avais gaffé.

- Euh si, bien sûr… je… tu… Je m'interrompis quand je commençais à bafouiller puisque j'étais de toute façon fichue. Putain Alice il était six heures du mat ! Tu t'attendais à quoi de ma part ? m'énervais-je en me relevant.

- Faut pas lui demander grand-chose avant dix heures, intervint Rosalie d'un ton neutre. Elle se fit pourtant toute petite lorsque le regard furieux d'Alice se posa sur elle - notre amie avait beau faire un mètre de moins que nous, elle était très intimidante.

- C'est vrai, concéda-t-elle en soupirant.

Cette fille était encore plus lunatique que moi. Au regard que me lança Rosalie, je compris qu'elle pensait la même chose. Mais franchement, tout ce qui m'importait c'était que l'orage était passé.

- Donc ce matin, je te disais qu'on allait certainement le croiser plus tôt qu'on le pense, puisqu'il va à UPenn, m'apprit-elle en frappant dans ses mains.

- Ouais ? souris-je en sautillant. Alice avait un peu déteint sur moi après toutes ces années, me communiquant sa façon d'être enjouée et sautillante. Et moi, je l'avais rendue lunatique.

Hey, on ne peut pas avoir un bon impact sur tout le monde.

- Oui ! J'ai trop hâte de tomber sur lui sans le faire exprès !

- Comme si tu n'étais pas déjà allée farfouiller les dossiers d'UPenn pour connaître ses horaires, se moqua Rosalie avec un grand sourire. Alice balaya sa phrase d'un haussement d'épaules.

- Si connaître la fille de la secrétaire chargée des dossiers des élèves peut m'être utile, pourquoi m'en priverais-je ?

Vu comme ça…

Alice sauta alors sur ses pieds.

- Bon, et bien il ne nous reste qu'une chose à faire !

- C'est ce que je crois ? demanda Rosalie avec un sourire digne du Cheshire en se levant à son tour, joignant les deux mains comme pour que son souhait se réalise vraiment.

Oh non. Mon esprit fit le rapprochement Alice + Jasper + haute probabilité de le croiser très souvent à UPenn + Rosalie, et il n'apprécia pas du tout le résultat.

- Shoppiiiiiiiing ! s'écrièrent mes deux meilleures amies en levant les mains en l'air.

Et merde.