Salut tout le monde,

Voilà ! Je vous ai barbouillé une nouvelle fic ! Sur Zelda, cette fois.

Juste trois choses :

- d'abord, les chapitres sont longs, alors au besoin, imprimez-les ou enregistrez-les si vous voulez les lire en plusieurs fois ( enfin, c'est qu'un conseil ! )

- ensuite... ben ça serait gentil de votre part de me reviewer... Oki je suis lourd mais : REVIEWS PLEASE ( j'en veux un maxx lol ), merci beaucoup d'avance !

-pour finir ( c'est le plus important ! ) : amusez-vous bien !

Je vous embête pas plus longtemps.

Bonne lecture .


THE LEGEND OF ZELDA :

- Le destin d'Inirée -

Première partie : Une fée amoureuse.

« Dans l'immense forêt d'Hyrule,

Les siècles m'ont choisi comme le gardien spirituel des bois.

Je suis l'Arbre Mojo

Les Kokiris sont mes enfants, ils sont le peuple de la forêt.

Dès la naissance, chaque Kokiri reçoit une fée... »

Chapitre 1

La fée qui n'avait pas de Kokiri.

Une nuit fraîche et étoilée enveloppait chaque parcelle de la contrée hylienne d'un sombre manteau semé de paillettes.

Loin, très loin de la plupart des autres régions de cette partie du monde, l'immense forêt que tous s'accordaient à appeler la Grande Forêt était plongée dans un profond sommeil. Du moins en apparence, car toute une vie nocturne se développait en fait sous le couver de ses arbres, comme le laissaient supposer les faibles frottements que produisait parfois quelque rongeur craintif, le froissement léger, à peine audible, des ailes d'un prédateur ou l'atroce bruit de sussion d'un carnassier en train d'apprécier sa proie...

C'était, en tout cas, ce que percevait de cette vaste étendue d'obscurité le hibou occupé à la survoler. Ce hibou, qui pouvait paraître tout à fait banal au premier abord, avait néanmoins de quoi susciter le plus grand intérêt si l'on prêtait un peu attention à lui. Sa taille remarquable ( et même gigantesque pour un tel animal ), son aspect ne permettant de le rattacher à aucune race connue à ce jour, son attitude particulièrement étrange qui consistait à voyager de nuit plutôt que de chasser comme n'importe quel autre individu de son espèce... Tout en lui semblait ne pouvoir évoquer qu'une seule idée, ne porter qu'à une seule et unique conclusion : cet animal était on ne peut moins ordinaire.

Et pour cause ! Le hibou avait bel et bien un but à atteindre ; et, dominant les flots d'un feuillage sauvage, touffu et enchevêtré, il s'en rapprochait au rythme des lents battements de ses immenses ailes...

Bientôt la suite ininterrompue de cimes cessa soudain de défiler au-dessous de lui, laissant place à une énorme clairière sillonnée d'un petit ruisseau et plantée, çà et là, de maigres bosquets de ces arbres touffus qui semblaient constituer la majeure partie de la forêt ou, au contraire, des silhouettes solitaires d'arbres lisses et droits. Enfin, après s'être laissé planer au-dessus d'un long sentier sinueux, il atteignit une seconde clairière, un peu en retrait de la première et beaucoup plus petite.

Si la forêt entière, durant la nuit, n'était que fausse sécurité, terreur et chasse nocturne, cette clairière-ci offrait, par contre, une véritable impression de refuge et de tranquillité. Nettement délimitée par d'immenses arbres ventrus, un doux parfum d'herbe fraîche et de plantes en fleur s'en élevait et quelques lueurs vacillantes y déambulaient, se laissant porter au gré du moindre souffle d'air.

Un seul et unique arbre occupait l'intérieur ( et même le centre ) de cette clairière, mais quel arbre ! Un arbre incomparable à n'importe quel autre. Un arbre démesuré, aux allures ancestrales, dont le tronc se dressait loin au-dessus des autres cimes et le feuillage se mélangeait avec le ciel. L'un des côtés de son tronc gigantesque était percé de trous, énormes eux aussi, qui sculptaient dedans un visage de bois que l'écorce, épaisse et rugueuse, creusait de profondes rides et qui semblait exister depuis des temps immémoriaux. Mais la chose la plus remarquable en lui - encore plus frappante que sa taille ou que son visage sculpté à même son tronc - était sans nul doute l'impression de vie qui se dégageait de cet arbre, invisible mais presque palpable, impossible à révéler mais indiscutablement présente.

Fier et droit, l'Arbre Mojo régnait sur sa clairière, ainsi que sur toute la Grande Forêt.

Remuant calmement ses ailes, le hibou alla se percher sur l'une des plus basses branches de l'arbre ( néanmoins située au-dessus de son visage ) et sembla prendre un peu de repos. Puis, l'oiseau de nuit, qui devait être le seul volatile de la contrée capable de réfléchir et de parler, s'adressa à l'Arbre Mojo :

-Bonsoir, Vénérable Arbre Mojo

Dès qu'il eut prononcé ces paroles, le vent s'engouffra dans la partie un peu évidée du tronc de l'arbre ( son vissage ) et ressortit violemment de sa bouche, par rafales. Une sorte de sifflement vibrant, comme un refrain chuchoté retentit alors dans la clairière dont le calme un peu somnolent se transforma aussitôt en un silence figé, emprunt de solennité.

-Que la nuit te sois douce, mon vieil ami, fit le vent ou plutôt, dit le vieil Arbre Mojo qui parlait au travers. Sois le bienvenu dans ma forêt... Quelles nouvelles du monde m'apportes-tu ?

Comme s'il avait préparé sa réponse depuis longtemps, le hibou se lança aussitôt dans une sorte de rapport :

- J'ai voyagé dans beaucoup d'endroits - dans beaucoup de royaumes. J'ai vu beaucoup de choses, mais aucune de nouvelle. Ni d'inquiétante. En tout cas, rien qui puisse t'intéresser. La vie coule paisiblement dans toutes les régions que j'ai pu visiter. Oh, bien sûr, les différents peuples qui se côtoient ne vivent pas dans la plus parfaite harmonie, mais disons que chaque espèce cohabite avec les autres sans vraiment prêter attention à elles. On pourrait dire qu'ils s'ignorent.

Il sembla hésiter un instant, puis ajouta très rapidement, d'une voix mal assurée :

-Et je ne vois aucune raison que cela ne continue pas.

-Et pourtant, souffla l'arbre, je redoute toujours l'arrivée de quelque malheur.

-Vénérable Arbre Mojo, intervint le hibou, toujours sur ce ton de discours préparé à l'avance, je ne doute pas de ta parole et je ne veux pas te manquer de respect, mais... tu es le seul à tenir ces propos. Personne d'autre n'a rien pressentis. Ni aucun Gardien Spirituel, ni aucune créature telle que moi, ni...

-Moi non plus, reprit l'Arbre Mojo ( à ces mots les plumes de l'oiseau de nuit s'ébouriffèrent de surprise ). Non, non, bien sûr... Les présages, les rêves prémonitoires... Ils sont presque toujours dus à des forces qui s'agitent. Or, aucune de ces puissances - aucune force maléfique - n'est à l'œuvre en ce moment. Pas encore. Cela n'a donc rien d'étonnant que peu d'êtres puissent interpréter les signes. Malgré mon grand isolement, et malgré la distance, j'ai pu parler avec le roi des Zoras.

Le hibou, qui, tout en prêtant une oreille attentive aux paroles de l'Arbre Mojo, s'était mis à lisser consciencieusement ses plumes se redressa brusquement et balbutia ce qui était manifestement ses premiers mots spontanés de l'entrevue.

-Quoi ? Tu... Comment... Oh ( il semblait avoir soudain compris ) ! Ce sont... les pierres qui...

-En effet, acquiesça l'arbre, les pierres et ma magie. Le peuple Zora non plus ne redoute rien. Ni la famille royale des Hyliens, d'après leurs dires... Mais le vent de l'ouest ne trompe pas. Les nuages non plus. Nous sommes déjà entraînés dans le courant d'évènements catastrophiques sans rien pouvoir y faire, je le crains. L'un des bourgeons de cet événement a déjà éclos et nous n'allons plus tarder à en connaître la fleure. Le second bourgeon devrait éclore ici même, dans cette forêt. Et bientôt. Oui, très bientôt...

Le hibou avait définitivement cessé toute activité et regardait à présent la partie de l'arbre en face de lui, c'est à dire ce que l'on pouvait considérer comme son front, avec d'énormes yeux ronds - même pour un hibou !

-Vénérable Arbre Mojo, demanda-t-il en adressant à un regard perplexe au front, si tu n'as été assailli d'aucun présage, comment... comment peux-tu être aussi sûr de ce qui va se passer ?

-Le vent, répéta le vieil arbre de son puissant chuchotement, les feuillages et la terre... La nature entière parle, animal, mais encore faut-il pouvoir l'écouter. L'instinct, l'intelligence ne sont là que pour comprendre et interpréter ces murmures de notre Mère...

Sur ces curieuses paroles, les nuages qui encombraient quelque peu le ciel, dissimulant ainsi la lune aux yeux des créatures de la forêt, commencèrent à se lever, et la lumière de l'astre à inonder la clairière.

-Hibou, reprit l'Arbre Mojo, la pleine lune se montre. Et une araignée a tissé sa toile au sommet de mes branches...

-Très bien, répondit l'oiseau, qui semblait au moins comprendre ce que l'arbre lui disait à présent. Mais j'ai peur de ne t'avoir pas appris grand chose de nouveau. Ni d'avoir appris grand chose de nouveau.

-Patience... assura le vieil Arbre Mojo d'un murmure lugubre.

Malgré l'étrange requête de l'arbre, et malgré ce qu'il venait de dire, le hibou ne bougeait cependant toujours pas. Il paraissait au contraire en proie à une rude lutte intérieure. Finalement, il réussit à se faire suffisamment violence pour se forcer à prononcer ces mots :

-Vénérable Arbre Mojo, hulula-t-il du ton de quelqu'un qui n'ose faire part des conclusions auxquelles il est parvenu depuis longtemps que du bout des lèvres - ou du bec, pense-tu que si jamais tes prédictions sont justes... Cela ne voudrait-il pas dire que le moment est enfin venu... ou le sera bientôt... pour les sept Sages ? Est-ce que... Est-ce que d'aussi sombres temps s'annoncent ?

-Je l'ignore, répondit simplement l'arbre ancestral, je l'ignore...

Un petit scarabée avait réussit à grimper le long de son tronc, jusqu'au niveau du hibou, fait extraordinaire puisque l'Arbre Mojo avait horreur de se laisser envahir par les insectes. Il se secoua donc de tout son être pour déloger de son écorce le petit envahisseur qui y rampait. Le hibou utilisa cette secousse comme élan pour prendre son envol. Avant de le voir s'éloigner, l'arbre lui adressa une toute dernière fois la parole :

-Hibou, mon vieil ami... Je ne sais toujours pas qui tu es... Pas réellement en tout cas... Je ne connais même pas ton nom...

L'oiseau de nuit plissa ses yeux en ce qui devait être son plus énigmatique sourire.

-J'espère vraiment que tu te trompes, répondit-il à l'Arbre Mojo en guise d'adieux avant de s'éloigner dans l'obscurité veloutée et scintillante de la nuit de ses lents battements d'ailes.

-Moi aussi, soupira le vieil arbre, je l'espère ardemment. Puisse le destin te porter bonheur et santé d'ici notre prochaine rencontre...

Mais l'heure n'était déjà plus à ces considérations. En effet, le hibou avait disparut au loin dans le ciel et la lune avait presque entièrement abandonné sa cachette cotonneuse. D'ici quelques instants, un événement allait avoir lieu ici même, dans la petite clairière de l'Arbre Mojo. Le genre d'événement auquel il se montrait toujours très attentif... Oubliant ses propres prédictions quant à l'imminence d'un prochain ( et second ) signe annonciateur d'une terrible catastrophe, le vieil arbre reporta toute son attention sur son feuillage.

Un feuillage où une araignée d'un type bien particulier, une Arafée, avait patiemment, infatigablement tissé sa toile argentée. Sur cette toile, fine et fragile comme un souffle de vent, coulaient maintenant plusieurs gouttes de rosée, qui provenaient de quelques feuilles voisines.C'est alors que la pleine lune fit son apparition, illuminant les alentours de sa lumière douce et laiteuse.

L'un des rayons de la pleine lune rencontra la rosée perlant sur la toile d'araignée.

Aussitôt, une magnifique lueur blanc pâle naquit au centre de la toile. Toutes les gouttes et gouttelettes pendantes aux filins d'argents se mirent à glisser du bord de la toile vers son centre, comme inexorablement attirées par cet étrange phénomène. Petit à petit, une forme apparut au milieu de la toile ( qui était également le centre de la lueur tremblotante ), comme si l'eau donnait corps au rayon de lune. En effet une silhouette minuscule ne cessait de s'affiner, une silhouette avec une tête, deux jambes, deux bras...des ailes... Lorsque la silhouette eut à peu près achevé de se constituer, la faible lumière qui l'entourait s'intensifia, la dissimulant entièrement aux regards.

Il n'était désormais plus possible que de voir une boule lumineuse, de la taille d'une demie feuille de l'Arbre Mojo, à en juger par sa capacité à se pelotonner confortablement dans l'une de ces feuilles. L'Arbre Mojo sentait maintenant la petite créature respirer régulièrement et devinait sa lumière varier d'intensité au rythme de son souffle. Elle dormait, visiblement épuisée. Une fois de plus, le miracle avait eut lieu.

-Inirée, murmura l'arbre. Oui, Inirée. C'est un joli nom. Bienvenue au monde, petite fée à peine éclose, petite fée kokirie. Née parmi mes branches, fleure de mon feuillage, ma sève coule à présent dans tes veines, mon esprit dans ton corps. Je suis et serai toujours ton père et ton refuge. Tu seras ma fille et ma fierté. Les autres fées t'élèveront, ainsi que moi-même... Ah, je pense qu'il est maintenant temps de donner naissance à un nouveau Kokiri...

Il avait prononcé ces derniers mots lorsqu'il avait sentit l'une de ses feuilles, en forme d'hélice, se détacher. Un petit gland pendait à la feuille, qui dansait à présent en un long vol plané vers le sol. Lorsqu'elle s'y fut posée, l'Arbre Mojo reprit :

-Maintenant, pousse, enfant de la forêt, pousse et viens rejoindre ta fée.

Puis, s'adressant une dernière fois à la boule de lumière assoupie d'un ton bienveillant et plein de douceur :

-Voilà. D'ici peu de temps, tu seras attribuée à ce jeune Kokiri ; et je te donnerai ce jeune Kokiri pour frère et pour compagnon de jeu. Tu auras quelqu'un, petite fée, tu auras quelqu'un...

Mais Inirée ne devait jamais se voir attribuer de Kokiri.

Inirée ouvrit un œil, puis deux. Elle inspecta aussitôt les environs. Tout, dans le feuillage de l'Arbre Mojo respirait une quiété somnolente, ce qui était tout à fait normal puisque le soleil n'était que sur le point de se lever.

Prenant mille précautions, Inirée s'envola doucement, sans faire de bruit, encore à moitié endormie - et à moitié songeuse. Elle ne parvenait pas à se débarrasser du vague sentiment de culpabilité qu'elle ressentait. D'accord, son attitude était très irresponsable pour une fée de vingt ans, qui serait très bientôt considérée comme une adulte, mais elle ne comprenait pas réellement pourquoi toutes les autres fées étaient complètement mortifiées à la simple idée de voler plus haut que la cime de l'Arbre Mojo - occupation à laquelle l'arbre lui avait catégoriquement interdit de se livrer dès que l'une de ses petites camarades avait été lui dénoncer Inirée. Etaient-elles donc toutes si peureuses ? Et si ternes ? Il suffisait pourtant de faire un peu attention, de s'assurer qu'aucun oiseau de proie ( qui aurait avec plaisir fait d'une fée son petit-déjeuner ) ne rôde dans ce coin du ciel et l'on pouvait s'offrir le plus beau de tous les spectacle : celui de l'aube naissante là-bas, dans le lointain.

Tout en s'élevant dans un ciel de plus en plus clair, au-dessus d'une masse d'arbres noirâtres qui cernaient la clairière de tous côtés, s'étendant jusqu'à l'horizon, elle sentit le vent souffler vigoureusement sur tout son corps et l'odeur fraîche du petit matin éveiller en elle une ardeur nouvelle. Quelle sensation merveilleuse !

Seule face à un océan de grisaille, Inirée se surprit à penser que, de toute façon, elle préférait largement ne devoir subir la présence de personne en ce moment même. Après tout, puisque la solitude était son lot, elle pouvait bien s'offrir ce plaisir pendant que les autres dormaient avec leur Kokiri. Pourtant, elle ne pouvait pas se cacher que cette solitude lui était parfois pesante, et qu'elle passait beaucoup de temps à rêvasser, essayant d'imaginer comment serait sa vie si elle avait eut un Kokiri. Aurait-ce été un garçon ou une fille ? Comment aurait-t-il ( ou elle ) été ? Et elle, dans ce cas, comment aurait-elle été ?

Cette dernière question était la plus délicate et Inirée sentait son estomac se contracter chaque fois qu'elle se mettait à penser à ça... Aurait-elle été moins décalée par rapport aux autres, comme elle en avait l'impression ( impression que son attitude venait confirmer en ce moment même ) ? Moins bizarre ? Moins différente ? Et tous ceux qui passaient leur temps à la railler et à la traiter de « Vieille Fée » seraient-ils ses amis ?

Bientôt, l'horizon se teinta d'un mince halo orange. Puis une intense lumière dorée inonda la Grande Forêt et ce spectacle tira Inirée de ses pensées, la laissant si émerveillée que ses fines ailes manquèrent un ou deux battements.

Petit à petit, le soleil émergeait de derrière les cimes aux formes cassantes et tourmentées, semblables à des bras qui auraient essayé de le retenir. Inirée avait l'impression que l'astre, qu'elle ne cessait de regarder fixement, sortait tout droit de l'infini pour venir réchauffer son corps encore un peu endormi. Comment était le monde au-delà de la forêt ? Quels pays s'étendaient là-bas ? Et qui pouvait bien y habiter ? Il arrivait presque aussi souvent à la jeune fée de s'imaginer en train de voyager de par le monde que de se demander ce qu'il serait advenu de sa vie si elle avait eut un Kokiri. Ainsi, elle rencontrait maints peuples farfelus, vivait maintes aventures palpitantes... Et se faisait des amis... Oui, d'accord, elle avait déjà des amies. Même si certaines fée et leur Kokiri ne perdaient pas une occasion de se moquer d'elle dans le dos de l'Arbre Mojo, la plupart se contentaient de lui manifester une vague indifférence et Inirée pouvait même en considérer quelques autres comme ses amies. Mais elle n'en ressentait pas moins cette étrange envie, et elle ne parvenait pas à s'expliquer ce sentiment - encore moins que les autres. En fait, c'était surtout à cause de ça qu'elle avait accepté la proposition d'Amy...

Réalisant tout à coup que le soleil était maintenant levé depuis longtemps, elle se décida à repartir en direction de la clairière, encore endormie au-dessous d'elle. Alors qu'elle se laissait paresseusement redescendre grâce à de pratiques courants d'air, elle aperçu du coin de l'œil un toukor, long oiseau aux plumes violettes et noires muni d'un fin bec jaunâtre et acéré. Elle pressa l'allure. Elle détestait ces oiseaux qui, de tous les oiseaux de proie qu'elle connaissait, étaient indéniablement les plus intelligents et les plus redoutables.

Arrivée dans le branchage de l'Arbre Mojo, elle s'arrêta quelques instants. Soudain, au milieu de ses feuilles grandes et rassurantes, deux tintements aigus et fluets, presque musicaux, retentirent, bientôt suivis de deux jeunes fées du même âge qu'Inirée environ, qui s'avancèrent droit vers elle pour l'aborder.

-Oh, bonjour, Inirée, dit aussitôt l'une d'elle, tu es déjà réveillée ? Alors, tu as bien dormi ? En tout cas, ça me fait plaisir de te voir debout à cette heure. Ca faisait longtemps qu'une ancienne histoire de l'Arbre Mojo ne t'avait pas autant intéressée...

Aille ! Enna et Llit. Deux autres fées kokiries sans Kokiri plus ou moins amies avec Inirée. Exactement le genre de rencontre qu'elle cherchait à éviter.

-Bonjouuuuur Inirée, bailla la fée qui n'avait pas encore parlé, celle du nom de Llit. Comment vas-tu ?

-Très bien, merci, et toi ? Répondit Inirée, complètement déconfite.

Visiblement, Enna et Llit n'avaient pas remarqué qu'elle venait, encore une fois, de délibérément désobéir à l'Arbre Mojo, sinon... Inirée s'amusa un court instant à imaginer quelle aurait pu être leur réaction. Sans doute à la fois apeurée et scandalisée. Malheureusement, si Inirée s'était levée si tôt, c'était aussi pour rejoindre en toute discrétion Amy, sa meilleure amie, une fée née dans un autre arbre que l'Arbre Mojo et qui n'était donc destinée à aucun Kokiri. D'une manière générale, les fées kokiries s'entendaient toujours assez mal avec « les autres fée », celles qui n'avait pas eut « la chance et le privilège de naître du feuillage du Vénérable Arbre Mojo », et qu'elles désignaient plus souvent par des appellations telles que « seulettes » ou « sauvageonnes ». C'était, entre autres, une raison pour laquelle Inirée et Amy se retrouvaient depuis toujours dans les Bois Perdus, qui étaient de toute façon bien plus intéressants que la vielle Forêt Kokiri.

Inirée ne voyait cependant pas comment fausser compagnie à Enna et Llit sans leur avouer qu'elle partait rejoindre Amy, révélation qui risquait d'avoir tout autant d'impacte sur ses deux interlocutrices que si elles l'avaient surprise, quelques minutes plus tôt, en train de voleter avec les toukors.

Puis, réalisant tout à coup :

-Ah ! Euh... Enna, qu'est-ce que tu as dit ? Sur les histoires de l'Arbre Mojo... demanda brusquement Inirée, coupant la parole à une Llit en train de répondre un obscur « Moi aussiiiii, je vais trèèèèès b... » étouffé par une symphonie de bâillements.

-Que cela faisait longtemps qu'une vieille histoire de l'Arbre Mojo ne t'avait pas autant intéressée. Si je me souviens bien...

Elle avait complètement oublié ! La veille, pendant qu'Inirée était occupée à admirer une voûte céleste somptueuse, avec ses étoiles lointaines et surtout sa demie lune argentée, tous les autres habitants de la Forêt Kokiri s'étaient réunis autour de l'Arbre Mojo pour écouter, complètement captivés, l'une de ses vieilles histoires poussiéreuses. Et comme l'Arbre Mojo n'avait pas eut le temps de la finir ( la bonne moitié des Kokiris était tombée endormie avant que l'arbre n'ait pu, lui-même, en arriver à la moitié de son histoire ) la séance avait été remise au lendemain matin. Autrement dit, la Clairière de l'Arbre Mojo n'allait pas tarder à être débordée de Kokiris et de fées avides d'écouter le récit de l'Arbre Mojo pour la millième fois au moins.

-Les autres ne devraient plus tarder, maintenant, annonça calmement Llit, comme si elle avait lu dans les pensées d'Inirée. On va passer un bon moment ! Qu'est-ce que tu en dis, Inirée ?

Pas question de supporter une fois de Le Kokiri, le Ventraterre et le truand - même si Inirée avait tout simplement adoré l'histoire la première fois qu'elle l'avait entendue !

-Hé bien...euh...marmonna Inirée, c'est à dire que j'ai rendez-vous avec Amy et...Amy, vous savez ?

Après avoir bredouillé quelques excuses en vitesse, Inirée décida de filer directement jusqu'à son lieu de rendez-vous sans prêter attention au regard quelque peu réprobateur de Llit ni au débit incessant d'Enna :

-Inirée ! Tu sais bien que le Vénérable Arbre Mojo n'aime pas beaucoup que l'on sorte dans les Bois Perdus ! C'est la guerre, et tu devrais peut-être te montrer un peu plus raisonnable !

Ding ! Exactement le genre d'énormités qui avait le don d'énerver Inirée. Elle du d'ailleurs faire un sérieux effort pour résister à la tentation soudaine de répliquer que tout ce que « la guerre » avait réussi à suscité au sein de la Forêt Kokiri, c'était une vague de curiosité aussi débordante qu'inhabituelle... Un jour, une dizaine d'année auparavant, peut-être, l'Arbre Mojo avait réuni tous les Kokiris et toutes les fées dans son immense clairière et leur avait annoncé que, selon ce qu'il redoutait, une terrible guerre venait d'éclater dans de lointains royaumes, à l'ouest. C'était une guerre très importante et qui risquait fort de s'éterniser. Il avait aussi affirmé à une assemblée de visages soudain apeurés qu'aussi grave que soit cette guerre, elle n'atteindrait très certainement jamais la Grande Forêt, qui ne représentait aucun enjeux, et encore moins la Forêt Kokiri, dont l'existence n'était connue que d'une affinité de gens. Il avait ajouté que, cependant, il valait quand même mieux éviter de jouer à cache-cache dans la partie des Bois Perdus en lisière de la Forêt Kokiri ( chose que seuls les plus courageux des enfants de la forêt osaient faire jusqu'alors ) et Inirée s'était tout bonnement vue interdite de sorties... Jusqu'à ce que le vieil Arbre Mojo se rende compte que cela ne l'empêchait en rien de continuer à partir se balader quand elle le voulait et qu'il apprenne l'existence d'Amy, ultime argument d'Inirée, qui avait achevé la rude lutte que s'étaient menés les deux stratèges sur une victoire de la fée et un relatif apaisement de l'arbre... Mais Inirée n'était pas complètement idiote et elle avait bien remarqué qu'à cette même époque, le nombre de monstres de la Grande Forêt avait augmenté.

Filant entre les bosquets de petits arbres touffus et les grands arbres solitaires qui, bien plus appropriés à cet usage, abritaient les cabanes des Kokiris, Inirée était occupée à songer que, lorsqu'elle avait un jour proposé à Amy de venir admirer l'aube avec elle, celle-ci s'était contentée de rire joyeusement et de lui répondre « Quelle drôle d'idée » lorsqu'une voix bien plus désagréable que celle d'Enna ou de Llit l'interpella :

-Hé, la Vieille Fée, qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que la Clairière Kokiri était seulement réservé aux fées accompagnée.

Diène. La peste de fée de Julen, le Kokiri à la tête la plus enflée de toute la clairière. Tellement enflée qu'Inirée se demandait comment il pouvait encore passer par la porte de sa cabane. Et tous deux se rapprochaient d'elle. De mieux en mieux, la matinée !

-Bébé Diène ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Rétorqua Inirée qui avait depuis longtemps l'habitude des railleries et moqueries en tout genre. Je croyais que t'étais déjà en train de baver au pied de l'Arbre Mojo pour qu'il te raconte une histoire.

Puis, faisant mine de s'adresser au Kokiri :

-Tu devrais peut-être lui lécher un peu les racines, à ton pôpa, ça fait longtemps que t'as plus trop fait le fayoaaAAARGH !

Diène, dont la lueur avait brusquement viré au violet, s'était précipitée sur Inirée si vite qu'avant même de se rendre compte de quoique ce soit, celle-ci s'était retrouvée à bouler dans les airs. Ballottée en tous sens, à la fois furieuse et affolée, la fée aperçut un instant son agresseur, en furie, la charger de nouveau. Elle se prépara autant que possible à encaisser le choc...qui ne vint pas. A la place, une nouvelles voix retentit, haut perché et scandalisée :

-Ne t'avise pas de l'attaquer, Diène ! Ne t'avise surtout pas de t'attaquer de la sorte à une elle.

-C'est elle qui m'a provoquée !

-Oui, bien sûr, et te connaissant, toi, tu l'avait juste accostée pour lui dire bonjour ! Non mais c'est inouï !

Inirée avait aussitôt reconnu la voix d'Aïa, l'une des rares fées kokiries qui l'appréciait, et un sentiment de soulagement l'envahit aussitôt.

Se stabilisant enfin, elle put voir Saria, la Kokirie d'Aïa dont la réputation de redoutable redresseur de tord n'était plus à faire, se précipiter vers Julen, presque aussi furieuse que sa fée.

-JULEN !

-Ahhh ! Euh, salut, Saria !

-CETTE FOIS J'EN AI ASSEZ ! Tu vas devoir t'expliquer à l'Arbre Mojo ! Toi et ta fée !

En guise de bonjour, Saria s'était immédiatement mise à hurler à pleins poumons. Bien qu'Inirée en fut ravie, elle pensa que Saria allait réveiller toute la clairière, à crier comme ça. Ce n'est pourtant pas sans éprouver une certaine satisfaction qu'elle reprit son chemin vers la lisière des bois, regrettant seulement que la Kokirie ne vocifère pas assez fort pour qu'elle puisse l'entendre lorsqu'elle serait enfin arrivée dans la forêt .

Quelle matinée ! Poussant un soupir de soulagement, Inirée se pressa derrière les immenses arbres ventrus qui entouraient la clairière, comme un rempart vivant se dressant contre les menaces de la forêt. Se promettant de trouver un moyen de remercier Aïa de l'avoir sortie de ce mauvais pas, elle se surprit à regretter d'avoir proféré de telles méchancetés à Diène et à Julen. Tous deux étaient peut-être méprisables au possible et méritaient bien ce qui venait de leur arriver, mais quand même ! Peut-être était-ce le stress qui l'avait rendue si irritable...

Un tintement caractéristique lui annonça qu'Amy était arrivée. Inirée respira profondément. Elle ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu tendue, maintenant que ça y était... Car si elle avait tant tenu à quitter la clairière en toute discrétion, ça n'était pas que pour aller faire un petit tour dans les Bois Perdus – perspective qui à elle seule faisait déjà jaser toute la population de la Forêt Kokiri...

En fait, peut-être Inirée ressentait-elle une once de culpabilité à aller passer la journée dans la Fontaine des Fées d'Amy... Car, après des année d'amitiés, des années durant lesquelles Inirée avait du finir par accepter qu'elle n'aurait jamais de Kokiri, et où elle avait pu voir l'écart se creuser entre elle et les autres fée de sa Forêt, elle s'était mise à songer que peut-être...vaudrait-il mieux...serait-elle mieux si elle quittait les clairières... Peut-être son destin était-il réellement de partir, de voyager de Fontaine en Fontaine et de voir du paysage...

-Salut, Inirée, fanfaronna Amy, une fée à l'allure joviale, ça va ?

-Oui, répondit Inirée en tentant un sourire décontracté. Oui, ça va très bien, et toi ?

Amy éclata de son rire joyeux et d'ordinaire communicatif.

-Stress pas trop, ça va aller ! C'est juste une petite journée à passer là-bas, histoire de voir pour toi ce que c'est.

Impossible de lui cacher quoique ce soit ! Mais bon, après tout, ce qu'Inirée était sur le point de faire allait peut-être bien marquer pour elle la première étape d'un changement de vie radical.

-Hmmm, hmmm, acquiesça-t-elle, ça va tu sais, je suis pas si stressée ! Alors quoi de neuf, depuis la dernière ballade ?

Ladite ballade remontait à trois ou quatre jours maximum et Inirée, qui avait sciemment posé cette question plutôt que de commencer à parler de la Fontaine des Fée qui l'attendait ou d'aborder d'autres sujet de ce genre, savait parfaitement quelle réponse allait entonner Amy :

-Que du vieux ! Claironna-t-elle. Les autres ne sortent pas beaucoup de la Fontaine, tu sais... Mais c'est déjà mieux que tes copines kokiries, si tu veux mon avis...Bon...Ben on y va ?

-Oui, c'est parti.

Les deux fées, tel deux minuscules sphères lumineuses, s'enfoncèrent dans l'obscurité permanente des Bois Perdus, voletant avec agilité entre les branches épaisses et tordues d'arbres à l'aspect torturé.

-Alors, cria Amy pour que son amie puisse bien l'entendre, impatiente d'y arriver, j'imagine...

-Euh... répondit Inirée - ce qui n'engageait à rien.

-Tu vas voir, là-bas c'est vraiment très bien ! On s'y amuse beaucoup, on chante et on danse, on apprend à soigner tout et n'importe quoi... lui expliqua Amy avec entrain.

-D'accord, se contenta de dire Inirée, qui ne tarda pas à se demander si c'était à cause de son manque d'enthousiasme visiblement assez flagrant que la conversation venait de retomber comme un insecte du tronc de l'Arbre Mojo.

Après quelques minutes de silence supplémentaire, Amy finit par reprendre la parole :

-Dis... Inirée... T'as pas l'impression qu'il y a quelque chose de bizarre, dans le coin ?

-Comment ? Répondit celle-ci, brusquement tirée de ses pensées et très surprise par l'intonation maintenant inquiète dans la voix de sa meilleure amie. Euh... Maintenant que tu le dis...

C'était vrai. Aucun chant d'oiseau ne se faisait entendre au-dessus des arbres. Les animaux avaient manifestement eux aussi déserté les lieux, car aucun n'avait croisé le chemin des deux fées depuis un bon moment. Et aucun monstre ne leur était tombé dessus non plus. La forêt donnait cette impression terriblement inquiétante de fausse sécurité, qui fait tout de suite penser à un piège, et fait monter la panique dans les esprits de façon totalement incontrôlable.

-Amy, je... J'ai l'impression qu'il s'est passé quelque chose ici. Quelque chose qui a tout fait fuir.

-Ouais, c'est bien ce qu'on dirait.

Les deux fées s'étaient instinctivement rapprochées l'une de l'autre. Les arbres semblaient leur adresser des sourires grimaçants et ironiques de toutes parts et le silence étouffait jusqu'à leur tintement.

-Des branches cassées, des plantes piétinées...Qu'est-ce qui s'est passé ici ? Murmura Amy, dont la lueur commençait à pâlir.

Inirée était déjà grisâtre. Pendant quelques instants, les deux minuscules boules continuèrent d'avancer doucement, dans un silence toujours plus oppressant...

Ce fut Inirée qui distingua la scène la première.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Qu'est-ce que c'est quoi ? Fit Amy.

-Chut ! Là-bas ! Répondit Inirée.

A une certaine distance, dans la direction qu'elle indiquait, on pouvait voir quelque chose de flou s'agiter au niveau du sol. En s'approchant discrètement, Inirée réalisa qu'il ne s'agissait pas d'une chose, mais de plusieurs. Soudain, elle reconnu les longues plumes et les becs acérés de toukors. Il y avait aussi des pestes Mojo, sortes de monstres à l'apparence de petits arbustes qui avaient une fâcheuse tendance à mitrailler tout ce qui passait à leur portée de rafales de graines de leur cru. Ces graines, qu'ils expédiaient par ce qui leur servait de bouche, étaient évidemment empoisonnées. Même si Amy et Inirée avaient bien plus d'une fois croisé le chemin d'une peste Mojo - et en avaient toujours réchappé - ces monstres étaient néanmoins capables de vivre ( et de s'y retrouver ) dans les Bois Perdus, ce qui signifiait qu'ils possédaient donc un certain pouvoir.

Inirée ne parvenait pas, par contre, à voir autour de quoi les monstres s'affairaient. Mais la chose en question paraissait étrange. Tout cela était intrigant...

-Ou c'est moi, ou ils préparent un sacré mauvais coup... On fonce ? Dit soudain Amy, cachée derrière une racine à côté d'elle.

-Quoi ?!? S'exclama Inirée, qui avait du mal à en croire ses oreille. Ca va pas ? La seule chose qu'on pourrait arriver à faire, c'est foncer dans le bec d'un toukor !

Amy avait totalement perdu son expression joviale. Au contraire, elle paraissait à présent déterminée, ce qui ne rassura guère Inirée.

-C'est pas dit, répliqua-t-elle en frémissant, comme si elle devait à grand peine se retenir de partir toute seule à l'assaut d'une bonne dizaine de monstres prédateurs. Ca pourrait les affoler, tu sais ? C'est des monstres assez craintifs, et...

-Ce sont surtout des charognards, Amy ! Tu ne veux quand même pas risquer nos vies pour un... animal à moitié dévoré.

-Justement, c'est pas normal, comme situation. Et on ferait peut-être bien d'empêcher ces saletés de manger ce...je sais pas quoi.

-Ecoute, Amy...

Mais Inirée n'eut pas le temps de lui expliquer ce qu'elle devait écouter. Un hurlement, un long hurlement terrifiant et suraigu, résonna à proximité, évitant ainsi aux fée de prendre une décision. Toukors et pestes Mojo s'enfuirent aussitôt, abandonnant leur proie à un Lobbo gigantesque, aux yeux injectés de sang et aux babines retroussées sur des crocs acérés. Quelques rayon de soleil réussirent à percer l'épais feuillage et vinrent inonder son futur dîner, dont il se rapprochait lentement

-Inirée ! Souffla Amy. C'est un Kokiri !

En effet, la créature étendue sur le sol ressemblait énormément à un Kokiri. Mais, en même temps, elle en était étrangement différente ( différence qui troubla Inirée malgré la situation dramatique ) : sa carrure bien plus imposante, ses habits inhabituels, les traits fins de son visage... qui n'était plus qu'à quelques centimètre de la gueule béante du Lobbo !

-Bon sang, Inirée, il respire encore !

-Il faut aller avertir le Vénérable Arbre Mojo !

Mais aucune d'elles ne bougea. Elles savaient parfaitement qu'elles n'en auraient jamais le temps. La Forêt Kokiri était trop loin.

-Inirée ?

Amy n'avait pas besoin d'en dire plus. Inirée savait parfaitement quelle question se cachait derrière cet unique mot. Elle soupira, ferma les yeux quelques instants, comme pour se concentrer. Elle sentait la panique s'emparer d'elle, une tension incontrôlable qui la faisait trembler comme un feuille sèche des pieds à la tête. Un lobbo ! Un monstre qui pouvait à lui seul faire fuire un attroupement de toukors et de pestes Mojo, capable d'enfourner une bonne demi-douzaine de fées d'un seul claquement de langue et dont les crocs acérés étaient de la taille de l'un de ses bras ! Elle allait le regretter, elle en était sûre.

-C'est juste un gros loup, après tout, reconnut Inirée. Alors... On fonce !