Salut tout le monde ! Voici enfin le premier chapitre d'Apocalypse ! Pourquoi tant de temps ? Eh bien, j'ai été absente durant près de trois semaines, et l'inspiration m'avait quelque peu quittée…Mais je crois l'avoir retrouvée…
Pour ce chapitre, le point de vue sera celui d'Ambre. En vérité, je comptais d'abord sauter le passage où elle se trouve chez Don Cornéo et faire une ellipse temporelle, mais je n'étais pas très emballée par cette idée. Donc, voici ce chapitre, un chapitre très sombre, comme vous pourrez le constater.
Bonne lecture !
J'ouvris les yeux, l'esprit encore légèrement embrumé. Une douleur sourde parcourait chacun de mes membres mais j'étais bien trop préoccupée pour y prendre garde. Il était en face de moi. Cet homme qui m'avait enlevé…Don Corneo. Alessandro Don Corneo.
Tranquillement, il sirotait un thé, son regard d'un brun doré me fixant, un léger sourire aux lèvres.
« Vous voilà enfin réveillée, Ambre. »
Il reposa sa tasse et se leva, se dirigeant vers moi. Avec une douceur inattendue, il prit ma main et m'aida à me relever, une chose que j'aurais bien été incapable de faire seule.
« J'ai tellement attendu ce moment, mon ange. Ce moment où vous serez enfin à mes côtés.
-Que…Qu'est-ce que vous me voulez ? Demandai-je d'une voix faible et légèrement éraillée. »
Il se contenta d'un bref sourire, ne cessant de me dévorer des yeux, un regard aussi fascinant qu'effrayant. Puis il posa ses lèvres sur les miennes. Un contact que je repoussais aussitôt, de toutes les forces que je trouvais en moi, malheureusement bien faibles.
« Vous n'avez pas le droit ! »
A ma surprise, il ne se formalisa pas. Il se contenta de revenir à mes côtés, prenant de nouveau ma main.
« Vous devriez vous asseoir. Vous avez l'air exténuée…
-A qui la faute ? Répliquai-je d'un ton acerbe. »
Je tentai de garder une certaine contenance, mais tout en lui me laissait pantoise, désarmée. Il semblait tellement différent de l'homme qui m'avait enlevé…Son regard était inquiet, sans trace d'aucune malignité…Il paraissait presque fragile…Déconcertant…
« Je suis désolé. Je savais que vous ne seriez pas venue avec moi si je n'avais pas employé ces méthodes.
-Que me voulez-vous ?
-Je vous aime. »
Ces mots, ces simples mots, suffirent à bouleverser mon cœur à un point que je n'aurais cru imaginer. Mes yeux se remplirent de larmes. Il avait suffi de ces paroles pour me rappeler ce que j'avais fait. Qui j'avais perdu à jamais. Kadaj…
« Je vous aime, Ambre. Depuis ce jour où je vous ai vu déployer cette aile si blanche, si pure, alors que vous poursuiviez cet ange de la mort… »
Ange de la mort ? Parlait-il de Genesis ?
« Laissez-moi partir… »
Je ne savais pas ce que je ressentais exactement. Tout se mêlait en moi : Tristesse, haine, colère, pitié pour ce regard qui semblait refléter tant de chagrin et de faiblesse…
« Ambre…
-Je vous en prie, laissez-moi m'en aller. Il faut que je retrouve…
-Qui ? Qui pouvez-vous encore retrouver ? »
Ses yeux cessèrent de revêtir cet aspect fragile pour reprendre un éclat presque vicieux, cet éclat que j'avais entraperçu, cette nuit-là…Il prit mon menton entre ses doigts fins, un sourire ironique aux lèvres.
« Celui que vous aimez vous a repoussé. Il vous hait sans doute, à présent. Imaginez qu'il ne désire peut-être même plus votre présence…
-Vous mentez ! »
Je me dégageai de lui et avisai une fenêtre. Si je pouvais l'atteindre et m'envoler…
Je me levai mais mes jambes se dérobèrent sous moi. J'étais prise au piège. J'étais seule, seule avec cet homme dont je ne savais rien d'autre que le nom, ce nom qui serrait mon cœur d'angoisse.
« Peut-être…peut-être pas…Ce Kadaj…Il a toujours eu une grande autorité sur ses frères, n'est-ce pas ? Et leur amour est fort, tellement fort…S'ils devaient choisir entre ce frère qu'ils adorent et vous, cette fille surgie de nulle part, qui a rendu leur frère si triste, quelle serait leur décision, d'après vous ? Pourquoi vous garderez-t-ils à leurs côtés ?
-Non…Vous…Vous ne savez rien de ce qui nous unit…
-Les cellules de Jenova, qui ont fait de vous leur Sœur. Je le sais.
-Vous ne comprenez rien ! »
Comment le pourrait-il ? Cet amour inconditionnel que nous nous portons tous les cinq…Sephiroth, Yazoo, Loz, Kadaj…et moi. Ce cercle d'amour que j'avais brisé…
« Ils ne vous choisiront pas. Vous serez seule. Seule au monde. Un ange déchu, privé d'amour et d'amitié…
-C'est faux ! Sephiroth a promis ! Il a promis de ne jamais me laisser seule ! »
Les traits d'Alessandro se durcirent de colère. Une colère sourde, porteuse de mépris…
« Pourquoi tiendrait-il sa promesse ? C'est tellement plus facile de la briser ! Tellement plus simple de briser l'âme de l'être à qui l'on avait fait cette promesse ! »
Il me saisit par le col, littéralement enragé.
« Les promesses sont faites pour être détruites ! Pour voler en éclats, ne laissant que les larmes, la haine, les ténèbres ! Si tu ne peux pas le comprendre, idiote, tu vas rapidement en souffrir. Pire, cela te détruira !
-Mon père m'a promis qu'il ne me laisserait pas seule, qu'il serait là pour me rassurer, me réconforter ! Il me l'a juré ! Je le crois !
-Est-il là ? Est-il là pour toi, en ce moment ? Est-il ici pour te rassurer, te protéger de moi ? Te ramener à un foyer où tu n'as d'ors et déjà plus ta place ? »
Semblant se calmer, Alessandro me relâcha, observant avec un dédain moqueur les larmes qui ne cessaient de couler sur mes joues.
« Tu n'as nulle part où aller.
-Tu te trompes. »
Difficilement, je réussis à sourire :
« Je pourrais être au cœur du plus profond des gouffres…Dans les flammes de l'Enfer le plus brûlant…Mon frère viendrait me sauver ! Alex serait là pour moi ! »
Alessandro ricana :
« Quelle touchante preuve d'amour fraternelle ! Mais sache, qu'en vérité, la personne qui se trompe, c'est toi. Il ne viendra pas pour toi.
-Qu'en savez-vous ?
-Je le sais pour une très bonne raison, naïve enfant : je l'ai fait enlever par un proche ami de mon père, Groove. Il semblait si heureux de pouvoir prendre soin de lui…
-Vous n'avez pas fait ça ! Dites-moi que vous mentez ! Je vous en supplie, dites-moi que vous mentez ! »
Toujours incapable de me lever, je rampai jusqu'à lui, lui hurlant qu'il mentait. Agacé, il me donna un coup de pied au visage, qui m'étourdit et me rendit silencieuse.
« Tais-toi, idiote. Tu es bien plus agréable quand tu ne parles pas. Et non, je ne mens pas. »
Il s'agenouilla près de moi, me regardant tenter de reprendre mes esprits avec une certaine délectation :
« Je me demande ce qu'il est en train de lui faire…Groove a toujours aimé les jeunes hommes, particulièrement lorsqu'ils sont aussi beaux que ton frère, bien qu'il préfère tout de même les enfants. Ton frère doit être entre ses bras, en ce moment même…
-Pourquoi ? Pourquoi faites-vous ça ? »
Alessandro passa une langue alléchée sur ses lèvres légèrement rosées. Puis il s'approcha de mon oreille, à laquelle il murmura :
« Je te veux, Ambre. Je te veux toute entière. »
Je ne pus répondre quoi que ce soit à ces mots, ce qui ne sembla pas lui déplaire.
« Tu l'aimes, n'est-ce pas ? Tu adores même ton frère. A tel point que tu serais prête à n'importe quoi pour lui, comme lui le serait. Pense à lui, entre les mains de ce pervers, qui prendra soin de le briser, de le détruire, jusqu'à ce qu'il ne lui reste plus qu'une âme mutilée, irréparable. »
Je commençai à comprendre où il voulait en venir. Mais je refusai de l'admettre. Je ne pouvais pas…Je ne pouvais pas faire une chose pareille…
« Déploie ton aile pour moi, mon ange. Laisse-moi l'admirer dans toute sa splendeur. »
Je ne pouvais pas...Je n'y arrivais pas…Je n'en avais pas la force…
Enervé par ma lenteur, Alessandro asséna un coup de poing dans mon dos. Je poussai un cri de douleur tandis que mon aile, comme mue par un réflexe, se déployait soudainement, semblant éclairer de sa lumière cette pièce aussi sombre que les ténèbres.
Le visage d'Alessandro se déforma d'extase. Il se releva, allant palper cette aile qui la ravissait tant.
« Si belle…Si pure…Je pourrais la teinter de rouge…Non, d'un noir aussi profond que le sera ton désespoir, quand tu te donneras à moi…Car tu le feras…
-Je…
-Tu refuses de le croire…Mais tu le sais, Ambre. Maintenant, déshabille-toi. »
Je me retrouvais incapable de bouger, d'esquisser le moindre geste. Ça ne pouvait pas…Je n'allais pas…
Non, il fallait que je me défende…Que je réussisse à me défendre…
« Ma…Masamune… »
Je tendis mon bras droit, l'appelant une nouvelle fois, d'une voix désespérée :
« Masamune…Viens…Viens à moi… »
Mes yeux se remplirent de larmes amères tandis qu'Alessandro ricanait durement :
« Masamune…J'ai besoin de…toi… »
Elle n'apparut pas. J'étais seule. Entièrement seule.
« Pauvre Ambre…Tu as réussi à être trahie par un objet sans âme, une épée…C'est si…si pathétique ! »
Mon bras retomba au sol, avec la mollesse d'une poupée de chiffon.
« Ta dernière chance s'est envolée, Ambre. Sans ta lame, tu ne seras d'aucun secours pour ton frère. A moins que… »
Il ne finit pas sa phrase. J'avais replié mon aile et commencé à me déshabiller, si difficilement. Je ne pleurai même plus. Mon regard devait être aussi vide que l'abîme…
Alessandro parut satisfait. Presque. Il détailla mon corps nu, que je ne pris même pas la peine de cacher de mes bras, et déclara :
« Souris. »
J'étais bien incapable d'obéir. Je baissai la tête. Il la releva, m'assénant de nouveau cet ordre :
« Souris. Je veux voir sur tes lèvres s'étirer le sourire le plus heureux que tu n'aies jamais montré au monde. Ou ton frère, ton pauvre frère… »
Je sentis, bien malgré moi, un sourire s'afficher sur mon visage. Ce fut à cet instant que les larmes parvinrent de nouveau à couler.
« C'est bien. Tu comprends enfin où sont tes intérêts. »
Alessandro me souleva dans ses bras et me déposa sur son lit.
« Sais-tu pourquoi je te désire tant ? Je t'aime tant ? »
Il n'attendit pas ma réponse. Il s'assit sur le lit, commençant à retirer ses propres vêtements.
« Tu es pure. Si pure...
-Je ne suis pas...pure…
-Tu l'es, Ambre. Une aile d'une pareille beauté ne pourrait pousser que dans le dos d'un ange, être d'une pureté immaculée. »
Alessandro termina de se déshabiller. Il m'enjamba, posant ses lèvres sur les miennes, sans que je ne me défende. Pourquoi le faire ? J'avais tout gâché…Tout brisé…La seule chose que je pouvais encore faire, c'était sauver mon frère…Et je ne le pouvais que de cette manière…
« J'ai toujours pris plaisir à souiller les filles blanches et naïves. C'est pour moi la plus grande source d'allégresse que de briser ces filles qui attendent tout de la vie…Et tu es la plus angélique de toutes…Te rendre impure, noircir ta douce blancheur…Voilà tout ce dont j'ai rêvé depuis que j'ai vu cette aile blanche dans ton dos. »
Ses mains s'aventurèrent sur mon corps, envahissant mon être d'un sentiment de honte, de dégoût et de désespoir incommensurable. Cela allait arriver. Ma première fois. Avec cet homme que je haïssais.
Mes pensées s'égarèrent. Le visage de Kadaj me revint en mémoire. Je l'avais mérité. Je méritais ce qui m'arrivait. J'avais brisé son innocence enfantine…J'avais détruit notre famille…Au nom de quoi ?
« Ne reste pas ainsi immobile. Me souffla Alessandro à l'oreille. Prends donc quelques initiatives. De cette manière… »
Il prit ma main, la menant avec cette douceur effroyable jusqu'à son sexe.
« Tu sais ce que tu dois faire. »
Je ne le savais que trop bien…Et bien que cette perspective me répugnait au point de me faire monter la bile à la gorge, je m'exécutai. Son gémissement de plaisir me fit hoqueter d'horreur. Je le lâchai aussitôt, repoussant faiblement son corps. Cela ne parut que l'exciter plus :
« Défends-toi donc. Du plus profond de ton âme, tente de m'échapper. Je veux te voir goûter à l'amertume du désespoir, qu'il pénètre tout ton être comme je vais le faire.
-Je vous en supplie… »
Ma prière le laissa indifférent. Je sentis son sexe dressé contre mes cuisses, un contact qui me faisait frémir. J'aurais voulu être si loin d'ici… Si j'étais rentré dans mon monde…Rien ne serait arrivé…Kadaj, Loz, Yazoo, Sephiroth…Ils auraient pu former une famille, unie, heureuse, pure, innocente…
Puis arriva cet instant que je redoutais tant. Douleur, dégoût…Quelles étaient les sensations qui me parcouraient, alors que je le sentais en moi ? Alors que je savais que ce monstre me possédait, toute entière…
Tout était fini. Tout. J'avais tout perdu, jusqu'au simple fait d'être vierge…
« Jouis. M'ordonna-t-il alors d'une voix veloutée. »
Comment ? Comment éprouver du plaisir en pareil instant ? Alessandro parut déçu.
« Je vois. Il ne me reste donc qu'une solution. »
Il se retira, se tournant vers sa table de nuit. Il en sortit une fiole.
« Tu vas boire cela. Et je te promets de te faire connaître le plus fabuleux des plaisirs… »
Qu'est-ce que cela pouvait être ? Une drogue ?
Enervé par mon manque de réactivité, il me pinça le nez, me forçant à ouvrir la bouche, avant d'y déverser le contenu de cette fiole.
Une chaleur intense s'empara de mon corps et de mon âme.
« Qu'est-ce que… ?
-Ce que tu as bu est une potion très spéciale, que ce cher Groove avait fait préparer spécialement pour mon père. Un des nombreux présents que cette ordure m'a légués…Desiderium, le nom qui lui a été donné… »
Tout…Tout en lui m'inspirait la répugnance la plus profonde…Pourtant…Mon corps…Mon âme même…Mon âme le désirait, un désir si fort, que je ne pouvais contenir…
Avec satisfaction, Alessandro me regarda tenter de me battre contre ce sentiment, qui m'envahissait d'une manière si puissante…Trop puissante…
« Tu ne peux gagner, Ambre. Donne-toi à moi. Fais-le. »
Sa voix, impérieuse, voluptueuse, suffit à me faire baisser chacun de mes boucliers. Malgré moi, je m'allongeai sur lui, l'embrassant, le caressant, le désirant si fort…
Et je sus que j'étais définitivement brisée, perdue, quand mon corps s'arqua dans un orgasme, qui me fit crier de plaisir.
« Es-tu rassasiée, mon ange ? »
J'aurais tant voulu le frapper, le détruire, le tuer…Mais mon corps en avait décidé autrement. Légèrement fiévreuse, couverte de sueur, mais toujours animé par ce désir, ce véritable poison qu'il avait inoculé dans mes veines, je ne pus que dire :
« Encore… »
Les larmes ne se tarissaient pas, noyant littéralement mon regard. Mais elles ne m'étaient d'aucun secours face à cette magie trop noire, trop puissante pour moi…
A cet instant précis, je me haïssais. Je me haïssais d'être aussi faible, répugnante, de le désirer, lui, de lui faire toutes ces choses…Et le visage de Kadaj ne disparaissait pas de mon esprit, comme une ultime condamnation…J'aurais presque pu entendre sa voix me dire que je l'écoeurais…
Je ne savais pas ce qui me rendait le plus malheureuse : ce qui se passait, à cet instant précis, ou le fait de savoir qu'à partir de maintenant, je serais seule. Entièrement et définitivement seule.
Tu n'es pas seule, Ambre.
Cette voix me fit sursauter, ce qui surprit Alessandro.
« Qui es-tu ? Murmurai-je, passant outre le sourcil qu'haussait Don Corneo, déconcerté. »
Tu ne devines pas ? Rappelle-toi…Ne laisse pas l'horreur te submerger et te faire oublier…Tu connais mon nom…Prononce-le, Ambre. Prononce-le.
« Ryoku… »
Dès l'instant où je murmurais ce nom, mon propre corps me devint étranger. Je n'étais plus qu'esprit, spectateur de ce qui allait à présent se dérouler.
« Que t'arrive-t-il ? Continue ! Déclara avec humeur Alessandro. »
Ryoku l'ignora ostensiblement. Elle se releva, parvenant avec plus de facilité que moi à trouver de la force en mon corps.
« Le philtre ne fait-il donc déjà plus effet ? S'énerva-t-il. Reviens !
-Ce genre de choses ne m'affecte pas. Répondit-elle d'une voix neutre, avisant la longue veste blanche de Corneo. »
Elle l'enfila alors, sans prêter aucune attention à mon bourreau. Son regard s'attarda sur un miroir, auquel elle adressa un sourire désolé :
« Je suis arrivée trop tard… »
Alessandro se releva, la saisissant par le poignet :
« Qu'est-ce que tu fiches, Ambre ? Je n'en ai pas fini avec toi ! »
Ryoku se tourna vers lui. Et il recula. Dans ses yeux, je pus voir se refléter le regard de cette inconnue, qui partageait mon corps. Ce regard si noir, plus noir que les ténèbres les plus sombres…Cette lueur d'haine pure…
« Ambre n'est plus ici. Tu m'as réveillé. Et ce n'est définitivement pas quelque chose que je t'aurais conseillé de faire, pauvre inconscient.
-Tu as perdu la tête !
-Au contraire. Je n'ai jamais été aussi lucide qu'à cet instant précis. »
Et arriva alors ce que je n'avais pas réussi à faire. Ryoku plaqua Alessandro au sol, avec une force que je n'imaginais pas que mon corps puisse posséder. Puis elle leva sa main gauche. Entouré de ténèbres, Masamune y apparut alors. Comment ? Comment avait-elle pu… ?
« Etrange. Il semblerait que cette lame ait quelque peu changé… »
Elle ne se trompait pas. Sa garde, autrefois d'un bleu presque noir, se divisait à présent en deux couleurs. Blanche et noire, ainsi se partageait-elle maintenant.
« Je me demande ce que je vais faire de toi, Don Alessandro Corneo. Bien que tu aies permis ton réveil, tu l'as souillée. Souillée et brisée. C'est un crime que je ne saurais pardonner. »
Voudrais-tu que je le tue ?
Un léger sourire aux lèvres, se régalant de l'expression paniquée qui enlaidissait le visage de cet enfoiré, elle attendit ma réponse.
Fais-le.
Elle secoua la tête, laissant échapper un petit rire.
« Tu me déçois, Ambre ! Je te croyais plus intelligente que ça ! »
Ryoku effleura de par Masamune le visage fin de Corneo, laissant une entaille suintante de sang. Il hurla de douleur.
« La mort se mérite. Elle est douce, sublime…C'est un cadeau. Un cadeau que je n'offrirais pas à cette ordure…Il doit souffrir. Autant que tu as souffert. »
Sa main gauche enserra Masamune avec force. Puis elle l'abattit. Masamune perça chair et os, se plantant dans le sol, faisant jaillir le sang. Corneo s'étrangla, tandis qu'un véritable flot sanguin jaillissait de ses lèvres.
« Tu ne mourras pas…Mais je vais t'offrir une souffrance bien plus terrible que la mort…Je t'enlèverai ce qui fait de toi un homme…Je te briserai physiquement et mentalement…Tu ne seras guère plus qu'une souillure inoffensive…
-Que vas-tu…faire ? Me crever les yeux ? Me couper…la langue ? M'amputer ?
-C'est tellement peu amusant…Non, je vais faire bien mieux. Je te laisserai tes yeux, pour que tu puisses voir le monstre répugnant que tu seras devenu, reflet de ton âme. Je te laisserai ta langue, pour entendre tes hurlements de douleur, pour t'entendre me supplier. Et je te laisserai un bras, un seul, pour que tu puisses te rappeler, à chaque seconde, à quel point ta peau pouvait être belle et blanche autrefois, dépourvue d'imperfections, divine. Le monstre de beauté que tu es encore à présent va disparaître. Je ne te laisserai que la souffrance, les moqueries, le dégoût… »
Et, sur ces mots, elle commença son supplice, dont, bien malgré moi, je ne pouvais que me délecter. Que cette ordure souffre, qu'elle vive dans l'attente de la mort, seule, totalement seule…
Qu'il comprenne.
Ses hurlements me parurent la plus douce, la plus divine des musiques. Et son sang, son sang qui éclaboussait mon corps, ce sang dont Ryoku paraissait presque jouir…Il devenait nectar des Dieux.
Hurle, gémis, pleure, souffre…Je veux t'entendre me supplier…
« P…Pitié…
-Pitié ? »
D'un coup sec, Ryoku lui trancha la jambe.
« Tu ne mérites pas la pitié. Murmura-t-elle alors qu'il hurlait de douleur. »
Elle s'approcha de ses plaies, alors qu'Alessandro sentait sa vie lui échapper.
« Non, tu ne mourras pas…Pas encore… »
Ryoku humecta mes mains de salive, puis les appliqua sur les blessures, qui guérirent aussitôt.
« Je vais te guérir…et recommencer. Encore…et encore…
-Tu…ne pourras pas…Mes gardes…
-Ils ne viendront pas. Ils auraient pu le faire pendant tout ce temps. Tes hurlements leur sont sûrement parvenus. Pourquoi t'ont-ils laissé ? »
Ryoku trancha la seconde jambe, dont elle guérit la plaie béante, et murmura à son oreille :
« Ils t'ont abandonné. Ils te haïssent, Don Alessandro Corneo. Tu es seul. Seul, méprisé, haï, souffrant…Personne ne viendra pour toi. »
La porte claqua soudain, révélant Sephiroth, Yazoo, Loz…et Kadaj.
« Alors qu'ils sont venus pour elle…Tu t'es lourdement trompé. Et tu vas en subir les conséquences. »
Je te rends ton corps, Ambre. J'espère que tu sauras faire les bons choix.
Elle s'exécuta alors, me laissant le champ libre. Et tout ce plaisir que j'avais pris à le voir souffrir, à contempler cette vengeance effectuée d'une main de maître disparut.
Je me dégageai de ce corps souffrant et haï, voulant fuir cette vision qui s'imposait à moi. Ma main laissa tomber Masamune, qui disparut dans un flot de ténèbres.
Sephiroth s'approcha de moi, murmurant mon nom. Il me serra dans ses bras. Son contact, si chaud, si rassurant ordinairement, me fit frissonner d'horreur. Lui aussi…Lui aussi m'avait pris dans ses bras de cette manière…
« NE ME TOUCHE PAS ! Hurlai-je en le repoussant. »
Je me recroquevillai sur moi-même, sanglotante, terrifiée, désorientée. Qu'étais-je devenue ? Qu'est-ce que ce monstre avait fait de moi ? Par sa faute, je…j'avais apprécié. Apprécié qu'il me prenne, apprécié de le voir souffrir…Il m'avait rendu immonde.
Je portai une main ensanglantée à mes lèvres alors que mon estomac me lâchait. Je rendis son contenu sur le parquet, toussant et pleurant.
Yazoo ordonna aux autres d'aller prévenir la sécurité, qu'ils s'occupent de Corneo. Puis il s'approcha lui-même de moi. Je ne le repoussai pas. Son contact m'apaisait, pour une raison que je ne m'expliquais pas.
« C'est fini, Ambre. Nous sommes là pour toi.
-Yazoo…Je…Pardon… »
Je me mis à sangloter :
« Pardon… »
Yazoo me laissa me calmer. Puis il me souleva dans ses bras, m'entraînant à l'extérieur de cette pièce maudite. Il ne me posa pas de questions sur cette excuse. Il lui suffit de croiser le regard fuyant de Kadaj pour comprendre.
« Ne t'excuse pas, Ambre…Tu n'as pas à le faire…
-Il n'y a pas que ça…Je…Ça a été… »
Les mots ne sortaient pas. Comment raconter tout cela ? Comment leur raconter ?
« N'en parle pas, tu n'es pas prête. Viens, rentrons.
-Où est Alex ? »
Yazoo caressa mes cheveux d'un geste doux et rassurant.
« Charlotte, Genesis et les autres l'ont retrouvé. Il va bien. »
Je poussai un soupir de soulagement. Mon cœur se détendit quelque peu. Alex…tu étais sain et sauf.
« Merci…Merci pour tout…Murmurai-je à son oreille.
-Tu es ma sœur…Quoi qu'il puisse arriver, jamais je ne t'abandonnerai…Jamais. »
Ses mots me délivrèrent du premier de mes poids. Il ne mentait pas. Il ne m'abandonnerait pas.
Corneo avait tort. Certaines promesses pouvaient être tenues.
Nous quittâmes ce manoir et je finis par m'endormir dans ses bras. Mais Il était là…Il était encore présent, dans mes rêves, dans mes esprits…Je le sentais en moi…
Ryoku m'avait vengée…Mais son souvenir resterait à jamais gravée en moi. Ce qu'il m'avait fait…Son contact…Ses paroles…
Je frissonnai, sortant de ce monde de cauchemars. J'étais de retour au Wutaï. Et Alex et Yazoo étaient à mes côtés.
Ils m'enlacèrent et je pleurai. Je ne cessai de pleurer, encore et encore.
Corneo avait réussi. Il m'avait détruite. Définitivement détruite. J'avais atteint le fond du gouffre…et je n'aurais pas la force de remonter.
Sephiroth…Kadaj...Pardon…Je n'arrive plus à trouver la force…Elle s'est calcinée…Disparue, comme la joie de vivre que j'avais appris à acquérir…
Je veux mourir…Minerva, si vous m'entendez, donnez-moi la force de me tuer. Je ne veux plus endurer…Endurer cette vie…Endurer son souvenir…
J'ai perdu. J'ai perdu face à lui, face à la vie.
Je veux mourir…
Fin de ce chapitre !
Hem…Je crois ne pas me tromper en disant que ce chapitre est le plus sombre que j'ai écrit jusqu'ici. Difficile à terminer, difficile à écrire, je pense qu'il m'a beaucoup ébranlé. Je n'ai pas subi ce qu'Ambre a subi, mais j'ai beaucoup d'empathie pour mes personnages…Et ce fut très dur.
J'espère avoir réussi à bien écrire à ce sujet, c'est quelque chose de très difficile à aborder.
Sur une note plus joyeuse, passons aux réponses aux reviews :
Mélain : Et non, Kadaj et les autres sont arrivés trop tard. Et malheureusement, l'un comme l'autre ne sont pas encore prêts à s'aimer, ne serait-ce que comme autrefois.
Je pense que tu parlais du cas de Yazoo, et non de Kadaj, en disant qu'il était hermaphrodite. Et non, Shiva Rajah a déjà mis en scène un Yazoo hermaphrodite. Je m'attendais d'ailleurs à ce que certains me le fassent remarquer ^^…
Kadaj ne connaît strictement rien à l'amour. Physiquement, il est presque adulte, mais mentalement, c'est un enfant. Je dirais que c'est le plus pur des personnages de ma fanfic. Il ne connaît que l'amour familial et ne peut envisager un autre amour. Il pense qu'Ambre l'a trahi, d'une certaine manière. Elle n'est plus de sa famille, elle l'aime autrement. Et comme il ne peut le concevoir, il ne trouve pas d'autre alternative que de la repousser.
J'espère que ce chapitre t'aura plu…Et merci pour le bac, mais bon, maintenant, je vais devoir me démerder avec ma classe prépa ^^.
Melior : Comme tu as pu le voir, le double enlèvement n'a rien d'un hasard. Alex servait de moyen de pression. Mais tu verras que la chose est encore plus complexe, surtout quand on passera de son point de vue.
Pour le moment, ça ne s'est pas vraiment arrangé pour Ambre. Et je ne crois pas que cela ira mieux tout de suite. Je vous réserve quelques surprises ^^…
Je vois que le nom de Corneo te fait le même effet que moi…Mais, bizarrement, j'aime bien Alessandro. Peut-être parce que je connais son histoire, ce qui n'est pas encore votre cas ^^. Ou juste parce que c'est un de mes persos, à fortiori un méchant ^^.
Merci pour les félicitations et d'être passée sur Youtube. J'ai fait quelques autres vidéos, notamment une qui s'appelle Betrayed. Si tu as le temps, j'aimerais avoir ton avis dessus ^^.
J'espère que les reviews se feront plus nombreuses sur ce chapitre-ci, j'ai l'impression d'avoir perdu de mes lectrices…Je les attends avec impatience…
Pour ce qui est du prochain chapitre, je vais essayer de vite l'écrire, mais ça va être difficile…
Demain, heure de conduite déterminante pour savoir si je peux conduire avec ma mère, donc, le temps d'y aller, je perds une matinée…Plus les bouquins à lire pour la rentrée (traités de philo, de géographie, un recueil de poésies et la Jeune fille à la Perle pour le 2 septembre), plus la rentrée elle-même (m'étonnerait que ce soit tout repos, Classe Prépa…).
En tout cas, ne vous inquiétez pas. Je continue d'écrire. Le rythme de parution sera juste un peu plus irrégulier, c'est tout.
Voilà ! A très vite !
