Titre: Me wo Akete (Ouvre les yeux)

Auteur : Leyla KTK

Catégorie : Euh… Romance

Rating : T (pour le moment)

Couple : Dômé/Wata

Disclaimer : Les personnages appartiennent à leur auteur, j'ai nommé Clamp. Je ne fais que les louer gratuitement cela va s'en dire pour ce petit OS.

Béta lectrice: Personne, je cherche toujours une personne pour corriger les chapitres…

Résumé : Un nouvel danger plane sur Watanuki, Douméki se propose de l'aider mais tout ayant une idée bien précise derrière la tête…

Note : Pour mon histoire, j'ai fait en sorte que Douméki et Watanuki soient dans la même classe.


Chapitre 1


Le second semestre au lycée privé Juji avait débuté par une pluie forte et froide et cela durait depuis plus d'une semaine. Watanuki lança un regard sur l'extérieur et soupira fortement. À cet instant-là, son professeur l'interpella et d'une voix blessée, et dit :

— Watanuki-kun, commença-t-elle en fixant son élève avec des yeux chargés d'émotion. Mon cours est si ennuyeux que tu soupires à te fondre l'âme ? S'enquit-elle. Sensei est triste, conclut-elle en essuyant une larme invisible.

— Argh ! Ce… Ce n'est pas ça, Sensei, c'est juste la pluie… Tenta d'expliquer le jeune homme.

— Idiot… Entendit-il derrière lui.

— Je t'ai pas sonné, toi !

— Et en plus, tu hausses la voix, Sensei pleure vraiment maintenant.

— Sensei… Je suis désolée, je ne voulais pas crier. Mais cet idiot-là me les brise grave ! Lança-t-il en pointant du doigt le garçon assit derrière lui.

— On ne pointe pas les gens du doigt, se contenta de dire le brun.

— AHHHH ! J'ai envie de le tuer !

— Ca aussi, ça ne se fait pas de le dire, fit calmement Douméki. Et parle moins fort, conclut-il tout en déposant ses mains sur ses oreilles.

— Putainnn ! Tu…

La sonnerie de fin de cours retentit dans toute l'école. Après un dernier regard chargé de colère, Watanuki se tourna vers l'avant et rangea ses affaires.

— Watanuki-kun ! Appela une voix.

— Himawari-channn ! S'exclama l'intéressé soudainement transformé.

— Tu es vraiment un idiot… Renchérit Douméki en se levant. Yo, Kunogi.

— Bonjour Douméki-kun, répondit la jeune fille avec un large sourire. Décidément, vous vous entendez vraiment très bien tous les deux, dit-elle en suivant ses amis.

— QUOI ? Et où tu vois ça ? Ce mec m'insupporte au plus haut point.

— Hé ! On mange quoi aujourd'hui ? Demanda Douméki.

— Tu vois ! Tu vois ! Il ne pense qu'à bouffer ce crétin, fit Watanuki en prenant la direction du toit.

La cage d'escalier était vide. Puisque la pluie ne semblait pas vouloir s'arrêter, c'était l'endroit idéal. Un rire léger se fit entendre. La jeune fille était de plus en plus amusée par leurs rapports. Ces deux-là communiquaient vraiment beaucoup et elle avait raison de dire qu'ils s'entendaient bien. Bien que leur échange fût plutôt orageux, ils partageaient beaucoup.

Arrivés à la cage d'escalier, ils s'installèrent pour déjeuner.

— Tiens pour toi, espèce de goinfre, fit Watanuki en posant le bentô d'un geste rageur devant le brun. Himawari-channnn, c'est pour toi ! Ajouta-t-il sur un tout autre ton.

— Merci, répondit la jeune fille en se saisissant de la boîte.

— Et toi, ça te tuerait de dire merci ?

— Hé !

— J'ai un nom !

— Où sont les croquettes ?

— Mange ce que t'as et tais-toi.

— Demain, je veux des croquettes.

— Cause toujours.

Et cela continuait le long du repas. C'était devenu une sorte de routine.

Le déjeuner se déroula dans une étrange ambiance. Elle était tantôt joyeuse, tantôt maussade. Quel que soit le nombre de repas qu'ils avaient partagé, les épreuves qu'ils avaient vécu, entre Watanuki et Douméki rien n'avait changé et cela ne semblait pas vouloir s'arranger.

— Dites, lança soudain Himawari. Vous avez entendu parler de cette affaire concernant ces agressions?

Surpris par sa question, les deux garçons suspendirent leur geste et fixèrent la jeune fille.

— Euh, non… Ça date de quand ? S'enquit Watanuki, inquiet.

— De deux semaines. Il y a déjà eu trois agressions et apparemment, il s'attaque aux femmes comme aux hommes. Il attend qu'ils soient devant leur maison pour leur tomber dessus. L'agression se passe toujours à la tombée de la nuit, il semble prendre un mal plaisir à les terrifier et les voir paralyser par la peur…

— C'est flippant… Murmura le médium en détourant le regard.

— Ça se passe dans quel quartier ? Fit à son tour Douméki.

— Et bien…

La jeune fille porta son regard sur Watanuki. Indécise, elle garda le silence.

— Himawari-chan ?

— Dans le quartier Sud, finit-elle par répondre.

— Mais c'est mon quartier ! S'exclama le jeune homme.

— Watanuki-kun, tu feras attention, fit-elle d'une voix inquiète.

Douméki observa le médium à la dérobée et il se rendit compte de sa nervosité.

— Ne t'en fais pas ! Tout se passera bien, la rassura-t-il.

— Oui, tu as raison, surtout s'il y a Douméki-kun avec toi, alors tout se passera bien.

— Ouais, tu peux compter sur moi, mais ça te coûtera un repas en plus. Pourquoi pas le dîner ?

— Je ne t'ai rien demandé à toi !

— Je voudrai du Tendon et de l'Unadon pour la prochaine fois.

— Hein ! Tu crois que je suis quoi ?

— Pour le dessert…

— La ferme ! Le coupa Watanuki en l'attrapant par le col.

— Tu es vraiment trop bruyant, fit Douméki tout en se bouchant les oreilles.

À cet instant, le rire léger de la jeune fille retentit. Les deux adolescents la fixèrent et ce qu'elle dit démoralisa au plus haut point Watanuki.

— Vous vous entendez vraiment très bien.

— Himawari-chan, non…

Le repas se poursuivit ainsi jusqu'à la reprise des cours.

Les cours de l'après-midi se déroulèrent à leur rythme. La pluie avait cessé et le soleil avait repris sa place dans le ciel.

Une journée de plus s'était écoulée. Et pour ne pas changer, elle était comme les autres.

oOo

À la fin des cours.

Watanuki se trouvait encore dans la salle de cours. Aujourd'hui, c'était lui qui était désigné pour la corvée de nettoyage. Comme à son habitude, il avait terminé sa tâche assez rapidement. Après un dernier coup d'œil satisfait sur l'ensemble de la salle, il se décida à partir.

Quand il quitta le bâtiment, il remarqua alors que le soleil amorçait déjà sa descente au-delà de l'horizon. Il se rendit compte qu'il était en retard pour son travail.

— Yuuko-san doit s'impatienter…

Il détourna le regard et prit la direction de la sortie.

— Hé !

Watanuki s'arrêta net et serra les poings. Il ne saurait dire les nombres de fois où il lui avait rappelé, crié, qu'il avait un nom… Mais apparemment, avec ce genre de personne, cela rentrait par une oreille et sortait aussitôt par l'autre… Aujourd'hui, il laissait tomber. Il était bien trop fatigué pour entamer une de leur joute verbale. Il soupira lourdement et se tourna vers l'archer.

— Quoi ?

— Où est-ce que tu vas ?

— À ton avis, idiot !

— Je viendrai te chercher à la fin de ton travail.

— Pour quoi faire ?

— Tu as oublié qu'il y a un…

— Je ne suis pas une fille dont il faut prendre soin… Le coupa-t-il. Je te laisse.

Douméki le regarda partir et murmura :

— C'est ce que tu crois…

Avec des pas lourds, Watanuki se dirigea vers le conbini le plus proche. Il y avait pas mal de choses à prendre, notamment les ingrédients pour le dîner. Il sortit sa liste de sa poche et entreprit de vérifier son contenu. C'était devenu une habitude de faire une seconde relecture, sa patronne prenait un malin plaisir à ajouter quelque chose à chaque fois, surtout de l'alcool… Vu qu'il ne risquait pas de trouver de saké de bonne qualité, elle lui précisait à chaque fois la marque de bière à prendre, puisque c'était le seul type d'alcool qu'il était susceptible de trouver. En temps normal, à son âge, il ne lui était pas possible d'acheter ce genre de choses, mais étant donné que la gérante du magasin le connaissait, mais surtout Yuuko-san, cela rendait sa tâche plus facile.

Et comme il s'y attendait, il y avait quelque chose de plus sur sa liste…

— Trois grandes bouteilles… Fit-il tout en entrant dans le conbini. Elles vont sûrement les finir le soir même, soupira-t-il d'un air désespéré.

— Ah, Kimi-chan !

À l'appel de son nom, du moins une partie de son prénom… Il s'arrêta tout en portant son regard sur la vieille qui se tenait debout non loin de lui. Il était tellement plongé dans ses pensées qu'il ne l'avait même pas vu.

— Hirano-san, bonjour !

— Alors, tu comptes faire quoi ce soir ?

Gêné par sa question, Watanuki sourit.

— Nabe.

— Ce sera délicieux, comme tes merveilleux choux à la crème de la dernière fois. Tu feras vraiment une très bonne épouse, Kimi-chan, répondit la vieille dame dans un rire.

— Hahaha… Je suppose que c'est un compliment.

— Bien sûr !

Hirano Fumi-san était une vieille dame énergique et taquine. Elle ne ratait jamais une occasion pour s'amuser à ses dépens et le gêner comme elle aimait si bien le faire. Mais Watanuki ne s'en formalisait pas, au contraire, il ne pouvait s'empêcher d'engager la conversation et de lui tenir compagnie.

— Hirano-san, vous avez fini vos courses ?

— Non, pas encore. Il me reste encore la viande à prendre.

— On va faire ça ensemble alors ?

— Bonne idée, répondit-elle en lui prenant le bras. Shizuka-chan n'est pas avec toi aujourd'hui ?

— Non, il a son club… Commença-t-il d'un air absent. De toute façon, ça m'est égal… Conclut-il.

— Ohh ! Tu sembles contrarié. Vous vous êtes disputés ?

— Mais non… Je pense juste à cette affaire d'agression, lança-t-il en changeant de sujet.

Penser à cet idiot l'énervait au plus haut point, comme toujours. Hirano-san semblait croire qu'il entretenait une relation amicale avec Douméki, il fallait dire aussi qu'à chaque fois qu'ils se retrouvaient tout les deux devant la vieille dame, il faisait en sorte de garder son calme et de ne pas montrer son côté tout feu tout flamme devant elle… C'était ridicule d'agir de la sorte, mais étrangement il ne tentait pas de lui faire changer d'avis…

— Ah oui… J'ai vu ça… Tu feras bien attention en rentrant, d'accord ?

— C'est plutôt à moi de vous dire ça.

— Que peut bien craindre une vieille dame comme moi ? S'enquit-elle dans un rire.

Amusé par sa réponse, Watanuki ne put s'empêcher de faire de même. Faire les courses dans une ambiance de ce genre le rendait toujours de bonne humeur. Bien que, même seul, il prenait un grand plaisir à faire ça, mais avec Hirano-san, c'était encore mieux.

oOo

— Tu es en retard ? Lança Yuuko les mains sur les hanches.

— En retard ! Firent Moro et Maru en concert.

— Watanukiii ! S'exclama à son tour Mokona en se jetant sur le visage de l'adolescent.

— Oui, oui… Répondit simplement Watanuki, tout en se déchaussant et en décollant le manjuu noir de sa figure.

— On mange quoi ? Demanda Yuuko en prenant les sacs de courses. Ouahh ! Watanuki a pris de la bière !

« Vous l'avez ajouté à la liste, vous avez oublié… » Pensa-t-il dans un soupir.

— Yeah ! De la bière ! Renchérit Mokona.

Yuuko-san prit les bières et s'empressa d'aller les mettre dans le frigo. Pour ce qui est du reste des courses, les sacs se retrouvaient négligemment sur le sol. Dans un profond et las soupir, Watanuki finit par les ramasser, puis se dirigea vers la cuisine. Moro et Maru le suivirent tout en lui proposant leur aide. Reconnaissant envers les deux petites filles, le médium accepta avec plaisir.

La préparation du dîner se passa dans une ambiance légère accompagnée des rires des jeunes filles et des appels incessants de Yuuko-san et Mokona réclamant leur dîner pour pouvoir enfin profiter des bouteilles de bière qui attendaient d'être consommées. C'était une soirée comme toutes les autres, Watanuki cuisinait, Yuuko-san buvait, les filles s'amusaient, et Mokona buvait tout autant, sinon plus. C'était le cheminement normal de chaque nuit depuis maintenant un bon moment. Pourtant, dans cette réunion festive, il y avait un élément nouveau… Une inconnue s'était glissée dans l'équation de départ, rendant l'ensemble plus complexe et plus difficile à suivre.

— Dis…

— Hum ?

Qu'est ce que tu fous là ? S'exclama Watanuki dans une de ses explosions habituelles.

— Yuuko-san m'a invité, pourquoi ?

— « Pourquoi », tu oses le demander ? Tu aurais pu dire non, ça t'aurait tué ?

— J'avais faim et puis de la bière fraîche, répondit-il en se bouchant les oreilles.

— Mais t'es mineur !

— Je supporte très bien l'alcool et j'avais pris l'habitude d'en boire avec mon grand-père, donc pas de problème. Et parle moins fort…

— Watanukiiii, encore une bouteille !

« 'Pas de problème', a-t-il dit… Quelle plaie ce mec… »

— Encore !

— Oui, oui…

Après un dernier regard vers Douméki, Watanuki finit par se lever. Cela ne servirait à rien de discuter avec lui, il le savait, il ne pouvait s'empêcher de s'emporter dès qu'il se trouvait à côté de lui. Il ne parvenait pas à comprendre pourquoi il avait besoin de réagir avec autant de force quand il était en sa présence, bien qu'il y avait deux ou trois choses qui lui venaient à l'esprit… Cet idiot le prenait pour son cuisinier personnel, il ne ratait jamais une occasion pour lui réclamer telle ou telle chose et en bonne poire qu'il était, il finissait par le faire… Il avait un tel pouvoir sur lui, sans parler de cet étrange lien qui s'était forgé entre eux depuis qu'ils avaient partagé l'œil de l'archer, sans parler de tout ce sang qu'il lui avait donné... Sa vie, qui était déjà bien assez compliquée, s'était vu prendre un virage encore plus serré et dangereux. Douméki ne semblait pas s'être aperçu d'un tel changement, mais vu son caractère, il était du genre à se laisser emporter et prendre les choses comme elles étaient sans chercher à comprendre le pourquoi du comment.

« Et pourtant, tout le monde n'arrêtait pas de souligner le fait que j'avais changé, que les personnes qui m'entouraient avaient changé, que ce soit Kohane-chan, Yuuko-san, Douméki… Tout le monde avait changé sans que je ne puisse m'en rendre compte… »

Et pourtant…

— Un idiot pur et dur quoi… Murmura-t-il tout en se saisissant de la dernière bouteille de bière disponible.

— Qui ça ?

Au son de la voix derrière lui, Watanuki manqua de lâcher la précieuse bouteille. La serrant entre ses mains, il se tourna lentement vers cet imbécile qui prenait toujours un malin plaisir à le faire sursauter et lança :

— Putain ! J'ai failli lâcher la bouteille, tu veux ma mort ou quoi ?

— Tu tardais à revenir, alors Yuuko-san m'a envoyé te chercher.

— Quoi, elle pensait que je me serais perdu ? Elle voulait sa bière, oui…

— T'as pas répondu à ma question, souligna Douméki d'une voix calme et qui lui correspondait si bien.

— Oublie ça, répliqua-t-il vivement. Si tu te bougeais ?

— Réponds à ma question avant.

— Mais…

— Dis-le-moi, fit-il en s'approchant un peu plus de lui.

La voix de Douméki était faible, mais étrangement, elle fit réagir Watanuki plus que nécessaire. Il sentit ses joues rougir et sa gorge devenir de plus en plus sèche. Il ne comprenait pas ce qui se passait, mais il avait soudainement chaud et avait qu'une seule envie, c'était de s'éloigner le plus vite possible de lui. Il détourna les yeux pour couper cours à cet étrange échange, mais l'archer ne semblait pas vouloir bouger et encore moins rompre le contact que leur regard avait installé. L'atmosphère devint plus lourde et la pression qui s'en dégageait était insupportable. Son cœur se mit à battre plus vite qu'à la normale, et son regard se voila sans aucune raison rendant la proximité de Douméki plus difficile à supporter que jamais…

— Dis-le-moi, répéta-t-il.

— WATANUKI ! La bièrrrrrre, entendit-il au loin.

— Il… Il faut que j'y aille.

Douméki le fixa un long moment, cherchant à déceler quelque chose d'enfoui au fond de lui, puis finit par s'écarter.

La suite de la soirée se déroula comme le reste, animée, très animée… Watanuki, pour sa part, était là sans l'être vraiment. Ce qui s'était produit un peu plus tôt l'avait perturbé. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi il avait réagi de la sorte et surtout face à lui. Du coin de l'œil, il suivit les gestes de l'archer, cherchant un changement quelconque, mais Douméki étant Douméki… Il était toujours égal à lui-même.

Soupirant profondément, Watanuki quitta la pièce tout en se disant qu'au lieu de rester là à ruminer, il vaudrait mieux aller nettoyer la cuisine. Il avait rougi, d'accord, mais ce n'était pas la fin du monde non plus…

Une vingtaine de minutes plus tard, son ménage était fini. Après avoir dit au revoir à Yuuko-san et les autres, il quitta la boutique. Il aurait pu rester dormir, mais il avait besoin de rentrer…

— Hé !

— C'est pas vrai… Dit-il pour lui-même tout en s'arrêtant.

Il attendit que Douméki soit à sa hauteur, puis reprit sa route.

— Tu veux quoi ?

— Je te raccompagne.

— Pas besoin.

Aucune réponse ne suivit, juste le bruit de pas de l'archer à ses côtés. Le reste du chemin se déroula dans la même ambiance. Watanuki ne souffla un mot et Douméki se contenta de marcher à ses côtés. De temps en temps, le médium hasarda un regard sur son côté droit. Il ne pouvait s'empêcher de le faire, la scène de tout à l'heure ne cesser de se jouer dans sa tête et le rouge lui monta aux joues tout aussi vite. Il avait l'impression de sentir encore son souffle contre son cou. Chaud et enivrant. Ses yeux s'étaient certainement trop attardés sur le visage de son voisin quand leurs regards s'étaient croisés. Il rompit rapidement le contact et se concentra sur la route qui le menait jusque chez lui. Il avait hâte de se débarrasser de lui pour qu'il puisse enfin récupérer de sa journée et surtout, ne plus y penser.

Une dizaine de minutes s'écoulèrent toujours dans ce même silence pesant et quelque peu gênant, quand soudain la voix de son « garde du corps » lança :

— Il y a un problème !

— Hein ?

— Il y a des flics là-bas, dit-il tout en désignant la direction face à lui.

— Qu'est-…

C'était vrai. Une cinquantaine de mètres plus loin, il y a une voiture de police. Les lumières rouges illuminaient la rue donnant au lieu une tout autre vision. De la peur, de l'inquiétude, des questions étaient le centre de ce tableau, rien de plus… Watanuki reprit sa route vers son immeuble, des questions pleines la tête, quand il vit Hirano-san devant le pas de la porte de maison.

— Hirano-san !

— Kimi-chan, tout va bien ?

— Je… Oui, oui. Je n'étais pas chez moi. Il s'est passé quoi ?

— Quelqu'un a failli se faire agresser, commença-t-elle. J'ai cru apercevoir Aya-chan, mais je ne suis pas sûre…

Horrifié, Watanuki s'empressa de demander d'une voix inquiète :

— Elle va bien ?

— Je pense, oui.

— Tant mieux, répondit-il soulager. Ils l'ont attrapé ?

— Non malheureusement, mais il a été bien malmené apparemment.

— Je vois.

— Tu devrais venir chez moi, lança une voix derrière lui.

— Shizuka-chan !

— Bonsoir Hirano-san, j'aurai aimé vous revoir dans d'autres circonstances, fit-il tout en s'inclinant légèrement.

« Toujours aussi aimable et courtois avec les autres… Quel idiot. »

— Pas besoin, je peux me débrou…

— Kimi-chan, tu devrais aller chez lui. Je me sentirais moins inquiète.

— Mais…

— Ma maison est grande, donc tu ne me verras pas si c'est ça qui t'inquiète, fit Douméki d'un ton neutre.

— J'ai pas…

— Jusqu'à ce qu'il l'attrape du moins, dit à son tour la vieille dame.

Elle déposa sa main malmenée par les années qui défilaient et d'une voix douce, elle ajouta :

— La vieille dame que je suis sera plus rassurée.

— Aller viens, fit Douméki en lui prenant la main. Bonne nuit Hirano-san.

— Mais… J'ai pas mon mot à dire ou quoi ?

— Bonne nuit vous deux, lança la vieille dame avec un doux sourire.

Watanuki ne put même dire au revoir à la vieille dame qu'il se sentit emmener au loin. Il se laissait juste tirer derrière l'archer sans dire quoi que ce soit.

Se sentait-il trop choqué par ce qui venait de se dérouler non loin de chez lui pour protester ? Ou ne voulait-il pas inquiéter la vieille dame qui était devenue son amie ? Peut-être encore pensait-il à ce qui s'était passé quelques heures plus tôt ? Il ne savait pas… Il était cependant sûr d'une chose : Douméki avait des grandes mains ! Celle qui tenait la sienne l'envelopper totalement en une prise forte, mais tout aussi rassurante. Il fixa le dos large de l'archer, se disant qu'il serait sûrement agréable de se reposer sur lui. Il était certain qu'il était confortable…

« À quoi je pense ? »

Soudain, Watanuki s'arrêta. Surpris, Douméki se tourna vers lui avec un regard interrogateur. Les mains toujours jointes, les deux adolescents se fixèrent pendant de longues secondes. Quand l'archer finit par demander :

— Qu'est-ce qu'il y a ?

À la question, Watanuki se reprit. Il dégagea sa main et tout en détournant le regard, il répondit :

— R… Rien.

— Alors, viens.

« Mais qu'est-ce qui m'arrive ? » Se demanda-t-il en le suivant.

Il ne comprenait pas ce qui passait avec son corps et encore moins avec son esprit. Il avait dû manger quelque chose qui n'allait pas… Mais il se reprit très vite, puisque s'était lui qui l'avait préparé… Décidément, rien n'allait depuis cet après-midi. Sa journée s'était pourtant déroulée comme à son habitude, mais la soirée avait été le chaos le plus complet. La main que Douméki avait tenu lui semblait plus chaude qu'à la normale, il avait l'impression qu'elle irradiait tellement elle le brûlait. D'un geste lent, il l'a porta à la hauteur de ses yeux, après un regard, il la posa contre sa poitrine. La chaleur traversait l'épaisseur de ses vêtements telle une brûlure vive et douloureuse. C'était une sensation vraiment étrange… Ce n'était pourtant pas la première fois que leurs mains se touchaient, alors pourquoi une telle réaction ?

— Hé !

La voix de Douméki le ramena au moment présent. Il porta son regard sur lui et vit qu'ils étaient déjà arrivés.

— T'es déjà venu, alors tu sais où aller. Choisis-toi une chambre, je vais prendre mon bain.

Douméki disparut au coin d'un couloir, laissant Watanuki complètement ailleurs, debout devant l'entrée. Se rendant compte soudain qu'il était seul, celui-ci se reprit assez rapidement. Il parcourra le lieu d'un air absent, puis se décida à se diriger vers le salon. Après avoir déposé son cartable, il se laissa tomber paresseusement sur les fesses. Le lieu n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'il était venu. La maison dégageait toujours quelque chose de rassurant et de réconfortant, à cette pensée, Watanuki sourit.

Les secondes s'écoulèrent, se transformant en minutes. Cependant, le médium ne semblait pas vouloir changer de comportement. Cette attitude passive ne lui correspondait pas. Pourtant, il demeurait assis devant la table, se posant des multitudes de questions, sans pourtant trouver une quelconque réponse. Depuis son départ de la boutique, sa routine s'était vue basculée. Même les étranges créatures qui lui menaient la vie dure ne s'étaient pas approchées de lui de la journée. Il devrait être heureux, mais savoir que c'était grâce à l'autre ne l'aidait pas.

— Hé !

Encore ça !

Watanuki redressa la tête et fixa son « hôte » d'un regard dur et menaçant.

— J'ai un nom !

— Oh ! Tu sais encore parler ? S'enquit Douméki en prenant place face au médium.

Son regard n'avait pas quitté Watanuki une seule seconde. Tout en se séchant les cheveux, il étudiait chaque geste ou l'absence de geste de son vis-à-vis.

— Qu… Quoi ?

— Je pensais que tu avais perdu ta langue, répondit-il en déposant la serviette sur la table. Mais apparemment, ça va.

— T'es vraiment un idiot.

— T'as rien trouvé de mieux ?

— Je laisse tomber… Fit-il en se laissant basculer en arrière.

— T'as choisi une chambre ?

— Nan.

Le silence s'installa entre eux assez rapidement. Étrangement, Watanuki s'était très vite senti mieux dès que l'archer avait ouvert la bouche. Leur joute avait été assez courte, mais cela lui avait fait du bien. Il sourit de nouveau et dit :

— T'attends pas à ce que je te remercie.

— Fais-moi à manger et ça ira.

— Je suis pas à ton service !

— Pour commencer, un petit déjeuner traditionnel pour demain. Je me lève tôt pour nettoyer le temple et sans oublier que j'ai mon club, lança-t-il d'une traite.

— Quoi ? Mais tu crois…

— Je vais faire du thé, fit-il en se redressant.

— Attends, j'ai pas fini.

Watanuki s'était levé à son tour pour l'arrêter. Dans sa précipitation, il s'emmêla les pieds et s'attendit à recevoir en plein fouet la dureté du sol. Cependant, le choc ne vint pas. Au lieu de ça, il sentit deux bras l'accueillir solidement, lui évitant la chute et par la même occasion, la brûlure du tatami. Soudain, son cœur s'emballa, les battements réguliers de celui-ci devinrent rapides. La chaleur qui émanait du corps de Douméki l'irradiait alors que la proximité de leur corps était faible. Pourtant, il avait l'impression de le sentir directement contre sa peau alors qu'il y avait une bonne distance entre eux, certes courte, mais elle était bien là. Alors pourquoi il se sentait brûler ? Il ne savait pas et il ne souhaitait pas savoir, du moins pour le moment… Il aimerait juste que son cœur se calme, que sa respiration qui s'était accélérée s'apaise et cette chaleur s'envole. Mais au lieu de ça, Douméki resserra sa prise et le ramena à sa hauteur. L'une de ses mains avait saisi la sienne dans une prise forte et possessive. Ce contact le brûlait au plus haut point. Il fallait qu'il s'éloigne, mais quand il releva la tête vers son « sauveur » et que son regard rencontra celui de l'archer, il se figea. Ses yeux d'habitude moqueurs et blasés étaient maintenant perçants et froids. Sans le vouloir, il frissonna. Sa gorge était sèche, son estomac noué, ses reins lui faisaient étrangement mal… Il était clairement mal. Il s'apprêta à dire quelque chose, du moins tenter de dire quelque chose, quand la voix étonnamment rauque de Douméki l'arrêta :

— Fais gaffe. Je t'ai pas amené ici pour que tu te fracasses le crâne et que tu joues au malade.

En colère et en même temps vexé par ces mots, Watanuki se dégagea violemment et répliqua :

— Non, plutôt pour jouer à la gentille femme au foyer !

— Si tu te proposes, c'est pas moi que t'arrêteras.

— T'es vraiment pas possible ! Je rentre.

D'un pas décidé, Watanuki ramassa son sac et se dirigea vers la porte d'entrée.

— Attends, tu dois rester ici !

Aucune réponse.

Une fois ses chaussures aux pieds, le médium posa sa main sur la porte dans le but de l'ouvrir quand il sentit celle de l'archer sur la sienne.

— Enlève ta main !

— Tu dois rester. C'est « elle » qui voulait que tu sois là.

« 'Elle' ? De qui ce crétin parlait ? »

— Tu peux pas rentrer, du moins pas tant que ce connard traîne dehors ! Ajouta Douméki sur un étrange ton.

Étonné par la manière dont il avait dit ça, Watanuki délaissa la porte et se tourna vers lui.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? Et puis qu'est-ce qui pourrait m'arriver, hein ?

— Je ne sais pas… Mais elle ne voulait pas te laisser chez toi tant qu'il ne sera pas arrêté.

— Himawari-chan ?

— Non… Fit-il en détournant le regard.

— Ca ne peut pas être Yuuko-san, elle m'aurait demandé de rester chez elle, si ?

Voyant qu'il ne disait rien, Watanuki sut qu'il avait vu juste. Il ne comprenait pas pourquoi sa patronne ne lui avait pas dit de rester. Pourtant, ce n'était pas la première fois, alors pourquoi ?

Soupirant profondément, il se déchaussa de nouveau et regagna le salon. Il reprit sa place et attendit que Douméki le rejoigne, ce qu'il fit assez rapidement.

— Est-ce que tu sais pourquoi elle t'a demandé ça ?

— Non, répondit simplement l'archer une fois assit.

— Je vois. Elle mijote sûrement quelque chose… Mais quoi ?

— Aucune idée… Fit-il sans conviction.

— Menteur.

— Écoute, tu lui demanderas demain quand tu iras à ton travail, mais reste.

— Pourquoi ?

— Pourquoi pas ? Et puis tu pourras cuisiner comme tu veux ici et surtout le temple est à côté de la boutique et sans parler du lycée.

— Mouais…

— Je vais faire du thé.

— Hm… Se contenta de répondre Watanuki.

Il avait des questions, beaucoup même. Il devait attendre demain pour y penser, il était beaucoup trop épuisé pour tenter de comprendre quoi que ce soit, bien qu'il eut un début de réponse, le reste serait pour demain.

— Je vais prendre un bain, lança-t-il une fois dans la cuisine. Tu aurais un pyjama à me passer ?

— Ah oui, attends, fit Douméki en déposant la bouilloire sur le feu. J'ai que des jinbeis par contre, ça te va ?

— C'est parfait.

— Je t'apporte ça.

Watanuki le suivit du regard tout en se disant que l'archer était bien bavard. Cela ne le dérangeait pas, au contraire, mais c'était peu commun. Bizarrement, il appréciait de le voir ainsi. Ils n'avaient jamais réellement parlé, alors il espérait que cela se reproduise encore une fois.

« Ouahh ! À quoi je pense moi ? Parler avec cet idiot ? Et puis quoi encore. »

— J'ai vraiment besoin d'un bon bain.

— Hé ! Qu'est-ce qui t'arrive ?

Douméki fixa le médium avec son éternel regard blasé. Contre son avant bras se trouvait ledit pyjama, blanc pour ne pas changer. Watanuki, quant à lui, était recroquevillé sur lui, roulant de gauche à droite suite à la dernière pensée qu'il avait eu. Aux paroles de son hôte, il s'arrêta, et avec son énergie habituelle, il se redressa tout en beuglant…

— Ce ne sont pas tes affaires ! Répliqua-t-il, énervé. Donne-moi ça, ajouta-t-il en arrachant presque le vêtement qu'il lui avait apporté.

— Hé, j'ai envie d'une omelette au riz.

À la demande de Douméki, Watanuki stoppa net, puis il lança :

— Mais on vient à peine de manger !

— Je veux une omelette au riz, répéta-t-il calmement.

Fatigué, le médium desserra les poings, sachant pertinemment que cela ne servait à rien de parler avec lui quand il avait une idée en tête. Il lâcha un soupir tout en répondant :

— Je prends mon bain, et je reviens te faire ça.

— Et je veux que tu écrives dessus…

N'abuse pas ! Le coupa-t-il en coulissant la porte avec force.

La cohabitation s'annonçait difficile, pour une seule et unique personne… Pauvre Watanuki.


À suivre…


Voilà le premier chapitre. J'espère qu'il vous a plu.

Je cherche toujours quelqu'un pour me corriger la fic…

Concernant la publication, ce sera sûrement toutes les deux à trois semaines…

Merci d'avoir lu jusqu'ici et je vous dis à bientôt.

Kain