J'ai besoin de toi
Un éclair zébra le ciel et malgré moi je frissonnais. Je me levais doucement du canapé sur lequel j'avais pris place, deux heures auparavant et m'avançais vers la cheminée de pierre qui à elle seule chauffait toute notre petite maison. Je déposais un nouveau morceau de bois dans le feu et retournais à ma place, enroulant mon corps gonflé dans un plaid en laine. D'un geste distrait, je caressais mon ventre rond. J'étais de nouveau enceinte. Une petite fille, que nous prénommerions Cassidy. C'était une idée de mon époux. Le célèbre Sirius Black, plus connu sous le surnom de Patmol. Nous nous étions marié cinq ans auparavant. Dès le début de notre relation, beaucoup avait accusé Sirius d'abusé de moi et de ma jeunesse. Il en avait été malade durant des jours entiers ! Pourtant, j'avais pris mon courage à deux mains et fermé le clapet à toutes ces langues de vipères. Harry avait été véritablement le seul à ne pas s'opposer à notre couple, malgré que notre grande différence d'âge le dérange un tant soit peu. Nous avions après tout vingt ans d'écart, Sirius et moi. Cependant, notre couple avait tenu bon et trois ans plus tard, sous le nom de Hermione Black, je donnais la vie à un petit Johan. Johan Remus Black, notre petite merveille. Sirius en était complètement gaga ! Après la naissance de mon fils, j'avais eu beaucoup de mal à choisir un parrain, mais nous avions finalement opté pour Arthur Weasley. Un grand ami à mon mari. Harry et Ron avaient immédiatement accepté mon choix, car tous deux savaient à quel point il avait été dur pour nous de faire un choix entre eux. Mais pour ma nouvelle grossesse, j'avais fais mon choix. Ce serait Harry. C'était Ronald qui m'avait conseillé de le choisir, un peu comme un remerciement pour son aide. Car sans lui, je sais que ma relation avec Sirius n'aurait jamais commencé …
Rempli de nostalgie, je me levais du canapé, avec beaucoup de difficultés et rejoignis notre chambre à couchée, qui par chance se trouvait elle aussi au rez-de-chaussé. La pièce est telle que je l'ai toujours voulu : grand lit à baldaquin en bois au milieu, murs pastel et petit dressing. C'est la seule partie de la maison que j'ai eu le droit de décorer, sauf la chambre de Johan où Sirius et moi avons tout fait ensemble. C'est lui qui a décoré la chambre de Cassidy, sa princesse comme il le disait si bien. Par chance, le carton photos n'était pas si lourd. J'étais enceinte de huit mois et demi et portais des choses lourdes m'étais interdit. Je m'asseyais tant bien que mal sur notre lit et ouvrit la boîte, d'où s'échappa un nuage de poussière. J'éventais l'air face à moi et plongeais mes mains à l'intérieur. J'en sortis un album photo en cuir sur lequel était inscrit « Sirius et Hermione, de la part de Ginny. À mon couple préféré ». Je souriais. Devenue photographe à la fin de ses études, ma meilleure amie avait décrété que notre couple était son meilleur modèle pour faire des photos. Il ne s'était pas passé un seul dimanche, sans qu'elle nous prenne en photo lors des repas de familles. Beaucoup de clichés montraient un couple encore timide, qui n'osait pas trop se toucher ou encore s'embrasser en public. Pourtant le regard que l'homme jetait à la femme qui se tenait à ses côtés montrait à quel point il en était amoureux, et l'inverse était exacte. J'attrapais le deuxième album et trouvais cette fois-ci un couple moins réservé : des photos les montraient entrain de s'embrasser, de se tenir la main, etc … Le troisième était entièrement consacré à notre mariage. Je me revis dans ma robe blanche, celle de ma mère. Sirius était aussi beau dans son costume gris et nos témoins aussi : Ginny, enceinte de son premier enfant, en robe dorée et Harry dans un costume identique à celui de son parrain. Le repas, les danses qui s'enchaînaient, Sirius et moi découpant le gâteau, le discours des témoins et les félicitations de nos familles respectives.
Sans que je ne m'en aperçoive, des larmes s'étaient mises à couler le long de mes joues, mais je les essuyais rapidement. Depuis le début de ma grossesse, j'étais sujette à des coulées de larmes incontrôlables, mais ma gynécologue m'avait seulement dis qu'il s'agissait des hormones.
« Hermione ! s'écria soudainement la voix de mon époux. On est de retour !
- Je suis dans la chambre, répondis-je en refermant le carton. »
Je m'empressais de la remettre sous le lit et rejoignis le salon, où Sirius s'amusait avec Johan. Je m'arrêtais à l'embrasure de la porte et observais discrètement les deux hommes de ma vie. Assis sur le canapé, face à son père qui était quand à lui sur le tapis du salon, Johan riait aux éclats sous l'assaut des guillis de son père. Un sourire se dessina sur mes lèvres. J'assistais pour la première fois, à un moment privilégié entre « père et fils ». Je savais que Sirius voulait rattraper toutes ces choses qu'il avait perdu durant son enfance, notamment l'amour d'un père et même d'une mère. Jamais, il n'avait pu rire comme cela avec son père, discuter de tout et de rien avec sa mère, s'amuser avec son frère. Et à la naissance de Johan, il avait promis de toujours être là pour son fils.
« Je vais finir par être jalouse ! je m'exclame tout haut, pour faire remarquer ma présence.
- Tiens tiens … Regarde qui nous espionne Johan, répond mon mari avec un sourire tout en se levant.
- Maman ! s'écrit mon fils en me voyant approcher, bien difficilement.
- Alors chéri, tu t'amuse avec Papa ?
- Papa ! rit notre fils en frappant dans ses mains. »
Doucement, il s'approcha de moi et posa sa main grassouillette sur mon ventre. Comme si elle avait remarqué la présence de son frère, Cassidy donna un coup à l'endroit où se trouvait les doigts de mon fils. Celui-ci me regarda, émerveillé. C'était la première fois que cela se produisait. Il rigola et bougea sa main partout sur mon ventre. Cassidy sembla suivre ses mouvements avec attention.
« Bébé !
- Oui mon amour, c'est le bébé … , je souffle contre sa tête au cheveux noirs de jais. »
Sirius s'approcha de nous et s'assit sur l'accoudoir, à mes côtés. Nous restâmes comme ça quelques minutes, puis un bâillement s'échappa de la bouche de Johan.
« Il est l'heure d'aller au lit mon amour …, je souffle en déposant un baiser sur la joue de mon fils. »
Sirius se leva et pris notre fils dans ses bras. Johan déposa ses lèvres contre les miennes et tenta de me faire un baiser comme je le lui avais appris. Mon époux quitta le salon et partit couché notre fils.
Je caressais encore mon ventre et me rendis compte que Cassidy n'arrêtait pas de bougée et qu'une douleur irradiait subitement le bas de mon bassin. Je respirais comme me l'avait appris la médicomage et appuyais sur ma peau, en essayant d'atténuer la douleur. Au bout de quelques minutes, je pris conscience qu'il s'agissait réellement de contractions et que je pouvais accouché rapidement …
« Hermione, je pense … »
Sirius s'arrêta net en voyant mon expression de douleur. Il s'approcha très vite de moi et posa une main sur mon ventre.
« Maintenant ? demanda-t-il. »
Je hochais la tête pour toute réponse, tant j'avais mal. Prestement, Sirius retourna dans notre chambre et attrapa la petite valise que j'avais préparé au cas où nous devrions partir en vitesse. Il revint vers moi et attrapa le pot de poudre de cheminette, placée en hauteur pour pas que Johan ne l'attrape. Il jeta une poignée de poudre verte dans le feu et prononça « Le Terrier, famille Weasley » très distinctement. Quelques secondes plus tard, sa tête avait disparu dans l'âtre. Une contraction plus forte que les autres me prit et je pressais Sirius de se dépêcher.
« Sirius ! s'exclama la voix de Molly Weasley, que j'entendis très clairement.
- Bonsoir Molly, répondit mon mari. Pourrais-tu venir à la maison surveillait Johan s'il te plaît ?
- Oh ! C'est pour maintenant ? sourit-elle.
- Oui.
- Décale toi j'arrive. »
La tête de Sirius sortit de la cheminée et quelques secondes plus tard, dans un jaillissement de lumière verte, Molly apparut devant nous. Elle embrassa rapidement mon front et nous conseilla de partir maintenant, pendant qu'elle surveillait notre fils.
[ .. ]
« Bonjour Cassidy, je murmure en contemplant ma fille que je tiens dans mes bras. »
Allongée dans le lit d'hôpital à côté de moi, Hermione nous regarde avec un grand sourire, les larmes aux yeux. Ma princesse est enfin là … Ma belle petite princesse. Avec admiration, je contemple la beauté que m'a donné Hermione. Des cheveux noirs, un petit nez droit et des lèvres bien rose. Ma fille. Mon bébé. Cassidy Nymphadora Black. Née le deux décembre deux milles trois à minuit et quinze minutes.
« Merci, je souffle.
- De quoi ? me répond ma femme.
- De m'offrir le bonheur, des enfants et de l'amour … Si tu savais à quel point j'ai besoin de toi maintenant.
- Je t'aime mon amour, pleure Hermione.
- Moi aussi je t'aime, je réponds avant de l'embrasser. Pour toujours. »
