Note d'auteur : Hello tout le monde ! Voici une petite fic sans prétention, écrite en participation à un concours lancé par Seonne sur HPF et intitulé "De Vous à Nous". En voici les règles : le thème est celui de la transmission (dans les deux sens, des jeunes vers les vieux, des vieux vers les jeunes, voire les deux en même temps), écrire sur un couple de personnages ayant au moins 20/25 ans de différence, ne pas prendre un couple parent/enfant.
J'ai pour ma part choisi un duo composé d'Andromeda Tonks et Drago Malefoy. Cette fiction sera découpée en huit mini-chapitres d'environ 1000 mots, qui seront posté deux fois par semaine. Je m'excuse d'avance pour le thème pas très joyeux. XD
Merci à Seonne pour l'idée de ce concours super inspirant et merci à ma petite Sun qui m'a beaucoup aidé avec ce texte, que ce soit sur le bêtatage comme pour le titre ou le résumé. :hug:
Les couloirs aseptisés de Sainte-Mangouste sont presque vides de visiteurs en cette froide soirée de décembre. Il n'a croisé qu'une vieille dame, qui sortait de l'ascenseur alors qu'il y entrait. La cage brinquebalante l'a ensuite amené au deuxième étage. Les portes se sont ouvertes avec un grincement inquiétant et il s'est avancé dans le couloir désert avec hésitation, jusqu'à la chambre 213.
A présent il reste planté devant le battant et il se sent stupide. Le silence feutré qui l'entoure lui donne des frissons. Il a peur de ce qui l'attend à l'intérieur. Son ventre se crispe et ses mains se serrent autour du bouquet. Il lui a amené des pivoines, ses fleurs préférées.
Soudain, la porte de la chambre s'ouvre toute grande. Il a un mouvement de recul, pris au dépourvu. La Médicomage qui lui fait face lui offre un grand sourire. Ce genre de sourire un peu gêné, un peu compatissant, empreint d'une vague compréhension. Le genre de sourire qu'on adresse aux proches des mourants.
— Je ne m'attendais pas à vous voir ce soir Mr Malefoy ! Vous tombez bien, elle vient de se réveiller.
Elle s'écarte pour le laisser passer, ce que Drago fait un peu à contrecœur. Il vient toujours la voir à reculons. Il ne supporte pas de la voir aussi diminuée. Aussi peu elle-même.
Comme d'habitude, il ressent presque un coup physique dans l'estomac lorsqu'il entre et qu'il l'aperçoit étendue sur son lit d'hôpital. Sa peau pâle est presque de la même couleur que ses draps blancs. Ses traits sont creusés, marqués par les rides, la fatigue, la maladie. Ses yeux sont recouverts d'un voile de douleur qui ne les quitte plus depuis plusieurs mois. Elle a remonté son pyjama grisâtre jusqu'à son menton, dissimulant son cou. Malgré cela, Drago voit tout de même les traces des abcès les plus développés sur sa mâchoire.
Comme d'habitude, il choisit de les ignorer soigneusement.
— Je t'ai apporté des fleurs.
— Je vois ça.
Sa voix éraillée le fait frémir mais il n'en laisse rien paraître. Il s'avance de lui-même jusqu'à la table de chevet pour remplacer son précédent bouquet. Il ôte les pivoines fanées du vase bleu pour y placer les nouvelles.
— Merci beaucoup, souffle Andromeda. Elles sont de la même couleur que les cheveux de Teddy dans ses bons jours.
— C'est pour ça que je les ai prises.
Il va jeter les anciennes fleurs dans la poubelle près de la porte puis retourne près d'elle et s'assoit sur la chaise en bois inconfortable à côté du lit. Ses yeux ne cessent de sauter d'un point à un autre, incapables de se fixer sur quoi que ce soit. De ses mains abîmées jusqu'à ses fins cheveux gris coupés courts, en passant par le ciel noir derrière la fenêtre et la forme cagneuse de ses genoux qui se dessine sous les draps.
— Comment vas-tu ? demande-t-elle.
Il déteste entendre sa voix. Rauque, gutturale, cassée. Malade. Parce que plus il l'entend et plus l'inéluctabilité de la situation le frappe. Il a l'impression qu'elle lui échappe, comme s'il essayait de retenir de l'eau entre ses doigts grands ouverts. Ses yeux se fixent sur un point précis avant qu'il ne réponde. Le tissu blanc de l'oreiller, près de sa tempe droite.
— Ça va. Tout se passe bien au travail. Astoria est partie en France pour une conférence. Scorpius sera diplômé dans peu de temps. Il a hâte de commencer à travailler. Et Teddy est venu dîner à la maison l'autre jour. Ils pensent à déménager avec Victoire. Acheter une vraie maison. Ils en ont assez de leur appartement minuscule.
Il se tait, la bouche sèche. Il n'aime pas parler pour ne rien dire. Déblatérer sans but, ce n'est pas lui.
— Il est passé me voir aujourd'hui, il m'en a parlé, murmure Andromeda.
Elle est soudain prise d'une violente quinte de toux. Inquiet, Drago se lève à demi, prêt à se ruer pour aller chercher de l'aide. Mais elle le rassure d'un faible geste de main, les yeux larmoyants et le visage rouge. Son col a glissé, révélant les plus gros abcès et leur couleur noire inquiétante. Il ne peut s'empêcher de les fixer. Andromeda s'empresse de les dissimuler à sa vue dès qu'elle avise son regard horrifié.
— Ils m'ont déjà administré mes potions ce midi. Il faut attendre le repas du soir si je ne veux pas être en surdosage.
Sa voix n'est réduite qu'à un chuchotis enroué. Drago la regarde d'un air grave. A chaque fois qu'il la voit, il a cette peur incontrôlable au creux du ventre. Quand il est chez lui, loin de l'hôpital, de sa respiration sifflante et des horribles symptômes de sa maladie, il peut toujours prétendre que ce n'est qu'un mauvais rêve qui n'a jamais existé. Mais quand il est là, près d'elle, ça lui semble si réel qu'il en a presque envie de vomir.
Cette situation est tellement injuste. Comme si elle n'avait pas eu assez de malheurs dans sa vie, il faut qu'en plus elle ait une fin des plus douloureuses.
— Tu veux bien m'apporter un verre d'eau ?
Drago s'exécute aussitôt. Il remplit le verre en plastique d'un coup de baguette et l'aide à le porter ensuite à ses lèvres. Il tressaille au contact de ses mains sèches mais elle ne semble pas s'en apercevoir. Lorsqu'elle s'appuie de nouveau sur ses oreillers, sa respiration paraît moins laborieuse.
— Je ne pensais pas que tu viendrais aujourd'hui, souffle-t-elle. Tu n'avais pas une réunion importante ?
— Je l'ai décalée.
— Tu n'aurais pas dû. Ton travail doit passer avant.
— Ne dis pas de bêtises. J'y tenais. On est le 17 décembre aujourd'hui.
Un sourire étire les lèvres craquelées d'Andromeda.
— Tu te souviens encore de la date.
Bien sûr qu'il se souvient de la date. Malgré les trente années écoulées, ce jour est encore frais dans son esprit.
C'est le jour qui a sans aucun doute marqué un tournant dans sa vie.
Note de fin : Merci pour votre lecture ! Si le coeur vous en dit, je ne serai pas contre une petite review, ça met toujours du baume au coeur. :)
La suite arrive jeudi, je vous souhaite à tous une bonne semaine et à bientôt !
