Synopsis :

Après des siècles d'enfermement, le Démon Razaguel est parvenu à s'échapper du Purgatoire. Mais pour semer la chaos sur la terre et servir les desseins de Lucifer, il a besoin d'investir un hôte humain pour interagir. Et nuire. Les frères Winchester n'ont que très peu de temps pour empêcher sa réincarnation et le renvoyer dans les limbes.

Prologue

Elle se réveilla en sursaut au beau milieu de la nuit, certaine d'avoir entendu quelque chose. La chambre dans laquelle elle se trouvait, était plongée dans une obscurité presque totale. Un vent sinistre mugissait à l'extérieur, faisant battre les volets. Ils émettaient de longs bâillements inquiétants tout en claquant durement contre les murs de briques. Un souffle d'air glacé, comme en plein hiver, s'engouffrait dans la pièce à travers les fenêtres grandes ouvertes et faisait gonfler les rideaux.

Sous l'épaisseur de ses draps, remontés pourtant jusqu'aux épaules, la jeune femme se sentit parcouru d'un frisson glacial qui la fit instantanément frissonner. Un fluide réfrigérant remonta le long de son échine dorsale et s'insinua dans tout son être, raffermissant sa peau et tétanisant ses moindres muscles.

Détectant aussitôt quelque chose de malsain dans l'atmosphère, son cœur se mit à battre plus fort. Et plus vite. La température ambiante chuta de plusieurs degrés, avoisinant presque le zéro absolu. Cela, sans aucune explication. Sa respiration s'accéléra en un instant, libérant des panaches de fumée blanche par-delà ses lèvres tremblantes. Ses dents se mirent à claquer d'une manière incontrôlable et son sang se glaça.

Machinalement, elle releva les yeux vers sa table de chevet pour interroger son réveil. Le cadran affichait 3.13 du matin. Les numéros en incrustations lumineuses, d'un vert électrique, clignotaient faiblement. Ils semblaient s'être arrêter, comme si le temps avait cessé de tourner. Leur éclat fluorescent baignait son visage et ses oreillers d'une lueur spectrale, aux rayonnements lugubres.

Elle comprit que quelqu'un -quelque chose- se tapissait dans un recoin sombre de la pièce, avant même d'entendre le bruit de ses pas. Il ne s'agissait pas d'un son aussi clair qu'un bruit de talon martelant le plancher, mais d'une sorte de suintement humide.

A l'ombre que l'indésirable projetait sur le mur, juste en face d'elle, la jeune femme réalisa avec terreur qu'il ne s'agissait ni d'un homme, ni d'un animal. Mais d'une entité flasque et coulante qui se trainait lentement vers les pieds de son lit. Dépourvue de bras ou de jambes, la monstruosité se tordait maladivement sur le plancher pour pousser en avant sa masse spongieuse. Ses mouvements émettaient des bruis de succions mouillés sur le sol. Le corps de la créature était énorme et sans consistance, tel un amas de mélasse informe. Il en dégouttait une sécrétion gluante qui, sous l'éclairage blafard de la lune, faisait briller sa peau et son abdomen boursoufflé.

Frappée d'horreur, les yeux révulsés d'effroi, la jeune femme voulu pousser un cri tonitruant. Mais la terreur comprimait sa gorge comme la poigne serrée d'une étrangleuse et aucun son ne pu en sortir. Tous ses sens en alerte, elle balaya la pièce avec des petits regards furtifs, à la recherche d'une arme de fortune pour se défendre. Mais où qu'elle posa le regard, l'obscurité environnante était trop épaisse pour lui permettre de discerner quoi que ce soit.

Lorsque la chose commença à grimper sur son lit et à se répandre mollement sur les draps, un courant de panique électrisa le corps de la jeune femme et ses entrailles se liquéfièrent sur le champ. La créature s'étala de toute sa masse en se tordant en avant, emprisonnant sous son poids les jambes de sa victime. La chose visqueuse était si lourde que les ressors du matelas grincèrent et une flaque d'humidité mousseuse, tout autour d'elle, imbiba les couvertures.

Paralysée d'effroi, la jeune femme roula ses yeux vers la fenêtre. Son ultime espoir de survie.

Si elle se dégageait à temps de l'emprise de l'entité, peut-être serait-elle assez rapide pour atteindre la fenêtre et sauter dans la jardin. Mais le froid qui l'envahissait ne lui glaçait pas seulement le corps... il le pétrifiait complètement.

La jeune femme tenta par tous les moyens de remuer les jambes pour s'extirper de ses draps, mais une force noire et oppressante la maintenait clouée sur son lit, l'empêchant de se débattre.

Prise au piège.

Démunie.

Et lorsque la créature se hissa pour fondre sur elle, la jeune femme réalisa qu'il était trop tard.