Salut à tous, me revoilà pour ma dernière fiction : The War of Publishers.
C'est une UA, adaptée du yaoi Sekaiichi Hatsukoi. Le manga est clairement en R-18, mais cette fic fut commencée à être rédigée quand j'avais 15 ans; comprenez que je ne savais tout bonnement pas écrire quoique ce soit approchant le M. Malgré tout, les thèmes abordés et les sous-entendus font que cette fic mérite parfaitement son rating T.
Le couple principal est facile à deviner, c'est un SasuNaru. Les couples secondaires de Sekaiichi seront cependant bien différents puisque je n'aime pas les autres couples yaoi existants dans Naruto. Donc voilà, surprise pour les pairings suivants, mais ils seront bel et bien hétéros.
Qui plus est, je n'ai pas suivi le manga à la lettre. J'ai repris pas mal de moments du manga, mais ensuite beaucoup de choses seront différentes et surtout j'ai ajouté un scénario différent de la romance un peu gnangnan qui existe à la base dans Sekaiichi.
Le disclaimer appartient à Masashi Kishimoto pour les personnages de Naruto, qui a même son apparition dans cette fiction. L'univers de Sekaiichi Hatsukoi à Shungiku Nakamura. Bêta-lecture faite par sasunarufann, alias la botteuse de culs, mais qui aura en grande partie contribué à donner ce que cette fiction est à présent.
Et maintenant... HAVE A GOOD READ!
THE WAR OF PUBLISHERS – Première partie
CHAPITRE 1
Je connaissais son amour pour la littérature. Sa crétinerie. Le t-shirt orange criard qu'il avait l'habitude de porter. Son épaule droite sur laquelle était jetée sa veste d'uniforme. Son épaule gauche collée à la mienne. Sa mimique boudeuse après une énième bagarre. Ses yeux bleus qui brillaient dès qu'on se retrouvait, au fond de la bibliothèque du lycée. Son sourire immense, et si lumineux.
On avait 17 ans. On se connaissait à peine. On ne s'était jamais vus en dehors du lycée. On avait rien en commun. On était des hommes. Et pourtant, un jour, ces deux petits mots s'étaient échappés.
« Je t'aime. »
Et plus rien n'avait été pareil.
Ma première impression est... Très mauvaise.
Kakashi Hatake – Naruto
« Hein? Comment ça, aux mangas?
– En effet, vous avez reçu le poste vacant d'éditeur aux département shônen, Uzumaki-san. »
Comme piqué par une guêpe, Naruto se leva brusquement et plaqua ses mains sur la table devant laquelle il était assis.
« Il doit y avoir une erreur! s'exclama-t-il, tandis que sa chaise retombait en un violent fracas par terre. Vérifiez, s'il vous plaît. »
La jeune femme lui faisant face lui adressa un petit sourire désolé, puis lui montra la feuille qu'elle gardait dans une pochette depuis qu'elle était arrivée. Naruto, pris de panique, lui arracha le document des mains et le parcourut fiévreusement.
[…] Suite à son entretien du 26/08 […] Uzumaki Naruto, ancien éditeur chez notre associé, Suna Shouten […] est admis dans la section Mangas Shonen de la Konoha Shouten […]
Il redressa sa tête du papier, une expression de pure horreur inscrite sur son visage, puis baissa les épaules en soupirant. Une moue abattue s'installa sur ses traits, mais il rendit le document à la jeune secrétaire qui se remit à lui sourire doucement en l'informant de la suivre. Il la fixa un instant, s'imagina l'ignorer et juste sortir, en claquant la porte évidemment, mais leva les yeux au ciel à la pensée. Il tâcha alors de reprendre un air plus digne, puis la suivit jusqu'à un ascenseur qui les mènerait au 5e étage du grand immeuble.
Il frotta une main sur son visage, ses mèches blondes se soulevant sous le mouvement, alors qu'il se demandait comment, bon sang, comment il avait fait pour en arriver là. C'était une blague? Bon, ok, il avait un peu forcé sa chance en quittant soudainement, et sans vraiment de raison, son ancien boulot, mais il croyait pas mériter de se retrouver dans un domaine où, il le savait, il serait incapable.
C'était juste qu'il s'était vaguement rappelé d'une discussion qu'il avait eue avec son oncle de cœur, quelques années avant que celui-ci ne disparaisse. Ils blaguaient, l'écrivain s'était imaginé un instant ce que ce serait d'avoir le jeune garçon comme éditeur, et Naruto avait ricané en lui rétorquant qu'il avait pas franchement envie de s'occuper de ses romans de cul débiles. Mais maintenant que Jiraiya n'était plus de ce monde, et que son regard était tombé, un matin, sur un offre d'emploi dans la même maison d'édition où bossait le plus âgé; il n'avait pas réfléchi. Il avait envoyé une candidature, peut-être était-ce un moyen pour lui d'avancer, de mettre fin à son deuil et recommencer à vivre. Quand il avait reçu un coup de téléphone, tout lui avait semblé extraordinaire, car son coup de sang se révélait plutôt positif.
Mais là... son euphorie avait prit un sacré coup.
Pourquoi et comment avait-on pu l'affilier aux mangas? Il était un homme de littérature, il lisait depuis qu'il avait l'âge de pouvoir le faire, mais n'y connaissait absolument rien aux mangas. Il ne pourrait jamais travailler dedans, c'était une certitude. Et il n'avait même pas tellement envie d'essayer.
Il aimait la beauté des mots, la sensation du papier sous ses doigts, le son d'une page qui se tourne. Il aimait passer des nuits à corriger un texte et le rendre meilleur. Il aimait avoir un gros paquet sous le bras, et se rendre à l'imprimerie à une heure innommable pour ensuite voir ces mots empilés revenir sous forme palpable. Il aimait que sa passion le fasse vivre, lui ait permis de rencontrer un grand nombre de gens qu'il considérait désormais comme ses amis les plus proches, lui ait fait atteindre une vie dont il n'aurait jamais pu rêver adolescent.
Les mangas, eux, n'étaient rien pour lui. Rien à part peut-être des mauvais souvenirs, trop vieux pour qu'il se les ressasse maintenant.
Il pénétra dans l'ascenseur, une boule d'appréhension au ventre; et le fantasme d'appuyer sur le bouton stop de l'ascenseur et de sortir par la trappe du dessus tournant dans sa tête. Voyant la jeune femme à ses côtés l'observer du coin de l'œil, il sortit de ses pensées puériles, et fit de même. Elle comprit qu'il l'avait vue, et il attendit qu'elle parle, car il n'était pas assez modeste ou naïf pour penser que ses joues étaient devenues roses simplement car il aurait une trace de couette sur la joue. Aussi lança-t-elle rapidement une conversation, s'éclaircissant la gorge :
« Vous ne comptiez donc pas venir aux mangas? »
Il se gratta la tête en levant les yeux au ciel, une moue dépitée reprenant sa place sur ses traits, car peut-être qu'il aurait préféré parler d'autre chose, ou oublier plus de deux secondes qu'il était dans la merde.
« Non, pas vraiment, mon rayon c'est plutôt les romans. Je dois avouer que je n'y connais absolument rien...
– Vraiment? murmura-t-elle, d'une voix dont les accents trahissaient sa surprise.
– Je suis déjà tombé sur des animes à la télé, et y a assez de pubs dans le métro pour que je connaisse au moins les plus connus... mais ça ne m'a jamais intéressé plus que ça. »
Non, il n'avait vraiment pas envie d'entendre parler de mangas, c'était clair. Il baissa la tête, et se mit à fixer le sol. Des bribes de souvenirs lui revinrent en tête, occupèrent son esprit et renforcèrent la boule présente dans son ventre.
« Je t'aime. »
Il secoua la tête en tentant de remettre ses pensées en ordre, se disant qu'il était stupide de continuer à penser à cette vieille histoire. Ainsi, pour donner le change, et parce que c'était trop tentant, il adressa un sourire charmeur à la jeune femme qu'il vit à nouveau rosir légèrement. Quand il recommença à parler, sa voix était bien plus mielleuse qu'avant.
« Enfin, peu importe. Qu'attendriez-vous de moi, si je venais à rester? »
La jeune femme, ne devant sûrement pas avoir plus de 23 ans, ramena fébrilement une mèche de cheveux derrière son oreille en se remettant à fixer le mur devant elle. Il sentit son sourire lui grimper jusqu'aux oreilles, et une voix lui souffler 'frimeur'.
Il savait qu'il plaisait aux femmes, et il en profitait grandement. Elles aimaient son allure de surfeur californien avec ses cheveux blonds et ébouriffés, son teint hâlé, ses épaules larges – résultat de son entraînement hebdomadaire à la salle de sport, et surtout ses yeux bleus clairs. Cela changeait beaucoup du japonais typique, et si la génétique lui fournissait le moyen d'être populaire auprès de ces dames, il n'allait certainement pas dire non.
Après avoir battu des paupières, et que ses chevilles aient certainement doublé de volume, la jeune femme lui répondit :
« Une équipe manquait d'un éditeur depuis quelques temps... J'imagine qu'après quelques semaines d'apprentissage dans votre cas, vous bénéficierez d'un auteur à suivre. Mais avant tout, il faut vous présenter à Uchiha-san. »
Naruto haussa un sourcil, oubliant un instant sa drague :
« Uchiha-san? »
Un grand sourire fit son apparition au milieu du visage de la jeune femme, et elle parla avec d'autant plus de vigueur:
« Oui, c'est l'éditeur en chef! Il est arrivé il y a plusieurs années lorsque la Konoha était dans le rouge le plus total. Mais il a tout bonnement doublé le chiffre d'affaire, et c'est lui qui a déniché One Piece, qui est désormais le manga le plus vendu et lu existant! »
Le blond siffla d'admiration.
« Ah oui quand même...
– C'est un très grand homme! On raconte que même les plus hauts hommes d'affaires le connaissent, certains disent même que s'il venait à partir, on mettrait la clé sous la porte. C'est un éditeur très talentueux, qui plus est charismatique, et- » Elle se coupa brusquement, puis adressa un petit sourire désolé à Naruto « Navrée, je m'éloigne... »
Le blond haussa les épaules, au fond de lui assez impressionné, même s'il se demandait si ces rumeurs n'était que du vent ou bien réellement fondées. Qu'était une entreprise uniquement dépendante d'une seule personne, de toute façon? Et puis, quelle injustice de faire se reposer une boîte aussi grande sur deux pauvres épaules. Il le plaignait un peu, même s'il se disait qu'il y avait aussi moyen que cela lui soit monté à la tête.
Les chiffres lumineux indiquèrent qu'ils étaient enfin arrivés à leur étage. Les portes s'ouvrirent, et ils s'engagèrent dans un long couloir aux murs couverts de posters, et au sol jonché de papiers, d'exemplaires de journaux, ou de volumes récemment parus. En chemin, il vit la jeune femme demander sa route à de nombreuses personnes, et à un certain moment entendit quelqu'un murmurer que 'c'était pas la bonne journée pour aller voir Uchiha-san'. Naruto, très perplexe, demanda à sa guide quand ils semblèrent s'approcher d'un endroit dont les alentours avaient été étrangement désertés :
« Qu'est-ce qu'il se passe au juste? »
La jeune secrétaire se raidit et il la vit pâlir. Elle lui adressa une mimique désolée, puis marmonna entre ses dents :
« Je suis désolée, ce n'est pas vraiment le bon moment de la semaine pour venir... le cycle, vous savez... »
Naruto sourcilla. Cycle?
Il n'eut pas le temps de lui demander la signification de ses paroles, car ils arrivèrent au bout de l'étage dont toute la profondeur était cachée par une rangée de paravents. Les murs artificiels s'étendaient tout le long de l'immense salle pour délimiter la partie couloir et la partie bureau, avec quelques ouvertures en tant qu'entrée pour les différents bureaux ici et là.
Enfin, ils arrivèrent à l'entrée de ce qui serait son futur lieu de travail. Et la première réaction qu'eut Naruto fut de reculer d'un pas, les yeux écarquillés.
Le mot désordre n'aurait pas pu convenir pour expliquer à quel point l'anarchie régnait dans la pièce. Les papiers s'amoncelaient le long des murs en de grandes piles de la taille d'un homme, et surtout extrêmement dangereuses si elles tombaient sur une personne passant à côté. Les bureaux étaient encombrés de cartons, de dossiers, d'outils administratifs. Les rideaux étaient tirés, les lumières éteintes, seule la lueur des ordinateurs éclairait cette portion de la pièce, comme s'ils avaient plongé dans un univers parallèle.
Et surtout, ce qui était le plus marquant et choquant. Une, deux, trois... Quatre personnes étaient avachies sur leur bureau, entre deux piles de dossiers, le regard noir rivé sur leur ordinateur. Une aura néfaste avait l'air de s'échapper d'eux en continu. Vu leur position, ils ne semblaient pas être de simples paresseux, mais véritablement des cadavres, alignés sur des tables pour le plus morbide des rituels, et dont seules les mains s'activaient sur les claviers.
Naruto se tourna lentement en direction de la jeune secrétaire, avant de se rendre compte qu'elle l'avait gentiment laissé s'en occuper tout seul. Il resta immobile, un air ahuri crispant certainement son visage, puis soupira longuement.
Quand faut y aller...
Il inspira un grand coup, comme pour s'insuffler du courage, puis passa la barrière de paravents, comme on dépasse le trottoir pour se jeter sous les roues d'une voiture, et s'approcha de l'homme le plus près de lui.
« Euh... »
Deux yeux châtains se tournèrent en sa direction, lui demandant muettement l'objet de sa visite, sans pour autant cesser de taper. Naruto, pris au dépourvu, tenta, commençant sérieusement à flipper :
« Uchiha-san... ? »
L'homme s'immobilisa quelques secondes, le fixant d'un air de celui qui va pas tarder à tuer quelqu'un, avant de hocher lentement la tête et de pointer du doigt le bureau qui semblait présider tous les autres, plus au fond de la pièce. Naruto opina, et s'approcha à pas de loup de l'homme dont le visage était caché sous un livre, car oui, il semblait dormir. ...sérieux?
Quand il ne fut plus qu'à un mètre de lui, il s'immobilisa et se racla la gorge.
Pas de réaction.
Il sentit un tic nerveux démanger son sourcil gauche, puis demanda d'une voix plus claire :
« Uchiha-san? »
Toujours rien.
Sa patience flancha. Il n'avait pas demandé à se trouver ici, et en plus personne n'était capable de l'accueillir? Il donna un coup de pied dans la roulette du fauteuil, et, mû par les lois élémentaires de la physique, ledit Uchiha-san chuta et se retrouva le cul à terre.
Une main rapide et puissante vint s'abattre sur le bois du bureau, et Naruto vit deux yeux noirs d'encre le fusiller, porteurs de lourdes menaces de morts et autres atrocités. Il se sentit frissonner violemment sous leur intensité, mais garda une figure digne et grogna en croisant les bras :
« Enchanté, Uchiha-san. » les deux perles corbeau qui l'observaient restèrent totalement insipides « Je suis Uzumaki Na-
– C'est toi le nouveau? »
Naruto frissonna imperceptiblement en entendant la voix grave et profonde de son nouveau supérieur, et opina rapidement. Malgré tout, il lui tendit une main pour l'aider à se remettre sur pieds – autant bien se comporter, c'était tout de même son futur boss.
Debout, ils faisaient la même taille, même si l'Uchiha paraissait plus élancé. Il était habillé sobrement, une chemise large et un jean. Le noir semblait bel et bien être sa couleur, étant donné que non seulement ses yeux étaient de cette teinte, mais aussi ses cheveux qui retombaient en de longues mèches autour de son visage et partaient en épi derrière son crâne. Tout ceci ressortissait sur une peau extrêmement pâle, auxquelles les cernes en dessous de ses yeux donnaient une teinte presque maladive. Franchement pas ce à quoi il s'attendait, c'était le cas de le dire.
« Combien d'années as-tu derrière toi? »
Naruto mit quelques instants à comprendre qu'il s'adressait à lui, ayant été perdu dans ses pensées.
« C'était sur mon CV, non?
– Pas lu. »
Naruto ouvrit grand les yeux, et hésita pendant quelques secondes à vraiment se mettre à crier, parce que c'était bien simple : où il avait atterri? Mais il se dit que de gueuler ne servirait à rien, alors il ravala sa colère du mieux qu'il put, et grogna :
« Six ans d'édition en littérature à la Suna Shouten. »
Il avait dit ces mots avec fierté, il savait qu'à son âge c'était rare de trouver un travail en édition et de le garder aussi longtemps. Le brun resta silencieux quelques secondes.
« C'est tout?
– ... »
Il avait presque envie de lever les mains, l'air de dire 'quoi?'. L'Uchiha l'observa encore quelques instants avant de lever les yeux au ciel.
« Grandiose. »
Naruto écarquilla les yeux et sentit de nouveau la colère lui tordre le ventre. C'était une blague, c'était pas possible. Comme si ça existait vraiment, des mecs aussi infects...?
Soudain, le téléphone présent sur le bureau sonna, et l'éditeur décrocha. Il marmonna quelques mots, avant de dire à ce qui semblait être une réceptionniste qu'il arrivait. Il commençait à rassembler quelques affaires, quand son regard tomba sur Naruto, comme s'il l'avait oublié en à peine trente secondes. Il prit un temps de réflexion, avant de marmonner en fermant son attaché-case.
« Eh, le nouveau, suis-moi. Il faut bien que t'apprennes à travailler. »
Naruto le fusilla du regard dès qu'il eut le dos tourné, se retenant de lui faire un doigt d'honneur, mais le suivit jusqu'à un autre ascenseur qui semblait descendre vers les salles de réunion. Qu'est-ce qu'il pouvait faire d'autre de toute façon? Le frapper? Il n'était pas stupide non plus, bien que ça le démange.
Une fois qu'ils furent à l'intérieur, l'Uchiha décida de lui donner plus d'informations :
« C'est un nouvel auteur, que j'ai déniché il y a quelques mois. Mais comme je suis déjà en charge d'un autre, tout comme mes collègues, tu as été recruté.
– Vous voulez dire que j'ai déjà un auteur? »
Deux perles noires se tournèrent vers lui.
« Quoi, tu ne peux pas? »
Oh, pas une bonne idée d'attaquer le côté fier de Naruto, qui jamais ne reculerait devant la difficulté.
« Si. » grogna Naruto.
Le brun haussa les sourcils, et Naruto décida que oui, il haïssait ce type. Mais l'autre continua, peu intéressé des états d'âmes de son nouvel éditeur :
« Pour l'instant, son manga n'en est qu'à son ébauche, mais je pense vraiment que ça pourrait devenir un manga pilier du magazine. L'histoire est vraiment intéressante et bien trouvée, dans un univers original. Mais il manque des retouches ci et là, alors je lui ai demandé de retravailler son nemu, ou le story-board si tu préfères. »
Naruto hocha la tête, les mains dans les poches.
« Donc il n'est pas encore publié?
– Cela ne saurait tarder. J'ai demandé à ce qu'il soit présenté à la réunion mensuelle dans une semaine. »
Naruto haussa un sourcil :
« Et rien n'a encore été dessiné?
– Pas besoin, répondit sèchement l'Uchiha. Pour la réunion, il a trois chapitres à présenter sous la forme de nemus. Nous avons assez de temps. S'il est ici aujourd'hui c'est simplement parce qu'il a un problème avec le chapitre trois. »
Naruto acquiesça en émettant un son d'assentiment, notant ce que son supérieur venait de dire dans un coin de son crâne. Autant le faire tout de suite, vu que visiblement, il n'était pas près de partir. Les portes coulissèrent enfin à leur étage, et il descendirent sur le palier. Ils se dirigèrent vers la salle de réunion où l'auteur les attendait, et l'Uchiha profita de ces quelques minutes de plus pour expliquer assez rapidement le scénario à son nouvel éditeur.
« Une histoire... De ninjas? demanda Naruto, perplexe.
– Oui, répondit le brun. Le héros est un aspirant-ninja au début de l'histoire. Au fur et à mesure des chapitres, il s'améliore et remplit des missions avec son équipe. Le chapitre qui pose problème à l'auteur est celui où il rencontre pour la première fois ses équipiers. » un petit sourire vint étirer les lèvres de l'éditeur en chef. « Disons que cette scène est... Particulière. »
Naruto sourcilla, mais ne put rien répondre. Ils venaient d'entrer dans la salle de réunion.
Un homme était attablé, et tenait des planches qu'il lisait. En les voyant entrer, il se releva rapidement, puis s'inclina.
« Uchiha-san. »
L'Uchiha s'inclina à son tour.
« Kishimoto-sensei. »
Le mangaka remarqua la présence de Naruto derrière le brun, et sortit une carte de visite de sa poche. Le blond fit de même et lui tendit en s'inclinant, tandis que son supérieur le présentait :
« Voici Uzumaki, notre nouvel éditeur.
– Kishimoto Masashi, dit-il à Naruto. Ravi de pouvoir vous rencontrer. »
Ils s'échangèrent leur carte, puis s'assirent autour de la table, tandis que le brun expliquait au mangaka que Naruto était présent pour observer et serait son prochain éditeur.
Une fois les présentations finies, l'Uchiha attrapa les planches et les parcourut rapidement. Naruto, de son côté, lisait les nemus des premiers chapitres, impressionné.
Il n'avait jamais lu de mangas, mais avait toujours été attiré par les livres narrant de longues batailles, que ce soit de la fantasy ou des romans historiques de l'ère Edo. Les cases et les effets sonores rendaient les combats très dynamiques, surtout dans un univers rappelant le Japon féodal, mêlé à la technologie actuelle. Cependant, il nota qu'à chaque fois que le prénom du héros devait être prononcé, il n'y avait qu'un blanc.
Il releva la tête, et vit que l'Uchiha avait fini de lire.
« Vous n'avez toujours pas réussi à trouver de nom, à ce que je vois...
– Non, je bloque dessus. Tout ceux que je trouve sont vraiment trop simples, et ça ne va pas avec le personnage, soupira le dessinateur.
– Il faut vraiment vous concentrer là-dessus, répondit l'Uchiha. Comme ça presse pas mal, j'aimerai que vous arriviez à le trouver d'ici après-demain.
– Je le ferai. »
L'éditeur opina, puis changea immédiatement de sujet, tandis qu'il cherchait une planche dans le tas.
« Et à propos du moment où il rencontre ses coéquipiers... »
Le mangaka se mit à rire et commença à se frotter la nuque, gêné :
« Oui, je me suis permis d'emprunter votre prénom... Cela ne vous dérange pas, j'espère. »
L'Uchiha esquissa un petit sourire.
« Il n'y a pas de problème, répondit-il simplement. Tant que les lecteurs n'en savent rien... » il reprit son sérieux. « Non, je voulais parler du baiser accidentel... »
Le brun posa à plat la planche qu'il tenait, et Naruto ouvrit la bouche d'ébahissement. Le héros, alors qu'il était penché face à son rival, s'était fait bousculer, et était malencontreusement tombé... Sur les lèvres dudit antagoniste.
« Oui, accorda le mangaka en grimaçant. Je n'arrive pas à trouver le bon angle, ni à exprimer la surprise mélangée à la colère sur leur visage. »
L'Uchiha commença à se tenir le menton, plongé dans ses réflexions.
« Il vous faudrait un modèle? »
La mangaka cligna des yeux, avant se mettre à rire nerveusement.
« Oui, je pense... Mais j'ai eu beau chercher dans tous les shojo que je trouvais, impossible de trouver ce que je cherche.
– Il n'y aura pas de problème avec ça, répondit-il en se levant et en se mettant à fixer Naruto. Prenez de quoi dessiner. »
Le blond balbutia, encore un peu choqué par la planche qu'il avait lue :
« Vous avez besoin d'un truc?
– Oui, que tu la fermes et que tu te laisses faire. »
Naruto écarquilla les yeux quand deux lèvres pleines se posèrent sur les siennes. Ce fut comme si un signal d'alarme avait été tiré dans son cerveau. Il sentit un sifflement résonner dans ses oreilles, ainsi que le sang quitter sa tête. Il émit un gémissement de surprise, et eut un sursaut de recul qui le sépara rapidement de l'éditeur en chef.
C'est quoi ce bordel!?
Le brun s'écarta aussi rapidement qu'il s'était approché, et se rassit à sa place, tandis que Naruto en glissait de sa chaise.
« Vous avez eu le temps de dessiner? »
Il fixa Masashi qui le regardait avec des yeux de truite hors de l'eau.
« Je dois le refaire? insista le brun.
– N-Non! s'écria le mangaka. C'est bon, je pense que j'ai ce qu'il me f-faut... »
Le blond se releva lentement, les yeux sur le point de sortir de leur orbite, le teint pivoine, et la mâchoire tremblante.
« Maismaismais... psalmodia-t-il C'est quoi votre problème!? »
Le brun se retourna lentement en sa direction.
« Qu'est-ce qu'il y a, le nouveau. On bosse, c'est tout.
– NE VOUS FOUTEZ PAS DE MOI! »
« Rah, où j'ai mis le scotch? »
Naruto se mit à observer son appartement dans un mouvement périphérique et poussa un soupir, tandis qu'il essuyait la sueur de son front. Il remarqua enfin le rouleau qui traînait près d'un carton, l'attrapa à bout de bras, puis referma la dernière boîte.
Il observa son travail avec un sourire ravi avant de s'effondrer sur son canapé. Son regard s'attarda sur le plafond dont la couleur s'écaillait et il ferma les yeux. Il ne lui restait plus que quelques jours avant le déménagement, et d'ici là il habiterait chez des amis afin de se rapprocher de son nouveau lieu de travail. Son appartement était trop en bordure de Tokyo, alors que la Konoha Shouten se trouvait dans le centre-ville. C'était donc sa dernière soirée ici avant de définitivement prendre le large.
Et travailler avec ce type.
Le souvenir des lèvres se pressant contre les siennes le fit frissonner, et il cacha ses yeux derrière ses avants-bras en serrant la mâchoire. Il n'avait pas réussi à penser à autre chose durant tout le reste de la réunion, et de la journée. A chaque fois qu'il fermait les yeux, il revoyait le brun se pencher lentement vers lui, et la bile lui chatouiller la gorge.
Tout ce qu'il avait voulu, c'était changer d'air, en se trouvant un travail dans une autre société, avec d'autres auteurs et d'autres livres. Résultat, il se retrouvait à éditer des mangas, avec des collègues psychotiques et un boss froid comme l'Himalaya, mesquin et obsédé.
Il n'avait pas envie de retourner au même endroit le lendemain. Il n'avait pas envie de retourner dans ce bureau où planeraient des ondes néfastes et avec un chef cinglé.
Et probablement le pire, dans tout cela, c'était les souvenirs qui en découlaient. Franchement, comme si les mangas suffisaient pas, il fallait maintenant qu'un mec l'emballe.
« Je t'aime. »
Quand il était lycéen, il avait du mal à se faire des amis. Il débarquait d'un orphelinat localisé à Okinawa. Avant tout, c'était son teint hâlé par le soleil des îles du sud qui avait créé une certaine distance avec ses camarades. Qui plus est, son père était anglais et sa mère japonaise, alors ses cheveux blonds juraient avec ses yeux bridés. Et le pire était sûrement les cicatrices sur ses joues, comme trois moustache de chaque côté de son nez. Il n'avait jamais su d'où elles venaient, ses parents étant morts dans un accident d'avion avant de pouvoir lui expliquer.
A cette époque, il passait son temps le nez dans les livres, surtout ceux d'aventures extraordinaires. Il rêvait de pouvoir un jour vivre autant d'aventures qu'eux. Il rêvait de pouvoir être reconnu pour son travail.
Et ces rêves étaient identiques à ceux de son seul ami. Sasuke.
Il ne connaissait que son prénom, celui que les filles scandaient à chaque fois qu'il faisait un pas dans la cour. Il ne savait même pas où il habitait, s'il avait des frères et sœurs, s'il avait d'autres amis.
Durant deux ans, ils étaient restés assis au fond de la bibliothèque du lycée, épaule contre épaule, à lire, discuter rarement, se disputer souvent, pour un oui ou pour un non. Se disputer tout le temps, en fait. Mais s'apprécier, grâce à leurs différences et leurs ressemblances.
Seulement, tout avait basculé lors de leur entrée en dernière année de lycée... Ils étaient sur le toit, ils lisaient, l'épaule droite de Sasuke collée à l'épaule gauche de Naruto.
Naruto ne savait même plus ce qu'il avait fait, tant c'était vieux et tant il s'était efforcé à effacer cet instant de sa mémoire. Il ne savait plus s'il avait dit quelque chose, fait quoique ce soit, mais en tout cas, Sasuke l'avait soudainement plaqué contre le grillage derrière lui, et l'avait embrassé.
Quel goût ça avait eu, il ne s'en souvenait même plus. Ni de la sensation, ni ce à quoi il avait pensé. Ce dont il se rappellerait éternellement, cependant, c'était ce que les lèvres de son ami avaient chuchoté contre les siennes, sans rompre le baiser.
« Je t'aime. »
Et par la suite, c'était le trou noir. Naruto ne savait pas ce qu'il avait répondu, ce qu'il avait pensé, ce qu'il avait fait ; tout ce dont il se souvenait c'était de s'être retrouvé chez lui, seul, dans son lit. Et qu'il avait été persuadé que ça n'avait été qu'un rêve.
C'était un coup de téléphone de Jiraiya, sa dernière famille, qui l'avait réveillé quelques heures plus tard. Il lui avait proposé de venir vivre avec lui à Osaka au lieu de rester seul à Tokyo. Et Naruto n'avait même pas pensé qu'il ne reverrait jamais Sasuke, qu'il quitterait son seul ami, qu'il ne pourrait jamais savoir si ce qu'il s'était passé était réel ou non.
Il avait accepté, et était parti.
Il avait eu le temps de réfléchir à ce qu'il s'était passé, et avait fini par tout mettre sur le dos de l'adolescence. Ça n'avait été qu'une passade. Un instant de folie. Il avait alors tout bonnement décidé d'oublier cette partie de sa vie.
Il était revenu quatre ans plus tard. Il avait 21 ans, il était adulte, il se mettait à travailler, et avait assez grandi pour oublier toute cette histoire de lycée stupide. Il avait acheté ce studio miteux près duquel se trouvait son lieu de travail, la Suna Shouten où il s'était fait de nombreux amis, et où il avait travaillé durant les six années qui avaient suivi.
Et maintenant, il allait le quitter. Il allait devoir se rendre à la Konoha Shouten. Et il devrait sourire face à cet enfoiré de Uchiha-san, et suivre ses instructions en espérant qu'il ne l'utiliserait pas à nouveau comme modèle.
La seule personne pour qui il avait éprouvé des sentiments durant toute sa vie avait été Sasuke, bien qu'ils lui paraissent franchement ambigus et torturés maintenant qu'il avait dix ans de plus. Il n'arrivait même plus à se souvenir s'il avait vraiment aimé Sasuke.
Et le baiser de Uchiha-san, il ne parvenait pas à le sortir de son esprit. Ça n'avait aucune signification, ce n'était qu'un bizutage comme un autre, mais rien ne pouvait être pire que ça. En plus, cela n'avait semblé faire ni chaud ni froid à son supérieur hiérarchique qui s'était contenté de reprendre sa réunion avec le mangaka, malgré les insultes qui pleuvaient sur lui.
Il ferma à nouveau les yeux et grimaça. Il avait voulu prendre un nouveau départ. Et au final, la seule chose qu'il récoltait c'était une enclume au fond de son estomac.
Une enclume incroyablement lourde.
Le lendemain, ce fut le pas lourd qu'il passa les portes de l'ascenseur quand elles s'ouvrirent face à lui. Il n'avait presque pas dormi, et d'immenses cernes s'étiraient sous ses grands yeux bleus.
Et le nœud dans son ventre ne s'était toujours pas défait.
Il marcha le plus lentement qu'il put jusqu'au bureau où il avait élu domicile la veille, cherchant à y arriver le plus tard possible. Au fur et à mesure de son avancée, il se rendait compte que les gens le regardaient bizarrement, et surtout qu'il devait exactement ressembler à ses nouveaux collègues. Le teint livide, une aura malfaisante planant autour de lui.
Malheureusement, il vit inéluctablement s'approcher les paravents qui séparaient les différents départements de l'immense société que constituait la Konoha Shouten. Il s'apprêtait à les franchir quand il entendit brusquement un hurlement venir de derrière lesdites cloisons.
« KA–ME–HA–ME–HAAA! »
Un silence de mort résonna suite au cri perçant et fortement familier à Naruto. Il se retourna et sourcilla en voyant les autres employés continuer de travailler comme si de rien était. Ce fut alors avec appréhension et un soupçon d'angoisse qu'il dépassa la limite des paravents.
S'il avait eu un dentier, il l'aurait recraché.
Disparue, l'ambiance désastreuse de la veille, disparus les corps avachis sur les bureaux comme des cadavres, disparues les piles de papier sur les bureaux. A présent, tout ce que Naruto voyait était des figurines, des posters sur les murs et le plafond, des représentations à taille humaines de personnages, des peluches à l'effigie de ces différents héros. Et ses occupants qui travaillaient, sérieux.
Et déguisés.
Le premier qu'il avait rencontré la veille, celui qui s'était effondré par terre dès qu'il l'avait secoué et qui portait une queue de cheval semblable à un ananas, revêtait à présent des chaussures vernies, un costume trois-pièce ainsi que des gants blancs. Il avait l'air d'un domestique du XIXe siècle... Il relisait des planches visiblement, comme si la scène était absolument normale.
Face à lui se trouvait une jeune femme aux cheveux roses, qui portait un uniforme de lycéenne bleu, avec un cravate verte. Elle tapait à une vitesse hallucinante sur son ordinateur.
Et de l'autre côté, probablement le pire... Jamais Naruto n'avait vu des sourcils si développés. C'en était presque impressionnant. Ses cheveux semblait gras, noirs d'encre, badigeonnés de gel pour partir dans tous les sens. Et ses vêtements : oranges. Il se tenait debout sur sa chaise, les jambes fléchies, et les mains tendues en avant, poignets collés.
Il ne sut pas comment, mais Naruto devina que le hurlement poussé auparavant lui appartenait. Pure intuition.
Au fond de la salle restait Uchiha-san, gardant sa superbe malgré la combinaison bleue et les gants blancs lui remontant jusqu'au coude qu'il portait.
Le sac que Naruto tenait en main glissa au sol, tandis qu'il ramassait sa mâchoire qui traînait probablement près de sa sacoche. Et tous les regards se tournèrent vers lui. Il n'eut même pas le temps de balbutier quelque chose que l'homme aux sourcils incroyablement épais arriva face à lui, les yeux brillants.
« C'est le nouveau! »
Une grimace d'incompréhension déforma les traits de Naruto, et s'accentua quand l'homme leva son pouce en sa direction et lui envoya un sourire très large et scintillant.
« Bienvenue parmi nous! Je suis Rock Lee! »
Derrière lui apparurent ses deux autres collègues qu'il n'avait pas eu le plaisir de rencontrer.
« Nara Shikamaru, répondit celui à la queue de cheval en lui faisant un signe de tête.
– Haruno Sakura. » ajouta celle en habit de lycéenne, un petit sourire aux lèvres.
Naruto resta muet, se demandant s'il devait s'enfuir ou bien se présenter à son tour. Après un petit instant d'hésitation, il soupira, et sourit. Après tout, même s'ils étaient un peu étranges, ils semblaient un peu plus affables que la veille. Autant sympathiser, surtout qu'ils étaient vraiment très accueillants.
« Uzumaki Naruto. Enchanté de vous connaître. »
En deux-temps trois-mouvements, il se retrouva assis devant son bureau, Lee avait posé ses coudes sur le bois et les deux autres s'étaient rassis, tandis que son supérieur continuait de lire des documents à son bureau, comme s'il ne l'avait même pas entendu rentrer.
« Alors, tu viens d'où?
– Hem... balbutia Naruto. De la Suna Shouten.
– Je ne connais pas, intervint Sakura. Quels mangas ont-ils produit? »
Naruto adressa un petit sourire désolé à la jeune femme et secoua la tête :
« Ils ne produisent pas de mangas, mais uniquement des romans.
– Oh, je vois. » elle hocha la tête en souriant. « Alors c'est ta première fois dans ce genre-ci? »
Il opina, et immédiatement Lee s'exclama :
« Tu vas voir, on va tout t'expliquer! Ne t'inquiète pas, tu ne seras pas perdu! »
Naruto haussa un sourcil puis se mit à rire nerveusement, quand un mouvement à leur droite les interrompit.
« Ah, tu es là, toi. »
Naruto fronça les sourcils. Il ne s'était pas trompé, l'éditeur en chef n'avait même pas fait attention à son arrivée. Il se tourna vers ses collègues, snobant le blond :
« Les gars, occupez-vous de lui, dit l'Uchiha en commençant à mettre son manteau pour sortir. Je veux qu'il puisse être capable de s'occuper de la photocomposition d'ici midi.
– Yes, my lord. » répondit Shikamaru avec un sourire en coin.
Le brun haussa un sourcil, puis se tourna une dernière fois vers le Nara :
« Au fait, Sebastian, est-ce que le dernier chapitre de Tsugumi Ohba est prêt?
– Ouais, ouais, je dois encore faire la photocomp' puis il part pour l'imprimerie.
– Dépêche-toi. » dit-il en guise de derniers mots avant de sortir.
Naruto le suivit du regard, puis remarqua qu'il avait laissé son déguisement sur sa chaise. Il décida alors d'enfin poser sa principale question.
« Pourquoi vous êtes tous déguisés, au juste? »
Lee, qui s'était rassis sur sa chaise en face de lui, lui adressa un grand sourire en montrant son costume orange.
« Ça? C'est une idée merveilleuse de Uchiha-san! Le cosplay nous permet d'être totalement plongés dans notre univers, et ça nous fait mieux travailler! »
Naruto se permit de hausser un sourcil sceptique, mais Sakura l'interpella :
« Ne t'inquiète pas, j'étais moi aussi un peu surprise en arrivant, mais c'est vraiment une bonne technique.
– Je vois... »
Shikamaru le héla :
« Hey, Naruto, c'est ça? » le blond hocha la tête. « Viens par ici, je vais te montrer ce que c'est que la photocomposition. »
L'éditeur acquiesça vivement, puis s'approcha du bureau du brun, qui avait un cutter entre ses doigts et qui découpait rapidement des phrases sur un papier transparent.
« Ici, il y a tout le texte présent dans un chapitre de manga. Tu vois, il suffit de découper autour, comme ça... » il découpa le papier d'un geste mû par l'habitude. « Puis tu le colles sur la planche finale, par dessus le texte original écrit au crayon. » du bout de son cutter, il posa le morceau de papier par dessus le texte, dans une bulle, puis la colla. « Quand ils sont débutants, les auteurs le font eux-même mais après c'est à l'éditeur de s'en charger. C'est une tâche qu'il faut absolument savoir remplir quand on travaille à l'édition de mangas. »
Naruto hocha la tête, captivé par les mouvements que faisait son collègue.
« Et fait attention à les mettre bien droits, sinon ça se verra au résultat final et ce n'est pas agréable pour lire.
– Compris. »
Naruto prit une chaise, s'assit aux côtés de Shikamaru, et l'observa remplir chaque page d'un nombre invraisemblable de papiers aux longueurs vraiment conséquentes. Mais ce qu'il en lut l'intéressa un peu.
« C'est quel manga, celui-ci? » demanda-t-il au brun alors qu'il allait poser un nouveau pavé de caractères.
Shikamaru sourit en coin et le rassura :
« Ne t'inquiète pas, d'habitude les mangas n'ont pas d'aussi longs dialogues. Death Note est un combat psychologique machiavélique, alors c'est normal que chaque réplique soit aussi longue et alambiquée.
– En tout cas, c'est vraiment bien dessiné... souffla Naruto tandis qu'il prenait la couverture entre ses mains, représentant deux jeunes hommes attachés par une chaîne.
– C'est un duo dont je m'occupe. Tsugumi Ohba dont a parlé Uchiha-san tout à l'heure est le scénariste. C'est Takeshi Obata qui s'occupe des dessins, il est plutôt connu. »
Naruto opina, toujours émerveillé par les détails du dessin dans chaque planche, au point que chaque case devenait à ses yeux une œuvre d'art. Il se tourna alors vers ses collègues et demanda :
« Et vous, vous vous occupez de quoi? »
Lee se tourna vers lui et lui fit à nouveau sa pose avec son pouce levé devant lui :
« Eyeshield 21, un manga de sport palpitant, où chaque seconde est une apothéose!
– Je m'occupe de Bleach, qui est un manga de combats, lui répondit gentiment Sakura, tout en envoyant une pigne à Lee qui s'était mit debout sur son bureau et à hurler « DEVIL BAT GHOST! ».
– Uchiha-san s'occupe de One Piece, reprit Sakura, tandis que Naruto observait l'éditeur chuter lentement, un immense bosse sur la tête. C'est un autre manga de combat, mais contrairement à moi les personnages sont des pirates.
– Il y a d'autres éditeurs, reprit Shikamaru. Mais ils sont avec d'autres éditeurs en chef, dans une salle plus loin. A la base, nous étions tous côte à côte, mais nos conditions de travail nous ont forcés à prendre notre indépendance. »
Naruto hocha la tête, impressionné et un peu curieux de voir à quoi ressemblait une salle de travail d'éditeurs de mangas normaux.
« Mais Naruto-kun, l'apostropha Lee, déjà remis de sa collision avec le poing de la jeune fille. Tu n'as jamais travaillé dans les mangas, alors? »
Le blond se raidit puis passa une main dans ses cheveux, gêné.
« Heu, eh bien... Oui.
– Pourquoi es-tu venu, dans ce cas? »
L'homme à la coupe au bol se reçut un énième coup de coude de l'éditrice.
« Tais-toi, ça ne te regarde pas! » elle se tourna vers le blond. « Ne lui répondez pas, c'est un crétin. »
Naruto se mit à sourire, puis secoua la main.
« C'est rien, c'est rien... »
Malgré tout, il ne répondit pas. C'était gênant d'annoncer à des personnes si enthousiastes qu'il n'avait qu'une envie, celle de changer de département. Malheureusement, il y avait réfléchi, et s'était dit que ce serait une mauvaise idée de faire des caprices dès son arrivée. Il avait obtenu cette place par chance, il devrait attendre quelques mois avant d'essayer de demander un poste en littérature, là où était sa véritable place.
Les heures passèrent, et l'éditeur en chef revint parmi eux pour une réunion avec le département des ventes. Durant la pause déjeuner, Naruto demanda à Shikamaru, celui qui semblait le plus sain d'esprit, la raison de leur comportement de la veille. Il lui expliqua alors quelque chose par rapport aux radis japonais, qu'il ne saisit pas complètement, mais finit par comprendre que tout l'éditorial était ainsi quand l'échéance pour amener les planches à l'imprimerie approchait et que leurs auteurs leur expliquaient qu'ils n'avaient toujours pas fini leurs pages.
Il apprit aussi deux-trois petites choses sur l'entreprise, quelques conseils pour la relecture des planches et beaucoup d'autres choses auprès de Shikamaru qui se révéla être malgré lui un assez bon professeur et un mec plutôt réglo, quand il n'était pas cosplayé en Butler.
Quelques heures plus tard, le calme régnait dans le bureau, chaque éditeur étant concentré sur son travail. Sakura bossait d'arrache-pied depuis qu'elle était arrivée sur un projet de lancement de son manga qui semblait battre de l'aile auprès des votes des lecteurs. Il était toujours classé dixième, ce qui n'était pas assez mauvais pour devoir être stoppé, mais pas non plus très bon.
Il était environ 19h, Shikamaru était déjà rentré chez lui et Sakura était partie faire sa réunion avec son auteur. Il ne restait plus que Lee qui passait son temps à babiller avec l'Uchiha.
« Vous savez, Uchiha-san, vu qu'aujourd'hui je suis San Goku et vous Vegeta, nous devrions être en train de nous battre avec acharnement de toute notre fougue possible! »
L'éditeur en chef roula des yeux, passablement fatigué par son si énergique subordonné, puis regarda l'heure.
« Uzumaki, habille-toi. On doit se rendre chez Kishimoto-sensei, il a appelé toute à l'heure pour me montrer son nemu fini, et les idées de noms qu'il a eues. »
Naruto hocha vivement la tête, puis suivit son supérieur jusqu'à sa voiture de fonction. Ils s'engagèrent alors dans les rues de Tokyo dans un silence de cathédrale.
Le blond n'avait pas ressenti la boule dans son ventre durant toute la journée, ayant été sans arrêt occupé à apprendre, à observer, puis à lire des mangas entre-deux. Il avait beaucoup appris en une journée, et sentait qu'elle était pourtant loin d'être finie. Être éditeur signifiait ne pas avoir d'horaires stables, il l'avait déjà vécu durant de longues années, mais il avait l'impression que c'était encore pire si on éditait des mangas.
Il observait son chauffeur du coin de l'œil, encore en colère pour le geste qu'il avait fait la veille, surtout qu'il ne s'était pas excusé. L'Uchiha le remarqua, et haussa un sourcil :
« Tes premières impressions? » demanda-t-il d'un ton qui laissait suggérer qu'il ne cherchait qu'un sujet de conversation pour combler le vide sonore.
Naruto soupira puis laissa son regard planer sur l'asphalte.
« C'est un boulot difficile.
– Évidemment, tu cherchais de la simplicité?
– Bien sûr que non! répliqua Naruto, vexé. Simplement, je n'ai pas l'habitude de tout ça. »
Le brun haussa les sourcils.
« Alors pourquoi être venu ici? »
Les deux perles corbeau du brun se posèrent sur lui, inquisitrices.
« Tu n'avais jamais lu de mangas de ta vie. Alors pourquoi tout changer d'un seul coup? »
Naruto détourna le regard et passa une main dans ses cheveux en soupirant.
« J'ai mes raisons. » il sentit sur lui le regard scrutateur de l'éditeur. « Je me dis qu'après tout, c'est peut-être aussi bien. »
Il baissa la tête et laissa un petit sourire lui étirer les lèvres.
« Vous savez, je suis plongé dans les livres depuis que je suis gosse, je n'ai jamais pu lire quelque chose dans ce genre là, je refusais même de le faire pour des raisons stupides; et pourtant j'ai remarqué aujourd'hui que j'aimais bien ça, au final. » un rire secoua ses épaules. « Ça m'ennuie, j'ai l'impression d'avoir loupé quelque chose dans mon enfance. »
Le brun laissa un petit sourire étirer ses lèvres, puis se remit à regarder la route, tout en tournant dans une rue. Une petite ride plissa son front, comme s'il réfléchissait.
« Dis, on ne se serait pas déjà rencontrés avant? »
Naruto se tourna vers lui, les sourcils haussés, et se mit à réfléchir. Il se tendit alors brusquement, et recula dans son siège.
« Si c'est encore une combine pour m'embrasser, même pas en rêve, je suis hétéro et-
– Bien sûr que non, soupira l'Uchiha en roulant des yeux. Je te l'ai dit, c'était juste pour le travail.
– Mouais... répondit l'Uzumaki en lui adressant une œillade peu convaincue. En tout cas, pas souvenir. »
Le brun haussa les épaules.
« Si tu le dis. »
Quelques minutes plus tard, ils se garaient devant un immeuble et montaient jusqu'à l'appartement du mangaka. L'artiste leur ouvrit la porte, et ils s'installèrent autour d'une table basse pour commencer la réunion. Il passa le nemu final au brun qui le lut attentivement. L'Uchiha prit le soin d'ajouter encore quelques petits détails à corriger, qui furent approuvés par l'auteur. De son côté, Naruto resta irrémédiablement figé sur la case représentant les antagonistes et leur ''accident'', se demandant si il avait réellement eu l'air aussi horrifié.
Ensuite, le brun demanda à l'artiste de lui montrer les idées de noms qu'il avait eues durant la journée, mais aucune ne réussit à convaincre l'éditeur en chef. Toutes étaient trop banales, et ne donnaient pas assez de force au personnage. De plus, le nom était important, étant donné qu'il avait été décidé que ce serait le titre final du manga.
La conversation qu'ils instaurèrent afin de réussir à trouver une idée s'étiola, et au final le silence s'installa. Naruto commença à se sentir mal à l'aise, assis à côté des deux hommes plongés dans leurs pensées. Il était présent pour une bonne raison, lui aussi devait pouvoir être capable de trouver une solution. Il serait bientôt l'éditeur de ce manga, et il avait déjà passé des soirées à réfléchir avec un auteur sur un titre.
« Dites... tenta-t-il, troublant le silence. Comment vous avez eu l'idée de ce manga? »
L'artiste releva la tête, surpris, puis se mit à réfléchir.
« Je ne sais pas trop... Je crois que l'idée m'est venue alors que je mangeais un ramen. » répondit-il en riant.
Soudain, Naruto sentit son sourire s'élargir et son estomac parler à sa place :
« Quel goût?
– Miso. répondit l'auteur en s'esclaffant. J'ai pensé au tourbillon dans son dos en voyant le Narutomaki- »
Soudainement, il s'immobilisa et inscrivit rapidement quelque chose sur un carnet qu'il tenait sur ses genoux. Il le tendit à l'Uchiha qui le parcourut rapidement, et ses yeux s'agrandirent :
« Naruto? »
Le blond redressa la tête.
« Oui? »
Lentement, le brun se tourna en sa direction, une expression de grande perplexité inscrite sur le visage, combinée à une mimique de réflexion jusqu'à qu'un sourire s'inscrive sur son visage. Il se retourna vers le mangaka et hocha la tête.
« C'est parfait. Vraiment parfait. » il posa une main sur son épaule. « Et l'ajout que vous avez fait... » ses yeux noirs d'encre se tournèrent en direction du blond. « C'est vraiment une bonne idée. »
Le dessinateur passa une main dans ses cheveux, puis frotta rapidement ses yeux cernés par la fatigue.
« Vous auriez pu devenir un personnage de manga, Uzumaki-san. »
Le blond cligna des yeux, confus, et attrapa le carnet à spirales. Ses yeux s'agrandirent. Un visage avait été dessiné à la va-vite, semblable à celui qu'il avait vu la veille dans les nemus du mangaka mais avec un petit rajout : des cicatrices en forme de moustaches, sur chaque joues. Et un prénom : Naruto.
L'éditeur sentit une bouffée de fierté lui grimper dans l'estomac, lui donnant l'impression d'être tout léger. Il adressa un large sourire au mangaka puis se mit à rire nerveusement.
« Vous êtes sûr?
– Même s'il ne l'était pas, répondit l'Uchiha avec un faible sourire. Je refuserais qu'il enlève ce nom. Il est parfait, je ne reviendrai pas dessus. »
Naruto resta silencieux, se sentant légèrement rougir malgré lui. Il se leva et tendit une main au mangaka :
« Une fois qu'il aura passé la réunion mensuelle, faisons tout pour que ''Naruto'' devienne un hit. »
Le dessinateur opina, et se leva à son tour. Il essuya rapidement ses mains pleines d'encre sur son t-shirt, puis serra la main qui lui était tendue. Naruto ne remarqua pas le regard appréhensif que lui envoya son supérieur à ce moment là.
« Où en est le fax? demanda l'Uchiha, le nez dans ses feuilles et son stylo rouge à la main.
– Il ne reste plus que cinq planches. » répondit Naruto qui faisait le guet près de l'appareil qui vrombissait doucement.
Ils étaient rentrés à 22h de leur réunion. Naruto s'attendait à rentrer enfin chez lui, et dormir, seulement le brun avait reçu un mail de son autre auteur, Eiichiro Oda, qui le prévenait avoir fini son nemu hebdomadaire. Ils restèrent donc au bureau, malgré qu'il soit totalement vide de monde à cette heure avancée de la nuit, pour que Naruto puisse voir de ses propres yeux une correction de planches.
Quand ils eurent fini, il était minuit passé. Et pourtant, leur travail ne faisait que commencer.
L'Uchiha sortit une pochette épaisse et la posa sur le bureau face à eux, expliquant à son nouveau subordonné qu'il s'agissait des sélections pour le Tezuka Award, concours de planches pour débutants organisé par le magazine. Parmi les vingt planches, il fallait qu'ils en sélectionnent cinq pour qu'ensuite l'Uchiha puisse les passer au chef du jury, qui était donc son auteur.
Il tendit les premières planches à Naruto, lui demandant de les analyser devant lui, en expliquant quels étaient les bons points, les mauvais, ce qu'il fallait corriger, les problèmes de bulles, de mise en scène et tout ce qu'il lui avait appris lors de la correction de son propre chapitre, ainsi qu'après lui avoir montré de vieilles corrections qu'il avait apportées à One Piece.
Naruto, bien qu'un peu hésitant, commença tout d'abord par lire, rapidement, puis fit un rapide topo à son employeur. Il commença son petit exposé, tout en prenant des notes. A le voir si appliqué, le brun laissa un petit sourire étirer ses lèvres.
Quand il eut fini, l'Uchiha lui montra ce qui lui avait échappé, ainsi que ce qu'il avait bien saisi. Aussi, ils eurent un petit débat à propos de l'humour un peu trop lourd qu'avait employé le compétiteur selon l'avis de l'éditeur en chef, point sur lequel Naruto n'était absolument pas d'accord.
Ils finirent totalement la sélection des cinq mangas finalistes quand l'aube pointa à l'horizon, c'est-à-dire aux alentours de cinq heures du matin.
Tandis que le brun partait au distributeur en espérant qu'un peu de caféine le requinquerait, Naruto s'affala sur le canapé mis à disposition au fond du bureau, un oreiller représentant la tête de Tortue Géniale posé sur son ventre tandis qu'il fixait le plafond d'un air hagard.
La journée avait été tellement longue, difficile. Ses paupières semblaient se fermer d'elles-mêmes, et il avait peur de sombrer sans même s'en rendre compte.
Un petit bruit le fit sursauter, et il comprit qu'il s'était véritablement endormi, rien que quelques secondes. Il fit glisser ses yeux voilés par le sommeil sur son supérieur hiérarchique qui lui tendait visiblement quelque chose. Il mit quelques instants à reconnaître la canette de café.
Il la prit sans se faire prier, et commença à la boire tandis que le brun s'asseyait à ses côtés. Naruto sentit son cerveau se réveiller un petit peu grâce à la caféine, mais avait toujours l'impression d'avoir la tête lourde. Il passa une main sur ses yeux qui commençaient à lui piquer furieusement, puis laissa ses yeux s'attarder sur l'homme assit à côté de lui.
Un petit sourire étira une de ses commissures, et il tendit la canette vers l'homme qui en tenait une identique. Ils trinquèrent rapidement, et Naruto reprit une gorgée de boisson, sentant ses sens endormis s'éveiller lentement.
« Dites, Uchiha-san... »
Le brun se tourna vers lui, les sourcils levés.
« D'où vous vient votre amour des mangas? »
L'interpellé resta silencieux, et laissa ses yeux accrochés à sa canette. Il bascula en arrière et vint reposer son dos cotre le dossier du canapé, songeur.
« Aucune idée. » il haussa les épaules « Ça me rend heureux, car ça me fait rêver. C'est un bon moyen de pouvoir décompresser. »
Il but une nouvelle gorgée et se mit à regarder le blond qui l'observait avec un petit sourire.
« Qu'est-ce qu'il y a? »
Naruto secoua la tête et lâcha un petit rire.
« Rien... Seulement, vous savez quelle a été la première chose que j'ai pensé de vous? »
Le brun haussa les épaules.
« Je me suis dit : Ce type est infect.
– C'est un compliment?
– Non, rigola Naruto.
– Je suis toujours votre supérieur, Uzumaki-san.
– Attendez d'entendre la suite, avant de monter sur vos grands chevaux et de me vouvoyer comme un gamin. »
Le brun attendit, un sourcil légèrement haussé. Naruto sourit et laissa un petit rire lui échapper.
« Maintenant, je me dis que lorsque vous n'essayez pas de m'embrasser ou bien que le cycle n'est pas à sa fin, vous pouvez être un chic type. »
Ils s'affrontèrent du regard quelques instants.
« Un chic type? » répéta-t-il, comme s'il cherchait à être sûr de ne pas avoir mal entendu.
Naruto hocha la tête, et les paupières de l'éditeur se plissèrent.
« Tu ne te souviens sérieusement pas de moi, Naruto? »
Le blond cligna des yeux en entendant l'homme l'appeler par son prénom. Il lui lança une œillade méfiante et marmonna :
« Je vous ai déjà dit, j'ai pas souvenir-
– Moi aussi je croyais que c'était une erreur, parce que je ne savais pas comment tu t'appelais, le coupa-t-il. Mais en apprenant ton prénom chez Kishimoto-sensei, j'ai tilté.
– Hein? »
En voyant l'air purement interrogatif du blond, il roula les yeux, bien que son visage trahisse beaucoup d'irritation.
« T'as vraiment pas changé, t'es toujours un crétin de première. » soupira-t-il en secouant la tête.
Naruto se hérissa :
« Hey, je ne vous permets pas-! »
Sans même qu'il ne s'en rende compte, le blond se retrouva plaqué contre le dossier du canapé, attrapé par le col et le visage de l'Uchiha à seulement quelques centimètres du sien, fulminant. Il tenta de se dégager, mais la prise du brun était trop forte et le bloqua dans chacun de ses mouvements.
« N'essaie même pas de me faire croire que tu m'as totalement oublié, siffla dangereusement l'Uchiha.
– Mais merde... gémit Naruto, à bout de souffle. C'est quoi votre problème! »
D'un mouvement rageur, la poigne de l'Uchiha le ramena violemment contre le coussin, cognant au passage son crâne contre le mur. Naruto apporta une main à sa tête, gémissant, mais se releva rapidement, et s'avança dangereusement vers le brun, pour le coup vraiment en colère.
« Vous êtes totalement taré, ma parole! Je retire ce que j'ai dit, vous êtes pas du tout un chic type! Juste un sale mec, un gros bâtard qui-
– Tu vas vraiment me faire croire que mon prénom ne te rappelle absolument rien? »
Naruto se figea, ses yeux bleus ancrés dans ceux couleur nuit malgré qu'ils aient l'air bien plus sombre que d'habitude.
« Prénom? »
D'un geste de main, le brun attrapa les cheveux blonds de son subordonné et l'attira contre lui, ou plutôt contre sa bouche. Naruto écarquilla les yeux, et commença à se débattre, seulement les lèvres du brun ne se détachèrent pas des siennes, sèches, haineuses, avant qu'il ne soit violemment repoussé. Naruto passa une main sur sa bouche, voulant vomir, et vit son supérieur remettre rapidement le col de sa chemise en place, puis le fusiller du regard pour gronder :
« Mon prénom, c'est Sasuke. »
Naruto sentit ses épaules tomber. Ses yeux s'ouvrirent grand, ses lèvres suivant le mouvement.
« Uchiha Sasuke. »
Il se revit à 17 ans. Au fond de la bibliothèque du lycée. Son épaule gauche appuyée contre celle d'une autre personne. Ainsi que d'un visage qui se tourne vers lui et qui lui sourit, à la fois doux et moqueur.
« Ce type que t'as soudainement décidé de lâcher dès l'entrée en dernière année sans rien dire, sans laisser le moindre mot. »
Et pour la première fois depuis dix ans, il parvint enfin à se souvenir des traits de celui à qui appartenait l'épaule droite contre laquelle il était appuyé. Il se souvint d'un visage pâle entouré de mèches brunes ébènes. D'un garçon de son âge qui lisait des mangas à longueur de journée. De ses joues qui rosissaient un peu quand ils se disputaient une énième fois à propos d'un livre.
Il en fut sûr et certain. Cette fois-là, ça n'avait pas été un rêve, le fruit de son imagination.
« Je t'aime. »
Et il ne sut que dire quand Sasuke s'en alla rapidement, furieux, sous ses yeux écarquillés.
A suivre...
Alors, qu'en pensez-vous? Le début ressemble beaucoup à SH, oui, mais ne vous inquiétez pas, la suite diffère grandement. Je ne me suis inspirée que du contexte, pas du scénario (parce qu'il y en a vraiment un?) vidissime de ce yaoi.
Comme vous avez pu le comprendre, dans chaque chapitre les personnages auront un cosplay différent (enfin, ça dépend...). Je vous invite donc à faire un saut sur Google Images où je-ne-sais pas quel est votre navigateur, pour vous imaginer les personnages que vous ne connaîtriez pas. Bon, pour le moment ça va, il y a des persos connus de Dragon Ball Z, Sebastian de Kuroshitsuji et Sakura est en Ran de Détective Conan mais pour plus tard il y en aura qui vous serons peut-être malheureusement inconnus (à part si vous êtes accros aux mangas inconnus comme moi...)
Sinon, après avoir eu de nombreuses discussions à ce sujet avec ma bêta, je me suis rendue compte que dans cette fiction, je pourrais avoir un avis peu subjectif. En effet, je passais la plupart de mon temps à donner des adjectifs mélioratifs sur Death Note, voire même extrêmement mélioratifs, alors qu'elle n'était pas du tout d'accord avec moi. Ça m'a travaillée, mais je me suis dis que Naruto étant Naruto, ça pouvait aller qu'il s'extasie sur n'importe quoi. Après, voilà, ce n'est vraiment pas facile à faire, donc si vous n'êtes pas d'accord, faites-le moi savoir gentiment sans non plus m'insulter.
Maintenant, passons aux choses sérieuses... Après un sondage posté sur mon profil (et auquel le nombre incroyable de 3 personnes ont répondu) j'ai décidé de poster la première partie de cette fiction quand celle-ci a été achevée. Il y a trois parties en tout, avec deux interludes entre chaque et un épilogue, donc en tout 16 chapitres.
Ces chapitres sortiront le dimanche, souvent tôt (voire très tôt) le matin, ou bien vers le début de l'après-midi (entre les deux, je pionce!) seulement comme je l'ai dit, une fois que cette première partie sera terminée, il y aura probablement un temps d'attente jusqu'à la suivante puisque les autres sont encore en cours d'écriture.
Vu qu'aujourd'hui, nous sommes jour du SasuNaru Day, et qu'on est mardi, le chapitre 2 vous sera bien posté dimanche de cette semaine. Pourquoi je m'acharne sur le dimanche? Parce que je sais que même si certains sont en vacances, d'autres non, et le dimanche est habituellement un jour de déprime. Je veux donc vous offrir un peu de réconfort avec un chapitre avant que la semaine ne recommence, je pense que c'est la moindre des choses.
Bref, cette note était longue mais j'avais plein de choses à dire. Promis ça se raccourcira après.
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Le retour de la revanche de la playlist...
Opening de Dragon Ball Kai
Durarara! - The Sought-after Extraordinary #02 (OST I)
Aerosmith – Walk this way
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EDIT : Les liens vers les vidéos se trouve désormais sur mon LJ, dont l'adresse est sur mon profil, dans le tag WAPU.
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The War of Publishers est une fiction sur les mangas et l'univers des éditeurs, donc il va de soi qu'il y a énormément de termes techniques à connaître. Aussi, ayant fait de mon mieux pour respecter la culture japonaise dans mon récit, certains aspects qui pourraient vous être inconnus vous sont expliqués en dessous.
Nemu : brouillon où le mangaka dessine la première ébauche de son manga, afin de déterminer la forme des cases, les effets sonores, la place des personnages et des bulles, etc. Le dessin n'y est pas très travaillé, pour ne pas perdre de temps. Synonyme japonais de story-board.
Shonen : Manga destiné aux garçons de 12 à 18 ans.
Shoujo : Manga destiné aux filles de 12 à 18 ans.
Cosplay : Pratique provenant du Japon visant à se déguiser en un personnage de manga/film/comic ou quoique ce soit d'autre.
Shouten : Mot signifiant boutique en Japonais. La raison pour laquelle j'ai repris ce terme pour désigner la maison d'édition Konoha est qu'il est utilisé dans Sekaiichi Hatsukoi (la Marukawa Shouten).
Réunion de publication : Réunion mensuelle durant laquelle les mangas pris en charge par les éditeurs sont observés. On détermine quels mangas déjà présents dans le magazine vont finir, lesquels doivent changer de voie, quels nouveaux vont faire leur apparition etc, par rapport au classement établi par les votes des lecteurs.
Magasine de prépublication : Magasine japonais qui peut-être hebdomadaire, mensuel ou même annuel. On y publie un chapitre des mangas en cours avant que le tome ne sorte. Dedans s'y trouve une carte postale que les lecteurs envoient, inscrivant dedans un top 3 des mangas qu'il a préféré dans le numéro de la semaine.
Sensei : « professeur » en japonais, qu'on utilise donc aussi au Japon pour parler des artistes/mangakas.
CHAPITRE EDITE LE 24/08/2014
