Un Gaara Kazekage = conseil en danger.
En effet, imaginez vous! Le Jinchûriki de Suna ne leur obéit plus! A celà, les vieux débris ont la solution: créer une autre arme, une qui leur obéisse cette fois. Mais une réplique exacte des pouvoirs de Gaara leur obéira-t-elle plus que l'original?
Que se passerait-il si leur gentil petit cobaye leur échappait et se liait d'amitier avec un certain rouquin?
« Bon sang il faut que je me tire d'ici et en vitesse ! »
Facile à dire, oui. Mais à faire, c'était une toute autre histoire. J'étais comme qui dirait dans un sacré pétrin, et pas du tout en bonne voie pour en sortir. Que je vous donne un aperçu potable de la scène, vous allez vite comprendre. D'ores et déjà laissez moi me présenter : je suis le numéro 13 – ce qui, soit dit entre nous, expliquerait ma malchance –, et je suis aussi le seul cobaye qui ait survécu à la transformation génétique.
Et là vous vous demandez tous « qu'est-ce qu'est en train de nous baragouiner ce cette folle dans son couloir ? ». Et bien cette folle, comme vous dites, est en train d'essayer de s'échapper du laboratoire de Frankenstein ! Bon OK j'arrête les blagues vaseuses, surtout que ce n'est vraiment pas le moment.
Shukaku, vous connaissez ? Le démon tanuki maitre du sable, celui qui a été enfermé dans un réceptacle à sa naissance. Et bien j'en suis une copie, encore imparfaite bien sûr. Apparemment, le jinchûriki détenteur du démon en a eu assez d'obéir aux ordres du conseil, qui a décidé de reprendre les choses en main.
Et c'est là que j'interviens. Enfin, c'est plutôt là que j'apparais. Je suis née de l'alliance de deux éprouvettes, comme on dit, et mon sang réunit toute la puissance de plusieurs clans légendaires. Ces messieurs du conseil ayant jugé Shukaku trop dangereux – pour leur petite pomme évidemment, pas pour le village qu'est que vous pensiez ? – il leur fallait quelque chose pour riposter ; c'est-à-dire moi.
Mais passons. Comme le réceptacle désobéissant, j'en ai moi aussi eu assez des manipulations génétiques et des expériences foireuses. Ce qui explique ma fuite. Ma presque fuite. Il faudrait déjà que je puisse trouver la sortie ! Voilà dix minutes déjà que je tourne en rond comme un chien qui se mord la queue ( j'espère ne pas avoir l'air aussi bête que le pauvre animal qui ne se rend pas compte que la queue qu'il course depuis trois heures, c'est la sienne ) et je commence à désespérer de trouver un jour enfin la sortie.
Les alarmes s'enclenchent soudain. Ca y est, on s'était rendu compte que la cellule 13 était vide. Si je ne me dépêchais pas j'étais cuite ! Au sens littéral du terme. ( Saviez vous que soumettre un jinchûriki à une haute température pouvait le pousser à développer ses capacités plus vite que la normale ? Non ? Alors attendez que je me fasse rattraper et je vous ferai une démo ) Des bruits de pas résonnent à l'autre bout du couloir et je me précipite dans la direction opposée. Avec un peu de chance, je déboulerai dehors avec assez d'avance pour pouvoir disparaitre. Des cris raisonnent à mes oreilles.
« Reviens ici c'est un ordre ! »
C'est ça compte là-dessus ! Personne ne serait assez bête pour t'écouter mon gars ! Même pas moi. Enfin j'aperçois un carré de lumière, à quelques mètres à peine devant moi. Je pousse un cri de victoire et accélère le pas, déboulant à toute bringue devant la sortie qui s'obstrue d'un coup, soudain condamnée par une foule de ninjas armés jusqu'aux dents.
Bon d'accord, j'aurais pu les épargner. J'aurais pu. Mais entre leurs vies et la mienne, le choix était vite fait, non ? Au dehors il y avait le désert, sec et brûlant, et tout le sable qui s'y trouvait m'obéissait. Eh ! Je n'étais pas la copie de Shukaku pour rien ! Ni une, ni deux, j'enterrais mes adversaires sous une bonne couche de sable et sautais par dessus leurs têtes à demi enterrées. Une seconde après j'étais dehors, baignée par les rayons d'un soleil en fusion. Maintenant je devais filer, courir n'importe où du moment que c'était loin d'ici. Direction : la liberté ! Enfin… ça, c'était sans compter l'apparition d'un drôle de type devant moi. A son teint pâle et à ses yeux cernés, je reconnu immédiatement celui qu'on m'avait décrit comme étant le réceptacle de Shukaku. Il ne dit rien, se contentant de m'observer de ses yeux verts. Quant à moi je ne m'encombrais pas de formules de politesse et, après un regard menaçant, je le dépassais sans même le regarder. J'avais beau avoir été créée pour ça, je ne recherchais pas la bagarre – et encore moins avec lui.
« Attends. »
Curieusement, je m'immobilisais. Obéir à sa voix avait été plus fort que moi. Pourtant ce n'était pas le moment ! J'entendais déjà les cris des membres du conseil de rapprocher, et avec eux ma captivité. Un grognement sourd monta des tréfonds de ma gorge tandis que je luttais pour reprendre ma course. Le sable, qui m'avait jusqu'alors obéit, s'enroula autour de mes chevilles, formant un solide étau qui me cloua sur place. Alors ça non pas question ! Usant de toute ma volonté ( et même d'un peu du désespoir ), j'ordonnais au sable de me relâcher. Il frémit un peu, desserra son étreinte puis revint en position initiale. A côté de moi le garçon aux cheveux roux transpirait, tout comme moi.
« Je vois… » grinçais-je, acide.
« C'est une lutte de volonté. »
Sa détermination de me garder prisonnière contre la mienne de m'enfuir. Le sable obéirait au plus obstiné des deux. Tandis que je m'échinais à m'échapper, mes poursuivants jaillirent de l'entrée du souterrain. Ils s'immobilisèrent en apercevant le rouquin, puis moi.
« Mai… maitre Kazekage ! »
Hein ? Eh minute ! Vous voulez dire que ce type là c'était le Kazekage ? Alors depuis le début j'étais un instrument de conspiration ? Et là, tout de suite, j'étais en train d'essayer de fausser compagnie au maitre de Suna ? Ma mâchoire étant bien accrochée, elle ne dégringola pas jusqu'au sol mais ce fut tout comme. Je restais muette, sciée sur place avec l'expression de quelqu'un qui avait avalé un chardon. Le sable retomba mollement autour de mes chevilles alors que le Kazekage me jetait un œil indéchiffrable. Il me dévisagea deux secondes puis reporta son attention sur les quelques ninjas décrépits qui nous faisaient face. Ces derniers ne fanfaronnaient plus comme lorsque j'étais au fond de ma cellule. Au contraire, ils flippaient à mort !
« Kazekage-sama, quelle surprise de vous voir dans un endroit si reculé du désert… » minauda une vieille bique en souriant de toutes ses fausses dents.
D'où j'étais je pouvais facilement distinguer la sueur froide qui suintait de leurs visages décharnés. L'ambiance n'était plus à la confiance chez les cadavres ambulants ! L'un d'entre eux – un homme centenaire aux sourcils broussailleux – leva son doigt vers moi en arborant son plus beau sourire.
« Cette fille, seigneur Kazekage… c'est une criminelle que nous avions traqué et emprisonné. Rien de grave, ne vous inquiétez pas, nous ne voulions pas vous ennuyer avec ça… Mais voilà qu'elle a tenté de s'enfuir, la petite peste ! Heureusement que vous l'avez rattrapée, elle risquait de commettre d'autres méfaits… »
Mon corps entier se raidit et je laissais échapper une plainte étranglée. De quoi ???!! Moi ? Une criminelle ?! C'était finement joué, bravo le vieux ! C'était un sacré bon menteur ! Sortie de mon hébétude je recommençais à m'agiter dans le sable, cherchant à me défaire de l'emprise du rouquin.
« Non mais ça va pas ?! » beuglais-je.
« Je ne suis pas une criminelle ! »
Une nouvelle vague de sable vint bloquer mes bras, me clouant assise au sol. Le type à la jarre ne s'était pas retourné une seule fois vers moi depuis le début de la conversation, et je craignais qu'il ne soit dupe des mensonges de l'ancêtre. Je ne cessais cependant pas de gesticuler, me débattant de toutes mes forces en fusillant mon geôlier du regard.
« Remettez la nous, Kazekage-sama, nous nous occuperons d'elle. Elle n'est pas digne que vous gaspilliez votre temps à la maitriser… »
Sur ce le vieil homme tendit la main – une main fourbe – et s'inclina de la manière la plus fausse qui soit. Son interlocuteur, stoïque depuis le début, observa cette main tenue sans pour autant esquisser le moindre geste.
« Je vais la prendre avec moi. » déclara-t-il simplement en leur tournant le dos, me faisant face.
La tribu des déchets vivants suffoqua un moment, prise d'horreur. Leurs petites magouilles risquaient d'être découvertes si je venais à parler. Ah ! Ah ! Les voilà qui suaient à grosses gouttes !
« Mais… » commença l'un d'entre eux d'un ton mal assuré.
« Mais c'est une criminelle, elle doit retourner en prison ! Vous ne pouvez pas la garder comme ça près de v… »
Sa voix chevrotante mourut lorsqu'il croisa de nouveau le regard du rouquin. De mon côté, je monopolisais toutes mes forces dans un seul but : faire obéir ce fichu sable afin de me libérer. Le Kazekage sembla remarquer un manque d'obéissance parmi ses grains de sable puisque ses yeux se posèrent sur moi.
« Viens avec moi. » dit-il simplement.
« Je ne t'enfermerai pas. »
Je retins un rire jaune. C'est ça, c'est ça. Tu ne m'enfermeras pas et moi je suis un caniche à poils longs ! Je fais le beau, j'aboie quand j'ai faim et je cours après la baballe ! Non, non et non, je n'y croyais pas. Et pourtant une fois encore je ne pu désobéir et le suivi d'un pas mécanique, laissant derrière moi une troupe de vieillards pas contents et une cellule où – je l'espérais – je ne remettrai plus jamais les pieds.
