Il n'y avait pas grand-chose d'ordinaire dans la vie du jeune Harry Pottaire. En seulement onze

années, il avait toujours eu une fâcheuse tendance à se retrouver au cœur d'évènements qui le

dépassait, et sans vraiment en avoir conscience, il s'était habitué à ce que le monde autour de lui

fonctionne étrangement plus rapidement que la normale. Le jeune homme finlandais avait par

exemple pour tout souvenir de son enfance des bruits de moteur, un homme haut de plus de trois

mètres, et un étrange sentiment de vide, comme si des personnes essentielles à son développement

avait manqué à l'appel lors de sa jeunesse. Cependant, Harry avait appris à se contenter de ce qu'il

avait, soit de sa famille d'adoption, les Dursley.

« C'est amusant, pensait-il souvent. J'ai l'impression que les Dursley devraient s'impliquer

davantage dans mon éducation, mais c'est comme si je ne les voyais jamais. »

Avant d'avoir eu le temps de s'interroger davantage, il se retrouva soudain avec une lettre dans les

mains lui indiquant qu'il avait été admis à Poudlard, école de sorcellerie. Immédiatement après

avoir terminé sa lecture, il se trouva nez à nez avec le géant qui hantait les souvenirs de sa prime

enfance, qui lui dit, d'une voix qui lui rappela les dessins animés qu'il avait l'habitude de regarder

plus jeune :

« -Je m'appelle Hagrid, et je suis le garde-chasse de Poudlard. Le professeur Dumbledore, qui ne t'a

jamais vu mais qui sait comme tu es un gentil garçon, m'envoie te chercher pour aller acheter tes

fournitures scolaires au chemin de traverse.

-Bonsoir, Hagrid. Enchanté de pouvoir enfin mettre un visage sur mes souvenirs de jeunesse,

répondit Harry d'une voix désabusée.

-C'est très gentil Harry, mais regarde, je n'ai pas de visage. Un petit dragon qui s'appelait Norbert

l'a fait fondre il y a quelques temps.

-Mais comment avez-vous pu survivre à ça ? fit Harry, horrifié.

-Tu verras bientôt que nous autres, les sorciers, pouvons survivre à beaucoup de choses bien pire

que cela, dit Hagrid en essayant visiblement de sourire malgré son absence de bouche.

-Alors j'ai hâte de découvrir ça, conclut Harry, enthousiaste et désormais convaincu que

décidément, il n'y avait pas que lui qui faisait face à des problèmes dépassant l'entendement. »

À peine avait-il eu le temps d'avoir cette pensée qu'il se retrouva assis sur l'un des sièges d'un

compartiment d'un train rouge vif.

« -Fichue Syndrome chronique d'Ellipsum Narrativis, grommela Harry à mi-voix en regardant à

travers la vitre sa ville natale d'Espoo disparaître derrière les montagnes à mesure que le train

gagnait en allure. Il faut toujours que je rate les meilleurs moments. J'aurais bien aimé pouvoir

choisir mes fournitures scolaires.

-Crois-moi, tu ne sais pas à quoi tu as échappé, fit une voix en face de lui. Moi je me suis retrouvé à

devoir aller chercher mes économies au-dessus d'un puits de lave en fusion, et chasser des rats dans

les égouts pendant des heures juste pour pouvoir ressortir. »

Harry avait l'étrange impression que l'enfant en face de lui avait un visage composé de petits

carrés, comme s'il était issu d'un minuscule écran. Mais avant même de pouvoir demander desprécisions, Harry se retrouva dans la grande salle d'un vieux château, et se vit coiffé d'un vieux

chapeau décrépi.

Comme cela arrivait souvent lors de ses crises, Harry avait l'esprit empli d'intimes convictions, qui

lui permettait souvent de deviner ce qu'il faisait là où il était. En l'occurrence, l'esprit de Harry était

concentré sur une unique pensée :

« pas à Serpentard ! »

Bien qu'il ignorasse tout de ce que pouvait être Serpentard, Harry continua sur cette pensée.

Soudain, l'étrange chapeau sur sa tête se mit à lui parler.

« -Je vois dans ton esprit que tu ne veux pas aller à Serpentard... Hmmm...

Il avait une voix caverneuse, comme sortie d'un autre monde. Harry avait la drôle de sensation qu'il

lisait un texte.

-Tu sais, Serpentard est la seule maison qui propose un double diplôme avec l'académie des Sports

de Helsinki... C'est une filière reconnue... Et puis pense au prestige que t'accorderait ton nouveau

grade d'étudiant Sporétude...

-D'accord, fit Harry en faisant mine de comprendre les implications professionnelles de la situation.

Mais moi je viens d'une classe pilote, je n'aurais jamais le niveau, ajouta t-il avec conviction.

-Très bien, alors il vaut mieux t'envoyer, comme tous les boursiers de l'école, à... Gryffondor ! »

Harry n'eut même pas le temps de donner sa notification du Magicrous, qu'il se retrouva dans une

pièce étrange, dont les murs et le plafond donnait l'impression qu'ils fussent en mouvement. On

aurait dit que tout l'endroit tremblait perpétuellement à chaque fois que Harry promenait son regard

sur la pièce. Fort heureusement, il comprit bien vite que s'il restait parfaitement immobile, cette

sensation inquiétante se dissipait aussitôt.

« Je me demande si les murs sont magiques eux aussi, songea Harry. Peut-être que ça aura un effet

bénéfique sur mon Syndrome d'Ellipsum Narrativis ? »

C'est alors que, de l'escalier devant lui, descendit un grand homme dont le faciès semblait

légèrement moins fondu que celui d'Hagrid. Il s'adressa à Harry, en tentant tant bien que mal

d'ouvrir ce qui avait dû être sa bouche autrefois.

« - Je suis le directeur de l'école Harry, je m'appelle Albus Dumbledore. Je suis juste venu te saluer,

mais aussi te prévenir que l'école regorge de secrets qui n'attendent que d'être découverts. Fais tout

de même attention au couloir du deuxième étage, l'emprunter te conduirait à mourir dans d'atroces

souffrances. »

Il s'en fut aussitôt, marmonnant dans sa barbe quelque chose ressemblant à : tant qu'ils ne

découvrent pas mon donjon sexuel du dernier étage... MamyNova serait folle de rage...

Harry, quelque peu déstabilisé par ce qu'il venait d'entendre, monta les marches et poussa la seule

porte qui n'était pas verrouillée, qui le mena à la tour de Gryffondor.

Une grande aventure était sur le point de commencer pour celui qui, plus que jamais, allait mériter

son surnom de Survivant.