Bonjour à tous !
Je pensais que cette histoire serait courte et clôturée en quelques chapitres mais il s'avère, au fur et à mesure de l'écriture, que les protagonistes (ces petits diables en culottes courtes!) ne sont pas du tout de cet avis et que l'intrigue prends un court très différent de celui prévu initialement (ce qui est plutôt chouette, les idées affluant en masse et je dois avouer que je me régale véritablement en écrivant cette fiction.)
Donc voilà, je vous préviens, vous allez entendre parler de cette histoire un petit moment!
Disclaimer : Les personnages utilisés ont été façonnés par la brillante et oh combien inspirante J.K Rowling, qu'elle en soit bénie! L'idée originale de cette fiction vient de la chanson « Les voisins » des Wriggles que mon fils ado-re malgré mes multiples tentatives pour l'en détourner (Ben oui, y'a des gros vilains mots pas beaux... Mais faut croire qu'il est aussi borné que sa mère.)
En espérant que cela vous plaira! Bonne lecture!
Les Wriggles - Les voisins
Chapitre un.
Lorsqu'Hermione avait visité cet appartement, un des points forts que l'agent avait souligné -à de nombreuses reprises- était la tranquillité du quartier et de l'immeuble. Le parc à quelques rues, le joli balcon sans vis-à-vis, les grandes baies vitrées laissant entrer les doux rayons du soleil dans le séjour et la cuisine américaine avaient, certes, également contribué à sa décision. Il s'agissait d'un bel immeuble du 18ème siècle, refait à neuf et situé dans un quartier plutôt huppé de la capitale. Le loyer n'était pas donné mais, comme elle travaillait dur ces dernières années, elle pouvait se le permettre. L'agent avait appuyé sur le cachet de la bâtisse, sur le marbre et les boiseries, le grand volume des pièces et le voisinage nanti et ne posant aucun problème.
Mais ce qui avait été déterminant c'était l'aplomb de l'homme quand il lui affirmait « Il n'y a absolument aucuns bruits, c'est une pure merveille d'isolation et de silence ! Bientôt vous écouterez des CDs avec les bruits de la circulation tellement cela vous manquera !»
Alors, effectivement, il n'avait pas menti : on n'entendait absolument pas la circulation. Pour le reste, par contre, c'était du foutage de tronche en long, en large, en travers, en pas chassé, marche arrière et triple salto. Mensonge nominé dans la catégorie « Imposture proférée avec le sourire Colgate sans ciller » et gagnant de la palme d'or.
Si l'on devait résumer les locataires de l'immeuble : Il y avait la petite vieille, au rez-de-chaussée, qui l'observait de derrière le rideau en dentelles de Bruges de sa fenêtre en se pensant discrète, son vieux matou gris et obèse sur l'accoudoir de son fauteuil en velours bordeaux, proférant quelques commentaires dans sa barbe sur la tenue des passants ou le manque de politesse de la jeunesse. En face de la commère, la jeune mère trop bavarde et dont le jardin était une jungle où seul le parterre de gros hortensias étaient entretenu et un coin balançoire légèrement dégagé –contraste singulier avec le jardin de la vieille morue à côté qui était tiré à quatre épingle et où chaque roses étaient alignées et plantées à intervalle si régulier qu'on pourrait être en droit de se demander si elle n'utilisait pas un mètre.
Au premier, le père divorcé à la barbe poivre et sel, qui passait sa vie à vérifier sa boite aux lettres, au cas où un de ses enfants lui écrirait. Et quand lettre il recevait, il faisait la lecture à qui voulait bien écouter puis se plaignait à foison de son ex-femme qui l'avait ruiné et de la BMW série 5 qu'il avait du vendre, ainsi que sa superbe villa quatre façades avec piscine. Pathétique, donc. Et coureur de jeune femme dont il aurait pu être le père, justement. En face de chez lui, le petit couple tellement mignon que s'en est gerbant, trop amoureux, trop neuf, trop net, trop souriant. Leurs noms sur la sonnette entourés d'un cœur et le paillasson « Home Sweet Home » .
Puis le deuxième étage appartement A, à droite, le nouveau chez-elle d'Hermione Granger et, en face dans l'appartement B, une trentenaire un peu bourrue qui disparaissait des semaines entières. La locataire fantôme dont la boite aux lettres débordait de prospectus en tout genre et les fenêtres étaient si sales qu'il était difficile d'y voir à travers.
Et enfin, le loft du troisième. La cause des crises de nerf d'Hermione.
Les connards du dessus qui se prenaient pour David Guetta.
Et qui envisageaient visiblement de tourner le second opus de « Projet X » dans la cage d'escalier.
La première semaine, lorsqu'elle était rentrée de sa garde de nuit à cinq heures du matin et qu'elle avait repéré depuis la rue –depuis la rue, bon sang !- les premières notes d'un titre électro populaire, elle avait serré les dents. C'était un samedi, c'était fin juin, probablement une fête de fin d'examens, pas de quoi faire un scandale.
Quand elle avait peiné à fermer l'œil jusqu'à cinq heure trente tellement elle avait l'impression de dormir sur le baffle et s'était réveillée le lendemain avec la tête comme un melon, elle s'était fait un thé et avait relativisé. Après tout, pour une fois, ce n'était pas si grave.
Quand elle avait emprunté la cage d'escalier, ce même jour, pour aller chercher son pain et réaliser que celle-ci avait fait office de toilettes publiques et que quelqu'un avait vomi sur le couvercle de sa poubelle à déchets verts, elle s'était ressaisie à temps et n'était pas montée tambouriner au troisième pour mettre le nez d'un des étudiants dans la flaque jaunâtre.
Mais quand le samedi soir en question, aux alentours de minuit, la sono avait repris ses basses assourdissantes, il avait fallu tout le sang froid de la brune pour ne pas se saisir du premier manche de serpillère, balai ou n'importe quoi se trouvant sous ses yeux pour frapper sur son plafond. Elle ne serait pas la vieille aigrie qui hurlerait sur ses voisins. Elle n'appellerait pas les flics, ne préviendrait pas le syndic. Il faisait la fête, c'était des étudiants, c'était le début de l'été. Elle avait fermé les yeux très forts et attendu que cela passe en se massant les tempes.
Mais le mardi qui suivit, quand elle entendit un de ces abrutis se lancer dans une reprise de Freddy Mercury à tue-tête, il lui fallut deux tasses de thé et augmenter le volume de sa télé jusqu'à 46 pour ne pas perdre son sang-froid. « I want to break freeeeeeee » aurait pu chanter en cœur la brune, le cousin serré sur ses oreilles sanguinolentes. Visiblement ils organisaient un Karaoké là-haut. Et aucun n'était apte à devenir le prochain beau gosse de la chanson populaire. Si elle avait été juge sur le plateau télévisé de The Voice, Hermione n'aurait pas buzzé et ne se serait pas retournée pour l'avoir dans son équipe de talent, ça c'était une certitude. Mais elle n'avait rien dit, augmentant graduellement le sol de son téléviseur Samsung au fur et à mesure que les voix criardes –et alcoolisées- se faisaient plus Castafiore qu'Adèle.
Puis le jeudi, il y eut des rires, fenêtres grandes ouvertes, et des bruits de course qui firent se demander à la jeune femme s'ils s'exerçaient au cross-country, au saut d'obstacle ou si juste il s'agissait de gros mongols irrespectueux.
Vendredi, retour de soirée à quatre heures et vomi dans la cage d'escalier. La personne avait dû vomir tout en continuant à grimper les étages puisqu'une trainée de gerbe s'étirait du premier au milieu du palier du deuxième. Charmant. Elle avait monté l'étage sur la pointe des pieds en veillant à enjambé la cascade de morceaux rougeâtres. Puis s'était enfermée chez elle, le cœur aux bords des lèvres et une nausée violente menaçant de copier le malotru ayant redécoré le sol du palier.
Samedi, calme plat. Hermione sourit de toutes ses dents et opta pour une soirée détente thé-bouquin bien méritée. Elle profita du silence pour décompresser quand l'idée que ses voisins étaient peut-être morts la frappa. Et s'ils avaient fait une overdose ou quelque chose du genre ? Ce ne serait pas vraiment surprenant qu'ils soient camés, après tout… Peut-être s'étaient-ils endormis et vomi dessus, s'étouffant de la sorte ?
Elle obtint la réponse le dimanche même, Dubstep à fond -à faire faire une syncope à la commère du rez-de-chaussée et à faire passer le décollage d'une fusée pour un chuchotement.
Dommage, ils semblaient en vie.
Hermione se saisit de son manche à balai, celui qu'elle gardait dans un coin de son salon et qui lui faisait les yeux doux à chaque écart de conduite des crétins du dessus. Elle souffla un grand coup par le nez et heurta le plafonnage blanc sèchement à trois reprises.
TOC TOC TOC.
Le volume diminua quelque peu, il y eut des cris et quelques protestations, avant de reprendre de plus belle.
« - VOUS COMPTEZ VOUS LA FERMER UN JOUR ? » Se retrouva-t-elle à gueuler comme une pauvre conne, rouge de rage.
Silence.
Petit mot dans le hall d'entrée, le lendemain : « Désolés pour la gêne occasionnée hier soir. Ceux du 3ème. »
Et puis, le retour du calme.
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Jusqu'au mardi. Nouvelles nuisances sonores d'un autre type : Ben oui, c'est jour de match, coupe du monde, l'Angleterre est qualifiée, youpie, vuvuzela et vociférations diverses et variées (« GOOOOOOOAL », « HAAAAAN », « METS LA DEDANS, TRIPLE CON ! », « T'APPELLES CA JOUER AU FOOT, PUTAIN, JE REGARDE PLUS ! » « OUUUUUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS »).
Sauf que certaines personnes travaillent le lendemain matin, parfois même tôt. Voire, très tôt. Dont une petite brune dont les doigts crispés de rage sur sa tisane menacent d'aller étrangler le premier qui osera lui ouvrir à l'étage supérieur. Doigts qui se crispèrent sur le balai, et trois rafales à côté du lustre Ikea plus tard, elle n'était plus dans un stade et les amateurs commentateurs-sportifs se turent. Vive son balai.
Elle croisa les deux énergumènes en partant au travail, quelques heures de sommeil bien méritées plus tard, ils avaient visiblement été fêter la victoire des Anglais dans un pub quelconque et semblaient passablement entamés. Le blond lui fit un sourire charmeur et un clin d'œil. Elle se contenta de se retenir de faire un geste grossier du doigt central et parti travailler, furieuse et éreintée.
À son retour du travail, une rose rouge posée sur le paillasson et une carte « Désolé. D. ». Claquement sec de la langue, ouverture du couvercle de la poubelle du bout du pied, lancé de rose, relâchement de la pédale, bruit agréable de plastique froissé et technique de drague de Mr seul-au-monde évitée.
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Mercredi. Quinze foutue heure treize fichue minutes. Pré-soirée ? En tout cas, la chaine hi-fi dégueulait hit dance du top50 sur rnb dégueulasse sans discontinuer.
La brune claqua la porte de son appartement et escalada l'étage en se pinçant le nez pour aller tambouriner à la porte des joyeux lurons. Celle-ci est ornée d'un panneau de signalisation triangulaire piqué dieu sait où clamant : « Attention, passage de gibier ! ». Du meilleur goût.
« - Waouh, que puis-je faire pour toi, ma belle ? » La salua le blond peroxydé
« - Couper ta musique de sauvage. »
Simple, rapide, efficace. Il en perdit son petit sourire séducteur bon marché.
« - Moi qui pensait que tu venais me remercier pour mon petit présent. » Souffla-t-il dans une moue boudeuse en parlant de la rose -enfouie dans les ordures sous les restes de cartilages d'un poulet et deux-trois yaourts aux fraises périmés.
« - Tu parles du vomi sur ma poubelle ou de l'urine sur le palier ? » Siffla la jeune femme en haussant un sourcil, bras croisés.
« - Je vois… Désolé, on va faire gaffe, d'accord ? » Grand sourire, clin d'œil.
Elle tourna les talons et rentra savourer le calme si peu coutumier de son logement.
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Jeudi, la semaine suivante. Après une semaine de presque-calme. Une heure du matin. Grincements de lit et gémissements suggérant une activité sportive collective intense. Elle n'osa pas taper du bâton, gênée d'être auditivement témoin d'ébats visiblement particulièrement passionnés. Bon, s'occuper la tête, ne pas entendre, s'occuper.
Liste de course : Lait, yaourts à la fraise, boules Quilès.
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Chers voisins du troisième étage,
Après de longues semaines de voyage, je retrouvais hier soir mon confortable chez moi et m'installais dans mon lit douillet, prête à faire de doux rêves enlacée tendrement par Morphée.
Quelle surprise de constater qu'une voix féminine est venue me bercer, rythmée par quelques claquements de reins contre ses fesses. Au troisième ''rappel'', cependant, j'avoue m'être légèrement lassée des gémissements allant crescendo.
Bien que férue de musique, je vous suggère donc de jouer vos concerts en privé.
Bien à vous, la mélomane du 2ème B.
Visiblement, la voisine de palier d'Hermione avait également gouté aux réjouissances de la nuit.
Quand elle revint du travail, quelqu'un avait ajouté sur le papier : « Merci de vos encouragements, je tâcherais de m'améliorer et vous êtes la bienvenue au 3ème pour tous conseils pratiques ! »
Suivit d'une autre écriture : « Il rigole, on est désolés (surtout moi pour lui), Bonne journée. D. »
Hermione pouffa malgré elle, c'était des enfoirés mais ils ne manquaient pas d'humour. Et de culot. Seconde rose sur le paillasson, aucune carte. Même chemin que la première, entre la salade Caesar de son souper de la veille et le pot de Ben&Jerry's cookie à qui elle avait fait un sort. Séducteur au rabais, va.
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Vendredi, début de week-end de juillet. Hermione regarda l'heure : vingt heures. Elle est préparée, elle sait déjà comment cela va terminer, son fidèle balai posé dans le fauteuil à ses côtés, un livre sensé la détendre dans les mains. Oui, elle était prête et non, elle ne s'énerverait pas. Elle ne criera pas et n'appellera pas la police.
Vingt-trois heures, course poursuite dans la cage d'escalier. Bruits de talons hauts, souffles de bœufs, petits cris aigus et rires gras, pas de doute possible : les invités sont là.
Premier mégot sur son balcon à vingt-trois heures douze.
Zen.
Quelqu'un toque à sa porte et détale avant qu'elle n'ouvre.
ZEN.
Sono bloquée sur l'intégral de Skrillex.
Z-E-N.
Plafond qui tremble, le lustre qui tangue et sauts répétitifs d'une délicatesse avoisinant celle des Tyrannosaures Rex, minuit deux.
Plus zen du tout.
TOC TOC TOC, fit le balai
BOUM BOUM BOUM, fit la chanson
« - DIMINUE TA TECHNO A LA CON OU J'APPELLE LES FLICS ! » fit Hermione.
« - C'EST PAS DE LA TECHNO » fit quelqu'un par une fenêtre ouverte avant de noyer le mégot sur son balcon dans une épaisse flaque de gerbe.
Et la brune attrapa le combiné pour téléphoner à la police afin qu'ils viennent élucider eux-mêmes le mystère du genre musical. Cela aurait été dommage de priver quelqu'un d'une énigme pareille.
Entre la fin de composition du numéro et la première tonalité de son coup de fil à la maréchaussée, on toqua doucement à sa porte. Elle soupira, raccrocha vivement et hésita, s'attendant à se lever une fois de plus pour trouver le palier vide et entendre des rires gras résonner dans la cage d'escalier. Mais la personne insistait et se fut donc passablement énervée qu'elle ouvrit la porte en grand.
« - C'est pour quoi ? » Éructa-t-elle, (elle en était au dénouement de son roman policier et le suspens était à son comble. Qui avait transformé en tranches de lard épaisses le voisin du 3ème ? Coïncidence de scénario qui était –bien entendu- due au hasard. Et elle avait un urgent coup de téléphone à passer, bon sang !)
« - Me réfugier. » Répondit ledit voisin du troisième palier. Le blond dragueur-clin-d'œil-et-roses.
Elle haussa un sourcil et l'inspecta des pieds à la tête, chercha également dans le couloir si l'un de ses petits camarades filmait –on n'est jamais à l'abri d'une caméra cachée de mauvais goût avec des andouilles de ce level- et fini par poser la question que toute personne normale aurait posée :
« - J'y gagne quoi ? »
Ah, ce n'était pas cette question-là ? Celle-ci valant sans doute une autre… Il était tard et la brune était fatiguée, son cerveau ne tournait plus à son maximum. Puis, honnêtement, elle se tamponnait l'oreille avec une babouche des raisons poussant l'homme à demander refuge.
« - J'annule la soirée Karaoké de dimanche. Mais pitié laisse-moi rentrer. »
Elle s'écarta légèrement, blasée d'avance, et lui fit signe de la suivre dans le salon. Il s'affala dans le canapé et étendit ses bras sur le dossier, rejetant la tête en arrière, ses mèches blondes tombant anarchiquement dans son visage.
« - Bon sang, c'est la pire soirée de ma vie, Blaise a déconné sur ce coup-là. » Grommela-t-il, plus pour lui-même que pour les oreilles attentives qu'Hermione laissait trainer tout en attrapant deux bières dans le frigo.
« - Et je peux savoir ce que cette petite sauterie à de différent des dizaines d'autres qui l'on précédée ? » Questionna, sceptique, la brune tout en lui tendant une bière qu'il accepte d'un demi-sourire.
« - J'ai un entretien d'embauche demain matin, j'essaie de dormir pour pas avoir une tête de mec tout droit sorti de Walking Dead. » Répondit l'intrus comme si c'était l'évidence même, bras levés au ciel dans un signe d'impuissance.
Hermione prit place dans le fauteuil face à l'homme alors qu'il se déchaussait pour poser ses pieds négligemment sur la table basse entre eux. Installé comme s'il était maître des lieux et pas gêné du tout par le fait insignifiant qu'il ne connaissait pas son hôte et qu'il était minuit passée d'une demi-heure.
« - Et pourquoi avoir cautionné cette joyeuse beuverie, dans ce cas ? » Fronça les sourcils la brune en fixant les pieds de l'individu comme s'ils risquaient à tout moment de lui sauter au visage. Bon sang, se rendait-il compte qu'elle devrait frotter longuement sa table le lendemain pour récupérer un brillant immaculé ?
« - C'est-à-dire que ce n'est pas chez moi, madame la jolie voisine. » Susurra-t-il dans un plissement d'yeux amusés alors qu'elle s'empourprait (elle s'insulta copieusement intérieurement). Il but une lampée du breuvage doré « Blaise m'héberge donc je n'ai pas grand-chose à dire. » Il attrapa le roman posé couverture vers le plafond –toujours tremblant sous les danses pachydermiques de l'étage- et rigola doucement en découvrant le résumé « Meurtre du voisin du troisième étage, hein ? » Il plongea ses yeux dans ceux chocolat de la jeune femme « j'espère que ce n'était pas ma mort que tu planifiais. Ce serait dommage, alors qu'on vient seulement de faire connaissance… » Ronronna-t-il.
« - Faire connaissance ? » Elle laissa s'étirer un sourire narquois sur ses lèvres pincées depuis le début de la soirée « Je ne vois qu'un effronté buvant une bière dans mon canapé sans faire preuve d'aucune sorte de savoir-vivre élémentaire. Ma table basse en soit témoin !» Il retira vivement ses pieds et ricana.
« - L'effronté peut-il pousser la chance plus loin et squatter le canapé pour la nuit ? » Demanda-t-il tout en s'allongeant déjà, attrapant un plaid pour le jeter tranquillement sur son corps et se saisir du premier coussin à portée pour y caler sa tête. Ainsi prêt, il fixait Hermione. Ne doutant aucunement de sa réponse.
« - Si tu n'habites pas en haut, pourquoi ne rentres-tu pas chez toi ? » Souleva la brune, en jaugeant l'individu, sceptique.
« - Pas envie. » Grogna-t-il en retour, plaçant sa paume sur ses yeux fermés pour signifier son besoin de sommeil.
« - Et quelle garantie ai-je que tu n'es pas un petit malin qui va profiter de ma bonté pour me cambrioler ? Ou pire, me violer ? » Argumenta faiblement la jeune femme en croisant les bras sur la poitrine, le regard fuyant. Elle se sentait ridicule d'exposer ses craintes à haute voix. Surtout quand elle aperçut du coin de l'œil son invité surprise se redresser sur ses coudes et l'observer. Elle mordilla nerveusement l'intérieur de ses joues.
Il y eut un petit rire et l'homme balança un cousin vers Hermione qui l'évita de justesse.
« - Ben dis donc, t'es positive toi. » Railla d'une voix trainante l'homme la faisant se braquer un peu plus. « Et pour répondre à ta question, si j'en avais après tes biens » Il fronça les sourcils et inspecta le mobilier environnant « J'aurai été m'incruster à la fête et mit à sac l'appartement au-dessus, Blaise est bien plus porté sur le luxe que toi, visiblement. »
« - Tu n'as pas répondu pour la seconde partie ! » Nota-t-elle vivement avant de s'empourprer en croisant l'œillade amusée de l'homme. Elle se sentait comme une enfant de cinq ans expliquant un cauchemar insensé (où elle était nue à l'école par exemple) face à un adulte.
« - Même chose, si j'étais un violeur, j'avais juste à monter au troisième et me servir parmi les greluches enivrées. J'avais l'embarras du choix. » Sa dernière phrase lui tira un sourire narquois, visiblement il était très fier de lui.
« - Tu pourrais être un tordu qui –
« - Mais c'est pas possible ça ! Ne m'oblige pas à aller demander asile chez la harpie en face… » Gémit Draco en la coupant, se laissant retomber dans le canapé, abattu, plaquant un cousin contre son visage.
« - La harpie ? » Ne put retenir un petit sourire, Hermione, coupant court à ses sombres spéculations.
« - Ouais, elle fait flipper. Elle fait partie d'une secte ou un truc du genre, malsaine quoi. » Il releva la tête légèrement pour capter le regard de son interlocutrice « L'autre jour, elle m'a dit que j'avais des belles veines et qu'elle adorerait trancher dedans. » Il écarquilla fortement ses yeux très bleus dans une expression d'effroi grotesque qui fit rire doucement la jeune femme.
« - Arrête, t'en rajoutes. Elle n'a pas l'air très sociable mais tout de même… »Tenta de protester une petite voix féminine pas très convaincue. Elle trouvait également que sa voisine faisait froid dans le dos mais elle ne l'admettrait pas, son intuition lui soufflait que l'homme en profiterait pour la charrier.
« - On en reparlera quand tu auras croisé son mec. » Haussa-t-il les épaules « Il se fait appeler Voldemort et elle lui donne du « maître » à chaque phrase. Il est sorti de taule y'a quoi ? Un mois ? Et la police le recherche à nouveau. Une affaire de trafic d'être humain, un truc du genre.» Il observa sa voisine faire une grimace et jeter un coup d'œil inquiet vers la porte de son palier « Alors, c'est bon, je peux dormir ici ? Ou tu vas laisser l'autre tordue me vider de mon sang et son mec me vendre à la mafia russe? » Demanda-t-il, sûr d'avoir gagné la partie.
La brune soupira, mordilla le bout d'un de ses ongles et au bout d'une réflexion interminable souffla « Ok. Mais je veux une semaine de calme plat. »
« - Je peux essayer. »
« - Essayer ? » Elle se leva et ouvrit la porte donnant sur le palier « Salue pour moi Mrs Lestrange, son taulard et les russes. »
« - D'accord, d'accord ! » S'amenda le blond en levant les mains en signe d'apaisement « Je négocierais avec Blaise pour qu'il soit bien sage. »
« - Très bien. » Elle s'approcha d'un bureau dans le coin de la pièce, l'ouvrit et en sortit un Bic et un petit carnet
« - Qu'est-ce que tu fabriques ? » Questionna le visiteur, interloqué. Plus ça avançait, plus il se disait que cette fille était totalement barge, elle aussi. C'était bien sa veine. Sans mauvais jeux de mots visant Mrs Lestrange.
« - On va faire un contrat. » Expliqua calmement la brune, comme si c'était l'évidence même.
Il recula légèrement la tête, l'enfonçant dans le rembourrage du fauteuil, pour mieux regarder son hôte et chercha –en vain- une trace d'humour sur son visage. Mais elle s'était déjà rassise sur le tapis et écrivait sur la table basse à toute vitesse quelques lignes avant de signer d'un geste aérien et de faire glisser le carnet dans sa direction.
Moi, Hermione Jean Granger, m'engage par la présente à fournir un toit à (espace vide) ce samedi deux juillet. En contrepartie, le troisième étage n'organisera pas de manifestations sonores d'aucune sorte dans le courant de la semaine du neuf juillet au seize juillet.
Daté, Lu et approuvé, Signature des deux parties.
« - Mais tu es une grande malade, toi ! » Souffla le blond en complétant néanmoins les champs vierges et en signant négligemment. Elle lui adressa un drôle de sourire, attrapa le livre et le clapa.
« - Parfait ! » Dit-elle en se dirigeant vers une porte. « Bonne nuit, parasite ! » Et elle éteignit la lumière avant de se glisser dans sa propre chambre et d'en fermer la porte.
Quand elle se réveilla le lendemain, elle se demanda si elle n'avait pas rêver l'intrusion de son étrange voisin car le salon était vide et entièrement rangé. Même les vidanges de bières avaient disparu. Elle alla chercher son carnet et, y trouvant le contrat approximatif, souffla bruyamment. Elle ne devenait pas dingue, son voisin avait bel et bien dormi ici et décampé à l'aube. Elle jeta un œil sur sa montre et découvrit qu'il était à peine huit heures.
Elle chassa l'étrange rencontre nocturne de son esprit, mis en route sa cafetière et entama sa routine matinale. Elle était crevée et en retard. Mauvais combo.
Maudits soient ses voisins !
La suite arrive très bientôt!
N'hésitez pas à donner votre avis...
