KAAMELOTT

Le pardon du roi

Il se sentait sombrer, lentement, tandis que son sang s'échappait de lui. Il se voyait mourir, et il en était presque heureux. Mais il n'était pas fier d'en arriver là.

Il aurait voulu pouvoir tout recommencer. Il n'aurait alors jamais dit à ce sénateur ce dont il se souvenait à propos de la Bretagne, de Merlin, et d'Excalibur. Il n'aurait pas été roi, serait resté petit soldat de la milice urbaine de Rome. Il n'aurait pas fondé Kaamelott, n'aurait pas eu à chercher le Graal, n'aurait pas échoué. Et Manilius serait encore vivant.

Vivant ? Vraiment ? Non, Manilius serait mort, et bien plus tôt, dans les arènes, jeté en distraction aux spectateurs affamés. La Bretagne serait probablement à feu et à sang. Il n'aurait sans doute jamais rencontré la belle Aconia Minor, ni tous ces abrutis de bretons. Il ne serait pas marié à Guenièvre, mais à la petite Julia.

Arthur était triste, et ce depuis la découverte de son incapacité à garder auprès de lui les personnes qu'il aimait. Incapable de garder sa femme, incapable de sauver son meilleur ami. Et pourtant, il avait appris à aimer à nouveau, de bien des façons. Mevanwi, Guenièvre, Perceval. Et Lancelot. Son traître de meilleur ami.

Ah Lancelot... Arthur avait mal pris le fait qu'il abandonne peu à peu son roi. Mais il l'avait tellement béni pour lui avoir pris sa femme.

Il sourit.

Puis il se rappela du sauvetage de Guenièvre. Attachée et penaude, elle avait su toucher son cœur. Et il avait maudit Lancelot.

Traître à la couronne, traître à son amitié, traître à son amour. Lancelot était tombé plus bas qu'il ne l'était permis. Il était devenu pire encore que tous ceux qu'il avait l'habitude de mépriser.

Et il avait disparu. Était-il mort ? Ou seulement en fuite ? Peut-être préparait-il son grand retour pour finir de tuer le roi ? Arthur trouverait ça drôle que l'ancien meilleur chevalier vienne essayer de tuer un roi déjà mort.

Mais peu importait, Arthur était passé outre.

Arthur ne lui en voulait plus. Et si, maintenant, dans ses dernières secondes de conscience, il le voyait apparaître, il lui dirait :

« Je te pardonne, mon ami. »

Et il fermerait les yeux.