Cette histoire est la suite de "L'Anachronique" qui introduit le personnage de Léa Roberge. Il est fortement recommandé de la lire avant. Cette histoire s'inspire largement de la série, mais aussi du film Star Trek Generation.

Le USS Pioneer-B se rendait sur la planète Armanide II pour évaluer une demande d'entrée dans la Fédération. Les Armaniens avaient découverts la vitesse de distorsion depuis au moins un siècle mais s'étaient montrés peu intéressés à créer des liens avec la Fédération ni avec aucun empire depuis, mais un récent changement de gouvernement avait emmené une nouvelle ouverture.

Sur la passerelle le capitaine Luca Heisenberg, était assis sur son fauteuil. Son première officier, la Vulcaine T'Selv, était penchée sur son clavier, visiblement très concentrée. Le pilote, le lieutenant Roy, pianotait sur sa console avec habilité.

Le vaisseau sortit de distorsion de façon brusque, tout le monde fut secoué.

- Que se passe-t-il, demanda le capitaine?

- Je l'ignore, répondit le pilote, quelque chose nous a fait sortir de distorsion.

- Il n'y a rien sur les senseurs, ajouta la jeune femme à l'OPS, mais j'ai un visuel.

- Sur écran.

Sur l'écran, un petit point blanc lumineux se trouvait devant le vaisseau, le point se mit à grandir rapidement et envahit brusquement tout l'écran.

- Alerte rouge, levez les boucliers!

Un bourdonnement remplit alors progressivement leurs oreilles.

- D'où est-ce que ça vient, demanda la Vulcaine?

- Je l'ignore, répondit Myriam White, l'OPS, d'une voix assez forte pour couvrir le bourdonnement qui s'amplifiait toujours.

Le capitaine mit ses mains sur ses oreilles, mais le bourdonnement continuait d'augmenter. La lumière blanche fut alors partout, en dedans et au dehors du vaisseau. Puis, le bourdonnement disparut.

- Quel est notre statut, demanda le capitaine?

- Il n'y a rien à l'extérieur, s'étonna White.

- Comment ça rien?

- Tout est blanc, comme sur l'écran. Il n'y a plus d'étoile, plus de galaxie. Les scanners ne détectent rien.

- Contactez Starfleet Command, dit-il alors.

- Nos communications nous sont réfléchies, capitaine. Comme si nous étions isolées dans une bulle de lumière.

Le capitaine se passa la main dans le visage. Il tentait de masquer son inquiétude, mais personne n'était dupe. La situation semblait désespérée.

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Ils marchaient dans le champ de vignes qui recouvrait la petite colline sous un soleil d'été au milieu d'un magnifique ciel bleu. L'homme et la jeune femme marchaient et discutaient, tout simplement, de tout et de rien. Une petite brise leur caressait le visage et faisait voleter les longs cheveux bruns foncés de la jeune femme. Il était vêtu d'un vêtement brun pâle et blanc et d'un chapeau de paille sur un crâne dégarni. Elle portait une petite robe bleue et ses cheveux longs détachés voletaient autour de sa tête.

Tout en marchant, ils arrivèrent au sommet de la colline, là où étrangement, il n'y avait plus de vigne, mais un grand pommier au tronc très large dont les multiples branches se tordaient vers le ciel. Il était couvert de pommes vertes.

- Dans mon souvenir, il n'y avait pas de pommier sur la colline, expliqua l'homme.

- Ça vient de mes souvenirs, répondit la jeune femme. Mes grands-parents avaient un pommier identique. Quand nous allions leur rendre visite, j'adorais aller y grimper.

L'homme cueillit une pomme et la croqua.

- J'imagine que tu te gavais de pommes aussi.

- Non, je détestais les pommes vertes, mais ma grand-mère en faisait des tartes vraiment délicieuses.

- Puis-je y goûter, demanda l'homme?

- Bien sûr, je me rappelle très bien leurs goûts.

Elle tendit la main vers un panier à pique-nique qui venait d'apparaître sous l'arbre en en sortit une pointe de tarte dans une assiette et une cuillère qu'elle tendit à son interlocuteur. Il y goûta.

- Tu as raison, c'est vraiment délicieux.

- C'est plus facile de se souvenir des goûts dans un endroit comme ça, ajouta-t-elle.

Le visage de l'homme s'assombrit.

- Désolée, papa, je ne voulais pas te le rappeler.

- Je vais devoir repartir éventuellement, tu le sais.

- Oui, soupira-t-elle, mais ici, le temps ne compte pas. Tu peux rester mille ans et tu pourras encore repartir et tenter de sauver Veridian 4 et l'Enterprise.

- L'ennui est que plus j'attends et plus ce sera difficile de partir. J'ai peur que si j'attends trop longtemps, je finisse par les oublier et qu'ils meurent tous par ma faute.

- Tu ne ferais jamais ça. Et depuis que je te connais, je sais que plus tu resteras, plus tu voudras partir; parce que, ce qu'on fait ici n'a aucun impact sur rien ni personne. Ce n'est pas ton genre de vie.

- C'est toi qui me retiens, Léa. Je viens de perdre mon frère et mon neveu, tu es la seule famille qu'il me reste. Tu ne peux pas me suivre dans notre univers et quand je partirai, ce sera pour toujours.

Un gros nuage cacha le soleil et le vent se fit plus violent.

- Je crois qu'il faudrait renter; il va bientôt pleuvoir, reprit Léa.

- Ou ça n'arrivera pas. C'est nous qui décidons du temps qu'il fait.

- Mais ce n'est pas moi qui ai amené la pluie.

- Moi non plus.

Une éclaire zébra le ciel et frôla Léa.

- Ce n'est pas normal, s'inquiéta-t-elle.

Il se redressa brusquement.

- Courons!

Ils traversèrent le champ de vignes à toute vitesse vers la petite maisonnette au bas de la colline. Les éclairs semblaient les pourchasser.

Soudain, il n'était plus dans le champ de vignes, mais devant la fenêtre de sa maison, à regarder les boules du sapin de Noël qui se trouvait à l'extérieur. Dans chaque boule, le soleil de Veridian explosait.

- Ce n'est pas réel, dit-il.

Puis, il se rappelait avoir vécu cette scène des milliers de fois. Chaque conversation, chaque rencontre avec sa fille se terminait devant le même sapin de Noël à répéter encore et encore que ce n'était pas réel.

Puis, il se réveillait couché dans un lit qui n'était pas le sien à tenter de comprendre ce rêve trop réel pour être un rêve, mais qui ne pouvait être qu'un rêve. C'était à devenir fou.