Chapitre 1
Hermione regarda l'engin sur son comptoir de cuisine avec incertitude. Il y avait beaucoup d'appareils particuliers dans le monde magique – sabliers de voyage dans le temps, agendas hantés, balais volants, hiboux messagers, voitures invisibles, portraits vivants, escaliers changeants – mais aucun ne ressemblait à l'appareil dans ses mains. En vérité, elle l'avait acheté sur un coup de tête – lors d'un caprice désespéré, stupide et irréfléchi – dans le cadre du rappel constant que tous ses amis étaient soit mariés soit en passe de le devenir.
Même Ron.
Même son branleur d'ex petit-ami.
L'énervement de le voir fiancé après qu'il ait rompu avec elle parce qu'il ne voulait pas « s'engager » était assez pour la pousser à bout. Ce n'était pas qu'elle avait des sentiments pour lui – parce que ce n'était pas le cas. C'était le fait que même Ron s'était débrouillé pour trouver quelqu'un avec qui passer sa vie, alors qu'elle avait à peine été embrassée en trois piteuses années.
Ce n'était plus une période sèche. C'était une période de sécheresse. C'était la sécheresse de toutes les sécheresses.
Elle avait besoin de s'envoyer en l'air.
Elle avait vraimentbesoin d'envoyer en l'air – plusieurs fois même.
Hermione inspira – résignée au fait qu'elle ne trouverait peut-être jamais le Mr. Darcy de son Elizabeth Bennett – elle reporta son attention sur son nouvel achat dans sa collection croissante de sex toys. Il était apparemment à la mode Europe de l'est, ou en tout cas c'est ce que le vendeur disait.
L'engin était divisé en deux parties.
La première partie était un vibrateur de 20 centimètres de longs et cinq centimètres de larges – mais avec une torsion. Il n'y avait pas de contrôle. Il n'y avait pas de paramètres de vitesse ou même d'interrupteur marche/arrêt. Elle n'avait aucun contrôle dessus.
Il y avait, cependant, quelqu'un dans le monde avec lecontrôle, quelqu'un avec qui elle pourrait communiquer en utilisant la seconde partie, qui s'avérait être un écouteur.
En d'autres mots, elle avait été dans un magasin pour adultes et avait passé une semaine entière à glorifier le sexe par téléphone. Cela la fit se sentir pire que pathétique mais elle essaya de n'y penser comme rien d'autre que du travail. C'était mieux que d'utiliser sa main droite chaque soir. De cette manière, elle avait au moins l'illusion d'une autre personne – un professionnel payé – mais une autre personne tout de même.
Avec des doigts tremblants, elle sortit l'écouteur de son emballage et le mit à son oreille droite. Le vendeur lui avait donné une seule instruction – insérer l'écouteur et attendre – donc c'est ce qu'elle fit.
Hermione se servit un verre de vin et alla de la cuisine au salon. Elle se recouvrit sur la chaise et leva les yeux au plafond. Elle ne pouvait pas se concentrer. Elle pouvait seulement boire et cligner des yeux en se demandant ce qui sur terre l'avait poussé à penser que c'était une bonne idée. Au bout d'un moment, son corps entier trembla d'inquiétude. Elle se sentait ridicule. Elle n'avait aucune idée à quoi s'attendre, quand s'attendre ou comment –
- Bonjour ?
- Euh- Hermione se figea. Hum- Salut.
Il y eut un doux rire à l'autre bout de la ligne.
- Tu sembles nerveuse.
- Je- heu- Je n'ai jamais fait ça.
- Jamais ? demanda-t-il, assez jeune à en juger par le son de sa voix. Pas même avec un petit-ami ?
Hermione repensa à sa seule et unique relation.
- Si parler la bouche pleine compte, alors mon ex me parlait obscènement tout le temps.
Il y eut davantage de rire, mais cette fois elle s'y joint.
- Je suppose que ça fait de moi ton premier.
Elle sourit.
- J'imagine.
- Dans ce cas, commençons par quelque chose de léger. Raconte-moi ta journée.
- Ma journée ? Euh- eh bien- J'ai eu un début un peu rude ce matin. Pour une certaine raison, mon réveil ne marchait pas et j'ai fini par arriver une heure en retard au travail.
- Ma pauvre, fit-il remarquer. C'est pourquoi j'aime ce que je fais. Je travaille de nuit.
- Tu as de la chance. Elle grimaça. Je ne peux me rappeler la dernière fois où je n'ai pas été obligée de me lever à une heure incongrue.
- Tu sembles avoir un travail difficile.
- C'est le cas…. Mais je mentirais si je disais que je ne l'aime pas. Je voyage beaucoup.
- Où ?
- En Europe, la plupart du temps, expliqua-t-elle. C'est souvent du travail à l'arrivée mais j'ai eu quelques légers problèmes à Amsterdam le printemps dernier.
- Ah bon ? demanda-t-il, impressionné. De quel genre de problème parlons-nous ?
- Rien de plus que d'habitude, Hermione haussa les épaules, ignorant la nature légèrement suggestive de ses mots. Je- heu- J'ai en fait le sentiment que j'ai plus de problèmes maintenant, pour être parfaitement honnête. Elle eut un rire nerveux.
Il y eut un silence à l'autre extrémité.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- … Je parle à un étranger, répondit-elle doucement. Ne le prends pas mal.
- Je ne le prends pas mal, lui assura-t-il, maintenant cet air de jeune maturité. Donc, dans l'esprit de mieux te connaître, ça te dirait de jouer à un jeu ?
Hermione se redressa en position verticale et prit une autre gorgée de vin, sentant que c'était nécessaire.
- Quel genre de jeu ?
- Je pensais à un jeu modifié d'action ou vérité, expliqua-t-il. Nous nous posons chacun notre tour des questions inoffensives – et si l'un de nous refuse de répondre, nous faisons un gage donné par l'autre personne.
Elle suça sa lèvre inférieure.
- Ça a l'air dangereux.
Il y eut un autre silence à l'autre bout de la ligne, comme s'il était pris entre un ricanement et un sourire. Elle imagina que c'était rapide, quelque chose lui traversa les lèvres pendant un petit moment avant qu'il ne prévoit sa prochaine action.
- Je commence, dit-il, interrompant ses pensées. Quelque chose de facile. Quelle est ta position préférée ?
Sa mâchoire s'ouvrit à la volée.
- Ce n'est ni inoffensif ni facile !
Elle était là de nouveau. La même petite pause béate. Elle commençait à réaliser que ce mec n'avait jamais perdu une bataille.
- Tu peux toujours faire le gage.
Elle plissa la bouche sur le côté.
- Je ne crois pas, étant donné la facilité de ta question. Une autre gorgée de vin. Une autre profonde inspiration. Bien – position favorite. Je suppose que j'aime être – être – au-dessus. Pour une quelconque raison, elle attendit de l'entendre rire. Il ne le fit pas. Qu'importe comment ça s'appelle.
- Ça s'appelle Andromaque. L'une de mes favorites, aussi.
Hermione renifla.
- Paresseux.
- Ne juge pas trop vite, rit-il, avec une touche de surprise. Baiser d'en dessous exige une certaine force.
Il y eut un autre silence, mais celui-ci venait de son côté. La manière dont il avait utilisé le mot baiser si facilement lui donna le tournis, mais il pouvait aussi avoir été produit par tout ce vin.
- Je suppose que c'est mon tour, marmonna-t-elle, espérant ne pas avoir l'air aussi troublée qu'elle l'était. Si tu pouvais-
- Je choisis action.
Hermione haussa un sourcil.
- Je n'ai même pas fini de te poser ma question !
Il ne sembla pas du tout dérangé.
- Je suis curieux de voir à quel genre d'action tu vas penser.
Il avait du toupet.
- Bien, décida-t-elle. …Je te mets au défi d'enlever un vêtement.
- Effrontée, remarqua-t-il. C'est comme si tu savais que je suis assis ici avec rien d'autre que mon boxer. Avant qu'elle ne puisse formuler une bonne réponse, il y eut du bruit à l'extrémité de la ligne, et puis il fût de retour. Action réalisée.
Elle devint livide.
- Euh-
- Très bien. En continuant avec ta précédente réponse d'être au-dessus, tu aimes monter et descendre sur ton partenaire ou tu préfères bouger tes hanches et glisser sur ton partenaire en faisant des cercles ?
Elle ne s'était pas encore mise en tête le fait que cet homme mystère lui parlait probablement dans le plus simple appareil. La mention de bouger et de glisser n'aidait pas du tout. Ses pensées dérivèrent sur la dernière fois où elle avait fait l'amour – ce qui était il y a des siècles. Tout était par flashs. Chaque contact. Chaque sentiment. Rien n'était complet.
Elle essaya de se souvenir, de former un souvenir complet, mais c'était complètement figé en fragments.
- Tout va bien ? dit-il.
Hermione déglutit fortement.
- Je- oui- C'est juste- Ca fait tellement longtemps et- Je- heu- Elle ferma les yeux, se sentant ridicule. C'était juste un inconnu. Il n'y avait aucune raison d'être nerveuse. Mais quelque chose en lui ne le rendait pas si inconnu. D'ailleurs, ses paupières commençaient à lui faire mal tellement elle les serrait fermées.
Finalement, ses hanches commencèrent à bouger contre la chaise. Ses muscles se relaxèrent. Ses angoissent se dissipèrent. Son pouls accéléra. Elle ne pouvait se rappeler mais elle pouvait toujours imaginer.
- Ça fait un long moment pour toi, pas vrai ? demanda-t-il, abandonnant l'arrogance.
- Ou- Oui.
- Dis-moi à quoi tu penses.
C'était le vin. Ça devait être le vin, parce qu'elle n'aurait pas dit cela sobre.
- Toi.
Sa voix diminua.
- Ne sois pas timide. Grande inspiration. Dis-moi ce que tu fais.
Hermione inspira, sa lèvre inférieure tremblant.
- Je- Je suis sur le dessus – bougeant mes hanches en faisant des cercles.
C'était de la folie. C'était de la complète et entière folie. Elle ne pourrait jamais abandonner cela.
- Tu me sens contre toi ? poursuivit-il, dissipant ses peurs.
Son rougissement s'approfondit.
- Oui- Oui.
Il y eut un changement dans sa respiration.
- Où ?
- En- Entre mes jambes, chuchota-t-elle. A travers mes vêtements.
Quelque chose dans le fait qu'il prit un moment pour expirer, fit trembler tout son corps en réponse. Elle ne savait pas qu'il était possible d'être aussi excitée par le simple son d'une voix – un parfait inconnu, en plus.
- Tu ne fais pas ce qu'il faut, dit-il, semblant tout sauf mécontent. Je suis censé être celui qui t'excite.
- Dé-Désolé.
Sa réponse fût rapide.
- Je t'interdis de t'excuser.
- Qu'est-ce- Qu'est-ce que tu me ferais si tu étais ici ? parvint-elle à demander, les joues rougissantes, un peu horrifiée par sa propre audace.
- Laisse-moi te montrer.
