Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Chapitre 01 : Perdre l'envie de vivre

« Irène, tu seras sage avec ta mère, d'accord ? » demanda la voix faible d'un homme, « Papa t'aime beaucoup, tu sais ? »

Dans les bras de son père assis dans le grand lit en bois, la petite fille se pelotonnait contre lui, acquiesçant à ses questions, jusqu'à ce que sa mère ne lui demande d'aller dans le salon quelques minutes. Elle avait besoin d'être seule avec son mari quelques instants.

« Erza… pardonne-moi. » implora ce même homme, dont la respiration semblait de plus en plus erratique, les larmes aux yeux, « Je t'aime, ma chérie. Tu me manqueras. »

« Ne m'abandonne pas… » implorait la rousse, « Après tout ce qu'on a vécus, tu ne peux pas me laisser comme ça, c'est trop tôt ! »

Mais il était trop tard. Son cœur s'était éteint aussi tristement que ses larmes coulaient encore de ses yeux désormais fermés.

« Gérard ? » demanda la fée, incertaine, « Gérard ! » cria-t-elle, sa voix emplie d'une infinie détresse alors qu'elle s'agenouillait près du lit, serrant la main inerte de son mari, « Ne m'abandonne pas… » pleurait-elle désormais, serrant sa main encore chaude contre son visage, « Je t'en pris, ne m'abandonne pas… ».

Il la laissait encore une fois. Mais aujourd'hui, c'était la dernière. Dans cette maison qu'ils avaient achetés ensembles à la naissance de leur enfant, il l'abandonnait avec leur fille, si petite… Pourquoi ?

La nouvelle avait fait le tour de la guilde aussi rapidement qu'une traînée de poudre. Erza était dans un tel état qu'elle n'était plus venue depuis plusieurs jours. Elle ne cessait de se demander pourquoi cela leur été arrivé alors qu'ils étaient enfin réunis, après tout ce temps et ces épreuves. Alors que la fée ne cessait de pleurer son amour perdu, Mirajane venait chaque jour prendre la petite Irène afin de l'emmener à la guilde, sa mère n'étant plus capable de s'occuper d'elle pour le moment.

« Papi, pourquoi maman ne m'aime plus ? »

Mal à l'aise, Makarof, du haut de ses presque cent ans, avait prit la petite fille sur ses genoux et lui expliqua que l'enfant se trompait. Sa mère l'aimait toujours autant, mais elle était si triste d'avoir perdu son mari qu'elle ne parvenait pas à surmonter cela actuellement. Elle avait des idées noires et il allait lui falloir un long moment pour retrouver le sourire.

« Et papa ? Pourquoi je peux plus le voir ? Il allait mieux pourtant… »

La petite fille n'avait pas comprit que son père n'était plus de ce monde. Pour elle, il était toujours malade, allongé dans son lit où elle n'avait pas pu le voir pendant de nombreux jours.

« Ma petite chérie, ton papa est… »

Le vieillard ne savait pas comment lui expliquer. Les enfants de cet âge ne devaient pas, selon lui, être confronter à la mort de leurs parents.

« Ton papa se prépare pour une mission. Une très, très longue mission, très loin d'ici. Il ne faut pas le déranger. » tenta-t-il d'expliquer en restant le plus calme possible.

Lui aussi, comme tous les membres de la guilde, était affecté par cette perte, mais il savait qu'Irène se doutait de quelque chose. Elle aussi était triste, mais elle ne savait pas bien pourquoi, avait-elle avoué à Mirajane, un peu plus tôt dans la journée.

De leur côté, les autres membres de la guilde s'étaient organisés pour annoncer la mauvaise nouvelle aux autres membres de Crime Sorcière, préférant se déplacer en personne.

Ainsi, Erik, qui avait élu domicile avec Kinana depuis un long moment, s'était rendu dans l'est du pays pour prévenir Sorano, qui passait beaucoup de temps avec sa sœur lorsqu'elle n'était pas en mission, mais il n'était pas parvenu à trouver l'ange. D'après le maître de Sabertooth, Yukino et sa sœur étaient parties en mission à l'étranger, elles ne seraient pas de retour avant plusieurs semaines.

Jubia, qui connaissait la relation étroite entre l'ice maker et la reine des fées, avait demandé Grey de rester à Magnolia et de s'occuper et surtout soutenir d'Erza le temps qu'elle aille à Clover. Ce dernier lui avait interdit de partir seule alors qu'elle était enceinte jusqu'au fond des yeux et qu'elle ne semblait pas en forme non plus ces derniers temps. La bleue avait alors demandé à son ami de longue date, Gajeel, de l'accompagner et bien que Grey accepte cet étrange caprice, il n'était pas tranquille.

Le reste de la guilde organisait l'enterrement de celui qui était un frère d'adoption et un ami pour tous. Le Maître avait d'ailleurs fermé les portes de l'établissement au public pour plusieurs jours.

En fin de journée, Jubia arriva enfin à Clover. Elle n'avait pas vue son amie depuis plusieurs semaines et se sentait horriblement mal de venir pour lui annoncer une pareille nouvelle. Mais elle la connaissait, elle savait que Meldy était très attachée à celui qu'elle considérait comme un père, celui qui l'avait élevé avec Ultear, puis seul.

Frappant à la porte en bois, elle tenta de se redonner un peu de contenance malgré le froid ambiant, soutenue par le Dragon Slayer. Heureusement, c'est Lyon qui ouvrit la porte, visiblement très étonné de voir la demoiselle ici, et surtout avec un ventre aussi rond.

La bleue s'excusa de venir le déranger ainsi en pleine soirée, tandis que l'argenté faisait entrer les deux fées, et lui expliqua brièvement ce qui les amenaient tous les deux, profitant que la plus jeune soit à l'étage, en train de couché sa fille.

Assis autour de la table, le mage de glace n'en revenait pas. Personne ne les avait avertis des derniers évènements et connaissant sa femme, elle ne se pardonnerait pas de ne pas avoir été là au moment fatidique.

Le cœur lourd, il monta à l'étage voulant lui annoncer les choses en douceur. Malheureusement, la rose avait comprit à son visage que quelque chose n'allait pas.

« Jubia est là avec Gajeel. Elle a… une mauvaise nouvelle à t'annoncer. » expliqua-t-il alors qu'elle sortait de la chambre de leur enfant.

Debout dans le salon, Jubia faisait les cent pas, le visage grave alors qu'elle entendait son amie descendre les escaliers rapidement, suivie de près par l'argenté.

« Jubia ! » s'écria la mage, inquiète, « Que se passe-t-il ? »

« Meldy… Assied-toi s'il te plaît. Toi aussi, Lyon. Asseyez-vous tous. » demanda la futur maman en s'assaillant à côté de la rose, « Meldy, Gérard est… il est décédé… il y a deux jours. » déclara-t-elle d'une voix à peine audible, « Et bientôt… Lucy et moi aussi mourrons. »

« Quoi ?! » s'indignèrent les trois mages.

« Jubia… Qu'est-ce que tu racontes ? » demanda la jeune femme, les yeux emplis de larmes, « C'est… c'est vraiment une très mauvaise plaisanterie…. »

« Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? T'es en pleine forme ! » ajoutèrent des deux autres.

Alors, quelques larmes perlant au coin de ses yeux, fixant tristement son ventre, elle leur expliqua toute l'histoire.

Quelques jours plus tôt, alors que la sombre nouvelle n'était pas encore tombée et que personne ne se doutait de ce qu'il se passait, Jubia, Lucy, Levy et Wendy se promenaient en ville pour faire quelques courses. Durant leur promenade, la blonde et l'aqueuse s'étaient toutes deux blessées à la pointe d'une armes laissée un peu trop en évidence alors qu'elles passaient à côté du propriétaire de l'épée, qui la portait à la ceinture. Lucy s'était alors indignée qu'on puisse laisser quelqu'un se promener en pleine ville avec une arme saillante, sans fourreau. L'homme, d'une cinquantaine d'années et de taille moyenne, s'était alors excusé pour cet accident, prétextant que le fourreau de l'arme en question était justement en réparation dans une boutique de la rue.

L'histoire en était resté là, mais deux jours plus tard, les deux filles s'étaient retrouvées avec de la fièvre. Rien de grave, mais Jubia était allé consulter l'apothicaire au cas où, expliquant que malgré les plantes que Wendy lui avait donné, cela ne suffisait pas, et qu'elle commençait même à avoir mal un peu partout depuis la veille.

Cela l'avait étonné de voir la réaction de la vieille femme, qui semblait affolée et s'était empressé de la questionner.

« Reviens me voir dans deux jours. » avait-elle demandé.

Jubia s'était exécuté, puis elle s'était à nouveau faite examinée et le diagnostique était tombé, le matin même de son départ pour Clover. C'était exactement la même chose que ce qui avait eu raison du Maître de Crime Sorcière.

« Polyussica m'a donner de quoi atténuer les symptômes et m'a dit que Lucy était dans le même cas que moi. D'après elle, d'ici une quinzaine de jours, peut-être un peu plus, il faudra vous préparer à… »

Sa voix s'étrangla dans sa gorge, ne parvenant pas à finir sa phrase, ses larmes coulant le long de ses joues rouges. Elle n'acceptait pas encore la fatalité qui l'attendait.

Gajeel, lui, comprenait mieux pourquoi les deux filles avaient un comportement un peu étrange depuis le début de la semaine. Il en avait touché à mot au rose, qui avait également remarqué mais aucun d'eux ne savait quoi que ce soit et ils avaient mis cela sur le compte de ce qui touchait actuellement Erza.

« Est-ce que Grey est au courant ? » demanda Léon qui comprenait la situation.

Détournant les yeux, la bleue avoua qu'elle n'avait pas réussit à le lui dire et qu'elle avait peur de sa réaction. Elle comptait sur celui de Lamia Scale pour le soutenir, et sur Meldy pour être la marraine de son bébé qu'elle ne verrait peut-être jamais.

« Est-ce que c'est contagieux ? » demanda le brun, tiraillé entre cette nouvelle et la peur de contaminer Levy et leurs enfants.

« Non. D'après Polyussica, nous avons été tous les trois empoisonnés par la fameuse épée dont je vous parlais tout à l'heure. » énonça-t-elle, grave, « Et… honnêtement, nous sommes déjà trois, ça ne peut pas être une coïncidence : il n'y a absolument aucun autre cas en ville. Jubia s'avance peut-être, mais s'il devait y avoir plus de membres touchés, je pense que nous pouvons parler d'une chasse aux fées et à leurs alliés. Crime Sorcière est menacée, peut-être même nos autres alliés. »

Le visage sombre, les larmes ne se tarissant pas, elle tentait de rester forte tandis que Meldy pleurait à chaudes larmes dans les bras de l'argenté qui tentant vainement de la réconforter. Ce qu'elle apprenait ne pouvait pas être réel, d'abord son maître, et maintenant sa meilleure amie ?

« Je suppose qu'elle cherche un moyen de vous soigner, Lucy et toi ? » demanda le brun qui desserra enfin les dents.

« Oui. Mais pour le moment… elle n'a rien trouvé. »

La soirée fût très longue pour tous les mages. Jubia avait demandé à ce que tout ce qui la concernait reste secret pour le moment, tous comprenant parfaitement comment réagirait Grey s'il l'apprenait, compte tenu de son triste passé. Sans oublier que la guilde serait déjà bien assez triste pendant un long moment, autant ne pas ajouter de mauvaise nouvelle pour le moment pour alléger un peu le fardeau qui pesait sur la guilde.

Sous le soleil froid de Février, toute la guilde était réunie dans le cimetière de Magnolia. Vêtus de noir, seules Jubia et Lucy étaient restés à la guilde, s'étant proposer de garder les enfants trop jeunes de leurs amis. En réalité, toute deux s'inquiétaient pour leur propre avenir, Lucy n'ayant pas pu en parler à Natsu pour les mêmes raisons que la bleue.

« Maman… Pourquoi on cache la boîte avec papa ? Il va pas pouvoir faire sa mission s'il est caché là… »

Les larmes de la jeune femme redoublèrent alors qu'elle tenait sa fille dans ses bras. Cherchant ses mots, Erza tentait de lui expliquer entre deux sanglots que c'était ça, sa mission, mais la fillette ne comprenait plus rien.

« Mais… Il va pas pouvoir respirer sous la terre ! » avait-elle dit d'une voix assez forte pour que toute la guilde entende, espérant que quelqu'un le sorte de là.

Elle tentait de se débattre pour empêcher qu'on enterre son père, profitant de la faiblesse de sa mère pour échapper à ses bras, mais elle fût rapidement rattrapée par Luxus, qui était resté très calme malgré les évènements.

Alors que Grey et Natsu essayaient de consoler la rousse qui se trouvait à présent à genoux, n'ayant plus assez de forces, le Dragon Slayer de la foudre emmena l'enfant un peu plus loin malgré ses protestations.

L'entendre ainsi réclamer à ce qu'on libère son père avait déchiré le cœur de toutes les personnes présentes. Erza elle-même ne supportait plus cela, elle se sentait tellement mal que c'est Polyussica qui avait prit la relève des garçons, marchant jusqu'à la guilde entre deux nausées.

« Tonton, pourquoi maman part sans moi ? »

« Ta mère ne se sent pas bien. Elle part se reposer un peu. » interpréta le blond en la voyant s'éloigner avec l'apothicaire.

« Tonton… maman aussi va partir loin de moi ? » questionna la petite, larmoyante.

« Non. Elle va juste être très triste pendant une certaine période, mais ça ira mieux au fil du temps. » assura Luxus, en tentant de la consoler la petite fille qui s'était mise à pleurer, perdue.

Quelque chose n'allait pas. Sa mère lui avait toujours interdit de jouer avec ses armes, elle-même étant très à cheval sur le fait de ne pas les laisser traîner en dehors de sa dimension magique personnelle. Et pourtant, la rousse était dans sa chambre, entourée par de nombreuses épées, de cartons et d'autres choses que la petite ne connaissait pas.

« Maman ? » appela la fillette, inquiète.

Mais elle ne répondait pas. De là où elle se trouvait, à l'encadrement de la porte, Irène entendait sa mère pleurer, demander pardon et supplier qu'on lui rende son époux. C'était la première fois qu'elle la voyait se comporter ainsi et ce n'était pas normal. Et puis pourquoi mettait-elle les affaires de son père dans des cartons ?

Se dirigeant vers le vestibule où étaient encore entreposés les manteaux de ses parents, Irène fouilla dans les poches, à la recherche du téléphone portable de sa mère, cherchant l'image de sa tante dans le répertoire.

« Allô ? »

« Tata, je crois que maman fait une grosse bêtise… » expliqua la petite.

« Irène ? » s'étonna la démone au bout du fil, « Ne bouge pas, j'arrive tout de suite. »

Effectivement, quelques minutes plus tard, Mirajane ouvrait la porte grâce à son double de clés, accompagnée par Luxus. La petite leur indiqua où trouver sa mère, et les deux mages se précipitèrent dans la chambre.

Titania était au bord du lit, entourée par ses armes, l'une de ses épées à la main.

« Erza, arrête ! » hurla la blanche en se précipitant vers elle, lui ôtant l'arme des mains.

« Mira ? » marmonna la rousse qui ne comprenait pas, « Tu dois me laisser, je dois aller le rejoindre. » sanglotait-elle à bout de forces, « Je dois le retrouver… » murmura-t-elle avant de s'évanouir.

« Maman… qu'est-ce qu'elle a ma maman ? » demanda Irène, effrayée.

Alors que Luxus s'emparait du corps d'Erza, étonnamment léger, la blanche rassurait sa nièce, du moins, elle essayait.

Sur le chemin de la guilde, les deux adultes se mirent d'accord pour ne parler de cela à personne, excepté le maître et l'apothicaire. Il fallait aussi trouver une explication pour Irène, mais un peu plus tard, lorsqu'elle ne pourrait plus les entendre.

Les jours passaient et l'espoir s'amenuisait pour Lucy et Jubia. Entre temps, Roméo et Elfman et Kanna avaient été touché par le poison. La rumeur avait commencé à enfler au sein de la guilde, et il avait été finalement convenu que les personnes touchées se fassent connaître. De son côté, Erza s'était excusée pour son comportement. Elle se sentait tellement mal, sans compter ce qui arrivait encore. Renfermée, elle avait passé un long moment à l'infirmerie, sa meilleure amie refusant de la laisser seule chez elle.

Comme elles s'y attendaient, Natsu et Grey réagirent très mal en apprenant que les mères de leurs enfants étaient empoisonnées, d'autant plus que les filles le leur avaient caché pendant plusieurs jours, ce qu'ils avaient eu du mal à accepter.

Alors que le nombre de fées et de sympathisants infectés augmentaient un peu plus chaque semaine malgré les recherches intensives pour retrouver celui qui était à l'origine de ce drame, rien n'y faisait.

La princesse elle-même avait été mise au courant suite aux rumeurs qui grossissaient chez les mages de tous horizons. Elle s'était alors rendue chez les fées en personne pour réfléchir à une solution, mais surtout prendre des nouvelles des malades. Hisui les connaissait tous, ils étaient précieux à ses yeux et cela lui faisait tellement de peine de les voir ainsi.

L'ambiance était clairement différente, triste, voir morbide parfois. Beaucoup restaient sur place, ne rentrant plus chez eux de peur d'être une nouvelle victime, d'autres, celles et ceux qui présentaient le plus de symptômes, avaient été réunis à l'infirmerie où Wendy suivait les directives de sa supérieur, elle-même étant occuper à trouver un antidote au poison qui rongeait le corps de sa famille.

Les enfants avaient eu interdiction de venir ici, ce qui rendait la situation encore plus tendue au rez-de-chaussée, où les adultes encore en état tentaient de les occuper.

Mais les plus âgés avaient visiblement compris que quelque chose n'allait pas. Flo, de son véritable nom Florine, et son jumeau avaient une vague idée de ce qui se tramait du haut de leurs 7 ans. Les autres, plus jeunes, avaient également compris que ça n'allait pas, mais se laissaient encore assez facilement rassurer par les adultes.

Le lendemain, devant la douleur de plus en plus présente, Jubia pria l'apothicaire de l'aider à accoucher avant qu'elle ne succombe à son tour. Elle avait mûrement réfléchis malgré la mise en garde de la vieille femme et le désaccord de Grey.

« Jubia, tu sais que si l'on fait ça maintenant, tu as peu de chance de survivre jusqu'à ce soir ? »

« Jubia le sait. » acquiesça-t-elle en pleurant, « Mais… Je… je… »

« Très bien. » trancha tristement le médecin.

Alors que Wendy était partie chercher l'ice maker, Jubia avait profité des quelques minutes qu'il lui restait pour dire au revoir à ses amis, confiant des lettres à Gajeel, qui serait plus calme que son cher mari.

Dans l'espoir de lui donner un peu de temps en plus, Polyussica préféra effectuer une césarienne, seule, avec Wendy et Levy en guise d'infirmières.

Elle avait donné naissance à un garçon, au grand damne du mage de glace qui refusait ce que cela signifiait. Levy le savait, elle avait alors gardé le bébé avec elle quelques temps, laissant les parents de ce garçons seuls. Sa mère était toujours inconsciente, son père, lui, se fustigeait de ne pas l'avoir empêché de faire ça. Il savait pourtant, il savait parfaitement ce qu'elle avait eu en tête dès qu'elle s'était sût atteinte. Jubia était capable de se sacrifier par amour, il s'y attendait, elle l'avait déjà fait pour lui. Et d'un autre côté, il était fier d'être à nouveau papa. Cet étrange mélange de sentiments était difficilement supportable car il se sentait coupable d'en vouloir au bébé, alors qu'il ne s'agissait que d'un être innocent dont il allait bientôt devoir s'occuper seul.

« Grey… » murmura-t-elle faiblement.

Elle se réveillait enfin, après plusieurs heures d'inconscience. Soulagé, il l'étreignit doucement, lui annonçant qu'elle avait mit au monde un garçon ce qui semblait ravir la jeune maman. Ils avaient tous deux convenus de lui donner le nom de Silver, en hommage au père de Grey et par rapport à tout ce qu'ils avaient endurés Grey et lui. Et puis, Silver avait été le premier à la considérer comme la petite amie de son fils.

Wendy apporta l'enfant qui dormait, profitant des restes de l'anesthésie qui empêchaient la jeune maman de souffrir, pour le lui faire tenir dans ses bras.

Faible mais heureuse, Grey l'aida à tenir le nouveau né aux cheveux aussi sombres que ceux de son père. Finalement, elle avait pu le voir, son bébé. Et d'après la vieille femme qui s'acharnait auprès de son alambic, Silver n'avait pas été atteint par le poison, comme elle l'avait prédit.

« Grey… amène Mika s'il te plaît. Je voudrais la voir avant que la douleur ne revienne. Je veux qu'elle garde une bonne image de sa mère. »

Il savait qu'elle avait raison, et pourtant, il ne l'acceptait pas. Cette façon de parler lui donnait envie de tout plaquer et de se laisser avoir pour la rejoindre. En faite, il l'aurait certainement fait s'il n'avait pas eu ses enfants.

Jubia était décédée deux jours plus tard, rapidement suivie par Roméo puis par Lucy.

Erza, qui était resté un long moment alitée dans une pièce à part au rez-de-chaussée, avait elle aussi eu vent de ce qu'il se passait à l'étage. Elle avait réfléchis, longuement, afin de trouver une solution. Il était hors de question que son mari, ses amis et les enfants subissent un sort pareil après tout ce qu'ils avaient enduré plusieurs années auparavant.

« Irène ? »

Depuis combien de temps ne l'avait-elle pas vue ? Des heures ? Des jours même. Paniquant, elle se leva du lit, courant en nuisette à travers tout le hall de la taverne

« Ne t'inquiète pas, elle est ici. » rassura la blanche, « Erza, est-ce qu'on peut discuter ? Il s'est passé… plusieurs choses depuis qu'on t'a vu. »

Acquiesçant, elle attrapa sa fille, la serrant fortement contre elle, s'excusant à mainte reprise de l'avoir laisser seule et d'avoir voulu faire une bêtise irréparable. Elle s'en voulait d'avoir négligé sa fille, c'était un comportement inacceptable pour une mère, quelque soit la peine qu'elle ressente.

Heureusement, elle ne lui en voulait pas, au contraire, sa mère lui avait beaucoup manqué et elle ne voulait plus la quitter, même lorsque sa tante lui demanda de retourner jouer avec les autres. Une fois rassurée, quelque chose gêna la rousse. La guilde était beaucoup trop calme, pour ne pas dire déserte.

« C'est justement de ça dont je voulais te parler. » expliqua la tavernière, « Je sais que ce n'est pas le moment, mais… Nous avons eu de nouvelles pertes. »

Elle n'en croyait pas ses oreilles. Comment cela pouvait-il continuer ? Etaient-ils la proie d'un nouvel ennemi ?

« Je pense qu'effectivement, quelqu'un cherche à détruire les uns après les autres. Mais nous sommes incapables de trouver qui est-ce, et encore moins pourquoi. »

Erza se sentait mal. Depuis l'enterrement, elle avait régulièrement eu des nausées ainsi que des sautes d'humeurs, mais surtout une perte de l'envie de vivre temporaire. Mira lui avait conseillé de se reposer, que c'était certainement dû au stresse et à sa peine. Prise d'un léger vertige, elle resta assise un moment, le temps d'encaisser la nouvelle. Elle n'avait pas eu tout à fait le temps de se remettre de ses envies suicidaires qu'elle apprenait encore de mauvaises nouvelles.

« J'ai cependant une bonne nouvelle. » annonça Mira, malgré son visage triste, « Polyussica a trouvé un vaccin contre le poison. Malheureusement, il n'est efficace que sur les personnes qui ne sont pas atteintes. Et ils ne doivent pas être empoisonnés avant plusieurs jours, sans quoi, ça ne fonctionne pas. »

« Ca fait beaucoup de conditions… » murmura Titania, « Mais c'est tout de même une solution pour tous ceux qui sont encore sains. »

« Pour le moment, on a fais vacciner les petits. Il ne reste plus assez de vaccin pour nous, il faudra attendre quelques jours, le temps que Polyussica puisse en refaire. Et d'après ce qu'elle a dit, c'est un procéder assez long. »

Toutes deux parlèrent encore un moment, Irène s'étant endormie dans les bras de sa mère, puis se rendirent à l'infirmerie où la reine des fées se rendit compte de l'ampleur des dégâts. Presque tous les lits étaient occupés. Malgré le calme, on sentait une ambiance pesante qui régnait dans la pièce. Wendy avait été rassurée de la voir et l'avait serré un long moment dans ses bras avant de s'excuser et de lui demandé d'aller voir Grey et Natsu.

« Et Macao ? »

« Il est partit annoncer la nouvelle à sa femme. Il n'est pas revenu depuis. »

Natsu ne quittait pas le lit où reposait le corps de celle qu'il aimait. Il n'avait plus dit un mot depuis qu'elle avait poussé son dernier soupir. Il semblait même ailleurs, perdu dans ses pensés. Erza le comprenait. Elle aussi vivait cela, encore le matin même, sans s'en rendre compte, elle s'était perdue plusieurs heures dans ses pensées.

Assise à côté du Dragon Slayer, elle n'avait rien dit. Elle l'avait juste prit dans ses bras, versant quelques larmes avec lui.

« Désolé de ne pas avoir été là. »

« Elle est partie… » se lamentait, « Erza, comment je vais faire avec les petits, sans elle ? »

« Tu feras comme moi. Et comme Grey. On les élèvera en faisant de notre mieux. » déclara-t-elle en le serrant contre elle.

Eclatant en sanglots, Erza versa elle aussi quelques larmes, comprenant tellement la douleur qu'il ressentait en ce moment. Pourquoi leur enlevait-on l'être qu'ils aimaient le plus ? Qu'avaient-ils fait de mal pour qu'on les punisse ainsi ?

« Natsu, il est temps de la laisser. Tes enfants te réclament, et Grey a aussi besoin de nous. »

« Erza, laisse-moi encore un peu avec elle, s'il te plait. » l'implora le rose, plus calme.

« D'accord. Rejoins-moi auprès de Grey quand tu seras prêt. »

Elle l'embrassa avec douceur sur le front, puis se leva avec sa fille dans les bras, se dirigeant dans une autre pièce, adjacente à celle qu'elle quittait.

Grey donnait le biberon à son fils, les yeux dans le vague. Approchant doucement, elle déposa Irène dans l'un des fauteuils de la pièce, avant de saluer son ami. Elle ne savait pas trop si elle devait le féliciter pour son fils ou lui présenter ses condoléances.

« Tu tiens le coup ? » questionna finalement Erza en s'asseyant face à lui.

« Je n'ai pas le choix. » avoua le brun, « Mais pour être honnête, j'aimerai la rejoindre. »

« J'ai pensé à la même chose au début. Mais j'ai toujours Irène et je ne veux pas qu'elle grandisse comme nous, sans aucun de ses parents, même si nous n'avons pas à nous plaindre, le Maître nous a élevé comme ses enfants. »

« Erza, explique-moi pourquoi toutes les personnes que j'aime me quittent. Pourquoi mes enfants ne partiraient pas, eux aussi, aussi soudainement ? »

« Parce que tout ce qui nous arrive n'est que coïncidence. De malheureuses coïncidences, mais ce n'est ni de ta faute, ni de la mienne. » précisa-t-elle, « Jubia n'aurait pas voulu que tu la rejoignes en abandonnant les enfants qu'elle a porté et qu'elle a aimé. Pour elle, c'était le symbole de votre amour, et on sait tous qu'avec toi, ce n'était pas gagné d'avance. »

« Je sais. Il n'y avait qu'elle pour faire fondre la carapace que je m'étais forgé. »

Ils parlèrent un moment et malgré sa tristesse, ce n'était pas la première fois qu'il perdait une personne qui lui était si chère. La jeune femme savait que même s'il sauvait les apparences, il était totalement anéanti.

C'est à ce moment que Natsu arriva, ressemblant plus un à zombie qu'à un humain. Proposant de s'occuper du bébé quelques instants, Erza lui fit faire son rot tandis que le rose s'installait à côté d'eux.

« Les garçons, gardez ça pour vous. Mais je vous interdis de m'abandonner vous aussi. » ordonna tristement la jeune femme, « Si je vous perdais aussi, je crois que je deviendrais folle. Je ne réalise pas encore que je ne reverrais plus Gérard, alors… »

Erza ne termina pas sa phrase, pleurant à nouveau silencieusement, son neveu dans les bras. Tous trois restèrent silencieux un long moment, si bien que le nourrisson s'était endormi.

Elfman quitta ce monde la semaine suivante, accompagné d'Alzack et d'Asuka, qui n'avaient pas pu être vaccinés suffisamment tôt. Warren, Kinana et Gildarts n'en avaient plus pour très longtemps, eux non plus. Cette fois, c'est Mira qui fût inconsolable, ainsi que Biska, qui perdait son mari et sa fille. Lisana, elle, tentait de soutenir son ainée, bien qu'elle-même n'ai de cesse de pleurer devant le lit de son seul frère.

Levi, qui avait pu bénéficier de la première salve de vaccins, avait passé la quarantaine. Elle pouvait à présent sortir sans crainte et avait décidé de mener l'enquête, tandis qu'Erza avait demandé, en secret, à parler à la Princesse.

Bien que cette dernière soit à présent reine, ce petit surnom était resté, et la souveraine ne s'en offusquait absolument pas. Elle avait d'ailleurs dû retourner à la capital suite à ses obligations, mais prenait des nouvelles presque chaque jour.

L'ex Maître des fées avait prit un train très tôt le matin avec sa fille, pour se rendre au palais. Elle avait pensé à un plan, qui avait déjà démontré son efficacité par le passé, bien qu'elle ne sache pas s'il était possible de le réaliser sans Eclipse.

Hisui aussi admettait avoir pensé à remonter le temps, mais sans Lucy, elle ne savait pas si cela serait possible.

« Nous pouvons demander à Sorano et Yukino. » s'imposa la rousse, « Et si vous parvenez à retrouver Anna, je suis sûre qu'à vous quatre, vous parviendrez à ouvrir un passage. »

Erza avait prévue de remonter de quelques semaines en arrière pour donner le vaccin à toute la guilde et arrêter celui ou ceux qui étaient derrière tout cela car malgré un portrait robot réalisé par Reedus, personne ne semblait avoir aperçut une telle personne à Magnolia.

Avant de perdre leur frère, Mirajane et Lisana pensait à un mage maîtrisant la modification de l'apparence, comme la plus âgée savait si bien le faire. Mais depuis qu'elles avaient perdu leur unique frère, Erza reconnaissait un comportement similaire à celui qu'elle avait eu un mois plus tôt. Elle-même avait encore de grandes difficultés à retrouver le goût à la vie, et ce n'est que grâce à sa fille et l'idée qu'elle avait eu que la rousse tenait le coup.

« C'est effectivement une possibilité. » acquiesça la reine, recluse dans sa chambre avec la fée, « Les mages transformistes ne sont pas rares et nous en recherchons beaucoup qui ont mal agis. »

Elles parlèrent un long moment, Irène ne comprenant pas de quoi parlaient les deux femmes, elle avait sauté des genoux de sa mère pour aller s'amuser avec les poupées de porcelaine qui trônaient sur le coffre sous la fenêtre.

« Irène ! » s'étonna la rousse, « Repose les poupées, elles sont très fragiles et ne t'appartiennent pas. » ordonna la fée tandis que la reine se levait.

Fouillant dans le coffre en question, Hisui en sortit un livre d'images et quelques peluches avec lesquelles elle jouaient étant plus jeune.

« Laisse les poupées par terre, je les rangerais tout à l'heure. Amuse-toi avec ça si tu veux. » sourit la verte en prenant l'une des fameuses poupées.

Retournant l'objet aux magnifiques vêtements blancs, la princesse tourna une clé dans le dos de celle-ci et la reposa sur le sol. Une douce mélodie s'en échappa, piquant la curiosité de la fillette.

« J'aime bien la musique. » avait-elle déclaré avec un sourire.

Plaçant la poupée sur son bureau, elle retourna ensuite discuter avec son invitée, qui la remercia de prêter de quoi jouer à sa fille.

Les deux femmes parlèrent encore un long moment, mettant sur pied le plan imaginé par la rousse. Hisui, après avoir noté toutes les explications, lui promis de tout mettre en œuvre pour réaliser l'idée d'Erza, convaincue que cela fonctionnerait, tandis qu'Irène réclamait à nouveau la musique de la poupée.

Fin du chapitre 01