Dès son arrivée à Baker street, John Watson l'avait repérée. Sur la cheminée, entre le crâne et les jumelles de théâtre, se trouvait un petit objet en verre. C'était une fleur. Simple, mais très bien réalisée. Si cet objet l'avait dans un premier temps laissé assez indifférent, il avait vite compris que c'était sur la cheminée que Sherlock exposait les choses qui étaient importantes pour lui. Ou les choses qui lui causait du soucis. En tout cas il était très claire qu'il y tenait. Il se souvenait de sa première enquête avec le détective, au début de laquelle l'appartement avait été le lieu d'une perquisition antidrogue menée par des agents de Scotland Yard. Phillip Anderson, que le docteur apprendrait bientôt à connaître comme « l'imbécile de Scotland Yard » ( c'était le surnom que lui avait donné Sherlock), avait décidé de fouiller la cheminée, et avait déplacé la fleur. Sherlock, qui s'était jusqu'alors montré très calme face à cette intrusion dans son domicile, avait alors perdu son sang froid.

- Posez ça immédiatement, Anderson. Je vous interdit de poser vos mains sur cette objet.

Lestrade avait immédiatement volé à la rescousse en intercédant.

- Anderson, c'est une fleur en verre. Qu'est ce que vous espérez trouver dessous ? Laissez ça, il n'y a rien sur cette cheminée.

Au cours d'une froide nuit d'hiver, cependant, John sembla remarquer quelque chose d'étrange. La fleur brillait semblait flamboyer.

- comment ça marche ? Demanda-t-il. La fleur sur la cheminée.

- De quoi est-ce que tu parles, John ? Demanda le détective sans lever les yeux de son journal.

- Elle brille...

- c'est juste un reflet du feu dans la cheminée. Thé ?

John fut surpris par la proposition, mais accepta avec joie. Ce n'était pas tous les jours que Sherlock pensait à lui demander s'il souhaitait quelque chose. Sherlock se leva donc, se dirigea vers la cuisine, et prépara le thé, tout en jetant un long regard sur le petit objet. Dans ce regard, on pouvait lire à la fois de l'inquiétude, et une sorte de mélancolie. John vit cela, et décida de ne pas insister. C'est plusieurs mois plus tard que cela se reproduit. Cette fois, c'était un soir de juin. Sherlock le vit aussi clairement que John.

- encore un reflet de la cheminée ? Questionna John.

- Sans doute le phare d'une voiture dehors.

- Qu'est-ce que c'est, Sherlock ? Qu'est-ce que cette fleur est pour toi ?

- C'est un souvenir, laissé par une amie d'enfance.

- Où est-elle, maintenant ?

- Je n'en sais rien.

Il se leva, et alla s'enfermer dans sa chambre. Le troisième incident intervint le lendemain. Cette fois John ne remarqua rien au début. Ce fut Sherlock qui se leva d'un bond de son fauteuil, et se précipita vers la cheminée. Il prit la fleur dans ses mains, et, à la plus grande surprise de John, écarquilla les yeux.

- non... fit-il. NON ! NON, NON, NON, NON !

Et il commença à jeter par terre les objets qui lui tombaient sous la main. Ce fut ce moment que choisit l'inspecteur Lestrade pour rentrer dans l'appartement. Il jeta un regard surpris au docteur, qui lui répondit par un haussement d'épaule.

- Sherlock, qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda-t-il.

- ELLE S'EST ETEINTE ! ELLE N'AURAIT PAS DU S'ETEINDRE ! Elle était sensée briller pour toujours...

- est-ce que ça a un rapport avec... commença Lestrade.

Sherlock le foudroya du regard, puis hocha la tête.

- je suis désolée, Holmes..., fit l'inspecteur.

- De quoi est-ce que vous parlez ? Demanda John.

- C'est une vieille histoire, lui répondit Lestrade. Mieux vaut ne pas poser trop de question.

Suite à cela, le détective sembla sombrer dans une profonde dépression. Bien sûr, Sherlock était Sherlock, et il ne refusait jamais une enquête tant qu'elle présentait un minimum d'intérêt. Mais il semblait... lassé. Désintéressé de tout. Cette apathie générale dura jusqu'à ce que, en son absence, John remarque quelque chose.

- Sherlock, dit-il lorsqu'il rentra. La fleur... elle a clignoté!