Challenge de Mai 2018 du Collectif No Name
« Cicatrices» deSoyokazeHaru
Le défi de l'auteur : À quel personnage immoral vous êtes-vous déjà attaché(e) malgré-vous, et pour quelle raison?
Machiavel disait « Si tu peux tuer ton ennemi, fais-le, sinon fais t'en un ami. », il y a beaucoup de personnages dérangeants qui m'ont toujours fasciné et auxquels je me suis attaché, le premier que j'ai rencontré étant Hannibal Lecter (Anthony Hopkins mon amour) à l'âge de six ans sur une vieille cassette de 4 heures après les Mandrakes d'Or, je n'ai jamais pu m'empêcher d'avoir de l'empathie pour lui et d'essayer de le comprendre. Côté Disney, un personnage qui pourrait sembler immoral mais qui pour moi n'est qu'une victime, c'est le Capitaine Crochet que j'ai toujours aimé.
Aujourd'hui, il y a Wade Wilson alias Deadpool, un véritable anti-héro qui pourtant a un humour bien à lui, et quelques valeurs notamment lorsqu'il traverse le quatrième mur.
Sinon si vous voulez un personnage vraiment immoral et que je cherche à comprendre depuis tant d'années, c'est bien John Dillinger, un malfrat qui a régné lors de la prohibition, qui pillait les banques, connaissait Al Capone, pas vraiment le genre de gars qu'on aimerait fréquenter, et pourtant. (Oui, c'est le monsieur dans Public Ennemies avec Johnny Depp :) )
Essayer de comprendre ces personnages immoraux, c'est essayer de se comprendre à mon sens.
ENJOY!
De Vieilles Blessures
« Je crois que vos mots dans votre nouvelle furent 'Cela valait bien une blessure, beaucoup de blessures'.
- C'est tout à fait cela, Holmes. Votre mémoire ne défaille donc pas ?
- Vous concernant ? Jamais. »
Holmes et moi nous étions assis au coin du feu qui éclairait nos figures fatiguées. Je le trouvais étrangement mélancolique ce soir là et comme à son habitude son esprit rappelait au mien sa dégénérescence lente mais ô combien présente. Pourtant c'est un autre sentiment, d'autres émotions qui semblait l'habituer. Tout avait commencé dans l'après-midi lorsque je sorti de la douche après notre longue promenade. Il avait longtemps observé mon épaule ainsi que ma cuisse. A en juger par sa pâleur et son expression d'effroi, je devinais facilement ses pensées à cet instant. Mais jamais je n'aurais pu croire qu'elles l'atteignent de la sorte.
« Votre description n'est qu'un faible aperçu de ce que j'eus ressenti à ce moment.
- Holmes…
- Je connais mon Watson et j'aurais du vous empêcher de me suivre connaissant les dangers de cette affaire.
- Holmes.
- Je vous ai fait courir de terribles risques durant nos enquêtes, vous avez frôlé la mort à mes côtés, je vous ai fait endurer ma mort... »
Pendant un moment je vis ses yeux s'embuer, ses lèvres frémir par tant de souvenirs visiblement douloureux. Après toutes ces années, j'avais appris à comprendre le génie qu'il est et accepter l'homme qu'il est. Le masque était tombé ce soir là et le voir exposer sa culpabilité ainsi, me brisait le coeur.
« Il est vrai que ma vie ne fut pas simple. Elle ne l'a jamais été. Vous m'avez toujours prévenu et j'en ai toujours fait qu'à ma tête, mon vieux. Toutes ces cicatrices que je porte, j'en suis fier. Ne vous êtes-vous donc jamais demandé pourquoi je restais ? Pourquoi vous suivais-je dans toutes ces aventures ?
- Parce que vous êtes un imbécile ? »
Je ne pus retenir un sourire des plus sincères. Il me suffit de quelques secondes pour me lever et venir déposer un léger baiser sur ses lèvres humides. Telle était ma raison, ma volonté et mon espoir qu'un jour je puisse partager ma vie avec cet homme autrement qu'en parcourant les rues de la capitale.
« John…
- Chut, taisez-vous…
- Merci. »
