Il faisait nuit depuis longtemps. Tous les habtitants d'Alleyville dormaient à poings fermés. Sauf peut-être un groupe de personne. Ils étaient six, et s'approchaient d'une petit maison. L'une n'a pas de mal à briser la vitre de la porte d'entrée, et à tourner la poignée. Tous montèrent ensuite silencieusement à l'étage, direction les chambres. Ce qu'il advint des occupants ... eh bien disons simplement que des cris résonnèrent, puis plus rien.
Le lendemain, c'est la stupeur dans la rue. Des ambulanciers sortaient quatre corps recouverts de draps blancs. Une jeune fille de seize ans passa par là, les bras encombrés d'un paquet.
" Que s'est-il passé ?" demanda-t-elle.
" Encore un meurtre bizarre. Ca n'est plus possible, il faut faire quelque chose." lui répondit une dame âgée.
La jeune fille reporta ses yeux sur les civières. En effet, qui sait qui pourrait être la prochaine victime. La jeune fille ne s'attarda guère plus.
" Décidément cette enfant est étrange. Si ça se trouve c'est elle la coupable." fit une commère.
" Soraya ? Une meutrière ? Non vous divaguez ! Ce n'est pas parce qu'elle s'habille curieusement qu'elle est dangeureuse !" répondit sa voisine.
Soraya arriva chez elle. Elle déposa son paquet dans la cuisine.
" Maman !" fit une voix enfantine.
Un enfant de sept ans, aux cheveux noirs de jais, et tenant un ours en peluche dans une main déboula dans la cuisine. Il se précipita vers Soraya et la serra contre lui.
" Eh bien Roy ! On dirait que je suis partie depuis des jours !" sourit Soraya.
Roy lui sourit, et grimpa sur une chaise pour voir ce qui se passait. La jeune fille l'avait recueilli quand il avait cinq ans. Le petit avait perdu ses parents et son grand-frère dans un accident de voiture. Depuis, Roy vivait avec elle et les deux autres enfants adoptifs de Soraya : Terri et Max. Soraya n'était pas une fille ordinaire. Même si elle semblait avoir 16 ans, elle avait en réalité cinq cents ans.
Car Soraya était une demi-homonculus.
Max arriva dans la cuisine. Il avait quinze ans, et était orphelin lui aussi. Soraya l'avait sauvé de sa maison en flammes. Max s'entendait pas trop mal avec Roy. Quand il était bien luné quoi. Il ébouriffa les cheveux du petit, et s'assit.
" Paraît qu'y a encore eu des meurtres." lança-t-il.
" Max, s'il te plaît." fit Soraya en coulant un regard vers Roy.
L'adolescent hocha la tête pour montrer qu'il avait saisit le message. Mais Roy avait l'air inquiet.
" Dis maman, tu crois que les méchants vont venir ici ?" dit-il.
Soraya ne répondit pas tout de suite. Elle referma les portes d'un placard, puis se tourna vers lui, souriante :
" Mais non ! Et si jamais c'est le cas, ils se prendront une bonne raclée !"
Roy parut rassuré. Terri, l'aînée de la famille, arriva à son tour. Roy ne put retenir un sursaut. La jeune fille de seize ans le détestait, et en faisait son souffre-douleur. Comme sa mère adoptive était dans les parages, Terri ignora Roy. Soraya prépara le repas. Après le repas, elle se rendit avec Roy pour le faire étudier, pendant que les grands le faisaient dans au salon.
" Fais-moi voir un peu ton exercice." dit Soraya.
Le petit garçon lui tendit son cahier. La demi-homonculus corrigea les erreurs, et lui en donna un autre à faire. Elle fit travailler ainsi une bonne partie de l'après-midi. Le soir arriva, source d'inquiétude pour Soraya. Depuis près de six mois, Alleyville était le théâtre d'étranges meurtres, qui se produisaient tous la nuit.
Soraya redoutait comme tout le monde que les assassins ne viennent s'en prendre à sa famille.
Ce soir avait lieu une réunion de quartier. Les voisins, en ayant ras-le-bol de ces évènements, avaient décidé d'organiser des rondes de surveillance. Soraya s'y rendit donc, non sans recommander aux enfants de se tenir tranquille. Ce message s'adressait surtout à Terri. Roy pour sa part, regarda sa mère adoptive s'éloigner depuis la fenêtre de sa chambre. Puis le petit garçon alla fermer sa porte à clé. Hors de question que Terri vienne encore l'embêter.
Soraya sonna chez une voisin, qui la fit enter avec le sourire. Mais la jeune fille ne fut pas dupe. Elle savait très bien que les gens d'ici se méfiaient d'elle. C'était surtout parce qu'elle s'habillait ... assez court. Soraya ne portait qu'un haut noir à fines bretelles qui couvrait juste la poitrine, laissait tout le ventre à l'air libre. Une jupe courte fendue sur les côtés, s'arrêtant au-dessus des genoux, et dévoilant un short complétait la tenue. Soraya allait également pieds nus, ne portant que des chevillères laissant le devant et le talon du pieds libre.
Soraya salua les autres voisins, non sans remarquer les regards désaprobateurs. Mais elle s'en moquait. La demi-homonculus rejeta sa longue natte châtain, et mit une mèche derrière son oreille. Puis la maîtresse de maison décida de débuter la réunion. Soraya écouta les commentaires des uns et des autres en silence.
" Et vous Soraya ?" fit la maîtresse de maison.
" Je suppose que vous m'avez demandé de participer uniquement parce que je pratique l'alchimie." répondit la demi-homonculus.
Regards un peu gêné des voisins.
" Oui certes ..."
" Je comprends cela, c'est normal. Je patrouillerai seule dans ma rue, ne vous en faites pas."
" Mais ... le btu est d'être au moins trois." rappela la voisine.
Soraya eut un fin sourire.
" J'ai entendu. Mais je sais aussi ce que vous pensez. Donc je vous le répète : j'agirais seule." répondit Soraya.
" Bon. Eh bien dans ce cas, procédons à la répartition."
Cette formalité accomplie, Soraya quitta la maison. La nuit était tombée, aussi accéléra-t-elle le pas. Pourvu que les enfants n'aient rien ...
" Allons Soraya, pas la peine de stresser. Tu verra qu'ils seront traquillement dans leur chambre, comme chaque soir." pensa-t-elle pour se rassurer.
Mais elle ne ralentit pas l'allure pour autant. Enfin, la jeune fille arriva en vue de sa demeure. Cependant, elle remarqua que l'entrée avait été fracturée. La panique la submergea, et Soraya se rua à l'intérieur. Devant la chambre de Terri, elle vit une forme entrer. La demi-homonculus se précipita, et la saisit pour l'envoyer bouler. Le choc réveilla la jeune fille qui alluma la lumière.
L'intrus avait un teint cadavérique. Il se releva d'un bond. Soraya lui lança un éclair qui le fit voler au loin.
Enfin d'un coup de pieds sauté Soraya le fit passer par la fenêtre. Ensuite, elle alla voir dans la chambre de Max. Ce dernier se battait avec une femme brune qui paraissait avoir beaucoup de force. Soraya l'enferma dans une cage qu'elle transmuta. Un cri perçant retentit ensuite. Roy. La demi-homonculus se rua vers la chambre du petit.
" NE TOUCHE PAS A MON FILS !" rugit-elle.
Soraya lança un éclair, qui atteignit l'intrus au flanc. Roy sauta de son lit et se précipita vers sa mère. Elle le fit se cacher derrière l'armoire. L'intrus se releva. Soraya se mit en face de lui. L'intrus attaqua le premier. Soraya évita ses attaques d'un salto arrière. Elle riposta ensuite par un coup de pieds retourné que l'autre bloqua. Soraya sauta à nouveau pour se servir se son autre jambe et l'atteindre.
Puis elle attrapa l'individu par la cheville en l'envoya s'écraser contre le mur. La jeune fille transmuta ensuite des chaînes qui encerclèrent les poignets de l'homme. Ce dernier émit un cri de rage qui ressemblait à un rugissement. Il tira sur les chaînes et les brisa.
" Coriace la bête ! " pensa Soraya en se remettant en position de combat.
L'homme se releva. Il évita de justesse une série d'éclair. Puis il s résigna à prendre la fuite.
" Oh pas si vite !" s'exclama Soraya.
Les complices de l'individu le rejoignirent. Soraya toucha la femme à l'épaule. Quand la jeune fille arriva dehors, elle les vit bondir sur les toits, et se sauver. Elle se dit que ces gens-là ne devaient pas être humains pour accomplir un pareil prodige. Soraya retourna à l'intérieur, s'assurer que tout le monde allait bien. Roy se jeta dans ses bras.
" Personne n'est blessé ?" demanda-t-elle.
" Non ça va. Mais d'où ils sortaient ces types ? On aurait dit des cadavres !" fit Max.
" Puis ils avaient des dents super longues !" ajouta Terri.
" Je n'en sais rien mon enfant. Mais ça ne peut plus durer. Je sens que je vais devoir me fâcher." répondit Soraya., qui tenait Roy dans ses bras.
Terri et Max se regardèrent. Quand leur mère adoptive disait ça, ça ne présageait rien de bon. Soraya était une puissante alchimiste, qu'il valait mieux ne pas énerver justement. Les deux adolescents retournèrent se couher. Soraya porta Roy jusqu'à sa chambre.
" Tu avais dit que les méchants ne viendraient pas." dit-elle quand elle le déposa dans son lit.
" Et j'ai dit aussi que s'ils venaient, ils se feraient taper. J'ai pas eu raison ?" répondit doucement sa mère.
" Si !" sourit le petit.
Soraya lui caressa la tête.
" Dis maman !"
" Oui ?"
" Tu veux pas rester dormir là ?"
" Si bien sûr."
Soraya s'allongea à côté du garçonnet, qui se blottit contre elle. Il s'endormit ainsi dans les bras de sa mère adoptive. Le jour suivant par contre, elle n'était plus là quand il ouvrit les yeux. Roy descendit à la cuisine, personne. Il alla voir au salon, pas de Soraya. Enfin, il ouvrit la porte de la bibliothèque. Sa mère était bien là, le nez dans un livre.
" Bonjour maman." dit-il.
" Oh bonjour mon lapin. Tu dois avoir faim. Viens on va aller déjeuner."
Tous deux se rendirent à la cuisine. Soraya lui servit son petit-déjeuner. Ensuite, elle le laissa s'habiller, et retourna à la bibliothèque. Elle reprit son livre.
" Où en étais-je ? Ah oui. Les êtres de la nuit." se dit-elle.
Soraya resta longtemps dans sa bibliothèque. Un soir, après avoir vérifié que ses enfants dormaient bien, elle sortit. La demi-homonculus grimpa sur la gouttière d'une maison un peu plus bas, et se déplaça ainsi de toit en toit. Elle voyait de temps à autre ses voisins qui faisaient leur ronde. Soraya ne leur avait pas dit qu'elle avait reçu la visite du tueur il y a près d'une semaine.
Enfin, la jeune fille aperçut ceux qu'elle traquait. Près d'une habitation. La demi-homonculus réagit aussitôt. Des pieux jaillirent en fauchèrent trois. Les autres se retounèrent pour la voir bondir vers eux. Soraya posa une main au sol et ouvrit une grand crevasse. Les trois tueurs bondirent haut sur le côté. La jeune fille continua par des éclairs. Les bruits de bagarre alertèrent les voisins, tant ceux qui dormaient que ceux qui patrouillaient.
Les patrouilleurs vinrent pour prêter main-forte à Soraya. Mais cette dernière ne semblait pas avoir besoin de leur secours. Et c'était préférable. La violence de ses attaques risquait de blesser quiconque entrerait dans la danse. Enfin, après un long combat, les tueurs prirent la fuite, sous les cris de joie des habitants. Soraya regarda là où les pics s'étaient plantés. Les corps avaient disparus.
Les voisins vinrent féliciter la jeune fille, qui leur sourit distraitement. Soraya décida de rentrer chez elle.
Les petits dormaient toujours. La demi-homonculus alla se préparer pour se coucher. Elle s'éveilla tard le lendemain. Ca ne manqua pas d'intriguer ses enfants. Mais Soraya ne leur dit pas exactement ce qu'elle avait fait la nuit passée. Dans les jours qui suivirent, on n'entendit plus parler des tueurs. La bataille avec Soraya semblait les avoir fait fuir. Alleyville respirait à nouveau, et pouvait désormais dormir tranquille. Les citadins en furent reconnaissants à la demi-homonculus.
Celle-ci y resta un peu indifférente. De par sa nature, Soraya se sentait assez éloignée du genre humain. De plus, elle était ici depuis cinq siècles. Malgré ça, personne n'arrivait à comprendre comment se faisait-il qu'elle ne vieillissait pas. Hormis Terri et Max, nul ne connaissait sa nature. Soraya tenait à ce que cela reste un secret. Les humains étaient si sots quand ils s'y mettaient. Enfin, ils étaient habitués à elle, même s'ils désapprouvaient toujours sa tenue vestimentaire.
