Bonsoir tout le monde!
Alors voila, 5 ans après À l'Ombre du Sapin, j'ai enfin trouvé une petite dose d'inspiration pour en écrire la suite. Je ne sais pas encore si elle sera longue, mais voila le premier chapitre, écrit d'une traite ce soir. Ça fait un petit bout de temps que je n'ai rien écrit, et je me sens un peu rouillée, alors j'implore votre indulgence (et je lirais avec intérêt toute critique constructive)!
Sur ce, bonne lecture!
Elsie
À L'Ombre des Cerisiers en Fleurs
« Joyeux Noël, Fred. »
Il lui sourit tendrement et se pencha vers elle, l'enlaçant et scellant leurs lèvres une dernière fois.
« Joyeux Noël, Hermione. »
« Idiote ! » pesta-t-elle intérieurement.
« Pardon ? »
Ah, pas si intérieurement que ça, finalement. Hermione finit d'enfiler son tee-shirt et chercha sa jupe à tâtons dans l'obscurité, bougonnant une réponse vague. Pourquoi fallait-il que cette nuit de Noël au Terrier lui revienne en tête maintenant ? Et pourquoi fallait-il que ses souvenirs se teintent de cette saveur douce et un peu mièvre, presque nostalgique ?
« Ma chérie, ça va ? Où vas-tu comme ça ? »
Plus important encore, pourquoi avait-elle besoin de se remémorer les mains, la bouche, le corps de Fred alors qu'elle était dans les bras d'un autre homme ? Car lorsqu'elle avait crié son plaisir, tout à l'heure, ce n'était pas grâce aux compétences de son partenaire. Elle s'était souvenue de cette autre bouche entre ses jambes, de la texture des cheveux roux sous ses doigts alors qu'elle s'y agrippait. Et ça lui avait donné terriblement chaud. Ça lui avait fait atteindre un orgasme qu'elle n'avait pas ressenti souvent récemment.
Le rideau mal fermé laissait filtrer la lumière d'un réverbère dans la chambre, éclairant le corps à moitié recouvert d'un drap de son amant. Pas un mauvais amant. Loin d'être un mauvais homme. Mais elle ne pouvait plus se le cacher maintenant, elle s'ennuyait terriblement dans cette relation. Elle en avait fait le tour depuis quelques temps déjà, mais perpétuait leurs rendez-vous par habitude. Parce qu'il n'était pas si mal, parce qu'il y avait pire. Par flemme, également, peut-être. Londres était une si grande ville, si impersonnelle, et elle avait été déçue trop de fois. Mais si elle en était arrivée au point de penser à un amant du passé pour atteindre le plaisir, alors peut-être était-il temps de revoir la situation ? La tournure que prenaient les choses n'était pas juste, pour personne.
« Je rentre chez moi. »
« Hein ? Comment ça ? »
« Je rentre chez moi. Je te contacte demain. »
Hermione ramassa son manteau et son sac. Ses talons résonnèrent sur le parquet, puis le bruit d'une serrure qu'on déverrouille, et enfin la porte qui claque.
« Allez ! Harry, s'il te plaît. Juste une pinte ou deux. »
La tête d'Harry s'agita de gauche à droite en signe de négation au milieu des flammes.
« Non, vraiment je ne peux pas. Le match contre Flaquemarre est dans moins de 10 jours et je ne peux pas me permettre d'arriver avec la gueule de bois à un entrainement. »
« Juste une pinte. » répéta Hermione d'une petite voix.
« Hermione, tu sais bien comment ça finit à chaque fois qu'on dit ça… Et puis ça ne te ressemble pas de vouloir sortir à l'improviste en plein milieu de semaine ! »
« J'ai besoin de me changer les idées ! »
« Allez, ne me dit pas que c'est ta rupture avec Kane qui te travaille ? C'est toi qui a rompu avec lui ! »
Hermione souffla bruyamment. Vraiment, c'était bien un raisonnement de mec, ça.
« Ça ne veut pas dire que je n'en souffre pas également. Mais bien sûr, toi, marié et avec un bébé au fourneau avec la fille que tu as connu à Poudlard, ne peut pas comprendre le sentiment d'échec qui suit toute rupture, que l'on soit celui qui largue ou qui se fait larguer. »
Harry éclata de rire.
« Je vais choisir d'ignorer le son aigre de la première partie de ta tirade. Parce que, contrairement à ce que tu crois, je comprends ce que tu vie et je sais que tu ne veux pas réellement dire ce que tu dis. Mais quoi qu'il en soit, ce soir c'est impossible. »
« Harry… »
« Hermione, je dois vraiment y aller. Demande à Ron, tiens ! »
Avant qu'elle ait eu le temps de répondre, la tête de son meilleur ami disparu et les flammes vertes s'éteignirent. Demander à Ron, il en avait de bonnes, tiens ! A moins de prendre un portoloin pour se rendre au Guatemala où son autre meilleur ami passait ses vacances, elle voyait difficilement comment se retrouver pour prendre un verre ce soir était possible. Se relevant en époussetant sa jupe des cendres et résidus de poudre de cheminette qui la maculait, Hermione soupira profondément. Elle était debout dans son bureau, et pouvait embrasser d'un coup d'œil tout ce qu'il contenait. Une table croulant sous la paperasse dans un coin, un fauteuil où pendant sa grosse écharpe en laine, et sous la fenêtre magique, une série de tubes et fioles au contenus visqueux de diverses couleurs lui renvoyait le reflet maussade du temps nuageux que les agents d'entretien du ministère persistaient à leur mettre. Avisant un rapport en attente d'écriture qui trônait sur le dessus d'une pile de comptes-rendus de laboratoire, elle soupira une nouvelle fois. Plus d'un an qu'elle avait pris ce poste au Département des Mystères, et ses recherches étaient au point mort. Tout était si prometteur, au début. Il y avait tellement de piste à explorer. Mais, une à une, elles s'étaient révélées être des voix sans issue. Elle avait beau fouiller dans ses travaux effectués en Suède, chercher de nouvelles traductions possibles aux runes qu'elle avait décryptées, et passer des semaines entières enfermée dans les laboratoires du département, elle n'arrivait à rien. Et maintenant, cette rupture qui remettait sa vie sentimentale au point mort. Soudain, ce constat l'emplit d'un sentiment de ras-le-bol comme elle n'en avait pas connu depuis longtemps. Alors, elle fit ce qu'elle n'avait pas fait depuis plusieurs mois. Elle sortit son portable de son sac et composa un numéro.
« Santé ! »
Hermione prit une longue gorgée de sa bière, et reposa bruyamment sa choppe sur la table.
« Ça fait du bien, hein ? » lui fit la jeune fille assise en face d'elle avec un petit clin d'œil.
Hermione hocha à l'affirmative et s'accouda à la table pour se rapprocher d'elle.
« Amy, je suis vraiment désolée. Je ne te donne aucun signe de vie pendant des mois et te fais abandonner tous tes plans pour venir boire un verre avec moi quand je ne suis pas bien… Je suis une cousine horrible ! »
Amelia éclata de rire.
« Eh, la famille c'est fait pour ça, non ? »
Hermione lui renvoya son sourire et trinqua une nouvelle fois le verre tendu vers elle. Heureusement qu'elle avait Amy. C'était certes sa cousine, mais surtout une amie indéfectible. Bien qu'elles n'aient pas vraiment grandi ensemble, le secret sorcier ayant placé des barrières entre Hermione et sa famille éloignée durant sa scolarité, c'est Amy et ses parents qui l'avaient soutenu lors de la dure période qui avait suivi la fin de la guerre. Avoir effacé la mémoire à ses parents, bien que dans le but de les protéger, avait brisé quelque chose dans la famille d'Hermione. Les Weasley avaient un peu joué le rôle de famille d'adoption, mais là aussi, sa rupture avec Ron avait compliqué les choses. Bref, elle s'était reconstitué un semblant de cercle familial comme elle l'avait pu.
« Ne t'en fais pas, de toute façon j'était trop occupée à rédiger ma dissertation de fin d'année ces derniers mois et j'ai un peu fait la morte aussi. Et je préfère nettement passer la soirée avec toi plutôt qu'à l'anniversaire de la tante du copain de ma coloc ! »
Hermione rit à la mimique d'écœurement dont Amy venait de ponctuer sa phrase.
« Je ne comprend toujours pas pourquoi tu réponds à leurs invitations, ils ont l'air chiant comme la pluie, tes colocs. »
« Eh, rien de mieux à faire… » répondit Amy en finissant son verre. « Un autre ? »
Hermione attrapa leurs deux verres vides.
« Ok, cette fois c'est ma tournée. »
« Attend, on est où, là ? On était à Soho, tout à l'heure. C'est pas Soho, ça ? »
Hermione titubait en suivant Amy dans la ruelle inconnue. Derrière elle, elle percevait en sourdine la musique de la boite de nuit qu'elles venaient de quitter.
« Amy, attend. Je sais vraiment pas où on est, là. »
Amy se retourna et revint sur ses pas.
« Hermione, chérie, on est à Shoreditch. »
« Qu'est-ce qu'on fait là ? »
« On est venu en boite. Soho c'est trop cher, alors on est venu à Shoreditch. On a pris le tube, tu te souviens ? »
Hermione se concentra un moment.
« Ah… Ah oui, maintenant que tu le dis… »
« C'est peut-être le moment de rentrer, non ? » se moqua gentiment Amy « Viens, je te raccompagne chez toi. »
« Quel étage ? »
« Troisième. »
Hermione s'affala contre la paroi de l'ascenseur de son immeuble pendant qu'Amy appuyait sur le bouton. Dans le fond de la cabine, le miroir lui renvoyait un reflet hagard, le visage pâle aux traits tirés par l'alcool lui paraissait étranger. Malgré cela, elle souriait.
« Tu sais, ça m'a fait du bien, cette soirée avec toi. Je sais pas dans quel état je vais être au boulot demain, mais j'en avais besoin. »
Amy lui répondit par un sourire, alors que la porte s'ouvrait sur leur étage.
Marchant bras dessus, bras dessous avec sa cousine le long de la coursive qui menait à son studio, Hermione ne vit pas le chaos débarquer brutalement dans sa vie. Ou plutôt, elle pensait déjà avoir atteint un tel degré, entre son job et la débâcle qu'était sa vie amoureuse, qu'elle ne s'attendait pas à voir les choses empirer de cette façon.
Sa porte était ouverte, béante, donnant un aperçu d'un sacré remue-ménage à l'intérieur de son studio. Les deux jeunes filles se figèrent instantanément, comme soudainement désaoulées, et Hermione n'eut pas le temps de chercher sa baguette qu'un homme au crane dégarnis et en robe noire lui collait un badge sous les yeux.
« Brigade Interne de Sécurité Ministérielle. Vous êtes Hermione Granger ? »
Hermione acquiesça, présentant sa baguette pour confirmer son identité. L'homme l'examina et hocha la tête en grognant, satisfait, avant d'aviser Amy.
« Vous êtes accompagnée par une moldu ? »
« C'est ma cousine, elle est au fait de l'existence de la magie. »
Nouveau hochement de tête, nouveau grognement.
« Suivez-moi. »
Se faire inviter à rentrer dans son propre logis, c'était un peu un comble. Mais quand elle vit l'état de son habitat, Hermione se ravisa de répartir quoi que ce soit. Les meubles étaient renversés, ses cadres décrochés des murs et cassés, son matelas éventré. Dans la salle de bain et la cuisine, tous les placards avaient été vidés, et leur contenus jeté pelle-mêle par terre. Même ses vêtements n'avaient pas eu de répit, et elle voyait ses manteau et robes retournés, leurs doublures déchirées. Au milieu de tout ça, trois silhouettes s'activaient avec leurs baguettes à récolter des indices.
« Vous avez été cambriolée. »
« De toute évidence. »
« Avez-vous une idée de ce qui aurait pu intéresser ces cambrioleurs ? Il est clair que leur fouille a été minutieuse. »
« Aucune idée, je ne possède rien de valeur. »
L'homme fronça les sourcils, grogna.
« Où étiez-vous aujourd'hui entre seize heures et dix-neuf heures ? »
Cette fois-ci ce fut au tour d'Hermione de froncer les sourcils.
« Vous n'insinuez quand même pas que je me serai cambriolée moi-même ? »
« Il y a eu un autre cambriolage. Au Département des Mystères. »
Exténuée. Elle était tout bonnement éreintée quand elle vint sonner à l'interphone de l'immeuble d'Amy. Elle avait passé la nuit dans les bureaux de la Brigade Interne de Sécurité Ministérielle, et avait dû répéter sans cesse son emploi du temps de la veille pour les convaincre que ce n'était pas elle qui avait cambriolé les laboratoires du Département, et pas elle non plus qui aurait ensuite maquillé un second cambriolage à son propre domicile pour couvrir ses traces. Merlin, ils l'avaient même soumise au veritaserum ! D'un côté, elle comprenait le haut niveau de sécurité qui entourait le Département des Mystères, mais d'un autre, elle s'irritait de tant de suspicion envers elle, Hermione Granger, Langue-de-Plomb et Première Assistante du Directeur de recherches de son laboratoire. A l'aube, ils l'avaient laissé partir, enfin convaincus de son innocence. Elle était repassée à son studio, que les agents de la Brigade avaient laissé dans le même état chaotique qu'elle avait aperçu plus tôt. Se sentant sur le point de craquer, elle avait à nouveau fait appel à Amy, et avait fourré quelques affaires dans un sac avant de transplaner dans la cour de son immeuble.
Hermione toqua deux coups à la porte bleue, et sa cousine lui ouvrit, la précédant dans le couloir étroit jusqu'à sa chambre.
« Dors, on parlera de tout ça quand tu seras reposée. »
Hermione lui adressa un regard chargé de remerciements, et sombra la tête la première dans les bras de Morphée.
Ce furent quelques coups insistants frappés à la porte qui la réveillèrent. Elle se redressa sur le lit avec une sensation pâteuse dans la bouche et un mal de tête lancinant. De plus, ses bras et son visage la chauffait sans qu'elle sache pourquoi. A côté de son oreiller, elle avisa un mot écrit de la main d'Amy, qui la prévenait qu'elle était partie en courses. Sur la table de chevet, le réveil vintage de sa cousine indiquait midi passé. L'espace de quelques secondes, elle se demanda ce qu'elle faisait là. Les coups renouvelés à la porte l'empêchèrent de s'enfoncer dans les souvenirs de la nuit passée et, se mettant debout avec difficulté, elle alla ouvrir.
« Bonjour, pardon de vous déranger. On emménage à côté et j'aurais besoin de vous emprunter… »
Le jeune homme se tût. Il n'en revenait pas. Un an et demi qu'il ne l'avait pas vu. Elle, dont l'existence était si proche de la sienne, mais qui cependant se dérobait tout le temps à lui. Elle, que toute sa famille connaissait, et qu'il aurait été si simple de recroiser, mais qu'il s'était cependant resigné à oublier.
« Hermione ? »
Elle cligna des yeux, légèrement éblouie par le soleil qui brillait dans son dos, puis le reconnu. Elle ne dit rien, mais son visage exprimait la même surprise qu'il ressentait. Ils restèrent quelques instants à se dévisager, ne sachant quoi dire. Il s'était imaginé plusieurs fois la rencontrer par hasard, ce qu'il lui aurait dit, ce qu'elle aurait répondu. Il ne s'était cependant pas attendu à ce que leurs retrouvailles s'effectuent ici, sur le pallier d'un immeuble de banlieue est londonienne, côté moldu qui plus est, où son frère avait décidé d'emménager. Pour le coup, lui qui avait la répartie d'habitude si facile, restait coi, et ce fut elle qui brisa le silence.
« Salut, Fred. »
