Bonjour tout le monde!
Je suis super et stressae de vous présenter ma toute première fan fiction sur ce site.
N'hésitez pas à laisser des commentaires, tant qu'ils sont constructifs je les accepte tous.
Les personnages des Héros de l'Olympes ainsi que la série Percy Jackson ne m'appartiennent pas et sont le domaine de Rick Riodan.
Bonne lecture à tout le monde :D
Chapitre 1 : Fear of the Dark
Kamille se recroquevilla sur elle-même et tenta de reprendre sa respiration.
Elle était trempée de la tête aux pieds.
Ses cheveux noirs habituellement érigé en une masse de frisottis retombaient vers ses épaules sous le poids de l'eau qui s'était accumulée dedans. Des gouttes perlaient sur les verres de ses lunettes, derrière lesquelles étaient cachés des yeux marron foncé que l'on croyait la plupart du temps noirs à cause du manque de lumière. Son T-shirt Harley Davidson, beaucoup trop grand pour elle, ainsi que son jean noir et ses converses à motifs camouflage avaient été transformés en éponge par la pluie battante.
Tout en se laissant glisser le long du mur contre lequel elle se trouvait, la jeune fille tenta analyser ce qui c'était passé.
Elle était en train de se balader tranquillement en compagnie de sa copine dans la rue principale du vieux Lyon lorsque des créatures les avaient attaquées.
Elles étaient une petite bande de trois mais paraissaient, malgré leur petite taille, relativement hargneuses. De plus elles possédaient un corps d'oiseau sur lequel reposait une tête de femme.
Une fois le choc passé, une lumière s'était faite dans la tête de la jeune fille.
Un corps d'oiseau… une tête de femme…
Des harpies.
Kamille n'avait pu que se féliciter mentalement d'être aussi intéressée par la mythologie grecque et de les avoir reconnus au premier coup d'œil. Mais cela était resté rapide car les créatures mythologiques en question lui avaient foncées dessus, bien décidées à leur faire du mal.
Instinctivement la jeune fille s'était mise devant sa copine, formant un véritable bouclier humain.
« Qu'est-ce qu'il y a Kam ? avait demandé cette dernière. Tu n'as pas besoin me protéger, ce ne sont que des pigeons. »
L'intéressée l'avait regardé sans comprendre.
Pourquoi était-il question de pigeons ?
Elle s'était retournée pour faire de nouveau face aux volatiles humanoïdes puis était revenue au visage soucieux de la jeune femme.
« Tu ne les vois pas ?! S'était-t-elle exclamée en désignant les créatures du doigt. Elles sont justes au-dessus de nos têtes et vont pas tarder à attaquer !
- Kam…, avait dit la jeune femme en lui prenant doucement le bras. Je sais qu'on s'est couché tard hier mais je ne savais pas que tu étais autant fatiguée…
- Je vais très bien ! Avait soudainement explosé Kamille. Mais nous ne sommes pas en sécurité Kit ! Les Harp… »
Elle s'était alors interrompue.
Sa copine comme les nombreux badauds qui déambulaient dans l'étroite rue ne cessaient de faire des allers-retours entre l'endroit qu'elle indiquait et sa personne. Une profonde expression de désolation s'était peinte sur tous les visages et c'était ce qui avait poussé Kamille à ne pas finir sa phrase.
C'était l'expression qu'arboraient la plupart des gens quand ils prenaient quelqu'un pour un fou.
Ce fut le moment qu'avait choisi l'une des harpies pour lui foncer dessus, toutes serres dehors.
La jeune fille s'était reculée à la dernière minute et avait réussi à éviter le volatile humanoïde. Mais ses griffes acérées, bien qu'ayant loupé leur cible, avaient tracé un court sillon sanglant sur sa pommette droite couleur chocolat au lait. Kamille avait poussé, en même temps que les passants présents, un cri de surprise puis porté la main à sa joue. Lorsqu'elle l'avait retirée, des doigts avaient pris la couleur rouge carmin du sang.
La jeune femme, que Kamille appelait « Kit », s'était alors précipitée vers elle pour s'enquérir de son état. Une fois assez proche pour constater les dégâts, elle s'était empressée de sortir un mouchoir pour éponger le sang qui continuait à couler de la coupure. Elle avait copieusement pesté contre « ces putains de pigeons qui ne savaient plus se tenir ».
Mais Kamille ne l'avait plus écoutée.
Elle avait été plongée dans ses pensées, profondément perturbée par les événements.
« Au moins cette griffure m'a prouvé que je ne délire pas, avait-elle pensé. Mais comment ça se fait que les autres ne les voient pas ? Si je me réfère à tous les livres que j'ai lu ou les films que j'ai lu lorsque l'on voit des choses que les autres ne voient pas, ça sent en général pas bon. Il faut que j'éloigne Alex pour qu'elle ne soit pas blessée…»
La jeune fille avait alors prétendu un oubli de ses clés chez l'ami qu'elles venaient de quitter et lui avait demandé de partir devant. Elle l'avait rassurée aussitôt sur le fait qu'elle la rejoindrait après. La surnommée « Alex » avait opiné après lui avoir lancé un long regard de suspicion et s'était éloignée après un court mais tendre baiser.
Kamille avait attendu qu'elle ait totalement disparu dans la foule pour se mettre à courir dans la direction opposée, les harpies toujours sur ses talons.
Ayant l'avantage du terrain, elle avait zigzagué dans les étroites ruelles de la vieille ville lyonnaise, évitant toutefois les endroits où il y avait trop de monde pour ne pas faire de victimes involontaires. Mais loin d'être bêtes les mégères volantes volaient relativement haut pour ne pas la perdre de vue, se contentant de lancer des « tu ne nous échapperas pas demi-déesse ! ». Malgré ce léger désavantage ce fut la connaissance du terrain qui prima. La jeune fille avait alors emprunté une traboule et s'était réfugiée dans un renfoncement de mur sous un escalier.
Là au moins elle serait en sécurité pour le moment.
Plus elle se remémorait ce qui s'était passé, plus les questions envahissaient son esprit.
Pourquoi ces harpies la poursuivaient-elle ?
Elles n'étaient pas normalement censées traquer les criminels ?
Non… ça c'était les Érinyes…
Pourquoi les autres personnes ne les voyaient pas comme elle les voyait ?
D'ailleurs pourquoi l'avaient-elles appelé « demi-déesse » ?
Une vive éclaircie suivie d'un grondement sourd la sortirent de ses pensées.
Une pluie commençait à tomber, doucement d'abord puis de manière torrentielle.
La jeune fille se recroquevilla encore plus sur elle-même, se boucha les oreilles et ferma les yeux.
Elle n'aimait pas l'orage…
Même si elle se savait parfaitement en sécurité que ce soit dans sa chambre dans sa maison ou en pleine ville sous un escalier de pierre, elle n'aimait pas quand le ciel se déchaînait ainsi.
On pouvait lui donner toutes les raisons du monde, la réconforter de mille et une façons cela ne changeait en général rien à la donne elle restait toujours prostrée sous sa couverture ou dans les bras d'Alex en attendant que ça passe.
Mais ce soir-là il n'y avait pas de bras aimants pour la réconforter ou de couette pour se cacher les yeux. Juste un escalier de pierre et des bestioles mythologiques qui apparemment ne lui voulaient pas du bien.
Les cris de ses dernières, qui s'étaient potentiellement éteints ces dernières minutes, résonnèrent alors dans toute la traboule.
« Inutile d'essayer de te cacher, piailla l'une d'entre elles. Ton odeur te trahit ! »
Kamille prit un air outré.
Elle sentait si mauvais que ça ? Pourtant il lui semblait bien avoir pris une douche avant de sortir.
Sa réflexion fut interrompue par l'arrivée des trois volatiles, bien décidées à ne pas la laisser s'enfuir. Kamille se maudit de ne pas avoir pensé à l'hypothétique absence de sortie de secours de son refuge.
Mais bon les dés étaient jetés et elle allait devoir se battre.
Elle se releva d'un bond, ramassa une vieille planche de bois qui traînait au sol et se mit en position de combat que lui avait apprise son nouvel ami. Les Harpies gloussèrent d'excitation devant la détermination de la jeune fille.
« Tu n'as pas froid aux yeux demi-déesse, caqueta l'une d'entre elles qui semblaient être la chef. Mais je ne crois pas que ça va suffire pour te sauver… »
Sur ces mots elles fondirent sur leur proie, serres en avant. La jeune fille donna quelques coups de planches pour les reposer ce qui eut au moins le mérite de les tenir à distance mais vit très vite sa seule arme arrachée des mains. Elle resta désarmée un court instant puis se remit en position de combat, bien décidée à se battre jusqu'au bout.
Alors que les harpies allaient donner l'assaut décisif, une voix résonna dans la traboule.
« Kamille ! »
L'intéressée tiqua.
Cette voix ne lui était pas familière mais elle était sûre de l'avoir déjà entendu à plusieurs reprises. Cela eut au moins l'avantage de stopper les harpies dans leur assaut.
Puis après des bruits de pas précipités, il apparut finalement dans un rayon de lune et elle le reconnut aussitôt.
C'était l'un des métalleux avec qui Fanny avait pris l'habitude de traîner sur les marches du métro d'Hôtel de ville.
Il était long et fin comme un roseau et de longs cheveux châtain légèrement ondulés encadraient son long et pâle visage. Il était habillé comme n'importe quel métalleux avec le combo Perfecto/ T-shirt de groupe/Jean à une exception près. De son front sortaient de petites excroissances osseuses qui faisaient penser à des cornes et des sabots de chèvre sortaient des jambes de son pantalon.
Dans ses yeux noisette brillait une lueur d'angoisse.
Attendez une minute…
Des cornes et des sabots de chèvres ?!
Kamille se frotta les yeux.
Après les harpies c'était un satyre qui déboulait.
Décidément cette soirée était bizarre…
« Attrape ! Cria l'homme-chèvre en lui lançant quelque chose qu'elle ne put identifier de loin. »
Ce ne fut que lorsqu'elle le réceptionna par miracle sans que les hargneuses femmes-oiseaux aient pu s'en emparer qu'elle comprit ce que c'était
Il s'agissait à première vue d'une canne assez classe dont le pommeau avait la forme d'une tête de dragon particulièrement bien faite. Mais Kamille savait très bien qu'il ne fallait pas s'arrêter à ce premier aspect et qu'à l'intérieur de cet objet se trouvait une lame redoutable. Lame qu'elle s'empressa de sortir avant de pousser un cri de surprise. Ce n'était pas l'habituelle lame de métal mais une épée dont la couleur lui faisait penser à celle du bronze. Le même bronze avec lequel étaient faites les épées que l'on voyait dans les musées dans la section Antiquité grecque.
Malheureusement la jeune fille n'avait pas le temps de se poser trente-six mille questions. Les harpies avaient repris leurs esprits et reprirent leur attaque là où elles l'avaient laissé.
« Tu ne gagneras pas demi-déesse ! s'exclama la chef. Tu ne sais pas te servir d'une épée même en bronze céleste ! Tu ne peux p… »
Sa phrase fut interrompue par un gargouillement d'agonie.
Alors qu'elles fonçaient sur elle, Kamille s'était baissée et relevé l'épée en avant au moment où elle passait, l'embrochant comme un vulgaire poulet. La femme-oiseau émit un caquètement d'agonie avant de se dissoudre en fine poussière dorée.
Un silence de mort s'installa dans la traboule. Les deux harpies restantes n'en revenaient pas qu'une adolescente aussi frêle ait pu tuer leur sœur et Kamille n'en revenait pas d'avoir pu manier l'épée avec une dextérité qu'elle n'avait jamais soupçonné chez elle.
C'était comme si elle avait fait ça toute sa vie…
Comme si elle était née pour ça…
« Bon… lança-t-elle aux deux volatiles humanoïdes qui avaient encore le bec à terre. Maintenant vous allez me dire pourquoi vous m'appelez demi-déesse !
- Parce que tu en es une, cracha l'une d'entre elles qui semblait se remettre plus vite de la mort de sa sœur que l'autre. Ton odeur de sang-mêlé est tellement forte que c'est presque étonnant que nous soyons les seules à l'avoir senti et t'avoir attaqué. D'ailleurs il y avait une autre piste que nos sœurs ont préféré suivre.
- Ça suffit ! piailla sa sœur qui semblait avoir repris l'usage de la parole. Elle a tué notre sœur ! Tuons-la le plus douloureusement possible !
- Vous ne ferez rien à cette demi-déesse ! s'écria alors le satyre en se positionna devant la jeune fille. Vous devrez me passer sur le corps !
- Non merci biquet, minauda la harpie la moins hargneuse en prenant son envol. Mais notre maître préfère un morceau entier de l'enfant de son rival. »
Kamille ne chercha pas à comprendre plus longtemps de quoi parlaient les deux mégères volantes et engagea le combat, le satyre qui lui servait d'allié à ses côtés. La harpie hargneuse vint naturellement à elle, aiguisant ses serres.
Le combat fut difficile car une arme avec une aussi longue portée comme celle de Kamille n'était pas très appropriée pour le genre de bestioles qu'étaient les harpies. Il fallut qu'elle assomme son adversaire d'un coup de poing pour pouvoir la pourfendre tranquillement. Certes ce n'était pas très loyal d'achever un adversaire à terre mais elle n'avait pas le choix. Si cela avait été elle qui était au sol, la harpie n'aurait sans doute pas fait autant de chichi.
La jeune fille se retourna vivement, prête à en découdre avec la troisième harpie.
Cette dernière explosa alors en poussière dorée.
Quelques mètres plus loin se tenait le métalleux-satyre en position de combat, une fronde à la main. Lorsque le combat fut terminé, il alla récupérer dans les restes du monstre un petit objet doré.
Une balle ? Un petit caillou ? Kamille ne voyait pas bien.
Le satyre vit qu'elle l'observait et s'avança doucement, levant les mains pour prouver qu'il venait en paix. La jeune fille le détailla et, le jugeant pacifique, baissa son arme.
« Désolé d'être arrivé si tard, murmura-t-il d'une voix douce que Kamille ne soupçonnait pas. Je ne m'attendais pas à ce qu'elles t'attaquent après toutes ces années de calme.
- Qui êtes-vous ? demanda l'adolescente d'une voix tremblante. Pourquoi m'avez-vous aidé ? Pourquoi ces harpies m'ont attaqué ? Pourquoi suis-je la seule à les voir ? »
Le satyre leva la main pour couper le flot de questions qui se déversait sur lui et eut un sourire bienveillant.
« Je suis Lucas, répondit-t-il avec le plus grand calme. Mais tu dois avoir entendu parler de moi sous le surnom Asmodes. Je suis un ami de ta sœur Fanny mais avant tout je suis un protecteur, quelqu'un qui est censé veillé sur les demi-dieux comme toi et les mener en cas de danger en lieu sûr. Car oui tu es une demi-déesse. Cela veut dire que l'un de tes parents est une des sept divinités de l'Olympe ou mineures. »
Kamille grommela entre ses dents qu'elle savait ce qu'était un demi-dieu et que ça ne l'avançait pas beaucoup vu qu'elle ne connaissait pas ses parents biologiques. Le dénommé l'interrompit alors en levant brusquement la main.
Il semblait avoir repérer quelque chose d'anormal et le bout pointu de son oreille frémissait.
« Je t'expliquerai la suite en chemin, dit-il d'une voix tendue. Tes sœurs ont des ennuis. »
Toutes les questions de Kamille furent alors reléguées au rang de secondaire.
La vie de ses sœurs triplées était bien plus importante que ses questions existentielles.
Elle remit son épée dans son fourreau, redevenant la canne monstrueusement classe qu'elle était en temps normal et se tourna vers son nouvel allié. Ce dernier se démenait pour remettre des sortes de protège-tibias qui donnaient l'illusion parfaite qu'il avait des pieds. Une fois qu'il fut prêt, les deux jeunes gens foncèrent à travers le Vieux Lyon pour rejoindre le moyen de transport de l'homme-bouc qui d'après lui stationnait à St Paul.
Contre toute attente le véhicule de ce dernier se révéla d'une normalité presque décevante.
Ce fut à bord d'une petite Twingo verte clair qu'ils foncèrent à la rescousse de ses sœurs. Kamille se demanda d'ailleurs à plusieurs reprises comment le satyre faisait pour conduire avec ses faux pieds.
Ce n'était pas la seule chose qui la préoccupait.
Durant tout le trajet il alternait entre conduire son petit bolide avec le pied ou plutôt le sabot au plancher et répondre aux questions qu'elle lui avait précédemment posées dans la traboule.
Les harpies l'avaient attaqué parce qu'elle était une demi-déesse et que les demi-dieux en général attiraient toutes sortes de monstres qui cherchaient à les tuer. Les « mortels », comme il appelait les gens normaux, étaient soumis à la Brume, une sorte de couverture géante qui empêchait les mortels de voir les éléments qui étaient plus ou moins liés aux Dieux et à la mythologie en général.
Kamille comprenait un peu mieux la réaction de totale incompréhension de la part d'Alex et des passants lorsqu'elle avait aperçu les harpies. Mais tout ce qu'elle espérait c'était que ses sœurs trouvent un moyen de résister et que les monstres qui étaient en train de les attaquer ne soient pas pires que des harpies.
Fanny déglutit difficilement et pria pour qu'elle soit dans un cauchemar dont elle se réveillera bientôt.
Elle était en train de rentrer chez elle avec sa sœur Loïse à une heure assez tardive lorsqu'elles s'étaient retrouvées face à des créatures qui n'avaient rien de normal. Un groupe de deux femmes-oiseaux faisaient du surplace dans les airs en les ou plutôt la regardant d'un air passablement agressif.
« Des harpies, avait-elle pensé. »
La jeune fille jeta un coup d'œil autour d'elle.
L'étroit passage qu'était la rue Pierre Dupont n'offrait pas une super possibilité de fuite et il n'y avait rien dans les alentours qui pouvait servir d'armes efficaces. Loïse, qui se tenait à côté d'elle, se maudissait de ne pas avoir suivi Kamille dans ses cours de self-défense avec celui qu'elle appelait « Aka senseï ».
« Rends-toi demi-déesse ! Lança l'une des femmes oiseaux. Ta mort n'en sera que plus rapide. »
Les deux sœurs se regardèrent, interloquées.
Elles avaient bien entendu le mot « demi-déesse » ?!
Sans attendre que la benjamine des deux sœurs ait repris ses esprits, la créature attaqua, serres en avant.
Fanny évita l'assaut en se jeta à terre comme elle l'aurait fait dans une partie de de balle aux prisonniers. Elle dut cependant rouler prestement sur le côté pour éviter la seconde harpie qui s'était jointe à la danse.
Au moins les faits étaient clairs elles en avaient seulement après elle.
« Deux contre un et vous n'avez pas honte ?! s'écria Loïse qui était sortie de sa torpeur et fulminait devant autant de lâcheté. Pourquoi vous ne m'attaquez pas ?
- Notre maître nous as formellement interdit de vous faire du mal, lança la deuxième harpie d'un ton ferme. »
L'aînée des triplées ouvrit la bouche pour protester mais avant que la moindre syllabe ait eu le temps de franchir le seuil de ses lèvres, son interlocutrice explosa.
Littéralement.
Il ne restait plus d'elle qu'un petit tas de poussière dorée.
Loïse releva la tête et vit une lueur de joie s'allumer dans les yeux de Fanny.
Devant elle s'arrêta une petite Twingo verte dans laquelle étaient Kamille et un garçon que Loïse identifia comme étant le fameux Asmodes dont sa sœur lui avait tant parlé. Ce dernier avait passé le bras par la fenêtre de la voiture dont la vitre était baissée et tenait à la main une fronde, sans aucun doute responsable de l'explosion de la femme-oiseau. La seconde chose qui attira l'œil de l'adolescente au grain de beauté nasal fut les petites cornes qui ornaient le front du métalleux. La troisième la canne que Kamille tenait à la main lorsqu'elle sortit précipitamment du véhicule dont le pommeau était une magnifique tête de dragon.
Elle dégaina l'épée qui se trouvait à l'intérieur et la lança en direction de Fanny. Cette dernière l'attrapa au vol comme par miracle et bondit vers la dernière harpie. La femme-oiseau fut si surprise qu'elle ne put éviter l'assaut de la longue et fine lame de bronze.
Elle explosa en la même poussière que sa sœur de plumes.
La propriétaire de l'arme rejoignit alors ses sœurs, un sourire soulagé aux lèvres.
Fanny, quant à elle, ne put s'empêcher de laisser échapper un sourire gêné.
La fine mais néanmoins longue coupure encore saignante qui ornait la joue droite de son aînée montrait très distinctement qu'elle aussi avait été victime d'une attaque des femmes-oiseaux.
« Heureusement qu' « Asmo » était là, pensa l'aînée avec un sourire soulagé. »
Sourire qui se déforma en une grimace apeurée.
Ses deux sœurs firent volte face et prirent exactement la même expression que leur aînée. Quand à Lucas, il était devenu passablement pâle pour ne pas dire translucide.
Devant eux s'était ouverte une profonde crevasse et une créature des plus terrifiantes en était sortie.
Elle ressemblait vaguement à un chien genre bouledogue anglais sauf que ce dernier avait plus la taille d'une panthère que d'un chien. Sa peau était aussi noire et luisante que du cuir bien graissé et une fine couche de flammes bleues recouvrait sa peau. Mais ce qui mettait encore plus mal les trois sœurs, c'était le grondement menaçant qui montait de sa gorge et les dents aussi blanches que dans celles les pubs de dentifrices qui étaient dévoilées.
Kamille avait remarqué cette tension post attaque des membres de la créature et s'était postée en tant que rempart humain, tenant la bête à distance respectueuse de ses sœurs avec son épée. La créature semblait avoir perçu le léger tremblement de la lame et profita pour s'élancer vers la jeune fille sans se préoccuper de ses sœurs.
Comme si seule la cadette des trois sœurs l'intéressait.
La bête bondit avec une telle vitesse et la percuta avec une telle force qu'elle projeta cette dernière à terre.
Fanny et Loïse crièrent le nom de leur sœur à l'unisson.
Coincée sous le poids de la créature qui pouvait aisément être qualifiée de démoniaque, elle n'avait pour seul bouclier son épée qui séparait assez efficacement sa gorge de la gueule pleine de dents du « chien ». Pourtant ce n'était pas comme s'il n'essayait pas de l'atteindre, aboyant furieusement comme pour briser la résistance physique de sa victime.
Fanny se tourna vers Lucas et lui lança un regard qui le suppliait sans doute de venir en aide à sa sœur. Le satyre arma sa fronde mais elle voyait clairement dans ses yeux qu'il avait plus peur d'attiser la colère de la créature et par extension de blesser celle qu'il devait protéger.
Loïse quant à elle restait pétrifiée devant la scène.
Elle ne savait pas quoi faire pour aider sa sœur et voyait clairement que cette dernière commençait à flancher sous les assauts de la bête.
Les crocs acérés se rapprochaient dangereusement du cou couleur chocolat de sa sœur, trempé par la salive du monstre. Son visage était crispé par la concentration pour maintenir la gueule pleine de dents le plus loin possible de sa jugulaire et chacun de ses traits saillaient sous l'effort. Ses vêtements avaient commencé à légèrement roussir au contact des pattes incandescentes, voire étaient percés à certains endroits.
Ce fut cependant le brusque relâchement des muscles de ses bras qui l'alertèrent.
« ARRÊTE ! hurla-t-elle de toute la force de ses poumons. »
Contre toute attente, la créature s'immobilisa.
Comme si elle était bloquée par une force invisible.
Elle tourna alors ses yeux rouges vers la propriétaire du cri, comme si elle attendait les ordres suivants. L'aîné des triplées reprit son souffle tandis que sa cadette maintenait sa position de défense en cas de brusque changement d'avis. Son sort était suspendu à ses lèvres.
C'était extrêmement intimidant d'être soudainement le point d'attention de tout le monde.
Essayant de mettre sa timidité naturelle de côté, Loïse prit alors une grande inspiration et se lança.
« RECULE ! lança-t-elle avec autant d'assurance qu'elle le pouvait. »
Le « chien » poussa un couinement aigu qui ne correspondait absolument pas à son physique et s'exécuta, libérant Kamille de sa prise. Il avait l'air d'un chiot qu'on venait de gronder après qu'il ait fait une bêtise.
Mais cela ne l'attendrit pas pour autant.
« Retourne d'où tu viens ! lança-t-elle de nouveau sur le même ton autoritaire. »
Obéissant à l'ordre de la jeune fille, une nouvelle crevasse, semblable à celle de laquelle était sorti le monstre, s'ouvrit. Le « chien » lança un triste couinement avant de disparaître dans les entrailles de la terre.
Loïse aurait presque eu de la peine pour lui s'il n'avait pas tenté de boulotter sa sœur vivante.
Les quatre jeunes gens restèrent un instant immobiles, incapable de bouger ni de prononcer le moindre mot.
Puis Kamille se releva difficilement s'appuyant sur sa canne dans laquelle elle avait rangé son épée. Elle avait le souffle court et le visage luisant de suie, sueur et de bave. Son T-shirt fumait et était à plusieurs endroits troué. Lucas se précipita sur elle pour l'ausculter rapidement et vint à la conclusion rassurante que sa peau n'avait pas été brûlée.
Le satyre pressa alors les trois adolescentes de faire leurs bagages pour qu'il puisse foncer vers l'aéroport le plus proche et les amener en lieu sûr le plus rapidement possible.
Rencontrant le regard plus que méfiant de la fratrie, il prit le temps d'expliquer la situation aux deux membres qui n'avaient pas été là pour les explications dans la voiture pendant que ces dernières désinfectaient et pansaient la plaie de leur sœur.
« On est vraiment obligée de partir ? demanda Kamille d'une voix plus suppliante qu'autre chose. Je veux dire on ne va pas quand-même partir comme des voleuses, abandonner notre famille et nos…amis ?! »
Si sa sœur s'était montré d'un véritable courage quasiment suicidaire il y avait plusieurs minutes en les défendant contre un gros chien démoniaque, elle était redevenue l'adolescente qui ne pensait à une seule chose; le bien de sa copine.
Car oui Loïse n'était pas sans savoir qu'elle était la raison principale de la réticence de sa sœur.
Et malgré tous les sentiments complexes et contradictoires que lui inspiraient le couple, elle ne pouvait s'empêcher de la comprendre.
Elle aussi allait devoir quitter Chloé, sa meilleure amie qu'elle connaissait depuis la 5ème mais aussi toute la bande d'amies que ses sœurs et elle s'étaient faite au collège.
Et elle ne voulait absolument pas.
« Je sais que ce n'est pas facile, soupira le satire avec un sourire profondément désolé. J'aimerais vraiment pouvoir faire autrement mais maintenant que des monstres se sont manifestés je ne peux pas vous laisser seules. Vous ne survivrez pas une semaine sans l'entrainement adéquat pour…
- Alors apprends-le-nous ! Coupa Fanny en attrapant leur autoproclamé protecteur par la manche. Il y a bien des trucs que tu sais faire pour combattre les monstres.
- Oui comme ça on n'a pas a quitté Lyon, ajouta Loïse avec un grand sourire.
- Et s'éloigner de nos proches, poursuivit Kamille.
- Stooooop ! s'exclama Lucas en agitant les bras au-dessus de sa tête. C'est clair que si je pouvais, je vous enseignerais toutes les techniques. Mais le problème c'est que je ne suis tout simplement pas formé pour ça. Mon but est de vous protéger puis de vous emmener dans un endroit sûr pour que vous puissiez apprendre à vous défendre. Ensuite vous pourrez revenir vivre ici comme bon vous semble. »
Loïse, tout comme ses sœurs, grimaça.
Elle savait que le pauvre satyre faisait tout ce qui était en son pouvoir pour les aider mais que sur ce coup-ci il n'avait pas le choix. Et elles non plus d'ailleurs.
Soit elles le suivaient dans ce lieu sûr où elles pourraient apprendre comment se défendre des monstres qui pouvaient potentiellement les attaquer, soit elles refusaient, ce qui semblait avoir pour équivalence de se condamner à une mort douloureuse.
Elle sonda ses sœurs d'un regard rapide.
La réponse était unanime.
« On veut bien te suivre, lâcha Kamille les bras croisés sur sa poitrine. Mais il y a intérêt qu'on soit revenu pour la rentrée des classes.
- Pas de problème ! répondit son interlocuteur que la réponse positive des triplées avait détendu. La colonie n'accueille des pensionnaires que pendant les vacances scolaires. »
Loïse voulut demander ce qu'il entendait par « colonie » mais se ravisa.
Après tout cela devait être une sorte de Poudlard où les personnes comme elles s'entraînaient pour pouvoir littéralement survivre à leur année scolaire.
L'aînée des trois sœurs se hâta de préparer sa valise. Elle y fourra assez de vêtements pour tenir un été entier, du papier et des crayons pour écrire, quelques livres au cas où si le trajet était long et sa peluche préférée Mokono, un espèce de lapin rond noir avec des oreilles qui lui tombaient jusqu'aux pieds.
Elle vérifia alors qu'elle avait bien son portable dans sa poche, son porte-feuille avec sa carte d'identité ainsi que son passeport qu'« Asmo » lui avait conseillé de prendre, ainsi que son chargeur.
Une fois prête elle ainsi que ses sœurs, elles laissèrent un mot sur la table de la cuisine pour expliquer la raison de leur départ et qu'ils ne devaient pas s'inquiéter. Chose d'ailleurs dont les trois sœurs doutaient fort malgré les affirmations du satyre métalleux.
Quand la petite Twingo démarra, Loïse eut la vague sensation qu'elle ne reviendrait pas ici avant un bon moment.
