Les Dix Commandements footballistiques, par Tsubasa Ozhora, revu et corrigé par Kojirô Hyûga

Les Dix Commandements footballistiques, par Tsubasa Ozhora, revu et corrigé par Kojirô Hyûga.

Kojirô Hyûga râlait. Ce qui n'était pas une chose inhabituelle chez lui. Il était impensable d'imaginer ce grand joueur de foot heureux, en train de siffloter ou de respirer la bonne humeur.

En ce moment, il râlait à l'encontre de la délégation japonaise de la FIFA. Il s'était fait avoir. Après des semaines d'excuses, de prétextes, à ignorer coups de téléphone, lettres écrites et supplications diverses, il avait cédé. Il allait venir dans leur satanée tour subir leur satané machin chose.

Il détestait Tokyo. Il devait supporter le trajet interminable jusqu'au centre ville, supporter les embouteillages, la cacophonie des klaxons, marteau-piqueurs et autre bruits citadins. Et puis, quand il descendait de voiture, il devait supporter les cris, les hurlements, piaillements, gloussements, glapissement, vagissement, meuglements, beuglements et autres bruits animaliers que son apparition suscitait. A vous faire regretter que l'espèce humaine ait évoluée de son statut de primate.

Kojirô Hyûga prit l'ascenseur et arriva enfin au très prestigieux trente-deuxième étage. Une jolie secrétaire aux jambes longues et sûrement douces l'invita à patienter. Il s'enfonça dans un fauteuil en cuir avec toute la résignation qu'un être aussi fougueux que lui pouvait trouver. Enfin, la même secrétaire l'introduit dans le très prestigieux bureau de l'angle Est du très prestigieux trente-deuxième étage. Ce qui sembla être des heures après, on lui ficha enfin la paix. Il était libre de regagner sa maison et de s'enterrer loin de ses congénères aux cerveaux atrophiés par la pollution.

On lui avait dit de donner les papiers qu'il avait signés à la jolie secrétaire. Mais la chaise derrière le bureau était vide. N'ayant ni l'envie ni la patience d'attendre, il posa les feuillets au milieu du bureau et utilisa le pot à crayons pour éviter qu'ils s'envolassent. En ce faisant, il dérangea une pile de documents qui glissa vers lui. Il haussa les épaules, s'en foutant carrément. Ce n'était pas sa faute si la jolie secrétaire ne savait pas ranger les papiers. Mais un nom attira son attention. Il se pencha, attira la feuille vers lui et le parcourut des yeux.

Un sourire se dessina sur les lèvres charnues à souhait. Un sourire oscillant entre le taquin, l'ironie et la méchanceté. S'emparant d'un crayon, il griffonna sur le papier et reposa son œuvre avec ses autres documents. Puis, il s'en alla en sifflotant d'un air joyeux…

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La jolie secrétaire, qui s'était absentée le temps de faire du café, le croisa et faillit laisser tomber le plateau qu'elle portait. Depuis quand Kojirô Hyûga sifflotait-il d'un air joyeux ? Elle eut la réponse en s'asseyant derrière son bureau. Quelqu'un avait été assez bête pour utiliser son pot à crayons comme presse papier, au lieu d'utiliser la pince à documents qui trônait là devant son nez ? Le pot à crayons, comme son nom ne l'indiquait justement pas et comme tout le monde savait, servait à bloquer les documents dont il fallait s'occuper en priorité. Et voilà qui lui en manquait un. Un peu stressée, la jolie secrétaire parcourut son bureau et trouva le papier prodigue. Un goujat s'en était servi pour prendre des notes… Non attendez…

Elle marqua un temps d'arrêt avant d'éclater de rire. Sa gaîté ne pouvait pas être stoppée. Elle continua de rire au point de son patron dut sortir du très prestigieux bureau de l'angle Est du très prestigieux trente-deuxième étage. Elle ne pouvait répondre à ses questions pressantes et ne put que lui tendre le papier dont il s'empara assez brusquement. C'était un article, prêt à être publié. Il ne manquait que l'aval de la FIFA. La plupart du temps, la jolie secrétaire faisait la relecture, ne soumettant les articles à l'appréciation de son patron qu'en cas de doute extrême.

Les dix commandements du parfait footballeur,

par Tsubasa Ohzora, capitaine de l'équipe de football junior japonaise, titulaire du numéro 23 au Barca de Barcelone, élu meilleur joueur lors de la coupe du monde cadette.

Revu et corrigé par Kojirô Hyûga, Numéro 18 à la Juventus de Turin, élu célibataire le plus sexy par Vogue Magazine et Cosmopolitan (les lectrices ont bon goût, y'a pas à dire).

Commandement 1 : Ton meilleur ami, le ballon sera.

Commandement un : Des phrases débiles, tu ne diras pas.

Un peu de sérieux, quand même… On a une image à respecter.

Commandement 2 : Ton second meilleur ami, le terrain sera.

Le grognement viril, tu maîtriseras.

Voir point précédent. A défaut de sérieux, avoir au moins un sens de la dignité. D'où le grognement viril. Ça évite de dire des conneries plus grosses que toi

Commandement 3 : En tes coéquipiers, confiance tu auras.

Une larve partout dans ton ombre, tu n'auras pas.

Parce que sans ton microbe en totale adoration pour toi et qui ne vit que pour rattraper tes passes perdues, tu ne peux rien faire… Faut pas casser ton effet et ne pas savoir jouer sans ton meilleur copain (l'autre, pas le ballon. Non l'autre, pas le terrain. Ouais, le mec en short, celui-là d'ami…Lequel ? Choisis, tu en as dix à chaque fois…)

Commandement 4 : Toujours le terrain, même mourant, tu regagneras

Mort seulement le terrain, tu quitteras.

Parce que tu n'es pas une tapette et la douleur, tu t'en fous. De toute façon, en face, ils jouent comme des filles, alors ta gueule et shoot !

Commandement 5 : Une technique hors pair, tu auras.

Un tir au nom crétin, tu n'auras pas.

Tu fonces, tu shootes. Les minauderies, ça tue ton effet, tu as toutes les chances que la fillette en face te pique le ballon pendant que tu prends la pause en t'égosillant « tir de la feuille morte voletante dans le ciel bleu d'Avril »…

Commandement 6 : Ton adversaire, tu respecteras.

Ouais, du déodorant, tu mettras.

Parce que avoir à marquer un mec qui empeste le putois, ça craint. C'est limite une faute qui devrait être sanctionnée par un carton rouge.

Commandement 7 : Capable de l'impossible, tu seras.

Si la première fois, ça ne passe pas, la seconde fois, plus fort, tu taperas.

Ça a tendance à marcher.

Commandement 8 : Aux ordres de l'arbitre, tu obéiras.

A ne pas taper trop fort, attention tu feras.

Parce qu'en face, non seulement ils jouent comme des filles mais ils sont fragiles. Et ils ne sont plus sous garantie. Alors tu casses, tu paies…

Commandement 9 : Le public, tu salueras.

Crier comme une fillette, tu éviteras.

Tu salues et tu te casses. En plus, comme ça, ils voudront encore plus ta photo et ça, c'est des royalties en plus pour ta pomme.

Commandement 10 : Le foot, ta passion sera.

Un cerveau, tu t'achèteras. Te prendre pour Yoda, tu éviteras.

On est payé pour taper dans un ballon, pas pour taper la bavette ou prendre la tête aux gens. Alors, sois con et tais-toi.

Mince, ça rime ! Je suis trop fort, moi !