15 ans. Cela faisait 15 ans qu'elle était avec ces hommes. Ils mangeaient ensembles, s'entrainaient ensemble et combattaient ensemble. Bientôt le temps des adieux serait arrivé et elle, elle resterait ici. Adalarme courrait silencieusement dans la forêt, elle avait laissé son cheval à la bordure de celle-ci. Il serait la rejoindre en temps voulu mais pour le moment il était trop encombrant pour qu'elle le prenne avec elle. Se glissant entre deux grands chênes, elle cessa tout mouvement en voyant des ombres bougées non loin d'elle. Des pictes. La femme se baissa en rabattant sa capuche sur sa tête. Elle était au bon endroit.

La forêt était au contrebas d'une colline qui surplombait une grande clairière ouverte au milieu de l'étendue d'arbres. Alors qu'un convoi apparaissait sur la plaine, un groupe de chevalier se stoppa en haut de la colline.

- Comme promis le convoi de l'évêque, lâcha Gauvain

- A nous la liberté ! s'écria Galahad avec un sourire

- Ah, je sens presque son gout sucré, soupira Bors avant de rire de sa voix bourru.

Les cavaliers sourirent avant que Gauvain reprenne :

- C'est ton passage pour Rome Arthur.

Celui hocha la tête et observa le convoi qui fut soudain pris d'assaut par des ombres sortant des bois. Une brume s'était levée de manière étrange facilitant l'attaque.

- Des pictes. Dit Tristan apparemment peu étonné de leur présence.

- Allons-y. Arthur talonna sa monture et s'élança en avant du groupe.

Les chevaliers ne perdirent pas de temps et se mirent au galop en direction du convoi assaillit d'hommes bleus. Alors qu'ils progressaient vers la bataille, Adalarme grimpa sur un arbre à l'orée de la forêt. Elle avait une vue complète sur le combat, bandant son arc elle abattit plusieurs personnes trop proche à son gout de la cabine de l'évêque. Une flèche vint se loger à quelque centimètre de sa tête après qu'elle est touchée plusieurs ennemis. Des cris venant dans sa direction lui apprirent qu'elle était repérée. Sans se démonter, elle banda de nouveau son arc et tira une flèche qui fit mouche en touchant un archer s'étant placé dans un arbre à plusieurs mètres d'elle. Il y en avait surement d'autres. Ses camarades avait investit le terrain à présent, ils pouvaient se charger du combat sur place, la guerrière devait assurer leurs arrières. Tirant une dernière flèche qui alla de planter dans le dos d'un picte près à abattre sa hache sur le dos Tristan, elle sauta ensuite à terre et dégaina deux lames cachées dans son dos.

Tristan se retourna en entendant un grognement dans son dos, un picte s'effondra devant lui, dévoilant ainsi une flèche plantée entre ses omoplates. Le regard du sarmate se posa sur la forêt. Les sons provenant de celle-ci lui indiquèrent que la seule femme de leur groupe était en train de faire le ménage parmi les archers du camp adverse. Lancelot qui se tenait à sa droite laissa tomber le corps de son dernier adversaire et suivit le regard de son compagnon. Il sourit et lui fit une tape dans le dos en partant finir le massacre.

- Tu lui revaudras ça plus tard Tristan !

Le chevalier grogna et reprit le combat. Alors que certains comme Bors, Dagonet ou Gauvain se battaient en fonçant de manière grossière dans leurs adversaires et en les achevant avec leurs armes Tristan combattait comme si sa lame, et la mort qu'elle engendrait, étaient un art. Il portait le coup fatal presque de manière théâtrale et aucun de ses gestes n'étaient inutile. De leurs côtés Lancelot et Adalarme se battaient presque de la même manière, leurs deux lames tourbillonnaient en une danse meurtrière qui ne laissait aucun ennemi les approcher. Toutes ses méthodes étaient radicalement efficaces et expliquaient leur survit pendant ces 15 années de combats. Cela expliquait également que Bors ai tué tous ses adversaires et qu'il criait, à présent, vers la forêt en sortant sa langue tel un enragé.

- Je suis Bors ! Raaaah, l'homme cria ces mots en frappant son torse et en secouant la tête tel un individu fou. Bon moyen d'intimidé l'adversaire mais aussi d'être une cible facile même pour un archer débutant.

Adalarme para la hache qui s'approchait rapidement de sa gorge et rendit son coup à l'adversaire qui ne tarda pas à rejoindre ses camarades précédents. A peine eu t'elle le temps de se dégager du corps qu'une lame apparut à la lisière de son œil droit. La guerrière ne due sa survit qu'à son réflexe de s'élancer sur la gauche afin de sortir de la trajectoire du coup mortel. La lame glissa tout de même sur son cou en laissant une longue estafilade le long de celui-ci. N'hésitant pas une seconde, la rousse s'élança passa sous l'arme du picte et plongea ses deux lames dans le ventre de celui-ci. L'homme écarquilla les yeux en laissant tomber son arme. Ses deux mains sanglantes s'accrochèrent à la guerrière alors qu'il tombait à la renverse. La femme accompagna son mouvement en soutenant son regard. Elle n'avait pas de regrets bien que les yeux de cette homme viendraient la hanté dans son prochain cauchemar. Récupérant ses armes, elle se releva et constata que la bataille était terminée du côté de ses camarades. Elle était recouverte de sang mais n'avait pas encore finit son œuvre. Elle devait maintenant sortir de la forêt sans se faire tuer. C'était toujours le moment le plus délicat pour elle, elle devait faire face aux pictes se regroupant derrière elle et ceux fuyant vers la forêt qui arrivait devant elle. Remettant sa capuche tombée dans la bataille, la femme rebroussa chemin rapidement en se tenant au ras du sol. Si elle disparaissait du champ de vision de ses adversaires cela lui éviterait de nombreux problèmes. Après avoir éliminé silencieusement les derniers adversaires se trouvant sur son chemin, elle put atteindre la lisière de la forêt. Son cheval apparut devant elle et elle lui sauta sur le dos afin de s'éloigner rapidement des arbres. L'animal avait été difficile à dressé mais son intelligence facilitait grandement sa vie de guerrière. Trottant tranquillement vers le convoi, elle arriva rapidement près de ses compagnons d'armes. Bors vint lui assener une grande claque dans le dos alors qu'elle descendait de cheval.

- Content de te revoir ma belle, j'avais peur que tu meurs bêtement juste avant ta liberté, dit celui-ci en riant bruyamment.

Le regard d'Adalarme se fit malicieux alors qu'elle décochait un gentil coup de coude au géant. Geste plus réalisé pour la forme que dans une réelle intention de faire du mal au guerrier. De toute manière la corpulence de celui-ci, le rendait insensible à ce genre d'attaques. Un coin de lèvres de la guerrière se souleva en un sourire qui disparu bien vite. L'homme ne s'en offusqua pas le moins du monde, habitué à l'indifférence feinte de sa compagne d'arme.

- Cause toujours Bors, t'as petite scène de toute à l'heure m'a presque donné envie de te tirer dessus. Tu aurais mérité que je te trou la langue.

L'homme pencha la tête en arrière en s'esclaffant sans retenu. Ada le regarda faire en fouillant dans les bagages de son destrier, elle sentait un liquide poisseux coulé dans son cou et devinait que l'entaille que lui avait faite son adversaire finissait de la recouvrir de sang. Elle sortit un tissu propre, un bandage et entreprit de frotter sa plaie avec une lotion d'herbes afin d'éviter l'infection. Des mains prirent le relais des siennes en nettoyant sa plaie après lui avoir subtilisé son tissu. La rousse tourna légèrement la tête et découvrit Tristan qui d'une main autoritaire lui fit de nouveau pencher la tête sur le côté. Sans dire un mot, le brun continua de la soigner. Habitué au caractère du chevalier et sachant qu'il ferait un meilleur travail qu'elle, elle le laissa faire. Lancelot s'approcha d'eux et siffla en voyant la blessure d'Ada.

- Ce n'est pas beau à voir, tu n'es pas passé loin cette fois ci beauté. Tu veux un peu de réconfort ?

Habitué à ce genre de remarque, la rousse de releva même pas et son regard se posa sur un vieux soldat en conversation avec Arthur.

- Qui est ce ?

Lancelot suivit son regard et lui répondit.

- C'est l'évêque qui s'est déguisé pour l'occasion, pas plus mal le faux qui l'a remplacé est mort.

Elle hocha la tête et reçu une petite tape de la part de Tristan, lui indiquant clairement de rester en place. Celui-ci finit de la panser et se releva sans un mot. La rousse suivit son mouvement en le remerciant du regard, il hocha la tête et s'éloigna vers son cheval. Ils étaient quittes à présent, du moins en partie, l'homme ne manquerait pas de payer sa dette en la sauvant une prochaine fois ou d'une autre manière. Le sarmate détestait avoir des dettes mais dans ce groupe avec lequel il combattait depuis 15 ans, les dettes de manquaient pas. Chacun surveillait les arrières des autres. Pendant ce temps, l'évêque s'approcha d'eux et fixa de manière surprise Ada.

- Alors voici les grands chevaliers Sarmates qui font tant parler d'eux à Rome. Qui est cette femme ?

La rousse ne fit pas mine répondre et continua de s'occuper de son cheval. Arthur s'en chargea donc à sa place.

- Voici Adalarme, elle est sarmate et se bats à nos côtés.

- Ah oui, la guerrière sarmate… une femme chevalier…

Le ton de l'évêque laissait clairement paraitre son désappointement à la vue d'Ada et de son statut. Arthur se plaça entre ses chevaliers et le religieux. La tension avait pris place au sein du groupe, les hommes fixaient d'un œil mauvais Germanus malgré que la principale intéressée ne semble pas touchée par les paroles.

- Evêque Germanus… Ada combat à nos côtés depuis le début et à amplement mérité son statut et sa place parmi nous. Je lui dois la vie comme tous mes chevaliers et vous aussi à présent.

- Je ne l'ai pourtant pas vu se battre avec nous…

Bors n'en pouvant plus vint se planter devant le religieux.

- Aller donc prendre sa place dans la forêt la prochaine fois ! Comment croyez vous que nous nous protégeons des archers ?! Hein espèce de…

- Bors cela suffit, le coupa Adalarme qui s'était retournée vers les trois hommes. Le géant grommela en s'éloignant.

Arthur choisi ce moment pour intervenir.

- Ada, Tristan ouvrez nous le chemin vers le mur.

Le regard froid de la femme quitta l'évêque et elle remonta à cheval pour disparaitre avec Tristan. Les deux éclaireurs avaient la charge de prévenir toute autre sorte d'attaque envers le convoi. Après leur disparition, le chevalier se tourna vers son supérieur.

-Evêque Germanus, cette femme fait partie de mes chevaliers et a mille fois payé sa dette je vous serais gré de ne plus l'insulter en notre présence.

- Artorius, quoique tu dises et pense, Rome n'accepte pas les femmes parmi ses soldats.

- Ils ont bien acceptée celle-ci il y a 15 ans maintenant, contre attaqua le chef

- Vous ignorez donc le marché qu'à passé Rome avec cette femelle ? Chuchota l'évêque.

Artorius fronça les sourcils mais n'eut le temps de continuer que l'évêque c'était déjà éloigné. Il n'avait jamais eu connaissance d'un tel marché. Ada était une femme silencieuse en qui il avait une confiance aveugle. Elle assurait leur arrières depuis 15 ans sans broncher et parfois à ses propres dépends. Par deux fois elle avait frôlée la mort en accomplissant sa tache et elle n'avait jamais rechignée à la continuer malgré sa position difficile. Aujourd'hui encore elle revenait avec une blessure, combien de cicatrices garderait t'elle de cette croisade ? Arthur n'osait l'imaginer. Malgré le fait qu'il traite Ada comme si elle était un homme, le chef frémissait à l'idée qu'autant de marques puissent entacher le corps d'une femme. Il faudrait qu'il parle à Ada, même si elle gardait ce secret depuis plusieurs années, le chevalier souhaitait connaitre le contenu de celui-ci.

Le convoi se remit en mouvement. L'évêque pu prendre place dans son carrosse maintenant protégé par les sarmates. Ceux-ci bien que peu désireux de protéger l'homme voulaient plus que tous leur liberté et se battraient pour l'avoir. Tristan revint quelques heures plus tard, seul.

- La voie est libre Arthur, les pictes ne sont plus là. Dit l'éclaireur.

- Où est Ada ?

- Restée en avant, elle parcourt la forêt pour vérifier qu'aucun éclaireur ne nous suit, elle m'a dit qu'elle rapporterait le repas de ce soir. Ce n'est pas inhabituel Ada chevauche rarement avec nous, il y a un problème Arthur ?

Celui-ci secoua la tête. La dernière des choses à faire était de mettre les chevaliers au courant du marché d'Ada avec Rome, si celui-ci existait réellement bien sur. Encore plus que les chevaliers, Tristan ne devait pas avoir de raisons de questionner Ada. Les deux étaient proches plus qu'avec les autres chevaliers et l'homme avait une influence particulière sur la sarmate. Si Tristan soupçonnait quelque chose, il deviendrait presque impossible pour elle de garder son secret et bien qu'Arthur veuille connaitre celui-ci il ne souhaitait pas la forcer en lui envoyant la personne qui la connaissait le mieux.

- Rien Tristan je souhaitais juste revenir sur la confrontation de ce matin avec l'évêque.

Le sarmate hocha la tête et s'éloigna, aussi peu bavard qu'à son habitude. Son oiseau vint se poser sur son bras alors qu'il s'éloignait. Arthur le regarda rejoindre le cercle formé par ces chevaliers. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, cet homme n'avait jamais été très expansif. La seule personne à avoir un jour pu connaitre le cœur de Tristan l'avait trahi, scellant à jamais le sombre cœur du sarmate. Depuis cette époque, l'éclaireur n'était proche que d'une seule personne, Ada. Bien sur, êtres proches pour les chevaliers n'avaient pas la même signification que pour la plupart des personnes. Cette relation se basait sur un sentiment de confiance mutuelle agrémentée d'une connaissance de l'autre déconcertante. Arthur n'avait pu voir qu'une seule fois Ada et Tristan combattre côte à côte sur un champ de bataille. Le spectacle, bien que macabre au premier abord, était saisissant. Aucun mouvement n'était inutile, aucune faille n'était présente, les actions étaient coordonnées en une danse magnifiquement mortelle. Un spectacle incroyable mais rare, Ada étant chargée à chaque mission de s'occuper de tout ennemi embusqué et notamment les archers, elle combattait le plus souvent, seule.

Dans tout les cas, cette histoire de marché inquiétait le romain. Ada comme tous les autres sarmates n'aimait pas les romains. Ils représentaient pour la plupart le peuple les privant de leur liberté. Il était donc improbable qu'elle passe un marché avec Rome de son plein gré. Arthur ne savait que penser, Rome était sa raison de vivre, une nation juste luttant pour la liberté et les droits de chacun… alors pourquoi ? Pourquoi pensait-il que le marché allait en la défaveur de sa guerrière ? Pourquoi avait il l'affreuse sensation qu'une injustice avait élue domicile juste devant lui sans qu'il ne la voie ou même l'envisage ? Le statut de femme de la sarmate devait en grande partie alimenté ses doutes. Rome était très avancée sur beaucoup de points notamment grâce aux grands esprits qui se regroupaient en son sein pour faire germer des idées nouvelles et les alimenter de leur sagesse. Cependant, le rôle des femmes restait toujours restreint même dans cette civilisation à l'enfantement et à la tenu du logis. Artorius pensait également ainsi autrefois mais ces 15 années de combats et de confiance qu'il avait passé avec Ada avaient remis en question son opinion. Elle avait sa place dans le combat et même dans les préparatifs de combat. Au même titre que certains autres chevaliers, elle savait mettre en place des stratégies de combats efficaces. C'était même elle qui avait proposé qu'un d'entres eux remplisse le rôle de soutient à distance et se charge d'éliminer les autres archers afin d'éviter des morts. Comme c'était elle qui avait remplie se rôle difficile en y survivant malgré le danger de sa mission. Elle avait au cours de ces 15 années fait tombé tout les préjugés que chacun des chevaliers pouvaient avoir à l'égare des femmes. Quel prix avait elle payée pour ceci ? C'était la question qui hantait à présent le Romain.