Les personnages de L (ou Ryuzaki), Raito (ou Light) Yagami et Ryuk ainsi que la Death Note ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété de leur auteur légitime, j'ai nommé Tsugumi Ōba.
L'histoire se déroule après l'anime/le manga, il s'agit donc d'un immense spoiler galactique pour quiconque ne l'a pas terminé. Non-initié, détourne les yeux sans tarder !
L'histoire se déroule en enfer et au paradis. Si on peut dire que le concept que je décris dans mon récit est de mon cru, je ne peux prétendre les avoir inventé. Je pense qu'on peut dire que les droits d'auteurs reviennent aux écrivains de l'Ancien Testament, en espérant qu'ils ne m'attaquent pas en justice.
Sur ce, je vous souhaite une agréable lecture.
La mort...
Je l'ai si souvent donnée et pourtant, je n'ai jamais pris la peine de penser à ce qui se trouvait au-delà. Il faut dire que, quand c'est si facile, quand il suffit de noter le nom d'une personne sur un carnet en pensant à son visage, quand on a ce pouvoir immense d'ôter la vie sans presque devoir lever le petit doigt,... Quel intérêt peut-on encore avoir pour le monde qui attend les âmes que l'on a fauchées ? La mort, je l'ai démystifiée et, durant un court instant, je me suis hissé à sa hauteur, j'ai pu m'élever pour devenir l'égal de cette grande force de la nature. Alors elle a perdu tout ce qu'elle avait d'intéressant. Dépouillée de son caractère divin, elle s'est muée en un fait comme un autre, faisant partie de mon quotidien au même titre que mon café matinal ou les trois minutes consacrées à me brosser les dents avant d'aller me coucher. Cependant, j'ai fini par oublier une chose capitale : même si je pouvais utiliser la mort, elle n'en avait pas moins une emprise sur moi. Dans mon orgueil, j'ai fait l'erreur de penser que je l'avais domptée, et pour me rappeler qui restait le maître, afin de me punir de mon insolence, elle m'a happé alors que mon projet touchait à son terme et que mon univers parfait, exempt de crime si ce n'était les miens, était sur le point d'éclore. J'étais prêt à me sacrifier pour l'humanité, à salir mes mains du sang impur de meurtriers, de violeurs, de vauriens, pour que ce rêve de paix soit enfin à ma – notre – portée. Mais le destin, le hasard, une malédiction ou plutôt, celle que j'appellerai la Mort ne m'en a pas laissé l'occasion. Au bout d'un temps, elle m'a jeté tel un jouet usé dont on se lasse, un vieux pull passé de mode dont on se débarrasse sans trop de remords, une relique encombrante que l'on préférerait voir disparaître.
En définitive, je n'ai été que cela, un simple humain parmi tant d'autres qu'elle a utilisé avant de lui faire subir le châtiment habituel. Qu'est-ce que j'ai valu de plus que le reste des êtres que j'ai envoyé dans ses bras ? Visiblement, à ses yeux, rien, peut-être même moins que rien. En tout cas, je doute de bénéficier d'un traitement de faveur quand j'arriverai en bas, ça ne doit pas être dans les usages de la maison.
Je pense que mon seul regret aura été de mourir dément. Pour un homme de ma trempe et de mon intelligence, c'est humiliant et insultant de terminer de la sorte. À choisir, j'aurais préféré que ma fin soit grandiose. J'aurais pu me faire sauter en même temps qu'une prison, on aurait même pas retrouvé les restes de mon corps qui se serait consumé dans l'explosion, ou bien m'infiltrer chez un dictateur endormi et tirer une unique balle dans nos deux cerveaux déréglés, cela aurait fait de moi un héros décédé avec honneur et bravoure pour la liberté d'une nation. Toutefois, pour planifier ma mort, il aurait fallu que je sache qu'elle allait arriver... ou plutôt quand elle allait pointer le bout de son nez. Parce que, là, je me suis fait avoir en beauté. Jusqu'au dénouement de l'histoire, j'étais persuadé que ma stratégie était parfaite. Ceux qui se font appeler « les gentils » m'ont berné, ils ont découvert la faille et s'y sont engouffrés précipitamment sans me laisser la moindre chance de riposte. Ce sont tous des imbéciles qui ne comprendront jamais l'altruisme qui se cachait derrière mes gestes, la volonté de rendre la planète meilleure. Tant pis pour eux, qu'ils savourent leur vaine et minable petite victoire sur ce « monstre » que j'étais tandis que les vrais, ceux que j'ai tenté d'éradiquer, recommenceront à proliférer et envahir les rues de leur noirceur. Je laisse tomber cette Terre peuplée d'individus stupides et ingrats. Pendant un instant, j'ai cru qu'elle valait la peine qu'on s'offre en sacrifice pour elle mais ce n'est pas le cas. Ils sont, tous autant qu'ils sont, pourris jusqu'à la moelle et, quand ils réaliseront qu'ils courent tout droit à leur perte, il sera trop tard. Je les laisse à leur monde à la dérive, qu'il en fasse ce qu'ils veulent. C'est tout ce qu'ils méritent. Ni haine ni miséricorde. Juste l'abandon.
Je ne suis à présent plus qu'une âme flottant dans l'éther, si on peut réellement me qualifier « d'âme » car j'utilise ce mot, faute de trouver mieux. J'ai l'impression désagréable d'être inconsistant tout en gardant une forme qui se veut humaine mais dont les bords ondulent, ce qui m'écœure profondément. C'est comme si ce qui est en train de s'échapper de moi cherchait encore à s'accrocher à mon corps, dernier lien avec la réalité, en tentant d'en faire une pâle imitation, comme si se laisser aller constituait le dernier rempart avant l'acceptation de l'idée que je ne fais plus partie des vivants. Et ce n'est pas plus mal que je n'aie maintenant plus rien en commun avec eux. Lentement, je me glisse dans un état de semi-conscience, tout se floute autour de moi, je ne vois que des images troubles dénuées de couleurs. Est-ce le lieu de ma mort ou des réminiscences de mon existence que je vois défiler devant moi ? Je n'arrive pas à savoir et, à vrai dire, je m'en fiche.
Soudain, alors que je sombre doucement, une pensée me ramène avec brusquerie à la conscience. J'ai dit que je n'avais qu'un seul regret, c'est un mensonge. C'est faux, il y en a un autre, un picotement à l'endroit où se trouvait jadis un organe chaud et battant me l'indique, un vide dans mon cœur me rappelle qu'il y a un deuxième acte pour lequel j'éprouve des remords mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Je n'ai plus la force de lutter pour tenter de faire émerger de mon esprit une chose qui, je le sais par avance, ne fera que raviver une douleur enfouie. Dommage, pensé-je, tout de même déçu, ça avait l'air important...
Et la dernière étincelle de lucidité qui subsistait encore en moi s'éteignit.
Rassurez-vous, ceci n'est que le prologue. Prologue que l'on pourrait par ailleurs facilement résumer en une seule phrase : Raito est mort.
Toutefois, décrire en trois mots autant de sensations m'apparaît comme un sacrilège bien que, je vous l'accorde aisément, il ne se soit vraiment pas passé grand chose.
