Fatalité ?
La veste était de trop. Avec ça, elle croirait qu'il venait lui annoncer la mort de quelqu'un. Il aurait bien aimé mettre son blouson de l'équipe de basket mais déjà qu'elle le prenait pour un gamin, autant ne pas la conforter dans cette idée. Il allait devoir se rabattre sur sa veste de motard, elle était en cuir, tenait chaud et lui allait bien. Son seul défaut était qu'elle ne lui plaisait pas des masses mais tant pis.
Il fit le chemin en moto puisque Leah habitait assez loin. Elle s'était faite construire une maison dans la montagne, à l'abri des regards. Celle-ci pouvait ainsi servir de quartier général pour la meute de Jacob. Leah s'y était installée car beaucoup de personnes commençaient à vraiment se questionner sur son aspect. La louve n'avait pas cessé ses transformations et elle était dans la vingtaine depuis une vingtaine d'années. Certes, ça devait être très drôle de croiser ses anciens camarades mais les rumeurs sur les Quileutes étaient développé sans rajouter quelques voyages temporels.
Joshua l'avait toujours connue, et jamais il ne l'avait perdue de vu. On ne pouvait pas dire qu'elle était une amie de ses parents mais elle avait un lien de parenté alors occasionnellement, elle venait aux grands rassemblements. Elle l'évitait toujours. Lui en avait été d'autant plus curieux, il était tellement habitué à être dorloté que cela lui faisait un choc.
Il avait alors essayé de lui sourire ou de lui faire un signe de main. Elle répondait toujours. Sauf qu'ensuite elle disparaissait pour de bon, alors il avait arrêté. Il avait essayé de l'approcher, en se traînant à quatre pattes pour qu'elle le porte, mais c'était toujours quelqu'un d'autre qui le prenait, ou en s'incrustant dans une conversation qui ne le regardait en rien.
Ses tentatives avaient échoué, encore et encore. En désespoir de cause, il avait cherché des informations sur elle. Tous les gens qu'elle connaissait, lui aussi les connaissait (sauf les vampires – longue histoire). Alors il les avait questionnés avec tact et discrétion.
Leah était une métamorphe, comme son père et un bon nombre de ceux qu'il appelait « oncles ». Et s'il fallait décrire Leah, on disait qu'elle était indescriptible, et difficile à comprendre. Mais ce n'était pas suffisant pour lui. Ces informations, il n'avait pas besoin qu'on lui les dise, elles étaient tellement faciles à deviner. Alors il s'était rabattu sur sa mère, Emily et aussi sur Seth. Eux, ils connaissaient bien Leah, ils sauraient satisfaire sa curiosité.
Sa mère avait une façon étrange de raconter ses souvenirs de Leah. Elle en avait durant une période puis plus rien. Et Joshua avait beaucoup de difficultés à se dire que cette Leah, que sa mère adorait et qu'elle prenait toujours beaucoup de plaisir à lui décrire, avait quoique ce soit en commun avec celle qui le fuyait. De plus, il n'était pas stupide, ni sourd, il savait ce qu'il se cachait derrière cette période où sa mère avait perdu sa sœur de cœur.
Quand à Seth, il n'était pas aussi bavard qu'il aurait souhaité. Il ne lui refusait jamais une discussion mais généralement, c'était surtout le plus jeune qui se plaignait du comportement incompréhensible de Leah. Seth rigolait et lui conseillait un paquet de patience et une dose de bons moments partagés.
Joshua avait suivi ses conseils, il les avait suivis de près. Il avait profité de la difficulté qu'avait Leah à lui refuser de petites faveurs pour lui demander de l'aide pour des devoirs, lui proposer une partie de basket, ou d'autres moments un peu inutiles mais tout de même agréables à partager.
Ces moments n'étaient pas nombreux, ni fréquents néanmoins, il était toujours heureux rien qu'en se les remémorant. C'étaient eux qui l'amenait à penser qu'il avait une chance. Que peut-être que lui arriverait à conquérir Leah. Fol espoir, il en était conscient. Elle le considérait toujours un gamin elle avait l'âge de ses parents.
Il était peut-être complètement fou de penser qu'il pourrait la séduire. Il n'avait rien à lui offrir. Il n'avait pas d'expérience, il n'avait pas de puissance, il n'avait rien qui pourrait lui plaire.
Sauf qu'il était bien trop tard pour se dire ça, il était déjà devant sa porte. Elle avait du sentir son odeur puisqu'elle ouvrit alors qu'il n'avait même pas frappé. Elle lui fit un signe de tête pour qu'il entre et ne reste pas sous la pluie. Elle ne lui avait même pas laissé la possibilité de fuir.
— Comment tu vas Josh ?
Le jeune homme hocha la tête et lui retourna la question. Bien qu'on lui ait souvent dit qu'il faisait plus vieux qu'il ne l'était, il n'avait jamais autant ressenti qu'il n'était qu'un lycéen.
— Je suis ici parce que aujourd'hui est un jour spécial. C'est un jour de fête et de partage alors je suis venu partager mes chocolats avec toi.
— C'est très gentil.
Avec toute la bonne humeur qu'il avait en stock, Joshua lui présenta les chocolats qu'il avait trouvé. Il avait trouvé un plateau plein de divers gourmandises qu'ils s'amusèrent à goûter les notant comme s'ils étaient des chefs étoilés. Voilà un bon moment.
Jusqu'à ce qu'il aperçoive un sac de voyage sur le canapé.
— Tu pars ?
— Juste une petite virée de quelques jours, je vais sûrement la repousser.
Une « petite virée », ça lui arrivait de temps en temps. Elle partait prendre l'air. Elle prenait sa moto et partait au sud, dans n'importe quelle ville offrant un minimum de divertissements. À ses treize ans, il avait enfin réussi à savoir ce qu'elle y faisait. Si jeune, ça l'avait mis en colère en plus il ne comprenait pas l'intérêt de faire l'amour avec des inconnus, ça tuait le concept dans l'œuf. De toute façon, il ne pouvait rien y faire.
Maintenant qu'il avait dix-huit ans, il se disait qu'elle n'avait pas besoin de faire tous ces kilomètres, lui était là, tout près, à sa disposition. D'ailleurs, c'est ce qu'il voulait depuis longtemps. Alors ça le vexait qu'elle ne l'ait, semble-t-il, même pas envisagé.
— Leah, je peux te demander quelque chose ?
Elle hocha la tête puisqu'elle avait la bouche pleine.
— Tu apprécies les moments qu'on passe ensemble ?
La femme en face de lui fronça les sourcils, comme si elle voulait anticiper la suite de leur discussion. C'était sûrement le cas. Même si son corps restait jeune et athlétique, elle avait quelque chose dans le regard qui trahissait son âge. Elle avait vécu, bien plus que ce qu'aurait pu vivre n'importe quelle femme de vingt-sept ans. Ses yeux noirs analysaient tout ce qui était à sa portée, sûrement son poste de bêta qui se ressentait dans sa vie d'humaine.
Depuis qu'il avait appris que le noir était la couleur de la fécondité, il se demandait sans cesse comment seraient ses yeux posés sur un enfant. Il avait conscience que c'était risible, il n'avait même pas fini ses études secondaires qu'il imaginait des bébés. Mais ce n'était jamais le sien, c'était celui de Leah. Effectivement, il ne dirait pas non s'il pouvait l'assister à la procréation.
— Oui pourquoi ?
Il était juste à sa droite et se pencha vers elle. Il n'osait pas prendre la main qui battait un rythme assez semblable à celui de la musique de diffuser la radio. Il savait que cela tournait à l'obsession mais il ne put s'empêcher de regarder cette main pour trouver ce qui avait changé depuis la dernière fois. Leah avait certainement laissé quelqu'un lui limer les ongles.
— Ça te tenterait de... de sortir avec moi.
Il avait besoin de toute sa volonté pour la regarder dans les yeux. Elle ne rigola pas, ce qui était très bon signe, il fallait l'avouer. Il avait cette horrible sensation qui le ramenait à ses dix ans. Il avait eu la bêtise de dire à sa maîtresse qu'il était amoureux d'elle. À croire qu'il avait toujours apprécié les femmes plus âgées. Un de ses sourcils s'arqua gracieusement.
— Comment t'ait venu cette idée ?
… Au moins, elle avait pas dit non.
— C'est juste ce que je veux, ce que je ressens. Et je me disais que c'était peut-être partagé. Mais t'inquiète pas, je vais pas te traîner au bal des finissants.
— Le bal, je ne dis pas non, rit la louve en se détendant un peu, par contre je ne sortirai pas avec toi.
Joshua sentit un ourson cavaler le long de sa gorge. Ce n'était pas agréable ça.
— Pourquoi ? Qu'est-ce qui me manque ?
La femme qu'il désirait s'affala sur sa chaise et fixa son regard droit devant elle. Il devait à peine être dans son champ de vision. C'était tellement frustrant de ne pas pouvoir connaître chacune des ses pensées. Pas qu'il veuille violer son intimité, il voulait simplement qu'elle lui en livre un bout.
— Il ne te manque rien, tu es très bien tel que tu es.
— Alors pourquoi on ne peut pas sortir ensemble ? Leah, j'ai vraiment des sentiments pour toi.
— Je suis trop vieille pour toi.
— Argument irrecevable, sourit-il, surtout vu comme tu es bien conservée.
— J'ai couché avec ton père.
Joshua grimaça. L'ourson tapissait maintenant son œsophage et chaque goulée d'air était douloureuse. Il n'apprenait rien mais qu'elle le dise, c'était dérangeant.
— Je suis au courant, répliqua-t-il en se levant, la fixant d'un air décidé.
Elle ne pourrait rien faire pour le faire fuir. Elle se redressa quasiment en même temps.
— Et ça ne te dérange pas que j'ai aimé coucher avec ton père ?
— T'aimeras encore plus avec moi, la défia-t-il.
Elle éclata de rire devant son excès de fierté.
— Ce n'est pas une compétition, lui rappela-t-elle. Et je n'ai toujours pas changer d'avis. Donc je pense que tu peux partir.
Joshua regarda la porte qu'elle lui indiquait. Ce serait tellement simple de juste partir. Mais il se voyait déjà passer deux semaines dans son lit, prétendre être malade pour louper les cours les plus chiants et ruminer contre ses couilles molles.
— J'ai fini par comprendre. J'ai mis du temps, et au début ma théorie me paraissait farfelue mais j'en suis de plus en plus convaincu. Tu as toujours été différente avec moi et ça m'a intriguée. C'est la première chose qui m'a attirée à toi. Mais quand on a commencé à passer de moments ensemble, je me suis dit que tu me détestais pas. Et que tu était une femme superbe.
Leah ne souriait pas quand elle recevait des compliments, elle trouvait toujours cela suspect.
— Puis j'ai fait le lien entre les légendes et les brides d'événements racontés çà et là. C'est comme ça que j'ai compris ce qu'il s'était passé entre mes parents et toi. Et je pense, dis-moi si je me trompe, que tu t'es imprégnée de moi.
Le silence lui répondit. Leah fronçait toujours les sourcils, elle attendait la suite.
— Alors tout ton comportement a pris sens. Tu voulais que je me sens libre, libre et heureux. Tu ne voulais pas que je t'ai toujours sur le dos et que je me mette avec toi parce que c'était ce que voulait la logique de l'imprégnation. Tu voulais que j'ai le choix et je ne peux que te remercier d'avoir pris soin de moi à ce point.
— Pas besoin de me remercier, n'importe qui aurait fait de même.
— Arrête la fausse modestie, tu as certainement conscience d'être la seule qui ait été si chevaleresque.
Cela réussit à la faire sourire. Ses yeux noirs brillèrent.
— Leah, tu me crois quand je te dis que je t'aimais bien avant de savoir cette histoire d'imprégnation ? Tu es la femme de mes fantasmes et ce sont mes sentiments qui parlent.
La femme en face de lui massa doucement ses tempes. Il savait qu'elle avait du mal à lui résister parce que son instinct l'encourageait à sortir avec lui. Il ne voulait pas en profiter mais il en mourrait d'envie.
— Tu as dix-huit ans, profite de ta vie au lieu de t'encombrer d'une petite amie.
— Si c'est toi ma petite amie, ça n'aura rien d'encombrant.
Le jeune homme contourna le coin de la table pour se retrouver face à Leah avec un petit peu de vide pour les maintenir à distance. Ils faisaient la même taille, il avait de la chance qu'elle n'aime pas les talons sinon, il se serait senti d'autant plus ridicule.
— Je peux t'embrasser ?
Il avait la sensation qu'elle avait arrêté sa respiration.
— C'est vraiment pas une bonne idée.
Elle n'avait pas dit non ! Sa main se posa sur sa joue, il avait besoin de se retenir pour ne pas agripper la femme en face de lui. Il s'approcha un peu plus et embrassa sa lèvre inférieure. Ce baiser, il en avait rêvé, et plus d'une fois. Il s'était promis d'être doux et de ne pas passer pour un affamé. Il avait aussi décidé qu'il ne mettrait pas la langue parce qu'il paraissait que les femmes n'appréciaient pas forcément pour un premier baiser.
Tout ça, c'était dans ses rêves parce que jamais il n'aurait pu prévoir la réaction de Leah. Et Leah n'aimait pas la demi-mesure, elle n'avait rien de passif non plus. Lui, jeune innocent, ne savait pas que cela s'appliquait aussi à sa vie privée. Une main attrapa sa chemise pour le coller à elle et l'autre vint crocheter son cou. Il savait néanmoins qu'elle se contrôlait car malgré une relative brutalité, elle ne lui avait rien cassé.
Elle le prit par surprise quand elle glissa sa langue dans sa bouche. Il essayait de se concentrer sur ses sensations mais il se sentait horriblement gauche, surtout qu'il savait qu'elle avait infiniment plus d'expérience que lui. Cette idée dut lui sortir de la tête quand il sentit ses mains se faufilaient sous sa chemise. Il fut alors persuadé que tous ses fantasmes allaient se réaliser.
Brusquement, elle s'écarta de lui.
— Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée.
— J'ai beaucoup aimé cette mauvaise idée, répondit-il avec réparti. On recommence quand tu veux.
Derrière ses cils, il vit ses yeux brillaient. Il semblerait que cette envie soit partagée.
— Josh, ma position est un peu délicate et je t'avoue que ce que tu m'as appris me perturbe. Je reste persuadée que tu es trop jeune pour te poser définitivement mais on peut s'accorder quelques moments si c'est ce que tu veux. Et tu te décideras plus tard.
— Ça voudrait dire qu'on ne serait pas ensemble ?
Leah hocha la tête.
— Et toi, tu te sentirais comment ?
— Très bien.
— Mon cul ouais ! Personne n'est satisfait de boucher les trous. Arrête de faire la warrior s'il te plaît.
La femme en face de lui lui sourit délicieusement. Elle semblait s'amuser de son emportement.
— Dans ce cas, rien ne changera entre nous.
— D'accord, céda-t-il, dans deux ou trois ans je viendrais te harceler de nouveau.
— Marché conclu.
Joshua supposa qu'il n'avait plus aucune raison de rester. La liberté ne menait pas toujours à ce qu'on voulait mais le jeu en valait la chandelle. Maintenant il n'avait plus aucun doute, il avait de vrais sentiments pour cette femme. Elle était la seule qui avait fait un doigt au destin quand celui-ci lui avait désigné son âme sœur, elle ne permettait pas qu'on leur enlève leur libre-arbitre.
Peut-être que c'étaient beaucoup de complications pour peu. Mais ainsi, ils étaient sûrs et certains de n'avoir aucun regret, et même s'ils en avaient, ils ne pourraient s'en prendre qu'à eux même.
— J'ai oublié quelque chose, dit le jeune homme en s'approchant de la louve.
Elle était déjà en train de lui tendre sa veste. Il écarta sa main et l'embrassa de nouveau. Ce n'était plus leur premier baiser alors il se dit qu'il pouvait se laisser porter et se faire plaisir. Il laissa ses mains parcourir le corps musclé dans ses bras. Ses cuisses, ses fesses, ses hanches, sa poitrine. Il pouvait les toucher, les caresser, les cajoler.
D'ailleurs elle appréciait à entendre ses gémissements. Elle l'embrassait avec encore plus de hargne et le maintenait contre elle par sa ceinture. Il sentait que son petit soldat commençait à s'éveiller. Elle sut le repousser à temps.
— Bonne Saint-Valentin.
Cette fois, il pensa à prendre la veste offerte par sa mère et disparut. Ses deux baisers allaient le foutre en vrac pour au moins deux semaines, il le savait, et ça le réjouissait. Elle n'avait pas dit non. Et dans quelques années, elle dirait oui.
Il enfourcha sa moto et repartit chez lui. Il avait eu un après-midi mouvementé et il avait hâte de retrouver sa console. Les gouttes accompagnèrent son trajet et il rentra chez lui trempé.
— Joshua ! s'exclama sa mère, combien de fois je t'ai dit de mettre un casque en moto ?
Le concerné ne pouvait détacher son regard de la moto en contrebas qui allait prendre la nationale vers le sud. Il sourit. Il se sentait joyeux, intensément joyeux.
Il finit par se tourner vers sa mère et lui répondit avec son sourire de séducteur – qui n'avait jamais marché que sur sa mère :
— J'ai la tête dure.
Voilà un petit OS tout juste sorti du four. Et oui, je n'ai jamais abandonné ce fandom d'ailleurs je sortirai certainement d'autres OS sur les Quileutes ou les Volturi.
Sinon, qu'en avez-vous pensé ? Des critiques à faire ?
Était-ce trop gnangnan ? Est-ce que les caractères sont bien respectés (surtout celui de Leah du coup) ? Êtes-vous satisfait de la fin ?
A une prochaine peut-être, Maneeya.
NB : Incapable de résister, je vous offrirais une suite qui j'espère ne vous décevra pas. En tout cas vos commentaires sont encourageants, merci, un immense merci à vous. N'hésitez pas à lancer quelques envies temps qu'on y est (même si je compte suivre le canon).
