Hello les Oncers!
Voici ma nouvelle fic avec mon couple préféré, le Rumbelle. Cette fois-ci, j'avais envie d'écrire une histoire plus centrée sur Belle et beaucoup plus sombre que les autres fics que j'ai écrites. L'ambiance et le comportement des gens à cette époque (avant que Rumple ne devienne le Dark One) sont largement inspirés de Game of Thrones. C'est pourquoi le rating n'est pas T mais M. Un immense merci à ma bêta Yrnette qui a fait un travail fantastique!
Disclaimer : Les droits de la série Once Upon A Time ne m'appartiennent pas, juste mes idées tordues^^
Chapitre 1
Belle était face contre terre. Une terre molle qui avait une forte odeur… une odeur de fer. Elle ouvrit lentement les yeux et releva tout doucement sa tête qui la faisait affreusement souffrir. Elle dégagea péniblement sa main droite de sous sa poitrine et la mit contre son front. Que s'était-il passé? Elle laissa ses yeux aussi purs que le ciel après un orage d'été se perdre dans le paysage qui l'entourait. Que faisait-elle allongée dans la boue au milieu d'un champ noyé dans la brume matinale, bordé par une forêt qu'on devinait à peine au loin? Avant qu'elle n'eut la possibilité de rassembler ses pensées, le sol trembla et une horde de corbeaux prit son envol dans un tintamarre de croassements à glacer le sang du plus stoïque des guerriers. Le sol tremblait par à-coup en s'accélérant et en s'intensifiant, comme si le mouvement en demi-cercle d'un hachoir à fines herbes s'approchait inexorablement. Les tremblements s'amplifièrent tellement qu'elle pensa que la terre allait s'ouvrir sous son corps encore endolori par une chute dont elle ne gardait aucun souvenir. La peur commençait à l'envahir. Son cœur se mit à battre de plus en plus rapidement. Le danger approchait. Elle devait fuir.
Des cris lui parvinrent de la direction opposée. C'était des cris de guerre stridents. Le brouhaha, tant d'un côté que de l'autre, se rapprochait de la brunette, prise entre deux feux. Elle était tétanisée, haletante, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Son corps refusait de bouger malgré les signaux d'alarme envoyés par son cerveau. Des silhouettes commençaient à se détacher de la brume. Elle tenta de se lever en tremblotant sur le sol mou, s'appuyant sur son genou droit, perdant l'équilibre. Ce qu'elle vit la terrifia: une armée était en train de lui foncer dessus et probablement une autre allait aussi l'écraser! Le martellement des sabots des chevaux, la course des soldats et les hurlements qui donnaient du courage aux guerriers se mêlaient à d'autres hurlements, encore plus horribles et plus sourds.
Le dernier tremblement fut tellement violent que Belle fut projetée au sol tel un vulgaire fétu de paille. Du sol, elle put observer une immense silhouette courbée et imposante se dessiner dans la brume. La jeune femme hurla de toutes ses forces, desséchant sa gorge à mesure que l'air s'échappait, en voyant l'attaquant surgir de la brume et la fixer de ses yeux globuleux. Sa grosse tête ronde hideuse décorée de quelques poils gras et longs tombant le long de son crâne lui fit revivre le pire moment de sa vie. Belle ressentit à nouveau cette peur qui l'avait paralysée lorsque les ogres avaient pénétrés dans la bibliothèque de son château, lui arrachant la personne qu'elle aimait le plus au monde. Elle se rappela du sol qui tremblait à chacun de leur pas. De sa respiration saccadée alors qu'elle tentait de garder son calme. Des mots rassurants de sa mère. De ses mains chaudes qui lui disaient silencieusement de s'accrocher, de ne pas perdre espoir.
Elle revit cet énorme pied puant avec ses ongles cassés et mycosés s'enfoncer de plusieurs dizaines de centimètres dans la boue. Ses yeux se remplir de larmes de tristesse et de colère. Elle avait l'impression d'être à nouveau face à celui qui lui avait pris sa tendre mère. Elle serra les dents, tentant de se ressaisir mais ne put empêcher les larmes de glisser le long de ses joues rosées. Sans prévenir, le monstre se baissa, mit un poing dans la boue et lui faisait face, observant cette petite chose fragile au regard rempli de haine. Le temps de ce face à face, tous les sons environnants se turent. Les autres ogres et les soldats s'évanouirent dans l'épaisse brume. Il ne restait qu'eux. Le temps sembla suspendu à cet échange. Ils étaient comme seuls au monde. Seuls pour cette nouvelle confrontation. Il plissa le nez et grogna tellement fort que de la bave verte jaillit du fond de sa gorge alors que sa luette se balançait de gauche à droite. Belle ferma les yeux et détourna le regard alors qu'il s'approchait dangereusement d'elle pour la dévorer de ses dents acérées. Ses dents qui allaient se planter dans sa chair blanche et tendre. En tirant d'un geste sec, son bras lui serait arraché et englouti en une seule bouchée. Une douleur insoutenable l'engourdirait mais la vie ne la quitterait pas de suite tandis que son sang coulerait à flot et tacherait son chemisier venu d'un autre monde. Elle qui l'avait tant fuie, la mort serait ce qu'elle souhaiterait le plus au monde.
L'ogre lui asséna un coup violent de sa puissante main, la faisant virevolter dans les airs, évitant de justesse la lame aiguisée d'une épée. Elle heurta lourdement le sol, roula sous les solides jambes d'un autre monstre et termina sa course quelques mètres plus loin. Elle fut sonnée. Une douleur incommensurable s'empara de tout son corps. Elle essaya de bouger pour s'extirper de ce bourbier, sans succès. Elle s'était probablement brisé quelques os dans l'aventure. Alors qu'un ogre s'approchait d'elle, elle attrapa l'épée du soldat tombé à ses côtés et la brandit dans sa direction sans pouvoir se lever, le regard montrant sa détermination à se battre pour sa vie.
Un petit soldat s'interposa entre elle et l'ogre, l'épée brandie à deux mains. Il haletait bruyamment, pris d'une immense angoisse. La lourde lame tremblait dans ses frêles mains. Ses pauvres petits muscles n'étaient pas assez robustes pour soulever un tel poids et réellement effrayer le monstre qui plissa les yeux en fixant le petit être. Belle se mordit la lèvre et malgré la douleur, se mit sur ses pieds. La lourdeur de l'épée l'empêchait d'envisager le combat avec sérénité. Mais elle se dit qu'à deux, ils auraient peut-être une chance. Son cœur battait à tout rompre, sa respiration était rapide et courte, ses cils ne battaient plus. Ensemble, après un discret signe de la tête, ils s'élancèrent contre l'ogre avec toute la rage et la hargne qui les habitaient.
La bête se pencha et le garçon s'élança courageusement en courant puis sauta, l'épée en avant en poussant un hurlement qui venait de ses tripes. La scène qui se déroulait juste sous ses yeux était tellement cauchemardesque qu'elle se refusa à croire qu'elle était réelle. Elle resta paralysée par la peur à quelques mètres du monstre et ne put rien faire. Avant que le petit soldat n'effleure l'épaisse peau verdâtre et rugueuse, le monstre ouvrir grand la bouche et croqua le malheureux. Le haut de son corps disparut. Et lorsqu'il releva la tête d'un mouvement brusque sur la droite, le bas du corps se détacha dans un déchirement terrifiant. Le sang et les organes internes se retrouvèrent projetés dans les airs et une partie d'entre eux arriva sur la brunette qui perdit connaissance avant que le reste du corps du jeune homme ne s'écrase sur elle.
Il faisait sombre et froid. Elle n'entendait que sa respiration saccadée. Il y avait cette odeur de fer qui saturait l'air. Comme à son arrivée dans le champ. Elle avait la nausée. Elle dégagea une de ses mains et réalisa qu'elle était ensevelie. Prise de panique, elle se souvint de la bataille… et des corps. Les corps des soldats qui étaient certainement empilés… pour empêcher la propagation de maladies.
- A l'aide! Aidez-moi! Je suis coincée! hurla-t-elle à pleins poumons, espérant que personne ne boute le feu.
Les larmes montaient à ses yeux. La panique la gagnait et elle ne voyait pas comment elle allait se sortir de ce mauvais pas. Elle s'arrêta un instant pour laisser ses larmes couler et ses pensées l'envahir. Elle ne comprenait pas comment elle s'était retrouvée sur ce champ de bataille en pleine guerre des ogres. Si elle cauchemardait, la dernière image des intestins volants lui arrivant dessus aurait dû la réveiller. Elle se serait redressée d'un coup dans son lit en sueur et en hurlant. Ses cris auraient certainement tirés brutalement Rumple de son sommeil et il aurait trouvé les bons mots pour la réconforter. A cet instant, elle ne voulait qu'une chose: se retrouver dans ses bras et se dire que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve. Mais alors, pourquoi était-elle toujours dans la Forêt Enchantée à une époque révolue?
- Rumple! Rumplestiltskin!
Elle savait que si elle l'appelait trois fois, il y avait de fortes chances pour que le Dark One apparaisse et la tire de ce mauvais pas.
- Rumplestiltskin, je te somme de venir! exigea-t-elle.
Son cœur tapait très fort dans sa poitrine. Elle s'accrochait à l'espoir de le voir venir voler à son secours, de lui dire que tout allait bien et qu'elle n'avait plus à avoir peur. Les secondes s'écoulaient tellement lentement qu'elle se demanda si elle n'attendait pas plutôt depuis des heures. Le tic tac imaginaire d'une horloge raisonnait dans sa tête. Elle l'appela encore plusieurs fois mais rien ne se produisit. Personne ne vint la libérer. Elle ferma les yeux. L'espoir s'était envolé.
Elle inspira profondément, chassant sa tristesse, et concentra toutes ses forces dans ses bras pour pousser les cadavres qui la bloquaient. Comme elle aurait adoré avoir de la magie pour se sortir de ce mauvais pas! Ses dents étaient serrées, ses yeux plissés et les jointures de ses mains étaient blanches. Elle émit un cri insoupçonné et poussa le plus fort possible, s'aidant de ses jambes. Après une troisième tentative, les trois corps au-dessus d'elle roulèrent sur le coté et une bouffée d'air frais lui frappa le visage. Elle était en sueur et ses cheveux collaient à sa peau, le sang séché n'arrangeant rien. Elle se tortilla pour s'extirper de sa prison et se dressa sur ses pieds déchaussés qui s'enfonçaient dans la boue. Elle se tenait plus ou moins droite au milieu de ce champ fumant couvert de corps déchiquetés par un ennemi impossible à battre. L'odeur de chair brûlée qui s'échappait d'un amas de corps en flamme quelques dizaines de mètres plus loin était insoutenable.
- Aidez...moi.
Ce murmure et une petite main tendue dans sa direction attirèrent son attention. La jeune femme se déplaça tant bien que mal sur ce sol meuble, s'aidant de ses bras pour conserver son équilibre. Elle s'accroupit au côté du soldat blessé. Il s'agissait d'une fillette blonde aux yeux bleus d'à peine 15 ans. Ses larmes avaient creusés des sillons dans le sang qui avait séché sur ses joues.
- Je suis là, dit Belle de sa douce voix pour la rassurer. Je vais t'aider. Comment t'appelles-tu?
- Alayde, souffla-t-elle.
- Moi, c'est Belle. Où as-tu mal, Alayde?
La bouche de l'enfant se tordit mais aucun son ne sortit. Ses mots restaient piégés, étouffés par la cruauté de la bataille. Au lieu de mot, se fut une effluve de sang, craché par à-coup que Belle reçu. Paniquée, elle la secoua et la somma de rester avec elle, de ne pas abandonner. Mais les yeux bleus de l'enfant se fermèrent pour l'éternité.
- A l'aide! Il y a un blessé! hurla-t-elle en voyant à travers la brume, deux silhouettes empiler des corps sur une brouette.
Personne ne vint à elle malgré ses demandes répétées. Elle se leva et accourut dans leur direction en évitant les cadavres. La brume était un peu moins épaisse où ils se trouvaient. Les deux personnes portant les cadavres n'étaient que deux enfants. Ils la regardèrent avec une tristesse aussi profonde que les abîmes de l'océan dans leurs regards qui illustrait bien l'absurdité de cette bataille. Belle ne crut pas ce qu'elle vit et fit prise d'un malaise. Elle tomba à genoux, réalisant que les soldats n'étaient pas des hommes mais d'innocents enfants. Son cœur se brisa dans l'indifférence la plus totale. Ses sanglots lui brouillaient la vue. Elle ferma lentement ses paupières pour ne plus voir l'horreur de la guerre. Jamais rien n'effacerait les traces de sang, échappé ces corps brisés.
Les deux garçons l'ignorèrent, continuant à empiler les cadavres sur leur brouette puis à la vider sur l'immense tas qu'ils avaient créé. Les corbeaux étaient de retour et festoyaient en croassant. L'un d'eux piqua l'oeil d'un défunt et tourna la tête dans la direction de la belle brune aux chevaux collés par le sang. La rage l'envahit. Elle se redressa d'un coup et s'élança telle une lionne sur les corbeaux qui s'envolèrent un peu plus loin. La douleur se rappela subitement à son bon souvenir et elle s'écroula, pleurant toutes les larmes de son corps.
Après plusieurs minutes à terre, Belle serra ses poings. Elle devait se reprendre. Son regard de femme déterminée parcourut rapidement les lieux pour s'assurer qu'aucun danger n'allait se profiler. Elle tituba entre les corps, cherchant à sortir de ce bourbier. Dans la gadoue, elle retrouva miraculeusement sa paire de talons hauts qui la fit sourire. Elle se pencha pour les ramasser et les nettoya négligemment avec sa main. Elle allait vraiment souffrir dans la Forêt Enchantée perchée sur ses échasses!
Belle se retrouva sur un sentier, puis sur une route plus large avec des traces de roues à travers une épaisse forêt en automne. La saison était presque terminée. Les dernières feuilles accrochées aux branches étaient toutes desséchées. Il ne manquait plus que le premier grand coup de vent annonçant l'hiver pour les faire disparaître. Belle avait froid. Elle ne portait que son petit chemisier et une jupe courte. Heureusement qu'elle avait emprunté une cape à un mort pour se protéger un peu de la morsure du froid. Elle avançait péniblement, la tête basse et ses pieds nus étaient en sang. Des larmes silencieuses coulaient le long de ses joues. Elle repensait à sa mère, aux ogres, au garçon qui l'avait protégée et qui avait été sauvagement assassiné ainsi qu'à la petite Alayde. Quel monstre pouvait envoyer des enfants se battre contre des ogres? Cette personne devait être la plus lâche de toute l'histoire de la Forêt Enchantée! En regardant sa paire d'escarpins dans sa main gauche, elle repensa à Rumple qui devait être mort d'inquiétude, seul à Storybrooke. Elle espérait qu'il trouve une solution pour la tirer de ce cauchemar.
La nuit commençait doucement à engloutir toute la contrée et le froid s'intensifia. Belle serra la cape le plus près possible de son corps mais ne parvenait pas à se réchauffer. Elle n'avait croisé personne et il n'y avait aucun signe d'un village proche. Elle n'avait rien mangé depuis des heures et était épuisée. Elle sentait ses forces la quitter. Voyant une grosse pierre, elle s'assit sur les feuilles et appuya sa tête contre.
- Tout va bien se passer Belle, murmura-t-elle pour se réconforter. Ce n'est qu'un mauvais rêve.
Elle savait qu'elle ne devait pas s'endormir. La mort semblait si proche. Elle pouvait sentir ses mains gantées s'approcher doucement d'elle pour la tenter, pour lui offrir confort et réconfort. Mais elle devait se battre. Elle ne pouvait pas abandonner. Mourir seule au bord de cette route était inconcevable. Elle lutta de toutes ses forces en pensant à son amour. Elle souhaitait être dans ses bras à l'abri de tout danger. Malgré ses efforts, elle céda.
Merci d'avoir lu ce premier chapitre! Qu'en avez-vous pensé?
