Il y a une pub pour des céréales qui passe en ce moment, et ça me donne des idées pour embêter ce pauvre Iggy. Je n'ai pas pu résister à l'envie d'embêter ce pauvre Angleterre avec l'avis de quelqu'un d'autre que Francis sur sa cuisine.

« Papa, il fait pas comme ça ! »

Arthur se figea sur place, il venait à peine de sortir le bacon que sa toute nouvelle acquisition faisait une remarque désobligeante sur sa cuisine dans la langue honnis de son rival. Arthur siffla entre ses dents de la manière la plus discrète possible. Il fallait être patient, l'anglais savait qu'il y aurait une période d'adaptation assez difficile. Il se mit à chantonner un air de chez lui en bougeant la poêle pour bien répartir l'huile. Pas de protestation de la part du petit bout de chou qui le regardait fasciné. Il avait comme l'impression d'être jugé, il ne devrait pas avoir peur de la part d'un môme qui ne connaissait quasiment rien à l'art culinaire.

Avant d'oublier les œufs, il les prit dans leur panier pour les mettre sur le plan de travail.

« Papa, il fait pas comme ça ! »

Il le savait que son papa ne faisait pas comme ça ! Bon sang de bois ! Et puis, Arthur lui ferait passer l'envie d'appeler France, papa, sous son toit. C'était lui, son daddy maintenant ! Il s'en sentait blessé pour d'obscures raisons de rivalité transcendantes. Et surtout, il ne voulait pas que le petit appelle Francis ainsi lors des rencontres internationales. Ça pourrait jaser.

« Papa, il fait pas comme ça ! »

Il venait à peine de mettre le bacon et les œufs ! ça crépitait un peu. Il ne perdrait pas son sang-froid face à un gosse, ce n'était que le breakfast ! Quelques minutes et ce fut prêt, et il lui plaça l'assiette devant les yeux.

Le petit Canada regarda son petit déjeuner comme si c'était une horreur sans nom, il avait la bouche grande ouverte de consternation, et il dit encore une fois.

« Papa, il fait pas..

- Daddy makes it like this !It's a cultural difference ! (Daddy le fait comme ça ! C'est une différence culturelle !)

- Tu n'es pas mon daddy ! Je veux mon papa ! »

Matthew repoussa l'assiette avec une moue adorable. Arthur ne devait pas craquer face à un petit bonhomme haut comme trois pommes. Il devait avouer qu'il y avait très peu de personnes pouvant supporter son breakfast. Surtout un enfant qu'on venait d'arracher à son père.

« Qu'est-ce que tu voudrais ?

- Des pancakes avec du sirop d'érable !

- Je ne sais pas le faire. Des tartines avec du beurre ? Et du lait ?»

Matthew fit une légère grimace comme s'il manquait un élément essentiel à son bonheur. Arthur se remémora les brèves discussions qu'il avait eues avec son rival à propos de la jeune nation, et il comprit alors.

« Avec du sirop d'érable, bien entendu !

- Thanks, daddy ! »

C'était un premier pas qui ne portait pas très loin, mais c'était déjà une avancée notable. Il fallait tout faire pour que Matthew ne cours pas comme un dératé dans les bras de Francis à chaque fois qu'il le verrait.