Ma faute
Le terrain semblait avoir été dévasté. Il était jonché de kunais, de shurikens et de toute sorte d'armes tranchantes et coupantes. Au beau milieu, une silhouette féminine reprenait son souffle. Ses cheveux marron brillaient sous le soleil de midi. Les vêtements passablement abîmés et la coiffure défaite, elle respirait à grande peine.
_Tu ne devrais pas te tuer à l'entraînement à cause de lui.
_ Non ! qu'est-ce que tu racontes, je m'entraîne pour moi pas pour Neji !
_ A d'autre Tenten. Mais d'ailleurs qui à parler de Neji ?
La fille aux macarons regarda l'homme-chien avec une pointe de colère puis lui fit un sourire timide. Quand Kiba avait-il appris à aussi bien la connaître ? Un an, peut-être deux. Tsunade se plaisait même à dire que Shino et Hinata déteignaient sur lui. Elle n'avait sans doute pas tord.
_ Tu as raison, admit-elle, il me manque.
_Alors dit lui !
Elle leva les yeux au ciel abandonnant son visage à la lumière céleste.
_Mais Neji, c'est Neji. Il prendra ça pour de la pitié ou Dieu seul sait quoi d'autre.
_Oui, Neji c'est Neji.
_Neji était froid et depuis peu méprisant. Pour autant ni elle ni lui ne lui en voulait.
_Tu as de ses nouvelles ?
_Uniquement par Hinata. Elle dit qu'il va mieux mais qu'il refuse de me voir.
de nous voir, rectifia-t-il.
Kiba regarda un instant Tenten car il détestait lorsqu'elle avait cette voix, cette attitude timide, abattue et presque résignée. Si il ne la savait pas autant amoureuse du Hyuuga, il l'aurait sans doute prise dans ses bras.
_Ne renonce pas. Il finira par se calmer.
_Merci mais tout ça c'est plus pour moi. Je lui ai donné un an mais il n'a fait que me repousser.
_Tu l'as dit toi-même c'est Neji. Et puis perdre son Byakugan dans cette mission, ça lui a fait un choc.
Le visage de Tenten se ferma.
_Et c'est de ma faute, murmura-t-elle pour elle-même.
Mais Kiba avait raison, il fallait qu'elle l'affronte, tout cela n'avait que trop duré. Elle se redressa et partit en direction de chez Neji laissant Kiba sur place.
Tenten marchait désormais à pas lent. Elle connaissait ce chemin pour l'avoir fait des milliers de fois. Pourtant, cette fois même si elle était déterminée, elle sentait son courage s'étioler à chaque minute. L'immense portail des Hyuuga se dressa devant elle telle une muraille infranchissable. Un serviteur vint à sa rencontre et la fit entrer. Machinalement, elle se dirigea vers le terrain d'entraînement un peu plus loin. Dans le jardin, elle vit Neji qui s'entraînait. Elle sentit sa détermination faiblir et son courage disparaître devant ce jeune homme torse nu recouvert de sueur. Elle ne l'avait pas vu depuis plusieurs mois pourtant, il lui semblait qu'il n'avait pas changé. Toujours ce corps svelte et musclé, cette attitude à la fois noble et servile et ce visage sérieux. Seul ses cheveux semblaient désormais plus longs.
Neji finissait de s'entraîner. Depuis qu'il avait perdu son Byakugan, il devait redoubler d'effort pour être à la hauteur des autres ninja sans talent. Son oncle l'avait délaissé pour se consacrer complètement à Hanabi. Quand à son équipe, il n'était à présent qu'un poids pour eux. Lui, le Jônin le plus prometteur de sa génération, le meilleur du clan Hyuuga en était réduit à regarder les autres.
Soudain, il sentit une présence familière mais qui pourtant était devenu très rare. Il regarda près du portail et vit son ex-coéquipière la tête basse.
Il se dirigea vers elle d'un pas lent. Leurs épaules se frôlèrent pendant ce qui sembla être une minute, une heure et même une éternité. Il la dépassa sans même lui adresser un regard et continua.
Tenten qui jusqu'alors avait retenu ses larmes ne pût les contenir plus longtemps.
_Dis moi quelque chose ! cria-t-elle entre ses sanglots.
_…
_Dis moi que tu me hais ou que tu voudrais me voir morte, mais dis moi quelque chose !!
Il se retourna et la regarda d'un air froid et méprisant.
_Dis moi quelque chose, supplia-t-elle
_Je n'ai rien à te dire.
Il entra dans la maison en la laissant dans le jardin. Le cœur de Tenten se serra. En une minute, elle était passée d'une kunoichi de haut niveau à la poussière de ses sandales. Six mots lui avaient enlevé son talent, sa détermination, son courage et surtout son espoir. Ses jambes fléchirent sous elle. Elle tomba à genoux. Elle avait mal, tellement mal. Elle était coupable d'être un poids, de lui avoir fait perdre son Byakugan, de les avoir presque fait tuer. Elle aurait dû mourir tout aurait été bien plus facile.
****
Elle marcha et sans trop savoir comment se retrouva chez elle. Cet appartement sobre pour ne pas dire vide et surtout triste. Elle se plongea dans un bain brûlant gardant la tête sous l'eau pour ne faire que ce qu'elle faisait depuis un an : tenter d'oublier. Elle remonta enfin inspirant une grande bouffée. Elle porta la main à la bouteille de porto et au verre propre sur le rebord de la baignoire et le rempli à moitié avant de le porter à ses lèvres avec une sorte de délectation et de réconfort que seul l'alcool peu vous apporter.
Lorsque l'eau fut glacée et la bouteille vidée, Tenten se leva et s'habilla. Elle était dans le même état.
Il ne lui restait qu'une option l'entraînement. Elle sortie et se dirigea vers le terrain quarante huit.
Elle marcha longtemps sans vraiment faire attention et si l'option de l'entraînement avait fait irruption dans son esprit, elle semblait loin maintenant.
Lorsque la légère averse s'était transformée en pluie glacée, elle se trouvait devant l'appartement de Kiba. Elle se mit à l'abri sous le porche sans vraiment savoir pourquoi.
_Tenten ?
Elle leva les yeux et vit Kiba qui descendait les escaliers.
_Qu'est-ce que tu fais là ?
_…
Il regarda les yeux rouges de Tenten et son air passablement ivre et serra les poings de rage.
_Aller monte, on va parler.
Il cala la jeune femme de son épaule et l'emmena à son appartement.
L'appartement de Kiba était devenu comme lui : calme et rangé. Il avait compris avec les années que les filles préféraient ce genre d'appartement au grand désordre issu d'un cataclysme post- apocalyptique qu'il adorait tant.
_Tu es trempée !
Elle ne s'en était pas rendue compte…en fait si, mais n'en avait cure.
Il s'éclipsa quelques minutes et revint avec un yukata et une serviette.
Tu peux prendre une douche ou te changer je vais mettre tes vêtements à sécher.
Elle prit le vêtement et s'exécuta tel un automate.
Au bout de quelques minutes, elle revint dans une tenue plus que négligée. Les cheveux trempés lui tombaient sur les épaules et sur le dos sans qu'elle n'y fasse rien.
Kiba qui avait préparé du thé, lui en tendit une tasse.
_Tiens, bois ça te feras du bien.
Assise dans un recoin du canapé, Tenten semblait perdu dans ses pensées.
_Tu as vu Neji, que s'est-il passé ?
_Je n'ai pas vraiment envie de parler.
_Que t'as-t-il fait pour que tu sois dans un tel état ?
Le dresseur de chien n'aimait pas particulièrement Neji au contraire depuis un an qu'il traitait tout le monde avec encore plus de dédain, ils ne se parlaient même plus.
_Rien, il ne m'a rien fait.
_A d'autre Tenten. Tu as bu et tu es trempée. Regarde toi !
Elle soupira.
Après avoir bu quelques gorgées, elle lui raconta son entretient avec le Hyuuga.
Il ne put que la prendre dans ses bras la laissant pleurer tout son saoul.
Depuis cette fameuse mission que l'on pourrait qualifier de catastrophique, Tenten et Kiba s'étaient rapprochés et étaient devenus de bons amis. Ils sortaient souvent boire ou se retrouver pour parler mais le sujet de conversation était toujours le même : Neji.
Tenten avait repoussé cette conversation depuis si longtemps que les paroles de Neji avaient presque arrêté son cœur. Elle avait toujours tût ses sentiments pour ne pas le gêner et même aujourd'hui, elle n'était pas sûre qu'il sache à quel point elle l'avait aimé. Elle devait se rendre à l'évidence, il s'agissait du passé. Peut-être à cause de l'alcool ou peut-être pas mais elle n'éprouvait plus rien sinon la sensation d'une grande solitude qui devait être rapidement comblé… même dans les bras d'un autre.
Elle se blottit contre lui encore plus fort. Il la serra avec cette douceur que l'on connaissait au nouveau Kiba.
_Il ne sait pas à côté de quoi il passe.
_Tu le penses vraiment ?
_Oui, affirma-t-il.
Elle releva les yeux vers lui sentant son cœur battre plus rapidement. Il avait le rouge aux joues comme un écolier qui venait de recevoir son premier bisou ce qui fit rire Tenten. Il avait bien changé.
Elle balaya une mèche rebelle de son visage. Sa main descendit doucement sur le visage devenu plus carré et dur avec le temps : un visage d'homme. Elle dessina les marques en forme de triangle de ses joues et fini par atteindre ses lèvres. Ils sentirent tous deux cette chaleur qui leur manquait depuis trop longtemps.
Il passa une main presque tremblante dans ses cheveux. Avant de ramener son visage vers lui. Ils s'embrassèrent tendrement presque timidement et lorsque leurs langues s'effleurèrent, il y eut cette espèce de sentiment qui fait qu'on se sent moins seul.
Il avait cédé mais il était heureux. Heureux comme il ne l'avait pas été depuis longtemps. Il s'était juré de ne pas le faire pour de mauvaises raisons, de ne jamais profité d'elle, de son chagrin, mais là c'en était trop. Trop pour un homme qui aimait cette femme depuis plusieurs mois, trop devant un corps abandonné, trop face à ce besoin de tendresse et surtout trop face à ce simple peignoir blanc.
Le remord le gagnait à chaque étreinte, à chaque baiser, à chaque caresse mais il continua. Il continua jusqu'à ce que leur deux corps n'en puissent plus d'être enfermés dans leurs prisons de tissu et la porta jusque dans la chambre. L'étreinte se fit plus sensuelle, plus passionnée, plus sauvage, plus coupable aussi. Et quand sa langue goutta aux larmes salées de la jeune femme, il sut que ce n'était pas à lui qu'elle ferait l'amour ce soir.
Malgré sa passion brûlante, dévorante même, il essuya ses larmes, l'embrassa une dernière fois sur les lèvres et la cala contre lui.
Si elle s'était débattue pour reprendre cet échange, lui avait lutté contre sa nature pour ne plus ardemment la désirer.
Elle avait fini pas abandonner et s'endormir dans les sanglots.
****
Lorsqu'il se réveilla, la place près de lui était vide et froide mais il n'en avait cure.
Il n'y avait qu'un mot écrit par une main tremblante: merci.
J'adore Tenten et c'est pour ça que j'ai écrit un petit one shot sur elle. Si vous avez aimé dites le moi j'en ai d'autres en réserve !
A bientôt
Hanaty
J'espère que ça vous a plus. Laissez moi des reviews. Si vous en voulez d'autres j'en ai en réserve!!
