Disclaimer : Albator, Clio, Doc, les marins de l'Arcadia, Warius et son Karyu, Toshiro, Mayu, Eméraldas, Mi-Kun et Tori-San appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto.

Les autres personnages sont à bibi

1.

Figé sur place, Soreyn demeura incapable de la moindre réaction alors que les derniers débris volaient encore dans l'immense salle, portés par le souffle de l'explosion.

- Aldie… murmura-t-il.

- Je peux savoir pourquoi tu me raccroches au nez ? aboya ce dernier alors que les portes du deuxième des trois ascenseurs s'ouvraient dans son dos de son ami.

- Aldie ! Mais qu'est-ce que tu fiches là ? !

- J'ai fini par décider de me prendre aussi un café… C'est quoi ça ? Qu'as-tu fait à mon bureau ?

- Moi, mais rien du tout ! Je sortais juste de l'ascenseur, et… J'ai cru que…

- Effectivement, on dirait que ça s'est joué à un cheveu.

Le bip du troisième ascenseur arrivant à l'étage les fit se retourner d'un bloc.

- Ne traînez donc pas ici ! glapit Kwendel, les autres bombes sont sur le point de péter !

- Quelles « autres bombes » ?

Une nouvelle déflagration pulvérisa les portes de l'issue d'évacuation, de l'autre côté du plateau, tandis que le premier ascenseur était détruit à son tour.

- Ces bombes, fit sombrement Kwendel.

Un long moment, Aldéran se demanda si le brouillard était dû aux nouveaux débris des explosions, ou si c'était parce qu'il s'était fait balayer comme un fétu de paille au travers du couloir. Ses oreilles bourdonnaient et ses sens désorientés ne lui permettaient pas d'arriver à se replacer dans son environnement et encore moins à se relever.

- Debout ! intimait d'ailleurs Kwendel en le secouant comme un prunier, ce qui devait signifier qu'il n'avait que des blessures superficielles.

Battant des paupières, il aperçut Soreyn à quelques mètres de lui, le fémur de sa jambe gauche ayant transpercé sa cuisse.

- Sors-le d'ici, chuinta-t-il, sa propre voix résonnant étrangement à ses tympans fragilisés.

- Mais toi, tu es mon frère ! protesta Kwendel qui avait réussi au moins à le faire se redresser à genoux.

- Faites ce que Skendromme vous a dit, je m'occupe de lui, jeta une voix que celle-la, Aldéran ne put identifier, bien que vaguement familière.

Encore incapable de tenir sur ses jambes, Aldéran se sentit relevé par une poigne solide et soutenu jusqu'au seul ascenseur encore en état de marche.

Appréciant finalement que ses oreilles presque bouchées l'empêchent d'avoir les poils hérissés par l'alarme stridente, les services de secours internes passant par les escaliers d'évacuation, et une antenne médicale les attendant trois étages plus bas, Aldéran songea à nouveau que sa bonne étoile lui avait fait éviter le pire, sa vie se jouant sans nul doute à quelques secondes près !

« J'ai comme l'impression que quelqu'un n'a pas apprécié que je déjoue l'attentat contre Solkadir ! ».

Bien qu'ignorant qui s'était mêlé plus qu'à propos des suites des déflagrations, Aldéran se dit que s'offrir un petit malaise tombait à pic et il se laissa sombrer dans l'inconscience.


Rassuré à la vue de la mine de sa belle-sœur qui sortait de la chambre d'Aldéran, Skyrone soupira d'aise.

- Ayvi ?

- Contusions et brûlures superficielles, l'informa-t-elle, également avec soulagement. Ils ne le gardent en observation que pour la commotion qui l'a fait tourner de l'œil au moment où le service médical de l'AL-99-DS1 le prenait en charge. Demain, je le ramène à la maison…

- … dont il va filer illico pour évaluer les dégâts et la situation de son Bureau.

- Je ne vois pas trop comment l'en empêcher. Et c'est sûr qu'entre le fait que son poste de travail a été visé en premier et que ce n'est pas le moment que ses équipes rencontrent des difficultés à cause des dommages en cette période si agitée.

- C'est toujours agité, releva Ayvanère.

- Et Soreyn Romdall ?

- Lui en revanche est immobilisé pour quelques semaines. Ils ont placé des broches et une longue revalidation l'attend. Mais d'après ce que me dit le chirurgien, il ne devrait souffrir d'aucune séquelle.

- Donc on va dire que tout se termine bien.

- Aldéran ne le verra pas sous cet angle, remarqua Ayvanère, mais l'essentiel est qu'il n'y ait que des pertes matérielles à déplorer.

- Au fait, qui est venu prêter main-forte à Kwendel pour les faire évacuer avant qu'une quatrième explosion ne volatilise le local de détente de l'étage ?

- Un certain Tersic Olker.

2.

Bien que son corps lui renseigne que qu'il avait pris, pour changer, une très mauvaise décision, Aldéran était arrivé à l'AL-99-DS1 en milieu de matinée, la seule concession étant qu'Ayvanère l'avait conduit – le tout-terrain resté de toute façon au parking souterrain depuis la veille – et était montée avec lui.

Kycham et Jarvyl, ses deux subordonnés directs, le regardèrent avec réprobation mais s'abstinrent de la moindre remarque.

- Faites-moi le point, pria simplement le grand rouquin balafré en se dirigeant néanmoins vers le fauteuil le plus proche pour s'y asseoir. Les dégâts me paraissent moins importants que ne me l'avaient donné à croire le fracas des déflagrations.

- Les équipes ont déjà procédé à un sacré nettoyage, elles ont travaillé d'arrache-pied toute la nuit durant, expliqua Jarvyl. Elles ont récupéré tout ce qu'elles pouvaient et restaurés un maximum de connexions possibles afin de permettre aux agents des Unités de travailler.

- Votre bureau est totalement rasé, intervint Kycham. Vous ne pourrez pas le réintégrer avant minimum trois semaines car, avec le bureau de Lozère, plusieurs murs porteurs ont été endommagés et il faut d'abord les stabiliser. Si vos deux secrétaires devront se partager une salle, il vous faudra aller squatter ailleurs.

- Je vais prendre le poste de travail de Soreyn. Il ne s'en apercevra même pas vu que j'aurai regagné mes pénates bien avant son propre retour.

- Son pronostic médical est toujours optimiste ? insista le Leader de l'Unité Léviathan.

- Oui, tranquillisez-vous. De toute façon, je prendrai régulièrement de ses nouvelles, et lui-même ne manquera certainement pas de nous les transmettre une fois qu'il sera rentré chez lui.

Aldéran avait bu la moitié du verre d'eau que Kycham lui avait apporté, Ayvanère près de lui, le couvant tendrement du regard. Il passa la langue sur ses lèvres, ignorant comment aborder le point suivant qui le turlupinait car si Soreyn n'avait pas encore pu être interrogé, il ne soufflerait lui non plus pas mot de l'intervention de Kwendel.

- Comment a-t-on pu laisser filé Olker hier soir ? grogna-t-il enfin.

- Les trois derniers étages de l'immeuble étaient légèrement sens dessus dessous, rappela Kycham. Les alarmes explosions et incendies vrillaient les tympans et plusieurs des systèmes de sécurité ont bloqué les accès autant entrant que sortant, internes et à l'extérieur.

- La priorité des équipes allaient à la maîtrise des flammes, à la sécurisation des lieux et à l'évacuation de Soreyn et de toi, ajouta Jarvyl. Olker leur était peut-être inconnu, mais elles n'ont pas prêté plus que cela attention à lui, peut-être même l'ont-elles pris pour un des nouveaux membres des volontaires.

- Possible, admit Aldéran qui n'avait pas besoin d'un miroir pour savoir qu'il pâlissait à vue d'œil. Kycham, tu t'occupes de transférer mes affaires au poste de travail de Soreyn ? Jarvyl à toi de superviser la remise en état matérielle.

- A tes ordres.

Ayvanère se pencha sur son mari.

- Maintenant, je te ramène à l'appartement, et ça ne se discute pas. Tu as un jour d'arrêt pour te reposer un maximum. Demain, je te laisserai faire ce que tu veux, comme à ton habitude.

- A demain, fit Aldéran à l'adresse de ses subordonnés.

- Ce sera un peu travail en zone sinistrée, surtout pour la fin de la semaine, mais on tâchera de faire au mieux, promit Kycham.

Presque mis à la porte de son lieu de travail, Aldéran quitta les lieux.


En début de soirée, ayant dormi depuis son retour chez lui, Aldéran avait retrouvé sa femme – Alyénor et Albior chez l'aîné de leurs oncles.

Ayvanère sourit.

- Kwendel était là, ça ne m'étonne guère, sauf peut-être qu'il soit arrivé un chouya en retard au lieu de vous faire sortir tous les deux avant la première des bombes. Mais, qui est cet Olker ? interrogea-t-elle.

- Un nouvel électron libre du passé de mon père, qui avait bâti rancune et souffrances sur des souvenirs d'enfant incomplets et faussés. Mon père a fini par lui exposer la vérité et il a compris ses erreurs. En revanche, je me demande bien comment il a pu atterrir ici…

- Il te l'expliquera, et dès ce week-end, assura Kwendel en se matérialisant dans le salon.

- Tu pourrais éviter ces entrées mélodramatiques ? gronda son ancien jumeau. Je vais finir par avoir une crise cardiaque à tes apparitions !

- Mais non, mon cœur est à toute épreuve ! s'amusa Kwendel. Et je te conduirai à Olker le moment venu. Je te laisse finir la journée au calme. A bientôt.

Kwendel disparu, Aldéran se blottit contre Ayvanère, savourant ses tendres câlins.