No man's land. Cette zone où nul homme ne peut s'aventurer sans y risquer sa peau. Une zone de guerre, meurtrie, ravagée, palissadée, dans laquelle aujourd'hui aucun être ne peut pénétrer. Est-ce que tenter d'y entrer serait de l'inconscience, un péril pour sa vie ou de l'égoïsme quand on sait que notre présence à l'intérieur pourrait causer encore bien plus de dégâts qu'auparavant ?
C'est un dilemme dont je ne suis pas sûr de ressortir indemne. Mais en attendant, je souffre de ne pas savoir ce qui s'y cache. J'aimerais tant qu'on me laisse y entrer, découvrir par moi-même les lambeaux de cette zone dévastée, comprendre ce qui s'est passé, pourquoi elle m'est inaccessible, pourquoi on ne me donne pas ma chance... Tout en acceptant ce passé douloureux, j'entasserai ce chaos dans un tout petit coin pour qu'on oublie peu à peu, mais jamais je ne le ferais disparaître car je sais combien il est important pour qu'on puisse s'y recueillir dans les moments de doute et faiblesse afin de puiser la force de se relever et d'avancer.
J'aimerais être celui qui saurait reconstruire ce champ de bataille pour faire entre-apercevoir à nouveau la vie, une lueur de soleil sur des vergers en fleurs, que quoi qu'il arrive désormais je serai là pour le protéger et le défendre.
Ce no man's land porte un nom et il s'appelle coeur. Le coeur de Ziva. Et il me paraît aussi inaccessible que le mystère des rêves. Minuscule devant ses remparts, je ne peux y pénétrer. Je reste résolument devant, les yeux rivés sur son enceinte. A l'affut de la moindre faille, je scrute cet étau de pierre dont les barbelés aiguisés peuvent s'abattre sur vous tel la queue d'un scorpion.
J'aimerai arriver avec mon arme de séduction massive pour démolir ces murs infranchissables. J'y lancerai des grenades de bouffées d'oxygène pour assainir l'air. J'y déposerai des mines personnelles où chaque fois qu'elle poserait un regard, une de mes grimaces s'échapperait et la ferait rire à grand éclat. J'y ferai entrer la lumière, la légèreté d'une brise d'été et défierai quiconque de l'attaquer à nouveau.
Peu à peu, je pourrais y marcher sans risquer de me faire descendre. Dans un long processus, j'évacuerais les débris et ferais de cet endroit une zone protégée.
J'aimerais que l'Histoire de ce no man's land me soit contée pour connaître les insurgés qui l'ont bafoué. Que je puisse comprendre et partager son passé dans le but de l'apaiser.
Le temps faisant son affaire, les murs se fissureront et j'espère que je serais le premier à y mettre un pied car j''attendrais devant ces remparts autant que nécessaire.
