Disclaimer : les personnages et l'univers sont à Pratchett. Je garde, une fois de plus, les chaussettes, ainsi que le dragon en peluche .

Genre: ceci sera sans doute une série de One Shot sur des thèmes absurdes qui viennent trop souvent parasiter mes délires du Disque-Monde (et aussi d'Harry Potter, d'ailleurs...)

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Objections.

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1- L'Expérience.

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Tout commença par un frémissement général. Une sorte d'unanimité dans la protestation, à peine perceptible. Seul Cogite s'en aperçut : l'Econome continuait à babiller sur les sornucles trompues qui blozetaient de fleur en fleur (?), Ridculle touillait vigoureusement le mélange d'un bourdon ferme et les autres mages attendaient impatiemment la merveille promise.

Rincevent aurait sans doute lui aussi remarqué l'anomalie, mais dès que l'Archichancelier avait annoncé le début d'une expérience visant à améliorer le rendement de leur chaudière thaumique, il avait couru se planquer sous son lit, sans doute prêt à bondir dans son Bagage à la moindre explosion.

Cogite n'avait pu y couper : sa présence était justement nécessaire pour empêcher que tout ne saute, le moindre contact extérieur avec la substance magique pouvant occasionner quelques… dégâts. Il avait ainsi réussi à dissuader le titulaire des Runes Modernes d'ajouter une poudre bleue quand Ridculle avait le dos tourné («Ben quoi ? ça lui ferait passer l'envie de se moquer de mes chaussettes!») (1), à empêcher le titulaire des Etudes Indéfinies de tremper son dragon en peluche dans le joli bouillonnement de magie rouge et or («Allez, juste le temps de raviver les couleurs !») et à rattraper in extremis un bout de macaron que l'assistant d'Incertitude Créative avait négligemment lancé («Tout ça, c'est bouillon, sou-soupe et compagnie, un peu plus, un peu moins…»)

Bref, tout se présentait pour le mieux (en tout cas : pour le moins pire (2)), et Cogite s'était accordé quelques secondes de détente sur une chaise. C'est alors qu'il chancela légèrement, et toute la pièce avec lui. Interloqué, il se redressa, examina d'un air suspicieux son siège (qui prit son meilleur air de « Moâââ ? nooon... ») et finalement se rassit. Ridculle commençait à prononcer les formules traditionnelles en s'emmêlant un peu dans les passes de main au-dessus du chaudron, mais c'était sans importance : juste du spectacle pour épater la galerie.

Sans importance... sauf que dans les rudes montagnes du Bélier, au robuste pays de Lancre d'où venait l'Archichancelier (comme il aimait à le rappeler 4 ou 5 fois par jour), on ne fait pas confiance aux poches qui se trouent, se décousent et laissent pernicieusement filer leur contenu dans la nature. Cogite s'en souvint lorsqu'il vit un mouchoir roulé en boule s'échapper de la manche de Ridculle au-dessus du chaudron, et il s'en trouva sur le cul.

Sa chaise, prenant ses jambes à ses accoudoirs, venait en effet de lui fausser compagnie.

En une fraction de seconde, ce fut le chaos total : bancs et tables massives, d'un bel ensemble, venaient de sauter par les fenêtres, tandis que le chaudron (un tripode aux vifs réflexes) se carapatait dans un coin de la pièce, évitant de justesse le catastrophique mouchoir (en égratignant quelques mages au passage, mais on ne fait pas de magie en marchant sur des œufs). Seuls les murs, l'évier (qui n'avait pas réussi à se désencastrer) et les vêtements étaient restés à leur place – même si Cogite avait senti sa robe le tirer vers la porte, qui s'était d'ailleurs sauvée dans le couloir, abandonnant lâchement ses charnières couinant de peur.

Ridculle marcha à grands pas en direction du chaudron mutiné, brassant largement l'air autour de lui.

« Cochonnerie de fer-blanterie ! Attends un peu de voir de quel bois se chauffe mon bourdon ! »

Cogite regarda avec terreur livres, briquet, sandwiches et trombones s'échapper des manches furieuses tandis que le mage s'approchait du chaudron traqué. Ce dernier, animé de l'énergie du désespoir, fonça, feinta la montagne ridcullienne (3 pieds contre 2 jambes, c'est légèrement plus rapide) et sauta dans l'évier, se vidant avec force glouglou de la substance instable. Le temps que Ridculle l'attrape par la anse et le secoue comme un prunier (pas savant) (3), il avait repris la grave et consciencieuse immobilité qui faisait de lui depuis quelques décennies un chaudron exemplaire.

Si l'Archichancelier était hors de ses gonds (comme quoi, il n'y a pas que les portes), les autres mages semblaient surtout déçus.

« Si on m'avait laissé ajouter un peu de sulfate de cuivre, tout cela ne serait pas arrivé...

- Et mon dragonneau ? qui va me reteindre mon dragonneau ? »

Même l'Econome regardait tristement par la fenêtre l'hécatombe de meubles qui jonchait le jardin.

« La table en chêne a écrasé un nid de trizulles blobloteuses... »

Cogite haussa les épaules. Ils oubliaient de se plaindre d'être encore en vie.

Ridculle, lassé d'insulter un objet impassible, chercha un autre défouloir et se tourna tout naturellement vers le directeur du Centre d'Energie Thaumique.

« Stibon ! Expliquez-moi donc tout ça !

- La magie de l'U.I., monsieur. Elle a imprégné les objets et visiblement, ils peuvent par moment faire preuve de... euh... (bon sens ? instinct de survie ?) ... d'initiative.

- Et alors ? Vous aussi, pourtant vous n'êtes pas parti en courant quand l'expérience allait aboutir ! »

Cogite se garda de répondre sincèrement sur ce qu'il aurait fait s'il avait eu le choix.

« Et bien, monsieur, il semblerait juste que les objets avaient quelques... objections quant à ce projet. »

Ridculle le fixa d'un air dégoûté.

« Les objets. Des objections. Stibon, c'est le jeu de mots le plus pitoyable que j'aie jamais entendu. Allez plutôt vous rendre utile en nettoyant le jardin ! »

Cogite, soulagé de s'en tirer à si bon compte, se précipita dans le couloir, où il heurta un Rincevent pieds nus et affolé.

« Qu'est-ce qui se passe ? Mon lit vient de se jeter du haut de ma tour et mes chaussettes se sont sauvées avec mes chaussures! (4)»

Cogite haussa des épaules (il devenait maître dans cette subtile discipline) :

« Une expérience qui a mal tourné. »

Et il planta là le maje, en direction de la lingerie : ramasser les débris de bois, d'accord, mais s'il y avait en plus les attributs odorants de Rincevent gambadant sur le tas, il préférait se munir de pinces à linges. Si elles ne s'étaient pas sauvées avec le reste.

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Fin (de la 1ere objection)

(qui a dit "abjection"???)

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"Objets inanimés, avez-vous une âme ? " (Lamartine)

Au passage: cette histoire concourt pour la fic contenant le plus de jeux de mots pourris. Combien, à votre avis?...

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Notes :

(1) Les chaussettes, dans tout le Multivers, c'est sacré. On ne se moque pas des chaussettes des autres, on ne mouille pas les chaussettes des autres, on ne pique pas les chaussettes des autres. Même le Bibliothécaire, pourtant quadrimane, vous le confirmerait. Oook !

(2) Lorsqu'il est question des mages d'Ankh Morpork, « moins pire » n'est pas une faute de grammaire, juste une triste réalité.

(3) Secouer un prunier savant peut s'avérer dangereux. Surtout lorsqu'il n'a plus ses dents de lait.

(4) La force de l'habitude, sans doute. En général, les jambes de Rincevent commencent à courir pile au moment où ses chaussures et chaussettes se disent qu'il est temps de changer de paysage.