Bonjour à tous, bienvenue pour cette nouvelle histoire. Avant tout, quelques points de détail :
- cette histoire suit la trame des romans sur Guren, prequel au manga durant quelques chapitres. Si cela vous intéresse et que vous comprenez suffisamment l'anglais, je vous passerais un lien où les découvrir. Donc, je suis la trame et cela inclut des spoilers. Je tâche de varier mais il y en a malgré tout.
- L'histoire se passe principalement du point de vue de Kureto. Par conséquent, il juge avec ce qu'il sait d'une situation.
Bonne lecture.
Aéroport de Nagoya.
Devant un camion de l'armée, une jeune femme blonde hésitait sur la marche à suivre. Elle venait tout juste de sortir d'une mission de sauvetage assez risquée, et avait écopé de quelques blessures. Néanmoins, c'était la personne qui l'avait aidée dans cette mission qui la faisait hésiter de la sorte. C'était tellement inattendu … tellement bizarre. Et tellement fou aussi. Risquer sa vie quand on avait sa position pouvait même être perçu comme carrément débile par certains. Alors quand Aoi Sanguu en avait donné la raison … la blonde avait cru prendre un coup de massue. On lui aurait annoncé la venue de Dieu sur terre qu'elle en aurait été moins surprise.
Finalement, elle prit une inspiration puis marcha vers le véhicule. Elle se présenta ensuite à l'arrière. Dedans, un homme aux cheveux bruns courts était assis, tête baissée et torse nu. Quelques pansements et bandages avaient été apposés. En tout cas il était seul. L'homme remarqua sa présence, et releva la tête. Son regard était aussi froid que d'habitude.
« Un problème Saya ?» dit-il.
« Non non … juste …»
Elle regarda sur le côté, cherchant ses mots.
« Dis Kureto, c'est vrai tout ce que nous a dit Aoi ?» dit-elle enfin.
Saya regretta aussitôt d'avoir été aussi directe. Mais elle avait tellement de questions à lui poser, sans parler du choc de la nouvelle que la jeune femme ne put ordonner ses pensées. Kureto darda un regard aiguisé mais froid sur elle.
« À quel sujet ?» demanda-t-il lentement.
« De … tes … sentiments. Pour euh … »
Kureto se redressa complètement, ignorant la douleur de ses blessures.
« Elle vous en a parlé ?» reprit-il d'une voix où sourdait la colère.
Saya acquiesça.
« Je vais la tuer.»
« Allons ! Elle ne pensait pas te faire du tort. Elle était simplement énervée qu'on ne comprenne pas pourquoi tu as soudainement décidé d'aller au front. Pour une mission suicide quasiment. Et puis elle t'a rendu service en t'évitant de le faire. Enfin, je crois que c'est devenu évident pour tout le monde.» tempéra Saya en croisant les bras.
Kureto Hiiragi soupira en se passant une main sur le visage. Peut-être que oui au fond, Aoi Sanguu lui avait-elle rendu service.
« Et … comment a-t-elle réagi ?» questionna-t-il.
« Comme moi, avec l'air de quelqu'un qui vient de prendre un coup sur le casque. » répondit Saya en croisant les mains derrière la nuque.
« Et c'est tout ?»
« Ben mets-toi à sa place ! Déjà qu'elle s'est fait pilonner la tête par les vampires, voilà qu'en plus on lui apprends que toi, le grrraaand Kureto Hiiragi héritier d'une puissante famille, pas en bons termes avec la sienne au passage, a risqué sa peau pour la sauver … parce qu'il l'aime.» résuma Saya.
Les joues de Kureto se colorèrent. Saya ne put retenir un sourire ironique. Elle monta ensuite dans le véhicule et vint s'asseoir à côté de lui.
« Alors dis-moi : d'après ton assistante ça ne date pas d'hier cet amour. Tu veux bien me raconter comment pareil prodige a pu se produire ? » demanda-t-elle gentiment.
Kureto lui jeta un regard en coin.
« La veille de la rentrée à l'école Shibuya. C'est ce jour-là que je l'ai vue pour la première fois. Je n'oublierais jamais ce moment. Je … je n'avais rien vu d'aussi beau de toute ma vie.» avoua-t-il, le teint prenant une couleur plus soutenue.
C'était un jour de printemps. Les cerisiers étaient en fleur, et par moments certains dispersaient leurs pétales, donnant lieu à une pluie de fleurs. L'air était doux et le temps ensoleillé. Kureto avait décidé de profiter de ce dernier jour de paix, se promenant dans les rues alentour. Il connaissait notamment un endroit en hauteur offrant un beau panorama sur la cité. Peu gens le connaissaient, aussi pouvait-il espérer une certaine tranquillité. Il avait laissé son escorte pour marcher. De toute manière, il savait parfaitement bien se défendre et avait confiance en sa force.
Le lendemain, il devrait reprendre sa place de président du conseil des étudiants, poursuivre son apprentissage de sortilèges et autre à l'école de sorcellerie de Shibuya.
Ce fameux institut formait des élèves issus des meilleures familles, et ce durant trois ans à partir de quinze ans. L'enseignement était strict et l'apprentissage difficile. Les moins doués se voyaient renvoyés de l'école. Seuls les meilleurs des meilleurs restaient. En ce qui le concernait, Kureto était déjà en troisième année. De plus, l'école était administrée par la secte Mikado No Oni fondée par sa famille. Les enfants Hiiragi étaient vus comme des dieux dans cette école. Pour lui, une bonne manière de s'entourer de gens talentueux. Kureto grimpa un escalier, quand soudain il lui sembla entendre une voix. Il leva la tête, cherchant à déterminer la provenance de ce son, voire à identifier son propriétaire.
C'était une voix féminine, qui s'élevait en un chant ma foi plutôt plaisant. Une brise se leva, soulevant ses mèches noires. Kureto continua à gravir les escaliers. Une fois en haut, il finit par découvrir une silhouette féminine. À première vue elle ne lui était pas familière. Lui tournant le dos, elle chantait tout en valsant doucement. Vêtue d'un jean et un t-shirt blanc, une casquette rouge plantée sur la tête, elle opéra un tour sur elle-même tête vers le ciel. Des cheveux noirs longs jusqu'aux épaules volèrent, des pétales de cerisiers suivant son mouvement. Le vent souffla un peu plus fort. Kureto suivit le spectacle du regard juché sur l'avant-dernière marche de l'escalier. La voix était claire, emplissant l'espace. Elle paraissait danser avec le vent.
Ce dernier souffla soudain avec force, arrachant sa casquette. Kureto tendit la main et la rattrapa au vol. Il découvrit alors le visage de la jeune fille. Des traits fins, digne des grands maîtres sculpteurs, une bouche rose, et des yeux à l'étonnante mais captivante couleur violette. Des mèches noires retombaient devant ce regard qui déjà l'emprisonnait. Elle était plus jeune que lui. Kureto acheva de monter l'escalier puis avança vers la jeune fille. Il lui tendit sa casquette. Les yeux améthystes parurent le sonder. Il ne put s'empêcher de noter l'éclat particulier de ces prunelles. Un regard froid, méfiant. Le regard de quelqu'un qui en a déjà vu beaucoup. Et pourtant … il se sentait comme plongé dans ces iris.
Elle tendit la main sans le quitter des yeux et reprit son bien. Quelques pétales vinrent orner sa chevelure ébène.
« Merci.»
Sa voix le libéra de l'emprisonnement de ses yeux, le ramenant soudain sur terre. L'inconnue se coiffa de sa casquette, passa à côté de lui puis descendit l'escalier en glissant sur la rampe. Kureto se retourna et tendit une main.
« Ah … »
Trop tard, elle avait déjà disparu. Kureto resta un moment à fixer l'escalier. Se sentant encore pris au piège des prunelles violettes, il gagna un banc. Là, il tendit les jambes et bascula la tête en arrière. Qui pouvait bien être cette fille ? En tout cas, il n'avait jamais croisé pareil regard. Ni un visage aussi ravissant. Kureto resta perdu dans ses pensées durant un moment, jusqu'à ce que la voix d'un serviteur de sa maison ne parvienne à ses oreilles. Il grogna, ayant l'impression de recevoir un seau d'eau glacée.
« Kureto-sama, enfin vous voilà ! Nous étions inquiets, il ne faut pas disparaître ainsi.»
Le serviteur récolta d'un regard mortuaire qui le fit se raidir aussi sec. Il fut même à la limite de se souiller. Kureto poussa néanmoins un soupir, puis se leva.
Le jour suivant fut le jour de la rentrée. Un jour d'ennui pour lui. Notamment le discours d'accueil devant l'ensemble des élèves fait par le représentant des nouveaux venus, à l'auditorium. Cette année, c'était le jeune frère de Kureto qui avait été choisi : Kohaku Hiiragi. Il était ressorti avec les meilleurs résultats aux examens d'entrée, et était pressenti pour prendre la tête de la famille. Pour le moment, ça Kureto s'en fichait un peu. Il n'écoutait même pas son discours de bienvenue. En fait, il ne pouvait s'empêcher de repenser à la rencontre d'hier. Tout le reste de la journée de la veille, et encore aujourd'hui.
Il sourit. Quelle drôle d'idée. Il ne la reverrait sans doute jamais, et il avait bien mieux et plus important à penser. Il chassa donc l'image de cette mystérieuse fille et tâcha de se concentrer sur le discours de Kohaku. Mais l'ayant entendu déjà depuis deux ans, il décrocha bien vite et retint un bâillement. Enfin, le discours s'acheva avec un tonnerre d'applaudissements. Kureto se leva et se dirigea vers la sortie, les autres étudiants s'écartant sur son passage. Il gagna son bureau. Aujourd'hui il devait rencontrer sa nouvelle assistante engagée pour lui : Sanguu Aoi. Il trouva la jeune fille âgée d'une quinzaine d'années devant son bureau. Elle s'inclina devant lui.
« Aoi Sanguu à votre service, Kureto-sama.» dit-elle.
« Bien. Entre.»
Il la fit passer en premier, puis alla s'asseoir. Là, il expliqua en quoi consisterait son travail : convoquer les étudiants devant s'entretenir avec lui, se charger des compte-rendus du conseil, rassembler diverses informations sur la vie de l'école. Ce n'était pas là une liste exhaustive, ainsi qu'elle le découvrirait plus tard. Aoi écouta le tout avec attention.
« Aurais-tu déjà des remarques à me faire ? » demanda enfin Kureto.
« Non, simplement qu'aujourd'hui est aussi le jour où un membre de la famille Ichinose est arrivé dans notre école.»
« Ah oui c'est vrai. Mais peu importe, les autres se chargeront fort bien de lui apprendre sa place.» fit Kureto.
Il ne prit même pas la peine d'apprendre le nom de cette personne. Les Ichinose ne méritaient pas qu'il s'intéresse à eux pour le moment.
De son côté, le fameux membre de la famille Ichinose endurait sa première journée de cours. Ou plutôt devrais-je dire, la fameuse. Car il s'agissait d'une fille, prénommée Nekomi. La journée n'avait pas démarré sous les meilleurs auspices. Tout le monde dans cette école méprisait sa famille. En arrivant ce matin, elle avait été accueillie par une cannette de cola qui l'avait inondée. Ensuite, une fille l'avait attaquée avec un sortilège qui l'avait flanquée à terre. Peu de temps après, Nekomi l'avait retrouvée dans sa propre classe, et avait appris son identité : Saya Hiiragi, une fille adoptive choisie pour être la fiancée de Kohaku.
Malgré cela, elle avait souhaité s'asseoir à côté de Nekomi, et lui avait même demandé d'être amie avec elle.
« Je vais la sentir passer cette année.» se dit Nekomi, une fois chez elle.
Son père avait loué pour elle et ses deux gardes un vaste appartement, doté de cinq chambres dans un immeuble non loin de l'école. Elle était donc occupée à déballer quelques cartons avec Hanayori Saionji et Yukimi Yasushi, deux garçons du même âge qu'elle.
« Nekomi-sama ! Que voulez-vous manger ce soir ?» questionna Saionji.
Châtin clair avec une figure joviale et amicale, de grands yeux noisette, Saionji avait tendance à parler beaucoup notamment lorsqu'il était nerveux. Il était un peu plus grand que Nekomi.
« Aucune idée, ce que tu veux.» répondit-elle.
« Du curry ? »
« Va pour le curry. Par contre, vous serez gentils de ne pas vous incruster dans ma chambre.» fit Nekomi.
« Nous sommes chargés de votre protection, Nekomi-sama. Nous ne devons pas vous quitter un seul instant.» rappela Yukimi Yasuhi.
Si Saionji était le type même de la joie de vivre, Yasushi était tout le contraire. Visage hermétique, parlant d'un ton posé, rien ne transparaissait de ses émotions. Il chassa une mèche bleutée de son visage.
« Que dalle. Vous dormez dans vos propres chambres un point c'est tout. Un peu de respect pour mon intimité.» ordonna Nekomi.
Yasushi haussa les épaules et alla déballer un carton dans une chambre. Nekomi poussa un soupir. Vivre tous les trois ensemble n'allait pas être simple. Enfin, c'était mieux que ce qui l'attendait en classe. Là, elle devait endurer les humiliations, accepter d'être considérée comme le rat de sa classe, voire l'ordure. La raison : ne pas montrer sa véritable force à la famille Hiiragi. Si jamais ils s'apercevaient qu'elle était plus forte qu'elle était censée l'être, ils l'élimineraient aussitôt ainsi que ses gardes et sa famille. Donc, le programme était de courber la tête et de passer pour faible. En dehors de Saya, tout le monde semblait la prendre pour telle.
Nekomi leva les yeux de son carton en pensant à cette fille. Elle avait émis l'idée que la brune cachait sa force. Il faudrait alors lui démontrer le contraire.
Les dix jours suivants passèrent en un éclair. Tous semblables : être ridiculisée en permanence, durant les exercices, l'entraînement au combat. Dans toutes les matières Nekomi perdait face aux partisans des Hiiragi. Ainsi, elle se retrouva sur le sol durant un exercice impliquant toute l'école. Goshi Norito, celui qui venait de l'envoyer bouler la regarda avec étonnement.
« Déjà que ça m'ennuie de me battre contre une jolie fille, il faut en plus que celle-ci soit aussi faible d'un bébé. Franchement c'est pas comme ça que je vais m'améliorer.» dit-il.
« On devrait en parler au professeur. Lui dire qu'avec une minable comme ça le moral de la classe va baisser.» intervint un élève.
« Oui je crois aussi. Me demande comment elle fait pour intégrer une classe d'élite.» fit Goshi en se détournant.
Nekomi se relevait, quand une fille aux cheveux d'un roux flamboyant lui demanda si elle n'en avait pas marre d'être ainsi rabaissée.
« Eh bien, il s'agit tout de même d'un membre de la maison Goshi, alors il est plus fort que moi de toute évidence.» répondit Nekomi en remettant de l'ordre dans son uniforme.
« Oui mais … attends une minute. Tu as dit lors de la rentrée que tu ne connaissais pas ma famille, mais la maison de seconde classe Goshi tu la connais ?» questionna Mito Jujo, presque vexée.
En s'entendant traiter de seconde zone, Goshi fit volte-face. Lui et Mito ne tardèrent pas à se disputer, pour finalement se battre. Ils étaient vraiment rapides, et leurs sortilèges puissants. Saya profita de la bagarre pour interpeller Nekomi.
« Saaaluuut ! »
Elle arriva vers la brune en gambadant comme à son habitude. Elle s'annonça impressionnée par la capacité de sa camarade à encaisser sans trop de dommages. Nekomi tenta de couper court à la conversation. Mais Saya était déterminée à connaître son véritable potentiel. En classe, elle lui avait fait part de son dégoût pour les Hiiragi, et qu'elle souhaitait avoir Nekomi Ichinose dans son camp. Aussi, la blondinette proposa-t-elle un match. Naturellement, une Hiiragi attirant l'attention comme le miel les abeilles, tout le monde tourna la tête vers elle.
« Je ne suis pas digne d'être ton adversaire.» tenta Nekomi.
« Tais-toi et bats-toi.» répondit la blonde.
Un sort s'enroula autour du poignet qu'elle leva. Nekomi plissa les yeux. Elle sentit que son adversaire avait l'intention de tuer. Si elle gérait mal la situation elle risquait d'y passer. Toutefois, elle reçut le poing de Saya en pleine poitrine. Un craquement se fit entendre. Saya la regarda chuter avec incrédulité.
« Mais c'est pas vrai d'être aussi têtue ! Ou alors t'es vraiment faible à ce point ?» s'écria-t-elle.
Mito se précipita et remarqua que du sang s'échappait de sa bouche. Mais l'enseignante ne bougea pas, se contentant de sourire avec mépris. Voyant que Nekomi ne bénéficierait d'aucune aide, Goshi la prit dans ses bras et l'emmena à l'infirmerie. Saya le regarda faire, les mains sur les hanches. On avait enseigné à Nekomi de ne jamais défier les Hiiragi, et visiblement elle s'y tenait. Cependant, elle aurait pu se contenter de simplement esquiver les attaques. Que ferait-elle alors lors de l'examen hebdomadaire ? Saya se demandait vraiment ce que Kohaku lui trouvait. Elle n'éprouvait aucun sentiment amoureux pour lui, mais était très intriguée par celle qui avait conquis son cœur.
La blonde avait attendu avec impatience de pouvoir la rencontrer. Alors oui, Nekomi était vraiment mignonne, mais cela ne devait pas être suffisant pour un être aussi brillant que Kohaku-sama. Il y avait forcément autre chose. Saya pensait sincèrement que Nekomi cachait sa force. Connaissant les Hiiragi c'était compréhensible. Une chose était sûre, cette fille était incroyablement négative, et pas des plus sociables non plus.
Pendant ce temps-là, Kureto était parvenu à ne plus penser à son étrange rencontre la veille de la rentrée. Aoi Sanguu s'était avérée efficace et consciencieuse, il n'avait rien à lui reprocher. Concernant le membre de la famille Ichinose, dont il ignorait toujours le prénom et l'apparence, son assistante lui avait rapporté les brimades quotidiennes qu'il subissait et à quel point il paraissait faible. Kureto hocha distraitement la tête. C'était dans l'ordre des choses depuis quelques siècles déjà. Rien d'anormal donc.
« Attends. Tu as bien dit elle ?» releva-t-il.
Aoi hocha la tête. C'était donc une fille. Bof, fille ou garçon le traitement serait le même. Il replongea donc dans le dossier qu'il lisait. Un rapport sur l'église Hyakuya. Le grand adversaire des Mikado no Oni, et donc des Hiiragi. Les deux organisations étaient très importantes, avec un nombre de partisans conséquent. Quoique la secte Hyakuya présenterait plus d'effectifs que celle des Hiiragi. En tout cas, ils possédaient un orphelinat pas très loin d'ici. Connaissant l'organisation, certainement un endroit capable de fournir des cobayes humains.
Cette secte travaillait sur l'élaboration d'armes contenant des démons, mais aussi sur un projet impliquant des sorts interdits. Des armes puissantes, qui leur fourniraient sans doute la possibilité d'éradiquer une fois pour toute leurs rivaux. Les Hiiragi menaient exactement le même genre de recherches, et avait aussi conduit des expériences sur un être humain. Le jour où l'une des deux parviendrait à créer ces armes, ce sera la guerre. Une guerre qui affecterait le pays tout entier, vu leur importance. Et Kureto entendait bien que sa famille soit celle en possession de ces armes. Des espions avaient été dispatchés au sein de l'église Hyakuya. Pour l'heure, il fallait rester vigilant. Le jeune homme referma le rapport puis s'étira. Il devait rejoindre le gymnase pour une session d'entraînement. Sur son passage, quelques filles de son année gloussèrent.
Il les ignora totalement. Mais cela lui rappela une petite brune qu'il avait rencontré la veille de la rentrée. Il se souvint de ce regard captivant. Ses cheveux noirs, son visage fin … Kureto releva la tête. Et crut bien voir apercevoir sa silhouette passant au fond du couloir. Il marqua un arrêt, fronçant les sourcils. Non, ce devait être quelqu'un d'autre. Il reprit son chemin. Il arriva au gymnase en même temps que les autres étudiants. L'un d'eux lui céda le passage. À l'intérieur, l'enseignant inclina sa tête devant lui. Les étudiants prirent place au centre, délimitant un espace de combat. Le professeur appela ensuite deux d'entre eux pour un premier match. Chacun se mit face à face, se jaugeant.
Puis un premier sort fusa. Essentiellement, la magie utilisée ici était celle des Hiiragi. Venait parfois s'ajouter des sorts venus d'Europe ou encore d'Inde. Certains sorts permettaient d'augmenter la vitesse, d'autres la capacité au combat. Kureto observa les combats comme s'il regardait une émission de télé-achats. Basiquement, il était le plus fort de son année et donc n'avait rien à apprendre des autres. Tandis que ses camarades observaient avec attention. Lorsque vint son tour néanmoins, il ne retint pas ses coups. Il avait une réputation à maintenir après tout. Toujours est-il qu'il ne lui fallut qu'un seul coup pour envoyer son adversaire à terre. Kureto retourna à sa place sans même attendre le verdict du professeur.
« Comme attendu de la part de Kureto-sama. Voyez avec quelle rapidité il a su cerner son adversaire et anticiper son attaque. C'est vers ce résultat que vous devez tendre, tous.»
Kureto reçut félicitations et flatteries de la part des étudiants à côté de lui. La routine, quoi. Un à uns, les étudiants s'affrontèrent. Certains sortilèges pouvaient être mortels si mal dosés. Mais même avec ce risque, personne ne renoncerait. Cela entraînerait simplement une baisse du score. La police ne serait pas contactée en cas de décès d'un élève. Ainsi fonctionnait l'école Shibuya. L'entraînement suivant fut consacré au maniement des armes blanches : sabres, kunaïs, poignards, épées courtes bref toute une panoplie. L'exercice serait plus physique.
Durant cinq minutes, les élèves dotés d'un sabre non aiguisés répétèrent une série de mouvements. Vint ensuite un exercice deux par deux, et enfin un affrontement pur et simple.
Après quoi, il leur fallut passer au lancer de couteaux et étoiles. La sueur commença à perler au front de chacun. Une heure plus tard, les élèves furent libérés. Ils se rendirent aux douches avant de retourner en classe, après une pause de dix minutes. Sur le chemin, Kureto crut encore apercevoir la brunette.
« Je rêve ou quoi ?» se demanda-t-il.
Cette fois, il alla dans la direction qu'elle venait de prendre. Il aperçut la même chevelure qu'il y a presque un mois. Serait-elle donc dans cette école ? Une petite et brève joie traversa son cœur. Peut-être saurait-il enfin qui elle était. Mais il n'avait pas le temps de se pencher sur la question. Et puis s'il s'agissait vraiment de la même fille, dans ce cas il n'y avait pas lieu de se presser. De plus, Kureto ne s'interrogea même pas sur son envie de la connaître. Il était curieux voilà tout. Rien de plus. Si elle avait du talent, elle pourrait devenir sa subordonnée. Ce serait donc tout bénéfice.
Durant les jours suivants, Kureto observa avec un peu plus d'attention les jeunes filles autour de lui, cherchant à reconnaître celle qui l'avait tant intrigué. Il savait qu'elle était plus jeune, et donc celles de son année ne l'intéressaient pas. Par contre, il fit attention à rester discret. Une rumeur était si vite lancée, il ne voulait pas que les filles du cru le croient en quête d'une compagne. Autrement il n'aurait pas le cul sorti des ronces. Il fit le tour de celles en seconde année, pour constater qu'elle ne s'y trouvait pas. Restait à analyser celles de première.
« Mais où est-elle ? Je me serais donc trompé ?» se dit-il.
Il repéra celle appartenant aux Jujo, facile avec ses cheveux roux, Aoi aussi, puis Saya … son regard s'arrêta sur elle. Elle était en compagnie d'une autre fille qui paraissait ennuyée. Kureto s'arrêta. Un visage d'ange, une bouche en bonbon et des yeux violets. Pas de doute c'était bien elle. Ses yeux noisettes détaillèrent la jeune fille. Son uniforme soulignait ses formes et dévoilaient ses jambes entourées de collants. Ses cheveux étaient noués en partie en deux couettes qui lui donnaient un air adorable. Saya babillait gaiement comme à son habitude.
« Aoi.» appela Kureto lorsqu'elle passa près de lui.
« Monsieur ?»
« Tu vois la fille à côté de Saya là-bas ?» demanda-t-il.
La petite blonde hocha la tête.
« Elle a ton âge, sais-tu qui elle est ? »
« Oui elle est dans ma classe. Elle s'appelle Ichinose Nekomi. Future tête de la même famille.»
Kureto arrondit alors les yeux, non sans pousser intérieurement un cri d'exclamation. Ichinose ? Elle ?
« Tu es sûre ?» demanda-t-il.
« Certaine. Souhaitez-vous vous entretenir avec elle ?» questionna Aoi.
« Non.»
Il la regarda passer du coin de l'œil. Ainsi donc, voilà donc la représentante de cette famille hautement méprisée. Quelle ironie. Il avait fallu que ce soit précisément cette fille qui pique son intérêt. Le réflexe traditionnel du Hiiragi de la mépriser émergea un instant, avant d'être refoulé presque aussitôt. À la place, il sentit naître un conflit interne. Il ne devait plus s'intéresser à elle sauf cas exceptionnel. Les Hiiragi ne sauraient se mélanger aux Ichinose, ces traîtres. Mais elle l'intriguait encore plus maintenant. Que faire ? Autour, les étudiants se dispersèrent, chacun rentrant chez eux. Kureto prit machinalement le chemin de son propre appartement, incertain de la conduite à tenir.
Temps présent, Nagoya.
« Donc si je comprends bien, tu as eu le coup de foudre pour Nekomi.» résuma Saya, après avoir entendu cette première partie de l'histoire.
« Oui. Je l'ignorais simplement à ce moment-là.» dit Kureto en se levant.
Il trouva une veste et une chemise neuves que lui avait déposée son assistance.
« Et j'imagine que ça t'as fait un choc quand tu as appris son identité.» continua la blonde.
Elle dénicha une lingette antiseptique qu'elle passa sur son visage un peu meurtri, et quelques pansements ailleurs.
« En effet. Je me suis même demandé si les Ichinose n'avaient pas fait exprès d'engendrer pareille beauté.»
Saya le regarda les yeux en bille.
« T'es sérieux là ? Si c'était possible les autres familles l'auraient tenté bien avant eux.»
« Je sais je sais. Au fait, où est-elle ?» reprit Kureto une fois vêtu.
« En train de se faire soigner ailleurs. Et pas si vite, j'aimerais entendre la suite de l'histoire.» lança Saya en le rejoignant.
« Tu crois vraiment qu'on a le temps pour ça ? Nous sommes en pleine bataille je te rappelle, les vampires ne vont pas tarder.» rappela Kureto.
« Eh bien abrège dans ce cas.»
Ils sortirent du camion. Dehors, les soldats s'apprêtaient à accueillir les vampires, tandis que ceux envoyés tuer les nobles se faisaient soigner. Saya remarqua un camion encore fermé, et se demanda ce qu'il contenait.
« Alors, tu as fait quoi quand tu as appris que Nekomi était une Ichinose ? » lança Saya.
« À mon tour de te poser la question : t'es sérieuse là ? Je t'ai dit que nous n'avions pas le temps.» répondit Kureto.
« Oooh allez ! Tu peux bien te confier à ta sœur préférée non ?» minauda Saya.
« Quand ai-je prétendu que tu étais ma sœur préférée ?» rétorqua Kureto en se tournant vers elle.
« M'étonnerais que ce soit Shinoa, après le coup qu'elle t'a fait quand elle avait huit ans.» répliqua Saya sans se démonter.
« Donc tu t'en souviens. » dit-il d'une voix posée.
« Tu plaisantes ? Mon meilleur fou rire, évidemment que je m'en souviens. Et tu sais, c'est une anecdote que personne d'autre que les trois personnes présentes ce jour-là connaissent. Détail qui encore changer.» lança la blonde.
« Tu oses me faire du chantage ? » gronda Kureto.
« Et comment ! L'histoire est trop intéressante pour que je laisse tomber. Alooooors ? » sourit la blonde avec ironie.
Kureto la dévisagea, elle et son expression d'innocence incarnée. Si jamais elle ouvrait son clapet à propos de cette anecdote … que Nekomi pouvait attester, il était fichu. Il finit par soupirer en fermant les yeux.
« Très bien. Mais ne m'interromps pas.»
« Yay ! Promis ! » exulta Saya.
Les persos connus qui ont changé de sexe :
Shinya = Saya
Nekomi = Guren
Sayuri = Saionji
Shigure = Yasuhi
Mahiru = Kohaku
Voilà, je crois que je n'ai oublié personne.
