OS écrit dans le cadre de la communauté LJ : 30 baisers : 30 thèmes, un couple.

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Auteur : Lenoska ( the_leny_show sur LJ)
Couple : Remus Lupin & Sirius Black
Fandom : Harry Potter
Rating : G
Thème : 1 - Regarde-moi
Disclaimer : L'univers d'Harry Potter appartient entièrement à JK Rowling


Comme une princesse...

Il était parti, parti pour de bon, parti pour de vrai... Remus aurait pu s'y habituer, aurait du s'y habituer facilement, après tout, treize années à Azkaban, c'était un peu comme une petite mort pour Sirius. Il s'était fait à l'idée de ne jamais le revoir, à l'idée que son ami mourait à petit feu dans les bras des Détraqueurs. Il avait appris à oublier son ami... Il était toujours plus simple d'oublier quelqu'un lorsque vous le pensez coupable du meurtre de votre meilleur ami, lorsque vous le pensez coupable d'avoir ruiné vos vies.

Après l'enfermement de Sirius, Remus s'était renfermé, oubliant l'extérieur et ses prérogatives. Puis il y avait eu son unique année de professorat. Douce ironie que d'enseigner la Défense Contre les Forces du Mal lorsqu'on faisait soi-même partie du programme, des créatures dangereuses évoquées dans les livres. Cette période de la vie du loup-garou avait été la meilleure en treize ans. Il lui semblait parfois que sa vie avait cessé avec la disparition de James et Peter pour redémarrer avec la présence de Harry.

Harry...enfant de la Maraude, digne héritier de son père dont les cheveux de jais et la myopie avaient su se faufiler dans les gènes du petit. Le retrouver dans le train à la rentrée avait été la fois un crève-cœur et une bouffée d'espoir. Durant un moment, alors que les brumes du sommeil le quittaient, il avait cru être revenu en arrière. De retour à ses jeunes années avec un James plus vrai que nature. Mais l'effet était vite passé,ne laissant que nostalgie et désillusion. De ce jour, il avait décidé d'apprendre à connaître le garçon comme Harry et non comme le fils de James. Il l'observa durant la moitié de l'année, se réjouissant de chacun de leur rapprochement.

Et puis, il y avait eu le passage de la Cabane Hurlante. Voir le corps de son ami, si abimé, si douloureusement usé et sale, voir la lueur de folie qui végétait dans le regard de Sirius lui avait donné envie de fuir, fuir le plus vite et le plus loin possible pour ne plus voir les ravages d'une erreur judiciaire. Il avait bien senti les frissons accusateurs de l'homme qui lui faisait face et ils le faisaient se sentir petit, tout petit et coupable surtout. Coupable de ne pas avoir pu croire en lui, en sa parole, d'avoir douté et condamné celui qui avait montré un soutien sans faille lors de la révélation de la vraie nature du jeune Lupin.

Durant un instant, un court instant, Remus avait craint de ne jamais avoir la possibilité de retrouver son vieil ami, mais là encore, la loyauté de Sirius avait fait des siennes. Même si elle avait été plus que mise en doute, elle était, ce jour, bien présente. Ainsi, il put serrer son vieux camarade dans ses bras, en profitant pour inspecter,plus ou moins discrètement, les dégâts. La prison et le temps passé dans la peau de ce sac à puce de Patmol avaient conféré à Sirius une allure dangereuse et terne, une maigreur effrayante et un teint à faire pâlir les fantômes. « Rien d'insurmontable avec un peu de chaleur, de douceur et surtout, de bons repas ! » avait-il songé. Mais une fois de plus, Lunard avait fait sa crise, brisant les rêves et étouffant les désirs de Remus. Il n'avait pu qu'observer le jeune Potter s'occuper de Sirius, le libérer, montrant envers un parrain pour le moins inconnu, une affection déjà considérable. Comme si les sentiments de James pour celui qu'il avait longtemps considéré comme un frère étaient simplement passés dans les gènes, comme les cheveux indisciplinés, comme les yeux verts de Lily. Presque une affection innée pour les membres de la grande famille des Maraudeurs. Hormis Peter, bien sur, Peter qui semblait créer chez le jeune homme une haine maladroite, mais ô combien légitime, pour un gamin de treize ans.

L'année suivante avait été faite d'intermittence. Remus aurait voulu accueillir Sirius chez lui pour lui fournir tout ce dont il avait besoin mais la surveillance mise en place autour de son domicile avait compromis le tout. C'était le premier endroit qui avait été fouillé après l'évasion de Poudlard de l'Animagus, comme si un homme trahi accepterait d'héberger chez lui l'objet de la trahison, évadé de prison et fou à lier de surcroit. Mais il était un loup-garou et ce simple fait était amplement suffisant pour faire douter le Ministère. Il réussit toutefois à berner la surveillance de nombreuses fois ; les Aurors semblaient avoir refusé de travailler à proximité de l'homme lors des nuits de pleine lune. Une aubaine pour Remus qui rejoignait son ami et Buck dans les cavernes sombres et humides de l'Angleterre ; sous contrôle de la potion, le loup-garou était bien plus calme et la présence de Patmol agissait aussi, leur permettant ainsi de se retrouver le lendemain matin. Parfois c'était au tour de Patmol d'échapper aux Aurors, il venait pleurer à sa porte en quête de nourriture, qui se méfierait d'un chien errant et famélique ? Être un Animagus non-déclaré n'avait jamais semblé être une meilleure idée aux yeux de Remus que dans ces moments-là.

Malgré tout, la fréquence presque monotone des visites n'était pas suffisante aux yeux de l'homme qui ne rêvait que de renouer des liens avec son vieil ami, aussi l'installation de Sirius au Square Grimmauld fut accueillie comme une bénédiction par Remus. Il lui était possible de transplaner directement de son salon au perron en marbre de la vieille bâtisse sans que quiconque puisse sans apercevoir et évitant ainsi d'utiliser la cheminée de son salon, depuis bien longtemps mise sur écoute. Il eut l'occasion de revoir Harry et s'extasia une fois de plus devant la relation qui unissait le parrain et son filleul. Au bout d'un temps, Remus en arriva même à envier ce lien privilégié sans même savoir lequel des hommes il jalousait. Harry pour avoir droit à l'affection spontanée de Sirius ou Sirius qui avait le droit à celle d'Harry ?

Ce fut le départ pour Poudlard de Harry qui résolut cette question, puisque Remus, bien qu'inquiet pour le jeune homme, ne put s'empêcher d'être soulagé. Il allait enfin pouvoir profiter de l'ancien prisonnier, reconquérir son amitié, lui faire oublier les doutes qu'il avait eus et surtout, le remplumer à l'aide de bons petits plats. Entre sa recherche de travail et les cauchemars de Sirius, entre l'amitié qu'il lui portait et la détresse qu'il voyait chaque jour dans les yeux de son vieux camarade, entre les missions de l'Ordre et les ennuis de Harry, l'année s'écoula en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire Quidditch.

Puis tout se précipita. Un soir, alors que l'Ordre s'était réuni en petit comité pour débattre des dernières nouvelles, Kreattur surgit dans la salle de réunion, un sourire malin aux lèvres. Il fallut toute la patience de Remus pour calmer son ami et persuader l'elfe de s'expliquer. Ils apprirent alors qu'Harry avait voulu voir Sirius avant de quitter la cheminée précipitamment glissant quelques mots sur le Ministère. Aussitôt les membres de l'Ordre transplanèrent, juste à temps pour voir les Mangemorts se préparer à l'attaque du petit groupe d'étudiants suffisamment fous et courageux pour s'être aventurés dans un lieu aussi sordide que le Département des Mystères. Sirius était aux prises avec un homme que le loup-garou reconnut comme étant Lucius Malefoy, jugeant qu'il n'était pas en danger immédiat, il se jeta dans la bataille à corps perdu. Tout allait très vite, les sortilèges volaient sans que l'on sache vraiment qui avait jeté quoi lorsqu'un cri de terreur pure éclata dans la grande pièce. Comme s'ils s'étaient concertés, tous arrêtèrent le combat pour se tourner vers l'origine du cri, Remus le premier.

L'homme resta pétrifié et abasourdi devant le spectacle qui s'offrait à lui. Il vit Bellatrix rire aux éclats et pousser la chansonnette tandis qu'Harry restait figé, bouche ouverte, ne semblant pas croire ce qu'il venait d'arriver. Et surtout, il vit Sirius et l'éclat tendre qui voletait dans ses yeux gris, un éclat que Remus n'avait pas vu depuis si longtemps qu'il avait envie de le capturer et de le garder pour lui seul dans une boite à l'épreuve des sorts. Il vit le corps cambré de son ami et la brume blanche qui l'entourait dans une atmosphère mystique et dangereuse. Il la vit se dissiper et il regarda la silhouette de son ami le plus cher s'écrouler au sol dans un soulèvement de poussière comme une poupée désarticulée dont on aurait coupé les fils. Il tenta en vain de retenir Harry, l'encerclant de ses bras et s'efforcant de la garder avec lui, pour ne pas le perdre à son tour mais la hargne du garçon eu rapidement raison de l'homme qui ne put que le laisser filer alors que son regard errait encore sur le corps de Sirius, il se précipita vers lui et il se laissa tomber à ses côtés en tâchant d'assimiler ce qui venait d'arriver.

Les paupières de Sirius étaient closes et Remus brûlait de les voir s'ouvrir. Il le secoua, une fois, puis deux, le suppliant de se réveiller, le suppliant de le regarder ne serait-ce qu'un instant, le suppliant de lui dire que tout allait bien se passer. Ses mots devinrent une litanie amère, une litanie dont la portée n'était destinée qu'à un seul homme, le seul qui ne pouvait plus l'entendre.

« Regarde-moi, regarde-moi, regarde-moi...»

Mais Sirius ne regardait pas.

A leurs côtés, la bataille faisait rage mais les sorts semblaient éviter l'air qui entourait les deux amis comme respectueux du silence qui s'était abattu. Remus ne détachait pas les yeux du visage de son ami. Il semblait dormir, si beau, si apaisé, plus qu'il ne l'avait été en quinze années.

On dit que les pensées ne se contrôlent pas face à la mort. Celles de Remus parcouraient tous les contes moldus que sa maman lui racontait. Il compara un instant Sirius à toutes ces princesses qui n'attendaient que le baiser de leur prince charmant pour s'éveiller, comme Blanche-Neige, comme la Belle au Bois Dormant...

L'occasion était trop belle, l'enjeu sans doute trop gros pour qu'il puisse ne pas essayer, ne pas tout tenter pour faire revenir son ami qui avait été si prompt à le pardonner. Alors il se baissa et baisa les lèvres encore humides de l'ancien taulard. Puis se releva précipitamment, s'essuyant la bouche, fronçant les sourcils, comme dans ses baisers qui arrivent par hasard. Comme dans les baisers-accidents qui arrivent sans qu'on les veuille...

Comme dans le dernier des trente baisers accidentés de Remus Lupin et Sirius Black.


J'espère que ça vous a plu !

Rendez-vous pour le prochain thème : Nouvelle, Lettre

Bonne soirée,

Len