Le réveil était toujours difficile après un long sommeil, surtout lorsque celui-ci avait duré plus de quarante ans, quarante-neuf ans pour être plus exact. C'est ce qu'elle crut entendre lorsque la voix grave de Thélonius parvint à se faufiler à travers chaque méandres tracés par Morphée pour enfin atteindre ses oreilles et son esprit.

Durant ses sommeils qui pouvaient durer le temps de plusieurs vies, elle aimait se rappeler ses voyages en Grèce et à Rome durant la période antique : ce temps où les Hommes aimaient converser, avaient une soif de savoir insatiable et étaient presque raisonnables. Un sourire apaisé se dessina sur son visage lorsqu'elle se remémora ses souvenirs de l'été en Grèce : seulement vêtue de son chiton de lin blanc, l'air provenant de la mer Egée balayant son visage et quelques mèches de ses longs cheveux blonds simplement tressés en un habile chignon, assise sous cet olivier à écouter Platon philosopher.

Cet air paisible fut rapidement remplacé par ses paupières s'agitant aux souvenirs moins plaisants se frayant un chemin jusqu'à son esprit : 1945, l'avant-dernière fois qu'elle avait été envoyée sur Terre. Cette année-là, elle avait été chargée de choisir et de préserver les espèces qui survivraient à cette quasi-apocalypse. Ce jour d'août, elle avait vu la bombe tombée et un énorme champignon s'élever dans le ciel, preuve de la cruauté sans limite des hommes. Elle n'avait eu le temps que de sauter à travers le portail avant que celui-ci ne soit à son tour soufflé par la déflagration radioactive. Elle avait regagné Coelum traumatisée, à bout de souffle, ne comprenant pas à quel point le monde qui n'était pas le sien pouvait être si violent. Ce jour-là, elle est était tombée dans les bras de Thélonius, semblable à une enfant apeurée, elle lui avait fait jurer de ne plus jamais la renvoyer.

Alors que les sanglots dévalaient son visage, il l'avait serré fort dans ses bras, tentant tant bien que mal de la calmer. Il n'avait pu lui faire une telle promesse et l'avait réveiller une nouvelle fois à la fin des années 1980, pour une visite de contrôle sur Terre. Malgré le calme relatif, elle n'arrivait pas s'ôter ses dernières images de la tête. Une nouvelle fois, elle avait regagné Coelum et lui avait demandé solennellement d'accéder à sa demande et de lui promettre cette fois qu'elle ne reverrait plus jamais ces horreurs, que cette fois elle pouvait s'endormir éternellement, et elle crut à son repos éternel, jusqu'à ce qu'elle entende de nouveau son prénom.

- Klark…

Elle était censée être morte, comment quelqu'un pouvait-il encore l'appeler et troubler son repos ? Thélonius semblait s'appuyer sur elle, même après qu'elle ait quitté ce monde.

- Klark… Il est temps… souffla-t-il une nouvelle fois en caressant son visage et en dégageant une mèche de ses cheveux blonds.

Temps de quoi ? Ne devait-elle pas dormir pour l'éternité ? Ne lui avait-il pas promis ? Ses paupières papillonnaient lourdement, ses songes essayaient d'échapper à cette voix grave alors que son corps reprenait peu à peu conscience qu'il était bien vivant, la froideur et la dureté de la table en métal sur laquelle elle était allongée ne pouvait pas la tromper. Klark luttait pour ne pas se réveiller, les bras de Morphée étaient bien plus confortables que la réalité de Coelum ou même celle de la Terre, et pourtant, cette voix l'arrachait à son doux sommeil qu'elle croyait éternel. Elle tentait en vain de s'accrocher, mais la lumière se faisant plus vive à travers ses paupières, cette voix se faisant plus distincte, le métal se faisant plus dur et froid elle savait qu'elle ne pourrait pas lutter plus longtemps. Dans une dernière tentative elle se força à maintenir ses yeux fermés, les plissant à la déraison. En vain. Comprenant qu'elle avait bien été tirée de son sommeil qui se devait être éternel, Klark ouvrit enfin les yeux… Lorsque Thélonius les voyait, il savait instantanément qu'elle était la plus belle des créatures qu'il avait pu créer : un esprit vif dans un corps presque humain si proche de la perfection. Ces yeux de la couleur des océans terriens serrèrent le cœur de Thélonius, lorsqu'il s'aperçut qu'ils étaient emplis de larmes et teintés d'un désespoir profond.

- Klark… murmura-t-il d'une voix douce pour apaiser la jeune femme.

- Tu me l'avais promis… Tu avais promis que je pourrais dormir éternellement et que je n'y retournerais pas… répondit-elle d'une voix brisée, le cœur lourd et les larmes dévalant désormais ses joues.

Thélonius baissa les yeux, presque honteux de son mensonge. Il n'avait pu se résoudre à la laisser partir pour que son corps puisse enfin reposer en paix : Klark était son meilleur agent, elle avait réussi chacune de ses missions avec brio et il savait qu'il ne pourrait jamais se passer d'elle avant la dernière. Il espérait qu'après celle-ci et malgré les tourments qu'elle allait lui créer, elle pourrait enfin quitter ce monde l'âme paisible, fière d'avoir réalisé ce qui devait être fait.

- Je sais, dit-il fermement.

- Alors pourquoi Thélonius ? demanda Klark, la gorge serrée et son habituel sourire complètement déformé par la tristesse.

L'homme au bouc blanchi par son âge avancé ne lui répondit pas immédiatement et se contenta de plonger son regard dans le vide avant de l'inviter à le suivre. Klark s'assit sur la table et tenta d'esquisser ses premiers pas depuis 1988. Telle une toute petite fille, elle eut besoin de Thélonius pour garder son équilibre, ses jambes étant bien trop faibles pour la soutenir convenablement après tant d'années passées à ne pas s'en servir. L'homme la prit par la taille, passant l'un des bras de la blonde autour de son cou et la mena vers le grand panneau de verre, seule séparation qu'ils avaient avec l'espace depuis cette immense tour. Il faisait noir et Alpha Centauri B rayonnait beaucoup plus loin comme un phare dans la nuit, et Klark y trouva une image réconfortante, cela faisait tellement d'année qu'elle n'avait pas vu une si belle chose… Thélonius l'observa d'un œil bienveillant, il devait la mettre en condition et ménager son esprit avant de lui annoncer le pire. Il s'approcha du grand panneau et appuya sur un bouton de métal pour démarrer une nouvelle interface présentant des images en direct de la planète Terre. Klark le regarda intriguée, étonnée de voir la planète en presque bon état. Thélonius s'approcha d'elle et répondit à sa question tacite :

- Ils ont pris conscience que ce qu'ils avaient créé était grave, mais ils continuent de la détruire et de se détruire les uns les autres…

Klark ne répondit pas et se contenta d'acquiescer en refoulant ses horribles souvenirs.

- La Terre se meurt Klark… Le Conseil de la Coalition pour la Sauvegarde des Systèmes de l'Univers nous a chargé de la sauver et d'éviter l'aggravation de l'invasion de Mars. Trois nouveaux vaisseaux viennent de s'y poser… reprit-il, les yeux rivés sur l'écran.

- Et après ?

Théolonius savait parfaitement ce qu'elle lui demandait par cette simple question. La mission était de taille, et après plus de trois mille ans de bons et loyaux services, et à errer dans les différents systèmes de l'univers, il se devrait de lui exprimer sa gratitude en lui offrant ce qu'elle attendait désormais le plus : sa fin.

- C'est ta dernière mission Klark, après ça, je te promets que tu trouveras le repos. Cette fois, tu as ma parole.

- Tu disais déjà ça la dernière fois et me voilà éveillée à tes côtés, prête à servir une nouvelle fois, lui répondit-elle avec amertume.

Thélonius ignora le reproche sachant qu'une telle conversation ne mènerait à rien et se contenta de répondre :

- Tu ne seras pas seule. Le temps presse, j'ai mobilisé tous les agents et je t'ai affecté une région, voilà ses coordonnées : 42°N à 46°15'N, 116°45'W à 124°30'W.

- L'Oregon ? le questionna la blonde, son cerveau venant de localiser en une micro-fraction de seconde la région qui lui avait été affectée.

- Je sais à quel point tu aimes ce genre de paysage et qu'ils te rappellent le calme de Coelum quand tu n'es pas endormie.

- Dans combien de temps ?

- Soit prête dans quatre rotations.

- Bien.

- Je n'ai pas fini Klark… Il faut que je t'explique comment vous allez procéder.

Thélonius prolongea ses explications, donnant chacun des détails de la mission, de l'arrivée sur Terre, jusqu'au départ en passant de longues heures à lui expliquer la méthode de préservation. Un mot de ladite méthode parvint à ses oreilles, la fit déglutir et déclencha un frisson qui lui parcourut le dos. Elle connaissait trop bien ce mot, il était pire que tout ce à quoi elle avait dû faire face... Pourtant, elle savait que c'était le seul moyen de sauver la planète, elle s'était préparée à cette mission depuis 3397 ans et l'heure était enfin venue de l'accomplir.


Le réveil était toujours difficile après un court sommeil, surtout lorsque celui-ci n'avait duré que quelques heures… Tout juste quatre petites heures pour être presque exact. Après tout, elle n'en savait rien, elle ne savait même plus l'heure à laquelle elle était rentrée ce soir-là. De toute manière tout le monde n'en n'avait rien à faire… Elle-même, ses parents puisqu'ils étaient morts… Oui, personne n'était là pour lui faire la morale, lui verser un seau d'eau sur la tête ou la tirer par les chevilles alors qu'elle s'accrocherait de toutes ses forces à son oreiller.

Elle ouvrit difficilement les yeux et les chiffres rouges de son réveil déclenchèrent à son coeur un soubresaut la tirant immédiatement de son lit. Elle rabattue les couvertures à une allure folle, se leva à la vitesse de l'éclair, s'éclata un orteil contre le coin de sa commode et fila prendre une douche expresse. Non, finalement tout le monde ne se foutait pas qu'elle soit en retard et encore moins Mrs. Slavery, sa prof de philosophie. Elle lui avait promis deux heures de colle à son prochain retard. Le troisième, depuis le début de l'année, qui n'avait commencé que trois semaines en arrière. Et cela sans compter les multiples retards qu'elle accumulait aux autres cours et dont les professeurs lui avaient promis tout autant d'heure de colle. A cette allure, elle finirait sans doute par passer sa nuit au lycée. Pas trop mal comme idée, pensa-t-elle, au moins elle ne serait plus en retard, quoi que…

Propre, maquillée et vaguement coiffée, elle descendit à la hâte les escaliers oubliant presque certaines marches. Elle se saisit de son blouson en cuir, claqua la porte dans le même élan, enfourcha sa moto et… Rien.

- Oh non non non… Pas maintenant… Démarre s'il te plaît, gémit-elle.

Mais la bécane n'en fit qu'à sa tête. Elle souffla bruyamment et savait ce qui lui restait à faire. Elle la poussa sur une centaine de mètres, actionnant sans cesse le démarreur jusqu'à ce que les rugissements du moteur se fassent entendre dans de grosses pétarades.

- Saleté… souffla-t-elle.

Elle finit par arriver tant bien que mal devant le Polis High School dans lequel elle pénétra à la hâte, courant à travers les couloirs aux murs rouge et blanc totalement vides. Jour de chance pour elle, sa salle de classe bénéficiait d'une double entrée, une à l'avant et une à l'arrière. En passant devant la première à pas de loup elle put observer Octavia, une chaise vide se tenant à ses côtés.

Double chance.

Comme elle l'avait prévu, elle passa par la seconde porte, ayant patiemment attendu que Mrs. Slavery se rende au tableau pour y noter l'un des concepts du cours.

Combo de chance.

Elle s'assit sans bruit près d'Octavia qui lui souffla les yeux rivés sur le tableau :

- Pas mal bébé, tu t'améliores… Je suis sûre que la prochaine fois tu auras quarante-cinq minutes de retard et non pas quarante…

- Fermes-là… Elle va t'entendre…

- Je crois qu'elle a déjà remarqué que tu étais là, ou plutôt que tu n'étais pas là, répondit-elle en souriant.

- LE TEMPS ET LE RETARD, s'appliqua à dire Mrs Slavery en écrasant violemment sa craie sur la dernière lettre.

La professeure à l'allure squelettique, aux vêtements d'un autre âge, au chignon aussi gris que les ballotins de poussière qui traînaient près de la petite estrade et à la mine aussi aigrie que celle de ce chat faisant le tour des réseaux sociaux, s'approcha à pas lents du fond de la classe, fixant ses yeux d'un bleu glacial dans les siens, cherchant à la déstabiliser d'un simple regard qui pouvait tuer.

Merde…

- Je te l'avais dit… soupira Octavia avec malice comme si elle avait pu entendre les pensées de sa meilleure amie, et le sang qui s'était mis à battre bruyamment dans ses temps.

- Le retard est un facteur temps, une fois passé le « maintenant » débute le retard, certains philosophes pensent que l'imprévu temporel qu'il engendre est fascinant, personnellement, je trouve que c'est un manque de bienséance flagrant. Qu'en pensez-vous Miss Woods ?

Elle se tortilla sur sa chaise mal à l'aise d'être jetée en pâture à tous ces regards qui s'étaient désormais tournés vers elle. D'un naturel timide, elle détestait être épiée de la sorte et avait du apprendre à vivre avec, ses professeurs ayant un goût prononcé pour le sadisme et n'hésitant jamais une seule seconde à la mettre dans cette position. Face à leur plaisir malsain, sa seule arme était l'humour, généralement cela ne fonctionnait pas très bien avec eux, mais au moins, elle faisait rire ses camarades.

Octavia se mit à la regarder à son tour, son air mutin toujours accroché à son joli minois, s'apprêtant déjà à rire au moyen que son amie allait trouver pour se sortir de cette situation. Elle trépignait déjà d'impatience de consigner la phrase dans ce qu'elle appelait « son livre de perles ».

- J'attends, lança fermement Mrs Slavery entre ses dents.

Un fin sourire se dessina sur le visage de Lexa et elle releva la tête pour lancer un regard plein de défiance à sa professeure avant de dire :

- Socrate disait, mieux vaut tard que jamais !

L'invention de Woods déclencha les rires de chacun dans la salle, mais évidemment pas celui de Mrs Slavery dont les traits du visage se durcirent instantanément.

- SILENCE !

A l'ordre qui venait de claquer dans l'air comme un fouet, chacun se tut en une fraction de seconde.

- Premièrement, Socrate n'a jamais dit ça et vous le sauriez Miss Woods si vous n'arriviez pas en retard à chacun de mes cours. Deuxièmement, il semble qu'au vu de l'heure de plus en plus tardive à laquelle vous arrivez en cours, vous êtes plus proche du jamais que du tard, ce que j'apprécie encore moins que le retard lui-même. Troisièmement vous allez quitter mon cours, votre non-présence ne sera pas comptée comme un « retard » mais comme une absence injustifiée, vous savez ce que ça veut dire ?

Lexa se leva et se saisit de son sac et commença à sortir de la classe sous les pouffements de ses camarades.

- Bien sûr Woods, je vous avais promis deux heures de colle à votre prochain retard, promesse tenue, indiqua-t-elle dans un sourire malsain alors qu'elle notait la punition sur un papier.

Elle lui tendit le papier et Lexa le saisit lassement avant de quitter la salle en traînant des pieds.

C'était finalement bien une journée pourrie…

Paille à la bouche, verre de slush dans une main, magazine dans l'autre et pieds posés négligemment sur la table de la cantine du lycée, Lexa attendait l'heure du déjeuner espérant qu'Octavia la rejoigne. Elle n'avait rien avalé depuis la veille, la faute à son réveil tardif, et son estomac commençait à gargouiller. Elle aspirait bruyamment la fin du contenu de son verre lorsqu'un sac atterri sur la table la faisant légèrement sursauter.

- Bien joué, tu l'as mise en pétard pour la seconde heure, elle nous a collé un test, mais ta petite blague en valait le coup, une perle de plus dans la catégorie Lexa Woods… Tu lis quoi ? demanda Octavia en s'asseyant près d'elle et en sortant leur déjeuner.

- Des conneries.

- Montre.

Sans en attendre l'autorisation ou que Lexa n'esquisse un quelconque geste pour lui tendre le magazine, elle s'en saisit rapidement.

Elle commença par feuilleter quelques pages espérant que les images lui donneraient quelques informations, pour finalement se résoudre à le fermer et se contenter de lire les gros titres en couverture.

- « La Terre vit à crédit », tu parles ça fait cinquante ans qui nous le rabâche et on est toujours là, pas l'ombre d'une apocalypse en vue…« De quoi avons nous réellement besoin », j'ai besoin que Lincoln revienne de ce foutu stage … poursuivit-elle en soufflant, « Apocalypse : comment créer votre bunker », ces gens sont fous… Je te jure que je préfère mourir plutôt que de bouffer des trucs lyophilisés jusqu'à la fin de mes jours.

- C'est déjà ce qu'on mange je crois et on s'en accommode plutôt bien.

- Parce qu'on arrive encore à le cuisiner et y faire ressembler à quelque chose, je te jure que tu ne fais pas de la bouffe de palace dans un bunker… Et puis imagine… Zéro intimité, retranchés, plus de soirée, plus de sortie… Rien que d'y penser ça me file le cafard… Pourquoi tu lis des trucs pareils !

- Ça traînait sur la table… répondit Lexa avant de siroter bruyamment une nouvelle gorgée de slush.

- Sûrement un de ces barjots de survivor…

Alors que Lexa s'apprêtait à répondre de manière courte comme à son habitude, l'ombre d'une grande personne se dessina sur la table. Les deux jeunes filles levèrent les yeux et les posèrent sur celles qui osait les déranger. Echo Johnson les regardait un grand sourire aux lèvres dans son uniforme de cheerleader rouge et noir, un verre de slush à la main. Elle salua Octavia, sa capitaine d'équipe, et recentra son regard sur Lexa. Son sourire fit soudainement place à une mine coléreuse… Décidément la journée peut-être encore plus pourrie qu'elle ne l'est déjà… Lexa ne comprit que trop bien ce qui allait se passer pour elle, et tenta de se protéger à l'aide de ses mains. Mais Echo avait été plus rapide, et elle sentait déjà le liquide froid couler le long de son visage et tacher son t-shirt.

- Je te le redis Woods : Niylah n'est pas célibataire, la prévint-elle avant de tourner les talons et de quitter la cantine.

Octavia souffla de désespoir et se demanda comment Lexa pouvait toujours s'attirer autant d'ennui.

- Qu'est-ce que tu as encore fait ?

- Rien ! Je te le jure ! s'écria-t-elle en tentant de s'enlever les résidus de glace qui collait à ses longs cheveux bruns.

- Bébé… Évite de me les énerver… Le championnat de cheerleading reprend bientôt, je ne veux pas que des histoires de cœurs les distraient…

- O ! Je n'ai absolument rien fait ! C'est Niylah qui me court après !

- C'est ça, essaye de me faire croire que tu n'y es pour rien, rit Octavia.

- Je te le jure, elle m'a juste envoyé des messages et je lui ai seulement expliqué que je ne voulais être avec personne ! Je ne sais pas ce qu'elles ont… gémit Lexa en prenant sa tête entre ses mains, lasse de toutes ces histoires.

- Oh tu sais très bien ce qu'elles ont… Elles savent que tu aimes les filles même si tu n'as jamais touché personne, que tu as une petite gueule d'ange montée sur un corps de déesse dont tu refuses de te servir de tes atouts pour… souffla-t-elle en faisant mine de réfléchir, ah oui, ça me revient ! Te préserver.

- Tu dis ça avec un tel dédain…

- Je dis ça parce que tu pourrais sauter tout le lycée si tu en avais envie.

- Je n'en ai pas envie.

- Pourquoi ?! Ça te détendrait ! Regarde, Lincoln et moi avant une compétition on…

- Stoooooooop ! Je ne veux pas en entendre plus.

- Qu'est-ce que tu peux être prude… Tu fais des soirées de folie, tu bois comme un trou, tu fumes comme un pompier, tu manges comme un porc, tu ne crois même pas en dieu, tu as quasiment tous les vices de la Terre et tu veux te taper personne avant le mariage… Manquerait plus que tu rejoignes le Virgin Club du lycée et que tu mettes des jupes en dessous du genoux et des serre-têtes.

- C'est une bonne idée, je suis sûre que je deviendrais un phénomène de mode ! répondit Lexa en se moquant légèrement d'elle.

- Il n'y a que les jupes en cuir de moins de quarante centimètres qui te vont Lexa…

- C'est pas faux… Mais pour en revenir une dernière fois au sujet précédent, je fais ce que je veux O'… Tu ne me feras pas changer d'avis, depuis Costia…

- Je sais Lexa, je sais… Je tentais juste… Enfin, je n'aime pas te voir seule, c'est tout.

- Je suis bien seule, lui répondit-elle dans un sourire.

Un peu plus loin, Raven Reyes les observait derrière ses grosses lunettes de vue, un regard empli de dédain. Qu'est-ce qu'elles peuvent être cruches… pensa-t-elle en se remémorant le début de la conversation. Surtout cette pimbêche d'Octavia Blake qui ne pense qu'à son Lincoln et à se faire les ongles alors qu'il ne reste qu'un ours polaire sur toute la Terre bordel ! Il fallait qu'elle se calme, de toute manière, elle savait que des gens comme eux ne pouvait pas comprendre. Ils étaient des consommateurs nés : belles voitures, belles motos, beaux vêtements, maquillage fabriqué avec la graisse des dernières baleines, derniers téléphones aux composantes pleine de sang… Bref, elle était en colère contre ces personnes qui n'avait fait qu'accélérer le processus.

Pourtant, elle trouvait Lexa différente, malgré sa popularité, elle restait accessible et elle aimait partager des moments avec elle lorsqu'elle se rendait au club d'astronomie et d'astrophysique. Lexa lui avait avoué qu'elle n'y comprenait foutrement rien à toutes ces distances et calculs mathématiques, mais elle lui avait confié qu'elle aimait venir ici parce que ça la faisait passer pour quelqu'un d'intelligent et qu'elle aimait simplement observer les étoiles, leur couleur, leur forme, et tous les délires avec la NASA. Elle ne comprenait pas comment Lexa Woods pouvait avoir des atomes crochus avec Octavia Blake la pimbêche du lycée, vouée à être élue reine du bal de promo, dont la petite bande martyrisait les « nerd » de l'établissement… C'était sans doute sa coolitude qui lui permettait autant de tolérance et de s'entendre avec tout le monde…

Sans se rendre compte qu'elle les fixait depuis déjà quelques minutes et perdue dans ses pensées, la réalité la frappa de plein fouet lorsqu'Octavia Blake lui lança un regard noir et lui dit :

- Tu veux ma photo Reyes ?

La petite brune à lunette détourna les yeux et quitta la cantine alors que Lexa lui jetait un regard peiné.

- O', t'es une vraie brute… Pourquoi tu fais ça ? Elle ne faisait rien de mal…

- J'ai une réputation à tenir.

- Génial, dans le Year Book de la fin d'année tu auras le droit à une super légende « Octavia Blake, bourreau des geek et des nerds » ! répondit Lexa en modifiant sa voix pour qu'elle paraisse plus terrifiante.

- Qu'est-ce que tu peux être bête quand tu t'y mets…

- Tu sais que j'ai raison O', et je sais aussi à quel point tu es une belle personne, sincèrement, je préférerais que les gens se souviennent de toi comme je te connais et pas de cette pimbêche futur reine du lycée, penses-y.

- Je tâcherais d'y penser, mais avant tout ça, je dois aller me remaquiller, j'ai entraînement dans trente minutes.

- Tu es incorrigible… Tu viens ce soir ? Je suis encore seule… Tu peux dire à Lincoln et ton frère de venir, il y aura aussi Jasper.

- Lex' combien de fois je vais devoir te dire que c'est craignosse d'inviter ton dealer à tes petites soirées sur le toit ?

- Il est cool ! s'exclama Lexa alors que O' quittait déjà la table.

- A ce soir bébé.

Elle l'embrassa sur la joue et quitta la cantine à son tour, laissant Lexa seule pour le reste de la journée.


La soirée arriva vite. Octavia finit son entraînement et se rendit immédiatement chez Lexa. Parfois quand la brune aux yeux verts se sentait un peu seule et complètement délaissée par ses parents, la Blake venait improviser un coloc' où elles se gavaient de céréales, de sushi et de pizza devant les dernières séries télé, notamment la vingt-septième saison de Game of Throne qui leur prenait un temps fou. Cette nuit ressembla à tous les vendredi soirs : shot de tequila à la main, cigarette magique dans l'autre, allongés à observer les étoiles sur le toit terrasse de la Woods, ils refaisaient le monde. Ce soir là, c'était la nuit des étoiles filantes, Lexa le savait grâce au club d'astronomie. Leur patelin ne souffrait pas de la pollution lumineuse, et cela même en 2037, en même temps ils étaient perdus en plein milieu de l'Oregon, elle espérait bien en voir quelques-unes et dire à ces amis ce qu'elle avait appris. Après plusieurs heures à patienter les yeux rivés vers le ciel, la première étoile apparut comme une traînée d'or dans la nuit presque noire.

- Hé regardez ! leur lança-t-elle.

La première fut suivie d'une multitude d'autres rendant le spectacle encore plus beau. C'était la première fois qu'ils voyaient un tel phénomène et en restèrent béats d'admiration devant tant de beauté. Les minutes passèrent, et les traînées se firent de plus en plus nombreuses.

- C'est magnifique… souffla Octavia blottie dans les bras de Lincoln.

- Ce sont des météoroïdes, les traînées sont faites de gaz, ionisé et lumineux, du plasma si vous préférez.

- Tu connais ces mots toi ? s'étonna Bellamy.

- Oui ! Je les ai appris au club d'astro !

- Tu ne sais même pas ce que ça veut dire…

- Peut-être, mais je m'en fous, je trouve ça beau, et je profite de l'instant présent plutôt de me torturer l'esprit à savoir ce que veut bien vouloir dire ionisé.

Tous rirent à l'emportement de Lexa et fermèrent les yeux, la fatigue commençant à doucement les atteindre. Soudain, un bruit sourd se fit entendre, tout le monde aurait pu l'entendre à des kilomètres à la ronde, et une micro-seconde plus tard un halo vert illumina entièrement le ciel avant de disparaître en un rien de temps.

- Wow. Putain ! s'écria Lexa.

- Quoi ? demanda Octavia la voix presque endormie.

- Vous avez vu et entendu ?!

- Quoi ?! répondirent-ils en coeur

- Ce truc vert ! Dans le ciel !

- C'est sûrement un con qui joue avec un laser… soupira Lincoln.

- Un laser ne fait pas autant de lumière ! Et le bruit ?!

- Sûrement un mec qui a claqué sa portière…

- Roooh pose cette cigarette magique et va te coucher… lui lança Jasper en riant.

- Je ne plaisante pas ! C'était fou !

- Bonne nuit Lex ! lui dirent-ils tous en coeur.

La Woods croisa les bras devant ses amis qui ne semblaient pas l'écouter, ni même se rendre compte de ce qui venait se passer. Sans l'ombre d'un scrupule, il la virait de sa propre soirée sous prétexte que l'herbe lui était sans doute un peu trop montée à la tête.

- Allez va te coucher bébé… lui dit Octavia voyant que Lexa avait toujours les yeux rivés vers le ciel espérant voir un nouvel halo vert.

- Vous faites chier… Et je vous signale que c'est mon toit ! leur lança-t-elle d'un ton boudeur avant d'écouter leur conseil, tout en sachant parfaitement qu'elle n'avait pas rêvé.


Hello everybody !

Pour toute l'histoire: les personnages de The 100 ne m'appartiennent pas.

Oui, je suis de retour :) J'ai bien profité de mes vacances en Irlande et peut-être que certains sont étonnés que je ne publie pas la suite de Galway Girl (I know I Know... It's so cruel but...): je préfère prendre tout le temps possible pour le faire, pour que l'histoire tienne la route et vous offrir le meilleur.

Revenons en à Earth. Autre registre, vraiment... Qui j'espère vous plaira quand même ! Je pense que c'est plutôt une mini FF (moins longue que Galway Girl, plus longue qu'un OS [je ne sais pas écrire des OS :'(]), il y aura donc moins de chapitres et ils seront bien plus courts que d'habitude.
Concernant le rythme de publication... Je n'ai pas pris autant d'avance que pour Galway Girl, je pense que ça sera toutes les deux semaines, un jour au hasard dans la semaine (vive l'organisation !).

En tout cas, je suis contente de vous retrouver ! :D

Dans le chapitre suivant: Klark, Clarke Griffin.

PS: vous savez à quel point j'aime la musique donc peut-être qu'il y aura une playlist spotify comme pour Galway Girl :)