Salut! Je suis de retour! dom dom dom...
Voici donc l'arc de Raphaël, que j'ai en fait écrit avant de finir l'arc de Shinji. Comme vous vous en doutez, cette fois-ci, le narrateur est Raphaël, et non Shinji. C'est un personnage assez obscur, puisqu'il apparaît seulement dans une certaine version de Before Crisis, et qu'il n'est même pas dans Last Order. Pauvre petit. Mais en lisant son histoire sur Wikipédia (ça ressemble pas mal à celle de Rufus...), je l'ai trouvé très inspirant, et puis il est tellement mignon, j'avais envie de lui écrire un petit quelque chose.
Cette histoire est beaucoup plus sombre que la première, vous le remarquerez assez facilement... je vous laisse le constater vous-même.
Ce que j'ai écrit est donc une trilogie d'histoires courtes (en cinq courts chapitres chacune) sur les Turks, basé sur l'univers de Before Crisis. Ceci est la deuxième histoire, la première étant l'arc de Shinji. Donc, j'ai donné à chaque personnage un nom (parce que character a, b, c... bah c'est pas génial.) Pour que vous vous y retrouviez, je vais les indiquer. Si vous ne connaissez pas bien les personnages, allez voir sur Wikipédia, ainsi vous verrez de qui je parle.
Raphaël - Le petit mignon blond aux yeux bleus, qui se bat avec des nunchakus. (Raison: il a l'air d'un ange.)
Shinji - Le châtain qui se bat avec une rod, comme Reno. (Raison du nom: dans Last Order, Reno l'appelle Shin-Jin, le nouveau.)
Shotgun - La brunette à queue de cheval qui se bat... avec un shotgun! (Raison: rien d'autre ne peut lui aller! J'adore ce perso depuis Last Order...)
Lydia - La blonde qui ressemble à Elena (et qui est d'ailleurs sa soeur), qui se bat au revolver. (Raison: je l'ai vu sur DA, et je trouve ça approprié pour la soeur d'Elena.)
Ken - Celui avec les cheveux noirs coiffés bizarrement, qui se bat avec deux revolvers. (Raison: je voulais un nom américanisant pour lui.)
Cheny - La brune aux longs cheveux, qui se bat à mains nues en utilisant les arts martiaux. (Raison: Aucune en particulier, je cherchais un perso pour ce nom.)
Danny - Le grand baraqué, qui se bat aussi à mains nues. (Raison: ça va bien avec son apparence, je trouve...)
Tetsuyo - Celui avec les lunettes et une cicatrice, qui se bat avec un katana. (Raison: en fait c'est Wilya qui l'a trouvé...)
Cissnei - La petite rouquine qui se bat avec un shuriken du style de Yuffie. (Je n'ai pas inventé son nom, c'est celui qu'on retrouve dans Crisis Core. La seule qui a un nom officiel. Chère petite.)
Ayant toujours obtenu tout ce que je désirais en quelques instants, j'en suis venu à ne plus rien vouloir du tout. Avachi, je restais enfermé dans le manoir de mon père en regardant ses maîtresses passer d'un œil indifférent. Lui ne s'était pas lassé de ce que l'argent peut apporter ; il faut dire qu'il l'avait acquis à la sueur de son front et grâce à un sens du business infaillible.
Mais je devais me contenter d'être là, fils plus ou moins légitime, objet un peu encombrant mais nécessaire à la tranquillité d'esprit de mon père. Je crois que c'est parce que les hommes d'un certain âge ressentent le besoin de laisser des traces de leur présence dans le monde. Je ne suis pas sûr de bien comprendre ; je n'ai jamais vraiment ressenti ce besoin de succession. Mais je n'ai pas encore vingt ans.
J'étais néanmoins destiné à succéder à mon père à la tête de sa compagnie. Il avait fait fortune en produisant le meilleur acier imaginable et en ayant eu la brillante idée de lécher les bottes du Président Shin-Ra juste avant la guerre de Wutai. Il m'aurait suffi de suivre la même voie pour vivre confortablement jusqu'à la fin de mes jours. Et je n'arrivais pas à envisager ni même imaginer quelque autre fin qui soit.
Ma vie s'écoulait donc dans un ennui paisible. Suivant l'inspiration lumineuse que m'avait apportée un navet wutaien que j'avais vu quelques années plus tôt, je m'entraînais aux arts martiaux durant des heures. Je pouvais ainsi dormir le soir, au bout de mon épuisement, l'esprit toujours plus vide.
OoOoO
J'ai eu la deuxième illumination de ma vie lors d'une réunion mondaine où mon père m'avait entraîné. J'ai alors été témoin de quelque chose qui a changé le cours de mon existence.
Au moment où l'invité d'honneur de la soirée, le Président Shin-Ra en personne, est entré dans la salle de bal, les lumières se sont brusquement éteintes. Le monde, plongé dans l'obscurité, s'est transformé en une nuée de cris et de plaintes. Je suis resté immobile et silencieux au milieu du chaos sonore, simplement ennuyé par l'incident. Cela ne dura qu'une minute. Puis, il y eut un coup de feu qui transforma les cris en hurlements. Quelques secondes plus tard, la lumière était de retour.
Il y avait un homme vêtu de vêtements sombres et d'une cagoule au sol, sur une mare de sang qui s'élargissait. De toute évidence, il s'agissait d'un wutaien qui avait voulu s'en prendre au Président Shin-Ra. Celui-ci, l'air calme, tentait de sortir de la salle malgré la foule qui s'amoncelait autour de lui. Une femme blonde et vêtue d'un complet-cravate noir, poussait les gens devant lui. Elle avait toujours un revolver à la main et des lunettes infrarouge au front. Manifestement, c'était elle qui avait tué le terroriste wutaien.
J'étais fasciné par la scène, par sa réalité, sa tangibilité. Le drame s'était déroulé dans l'obscurité, à quelques mètres de l'endroit où j'étais. Je n'avais que quelques pas à faire pour toucher au cadavre.
Je ne sortis de ma rêverie que lorsque je fus bousculé par un homme vêtu de blanc qui marchait rapidement, sans faire attention à qui ou à quoi que ce soit. Visiblement, il était de fort mauvaise humeur. Il marcha sans y faire attention dans le sang étalé du ninja, puis se dirigea résolument vers le Président. Je finis par reconnaître le Vice-Président Shin-Ra. Le père et le fils quittèrent rapidement la salle, accompagnés par la femme en noir.
Les convives ont fini par quitter le bal, discutant de l'événement, visiblement choqués. Mais moi, j'étais émerveillé. Je n'arrivais pas à expliquer exactement pourquoi. Parce qu'un meurtrier était mort dans l'obscurité et que le voile qui obscurcissait mes yeux jusque là s'était levé. La vie – ce que je croyais être la vraie vie – avait enfin percé, tel un aveuglant soleil, la couche de nuages qui me séparait du monde.
-Ah, ces Turks ! grommela mon père. Ils n'auraient pas pu faire ça plus discrètement ?
-Les Turks…
Je me tournai vers mon père. Pour une fois, je cherchai son regard, mais depuis longtemps il ne me regardait plus.
-Papa, je veux être un Turk.
-Bien sûr, Raphaël, tout ce que tu voudras.
OoOoO
J'avais cru qu'il ne m'écoutait pas à ce moment-là. Il me disait la même chose à chaque fois qu'il m'arrivait de désirer quelque chose, puis il en référait à un domestique.
Peut-être voulait-il se débarrasser de ma présence, mais au fond cela n'a pas beaucoup d'importance. Quelques semaines plus tard, j'étais face à Tseng et Verdot, leur montrant la preuve de mon habileté au combat avec les nunchakus. Enfin tous mes entraînements prenaient un sens.
J'ai eu la chance de poser ma candidature à un moment critique pour les Turks. J'ai aussi eu la chance d'avoir les appuis de mon père à la Shin-Ra. Mais j'ai été heureux jusqu'au plus profond de mon âme lorsque Tseng m'a affirmé que seul mon talent avait été pris en compte lors de mon embauche.
J'ai donc quitté le monde de mon père et tout ce qui n'était si familier et si ennuyeux, pour rejoindre celui de Turks. Le soir même de mon arrivée parmi eux, après mon installation dans les petits appartements privés des Turks et dans leurs minuscules bureaux, ils m'ont entraîné presque malgré moi dans un bar, profitant d'une des rares soirées où ils étaient tous libres pour fêter mon arrivée. Un des Turks engagés récemment, Shinji, s'est plaint bruyamment qu'on ne lui ait pas fait de fête à son arrivée. Shotgun, la brunette avec une queue de cheval (je crois qu'elle était déjà soûle à ce moment-là), a répliqué que c'était parce que de toute façon personne ne l'aimait.
Fuyant la confusion qui suivit, je me suis installé au fond de la salle, en compagnie de Tseng, Verdot, Rude et Tetsuyo qui sirotaient tranquillement leurs verres en discutant doucement. Cela me convenait davantage que toute cette agitation bruyante. J'étais heureux de voir un monde aussi vivant hors des murs où j'avais grandi, mais cela me rendait aussi un peu mal à l'aise.
Ainsi, buvant tranquillement ma bière, je me mis à discuter doucement avec ceux qui depuis ce jour étaient devenus mes patrons et collègues.
-Il y a une chose que je n'arrive pas bien à comprendre, dit Tetsuyo. Pourquoi un jeune homme aussi délicat, raffiné et joli que toi a tant insisté pour faire partie des Turks ?
J'ai rougi jusqu'à la pointe des oreilles, et après quelques balbutiements, j'ai fini par relater mon expérience lors du bal, où Lydia avait sauvé le Président Shin-Ra.
-Mais pourquoi faire partie des Turks ? demanda doucement Tseng qui semblait regarder les reflets de lumière dans son verre de vodka claire. Pour nous ce n'est qu'un travail, et je dirais même un travail sale et ingrat.
Verdot jeta un regard désapprobateur à Tseng, puis il posa ses yeux sur moi, attendant visiblement ma réponse. Un peu intimidé, je finis par dire simplement :
-J'avais envie de passer à l'action. Le soir du bal, j'ai vu le mal tué sous mes yeux. La… la justice a été rendue, directement, sans aucune barrière. C'est le moment où j'ai su que je voulais en faire autant.
-La justice n'est pas aussi simple et claire que tu sembles le croire, Raphaël, répliqua Tseng. Le monde n'est pas divisé seulement entre le blanc et le noir, le bien et le mal. Il est plutôt comme un flou gris.
-Et les Turks font une part de ténèbres au cœur de la plus profonde obscurité, nécessaire dans ce monde, ajouta Tetsuyo, l'air rêveur.
-J'en ai conscience, répliquai-je. Mais je crois que même au cœur des ténèbres, si nos intentions sont pures, on peut conserver sa propre lumière.
-Mais que vaut ton intention lorsque tu es soumis à des ordres provenant de gens aux intentions moins pures ? insista Tseng.
À ma grande surprise, Verdot prit ma défense.
-C'est justement ce qui fait toute la différence. Il ne s'agit pas de naïveté ou d'aveuglement de sa part : c'est un garçon intelligent et il se débrouille mieux qu'il en a l'air. Son intention ne peut venir que de ses connaissances, et son cœur est pur.
Il se tourna vers moi et poursuivit :
-Mais, Raphaël, ton expérience du monde est très limitée. Tu es encore pur, et cette pureté deviendra de plus en plus difficile à conserver. Tu es devenu un Turk, tueur de l'ombre de la Shin-Ra, chargé de conserver l'ordre établi par les dirigeants de la Compagnie. Je suis l'un d'eux, je les fréquente tous les jours et je sais qu'ils sont loin d'être des anges. Je te ferai te salir les mains au cours de toutes sortes de missions pénibles, malsaines, qui te montreront ce qu'il y a de plus pervers parmi les hommes et en toi-même. Mais si, malgré tout, tu parviens à te redresser en ayant gardé ta pureté et que tes intentions sont toujours aussi bonnes et justes… hé bien… je sauri que j'aurai eu raison d'avoir foi en toi.
Rude, qui n'avait rien dit jusque là, lâcha un petit sifflement admiratif. Je baissai les yeux, complètement gêné. Par la suite, la conversation reprit, moins idéologique mais plus pratique : Tseng et Verdot m'annoncèrent que ma première mission aurait lieu le lendemain. Ils me conseillèrent d'aller me coucher tôt pour me préparer ; déjà, la plupart des autres se préparaient à partir, se soutenant et se repoussant dans leur ivresse.
Je me sentais faible, investi d'une mission au-dessus de mes forces : pas celle du lendemain, mais celle de ma nouvelle vie qui commençait. J'étais au bord d'un gouffre, me donnant l'élan qu'il fallait pour sauter malgré la peur.
