Disclaimer : Les personnages et lieux de Twilight ne m'appartiennent pas, je ne fais que jouer avec eux.
Le plot: LWBOTB est la pièce compagne d'Elle SSN. Ecrite du POV de Bella, ne seront retransmis que les moments manquants et complémentaires nécessaires pour appréhender l'histoire dans son ensemble. S'il faut un résumé: Bella, jeune fille solitaire et au passé sombre décide un jour de prendre sa vie en main et de s'ouvrir au monde. Saura-t-elle reconnaître et saisir le bonheur qui est à portée de main?
…
En fait, je n'ai pas vraiment trouvé de résumé qui me convienne. Si vous avez une suggestion, je suis tout ouïe! Mais trêve de parlotte.
LUI: What becomes of the BrokenHearted
« La pire souffrance est dans la solitude qui l'accompagne ».
André MALRAUX : La condition humaine.
Chapitre 1: Y a pas d'printemps(Edith Piaf)
J'avais vingt ans. Ce soir-là, je sortais de la bibliothèque. Mon sanctuaire, mon refuge. Bientôt mon chez-moi. Personne ne m'attendait. Mes parents voyageaient beaucoup pour leur travail mais jamais je ne me serais décrite comme livrée à moi-même. J'avais depuis longtemps l'habitude de m'occuper de moi. Je pensais n'avoir besoin de personne. Je me suffisais. Cependant…
Mon quotidien se résumait à quelques mots : études, lecture et travail. D'aussi loin que je me souvienne, mes loisirs se confondaient avec ces trois notions. Mes seules amies. Dur, dur de se lier lorsqu'on vous ballotte d'un coin à l'autre. Vous changez de maison. Beaucoup. Ces déménagements habituels, tous les deux ou trois mois ne vous dérangent pas. Lorsque vous êtes enfant, c'est même un jeu. La nouveauté exerce encore un attrait pour vous.
Au début, vous essayez de vous faire des amis, mais très vite, à force de subir toujours ces déplacements, vous vous rendez compte que vos efforts sont vains et vous déchantez. Vous demeurerez toujours la nouvelle, l'étrangère, celle qui arrive en cours d'année. Le boulet qu'il faut se coltiner, à qui il faut faire visiter l'établissement. Vous devez recommencer cette même routine, répondre aux mêmes questions et tout ça pour quoi? Pour repartir sitôt installé.
Vous êtes entouré de personnes mais en fin de compte, la solitude vous hante. Petit à petit, inexorablement, vous vous fermez au monde. A quoi bon? C'est triste, surtout à huit ans.
Depuis, douze ans se sont écoulés. Douze, un si petit chiffre mais qui signifie un temps. Des années. C'est si long que ça pèse. Vous voulez pleurer, vous délivrer de cette sensation oppressante mais rien ne sort. Vous portez ce fardeau depuis si longtemps que vous ne savez même plus comment vous en dépêtrer. Vous désespérez et en même temps, vous devez tenter, fournir tout ce que vous avez parce que sinon, il sera trop tard. C'est comme se voir sombrer dans un puits sans fin et on se dit qu'il faut s'accrocher car sinon, on ne saura jamais retrouver la lumière.
Un combat intérieur comme il s'en trouve chez tous.
Voilà ce à quoi je songeais en descendant les paliers imposants de la bâtisse municipale. Le ciel dégagé et le son de la brise me caressaient le visage. Les réverbères familiers semblaient m'encourager, je me sentais forte. Prête à conquérir le monde. En réalité, cela ne durait que quelques heures auxquelles succédaient la morosité tranquille et l'acceptation, la résignation.
J'avais pris l'habitude d'écouter de la musique en travaillant. J'avais besoin d'un rythme à suivre, tel un guide. Plus particulièrement, lorsque je rencontrais des difficultés dans ma tâche, je m'échappais sur un son endiablé. Mes pensées vagabondaient alors avant de revenir sur ma feuille mais lorsque je m'enflammais au point de finir avant la limite de temps que je me fixais, Edith Piaf m'accompagnait. Sa voix me calmait et je m'enveloppais dans cette douceur avant de remballer mes affaires. Porter un casque sur les oreilles m'aidait à ignorer les bruits environnementaux et me construire une bulle, un cocon. J'aimais porter mon regard autour de moi avec un fond sonore qui m'encourageait à "planer", à ne pas m'appesantir sur la réalité.
Il y avait toujours ce groupe de personnes en face de moi. Toutes plus étranges que les autres. Comme une guilde. Une copie du personnage de Doc du film Retour vers le passé présidait leur table. Enfin, sans les lunettes et avec une barbe. Ce Doc m'inspirait confiance. Dans l'Ancien Temps, je l'aurais sans peine vu comme un druide. Venaient ensuite ces deux filles, des espèces d'hippies branchées, sveltes et parfaitement assorties, très vivantes et qui m'interrompaient souvent car leur voix portait loin malgré mes écouteurs. J'aurais souhaité que leur joie de vivre déteigne sur moi.
A côté d'elles, un jeune homme et un peu plus en retrait, un autre. Le premier portait des lunettes. Brun, taciturne, de style classique, c'était mon père tout craché dans sa jeunesse. Et le dernier… C'est drôle, je me demandais ce qu'il pouvait bien faire dans un tel endroit. Il n'était pas le genre à s'enfermer ici le soir mais plutôt à sortir et faire la fête. Enfin, physiquement. Il avait quelque chose qui attirait l'œil. Cinq personnes totalement opposées mais qui se trouvaient pourtant réunies. Un vrai sujet d'observation pour moi. Totalement fascinant.
Ainsi, je prenais le chemin de la maison. Seulement, il se faisait tard et j'avais une tendance à m'effrayer facilement. Jamais, je n'étais sortie après vingt heures du soir. Pour rentrer, je devais traverser un petit parc puis je ne devais marcher que dix minutes avant d'arriver à destination. Hors, il devait bien être minuit passé et la circulation s'amoindrissait. Je pouvais même entendre mes pas résonner au loin. Mon cœur battait la chamade et juste au moment de passer le portail du jardin, je stoppai net. Les lampadaires ne fonctionnaient pas, plongeant le square dans la plus totale obscurité. Il ne m'en fallait pas plus pour bifurquer et faire un détour. Je pensais perdre au plus dix minutes mais au moins, j'étais rassurée.
Je ne connaissais pas du tout la ville. Nous nous y étions établis définitivement seulement trois semaines auparavant et je ne sortais pas. Mes parents continuaient leurs allers-retours à l'étranger mais désormais, ils le faisaient par choix et cela ne me changeait pas de mon tranquille emploi du temps. J'avais l'habitude. De toute façon, je n'étais pas seule. J'avais Laurent.
Je me perdis. Après maintes et maintes tentatives dans l'espoir de reconnaître une rue, rien n'y fit. Je ne voulais pas céder à la panique mais que faire? Il était maintenant une heure du matin et la seule solution qui m'apparut alors fut de revenir vers la bibliothèque afin de traverser ce satané parc. Je m'exécutai, la mort dans l'âme. Et là, Doc se trouvait les marches de l'édifice municipal. Prenant mon courage à deux mains et soupirant maintes fois, je me dirigeai vers lui et je lui demandai mon chemin. Il me renseigna de bonne grâce. Rassérénée, je le remerciai de tout mon cœur et suivis ses indications. Une demi-heure après, je me couchai bien au chaud avec le sourire aux lèvres. Il fallait que je m'égare pour sortir de ma coquille mais j'avais momentanément réussi. Une petite bataille en ma faveur mais le plus important était que j'avais réalisé que je pouvais gagner.
AN: J'ai décidé que mes chansons du chapitre en seront également les titres.
Premières impressions?
