Rassurez-vous, je n'abandonne pas ma fiction initiale ! :) J'avais simplement envie de me lancer dans mon premier OS.
Dans celui-ci, Draco et Hermione jouent au jeu du chat et de la souris ...
J'espère simplement avoir réussi à retranscrire certaines émotions, et qu'il vous plaira. Je songe peut-être par la suite à en faire d'autres, avec d'autres couples comme Lucius/Bellatrix qui n'est qu'un exemple parmi ceux que je voudrais explorer, et à les réunir en recueil.
Draco paradait. Il paradait chaque jour, avec la même soif inextinguible de chair. Il fallait que chaque soir, un corps différent s'entrechoque contre le sien. Il en oubliait même les règles de savoir-vivre, et se contentait de se déverser en elles sans plus de préambule. Leurs jambes ne s'entrelaçaient jamais aux siennes, il ne leur prodiguait jamais de caresses. Il sommait à ces filles qui n'étaient au final que des étrangères de partir au plus vite. Il ne voulait pas qu'elles dorment avec lui, rien que l'idée lui semblait insupportable. Le plaisir dans l'immédiateté, dans la fulgurance lui donnait l'illusion d'être un peu moins vide. Paradoxalement, ses conquêtes tombaient souvent amoureuses de lui. Lorsqu'il les croisait, dans les couloirs, elles chuchotaient avec animation, chacune tentant de se faire remarquer plus que les autres. Parfois, des gloussements et des éclats de voix fusaient, et les jeunes femmes scrutaient Draco avec anxiété, avec la crainte que celui-ci ne leur balance quelque remarque bien sentie. Elles ne s'étaient jamais souciées de ce qu'il portait en lui, de ce qui l'oppressait. Elles se contentaient d'admirer sa plastique, et de faire en sorte que ses désirs soient satisfaits dans l'instant.
Cet état de fait n'échappait à personne : tout le château était au courant de ce secret de polichinelle. Certains s'insurgeaient, d'autres l'insultaient copieusement. Quant à certaines, elles rougissaient, nourrissant secrètement l'espoir que leur tour viendrait.
Ces mêmes filles s'acharnaient à ressasser maintes et maintes fois ces souvenirs charnels. Parfois, elles les étalaient en public, provoquant l'hilarité générale. Draco ne s'en souciait guère, peu préoccupé par l'image que donnaient de lui ces vulgaires pintades. Il se contentait de prendre, sans jamais rien donner. Son corps s'adonnait au plaisir, mais son esprit réclamait d'autres mains, un autre corps, mais surtout, un autre visage. Il saurait caresser avec tendresse, s'il pouvait seulement l'atteindre. Elle.
Son corps. Ses mains. Ses yeux. Ses cheveux. Sa bouche. Son être.
Tout en lui l'appelait, la réclamait. Elle était l'obsession qui le tourmentait. Leurs échanges étaient vifs, ponctués d'insultes parfois violentes, de menaces. Leur proximité physique provoquait d'emblée les réactions de leurs corps. Le frisson malgré l'envie de répulsion. Un jour, il l'avait menacée, lui tenant fermement les poignets. Il avait pointé sa baguette sur elle, mais en la regardant, il en avait presque oublié pourquoi il se trouvait là. Elle avait esquissé l'ébauche d'un sourire, tout en le sondant timidement. Il avait instantanément laissé tomber sa baguette, et l'étreinte s'était relâchée malgré lui. Hermione avait massé ses poignets. Elle s'était approchée de lui, pour lui chuchoter à l'oreille :
- Tu ne m'auras pas.
Elle s'était enfuie, le laissant perplexe, un goût amer dans la bouche. Elle incarnait l'interdit. Il se refusait à la toucher, il avait peur de l'atteindre. Il était effrayé de l'impact qu'elle pouvait avoir sur lui.
Hermione était censée être avec Potter. Chaque fois que Draco les croisait, elle enfonçait doucement un poignard dans sa poitrine. Il les observait. La main de Potter l'enlaçait amoureusement, mais Hermione semblait vouloir s'en extirper. Elle n'était pas tout à fait avec lui. Il semblait même qu'elle essayait de capter le regard de Draco. Celui-ci s'efforçait de paraître, avec sa conquête du moment. Il feignait la fusion, tout en guettant soigneusement les réactions de la jeune fille.
Il attendait qu'elle soit seule.
Un jour, Hermione avait trouvé Draco assis dans un coin reculé du parc, en proie à ses pensées. Celui-ci sortait de l'un de ses énièmes ébats, qu'il avait mené comme une bataille, comme une lutte. Chaque corps le brûlait, suivant la logique mécanique du désir masculin. Paradoxalement, chaque corps le laissait de marbre, parce que ce n'était pas le sien. Elle revenait sans cesse. Il la chassait, et elle surgissait instantanément.
Il avait relevé la tête, et il s'était figé en la voyant. Ses cheveux encadraient son visage indéchiffrable, et elle portait une de ces longues robes de sorcier un peu démodées. À sa grande surprise, la jeune fille vint s'asseoir à ses côtés.
- Granger.
- Malefoy.
Elle m'achèvera.
Ils se jaugeaient avec une curiosité presque enfantine, laissant transparaître leur ardeur dans l'éclat de leurs yeux. Elle n'était pas une substance vide, un corps à modeler selon ses envies. Elle semblait savoir exactement où viser pour l'atteindre, rien qu'en le regardant.
- Où est Potter ?
À l'évocation de ce nom, Hermione se raidit. Elle l'avait instantanément oublié, préférant suivre ce que lui dictait son esprit depuis si longtemps. Le jeu du chat et de la souris l'amusait, et elle pensait d'ailleurs n'être qu'une distraction aux yeux du jeune homme.
- Aucune idée, il n'est pas en permanence avec moi.
Amusante.
Draco fixait ses lèvres, s'abreuvait de ses paroles, quelles qu'elles soient. Il y avait des choses qu'il faudrait lui dire. D'ailleurs, les mots lui échappèrent.
- J'aime ce que tu dégages.
Hermione s'esclaffa, bien que ses yeux n'expriment qu'une mélancolie pure. Elle s'efforça de ne pas réagir de façon puérile.
Ce que je dégage ? Tu veux dire, tu aimerais m'avoir dans ton lit, comme toutes les autres ? Tu aimes l'idée de te voir me possédant, pour crier ensuite à tout Poudlard que tu as couché avec une sang-de-bourbe ? Tu aimes, parfois, imaginer les courbes de mon corps et les traits de mon visage, pour passer ensuite à ceux d'une autre ? Fais attention à ce que tu dis.
Hermione savait qu'elle aurait du aller au-delà, tenter de percer à jour ce retrait et cette frénésie volontaires. Néanmoins, elle voulait rester rationnelle, bien qu'elle se soit perdue de nombreuses fois dans les méandres de ce visage supposé être haï.
Touché.
Les femmes dansaient dans la tête de Draco, puis s'évaporaient. Il délaissait leurs corps, comme d'habitude. Il les délaissait au profit de celle qui le tourmentait. Les propos d'Hermione ne l'avaient pas laissé de marbre, car, après tout, elle avait choisi la sécurité, le confort face à celui qui apparaissait comme la débauche la plus pure, la plus critiquable. D'ailleurs, il ne put s'empêcher de penser à l'ironie de la situation, sachant que son milieu lui imposait de multiples poses à prendre, des moues à adopter et des postures figées.
Le silence fut la seule réponse qu'il donna à la jeune fille. Il ne savait pas exprimer ce qui émergeait en lui. Hermione resta quelques temps auprès de lui, attendant un mot de sa part. Elle partit ensuite, le laissant seul face à l'ampleur de ce qu'il ne savait nommer.
Ce furent les derniers contacts qu'ils eurent. Depuis ce jour, Hermione ne daigna plus le regarder. Elle se l'interdit, de peur qu'il ne la brise, de peur qu'il ne la délaisse. La trace qu'il avait apposée sur elle ne s'effaça pas de sa mémoire, mais malgré toutes ses provocations, elle résista et resta dans le droit chemin. La promesse d'un ennui renouvelé chaque jour, d'un homme aimant et sans surprises. L'étincelle était absente, mais elle était préférable à la valse d'une perdition certaine.
Draco s'attela avec plus de fureur encore aux exercices du corps, empoignant les chairs jusqu'à la déraison. Il arrivait à une sorte de torpeur, alors qu'il aurait voulu voir son visage à l'aurore, et ses lèvres scellées aux siennes. Il imaginait Hermione lovée contre lui, mais l'impossibilité de ce moment le rendait fou de douleur. Malgré tout ce qu'il ressentait, malgré ce bouillonnement intérieur, il savait qu'il ne saurait l'exprimer. Alors il continuait à faire semblant, à dire vaguement à Leila, à Rachel et aux autres qu'il avait aimé ce qu'elles lui avaient fait. Lorsqu'elles partaient, il se murait dans le silence et songeait à l'autre trajectoire, celle que sa vie aurait prise si elle avait été auprès de lui.
