Nous aimons nous repaître de ceux qui veulent nous soumettre

Titres alternatifs : "Vendetta" ; "le Fruit Pourri"

Pairings (principaux seulement) : Empereur Mateus x Cecil Harvey ; Séphiroth x Kadaj ; Oerba Yun Fang x Oerba dia Vanille ; Tidus x Yuna

Pairings "évoqués" (je ne me suis pas encore décidé à les "importer" ou non dans la fic) : Jecht x Auron ; Seifer Almasy x Squall Leonhart ; Djidane Tribal x Grenat/Dagga ; Vaan x Penelo (et sans doute d'autres.)

Je n'exclus pas la possibilité de ramener Rosa, Faris, Setzer, Edgar, Tarask, Freyja, Aerith et Zack, entre autres.

Et multiples avertissements (dont la plupart se déduisent aisément de ce qui précède...) : gore ; violences ; injures ; sexe (incluant yaoi + yuri)

Note IMPORTANTE : La fic se situerait après la première fic que j'avais écrite sur Dissidia (d'où le fait que Cecil Harvey est déjà le Chevalier au service de l'Empereur Mateus). Je ne dirais donc pas qu'il s'agit de la version Duodecim qui se passerait avant et je compte inclure des personnages qui ne s'y retrouvent pas normalement. Par contre, je peux assurer qu'on restera dans les Final Fantasy (donc aucun personnage de Kingdom Hearts par exemple).

Et parce que ça m'a inspiré pas mal de passages de cette fic : "Be White. Live White. Like this." (Sympathy for Lady Vengeance, de Park Chan-wook)

(Citation que je refuse de traduire en français ; elle en deviendrait presque ridicule xD)


L'Appel. Encore. Le ciel qui s'ouvrait, la terre qui se fendait et tout sombrait dans un chaos lumineux. Un curieux mélange de destruction et de clarté. Ses derniers souvenirs.

L'empereur reprit conscience sur le terre glacée qu'il exécrait et appréciait à la fois. C'était ici, très loin de leurs mondes d'origine, qu'ils s'étaient rencontrés. Sans ces dieux ridicules de l'Harmonie et de la Discorde, Cosmos et Chaos, leurs chemins ne se seraient jamais croisés. Non sans colère, il leur portait une forme de reconnaissance. Et de haine, pour les avoir arrachés à présent à leur Paradis. Cette fois, il n'était pas question de partir avant de les avoir anéantis et fait payer. L'affaire était devenue personnelle.

Le temps passa et toujours pas âme qui vive sur son chemin. Il aurait pu s'en retourner au Pandémonium, sans se soucier de ce qu'il était advenu de son chevalier, et simplement attendre qu'il le rejoigne, mais quelque chose, peut-être dans l'air, dans la terre, partout autour, lui semblait changer depuis leur première venue. Il en ressentait une certaine inquiétude. Il appréhendait de le retrouver capturé par les guerriers de Cosmos ou même déjà abattu par eux. Voire de ne pas le retrouver du tout. Mais pourquoi aurait-il été le seul rappelé dans ce monde ? ça ne ferait pas le moindre sens. Son coeur manqua un battement, lorsqu'il aperçut une sihouette à l'horizon. Sans courir, sans révéler sa hâte, il se pressa vers elle. C'était bien lui ; il n'y avait pas de doute possible. Les cheveux gris pâle, presque blancs ; les perles éparses, perdues dans les mèches. Et l'armure immaculée, qu'il ne se rappelait plus le voir porter souvent.

- Cecil...

L'interpellé fit brutalement volte-face. Mateus eut un sourire soulagé, qu'il perdit aussitôt que le paladin dégaina.

- Qu'est-ce qui te prend, Cecil ?

Un regard dur, bien éloigné de celui d'un amant, le scruta, l'incisant, le perçant.

- Comment connaissez-vous mon nom ?

- C'est une mauvaise plaisanterie ? ça ne te ressemble pas... Cecil.

Il continuait à l'appeler par son nom, comme par provocation. Son regard se posa sur les mains du chevalier, serrant fermement sa lance et son épée. Il ne jouait pas la comédie ; il s'apprêtait vraiment à l'attaquer. Mateus n'en laissa rien paraître, mais il venait comme de se glacer de l'intérieur. Alors, tu ne te souviens pas ? Tu m'as rayé de ta mémoire ?

Sa désillusion ne lui avait pas fait perdre ses moyens. Il para l'attaque du chevalier qui fondit sur lui, l'épée en avant, mais un rayon de lumière fendilla son épaulière, l'atteignant presque. Mateus, dans un premier temps, essaya de s'esquiver, dans l'espoir que Cecil reprenne ses esprits et le reconnaisse enfin, mais ça s'avéra vite peine perdue. La lame du chevalier frôla sa gorge. Mateus fronça les sourcils, paraissant à peine contrarié. Mais, en lui-même, il bouillonnait de colère.

- Assez ! ordonna-t-il et il s'entoura de pièges.

Une mine explosa au visage de Cecil, le propulsant dans un cercle électrique, dans lequel il se retrouva immobilisé. Mateus marcha vers lui, d'un air très sûr et suffisant. Somme toute très à l'opposé des sentiments qui l'habitaient. L'incertitude, la peine. Durant un instant, il songea à tuer l'impudent, pas parce qu'il lui avait manqué de respect, mais parce qu'en l'attaquant, il lui avait comme arraché ce coeur qu'il avait fait battre autrefois. Et s'il n'arrivait pas à lui rendre sa mémoire ? Il préférait l'abattre maintenant plutôt que de le laisser en vie et de le perdre à coup sûr.

La carapace blême du paladin était tombée et le chevalier noir lui faisait face désormais. Il se tortillait dans tous les sens pour se libérer du piège, qui se refermait sur lui.

- Cecil...

Si seulement il avait pu se rappeler, en l'entendant prononcer son nom... Mais cela ne fit qu'accroître la fureur du guerrier, qui se débattit de plus belle. Mateus chopa avec fermeté son menton et le força à le regarder, droit dans les yeux. Une foule d'émotions, mais aucune qu'il n'aurait désiré y apercevoir, passa dans le regard de Cecil. Colère. Honte, d'avoir perdu si vite. Incompréhension.

- Tu dois te fier à moi, murmura Mateus.

Mais il n'avait ni le visage, ni la voix, d'une personne digne de confiance. Il paraissait exactement comme il l'était, manipulateur et calculateur. Pourtant, il était un temps où, alors que les autres voyaient un monstre tordu, un être perfide et cruel, Cecil avait vu un ange. Aujourd'hui, ce n'était plus le cas. A en croire son expression courroucée et écoeurée, il se retenait de lui cracher à la figure. Une main griffue s'enfonça dans ses cheveux, les empoignant avec force, lui rappelant qui avait été le Maître entre eux deux. Et qui l'était encore.

- Que dois-je faire pour que notre passé te revienne ? Dis-moi...

- Je ne vois pas comment j'aurais pu me trouver mêlé à quoi que ce soit te concernant...

Tu empestes la traîtrise. Un frisson de rage, teinté d'impuissance, remonta l'échine de Mateus, qui s'était figé. Et maintenant, que faire dans cette impasse ? Le tuer ? Se débarrasser de lui et soulager temporairement sa rancoeur ? Il pourrait le faire ; il le devait, sinon il serait incapable de penser, de réfléchir à un plan. Il reprit un peu de hauteur, contempla le paladin qui lui avait une fois juré fidélité, dans tous les sens possibles du terme. Pas seulement. Au seuil de la mort, il lui avait offert son âme, pour ne pas retourner dans son monde et rester à ses côtés. Un faible sourire naquit sur sa bouche pourpre.

- Mon cher... Cecil...

Comment avait-il pu songé une seule seconde à en finir avec lui ? Le chevalier, toujours paralysé par son piège, promenait un regard ahuri sur lui, incapable de comprendre ce qui se passait. Ses yeux s'agrandirent, lorsque une paire de lèvres se plaquèrent sur les siennes. Mateus espérait ainsi raviver des souvenirs de ces moments qu'il n'aurait pu assurément oublier, en vain. Cecil rejeta violemment la tête en arrière.

- Taré !

La surprise et le dégoût sur son visage vrillèrent le coeur de l'empereur.

- Tu me déçois tellement... Cecil, cracha Mateus, relâchant brutalement sa chevelure.

Même si, en vérité, il était plus blessé qu'autre chose. Existait-il un remède à cette amnésie ? Déjà, il devait ramener Cecil à leur forteresse. Peut-être que quelqu'un en saurait davantage sur ce qui se tramait ici. Il plissa les yeux et observa quelque temps le paladin.

- Désolé pour ça, susurra-t-il.

Non sans un plaisir revanchard, il lui asséna un violent coup derrière la nuque et Cecil lui tomba dans les bras, évanoui. Il se réfugia à Pandémonium, ne sachant où aller, mais eut la désagréable surprise d'y trouver deux anciennes connaissances, en l'occurrence Kefka et Kuja. Les deux magiciens semblaient l'attendre de pied ferme. Sans une expression, Mateus abandonna Cecil sur un sofa, afin qu'il se repose, et alla s'installer à sa place, sur son trône. Kuja se pencha au-dessus du corps inanimé, étonné de constater tant de blessures.

- Il a fini par se rebeller contre toi ?

Mateus, l'air outré, protesta :

- Absolument pas. Il... a perdu la mémoire.

- Tant mieux ! rit doucement Kuja. La Lumière ne lui convenait vraiment pas... même s'il avait été élu aussi par Cosmos.

Mateus souffla, agacé. A l'origine, Cecil avait été appelé par Cosmos et Chaos, son corps abritant autant de lumière que de ténèbres.

- Heureusement, reprit Kuja, il a choisi Chaos.

- Non ! rétorqua l'empereur, avec une hargne étonnante. Il m'a choisi moi !

Moi et personne d'autre. Il contint à grand peine le tremblement partant de ses poings fermés. Kuja balada sur lui un regard décontenancé ; il ne s'attendait pas à une telle réaction, surtout de la part d'un homme qui se maîtrisait si parfaitement d'ordinaire. Des applaudissements de Kefka rompirent le silence qui s'était installé.

- Au moins, il est calme comme ça ! s'exclama le clown, en s'intéressant à son tour à l'endormi. ça, c'est un bon garçon...

Puis il se releva brutalement et éclata de rire, jusqu'à ce que l'empereur, calmé, ne le somme de se taire et les interroge sur le motif de leur visite.

- Il semblerait que ton cher chevalier ne soit pas le seul à avoir oublié notre précédente venue ici, débuta Kuja.

- Qui d'autre ? s'enquit le monarque, plutôt intrigué.

- Le gamin... blond. Le fils de Jecht, ainsi que l'éternel rival de Séphiroth, Cloud Strife.

- Oublies pas la fille ! l'interrompit Kefka, sans cesser ses facéties habituelles.

- Terra reste un cas particulier, précisa Kuja. Disons que notre ami ici présent, dit-il assez ironiquement en désignant Kefka, et Cloud of Darkness ont réussi à prendre son contrôle.

- Ainsi, les autres n'ont pas perdu leurs souvenirs...

Kefka fit un bond vers lui, agitant son index de gauche à droite sous son nez.

- Ils savent toujours pour qui ils sont destinés à se battre, Cosmos ou Chaos, mais leur vie d'antan est passée à la trappe ! Pouf ! Disparue !

Mateus, agacé par sa vue, finit par le chasser d'un coup de bâton. Le clown rebondit en arrière et retomba sur ses pieds, tel un acrobate. Il salua d'une manière grotesque.

- C'est une chance inespérée que nous offre le destin ! s'esclaffa-t-il, redressant vite le buste, comme s'il était tout élastique. Ne la gâchons pas ! Nous reviendrons sous peu !

Et il ne mentait pas.


Ils s'étaient choisis une sorte de nouveau bastion. Ensemble, ils semblaient unis contre le clan de Cosmos, alors qu'en fait, ils étaient tous sur le qui-vive, en raison de guerres intestines bien plus terribles. Cecil reparlait à Mateus, acceptait en apparence le fait qu'il s'était soumis à son autorité. Mais il continuait de rejeter l'idée que leur relation ait pu dépasser ce stade et la proximité avec son maître le mettait mal à l'aise. Mateus en souffrait peut-être, mais n'en dévoilait rien. Une fois qu'ils eurent retrouvé leurs pairs, leurs alliés contre Cosmos, ils migrèrent vers un nouveau foyer. En se dispersant, ils avaient essuyé un échec la dernière fois ; ils étaient fermement décidés à ne pas laisser le passé se répéter.

Plusieurs jours durant, l'étrange cortège traversa les terres enneigées. La tension était presque palpable. Cecil comprit rapidement qui détestait qui. Mateus se chargea de lui remettre en mémoire l'inimitié entre Séphiroth et Cloud Strife. De manière générale, il lui conseilla de ne s'adresser à personne, en dehors de lui. Cecil demeurait dans le flou. Il se rappela vaguement les contours d'un visage, lorsque Mateus évoqua Firion. Apparemment, ce guerrier était la némésis de l'empereur, qui jubilait en pensant qu'il était celui ayant finalement "remporté" Cecil. Ce dernier l'écoutait dans l'indifférence la plus totale. Il avait l'impression d'avoir été catapulté par hasard dans ce monde dont il ne savait rien et tout lui passait au-dessus.

Cloud, un guerrier blond, plutôt jeune, maniant une épée presque plus grosse que lui, partageait cette sensation. La plupart du temps, il fermait la marche, ne détachant ses yeux du sol que pour jeter un regard plutôt inamical sur Séphiroth. Comme s'il se souvenait une seconde de quelque chose qui lui échappait l'instant d'après.

Cecil suivit le mouvement, soutenant son seigneur, bien qu'il émît toujours des doutes à ce sujet. Enfin, après un éreintant voyage, Garland, qui ouvrait la voie et leur servait en quelque sorte de guide, déclara :

- Nous sommes arrivés.

Il parcourut des yeux le château immense, mais quelque peu croulant, perché au sommet d'un mont lugubre. Sur la route menant au for, s'élevaient de rares colonnes, la plupart effondrées. Ils gravirent le sentier et s'installèrent rapidement. Mateus insista pour que Cecil et lui partagent la même chambre, ce que le paladin finit par lui concéder. Toutefois, il installa un matelas au sol, près du lit qu'il n'approcherait pas.

Une fois ses affaires déposées, il quitta sa chambre et croisa Terra, qui suivait Ultimecia. Sans doute Kefka lui avait-il demandé de surveiller la sorcière, mais celle-ci n'était naturellement pas dupe. Relevant les yeux, il manqua de percuter Séphiroth, qui se dirigeait vers le balcon. Le soldat le consulta calmement du regard, l'invitant silencieusement à discuter un moment. Cecil acquiesça et ils gagnèrent l'extérieur. Le paladin s'accouda à la balustrade, un peu crispé par le froid.

Les jours précédents, il n'avait jamais vraiment discuté avec cet homme plutôt taciturne et solitaire. A vrai dire, il était de ce fait assez curieux. Apparemment, il avait la réputation d'être un tueur implacable, insensible, mais ce n'était pas la première impression que Cecil avait eue en le voyant. Le portrait était trouble, comparé à celui, par exemple, de Kefka, qui ne rêvait que de destruction dans sa chaotique folie meurtrière.

- Ainsi, tu ne te souviens de rien ? débuta Séphiroth, après un long et angoissant silence.

Cecil secoua négativement la tête, un peu ennuyé. Séphiroth ne parut pas s'en préoccuper. Il continua de la même voix monocorde :

- Je ne te connais pas bien, mais...

Il s'interrompit de lui-même, puis déclara, avec une certaine lenteur, comme s'il réfléchissait en même temps :

- Il y a une chose... qui m'a toujours intrigué.

Il marqua une courte pause et reprit :

- Tu te souviens, quand tu as dit voir cette... tristesse dans mes yeux...

Et tu me l'avais déjà dit... Autrefois... Cecil se détourna vers lui, alors que le regard du Cetra ne dérivait pas de ce point invisible, perdu dans le lointain. Le paladin l'encouragea à poursuivre :

- Oui ?

- Je suis surpris que quelqu'un discerne autre chose que de l'indifférence ou de la froideur en moi.

Harvey croisa les bras et repartit avec assurance :

- Tout le monde fait un mauvais choix un jour ou l'autre. ça ne signifie pas que tu es inhumain pour autant.

Moi-même, je crois avoir très mal choisi qui servir. Mais Cecil préféra garder cette réflexion pour lui. Séphiroth rit doucement ; sa vie n'était qu'une suite d'erreurs, en tout cas s'il devait en croire ce que racontaient les gens. Il répliqua :

- Je me moque éperdument à présent de ce qui va se passer. Je continuerai juste à me battre.

Jusqu'à tomber à bout de souffle. Si c'est seulement possible. Cette fois-ci, il fit face à Cecil et planta son regard dans le sien ; le jeune homme en eut le souffle coupé une seconde.

- Autant dire que je ne compte plus interférer dans les plans de ton Empereur.

Cecil s'était repris, non sans mal. Séphiroth ne parviendrait pas à lui faire croire qu'il avait perdu toute envie de dominer le monde ou tout être, toute chose, l'arpentant. Il avait néanmoins réussi à le faire douter.

- Et concernant Cloud ?

Cecil jeta un rapide coup d'oeil par-dessus son épaule, histoire de s'assurer que le blond ne se trouvait pas dans les parages. Séphiroth, quant à lui, parraissait s'en moquer. Sa voix redevint aussitôt incisive, aussi tranchante que son katana.

- J'en ferai mon affaire. Un pion de moins sur l'échiquier.

Cecil le détaillait en silence ; ses traits s'étaient crispés l'espace d'une infime seconde, ses doigts avaient instinctivement glissé vers le manche de sa lame. Tellement de haine, tellement de colère sur sa face déjà refroidie. Un silence, étranger à tout malaise, s'instaura. Cecil se contenait de balader ses yeux sur le ciel qui semblait noirci à l'encre.

- Tu as perdu quelqu'un ?

Il devina le léger froncement de sourcils de Séphiroth, sans le voir.

- J'ai vu mourir énormément de gens, se contenta de répondre le guerrier, s'efforçant consciemment ou non d'esquiver la vraie question.

Lui, en revanche, distingua nettement le sourire amusé de Cecil, lorsqu'il répliqua gentiment :

- Ne te défiles pas.

Séphiroth soupira ; il y avait bien eu une personne. Cette personne dont il avait emprunté le corps, dont il s'était servi pour affronter Cloud une énième fois. Encore au jour d'aujourd'hui, il ne savait rien d'elle, ou pas grand chose ; pourtant, pendant quelques minutes, il n'avait formé plus qu'un avec elle.

- Il était... à la fois moi-même et tout mon opposé.

Ma folie, ma cruauté, rassemblées en un si petit corps... Incapable de les supporter.

- Comment s'appelait-il ?

L'homme hésita un moment avant de répondre, puis il murmura :

- Je n'ai pas envie d'en parler.

Prononcer son nom, à présent qu'il avait péri et rejoint la Rivière de la Vie, ne faisait plus le moindre sens ; il n'était plus rien. Pourtant, il en coûtait à Séphiroth de se souvenir de lui, ne serait-ce que de l'évoquer rapidement. Sur le coup, il n'en avait eu cure. Il s'était moqué de sacrifier cet être pathétique et faible sur l'autel de sa propre puissance. Mais maintenant, il réalisait qu'il avait sûrement condamné sa dernière famille. Jénova était perdue ; quant à Hojo ou Lucrecia, ils n'étaient rien moins que des parents dont il ne désirait pas et qui lui faisaient honte. Parce qu'ils ne possédaient rien d'incroyable, de grandiose, à l'opposé de cette entité extra-terrestre. Séphiroth s'acharna à rejeter ce vertige qui le saisissait, à surmonter le passé qui revenait le tourmenter.

Cecil l'observait discrètement, conscient de son mal-être soudain. Un murmure lui échappa :

- Voilà qui explique cette tristesse...

Puis il commença à s'éloigner. Il avait épuisé leurss maigres sujets de conversation, aussi préférait-il s'en aller. Il n'y avait plus rien à dire. A moins que...

- Kadaj.

Cecil s'immobilisa et fit volte-face, pour scruter Séphiroth qui lui tournait le dos.

- Il s'appelait Kadaj... et je l'ai laissé partir.

C'était même ma faute. Mon entière responsabilité. Il avait manipulé son esprit, pour que l'adolescent désire se fondre en lui, devenir lui. Il lui avait fait miroiter des retrouvailles avec Jénova, avec leur chère mère. Kadaj n'avait même pas lutté ; son esprit avait cédé tout de suite, s'était ouvert et avait accueilli Séphiroth et sa volonté. Parce qu'il était petit, vulnérable... et qu'il avait besoin de son grand frère. Séphiroth serra les poings. Il en a encore besoin... De moi. Il se sentit ridicule. Kadaj n'avait plus besoin de qui que ce soit ; il était mort. Mort. Le mot semblait soudain horrible, comme s'il prenait enfin un sens. La voix de Cecil le sortit de ses pensées.

- Est-ce qu'il savait qu'il comptait tant pour toi ?

- Non.

Je l'ignorais moi-même... Il poursuivit d'une voix en apparence neutre :

- De toute façon, il est trop tard.

Le petit sourire de Cecil l'étonna, sans qu'il le montre. Son étonnement s'accrut, quand il lui dit :

- Tu as accompli tellement de choses que tous pensaient impossibles. Pourquoi ne pas tenter un dernier miracle ?

Séphiroth le suivit des yeux, sans rien dire. Un drôle de sentiment s'empara de lui brièvement. Quelque chose qui l'emplit, lui gonfla le torse, le libéra. Quelque chose comme un regain d'espoir, qui s'évanouit aussi subitement qu'il était apparu. Malgré la morsure de l'air glacial, il resta dehors, pensif.


Prochain chapitre dans l'autre camp si je puis dire xD

Pour le passage où Kuja souligne que la lumière ne convenait pas à Cecil, c'est directement inspiré du jeu, plus précisément de cette réplique :

Kuja vs Cecil : "The light doesn't suit you."

Idem, pas mal de phrases sont directement liées à ce que disent les personnages dans le jeu original.

- Kefka vs Cecil : "Be a good boy now."

- Cecil vs Sephiroth : "What coldness you carry in those sad eyes…"

Merci aux lecteurs !

Beast Out