Je te rendrais l'automne

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Résumé : Voldemort est mort. La guerre est-elle pour autant finie ? J'en doute. Hermione contemple, terrifiée, le sang sur ses mains. Qu'a-t-elle fait ? ... Qui a dit que les mangemorts se tairaient à la mort de leur maître ? La Terreur domine.

Contexte de la fiction : Les sept tomes d'Harry Potter écrits par J.K. Rowling disent vrais. Tous les évènements qu'ils rapportent sont vrais. Sauf le dernier épilogue. Lui est faux. Les choses sont pas si brillantes. Les années à Poudlard et tous leurs personnages lui appartiennent. Je n'ai pour moi que l'intrigue de fanfiction et les personnages que je crée.

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Profitez bien !

Je vous retrouve plus bas.

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Une fumée grise, un brouillard sale coulaient, lents et putrides dans les ruelles humides et jaunâtres d'une ville fumeuse et silencieuse. Les murs recouverts de charbon, de sang et de boue portaient l'histoire du combat de la nuit. Des fenêtres ouvertes à la volée avaient explosé en percutant le linto. Les morceaux de verre tombés des étages craquaient entre le sol de béton et le caoutchouc des bottes. Les portes défoncées ou explosées laissaient le regard errer dans le désordre des quelques maisons que l'incendie n'avait pas prises. Les matelas éventrés, les vases brisés, les rideaux déchirés, trempés dans la fange incertaine qui faisait glisser le carrelage des séjours jonchaient le sol à l'endroit même où on les avait jetés brutalement. Ici, deux cadavres, deux sans âme, les épaules crispées, la bouche tordue, la lame de l'un entre les côtes de l'autre, les yeux renversés, s'enlaçaient sans pudeur, vautrés et figés dans l'intimité de leur mort sur les marches droites d'un escalier de marbre. Une poutre tombée, entrainant un pan de plafond, dévoilait, macabre, un morceau de robe qui découvrait le galbe d'une jambe claire, échue sur le planché de l'étage supérieur.

Plus loin dehors, de la paillasse et des cadavres d'hommes et de cochons barraient le passage. Sur un baril dormait une poupée de chiffon avec sur ses genoux la marque crasseuse d'une large poignée d'homme. En marchant les pieds tapaient sans ménagement dans les ordures. Le pas régulier des soldats et le cliquetis ordonné de leurs armures contrastaient avec l'affreux mélange de ce lendemain de combat.

Sur l'horizon, à l'est, le soleil se levait dans un ciel humide sans nuage. Jaune de crainte ou rouge de honte, il salissait l'aurore, se projetant sur les maisons et les immeubles en ruine. Il étirait les ombres des murs cassés ou ébréchés sur les flaques ocres. L'air lourd s'acidifiait et la fraîcheur frissonnante que les dernières heures de la nuit avait dérobée à l'incendie, s'évaporait dans l'éther enivrant et étouffant du ciel. Des corbeaux survolaient le désastre.

D'en haut, la ville fumait littéralement. Des patrouilles, minuscules à cause l'altitude, traversaient les décombres de la cité par les quatre coins. On n'entendait plus un bruit, plus un hurlement, ni un pleur. Des fuyards échappés du massacre se faufilaient, le dos vouté et la démarche boiteuse, de toits en toits, de fenêtres en fenêtres pour fuir la ville. Ils guettaient les soldats, se serrant contre les murs. On eût dit des jeunes souris fuyant le joug cruel des gros rats. Plus un d'eux ne prenait le temps de contempler le superbe palais qui dominait et régnait avant sur la ville, déchu de ses droits en une nuit, apogée de l'horreur et du meurtre.

Le dessin de la cité ainsi fait, le palais surplombait l'enceinte majestueuse de sa douce et docile esclave, construit à flan de la colline ouest, offrant sa grandeur à l'orient. Ses terrasses, ses fontaines, ses jardins et ses fruits faisaient autrefois la gloire de cette architecture et de ce pays. Les énormes statues de marbres très travaillées, l'opulence des colonnes et des tapis exposaient sans conteste une richesse excessive.

La recherche du beau et de l'élégance était le défi de plusieurs siècles de pouvoir et s'incrustait même jusque dans les plus intimes recoins des pièces. Les portes, les poignées, les planchés, les baldaquins, les pieds de lits, chaque détail avait son importance et sa signification. Même les symboles sur les draps d'un lit dévoilaient pour ceux qui comprenaient toute leur puissance.

Mais, ce matin-là, le palais avait perdu sa grandeur. Les murs tapissés des plus beaux tissus épongeaient le sang des morts. Les rampes en cuivre des grands escaliers retenaient les cadavres tombant et les sols de marbres dessinaient les traces affreuses de la mort. La splendeur souillée, pleurait d'étage en étage sa valeur perdue. Le silence écrasait, imposant compagnon du désastre, la musique et les chants envoutant de l'avant. Telle une jeune fille blessée, le palais avait perdu son hymen et sa gloire. Son charme s'était envolé avec les âmes de ses hommes, laissant des murs de brique et des sols froids. Même du haut du balcon du commandeur, on ne dominait plus, mais on avait le vertige. Les relents fétides de cette ville détruite remontaient jusqu'à leurs odorats criminelles.

Honteuse devant ce spectacle d'horreur, la main blanche d'une jeune femme hésitait à s'appuyer sur la rambarde de peur d'être engloutie par les fantômes des morts. L'estomac serré, elle respirait mal, un bras tenant le drap qui entourait sa nudité. Les épaules basses, les cheveux défaits et lourds sur la peau laiteuse de son dos, elle retenait ses larmes. Ses pieds mal assurés tremblaient sur le sol. Elle n'osa pas lever les yeux pour confondre sa lâcheté dans celle du soleil. Elle se contenta de rester immobile, tournant le dos à la témérité qui l'avait animé la veille et qui dormait paisiblement dans les draps de soie pourpre.

Il avait les yeux clos et le corps détendu. Le soleil sur son dos venait peindre l'or du vainqueur. Aucun remord ne bouleversait son sommeil. L'assurance et l'audace logeaient sur sa poitrine comme deux déesses superbes. Son odeur lourde chargeait l'air et le regret terrible d'une femme dégrisée.

Un frisson léger fit vibrer leurs deux peaux. Entre eux, il y avait deux pas, une faille, un fossé. Le silence perçant ne ramenait que les cris stridents des oiseaux guettant leurs proies, faisant échos aux plaintes déchirantes des morts de la nuit passée.

En bas, en ville, les soldats remuaient. Certains avaient repéré des fugitifs et tiraient sur eux. D'autres s'évertuaient à faire avancer les prisonniers au delà de l'enceinte, sur la plaine qui les conduirait bien hors de leurs frontières, pour servir l'avidité d'un autre tyran. Parmi eux, des femmes, des enfants et même des hommes pleuraient. Ils passaient devant leurs maisons détruites, marchaient dans des rues qui avaient bercé leurs parents et glissaient sur le sang de ceux qui avaient été leurs amis.

Sans un bruit, l'homme s'était levé et par derrière, glissa ses mains sur les hanches de sa complice. La tête sur son épaule, il contemplait la scène sous ses yeux, l'esprit vaillant. Il déposa des baisers dans son cou. Néanmoins, le trouble qui figeait la jeune femme le fâcha.

- Arrête d'avoir des états d'âme ! Gronda-t-il. Tu désirais cette ville, tu l'as maintenant.

- Je vois leurs visages, j'entends leurs cris, se plaignit-elle. Je n'étais pas moi-même hier. Je ne suis pas cette femme.

- Si, tu l'es, et tu n'étais pas plus toi-même qu'au moment où tu égorgeais l'Empereur, coupa-t-il. Avant tu n'étais rien.

Hermione soupira. La main du jeune homme remonta contre sa cuisse. Soudain, il renversa sa tête, la main leste sous sa mâchoire, et glissa son souffle chaud le long de son oreille. Hermione eut peur, mais il était déjà trop tard.

- Qu'étais-tu avant moi ? Gronda-t-il, la voix maintenant rocailleuse et animale. Le pâle reflet, la suivante ? Tu voulais davantage. Je t'ai tout donné. Tout ce que tu voulais.

La grâce avait quitté son visage de vainqueur et cédé la place à la bête. Ses mains alors tortueuses griffaient son ventre et serraient au sang sa gorge. Hermione suffoquait. De ses dents acérées comme des crocs, il caressait sa mâchoire, ses yeux noirs et menaçants comme ceux d'un loup. La jeune femme s'affola et gémit tant qu'elle put. La terreur dilatait ses pupilles et galvanisait son corps. Quand il enfonça ses ongles dans sa peau, elle hurla à la mort. Et son hurlement, tout puissant qu'il fut, fut étouffé par la main du demi-monstre qui tenait sa gorge. Elle s'évanouit dans ses bras, rompue et blessée.

La douceur de l'homme revenue, il la porta jusqu'au lit où il l'allongea avec le plus grand soin. Tendrement assisprès d'elle, il commença à lécher ses plaies.


Intrigué ? Révulsé ? Conquis ?

Orgueil.